Capturer le HIP HOP

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Capturer le HIP HOP
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Capturer le HIP HOP
Studio créateur de la première série en animation 2D ‘Mamemo’, Tapage Nocturne a investi dans un nouvel outil de
motion capture pour une nouvelle et ambitieuse série de 80 X 13 minutes. Cette version revisite le concept de
Mamemo : l’enfant blagueur et rieur donnera désormais des cours de hip hop aux enfants, un cours donné par un
véritable chorégraphe équipé d’une combinaison couverte de marqueurs optiques pour l’occasion. Visite du studio
de MoCap juste avant son inauguration en août 2012.
VIRGINIE BREULSËVË[email protected]
Installé désormais à Limal, dans le
Brabant Wallon, Tapage Nocturne
partage le bâtiment avec une école
de danse. Olivier Battesti et Martine
Peters, les fondateurs, ne cachent leur
volonté de travailler dans un environnement où les disciplines artistiques
se croisent. «Le lieu comprend 5 studios.
Actuellement un seul est équipé de
caméra de motion capture. Les autres
sont utilisés pour des cours de danse
ou la création de spectacle. A terme,
notre volonté est d’équipé plusieurs
salles du système de capture. »
Si le studio s’est fait connaître via les
nombreux épisodes de Mamemo
(78x4minutes) réalisé alors en flash
en 2D, le souhait est aujourd’hui de
faire évoluer le personnage. Mamemo
parle, il est animé en 3D (avec un
rendu 2D) et il donne des cours de
danse. « Nous sommes de prime abord
des auteurs », explique Olivier Battesti.
« Mais le besoin de maîtriser les outils
utilisés a été toujours été présent.
Pour ce nouveau projet, nous devions
faire face à des contraintes de productions importantes tant sur le plan de
l’animation puisqu’il fallait animer un
danseur, que sur le plan budgétaire.
Aujourd’hui, si la durée des épisodes
est de 13 minutes, nous parvenons
aujourd’hui à réduire la durée de
l’animation ‘à la main’ à 3 ou 4 minutes,
le reste étant purement de la MoCap. »
Du magnétique à l’optique
La volonté d’utiliser la motion capture
était présente depuis un moment chez
les fondateurs de Tapage Nocturne.
En 2009, Bernard Halut, réalisateur
de Blabla, utilise la technologie de
motion capture pour animer la
marionnette télévisée lors d’un
spectacle. Le prestataire est Neuro TV,
une société montoise dédiée aux
technologies virtuelles (aujourd’hui
sortie du paysage audiovisuel). Après
cette première aventure, le réalisateur
provoque une rencontre entre les
parents de Mamemo et NeuroTV. Des
essais sont initiés pour faire danser
Mamemo. La solution mise en place
est alors un système de capture de
mouvement magnétique. Numédiart
(institut de recherche émanent de
UMons et dédié aux arts numériques)
est également associé au projet pour
accompagner le développement de la
technologie. Mais les essais ne sont
pas concluants. « Outre le fait que la
solution technologique en était encore
à ses prémices, la modélisation des
personnages en 3D ne nous satisfaisait
pas non plus », raconte Olivier Battesti.
Et le musicien de prendre alors son
baton de pèlerin pour analyser toutes
les solutions proposées sur le marché.
« Deux produits nous semblaient
suffisamment performants : Vicon, un
système de capture optique très précis
qui peut enregistrer les mouvements
de plusieurs personnes simultanément
et dont le coût est très élevé ; et
Optitrack de chez Natural point qui
fonctionne également par de l’optique,
qui ne peut capturer que deux acteurs
en même temps mais beaucoup plus
abordable financièrement parlant. »
C’est donc cette seconde solution qui
sera sélectionnée.
Début 2011, un graphiste, Cédric de
Pierpont, est engagé pour accompagner
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l’installation du système de MoCap.
Les tests démarrent dans différents
endroits. Rapidement, ils se rendent
compte de l’importance d’un lieu
conçu directement à cette fin.
Le besoin d’espace pour permettre aux
danseurs de bouger est un argument
supplémentaire dans la démarche de
la création d’un studio dédié.
« Il existe quelques installations en
France et en Allemagne, mais nous
sommes les seuls actuellement à notre
connaissance en Belgique à s’être
équipé avec une solution de MoCap. »
Olivier Battesti
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Un outil pour Mamemo,
mais pas seulement
Près de 10 épisodes sont déjà dans la
boîte et s’apprêtent à sortir. Mais
Olivier Battesti entend bien ouvrir son
studio de MoCap à d’autres productions. « Cette solution offre de
nombreuses possibilités, à condition
d’en comprendre ses avantages et ses
contraintes. » Exemple parmi d’autres,
l’une des principales difficultés en
motion capture est de raccorder les
‘bouts’ d’enregistrements de manière à
ce que les mouvements restent fluides,
une donnée dont il faut tenir compte
Au printemps 2011, une autre rencontre dés la préparation. « Aujourd’hui,
sera déterminante. « Nous avons été
nous souhaitons mettre notre savoirapprochés par Belle Productions,
faire au service d’autres projets en les
société leader en Belgique dans le
accompagnant tout le long. »
domaine du serious game (jeux vidéos
d’apprentissage) qui souhaitait
Premier studio de motion capture,
initialement réaliser un projet avec
Tapage Nocturne est un outil technol’univers de Mamemo. » La collabologique dédié aux arts numériques,
ration artistique nait rapidement et le mis en place par des auteurs dans une
projet prend une nouvelle envergure. démarche de création. « C’est notre
« Nous avons tout de suite été conquis souci de maitriser nos instruments de
par la modélisation et le traitement
travail qui nous a guidé dans cette
des personnages proposés par la
aventure », conclut le papa de
société de Genval. Nous avons alors
Mamemo, « mais également la volonté
décidé de creuser notre concept de
de décloisonner les disciplines artiscours de hip hop par Mamemo :
tiques. La MoCap est une solution
des épisodes de 13 minutes avec des efficiente à la fois des initiatives
parties de danse animées par MoCap audiovisuelles, scéniques et muséales. »
et des parties d’histoires animées en
Reste désormais aux créateurs
3D par des animateurs infographistes. » d’apprivoiser ce pinceau virtuel à
taille humaine.
En janvier 2012, le studio équipé de 24
caméras infrarouges est opérationnel. Info : [email protected]
La zone de capture est de 8 x 8 mètres
avec 2,5 mètres de hauteur, un espace SITE WEB:
suffisant pour que les danseurs
„www.tapagenocturne.net
puissent évoluer et bouger. Si Tapage
Nocturne a fait appel à des experts
pour l’installation, l’équipe s’est ellemême formée à cette technique afin de
la maitriser à son tour. « Nous avons
eu de nombreux contacts aussi avec la
société qui a développé le système,
Natural Point, une réactivité qui a
largement contribué à l’acquisition de
notre know-how actuel. »