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Caecilia 5/1998 : Dossier
© Union Sainte Cécile – Strasbourg
L'ART DE CELEBRER ... LE VETEMENT
LITURGIQUE
Curieuses caractéristiques que celles du vêtement liturgique ! Pourquoi cet homme est-il en robe ? Il est vrai que d'autres
en font autant : les magistrats et les avocats au tribunal, et les professeurs de l'enseignement supérieur lors de certaines
cérémonies. Mais cet homme n'est ni magistrat, ni professeur : son vêtement n'est pas une toge, mais une aube avec
étole et chasuble.
Un vêtement symbole
Déjà, du seul point de vue humain, le vêtement a un sens ;
il n'est jamais seulement utilitaire (un animal ne s'habille
pas). Le vêtement est symbolique : il sert à signifier
quelque chose, de celui qui le porte à ceux qui le voient.
Même un simple blue-jean raconte beaucoup de choses,
selon la façon dont il est décoloré ou troué ou déchiré... ou
repassé avec un pli impeccable.
Cette signification est encore renforcée, et même codée,
dans le cas des vêtements de fonction : uniformes, toges
et vêtements liturgiques. Il est d'ailleurs très révélateur que
le mot "investir" soit de la même étymologie que le mot
"vêtement" (du latin vestis : vêtement). Le vêtement de
fonction signifie que celui qui le porte, est investi d'une
fonction particulière et qu'il n'agit donc pas comme une
personne privée, mais au nom d'une autorité (Etat, Eglise),
qui le délègue pour un service (une fonction) du peuple
(voir le chapitre : célébrer et prier).
L'aube
Du latin alba : blanche, l'aube était dans l'Antiquité, et
jusqu'à un passé récent, un sous-vêtement. Elle est
devenue vêtement à part entière depuis que la soutane ne
fut plus portée. On la fabriqua alors avec une étoffe plus
épaisse.
Selon la pratique chrétienne, l'aube n'est pas le vêtement
des ministres ordonnés, mais de tout baptisé, comme on le
voit bien à la célébration du baptême, surtout d'adulte :
"Vous êtes une création nouvelle dans le Christ : vous avez
revêtu le Christ. Recevez ce vêtement blanc..." (Voir Ga 3,
27).
Par sa couleur blanche, l'aube est donc le symbole de la
résurrection. Il serait utopique de demander à tous les
fidèles de la revêtir lorsqu'ils entrent à l'église pour
participer à la messe, mais l'imaginer permet de saisir ce
qu'est l'aube et la fonction qu'elle a : "Les fidèles
incorporés à l'Eglise par le baptême, ont reçu un caractère
qui les délègue pour le culte religieux chrétien"
(Constitution dogmatique sur l'Eglise, n. 11). L'aube n'est
pas le vêtement du sacerdoce ministériel, mais du
sacerdoce baptismal.
La chasuble
"Le vêtement propre au célébrant, pour la messe et pour
les autres actions sacrées en liaison avec la messe, est la
chasuble, à moins que ne soit prévu un autre vêtement à
revêtir par-dessus l'aube et l'étole" (Présentation générale
du missel romain, n. 229)
L'Eglise demande donc que les prêtres portent la chasuble,
alors que l'habitude est prise maintenant que beaucoup
d'entre eux ne revêtent que l'aube et l'étole. Que dire ?
La raison qui nous fait plaider en faveur de la chasuble est
double. D'abord l'Eglise le demande, et l'on sait bien que,
dans l'Eglise, le disciplinaire est au service du théologal. Si
l'aube est le vêtement du sacerdoce baptismal, il faut un
autre vêtement pour signifier le sacerdoce ministériel. Si
l'aube est le vêtement de ceux qui, par le baptême, sont
devenus membres du corps du Christ, il faut un autre
vêtement pour ceux qui, par leur ordination, sont devenus
sacrements du Christ "tête du corps, c'est-à-dire de
l'Eglise" (Col 1, 18).
Lorsqu'il préside une célébration liturgique, le prêtre signifie
qu'il représente celui qui en est le vrai et invisible président,
le Christ, et, si l'on peut dire, cela doit se voir, cela doit être
clairement et donc visiblement manifesté.
Intervient alors, ici, l'autre raison. L'homme (l'homme
chrétien : le fidèle !) n'est pas un pur esprit. L'homme
célèbre avec tout son être, c'est-à-dire, non seulement
avec son cerveau et son intelligence, mais aussi avec son
cœur, sa chair, et, surtout, avec ses cinq sens. En ne
revêtant que l'aube et l'étole, à longueur d'année, et même
si l'étole change, le prêtre est le seul à ne pas voir qu'il
prive les fidèles des couleurs dont ils ont besoin pour
mieux célébrer les différents mystères de la liturgie et du
temps.
En une période où une saine écologie gagne ses droits de
cité, cette indifférence à la nature (et donc au cosmos)
paraît bien discordante.
En outre, la chasuble change le comportement de celui qui
la porte. Avec la chasuble, en effet, le geste n'est ni guindé,
ni cérémonieux, mais plus ample et plus calme, et c'est
exactement cela que - sans le dire aux prêtres, hélas ! - les
fidèles réclament de ce qu'il leur est donné à voir en
liturgie.
Après le rappel de la raison d'être des vêtements
liturgiques et, particulièrement, de la chasuble comme
signe du sacerdoce ministériel, quelques points
d'application restent à voir.
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Caecilia 5/1998 : Dossier
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Les petits groupes
S'appuyant sur un document romain de 1969, il existe une
note de la Commission épiscopale française de liturgie,
datant de 1970, sur "les messes de petits groupes", qui est
fort peu connue, mais que publie le livre : Pour célébrer la
messe (Editions CLD, 1989) contenant en premier le texte
de la "Présentation générale du Missel romain (PGMR)".
Cette note dit en son numéro 17 : "Dans le cas des
messes de petits groupes, pour répondre à la fois aux
exigences de simplicité et de dignité de la célébration, on
pourra, lorsque les circonstances le demandent, revêtir
simplement l'aube et l'étole."
d'où son nom. Ce vêtement laissait les bras dégagés pour
le service, et s'arrêtait au genoux pour la marche.
Que par souci se simplicité, le diacre ne porte que l'aube et
l'étole en travers de la poitrine est également
compréhensible. On peut imaginer, cependant, qu'un jeu
de dalmatiques soit disponible, dans le diocèse, pour
rehausser le caractère festif de certaines célébrations où le
diacre joue un rôle important (son ordination ou celle d'un
évêque, le jeudi saint pour le lavement des pieds, le
samedi saint pour le port du cierge pascal et le chant de
l'Exultet).
Et les laïcs ,
Cela peut se comprendre lorsque l'assemblée est très
réduite (équipe de mouvement, session, éventuellement
messe de semaine dans une paroisse). Mais cela donne
justement l'occasion de mieux manifester l'importance du
dimanche que de revêtir la chasuble, ce jour-là, quand tous
les fidèles se rassemblent même dans une humble église
paroissiale.
Confection
Il faut savoir que certains ateliers monastiques se sont
spécialisés dans la confection de vêtements liturgiques fait
avec une "noble simplicité", comme dit la PGMR, n. 279, et
à des prix abordables. La commission diocésaine d'art
sacré peut être, par ailleurs, une utile conseillère.
La concélébration
S'il est compréhensible que, dans de grandes assemblées,
des prêtres concélébrants ne portent que l'aube et l'étole, il
est d'autant plus nécessaire et signifiant que, dans ce cas,
le célébrant principal porte la chasuble (PGMR, n. 161). En
effet, il n'y a qu'un seul grand prêtre, le Christ (He 7, 26), et
cela doit être manifesté, même si l'assemblée n'est
composée que de prêtres.
On peut tout de même souhaiter que, lors de célébrations
plus importantes, notamment lorsqu'elles sont présidées
par l'évêque, les deux concélébrants qui entourent le
président portent également la chasuble. Il faut
évidemment veiller à ce que les couleurs s'harmonisent.
Le diacre
"Le vêtement propre au diacre est la dalmatique qu'il doit
revêtir sur l'aube et l'étole (PGMR, n. 300)." La dalmatique
était, dans l'antiquité romaine, un vêtement que portaient
les esclaves (serviteurs = diacres) originaire de Dalmatie,
Faut-il qu'un laïc qui exerce une fonction particulière dans
une célébration liturgique porte un vêtement spécial ,? A
cette question répondent immédiatement deux réactions à
l'opposé l'une de l'autre. "Surtout pas, disent certains !
Pour bien montrer ses droits de baptisé, le laïc doit rester
en laïc dans la célébration." Mais d'autres rétorquent : "Il y
a peut-être une façon de rester laïc, tout en manifestant
par un élément vestimentaire que c'est bien, en tant que
laïc, qu'on est investi d'une charge ecclésiale."
Réglons d'abord une question. Si les laïcs, investis d'une
charge liturgique, doivent porter un vêtement, il n'est pas
question que ce vêtement soit celui des ministres
ordonnés. Si prêtres et diacres utilisaient mieux leurs
vêtements spécifiques (chasuble et dalmatique), les laïcs
pourraient revêtir l'aube qui est le vêtement des baptisés.
Mais ce n'est pas suffisamment le cas.
Quel vêtement ? Une sorte de châle de prière, de veste
ample ou de cape assez large ... On peut dire au moins
que la question se pose et que les solutions se
recherchent.
On peut dire aussi : plus des laïcs seront amenés à
prendre des responsabilités dans la conduite d'une
célébration, plus ils auront besoin que leur fonction soit
reconnue comme venant de l'Eglise et non d'eux.
Finalement, c'est à la fois pour eux-mêmes mais aussi
pour les participants de la célébration qu'un vêtement
liturgique peut être utile.
Prenons le cas des funérailles. Si ce n'est pas le prêtre qui
les préside, les participants ont besoin de sentir que le laïc
à qui est confiée la responsabilité de la célébration est
mandaté officiellement.
CNPL
Célébrer, n° 276 & 277

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