Jus végétaux et laits - Secteur Français des Aliments de l`Enfance

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Jus végétaux et laits - Secteur Français des Aliments de l`Enfance
0-3 ans
Jus végétaux et laits “à la mode”…
quels risques pour la santé du bébé ?
Le Pr Bertrand Chevallier* met les mamans en garde… contre les informations trompeuses et
les pratiques dangereuses.
*Chef du service de pédiatrie de l'hôpital Ambroise Paré à Boulogne, Vice-président de la Commission nationale de la Naissance et de la
Santé de l'Enfant au Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé
“Alimenter son bébé avec des jus végétaux (soja, amande, châtaigne…) ou des laits d’animaux autre que le lait de vache
(brebis, ânesse…) est de plus en plus fréquent”
Encouragés par leurs proches, leurs lectures ou leurs réseaux sur Internet, certains parents proposent ces jus ou ces laits
d’origine non bovine à leur enfant en bas âge. Cette nouvelle tendance parait séduire un nombre toujours plus grand de parents
tandis, qu’en parallèle, le nombre de produits proposés aux consommateurs, sans restriction d’âge, ne cesse d’augmenter dans
les magasins ou enseignes spécialisés. En 2011, l’ANSES recensait 211 jus végétaux commercialisés en France1.
Quelles raisons sont à l’origine de ce choix alimentaire des parents ?
Ces raisons peuvent être idéologiques, chez des parents fervents adeptes du végétalisme ou de la “culture bio”, réactionnelles
aux grandes peurs alimentaires générées par le prion, les pesticides ou les OGM, ou encore “médicales”. Coliques du nourrisson,
reflux gastro-oesophagien, allergie aux protéines du lait de vache, prévention des infections ORL récidivantes,
troubles du sommeil, agitation… sont des motifs de préoccupation pour les parents, surtout lorsque ces troubles s’accompagnent
de symptômes qui perturbent la vie familiale. Mal informés et pensant bien faire, les parents peuvent être amenés à arrêter le
lait infantile et à le remplacer par des jus végétaux ou des laits d’animaux type brebis, ânesse…
Pourquoi faut-il s’inquiéter de ces nouvelles pratiques alimentaires ?
Loin d’être une simple mode, ces pratiques s’avèrent en réalité dangereuses pour le développement et la santé du bébé.
Aujourd’hui, le nombre d’enfants victimes de cette alimentation ne cesse d’augmenter à tel point que toutes les équipes de
pédiatrie françaises ont déjà été confrontées à un ou plusieurs cas d’enfants souffrant des conséquences de cette alimentation.
Le nombre de cas recensés, rapportés dans les différents congrès de pédiatrie ou publiés dans les revues de pédiatrie, se multiplient.
Les pédiatres sont inquiets de cette situation et ont alerté les autorités sanitaires et alimentaires en signalant une augmentation
des cas de malnutrition, parfois sévères, chez les enfants nourris avec ces boissons. En outre, l’agence d’évaluation sanitaire
a été saisie sur le sujet et a émis un avis qui contre indique vivement toute utilisation de ces produits avant l’âge de 1 an1.
Nourrir son enfant avec un jus végétal ou un lait animal “à la mode” induit-il des risques pour
son développement et sa santé ?
Les 3 premières années de la vie sont décisives du fait de l’accroissement staturo-pondéral et du développement cognitif et
sensoriel du bébé. Pour assurer ce développement extraordinaire, l’organisme du bébé a des besoins très spécifiques.
La composition des jus végétaux présente des déficits importants qui sont impossibles à corriger, même en augmentant
les apports :
> apport calorique très insuffisant estimé à 50-65 kcal/kg/jour pour des besoins de 100 kcal/kg/jour ;
> pauvreté en protéines ou excès pour le jus de soja ;
> déficit total en calcium, élément nutritionnel indispensable.
Compte tenu de l’apport calorique inférieur de 40 % aux apports nutritionnels conseillés, la consommation de jus végétaux
entraîne un arrêt complet de la courbe de croissance.
Ces enfants peuvent aussi présenter des désordres métaboliques - en particulier une hypocalcémie – et des anomalies osseuses
similaires à celles observées en cas de rachitisme. L’interruption du développement cérébral se traduit par une hypotonie avec
retard d’acquisition des positions assises et debout.
Les laits d’ânesse, de jument, de chèvre ou de brebis, ne répondent pas aux besoins des nourrissons et enfants en bas âge.
Ces laits contiennent trop de protéines (jusqu’à 2 ou 3 fois plus que les laits maternisés pour les laits de jument ou d’ânesse).
Enfin, le lait de brebis est à la fois beaucoup trop gras et trop riche en protéines.
L’allergie est un risque commun aux jus végétaux et aux laits d’animaux.
Donnés à des enfants qui appartiennent à des familles atopiques, les jus végétaux augmentent le risque de développer des
allergies, surtout si le jus choisi est issu des fruits à coques (noix, noisettes, châtaignes…) très allergéniques.
Les allergies aux laits d’animaux sont parfois croisées entre espèces. A titre d’exemple, l’allergie au lait de vache est souvent
croisée avec l’allergie au lait de chèvre.
Ces aliments sont totalement inadaptés aux besoins nutritionnels et formellement contre-indiqués avant l’âge d’un an*.
Les risques sont d’autant plus importants et moins réversibles que la consommation de ces produits a débuté précocement
et s’est poursuivie de façon prolongée. Le rôle des médecins est de lutter contre toute influence favorable à ces nouvelles
habitudes alimentaires qui mettent en danger la santé des enfants. »
Pour en savoir plus… 3 Questions de mamans au Pr Bertrand Chevallier
1
Mon enfant a plus de 4 mois, est-il vraiment dangereux de lui proposer des jus végétaux ou des laits animaux de
façon non exclusive dans le cadre de la diversification alimentaire ?
> Avant 1 an, ces aliments sont formellement contre-indiqués et peuvent être à l’origine de malnutritions sévères.
> Après 1 an, les enfants doivent boire au quotidien l’équivalent de 500 ml de produits laitiers afin de bénéficier d’un
apport suffisant de calcium. La consommation de jus végétaux comble en partie la sensation de soif ou de faim de l’enfant
qui risque alors de réduire la quantité de produits laitiers destinée à combler ses besoins en calcium notamment.
2
Les préparations à base d’isolat de protéines de riz (ou de soja) sont-elles également dangereuses pour la santé de
mon enfant ?
Il est essentiel de bien faire la distinction entre les jus de soja et les préparations à base de protéines de soja ou de riz
qui sont destinées aux nourrissons et enfants en bas âge allergiques aux protéines de lait de vache. La composition de
ces substituts de lait maternel est complètement conforme à la réglementation européenne et correspond tout à fait aux
besoins alimentaires du nourrisson à l’âge indiqué (1er ou 2ème âge). Elle est donc sans aucun danger et bénéfique pour
la santé de l’enfant.
Il faut signaler qu’il existe des allergies croisées fréquentes entre les protéines de vache et les protéines de soja. Pour cette
raison, les substituts de protéines de riz remplacent de plus en plus fréquemment les protéines de soja.
3
Pour prévenir certaines carences, je suis très attentive à acheter des jus enrichis en calcium, vitamines et minéraux.
Ai-je raison ?
La plupart des jus végétaux récemment commercialisés sont, en effet, souvent enrichis avec des vitamines et des minéraux.
Cet enrichissement insuffisant n’enlève pas le caractère dangereux de ces boissons car il demeure impossible aux
fabricants d’ajouter protéines et calories. Par ailleurs, le calcium ajouté, d’origine végétale, est moins bien assimilé qu’un
calcium d’origine animale pour une question d’affinité avec son transporteur.
Pour plus d'informaon : Marion Pouchain & Camille Journet
Tél. 01 45 03 50 32 - [email protected]
0-3 ans
De 6 mois à 1 an,
les préparations de suite ou lait 2ème âge
accompagnent le début de la diversification.
Le lait maternel est un aliment idéal. Il convient parfaitement aux enfants de moins de 6 mois, et pour accompagner la
diversification après 6 mois.
Lorsque l’enfant commence à consommer autre chose que du lait, entre 4 et 6 mois, et qu’il n’est pas allaité, il est temps de
passer aux préparations de suite ou lait 2ème âge, seuls produits spécifiquement conçus pour couvrir les besoins nutritionnels
et physiologiques du nourrisson à partir de 6 mois et jusqu’à 1 an.
EN RÉSUMÉ
“Lait 2e âge”
Lait de croissance
DIVERSIFICATION
Appellation commune
Appellation réglementaire
Période d’utilisation habituelle
Préparation
de suite
De 6 à 12 mois ou plus en relais du lait maternel
ou de la préparation pour nourrissons
Aliment lacté destiné
aux enfants en bas âge
En relais du lait 2e âge de 1 an
jusqu’à 3 ans*
*De préférence au lait de vache.
Quel “lait 2ème âge” pour le tout petit ?
On peut classer les préparations de suite en 3 catégories principales, conçues pour répondre à des besoins particuliers du
nourrisson de 6 à 12 mois :
“Classiques ou standards” si bébé va bien.
Ces préparations 2ème âge sont réalisées à partir de protéines de lait de vache et portent généralement le nom de la marque du produit
suivi d’un numéro 2 en référence à la période d’utilisation 2ème âge. Ils sont disponibles en pharmacie comme en grande surface.
Pour les petits troubles fonctionnels de bébé.
Vendus en grande surface, comme en pharmacie, ils sont soumis, comme les “laits 2ème âge dits standards ou classiques” à
la réglementation des préparations de suite, mais ils apportent des réponses spécifiques aux petits désagréments parfois
rencontrés par les bébés et peuvent être utilisés à long terme à la place d’un lait infantile standard :
- Laits infantiles qui améliorent le transit lorsque le bébé n’a pas de selles régulières et/ou suffisantes.
- Laits infantiles “épaissis” destinés aux bébés qui souffrent de petits rejets.
- Laits infantiles dits “de satiété” qui rassasient mieux l'enfant et retardent la sensation de faim sans augmenter le nombre
de calories.
Si bébé souffre d’un état pathologique nécessitant un régime particulier (les enfants allergiques aux protéines de lait
de vache, ou ayant des régurgitations sévères, ou ne digérant pas le lactose), les préparations infantiles dits “laits
thérapeutiques” (aliments destinés à des fins médicales spéciales) relèvent exclusivement d’un conseil médical.
Peut-on passer d’un lait infantile à l’autre sans conséquences pour les enfants en bas âge ?
En dehors des changements recommandés en fonction de l’âge et des phases de diversification de
l’alimentation, il est conseillé de ne pas changer un lait infantile qui convient à l’enfant.
Pour plus d'informaon : Marion Pouchain & Camille Journet
Tél. 01 45 03 50 32 - [email protected]
0-3 ans
Le lait de croissance entre 1 et 3 ans, un complément
indispensable à une alimentation de plus en plus diversifiée.
Lorsque la diversification s’intensifie, à partir de 10/12 mois et jusqu’à trois ans, le moment est venu de remplacer le lait 2ème
âge par du lait de croissance qui couvre l’essentiel des besoins de l’enfant en vitamines et minéraux, et répond parfaitement
aux besoins physiologiques de l’enfant.
EN RÉSUMÉ
“Lait 2e âge”
Lait de croissance
DIVERSIFICATION
Appellation commune
Appellation réglementaire
Période d’utilisation habituelle
Préparation
de suite
De 6 à 12 mois ou plus en relais du lait maternel
ou de la préparation pour nourrissons
Aliment lacté destiné
aux enfants en bas âge
En relais du lait 2e âge de 1 an
jusqu’à 3 ans*
*De préférence au lait de vache.
Pourquoi privilégier le lait de croissance entre 1 et 3 ans ?
La croissance et le développement intense de l’enfant entre 1 et 3 ans génèrent des besoins nutritionnels particuliers et
différents de ceux de l’adulte.
Au moment de la diversification, de nombreux enfants ont tendance à imiter leurs parents et à consommer trop précocement
et en quantité trop importante des aliments destinés aux adultes (pizza, plat cuisiné…). Ce type d’alimentation peut entraîner
des excès en sel, en protéines, sans répondre aux besoins notamment en acides gras essentiels des enfants de cet âge.
Même avec une diversification alimentaire bien menée, les aliments, surtout en début de diversification, ne peuvent pas couvrir
tous les besoins en nutriments car ils sont introduits en trop faibles quantités.
Le lait de croissance constitue un “aliment sécurité” destiné à prévenir toute insuffisance d’apports nutritionnels, mais
aussi à empêcher les excès, notamment en protéines, en acides gras saturés, en sel… Sa consommation permet à l’enfant
de se rapprocher de l’équilibre alimentaire optimal.
Quels sont les nutriments essentiels apportés par le lait de croissance ?
Spécialement conçu pour répondre aux besoins nutritionnels, le lait de croissance apporte, en complément d’une alimentation
diversifiée, la juste dose en nutriments nécessaires au développement harmonieux du jeune enfant.
• Fer : le lait de croissance apporte du fer en quantité adaptée aux apports nutritionnels conseillés chez les moins de trois
ans. La carence en fer est la plus fréquente des carences nutritionnelles dans les pays industrialisés.
• Protéines : le lait de croissance apporte des quantités de protéines adaptées aux apports
nutritionnels conseillés chez les moins de trois ans.
• Lipides2 : la croissance et le développement rapides d’un enfant de 1 à 3 ans exigent des apports supérieurs en lipides
et acides gras essentiels, du fait d’une dépense énergétique particulièrement élevée par rapport au poids corporel et au
développement du cerveau. Chez l’enfant en bas âge, la part qu’occupent les lipides dans l’alimentation doit atteindre 45 à
50 % de l‘apport énergétique total contre 30 % seulement chez l’adulte. Le lait de croissance, qui contient des acides gras
essentiels, contribue à les atteindre.
• Vitamine D : comme tout lait infantile, le lait de croissance contient de la vitamine D.
Une consommation minimale de 300 ml/j de lait de croissance met l’enfant à l’abri de déficits potentiels. En pratique, la
quantité recommandée est de 500 ml/j car elle correspond aux 2 biberons quotidiens (petit déjeuner et goûter). Cet apport
lacté n’est pas exclusif. En parallèle, l’alimentation diversifiée peut intégrer des laitages et fromages.
Sur quelles études s’appuie-t-on aujourd’hui pour préconiser le lait de croissance entre 1 et 3 ans ?
Les études de consommation tendent à démontrer l’intérêt du lait de croissance par rapport au lait de vache. Ces études
évaluent les apports nutritionnels réels chez des enfants qui consomment du lait de vache ou chez ceux qui consomment
du lait de croissance. Ces apports sont ensuite comparés aux apports nutritionnels conseillés (ANC*) pour cette tranche
d’âge3.
Une publication scientifique éditée en 2012 dans le journal “Public Health Nutrition” a montré qu’à apport énergétique
équivalent, un pourcentage élevé d’enfants nourris au lait de vache avaient des apports inférieurs au niveau recommandé
pour de nombreux nutriments tels que le fer (59 %) ou la vitamine C (49 %)4. Les apports en acides gras essentiels se
situaient, quant à eux, à la limite des recommandations françaises. En revanche, les enfants consommateurs de lait de
croissance avaient de meilleurs apports vis-à-vis des recommandations sauf pour la vitamine D. En outre, Les apports
protéiques étaient significativement au dessus des valeurs recommandées et, ce, de façon beaucoup plus importante chez
les enfants consommant du lait de vache.
*ANC : les ANC indiquent le niveau d’apport nécessaire pour couvrir les besoins pour un nutriment de 97,5 % de la population considérée.
1-AVIS de l’ANSES relatif aux risques liés à l’utilisation de boissons autres que le lait maternel et les substituts du lait maternel dans l’alimentation des nourrissons
de la naissance à 1 an. Saisine n° 2011-SA-0261. Maisons-Alfort le 5 février 2013. http://www.anses.fr/fr/documents/NUT2011sa0261.pdf
2-ANSES. Actualisation des apports nutritionnels conseillés pour les acides gras. Rapport d’Expertise Collective, mai 2011.
3-Ghisolfi J, Vidailhet M, Fantino M, Bocquet A, Bresson JL, Briend A, Chouraqui JP, Darmaun D, Dupont C, Frelut ML, Girardet JP, Goulet O, Hankard R, Rieu D, Turck D.
Comité de nutrition de la Société française de pédiatrie. Lait de vache ou lait de croissance : quel lait recommander pour les enfants en bas âge (1-3 ans) ? Archives
de Pédiatrie ;18(4) : 355-358. Doi : 10.1016/j.arcped.2010.12.023
4-Ghisolfi J, Fantino M, Turck D, Potier de Courcy G and Vidailhet M. Nutrient intakes of children aged 1-2 years as a function of milk consumption, cows’ milk or
growingup milk. Public Health Nutrition 2006, pp1-11. DOI: 10.1017/S1368980012002893, Published online: 04 July 2012.
Pour plus d'informaon : Marion Pouchain & Camille Journet
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