Les prisonniers de San Sebastián Bachajón
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Les prisonniers de San Sebastián Bachajón
Les prisonniers de San Sebastián Bachajón Les compañeros et compañeras de San Sébastián Bachajón vivent dans la région située au nord de l’État du Chiapas, une région riche en ressources naturelles. Ils luttent pour la défense de leur terre et de leur territoire, que le mauvais gouvernement essaie de spolier pour réaliser ses projets mortifères, principalement économiques (autoroute) et touristique (centre intégralement planifié Agua AzulPalenque). Au cours de ces dernières années, les compas de Bachajón ont dû résister à toute une vague d’agressions de la part des autorités locales, chiapanèques et fédérales, qui s'est traduite par des pressions constantes, des opérations policières de grande ampleur, des arrestations massives, la destruction de leurs campements de lutte et, bien plus grave, par l'assassinat de deux de leurs compas, Juan Vazquez Gúzman, ancien porte-parole du mouvement, abattu sur le pas de sa porte le 24 avril 2013, et Juan Carlos Gómez Silvano, assassiné le 21 mars 2014. Malgré toutes ces agressions, les membres de l'ejido de San Sébastián Bachajón adhérents à la Sexta continuent à lutter. « Nous autres indigènes, nous luttons pour demeurer ce que nous sommes, pour construire notre propre forme de vie et conserver notre territoire, en le protégeant des convoitises de ceux d’en haut ». 1 Au cours des dernières années, de nombreux ejidatarios de San Sebastián Bachajón adhérents à la Sexta ont été emprisonnés ( jusqu'à plus d'une centaine en 2011). L'usage des assassinats ciblés et des accusations mensongères pour obtenir l'emprisonnement des opposants politiques aux intérêts des caciques locaux est une constante dans la région nord du Chiapas, tout comme la torture des personnes arrêtées pour leur faire “avouer”. Les cas des trois prisonniers de San Sébastián Bachajón encore emprisonnés aujourd'hui sont symptômatiques de cet état des faits. Emilio Jiménez Gómez Emilio Jiménez Gómez est tzeltal, monolingue ; il vivait de son travail dans les champs (semis et récolte du maïs, des haricots, des courges). Emilio est membre des « Ejidatarios organisés » de l’Ejido de San Sebastián Bachajón, adhérents à Sixième déclaration de la Selva Lacandona. Emilio Jiménez Gómez a été détenu pour s’être organisé au sein de son village pour défendre sa terre et son territoire, en désigné comme bouc-émissaire d'un délit qu'il n'a pas commis. Le 14 juillet 2014, un groupe d’individus membres du parti politique PRI de la communauté de Xanil l’ont arrêté avec l’aide de la police de l’État du Chiapas, et emmené au CERESO N°17 “El Bambú”, à Playas de Catazajá (municipalité du nord du Chiapas), en l'accusant d’avoir agressé un étranger, lequel affirme pourtant, dans sa déposition, qu’Emilio n’est pas la personne qui l’a agressé. 2 Santiago Moreno Pérez Santiago Moreno est tzeltal de la communauté de La Pimienta, municipalité de Chilón, Chiapas ; monolingue, paysan de 56 ans, il est lui aussi membre des « Ejidatarios organisés » de l’Ejido de San Sebastían Bachajón, adhérents à la Sixième déclaration de la Selva Lacandona de l’EZLN (Armée Zapatiste de Libération Nationale). Santiago a été arrêté en février 2009, alors qu’il accomplissait une charge pour son organisation, oú il était responsable du Conseil de vigilance autonome des « Ejidatarios organisés » de l’Ejido. Il a été accusé d’homicide par un groupe d’individus membres du PRI, le parti politique contrôlant une partie de la région. Santiago Moreno Perez est lui aussi détenu au CERESO No 17 “El Bambú”, à Playas de Catazajá, au nord du Chiapas. 3 Esteban Gómez Jiménez Esteban Gómez Jiménez est tzeltal et monolingue ; il vivait de son travail dans les champs. Il est lui aussi membre des « Ejidatarios organisés » de l’Ejido de San Sebastian Bachajón, adhérents à la Sixième déclaration de la Selva Lacandona. Esteban a été injustement arrêté le 12 juin 2012 pour s’être engagé dans la défense de la terre et du territoire. « Ils m’ont emprisonné parce que je me suis organisé et que je défends la Terre-Mère » (lettre de Esteban, le 14 juillet 2015). En 2013, Esteban a été accusé d’agression par Manuel Gómez Jiménez (ancien commissaire ejidale officiel, membre du parti politique PRI / Vert écologiste au moment des faits). Une fois détenu, deux délits supplémentaires lui ont été attribués : homicide et port d’arme (le port d’arme étant un délit relevant de la juridiction fédérale). Actuellement, Esteban est détenu au CERESO Numéro 14 “El Amate” à Cintalapa de Figueroa, Chiapas, à environ huit heures de trajet du lieu de vie de sa famille. Esteban se trouve dans une situation dangereuse en raison du haut niveau de violence qui existe à l’intérieur de la prison. Il s’est cependant engagé sur place dans un travail de conscientisation des prisonniers qui cherchent à s’organiser. 4 Lettre d'Emilio Jiménez et de Santiago Moreno, en solidarité avec tous les prisonnier.e.s en lutte 7 février 2016 A tous les compañeros et compañeras de l'Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN), du Congrès National Indigène (CNI), de la Sixième déclaration de la Selva Lacandona, aux médias libres. Nous sommes des prisonniers originaires de San Sebastián Bachajón, adhérents à la Sixième déclaration de la Selva Lacandona (Sexta): moi, Emilio Jimenez Gómez qui suis emprisonné depuis 2 ans, et moi, Santiago Moreno Pérez, depuis 7 ans, les 2 injustement emprisonnés au sein du Centre pénitenciaire CERESO numéro 17 de Playas de Catazajá, Chiapas. Nous en avons marre d'être enfermés, mais lorsque nous allons sortir nous allons continuer à lutter, parce qu'il n'y a pas d'autre option. Nous nous solidarisons et demandons de l'entraide aux autres prisonniers et prisonnières qui luttent depuis en bas à gauche afin d'obtenir la liberté de tous et toutes, raison pour laquelle nous vous demandons d'être attentifs aux prisonnières et aux prisonniers. Nous sommes ensemble aux côtés des compas de San Pedro Tlanixco, et nous demandons à toutes et tous que nous mettions du coeur à l'ouvrage et qu'on soit au fait des processus légaux en cours des prisonniers, et de leur lutte pour qu'ils sortent rapidement. 5 Nous disons aux compañeros prisonniers de San Pedro Tlanixco qu'ils mettent du coeur à l'ouvrage depuis l'intérieur de la prison, qu'ils ne se rendent pas et qu'ils continuent à lutter pour leur communauté, pour la défense de leurs eaux et de la terre, tout comme nous le ferons nous aussi depuis San Sebastián Bachajón. Nous ne voulons pas que personne ne vienne et nous retire ce qui est à nous depuis toujours, car nous avons des enfants et c'est l'héritage que nous leur laisserons, raison pour laquelle nous ne voulons pas qu'on nous spolie et c'est pour cela que nous défendrons la terre-mère et les peuples qui veillent sur elle. Nous vous saluons et les remercions tous et toutes, que vous cheminiez à nos côtés dans la lutte pour la liberté et pour la défense de notre terre-mère. ZAPATA EST VIVANT, LA LUTTE CONTINUE! JUSTICE POUR AYOTZINAPA, C'EST EN VIE QU'ILS LES ONT EMBARQUÉS, C'EST EN VIE QUE NOUS VOULONS LES REVOIR! JUAN VAZQUEZ GUZMAN EST VIVANT, LA LUTTE CONTINUE! JUAN ANTONIO GOMEZ SILVANO EST VIVANT, LA LUTTE CONTINUE! JUSTICE POUR NOS COMPAÑEROS! PRISONNIERS POLITIQUES, LIBERTÉ! 6 Esteban Gómez appelle à lutter pour sa libération 16 février 2016 A La Sexta Nationale et Internationale Aux compañeros du Mouvement pour la Justice du quartier “El Barrio” de New York Aux médias libres et alternatifs Aux prisonniers politiques du Mexique Moi qui écrit cette lettre, Esteban Gómez Jimenez, me retrouve emprisonné dans le centre pénitentiaire CERESO numéro 14, appelé “El Amate”, accusé de braquage, port d'arme et homicide. Je suis en prison depuis déjà deux ans, on m'a arrêté le 12 janvier 2014. Je vous fait savoir que je suis innocent et vous enjoint à me venir en aide afin d'obtenir ma libération. Conclusion: Appeler à la solidarité nationale et internationale pour obtenir ma libération Ils m'ont enfermé pour le fait de m'organiser et de défendre la terremère. Salutations à tous les prisonnier.e.s politiques du Mexique Bien à vous Esteban Gómez Jimenez 7 Informations principalement tirées du site en espagnol noestamostodxs.tk, collectif chiapanèque qui coordonne le soutien aux prisonniers de San Sebastián Bachajón, Ainsi que des sites francophones du CSPCL (Comité de soutien aux peuples du Chiapas en lutte): https://www.cspcl.ouvaton.org de Liberonsles: https://liberonsles.wordpress.com et d'Espoir Chiapas: https://espoirchiapas.blogspot.com/ photo ValK. 8
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