Audit Catias 1 D en RCI - Inades

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Audit Catias 1 D en RCI - Inades
AUDIT CATIA 1D
en
Côte d'Ivoire
Consultant : Dr BLE Raoul Germain
Directeur du Centre de Recherche en Communication ( CERCOM)
Université de Cocody, Abidjan
11 b.p. 43 Abidjan 11- Côte d’Ivoire
Courriel : [email protected]
Mobiles : 00(225) 07 844 283
00(225) 05 064 168
1
SOMMAIRE
0. - INTRODUCTION ....................................................................................................... 2
I. -DIFFICULTES RENCONTREES SUR LE TERRAIN................................................... 4
II- APPROCHE DEFINITIONNELLE ................................................................................ 8
III- ETAT DES LIEUX DU SECTEUR DE LA RADIODIFFUSION ................................. 10
3.1- L’ENVIRONNEMENT POLITICO-JURIDIQUE ................................................................... 10
3.1.1- La politique nationale ................................................................................. 10
3.1.2- Le cadre juridique et réglementaire .......................................................... 13
3.2- L’ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE ............................................................................. 16
3.3. - L’ENVIRONNEMENT TECHNOLOGIQUE ...................................................................... 18
3.4. - L’ENVIRONNEMENT DE LA FORMATION ..................................................................... 18
3.5- LE ROLE DES DIFFERENTS ACTEURS ......................................................................... 23
IV- LE PAYSAGE RADIOPHONIQUE .......................................................................... 26
4.1. - LA TYPOLOGIE DES RADIOS .................................................................................... 26
4-1-1 - Les radios nationales................................................................................ 26
4-1-2 - Les radios confessionnelles .................................................................... 27
4-1-2 -1 - La radio catholique .............................................................................. 28
4-1-2-2 - La radio protestante ............................................................................. 28
4-1-2-3 - La radio musulmane ............................................................................. 29
4-1-3 - Les radios internationales ........................................................................ 29
4-1-3-1 Africa N°1 ............................................................................................... 31
4-1-3-2 British Broadcasting Corporation (B.B.C.) .............................................. 32
4-1-3-3 Radio France Internationale (RFI) .......................................................... 32
4-1-3-4 La Voix d’Amérique ................................................................................ 33
4-1-4 Les radios commerciales............................................................................ 34
4-1-4-1 Radio Nostalgie ...................................................................................... 34
4-1-4-2 JAM FM .................................................................................................. 34
4-1-5 - Les radios de proximité ............................................................................ 35
4-1-6 Les radios rurales locales .......................................................................... 36
4.2. - LA POLITIQUE ET LES AUTRES FACTEURS ................................................................ 42
4-3. - L’ANALYSE DU PROGRAMME DE LA RADIO NATIONALE ............................................... 43
4.4 - PANEL D'AUTRES RADIOS ....................................................................................... 45
4.5. - LES HABITUDES D’ECOUTE DE LA RADIO EN COTE D’IVOIRE....................................... 52
4.6. - LES PROGRAMMES............................................................................................... 53
1- Les informations .......................................................................................... 53
2- Les émissions de variétés ........................................................................... 55
3- Les émissions de connaissance .................................................................. 55
4- Les émissions culturelles et historiques ...................................................... 56
0
5- Les émissions musicales............................................................................. 56
6- Les émissions éducatives ........................................................................... 56
7- Les émissions féminines ............................................................................. 57
8- Les émissions sportives .............................................................................. 57
9- Les émissions de publicité .......................................................................... 57
10- Les émissions enfantines .......................................................................... 57
11- Les émissions religieuses ......................................................................... 58
4.7. - QUE DEVONS-NOUS RETENIR ? .............................................................................. 62
V- SYNTHESE ANALYTIQUE ....................................................................................... 63
VI- RECOMMANDATIONS ............................................................................................ 75
CONCLUSION ............................................................................................................... 81
BIBLIOGRAPHIE .......................................................................................................... 84
1
0. - INTRODUCTION
Dire que la communication est au cœur de toute socialité est devenue un truisme. Il
n’y a pas, il n’y a jamais eu nulle part, aucun peuple, aucune organisation sociale ne
reposant sur l’échange et la circulation d’informations qui favorisent le «pactum
societatis », la compénétration psychologique des consciences, l’intersubjectivité et
le changement social.
En bref, en accord avec les théories de la cybernétique et de celles des systèmes, la
communication facilite la régulation au sein des ensembles organisés.
Il en ressort que les hommes disposent d’un éventail de moyens traditionnels,
électroniques, en somme de systèmes de signes pour communiquer.
Ainsi, les techniciens et les spécialistes du développement pressentent les usages et
les enjeux des moyens de communication de masse. La radio qui a une fonction
«ampli » selon le mot de Bernard Cathelat a servi de canal aux planificateurs et
ingénieurs du développement pour diffuser et insuffler le changement social. Des
expériences de radios rurales, éducatives ou communautaires ont vu le jour en
Afrique subsaharienne.
En Côte d’ivoire, les années 90 marquent un boom dans le paysage des media de
masse. D’abord, le pluralisme politique ouvre la voie royale à la formation d’une
opinion publique. L’environnement audiovisuel subit des modifications majeures par
la constitution d’un cadre juridique et institutionnel. L’Etat accorde des concessions
d’émission et de diffusion à des radios d’envergure mondiale (RFI, BBC, VOA et
Africa N° 1), des radios de type commercial (Nostal gie, Jam).
Dans le prolongement de cette libéralisation des ondes, les pouvoirs publics
attribueront 52 fréquences aux radios de proximité et quatre radios rurales locales
seront mises en route.
Le champ des évolutions possibles demeure ainsi largement ouvert pour ce qui
concerne le contenu des programmes, les rapports entre acteurs publics et privés et
les mécanismes de régulation qui assureront le respect des principes clés que sont
le maintien du pluralisme, la défense d’une identité et d’une ambition culturelles.
2
Nous percevons dans cette démarche de l’Etat, une volonté d’établir une
communication interactive par la médiation d’un outil (la radio) qui offre la possibilité
de la participation de toutes les couches socioprofessionnelles au développement
économique, social et culturel de la nation. Il s’agit plus particulièrement de favoriser
une participation populaire à la base au développement et à la lutte contre la
pauvreté.
Dans ce contexte, le secteur public parait encore hésiter sur la voie à suivre pour
affirmer sa spécificité dans le nouveau système radiophonique. Ainsi, dans
l’ensemble, lorsqu’on examine l’environnement juridique, on peut affirmer l’existence
d’un cadre organique de développement de la communication sociale et de
participation des moins nantis.
Mais, toutefois, il y a quelque illusion à s’en tenir à cela. Car les soubresauts
politiques (Coup d’état de décembre 1999 et la crise militaro civile de septembre
2002) ont fortement perturbé les jalons de la jeune démocratie ivoirienne.
Notamment en ce qui concerne l’exercice du droit à la liberté d’expression et
d’information. Les radios localisées dans les zones sous occupation des excombattants rebelles n’émettent plus. Les centres émetteurs de la radio nationale ont
été sérieusement endommagés. La résultante de ces convulsions politiques nous
situe sur le déséquilibre informationnel des pauvres et l’impossibilité de leur
participation à une communication horizontale. D’autant plus que la composante D
du Projet National d’Appui au Secteur Agricole (PNASA II) d’installation de radios
rurales a été interrompue.
En nous situant donc dans une perspective systémique, un diagnostic peut aisément
dépister les «pathologies » liées à l’environnement général et spécifique de la radio
en Côte d’Ivoire.
C’est pour répondre à cette exigence que cet audit dans le cadre du CATIA 1d sera
conduit.
Il s’agit donc de :
1. Faire connaître le secteur, les outils, le matériel et les stratégies de la
radiodiffusion pour un plaidoyer national en faveur du pluralisme ;
3
2. Comprendre le secteur de la radiodiffusion dans les contextes nationaux,
régionaux et internationaux en mutation ;
3. Développer des normes et critères pour le secteur de la radiodiffusion et
faciliter la comparaison entre les pays et au fil du temps ;
4. Comprendre les cadres législatifs et réglementaires et leur mode de
fonctionnement dans la pratique, ainsi que leur impact sur la programmation
pour les pauvres ;
5. Comprendre comment la radiodiffusion peut contribuer à la démocratisation et
à la participation de la société civile, et l’impact des media de la radiodiffusion
pour les pauvres sur les indices de développement.
I. -DIFFICULTES RENCONTREES SUR LE TERRAIN
De nombreuses difficultés ont dû être surmontées pour obtenir des données. C’est le
lieu ici de présenter quelques-unes des principales contraintes de l’étude et leçons
tirées.
- Situation de guerre
L’audit a été réalisé dans une période de crises successives. Rappelons que depuis
le 19 septembre 2002, des rebelles armés ont attaqué la Côte d’ivoire, prenant la
moitié nord en otage. Des négociations engagées en vue de la paix, ont abouti à un
gouvernement de réconciliation nationale où l’on compte, à des postes importants,
des ministres issus de la rébellion.
Par exemple, en considérant le cas du Ministère qui nous intéresse principalement
dans le cadre de cette étude, c’est Monsieur Soro Guillaume qui en est le ministre
d’Etat. Il est également le Secrétaire général du MPCI (rébellion). De cette double
fonction, monsieur le ministre d’Etat est très souvent absent d’Abidjan, si bien qu’il
n’était pas possible de le rencontrer, en dépit des nombreuses demandes formulées.
Ses collaborateurs ont toujours évité de répondre à nos préoccupations, parce que
n’ayant pas reçu de consignes, dans ce sens, de la part du ministre d’Etat. Il a été
difficile d’obtenir la position des officiels.
4
Une chose est également à noter qui est très caractéristique de la Côte d’Ivoire, c’est
qu’il n’existe pas le pouvoir d’un côté et l’opposition de l’autre. Le gouvernement
étant de réconciliation nationale, on y compte plus de ministres provenant de
l’opposition que de ministres issus du parti du président Laurent Gbagbo. De cette
situation, la position du gouvernement n’existe pas dans cette logique permanente
d’affrontement entre des ministres qui défendent les positions de leurs partis
d’origine. C’est l’absence d’une classe politique qui accentue la crise et par
conséquent, rend l’administration très lourde. Dans ce sens, tous les proches
collaborateurs des ministres étaient méfiants malgré nos nombreuses sollicitations.
Du coup, les directeurs généraux et centraux évitaient de s’impliquer parce qu’ils
n’avaient pas l’autorisation de leur tutelle. Il ressort de tout cela que la guerre a
davantage enraciné une lourdeur administrative déjà très forte.
Les régions sous le contrôle des rebelles, n’ont pu faire l’objet d’investigation, parce
qu’il n’est pas facile d’obtenir une autorisation de s’y rendre. Déjà, dès le départ, tous
les enquêteurs avaient refusé, pour des raisons de sécurité, de travailler en zones
assiégées. Néanmoins, nous avons expédié une équipe à Man (ouest) et une autre à
Bouna (nord-est), mais qui ont été refoulées à l’entrée de ces villes.
- Administration des questionnaires
Pour diverses raisons et surtout à cause des difficultés de communication entre
Abidjan et les villes de l’intérieur, certaines communautés rurales n’avaient pas été
préalablement informées de l’arrivée des enquêteurs. Ceci a suscité une certaine
réticence de leur part à l’administration du questionnaire. En négociant avec les
chefs de village ou de famille, les positions ont été facilement reconsidérées. Les
femmes rurales étaient plus réticentes, en l’absence de leurs époux qui, eux, se
prêtaient beaucoup plus facilement au questionnaire. Dans les zones urbaines,
certaines personnes ont refusé de nous répondre parce disent-elles qu’ «il y a trop
d’enquêtes dont on ne voit jamais les résultats ».
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- Recrutement et formation des enquêteurs
Par ces temps de crise, les jeunes, notamment les étudiants, étaient nombreux à se
présenter pour l’administration du questionnaire. Mais, dans les zones rurales, nous
n’avons pu trouver d’enquêteurs parlant à la fois le français et les langues locales.
La durée de la formation des enquêteurs, une journée ouvrable (six heures), s’est
avérée trop courte. Ne pouvant faire autrement à cause des contraintes budgétaires
et du temps limité, nous n’avons retenu que des étudiants de maîtrise, susceptibles
de comprendre assez rapidement les enjeux de l’étude. Mais, dans l’ensemble, il
s’est avéré que les enquêteurs ne maîtrisaient pas les langues locales parlées dans
les sites d’enquête, en milieu rural.
- La diversité des langues parlées dans les zones d’enquête
La diversité des langues dans les zones d’enquête a probablement constitué le plus
grand problème à résoudre. Le questionnaire étant en français. Cependant, nous
avons rencontré dans les régions rurales des personnes qui soit ne parlaient pas la
langue officielle (le français), soit refusaient de répondre dans une langue différente
de leur langue maternelle. Il a donc fallu recourir à des interprètes bénévoles,
moyennant une petite contrepartie financière, pour nous aider. Ces derniers
possèdent la langue mais ne maîtrisant pas toujours le français, cela a forcément
introduit certains biais dans la formulation des questions et, par conséquent, dans les
réponses obtenues. La situation était assez difficile, faute d’un pré-test des outils en
langue locale. Et lorsque l’interprète bénévole maîtrisait une langue du terroir, il ne
maîtrisait pas toujours le français et encore moins les méthodes d’enquête.
- Niveau d’instruction des enquêtés ruraux
Le niveau d’instruction apparaît comme un des plus importants facteurs déterminants
de l’intérêt et de la compréhension de l’étude et des enjeux qu’elle suscite. Les
résultats quantitatifs dans les régions rurales confirment qu’il y a une forte corrélation
entre le niveau d’instruction des auditeurs et leur propension à écouter la radio.
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L’audit a ciblé les «pauvres » et parmi cette population, surtout en milieu rural, la
radio est reconnue utile d’information mais d’une «utilité virtuelle » disent-ils parce
qu’ils ne voient pas de modèles de réussite imputables à l’usage de la radio, dans
leur environnement immédiat.
- La non implication des animateurs et des promoteurs de radio
Si les animateurs jouent un rôle primordial dans la vie des radios de proximité, leur
comportement suscite une réflexion. La proportion des animateurs interrogés déclare
ne pas être impliquée plus qu’il ne faut parce qu’ils ne reçoivent pas de salaires.
Dans deux radios, nous avons même rencontré des animateurs qui ne savaient rien
de la station qui les emploie. En fait, il s’agissait des personnes venues remplacer
occasionnellement l’animateur empêché. Il ressort de cette situation, un bricolage et
des diffusions de complaisance. Aussi est-il impossible d’obtenir des informations
avec
des
pseudo
animateurs.
Selon
un
animateur
permanent,
ceci
est
principalement dû au manque de rétribution des animateurs bénévoles, à la
mauvaise rémunération des permanents et à leur manque de qualification.
Systématiquement, personne ne veut répondre aux questions, sans l’avis du chef de
station. Dans certaines radios à l’intérieur du pays, il a fallu recourir à d’autres
moyens pour obtenir la grille de programme Nous avons eu beaucoup de difficultés à
rencontrer les promoteurs qui, manquant d’organisation objective, ont eu du mal à
nous fournir des informations sérieuses.
- La communication avec l’Institut Panos
Il n’a pas été signifié dans les termes de référence que le consultant aurait toute
latitude de proposer une présentation du document et des données. Il a été instruit
de se tenir à la méthodologie proposée par le chargé de coordination, dans l’esprit
d’un travail standard dans plusieurs pays sur le même objet. Il aurait donc été plus
intéressant que pour les tous premiers contacts, le chargé de coordination rencontre,
si cela est possible, les personnes ressources commises à l’audit afin d’échanger sur
le projet et comprendre clairement les enjeux et les attentes de l’IPAO.
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II- APPROCHE DEFINITIONNELLE
Pour permettre une meilleure compréhension de l’étude, il nous semble judicieux de
définir certains mots-clés tels que :
-
Service public ;
-
Pluralité ;
-
Pluralisme ;
-
Pauvreté ;
-
Développement.
D'abord
nous
entendons
par
service
public
une
activité
assumée
par
l'administration d'un Etat ou une entreprise publique ou privée tendant à satisfaire
certains besoins collectifs. Le
dynamisme du secteur public se conçoit par une
réaffirmation de sa légitimité. La spécificité de la radio nationale réside moins dans
ses obligations de service public, qu'elle partage pour partie avec les autres radios
(commerciales, confessionnelles, rurales et de proximité) que dans son étendue.
L'influence déterminante de l'image radiophonique en Côte d'Ivoire donne au secteur
public audiovisuel, à l'image de l'école publique, une responsabilité nouvelle: sa
fonction pédagogique et civique bien que ne relevant pas exclusivement du secteur
public, constitue ou devrait constituer l'un des domaines privilégiés d'une radio
publique. En effet, s'il est
un terrain où les notions de neutralité, d'égalité, de
continuité et d'intérêt général qui sont les maîtres mots du secteur public ont un sens,
c'est par excellence celui de la transmission du civisme, de l'éducation, de la
connaissance et de l'ouverture au monde.
Ensuite, en ce qui concerne la pluralité, le paysage radiophonique est
quantitativement riche en Côte d'Ivoire, avec la pléthore de stations qui existent.
D'ailleurs, le dictionnaire le Petit Larousse illustré dit clairement que c'est "le fait
d'exister à plusieurs". Puis, par pluralisme, nous devons entendre une conception
politique, sociale, économique, etc., qui admet la pluralité, la diversité des opinions,
des tendances, etc. C'est donc une doctrine qui n'admet, dans le monde que des
êtres multiples selon le Petit Larousse illustré. Nous ajouterons, dans ce sens que le
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service public doit être le garant de l'égalité entre citoyens, en permettant d'abord à
l'ensemble de la population détenant un récepteur de capter toutes les chaînes sur
l'étendue du territoire ; ensuite, en leur offrant une programmation suffisamment
diversifiée pour pallier les inégalités d'accès aux supports de substitution (cinéma,
magnétoscope, vidéo, etc.).
Dans un système qui se veut désormais ouvert, il revient donc au secteur public de
garantir la liberté de l'auditeur en élargissant l'éventail de ses choix.
Puis encore, la pauvreté doit être comprise comme l'état de celui qui est pauvre, qui
ne possède aucune ressource. Les pauvres en Côte d'Ivoire ne bénéficient pas du
minimum vital que l'on tient pour acquis. La pauvreté résulte de phénomènes
économiques, politiques et sociaux qui interagissent et, souvent, se renforcent les
uns les autres, aggravant ainsi le dénuement dans lequel vivent les populations
démunies. Le phénomène de pauvreté est aggravé par de nombreuses disparités
entre
les
régions
en
ce
qui concerne
notamment
l'accès
aux
services
communautaires de base. Cette situation est en tout cas visible en Côte d'Ivoire où
le déséquilibre entre le niveau de développement des régions rend vulnérables les
populations. Quand on se fixe comme objectif de réduire la pauvreté, le milieu rural
constitue une cible privilégiée.
Enfin, la notion de développement, selon le lexique des sciences sociales (de 1990,
page 4) «est ambiguë car elle est appliquée à des situations concrètes variées et
reposant sur des idéologies latentes ». Et le Petit Larousse compact (de 1997, page
329) d’ajouter : le terme de développement veut dire «action de développer, de
déployer quelque chose. C’est aussi l’ensemble des différents stades par lesquels
passent un organisme, un être vivant pour atteindre sa croissance. C’est en somme,
l’action d’évoluer, de progresser ». Dans le dictionnaire d’économie et des sciences
sociales, le concept de développement est défini comme «la transformation des
structures démographiques, économiques et sociales qui généralement accompagne
la croissance. Ainsi, parler de développement c’est insister sur l’aspect structurel
(industrialisation,
urbanisation,
salarisation,
institutionnalisation)
et
qualitatif
(transformation des mentalités, des comportements, etc.) et de l’évolution à long
terme ».
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Au regard de toutes ces définitions, il apparaît que la notion de développement est
liée à l’émancipation des populations, au progrès et à la croissance, bref, à
l’évolution positive et dynamique de la société.
III- ETAT DES LIEUX DU SECTEUR DE LA RADIODIFFUSION
3.1- L’environnement politico-juridique
3.1.1- La politique nationale
On peut apprécier la vitalité du développement et de la mise en œuvre de la politique
de radiodiffusion par le passage du monopole des media d’Etat à la libéralisation des
ondes. Actuellement, le paysage radiophonique n’est plus monocolore, le secteur est
ouvert à d’autres sons et d’autres voix. Nous assistons à une forme décentralisée de
communication et à l’élargissement des espaces publics.
Abordant la question du caractère participatif du processus de formulation d’un cadre
législatif et réglementaire, du point de vue de l’acception universellement admise,
c’est-à-dire, le mécanisme par lequel les parties prenantes influencent les politiques
et les prises de décisions, y contribuent et les contrôlent ; on peut tenter de jeter un
éclairage sur les jeux de rôles des différents acteurs.
Des années 60 aux années 90, le gouvernement était le seul décideur et concevait la
radiodiffusion comme un outil au service du développement, par conséquent le portevoix de ses orientations. A partir des années 90, où l’on observera une libéralisation
des ondes radiophoniques, la mise en place des textes législatifs (Loi 91-1001
concernant la communication audiovisuelle ; Loi 91-1033 concernant le régime
juridique de la presse ; Loi 91-1034 concernant le statut des journalistes) a été
l’œuvre des pouvoirs exécutif et législatif. On peut noter qu’au sein de l’hémicycle,
l’examen et l’adoption de la mouture finale des différents projets de textes ont fait
l’objet de débats houleux (13 heures de débats). De même, les députés non
membres de la Commission des Affaires générales et Institutionnelles ont pris part
aux débats. Par ailleurs, la présentation des projets de lois aux députés a suscité
une levée de boucliers conduite par le Front populaire ivoirien (ex. opposition).
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Les militants de ce parti politique, qui avait aussi une dizaine de députés au sein du
parlement, ont empêché les parlementaires de siéger en leur bloquant l’accès à
l’Assemblée nationale. Parce que de leurs avis, les projets de lois à présenter
constituaient une entrave et une bride à la liberté d’expression.
Au niveau des organisations professionnelles du secteur de la radiodiffusion (l’UNJCI,
l’OLPED, l’URPCI, le 4 RCI et l’ARTPI), on perçoit une visibilité dans leurs actions
pour un plaidoyer de la réforme du cadre législatif et réglementaire. D’ailleurs, les
pouvoirs prennent de plus en plus en compte leurs préoccupations dans les projets
de textes en chantier.
D’autre part, les acteurs politiques signataires des l’Accords de Linas-Marcoussis ont
prévu dans le programme du gouvernement de réconciliation nationale, la mise en
œuvre de certaines mesures visant à reprendre l’économie générale du régime de la
presse, à garantir la neutralité et l’impartialité du service public, à renforcer le rôle
des autorités de régulation et à favoriser l’indépendance financière des médias.
On peut retenir que chaque partie prenante en fonction de ses centres d’intérêt
s’implique dans la mise en œuvre de la politique de radiodiffusion.
En nous appuyant sur le principe de la neutralité de l’administration publique, on peut
admettre que les organisations et les processus impliqués dans le développement et la
mise en œuvre de la politique de radiodiffusion sont neutres.
Les perceptions sont variables d’un acteur à l’autre sur le fonctionnement des
institutions chargées de la mise en œuvre de la politique de radiodiffusion.
Pour le gouvernement, c’est le principe de neutralité qui préside au fonctionnement
de ces institutions. Alors que pour les autres, la composition et l’organisation de ces
institutions les font apparaître comme inféodées à l’Etat. Toutefois, la Commission de
sélection des offres des soumissionnaires à l’exploitation d’un service de
radiodiffusion sonore opère selon les procédures transparentes : avis d’appel d’offres,
ouverture des offres en séance publique, interrogation des candidats pour leur faire
préciser ou compléter la teneur de leurs offres et le vote pour le classement des
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offres. Mais, dans l’analyse des stratégies d’acteurs, on observe que ces organisations
agissent pour le compte de l’Etat. Le contexte qui a cours où chaque membre du
gouvernement choisit un représentant au sein de ces organisations, il peut vite
apparaître des conflits d’intérêts, surtout que ceux-ci n’appartiennent pas à la même
chapelle politique.
La configuration actuelle du secteur de la radiodiffusion du fait de l'existence de
plusieurs stations radios, admet de reconnaître à ce secteur, une allure pluraliste.
Mais, si l'on entend l'acception "pluraliste" dans le sens d'assurer une expression
équilibrée à tous les courants d'opinions, on reconnaît également que c'est un
pluralisme étriqué et superficiel. Certes, le cadre juridique et la politique permettent
de créer différents types de radios, cependant on ne peut être très affirmatif quant à
leur capacité et leur possibilité à promouvoir un cadre pluraliste.
Au reste, dans le secteur de la radiodiffusion, il n'y a pas de liberté totale et entière.
Les
cahiers
de
charges
sont
contraignants
et
restrictifs
de
l'avis
des
concessionnaires du service de radiodiffusion. Le cadre juridique et la politique sont
appréciés comme revêtant un cachet de rigidité et de directivité. D'un certain point
de vue, l'existence d'une politique de la radiodiffusion et sa mise en œuvre
constituent les linéaments d'un engagement envers les pauvres et la radio. Ainsi,
l'Etat a procédé à la libéralisation des ondes. De plus, il a créé des radios rurales
locales et a concédé l'exploitation d'un service de radiodiffusion sonore de proximité.
D'un autre point de vue, on peut noter que le contexte a beaucoup changé, du coup
cette politique paraît dépassée, insuffisamment proactive et prospective. La politique
et sa mise en œuvre n'ont pas suivi les mutations de la société ivoirienne et de son
environnement mondialisé. Le relevé d’un certain nombre de faits suivants nous
incline à dire qu’il n’y a pas d’engagement hardi de la part des pouvoirs publics.
D’abord, l’attribution des fréquences se fait au compte-gouttes, c’est-à-dire que seul
l’Etat prend l’initiative d’imposer les types de radios et les périodes de
soumissionnement. Nous relevons là un frein à l’ouverture et au pluralisme.
Ensuite, l’autorité concédante (l’Etat) n’a aucune obligation financière à l’égard des
concessionnaires. Ce qui constitue une question de survie ou de durabilité de ces
radios dont les ressources sont des «portions congrues ».
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Puis, la zone de
couverture restreinte des radios de proximité et des radios rurales montre à
suffisance la non accessibilité des pauvres à ces media de masse.
Enfin, la carte de localisation des radios les situe plus dans les zones urbaines ou
semi-urbaines.
Il apparaît là encore que les pauvres sont toujours à la périphérie des centres de
décision et d’accessibilité aux médias.
Le gouvernement est en même temps la muse et le maître d'ouvrage de la politique
à mener à travers les organismes qu'il a commis à cette mission. Le gouvernement
est souvent réceptif aux influences extérieures notamment celles issues des
donateurs multilatéraux (Banque Mondiale, UE, Agence de la Francophonie) et
bilatéraux. D'ailleurs, dans l'annexe des Accords de Linas-Marcoussis ayant trait à la
rubrique "médias", il est stipulé que le gouvernement de réconciliation nationale
s'engagera à entamer les réformes nécessaires.
L'échiquier politique est composé des partis représentatifs (c'est-à-dire ayant un
électorat important) et des petits partis. Il existe au-moins une centaines de partis
politiques. Du point de vue idéologique, il y a des partis de gauche, des partis
libéraux, des partis centristes. L'initiative des lois peut émaner du gouvernement
(projet de lois) ou du parlement (proposition de lois). Pour engager une réforme
législative, le membre du gouvernement concerné propose en conseil des ministres
un projet de textes à soumettre à révision. Si ce projet de textes est adopté, il est
transmis au parlement pour examen d'abord par la commission concernée, puis en
plénière. Après, les différents amendements apportés au texte, il est voté. Le
Président de la République promulguera cette loi au journal officiel.
3.1.2- Le cadre juridique et réglementaire
Le préambule de la constitution du 03 août 2000 proclame son adhésion aux droits et
libertés tels que définis par la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948
et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples de 1981. Ensuite, le titre
premier (28 articles) est consacré aux libertés, aux droits et devoirs du citoyen.
L’attachement de cette loi fondamentale à ces valeurs humaines universelles montre
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son intérêt à garantir et à protéger les libertés individuelles et collectives. Affirmer
son attachement à la Déclaration universelle des droits de l’homme constitue un
gage de consécration de la liberté d’information et d’expression. Cette volonté de
mise en application de l’article 19 de cette déclaration se retrouve dans l’article 3 de
la loi 91-1001 portant régime juridique de la communication audiovisuelle. D’ailleurs,
une des missions de l’autorité de régulation de ce secteur est de veiller au respect
des principes définis à l’article 3 susvisé. Au sens de la loi 91-1001 en ses articles 3
et 4, le service public national de la radiodiffusion est un monopole d’Etat.
L’ensemble des infrastructures terrestres et leurs réseaux, les équipements
d’émission et de réception, le matériel d’exploitation et de transport et les bandes de
fréquence font partie du domaine de l’Etat. Toutefois au sens de cette même loi, le
service de radiodiffusion peut être concédé à des personnes physiques ou morales
de droit privé pour une durée déterminée susceptible de renouvellement ou de
prolongation. Dans les différentes conventions générales d’exploitation d’un service
de radiodiffusion, les concessionnaires ne sont propriétaires que des seuls biens
mobiliers et immobiliers affectés à la bonne gestion et à la bonne exploitation du
service concédé. L’exposé de ces différents textes législatifs et réglementaires nous
indique que la fréquence mise à la disposition d’un concessionnaire est un usufruit.
Concernant les lois contre la diffamation, on peut relever l’article 9 de la loi 91-1001
susvisée et son décret d’application 92-283 du 21 avril 1992.
Ainsi, toute personne physique ou morale dispose d’un droit de réponse dans le cas
où des imputations ou allégations susceptibles de porter atteinte à son honneur, à sa
considération, à sa réputation ou à sa dignité auraient été diffusées dans le cadre
d’une activité de communication audiovisuelle.
Au niveau des lois de sécurité nationale, il est stipulé dans les différentes
conventions générales de concession d’un service de radiodiffusion, l’interdiction de
programmer des émissions portant atteinte à la sécurité du pays.
Les pouvoirs d’interdiction et d’autorisation sont dévolus de plein droit à l’autorité
concédante qu’est l’Etat. L’exercice de ces pouvoirs se fait par l’intermédiaire du
Conseil National de la Communication Audiovisuelle (CNCA). Le Conseil National de
14
la Communication Audiovisuelle (CNCA) est chargé d’assurer pour le compte de
l’autorité concédante (l’Etat) le contrôle et l’exécution de la Convention générale pour
l’exploitation d’un service de radiodiffusion. L’Agence des Télécommunications de
Côte d’Ivoire (ATCI) veille à l’homologation du matériel d’émission utilisé par un
concessionnaire. La Commission de sélection des offres procède à l’analyse des
offres qu’elle reçoit des soumissionnaires à l’exploitation d’un service de
radiodiffusion et propose un classement.
On peut retenir que ces différents organismes agissent pour le compte de l’Etat et ne
peuvent que se conformer au cadre législatif et réglementaire existant. En fait, ce
sont les décideurs politiques qui ont défini leur politique et donc ont institué un
environnement législatif et réglementaire qui cadre avec les contours de celle-ci. Les
modalités d’autorisation concernent après notification le début d’exploitation du
service concédé, l’approbation de la grille type des programmes et le droit d’émettre
pendant la durée de la Convention générale. L’attribution des fréquences se fait
après appel d’offres. Toutefois, l’attribution n’est définitive qu’après approbation par
décret en Conseil des ministres de la convention de concession et du cahier des
charges. La suppression ou déchéance intervient dans les cas de manquement
grave ou de faute du concessionnaire dans l’exécution des obligations mises à sa
charge dans la Convention générale en ce qui concerne :
•
L’inobservation des prescriptions concernant l’exploitation du service concédé
suite au contrôle exercé par le CNCA ;
•
La cession partielle ou totale de la concession sans l’accord de l’Autorité
concédante ;
•
Le non-respect du délai de mise en exploitation.
L’article 6 de la loi 91-1001 dispose qu’en cas de concession, une Convention
générale est passée entre l’Etat et le concessionnaire et détermine les rapports entre
l’un et l’autre, les obligations du concessionnaire, la possibilité d’acquisition,
d’installation et la mise en place d’équipement de réception de programmes transmis
par satellite et d’équipement de diffusion, les règles générales de programmation, les
règles applicables à la publicité et au parrainage des émissions, et régit les aspects
financiers. La convention est assortie d’un cahier de charges qui traite des
15
problèmes techniques concernant la programmation, les conditions d’accès du public
au service, la diffusion des émissions et le contrôle de la concession. Selon le type
d’exploitation de radiodiffusion concédé, la convention de concession détermine la
provenance des ressources à générer. Par ailleurs, la commission de sélection des
offres d’exploitation d’un service de radiodiffusion apprécie la capacité financière
(fonds de roulement net, capital social et capitaux propres et permanents) des
personnes morales, tandis que les personnes physiques doivent fournir une caution
bancaire. Le dispositif législatif concernant la publicité est la loi 91-1001 portant
13
interdiction et répression de la publicité mensongère ou trompeuse.
Le décret 92-283 fixe le régime applicable à la publicité et au parrainage. Dans le
cahier de charges de certains concessionnaires (radios de proximité, rurales et
confessionnelles) sont interdites la diffusion d’émissions publicitaires. Pour les
radios commerciales, le CNCA fixe le quota du temps de publicité attribué (12
minutes par heure en moyenne journalière). Les concessionnaires ne sont
propriétaires que des biens mobiliers et immobiliers affectés à l’exploitation du
service concédé. Pour les radios commerciales, les actions composant le capital
du concessionnaire sont nominatives pendant toute la durée de la concession.
3.2- L’environnement économique
Le cadre législatif de la publicité est la loi 91-1001 et le cadre réglementaire est le
décret 92-283. Les seules radios parmi les concessionnaires d’un service de
radiodiffusion à diffuser des messages publicitaires sont les radios commerciales.
Pour ce qui concerne les politiques des donateurs, un concessionnaire peut recevoir
à hauteur de 25% de ses recettes prévisibles ou constatées provenant des
personnes
physiques
ou
morales
nationales
ou
étrangères.
Enfin,
les
concessionnaires peuvent bénéficier de tous les avantages prévus dans la loi portant
code des investissements. Il n'existe pas d'avantages financiers et des faveurs
accordées par le gouvernement aux radios sauf à la radio nationale. Toutes les
autres s'autofinancent.
Il n'existe pas de politique financière favorisant l'épanouissement des radios. Il
n'existe pas non plus d'exonération des taxes douanières sur l'importation et
l'acquisition du matériel de radio. Ainsi donc, les infrastructures sont obsolètes, le
16
matériel est inadapté et les équipements sont vétustes. Sauf pour la RTI qui
bénéficie d’une redevance audiovisuelle. La redevance audiovisuelle qui fait partie
des ressources de la R.T.I a été instituée par la loi 94-201 du 08 avril 1994 portant loi
de finances en son annexe fiscale. Le montant de cette redevance est de deux mille
francs (2000 F CFA) par bimestre. Elle est perçue chez tout abonné de la
Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) possédant un compteur d’au moins dix (10)
ampères.
De 1995 à 2003, la RTI a perçu 25 milliards F CFA de redevance audiovisuelle,
versée à elle, par la CIE. Cette redevance sert aux charges de fonctionnement de la
RTI et d’achats des équipements. Elle a dans sa structure organisationnelle une
régie publicitaire : R.T.I – Publicité qui s’occupe de la vente d’espaces publicitaires
sur les supports existants. Le temps consacré à la diffusion de messages
publicitaires ne peut-être supérieur à cinq (5) minutes par heure d’antenne en
moyenne. La vente d’espaces publicitaires représente 85 % des activités de la R.T.I Publicité.
Selon le décret 96-973 du 18 décembre 1996 portant création et organisation du
Fonds de soutien au développement de la presse, ce fonds a “pour mission de
faciliter, par ses concours, la mise en œuvre des interventions structurelles de
développement du secteur de la presse afin d’assurer aux journaux et écrits
périodiques l’égalité et la libre concurrence, dans le cadre de la mission d’intérêt
général de la presse”. On note ainsi que le secteur de la radiodiffusion ne bénéficie
pas des concours de ce Fonds. Cependant, quelques aides extérieures méritent
d’être mentionnées :
- Au niveau de l’Etat : La Côte d’Ivoire a bénéficié du concours financier de la
Banque mondiale et de l’Agence de la Francophonie pour installer les radios rurales.
- Au niveau des concessionnaires
: Bien souvent, certains concessionnaires
bénéficient d’équipements en matériels de la part d’institutions de Coopération ou
d’organisations non gouvernementales.
17
Précisons aussi que pour la mise en œuvre des réformes, contenues dans l’annexe
V de l’Accord de Linas – Marcoussis, le gouvernement de réconciliation pourra
bénéficier du soutien des partenaires de développement internationaux.
3.3. - L’environnement technologique
L’acquisition des équipements se fait le plus souvent à l’étranger. Les radios
internationales (RFI, BBC, Africa N°1 et VOA) et le s radios commerciales ont une
assistance technique qualifiée et des infrastructures adaptées. A contrario, les radios
rurales et les radios de proximité ne sont pas logées à la même enseigne. La
diffusion d’émissions radiophoniques se fait par voie hertzienne et en modulation de
fréquence. Cependant, la puissance apparente rayonnée est fonction des types de
radios. Radio Côte d’Ivoire a une couverture nationale et diffuse ses émissions 24 h
/ 24 h.
Les radios de proximité n’excèdent pas un cercle de dix (10) kilomètres de rayon
autour du centre émetteur. Les radios rurales locales ont un rayon de quatre-vingts
(80) kilomètres. Le rayon d’écoute des radios commerciales s’étend du District
d’Abidjan aux villes environnantes.
Les radios internationales installées à Abidjan sont plutôt des stations relais de leurs
stations mères. Mais, RFI est reçue en FM à Bouaké (centre) et à Korhogo (Nord).
3.4. - L’environnement de la formation
Les organismes de formation permanente existants sont :
•
L’Institut des Sciences et Techniques de la Communication (ISTC), crée par le
ministère de la communication:
•
L’Institut Supérieur de la Communication (ISCOM) au sein de l’Université
catholique de l’Afrique de l’ouest ;
•
Le département des sciences et techniques de la communication au sein de
l’Unité de Formation et de Recherche en Information, Communication et Arts
(UFRICA) de l’Université de Cocody-Abidjan.
18
•
L’Institut de Communication et de Journalisme (ICJ) de l’Université de
l’Atlantique d’Abidjan.
L’ISTC est un établissement d’enseignement supérieur public créé par le décret 92454 du 22 juillet 1992. Il a pour vocation la formation et le perfectionnement des
personnels des métiers de la communication. L’ISTC recrute par voie de concours
(direct et professionnel).
En général, ce sont les agents de la Radiodiffusion
Télévision ivoirienne qui y entrent après avoir subi avec succès les épreuves du
concours professionnel. L’ISTC est une école à vocation sous régionale, qui
accueille d’autres étudiants non-ivoiriens. Elle admet aussi des travailleurs
remplissant les conditions d’accès après analyse de dossier.
L’Institut Supérieur de la Communication (ISCOM) assure la formation aux métiers
de la communication. Les apprenants appartiennent le plus souvent à la sphère des
milieux catholiques mais depuis au moins cinq ans, il est ouvert à toutes les
confessions.
Le département des sciences et techniques de la communication de l’Université de
Cocody existe depuis 1977. Il offre une formation universitaire de deuxième et
troisième cycles à caractère pré professionnel. L’admission est subordonnée à la
réussite au test d’entrée. Le département est ouvert à toute personne titulaire d’un
diplôme de premier cycle universitaire.
L’Institut de Communication et de Journalisme (ICJ) de l’Université de l’Atlantique,
créé en 2000, offre une formation universitaire en Journalisme et Communication au
niveau du premier cycle.
On peut ajouter à cela que des grandes écoles d’enseignement supérieur privé
forment aussi aux métiers de la communication d’entreprise.
De ces quatre structures de formation, que devons-nous retenir ?
- Au niveau des locaux et du matériel : Seuls l’ISTC et l’ISCOM disposent de
bâtiments adéquats avec des équipements didactiques de qualité pour enseigner le
19
journalisme de radio et de télévision. En revanche, les deux autres ne sont guère
équipés. Il y a quinze ans, par le biais de la coopération japonaise, le département
de la communication de l’Université de Cocody avait obtenu, un studio de télévision,
en faveur des étudiants. Aujourd’hui, il n’est plus fonctionnel car les trois quarts du
matériel sont en panne, et ceux qui «survivent » sont vétustes. Quant aux étudiants
de l’ICJ de l’Université de l’Atlantique, ils n’ont jamais eu droit aux enseignements
pratiques ni en radio, ni en télévision.
- Au niveau des programmes
: Les matières proposées dans ces différentes
structures de formation varient d’une école à une autre. A l’ICJ, la formation est
théorique, autour d’un programme incohérent, ne répondant à aucun objectif précis.
17
La formation en communication couvre principalement les matières traditionnelles : le
journalisme de presse écrite et audiovisuelle, la publicité et les relations publiques.
Mais, par contre, ces programmes accordent très peu d’intérêt aux enseignements
sur l’éthique et la déontologie, les médias communautaires, la démocratie et les
droits de l’homme.
Le département de la communication de l’Université de Cocody offre un
enseignement de type universitaire, très réflexif, avec un volume théorique horaire
très élevé. Les matières pratiques en radio sont très faibles et ne correspondent plus
aux exigences du journalisme actuel, faute d’un studio pour l’enseignement pratique.
Quant à l’ISTC, il a également un programme incohérent mais avec un volume
horaire en enseignement pratique très élevé pour la formation en radio et en
télévision. La réflexion intellectuelle y est insuffisante.
Enfin, seul l’ISCOM dispense un véritable programme d’enseignement acceptable à
la fois en écrit et en radio parce qu’il dispose d’un studio équipé.
Notons au passage, que seuls le département de la communication de l’Université
de Cocody et l’ISCOM de l’Université Catholique sont reconnus par le CAMES.
Dans ces conditions, la formation en journalisme audiovisuel peut être difficilement
perçue comme appropriée aux exigences actuelles de la Côte d’ivoire.
20
Parmi les autres problèmes associés à la formation des journalistes, on peut noter
que les ouvrages de base viennent de France et sont très mal adaptés sur place.
Par conséquent, leur contenu est souvent en déphasage avec les réalités
spécifiques de notre pays. On peut le répéter, en dehors des ouvrages importés, les
structures ivoiriennes de formation en communication et journalisme souffrent
également d’un manque de matériels didactiques tels que les bibliothèques, les
laboratoires de photographie, les salles de graphismes, les ordinateurs, les studios
de radio et de télévision et d’autres infrastructures similaires.
- Au niveau des enseignants : Ils sont en nombre réduits. Parmi eux, on compte
très peu de professionnels pouvant apporter leurs expériences. De mauvaises
conditions de travail et spécialement des appointements peu élevés, sont souvent la
cause de leur refus de s’impliquer, dans l’enseignement, au profit des secteurs privés
et des organisations internationales. Les salaires horaires vont de 6.000 Fcfa à
15.000Fcfa selon les établissements. Et à ses habitudes, l’Etat récupère 7,5% du
salaire horaire de ces vacations, si bien que personne ne veut enseigner.
Etant donné que l’information est une denrée de consommation indispensable pour
la création d’une société moderne, les enseignants en journalisme et communication
seront constamment confrontés à une multitude de défis majeurs, dont le plus urgent
sera de définir les programmes adéquats de cours.
Cela est important pour mettre à la disposition des professionnels des médias des
connaissances et des compétences adaptées aux nécessités de l’époque et de la
Côte d’Ivoire.
- Au niveau des étudiants : A part l’Université de Cocody qui a une direction de la
scolarité bien structurée et exigeant des normes académiques (baccalauréat
obligatoire, etc.), les trois autres structures recrutent des étudiants en l’absence de
critères pertinents, de sorte que les effectifs sont très hétérogènes et se prêtent très
mal à une formation harmonisée. Comme il s’agit d’établissements privés, on sacrifie
aux exigences de la concurrence en inscrivant souvent des étudiants qui n’ont même
pas le baccalauréat.
21
- Au niveau de la production et la recherche : En dehors de l’enseignement,
toutes les quatre structures ne disposent d’aucune activité. Situation paradoxale
dans la mesure où leur statut leur confère la possibilité d’être des centres de
recherche et de production.
On comprend pourquoi, ces établissements vivent sans moyens car dépourvus
d’activités susceptibles d’en constituer le moteur et le centre holonique.
A l’intérieur de l’Université Catholique, l’ISCOM dispose d’un studio radio et d’un
autre pour la télévision mais qui sont encore inutilisés, comme médias audiovisuels
didactiques de proximité.
Aucune des quatre structures ne possède de revue scientifique.
Par contre l’unité de formation et de Recherche en Information Communication et
Art (UFRICA) de l’Université de Cocody possède un Centre de Recherche en
Communication (CERCOM) mais qui, faute de moyens, mène très peu d’activités de
recherche.
- Au niveau des directions : L’action de guidage des systèmes qui devrait revenir
aux directions n’existe pas. Aucun signal fort ne vient des responsables pour
dynamiser leurs structures, comme pour montrer qu’il faut des professionnels à la
tête des établissements.
Compte tenu de tout ce qui précède, il est important d’agir dans plusieurs directions
pour sauver la situation.
Les suggestions et recommandations, de notre part, seront indiquées plus loin, dans
les pages à suivre.
Au Ministère de la Communication, la direction de la formation n'existe plus. L'accent
n'est donc pas mis sur la formation. Il n'y a eu qu'un seul séminaire, dans ce sens,
initié au début de la libéralisation des fréquences radios en 1998. Depuis lors, plus
rien n'est fait, sauf quelques séminaires qui n'ont pu mettre l'accent sur une réflexion
de qualité en matière de formation.
22
3.5- Le rôle des différents acteurs
Le rôle de la société civile est d'impulser une nouvelle dynamique au secteur de la
radiodiffusion en exprimant ses attentes et en proposant des réformes. Mais
malheureusement, elle est rarement associée aux prises de décisions et même
quand elle l'est, ses propositions ne sont pas prises en compte. Le rôle du parlement
est quant à lui, d'élaborer :
-
Des lois fortes garantissant la liberté et l'indépendance en matière de
radiodiffusion ;
-
Des lois favorisant l'autonomie financière des radios ;
-
Des lois permettant de repenser le traitement financier des agents.
Cependant, la question de la radiodiffusion est très peu débattue au parlement. Les
acteurs du secteur de la radiodiffusion jouent un rôle important en organisant des
séminaires et des ateliers de réflexion en vue de faire des propositions concrètes
susceptibles d'améliorer l'environnement concerné.
Les organisations internationales, les donateurs qui exigent la liberté de la presse
pour la promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance influencent d'une
certaine manière la politique de la radiodiffusion en édictant des normes de
conduites comme conditions de financement. De même, les événements
sociopolitiques (guerres) ont contraint les décideurs politiques à la révision de la
politique nationale de la radiodiffusion. On recense dans le système de défense trois
catégories de défenseurs : actifs, latents et conscients.
Les défenseurs actifs sont L’Union Nationale des Journalistes de Côte d’Ivoire
(UNJCI), le Réseau des radios et revues rurales de Côte d’Ivoire (4 RCI) et l’Union
des radios de proximité (URPCI). Ils agissent dans le sens d’une modification de la
loi actuelle. Leurs priorités sont d’ordre économique, infrastructurel et de lever toutes
les restrictions.
23
Les défenseurs latents sont en revanche le milieu universitaire et le Parlement. Ils
partagent de manière plus ou moins consciente les préoccupations du secteur de la
radiodiffusion.
Enfin, les défenseurs conscients sont généralement les organisations de la société
civile, qui mesurent l’ampleur des problèmes existants dans le secteur de la
radiodiffusion et proposent des changements souhaitables.
Les membres du gouvernement sont informés de l'existence des lois qui régissent le
secteur de la radiodiffusion. Cependant, ils y accordent très peu d'intérêt.
La société civile, les organisations de développement sont quant à elles mal
informées sur les lois qui régissent le secteur de la radiodiffusion et par conséquent
elles y accordent également un faible intérêt. Les informations disponibles ne sont
pas toujours adéquates et fiables.
Pour le gouvernement, acteur clé de la politique nationale de radiodiffusion, la loi 911001 vise la libéralisation des ondes radiophoniques dans la perspective d'un
élargissement des espaces publics. Cette libéralisation encourage le pluralisme
médiatique et concourt au développement de la communication sociale.
La politique de radiodiffusion concernant les pauvres au niveau du gouvernement
s'est traduite par la création de radios rurales locales avec le concours des bailleurs
de fonds (Banque Mondiale et l'Agence de la Francophonie).
De plus, l'Etat a concédé l'exploitation d'un service de radiodiffusion à des radios de
proximité dans l'optique de favoriser une plus grande accessibilité des pauvres à cet
outil d'expression.
Concernant les membres du parlement, de leurs points de vue, la scène de la
radiodiffusion est pluraliste du fait, d'une part, de l'existence de plusieurs stations
radios en plus des media d'Etat et d'autre part de la multiplicité des différents
courants d'opinions qu'on y trouve. Par ailleurs, ils considèrent la radiodiffusion
comme un outil au service de la réduction de la pauvreté, donc au service du
développement.
24
Pour les radiodiffuseurs, la loi 91-1001 actuellement en vigueur est favorable au
pluralisme des radios, en regard au nombre de fréquences accordées aux
concessionnaires. Puis, ils apprécient qu'ils aient un rôle indéniable dans le
développement pour la réduction de la pauvreté.
Chez les défenseurs de la société civile, les opinions sont partagées.
Certains considèrent que les lois et régulations actuelles constituent une contrainte
pour un secteur de la radiodiffusion pluraliste.
Pendant que d'autres ont une opinion contraire. Les mêmes divergences d'opinions
se retrouvent concernant la politique de radiodiffusion en faveur des pauvres.
Pour les uns, la scène de radiodiffusion ne pourvoit pas aux besoins en
communication des plus démunis, pour les autres, elle y pourvoit même si cela se fait
de façon imparfaite.
Le gouvernement apprécie ces facteurs et contraintes comme un baromètre, un
catalyseur pour mieux asseoir une bonne politique et une meilleure législation. Ces
facteurs et contraintes donnent à son avis, une bonne visibilité de l’action à engager.
Au niveau du parlement, les facteurs et les contraintes permettent d’être sensibilisé
et d’avoir une lecture correcte des choses. Pour les radiodiffuseurs, ils considèrent
les facteurs et contraintes comme indispensables à l’élaboration d’une politique et
d’une législation qui les satisfassent.
La perception des défenseurs de la société civile sur les contraintes et les facteurs
est qu’ils sont importants et aident les décideurs dans leurs démarches et choix.
Les priorités des acteurs principaux s’inscrivent dans la logique de leurs centres
d’intérêts. Ainsi pour le gouvernement, les priorités sont : La dotation en équipement
de l’organisme de régulation; l’aide à la formation, et l’installation de stations radios
dans les zones rurales.
25
Les priorités du parlement concernent : L'information
et la consultation de la
population; la levée des restrictions contenues dans le cahier de charges des radios
de proximité.
Pour les radiodiffuseurs, leurs priorités sont : la création d’un fonds de soutien, la
libéralisation complète et totale du secteur ;
la formation ;
la révision du code
douanier ; l’accroissement des capacités financières des radios.
Les défenseurs de la société civile ont les priorités suivantes : la redynamisation du
secteur ; le renforcement de l’autorité des organes de régulation ; l’appui financier
de l’Etat.
IV- LE PAYSAGE RADIOPHONIQUE
4.1. - La typologie des radios
Le paysage radiophonique ivoirien comprend six types de radios qui se répartissent
de la façon suivante :
-
Les radios nationales ;
-
Les radios confessionnelles ;
-
Les radios internationales ;
-
Les radios commerciales ;
-
Les radios de proximité ;
-
Les radios rurales locales.
4-1-1 - Les radios nationales
Le service public de la radiodiffusion est représenté par Radio Côte d’Ivoire qui est la
composante audio de la Radiodiffusion Télévision ivoirienne (RTI). Cette station de
radiodiffusion a été créée en 1951 durant la période coloniale et avait pour
dénomination Radio Abidjan. En 1962, elle deviendra Radio Côte d’Ivoire. Depuis
novembre 1991, Radio Côte d’Ivoire est composée de deux chaînes de programmes
distincts : la chaîne nationale (généraliste) et Fréquence II (thématique). D’autre part,
il existe une chaîne régionale à Bouaké (Centre) depuis 1965 qui sert de station
26
relais des programmes de la station mère. La Radiodiffusion Télévision ivoirienne
(RTI) est un media public dont le capital est détenu à 98 % par l’Etat en apports en
nature et par le personnel avec 2 % d’apports en numéraire. Ses ressources
financières proviennent de la redevance audiovisuelle (2 000 FCFA par bimestre), des
recettes publicitaires et de la subvention annuelle d’équipements. Radio Côte d’Ivoire
emploie près de 250 agents et sa masse salariale avoisine 60 millions FCA par mois.
TABLEAU N° I : Radios Nationales (radio Côte d’Ivoire )
Nom de la
Station
Exploitant
Localité
d’implantation
Chaîne
Nationale
Fréquence II
Abidjan
(plateau)
ETAT DE
CÔTE
D’IVOIRE
Radio
Bouaké
Abidjan
(plateau)
Public cible
généraliste toutes
les couches
sociales
Thématique
Majoritairement
les Jeunes
Bouaké (Centre)
Portée
Mission
Couverture
nationale
Informer-Eduquer
Divertir
Couverture
nationale
DIVERTIR
Informer
Heures
de diffusion
dans
les langues
15h - 18h 25
du lundi
au samedi
Pas de diffusion
en langues
150 Km
N.B. : Radio Bouaké est actuellement exploitée par les combattants rebelles
Les émissions de Radio Côte d’Ivoire ne sont pas disponibles dans les zones sous
contrôle des rebelles.
4-1-2 - Les radios confessionnelles
L’Etat de Côte d’Ivoire a concédé des fréquences d’émission, d’animation et de
diffusion de programmes à des communautés religieuses :
- catholique ;
- protestante ;
- musulmane.
Que faut-il entendre par radios confessionnelles ?
Certains seraient portés à concevoir comme radios chrétiennes ou musulmanes,
celles-là qui sont la propriété économique d’une mosquée, d’une curie épiscopale ou
27
qui dépend de la hiérarchie à titre juridique précis : par exemple
une radio
appartenant à une société anonyme qui ne serait pas une pure façade et dont
l’évêque, le pasteur ou l’imam désignerait le président du conseil d’administration ou,
à tout le moins, un conseiller ayant un droit de veto. D’autre seraient enclins à
étendre la notion de radio confessionnelle : il leur suffirait que, par ses propriétaires,
son aspiration, sa ligne de conduite, la publication soit musulmane, protestante ou
catholique, etc., qu’elle sache épouser, pour les défendre, les grandes causes de la
confession d’appartenance.
Pour se résumer, on peut dire que la notion de radio confessionnelle n’est pas un
concept univoque, mais un concept analogue. C’est-à-dire que, par le même mot, on
peut désigner des réalités bien déférentes, mais qui ont quelque chose de commun.
Est donc considérée comme radio confessionnelle en Côte d’Ivoire , celle qui est
reconnue comme telle par l’autorité confessionnelle, qu’elle soit protestante
musulmane ou catholique.
4-1-2 -1 - La radio catholique
Radio-Espoir, la radio catholique créée en mars 1991, couvre toute la ville d’Abidjan.
Elle est de taille moyenne. Elle a deux autres stations : Radio 18 montagnes
localisée à Man (Ouest) et Paix Sanwi émettant d’Aboisso (Sud-Est). Les ressources
de cette radio sont essentiellement des dons, des recettes provenant des annonces
et radios services et des contributions des associations et structures.
4-1-2-2 - La radio protestante
Fréquence-Vie, la radio protestante est issue de Radio Elwa créée en 1967. Elle
émet depuis août 1999. Ses ressources sont constituées exclusivement par les
contributions des associations, des recettes d’annonces et radios services, des aides,
dons et legs non affectés de charge.
28
4-1-2-3 - La radio musulmane
AI-Bayane, la radio musulmane a démarré ses émissions en novembre 2001. Elle ne
couvre pas tout le District d’Abidjan. De petite taille, ses ressources uniquement
proviennent des dons, aides d’annonces communautaires, et de legs.
TABLEAU II : Radios Confessionnelles
Nom de
la station
Radio
Espoir
Fréquence
Vie
ALBayane
Exploitant
Eglise
Catholique
Eglise
protestante
Communauté
musulmane
Localité
d’implantation
Abidjan (PortBouët)
Abidjan
(Cocody)
Abidjan
(Riviera)
Public cible
Type de la
licence
Chrétiens
catholiques
Chrétiens
protestants
Portée
50 km
Convention
générale de
concession (4
ans)
Plus de
50km
Moins de 50
km
Musulmans
Mission
Informer et
éduquer à
travers la
parole
de Dieu
Heures
de diffusion
dans les langues
14h-15h
(lundi, mardi, mercredi)
14h-17h
(vendredi)
17h-17h 30 (lundi,
Informer et
mardi, jeudi samedi)
éduquer par et
17h-17h 15 (mercredi,
dans
vendredi)
ta parole
20h 30-21h
de Dieu
(lundi au dimanche)
Informer et
éduquer à
travers: le
Coran et la
Sunna
15h -15h30 (Lundi,
Jeudi)
9h15-9h45 -14h15 14h45 (mardi,
mercredi, vendredi,
samedi)
4-1-3 - Les radios internationales
D’abord, qu’entendons-nous par radio internationale ?
Techniquement parlant, la notion de «radio internationale » s’applique avant tout aux
émissions par ondes courtes. Quelques exceptions mises à part, on peut exclure les
ondes moyennes et longues (de la diffusion de la radio internationale), bien que ces
ondes conviennent à la diffusion internationale de programmes radiophoniques. Les
29
ondes courtes émises obliquement en direction du ciel sont renvoyées au sol par
l’ionosphère (couche de l’atmosphère rendue électriquement conductible sous l’effet
du soleil). Les programmes diffusés sur ondes courtes peuvent donc être transmis,
en une fraction de seconde et de quelque point que ce soit, à des auditeurs de tous
les continents. A cet effet, on installe des émetteurs performants et des antennes
dirigées qui peuvent concentrer leur énergie sur l’un ou l’autre continent. Les
émissions par ondes courtes constituent le moyen d’information universel le plus
direct et le plus rapide. Il y a de par le monde à peu près, une centaine
d’organisations importantes dont l’activité s’exerce dans le domaine de la radio
internationale telle que définie plus haut. Les 3/4 sont sous le contrôle direct de l’Etat.
Les autres ont soit un statut de droit public ou soit obéissent à des impératifs
commerciaux ou religieux. En Europe occidentale et en Amérique du Nord, on trouve
toutes les formes d’organisation de la radio internationale. En Amérique latine, ce
sont en règle générale des émetteurs de l’Etat. En Australe et en Océanie, les
émetteurs relèvent du droit privé. Ensuite, la mission des stations de radio
internationale consiste généralement en ce qui suit :
-
Contribuer au rayonnement du pays à l’étranger ;
-
Renforcer les liens avec les concitoyens établis hors des frontières
nationales.
Dans les stations de l’hémisphère occidental, on place au premier plan le
rayonnement du pays, les relations avec les concitoyens de l’étranger et une
information générale plus ou moins universelle.
Radio Moscou, quant à elle, attachait une grande importance à la contribution au
développement de la coopération internationale et à la compréhension entre les
peuples, ainsi qu’à la propagande.
Radio Vatican est la plus importante des stations religieuses. Elle entend relier le
centre de l’Eglise catholique à tous les pays de la terre et donner au Pape la
possibilité de s’adresser directement à tous les croyants.
30
Les quelques 10% d’émetteurs commerciaux ont un programme qui sert avant tous
les intérêts de ceux qui les financent, ce qui semble logique. Ils occupent une très
petite place dans les programmes sur les ondes courtes et s’ils ont atteint une
certaine notoriété, ils le doivent principalement, sauf exception, à leur présence sur
les ondes longues et moyennes.
Enfin, quelles sont les radios internationales présentes dans le paysage audio-visuel
de la Côte d’ivoire et quels objectifs poursuivent-ils ?
En 1993, la commission de sélection des offres sur la base du décret 92-397 du 1er
juillet 1992, va proposer des attributions à l’exploitation de chaînes de radiodiffusion
après un appel d’offres.
Ainsi, Africa n°1, British Broadcasting Corporation (BBC), la Voix de l’Amérique (VOA)
et Radio France Internationale (RFI) deviennent des concessionnaires de service
public de radiodiffusion et émettront dans l’agglomération d’Abidjan.
4-1-3-1 Africa N°1
En février 1981, depuis Libreville, la capitale du Gabon, émettait pour la première fois
Africa n°1, pour contribuer à l’instauration d’un n ouvel ordre mondial de l’information
et de communication (NOMIC).
Un flux d’information pouvait désormais circuler du contient africain vers les pays
riches industrialisés d’une part, entre les pays africains, d’autre part. Dans ce sens,
elle ne se veut pas particulièrement une radio au service d’une idéologie, d’un Etat
mais plutôt une radio continentale fondée sur les faits pour l’information des africains.
Dans le sens de son panafricanisme, Africa n°1 a to ujours été présente là où
l’actualité mérite une portée continentale. C’est ainsi qu’elle diffuse les évènements
ivoiriens régulièrement depuis le coup d’Etat de décembre 1999 jusqu’à la Côte
d’Ivoire du contexte des accords de Marcoussis, en passant par la rébellion armée
de septembre 2002.
31
4-1-3-2 British Broadcasting Corporation (B.B.C.)
Le financement de la BBC provient de deux sources principales. Les services
métropolitains de la radio et de la télévision diffusant au sein du Royaume-Uni sont
financés par une redevance annuelle applicable à chaque ménage possédant un
récepteur de télévision. Le World Service, c’est-à-dire les services extérieurs et
quatre services de la BBC émettant en 6 langues vers l’étranger sont financés par le
trésor public. En apparence donc, les services extérieurs de BBC semblent destinés
à être des instruments de politique étrangère. C’est une radio d’Etat constituée par
une charte royale qui définit ses objectifs en ces termes :
1. offrir des services publics de radio et télévision pouvant être reçus au
Royaume-Uni, dans le Commonwealth et dans les autres pays.
2. développer, étendre et améliorer les services intérieurs et extérieurs par des
moyens choisis conjointement par la BBC et le gouvernement.
3. la BBC devra consulter le gouvernement, et obtenir les informations
nécessaires concernant sa politique à l’égard de divers pays, afin de respecter
l’intérêt national dans la préparation des programmes des services extérieurs.
Mais, s’il est vrai que la BBC est un média d’Etat, le professionnalisme de ses
journalistes en fait une radio correcte.
Dans le cadre des évènements ivoiriens, ses commentaires sont équilibrés et
appréciés.
4-1-3-3 Radio France Internationale (RFI)
A l’origine, si le premier poste français destiné à émettre à l’étranger date de 1931, la
création de l’identité Radio France Internationale n’advient qu’en 1975 avec une
vocation essentiellement africaine.
En 1987, RFI acquiert sa totale autonomie et, depuis, les réseaux de diffusion et le
champ de l’auditoire se sont élargis. Elle reste très écoutée en Afrique. RFI vise en
fait trois objectifs :
32
1. Répondre à l’attente des ressortissants français à l’étranger qui souhaitent
garder le contact, par les ondes, avec leur pays ;
2. Favoriser
la
diffusion
du
français
comme
langue
internationale
de
communication et permettre aux communautés francophones de dialoguer
entre elles ;
3. Présenter aux étrangers, y compris les non francophones, des informations
«vues de France » émises dans un maximum de langues étrangères ».
En écoutant bien RFI depuis les évènements du 19 septembre 2002 en Côte d’Ivoire,
on pourrait dire qu’elle poursuit quatre objectifs et non trois : elle est la voix de la
France dans les enjeux d’expansion de l’ex-puissance tutélaire ou du maintien de
ses zones d’influence en Afrique francophone.
Monsieur Fouad Benhalla,
dans le livre «la guerre radiophonique, PUF, Paris,
1983 », confirme bien notre propos, lorsqu’il écrit : « les Etats ont depuis toujours
essayé d’agir sur les opinions publiques étrangères pour les gagner à leurs causes…
Les médias modernes constituent à cet égard des instruments incomparables de la
diplomatie ».
En Côte d’Ivoire, à la suite des différentes crises qui paralysent le pays, dans tous
les domaines, la position de RFI manque d’objectivité parce que trop tendancieuse
de l’avis du CNCA, au détriment de la Côte d’Ivoire injustement attaquée par des
rebelles armés. Ce qui lui a d’ailleurs valu une suspension d’antenne de vingt- quatre
(24) heures.
4-1-3-4 La Voix d’Amérique
A l’origine, la VOA avait pour objectif de lutter contre la propagande ennemie et
rectifier l’opinion internationale sur les Etats-Unis d’Amérique en faisant connaître
son point de vue sur les problèmes internationaux et expliquer sa politique étrangère.
Dans les années 1970, il a été question de présenter avec clarté et efficacité la
politique étrangère des USA et faire connaître les opinions sur la politique américaine.
33
La Voix de l’Amérique créée en 1948 fait partie du dispositif diplomatique des EtatsUnis d’Amérique. Emettant plus de 21 360 heures par semaine, dans 44 langues,
elle est administrée par le gouvernement des USA. Elle se classe au premier rang
des radios internationales. Il faut noter que c’est au mois de mars 1960 qu’est née
l’antenne de la Côte d’Ivoire.
4-1-4 Les radios commerciales
4-1-4-1 Radio Nostalgie
Nostalgie Côte d’Ivoire a obtenu sa licence d’exploitation en 1993. Elle est membre
du réseau international de Radio Nostalgie (Groupe SOFIRAD / RMC). Nostalgie
Côte d’Ivoire est gérée par une entreprise de droit ivoirien : Société Radio Nostalgie
(SORANO). Elle emploie une quarantaine de personnes. Ses ressources sont
principalement issues des recettes publicitaires. Son siège est sis à l’Avenue Chardy
au Plateau (quartier des affaires d’Abidjan).
4-1-4-2 JAM FM
Jeune Afrique Musique (JAM FM) est également concessionnaire d’une licence
d’exploitation depuis 1993. Elle émet à Abidjan. Elle a une station à Yamoussoukro
(capitale politique et administrative). Ses ressources proviennent de recettes
publicitaires. Son promoteur est une personne physique, François Konian, de
nationalité ivoirienne.
TABLEAU III : Radios Commerciales
Nom de
La
station
Exploitant
Localité
d’implantation
Radio
Abidjan
Nostalgie SORANO-CI (Plateau)
JAM FM
François
Konian
Abidjan
(Treichville)
Type de la
licence
Public cible
Opérateurs
Economiques
Jeunes (15-30 Convention
Ans)
générale de
concession
Opérateurs
(5 ans)
Economiques
Jeunes (15-30
Ans)
34
Portée
Mission
Heures
de diffusion
dans les
langues
75 km
Informer,
éduquer et
divertir
Pas de
diffusion
en
langues
locales
Couverture
nationale
Informer,
éduquer et
divertir
4-1-5 - Les radios de proximité
Les pouvoirs publics ivoiriens ont attribué 52 fréquences aux radios de proximité. Il
faut entendre par ce terme, les radios qui n’excèdent pas un cercle de dix (10)
kilomètres de rayon autour du centre émetteur.
Ces radios visent au terme du décret 95-714 du 13 septembre 1995 fixant les règles
de leur fonctionnement, à concourir au développement économique, social et culturel
de leur zone géographique de diffusion.
Dans le seul District d’Abidjan, il y a treize (13) radios de proximité. Les exploitants
de ces radios sont soit des personnes physiques, soit des collectivités locales
(mairies).
35
TABLEAU IV : Radios de Proximité
Localité
d’implantation
Public cible
Portée
Type de la Licence
Mission
Heures de diffusion
dans les langues
Nom de la Station
Concessionnaire
Voix du N’Zi
Mairie
Dimbokro
(Centre)
Jeunes – femmes –
Opérateurs
économiques
Oxygène FM
Mairie
Sinfra (centreOuest)
Jeunes – monde
rural
Radio Lepin
Ncho Léon
Aboya
Alépé (Sud)
Jeunes – population
rurale
Radio N’Nowé
Mairie
Bonoua (Sud)
Population Abouré,
opérateurs
économiques
17h30 – 18h
(lundi au samedi)
Radio Arc-en-Ciel
Konan Lydie
Clarisse
Abidjan (Abobo)
Jeunes
Pas de diffusion en langues locales
Radio Femmes
Solidarité
Justin vieyra
Abidjan (Cocody)
Femmes jeunes
10h30-12h (mercredi)
19h-21h (vendredi)
Fraternité Yopougon
Mairie
Abidjan
(Yopougon)
Jeunes
Pas de diffusion en langues locales
Radio zanzan
Kamagaté
Souleymane
Bondoukou
(NORD-EST)
Jeunes, monde
rural
6 H-8h (Lundi à Samedi)
16 H30 Lundi à Samedi
18h30-19h30 Jeudi
15h – 17h (vendredi)
Convention
générale
De concession
(4 ans)
10 km
NB : ces radios font partie du panel des radios sélectionnées pour l’audit.
35
Concourir au
développement
Economique
social et culturel
17h –19h
(lundi, mardi, mercredi, jeudi , vendredi)
15h –17h (samedi)
15h – 18h
(lundi – jeudi)
4-1-6 Les radios rurales locales
Il existe quatre radios rurales locales: (San-Pedro, Tingrela, Bin-houyé et Bouna),
mais trois : Bin-Houyé (Ouest), Bouna (Nord-Est) et Tingrela (Nord) ne sont pas
actuellement opérationnelles du fait de la crise militaro civile
Ces radios ont été créées avec le concours de l’Agence de la Francophonie (exACCT) suivant la volonté exprimée du gouvernement ivoirien d’élargissement des
espaces publics et de constitution d’un réseau d’appui à la diffusion d’informations
relatives au développement rural. Ces radios bien que parties intégrantes du
système public de radiodiffusion jouissent d’un statut de droit privé communautaire et
associatif à gestion autonome.
Qu'entendons-nous par radio rurale locale ?
Elle est par définition selon la FAO <<une radio errante, lancée hors des sentiers
battus et en tout état de cause hors des studios des maisons mères>>.
Le petit Larousse précise que l'adjectif rural concerne les paysans, la campagne.
Cette radio est donc l'instrument du monde rural et la puissance de ses émetteurs
est limitée à 100 Wh.
Par ailleurs, ces radios desservent des localités bien délimitées avec une puissance
de l'émetteur, supérieure à celle indiquée plus haut, susceptible de provoquer des
interférences qui peuvent empêcher une bonne écoute.
Elle a pour avantage d'être peu onéreuse en comparaison avec d'autres types de
radio. Son dispositif technique est plus léger. Son effectif n'est jamais très important.
C’est un outil de valorisation du patrimoine culturel local. Ce qui est contraire à la
radio nationale qui a pour tendance d'homogénéiser les attitudes et comportements
de toutes les populations.
36
Il ne s'agit pas de radios directes, centralisées mais interactives et décentralisées,
favorisant les échanges entre les populations d'une même communauté à l'échelle
régionale.
Les résultats attendus sont plus facilement mesurables et plus efficaces si
l'instrument est utilisé conformément aux préceptes établis.
Par son fonctionnement, les radios rurales locales emploient trois catégories
d'agents :
-
Les fonctionnaires issus des différentes structures et directions décentralisées
des Ministères dans la zone d'implantation des radios. Cette catégorie de
personnel garantit une relative permanence pour le fonctionnement des radios
rurales en même temps qu'elle ne coûte pas chère à la station.
-
Les contractuels font l'objet d'une embauche à durée déterminée. Leur
traitement est généralement assuré par les municipalités. Cette catégorie
convient parfaitement au fonctionnement de ces structures dans la mesure où
leur maintien est tributaire de la qualité de leur rendement. Elle garantit
également la stabilité du personnel dans la mesure où elle concerne les
autochtones qui sont originaires de la zone linguistique du site d'implantation
de la radio rurale locale.
-
Les collaborateurs extérieurs sont des personnes qui, par intérêt pour la
communication radiophonique, veulent soit en apprendre les rudiments, soit
mettre à la disposition de ces radios rurales leurs compétences (qui sont)
considérées comme une forme de contribution civique.
Pour la radio rurale locale, il s'agit de s'attacher les services d'un nombre restreint de
personnel permanent et efficace, condition idéale de son fonctionnement régulier et
durable. Ce personnel constituera alors le noyau stratégique sur lequel reposent les
destinées de la station. Il devrait comprendre :
♦ Un chef de station;
♦ deux animateurs parmi lesquels un responsable,
♦ deux techniciens dont un responsable,
37
♦ Un assistant administratif assurant le secrétariat, la tenue des livres, l'accueil, la
collecte des avis et communiqués. Cette fonction peut être remplie par le chef de
station.
♦ Les recrutements se font selon un test organisé par le comité de gestion et
préparé en liaison avec le coordinateur national.
A cet effet, il est recommandé de procéder au préalable à une enquête de moralité.
Pour les animateurs, ce test comporte une épreuve de dictée, une rédaction et un
commentaire oral d'un texte dans la langue locale. Il en est de même pour les
techniciens, sauf que le commentaire est remplacé par des manipulations techniques.
Les niveaux d'études varient. Ils vont du premier cycle du secondaire (5ème, 4ème,
3ème) au premier cycle de l'université. Le niveau le plus élevé est réservé aux
responsables des stations. A titre d'exemple, Monsieur TAYE Joseph chef de station
de la radio rurale de San-Pédro est instituteur, titulaire d’un CAP d’enseignement. Il a
un niveau de premier cycle universitaire.
Le chef de station est recruté entre autres sur la base des critères suivants :
♦ Etre un résident permanent dans la localité,
♦ Se consacrer entièrement à la station ;
♦ Etre un homme de contacts et un organisateur.
Ces radios rurales locales n'ont pas suffisamment de moyens pour faire leur travail.
Par exemple, pour la plus nantie d'entre elles, radio San-Pédro ne possède qu'un
seul cyclomoteur et un magnétophone qui fonctionne sur les trois.
Elles n'ont pas de moyens pour intéresser les collaborateurs externes dont la
présence est indispensable.
On peut noter également la pression qu'elles subissent de la part des chefs religieux
qui sollicitent des espaces d'intervention. Ce qui va à l'encontre des dispositions
prévues dans le cahier des charges.
38
Cependant, à l'occasion des fêtes religieuses, ils sont autorisés, exceptionnellement,
à entretenir leurs fidèles sur l'origine de la fête et les préceptes à observer.
TABLEAU V : Radios rurales locales
Localité
Exploitant D’implantation
Public
cible
Type de
la
Licence
Portée
mission
80 km
Promouvoir le
développement
en milieu rural
par une politique
efficace de
communication
San – Pedro
(Sud –
Ouest)
ETAT
DE
CÔTE
D’IVOIRE
Bouna
(Nord-Est)
Bin-Houye
(Ouest)
Tingrela
(Nord)
Monde
Rural
Cahier de
charges
Heures de
diffusion
Dans les langues
17h –19h( lundi au
vendredi)
19h – 21h (lundi,
mardi, jeudi et
vendredi)
N.B. : Les radios rurales locales de Bin-Houye, Bouna et Tingrela ne sont pas
actuellement fonctionnelles parce que localisées dans les zones sous contrôle des
ex- rebelles.
39
TABLEAU RECAPITULATIF DES RADIOS
Nom de la
Type
concessionnaires Lieu d’installation
station
Chaîne
Abidjan
nationale
Media public R.T.I.
(plateau)
Fréquence II
Radio Bouaké
Bouaké
(centre)
Radio Espoir
Confession- Eglise catholique Abidjan
nelle
(Port Bouët)
catholique
Fréquence vie Confession- Eglise méthodiste Abidjan (Cocody)
nelle
Méthodiste
Al-Bayane
Confession- Communauté
Abidjan (Riviera)
nelle
musulmane
musulmane
Africa N°1
S.O.R.A.C.I.
Abidjan (Plateau)
B.B.C
B.B.C.
Abidjan (Plateau)
Internationale R.F.I.
R.F.I
Abidjan (Plateau)
V.O.A.
V.O.A.
Abidjan (Plateau)
Nostalgie
SORANO-CI
Abidjan (Plateau)
Jam FM
commerciale François Konian
Abidjan
(Treichville)
Voix du N’Zi
Oxygène FM
Radio Lepin
Radio N’Nowé
Radio Arc-enCiel
Radio
Femmes
Solidarité
Fraternité
Yopougon
Radio Zanzan
Radio SanPedro
Radio Bouna
Radio Bin
Houyé
Radio
Tingrela
proximité
Rurale
locale
Type de la
licence
Convention
générale
(10 ans)
50 km
Convention
générale
(4ans)
convention
générale
(5 ans)
Convention
générale
(5 ans)
Mairie
Abidjan (Yopougon)
Kamagaté
Souleymane
Bondoukou
(Nord-Est)
San-Pedro
(sud-ouest)
Bouna (Nord-Est)
Bin Houyé (Ouest)
40
Plus de
50 km
Moins de
50 km
Dimbokro (centre)
Sinfra (centre-ouest)
Alépé (sud)
Bonoua (sud)
Convention
Abidjan (Abobo)
générale
(4 ans)
Abidjan (Cocody)
Tingrela (nord)
nationale
150 km
Mairie
Mairie
N’cho Léon Aboya
Mairie
Konan Lydie
Clarisse
Justin Vieyra
Etat de
Côte d’Ivoire
portée
Cahier de
charges
50 km
75 km
nationale
10 km
80 km
La Côte d’Ivoire est une mosaïque d’ethnies (60 ethnies). L’écoute des programmes
de l’échantillon de radiodiffuseurs sélectionnés montre que des émissions sont
produites et diffusées en langues officielle (Français), locale (qui est fonction des
audiences représentées dans les zones d’implantation des radiodiffuseurs). On peut
parler de pluralisme et de diversité des langues.
À proprement parler, l’usage d’un media est la résultante des satisfactions qu’on en
tire. Certains contenus d’émissions ne répondent qu’insuffisamment aux besoins des
pauvres.
Par ailleurs, si l’on scrute la manière dont sont conçues et produites les émissions,
on peut parler de programme directif qui prend faiblement en compte les goûts et les
caractéristiques de l’audience. De ce point de vue, il n’y a pas d’émissions sur
mesure pour les pauvres. De plus, le volume d’émissions consacrées aux pauvres
confirme cette perception.
Au terme de la loi 91-1001 portant régime juridique de la communication
audiovisuelle, en son article 14 qui stipule que les personnes physiques et morales
de droit privé doivent présenter des garanties financières ; on peut dire que les droits
de propriété ne sont pas à la portée des pauvres. En outre, le service public national
de la radiodiffusion et de la télévision est un monopole d’Etat, il ne peut être concédé
qu’à des personnes physiques ou morales ayant des possibilités d’acquisition
d’équipements de réception de programmes, d’installation et de mise en place
d’équipements de diffusion. Or, selon les indicateurs de l’Institut National de la
Statistique, un pauvre est celui qui n’a pas un revenu annuel de plus de quatre-vingt
trois mille francs cfa (83.000F cfa). Il est clair que pour cette catégorie de la
population qui n’arrive pas à satisfaire ses besoins primaires, être propriétaire d’une
station radio est un véritable luxe.
La situation idéale instituée par le cadre institutionnel incline à croire que la
radiodiffusion donne un pouvoir de décision aux pauvres. Mais, l’observation des
pratiques en usage démontre une absence d’interactivité et de communication
horizontale.
41
On ne peut véritablement parler de l’existence d’un environnement de débat et
d’engagement public pour les pauvres. On doit juste dire que les différentes couches
socioprofessionnelles sont sensibilisées sur le rôle de la radio dans la réduction de la
pauvreté. On peut ajouter, du reste, qu’il n’y a pas de véritables actes volitifs pour
engager ce débat public.
4.2. - La politique et les autres facteurs
Le modelage du paysage radiophonique par la politique nationale de radiodiffusion
peut s’apprécier à différents niveaux.
D’abord, la mise en place d’un cadre institutionnel et réglementaire à travers la Loi
91-1001 fixant le régime juridique de la communication audiovisuelle et ses décrets
d’application. Avec ce cadre institutionnel, le monopole du media public
Radiodiffusion Télévision ivoirienne est rompue, ouvrant ainsi à la concurrence le
secteur de la radiodiffusion.
D’autres
concessionnaires
obtiennent
des
licences
d’exploitation.
C’est
la
libéralisation des ondes avec l’arrivée sur le marché ivoirien de grandes chaînes
internationales. Le paysage radiophonique devient pluriel et concurrentiel.
Pour s’adapter à cet univers compétitif, la RTI devient une société d’économie mixte
de type particulier et sa composante radiodiffusion se dote de deux chaînes
complémentaires (la chaîne nationale et Fréquence II). Soulignons que dans la
logique de ce contexte nouveau, une instance de régulation et de contrôle est créée :
le Conseil National de la Communication Audiovisuelle chargé de veiller et de
contrôler le respect des obligations contenues dans la convention générale et le
cahier des charges des concessionnaires. On note que ce paysage nouveau permet
de diversifier les choix offerts aux auditeurs et de stimuler par la concurrence la
qualité et la variété des programmes radiophoniques. On retiendra que deux types
de facteurs ont façonné la scène de la radiodiffusion : les contextes politique et
technique.
42
L’ouverture au pluralisme politique en Côte d’Ivoire implique que la radiodiffusion
s’adapte à cette nouvelle donne en favorisant l’expression pluraliste des courants
d’opinions. Il s’agit d’assurer une expression équilibrée et l’égalité de traitement des
différents courants politiques, artistiques, philosophiques et culturels.
Concernant l’environnement technique, on observe de profondes mutations avec les
technologies de l’information et de la communication. Les chaînes internationales
sont diffusées par satellite. Grâce aux techniques numériques et aux inforoutes des
«bouquets» de programmes radiophoniques sont redistribués sur le réseau ivoirien
en micro-ondes (MMDS). On voit que la scène de la radiodiffusion a épousé le
contexte de l’évolution des techniques.
En ce qui concerne les services internationaux, ils sont très disponibles surtout en
modulation de fréquence dans le District d’Abidjan. Les chaînes internationales
présentes (BBC, Africa N°1 et RFI) sont des station s relais reçues en décrochage
local. Soulignons que durant la crise militaro civile du 19 septembre 2002, on ne
recevait plus ces chaînes en FM durant cinq mois du fait d’une mesure de
suspension des autorités politiques. Cependant, les abonnés de la chaîne de
télévision cryptée Canal Horizons continuaient de recevoir RFI grâce au bouquet
numérique.
Pour la répartition des récepteurs, Il n’y a aucune étude d’audience disponible et
fiable qui permette de connaître l’audience cumulée d’une station, la part d’audience
ou la durée d’écoute par auditeur.
4-3. - L’analyse du programme de la radio nationale
La radio, d'une manière générale, en Côte d'Ivoire est un média de masse qui touche
les 3/4 de la population. Elle est véritablement omniprésente dans leur vie
quotidienne.
En ce qui concerne spécifiquement la radio nationale, elle présente une
programmation hebdomadaire de 7 987 minutes, soit 133 heures d'émission.
Thématiquement, ce volume horaire pourrait se construire de la manière suivante :
43
Thèmes ruraux
Thèmes culturels
Sensibilisation aux techniques agricoles nouvelles, au dialogue
entre paysans, entre paysans et encadreurs ruraux ;
Histoire, géographie, littérature, contes, chansons, musiques,
variétés, jeux radiophoniques, etc. ;
Sensibilisation à l'amélioration du niveau de vie, problème
Thèmes sociaux
d'hygiène, campagne d'alphabétisation, rôle de la femme, aide
aux victimes et déplacés de guerre, etc. ;
Thèmes politiques
Thèmes économiques
Informations
Adhésion aux valeurs civiques, campagne de sensibilisation à la
paix sociale, à la réconciliation et reconstruction nationale, etc.
Sensibilisation à l'épargne; valorisation du travail agricole, etc.;
Actualités nationales et internationales en français et en langues
nationales; avis et communiquées.
Selon la grille officielle des programmes de la radio nationale, le volume horaire
hebdomadaire donne le tableau suivant :
DUREE EN
RUBRIQUES
MINUTES
POURCENTAGE
Variété musicale ordinaire
1978
24,78
Variété musicale spécialisée
238
2,98
Journaux-bulletins-flashes
1119
14,02
Différents magazines
580
7,26
Avis et communiqués, Radio-messages, spots publicitaires
1063
13,32
Fiction-production satirique
90
1,12
1050
13,15
90
1,12
Débats
470
5,88
Cultures et tradition
125
1,56%
Emissions spécialisées
754
9,44%
Météo
30
0,37%
Sports
245
3,07%
Début et fin d'antenne (indicatif station)
7
0,08%
Intermède-Synchro-Désynchronisation
113
1,41%
7 987
100%
Informations en langues nationales
Emissions religieuses
Total
44
Source: radio Côte d'Ivoire, mars 2004
A la lecture de ce tableau, on peut aisément remarquer que le volume horaire le plus
élevé est la retransmission des variétés musicales 27,76%. Dans l'ordre,
respectivement, suivent les journaux, les bulletins d'information (14,02%), les avis et
communiqués (13,32%) et les informations en langues nationales (13,15%).
La place accordée donc aux productions allant dans le sens de l' «edutainnment »
est très faible. A cet égard, la radio nationale ivoirienne est certainement de toutes
les radios de service public, dans la sous-région francophone, celle qui offre très peu
de programmes d'éducation.
Il faut cependant rappeler que le pays est en guerre depuis le 19 septembre 2002, et
c'est peut-être ce contexte de crises successives qui explique une telle orientation de
la part de la direction des programmes.
4.4 - Panel d'autres radios
TABLEAU I: Informations externes et internes
Informations en provenance des
Informations produites
services extérieurs
sur place
Voix du N’zi
5%
95%
Radio Lepin
10%
90%
Radio N’Nowé
5%
95%
Nom de la Station
Oxygène FM
100%
Radio Arc-en-ciel
100%
Radio femmes solidarité
100%
Fraternité Yopougon
5%
95%
Radio espoir
5%
95%
37,5%
62,5%
Fréquence-vie
Al-bayane
100%
Radio Rurale San- Pedro
100%
Radio Zanzan
100%
45
TABLEAU II : Les causeries et les programmes de variétés à valeur
informationnelle
Nom de la Station
Voix du N'ZI
Oxygène FM
Radio Lepin
Radio N'Nowé
Radio Arc-en-ciel
Radio Femmes Solidarité
Fraternité Yopougon
Radio Espoir
Fréquence vie
Radio Rurale San Pedro
Causeries et variétés
A nous les petits- Femmes
magazine- N’goa magazine
Matin réveil- femme au quotidienreggae time
Emissions en langues locales
Adjimanmo- Beauté plurielle –
Monde des enfants – Votre métierYefoa tchantchôfê- Inter-écoles.
Star d’un vendredi – jouons
ensemble
Magazine féminin – Magazine santé
/culturel
Extase- matins magiques- zone
interdite- intime conviction
Confidences spirituelles- bâtir sa vie
– test de connaissance biblique santé au quotidien – façon de parlerDroit pour tous – harmonie
conjugale- Jésus en musiqueméditons ensemble
Antenne femme- Vive l’école- Au
coeur de la décentralisation – Regard
régional- Santé pour tous – Passion
du livre - CEDEAO
46
TABLEAU N° III : Rapport causerie/musique
Nom de la station
Causerie
Musique
Voix du N’zi
50%
50%
Radio Lepin
50%
50%
Radio N’Nowé
20%
80%
Oxygène FM
30%
70%
Radio Arc-en-ciel
58%
42%
52, 5%
48.5%
Fraternité Yopougon
50%
50%
Radio espoir
80%
20%
81, 25%
18,75%
Radio Rurale San- Pedro
67%
33%
Radio Zanzan
50%
50%
Radio femmes solidarité
Fréquence vie
TABLEAU N°IV : Les langues utilisées
Nom de la Station
Langue officielle
Langues locales
Voix du N'ZI
Baoulé - Malinké
Oxygène FM
Gouro-Malinké-Baoulé
Radio Lepin
Akyé-Agni-Gwa
Radio N'Nowé
Abouré-Akyé-Baoulé-Malinké
Radio Arc-en-ciel
Aucune langue locale
Radio Femmes Solidarité
Malinké
Fraternité Yopougon
Aucune langue locale
Akyé-Abron-Akoué
Radio Espoir
FRANÇAIS
Baoulé-Ebrié-Ewé KoulangoMalinké-Moré
Fréquence vie
Abouré-Baoulé-Bété-MalinkéSénoufo
AL-Bayane
Moré-Koulango-Wolof-Dida-PeulhAgni-Haoussa-Malinké-ZermaBaoulé;
Radio Rurale San Pedro
Kroumen-Bakwé-Néyo-BaouléGouro-Yacouba-Winnin-Bété-DidaNiaboua
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Les difficultés éprouvées par toutes ces radios s’expliquent par l’absence d’une
langue nationale et d’une pratique culturelle commune à toutes les régions. Or, il
serait intéressant pour une région donnée d’expérimenter une initiative positive qui a
lieu ailleurs, principalement sur deux (2) radios utilisent au moins une langue
nationale ; cela pourrait suffire pour réaliser les coproductions.
TABLEAU N° V : Proportion du contenu produit localement
Voix du N’zi
Contenu produit
localement
95%
Radio Lepin
95%
Radio N’Nowé
100%
Oxygène FM
90%
Radio Arc-en-ciel
100%
Radio femmes solidarité
100%
Fraternité Yopougon
90%
Radio espoir
95%
Nom de la station
Fréquence vie
62,5%
Radio Rurale San- Pedro
100%
Radio Zanzan
100%
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TABLEAU VI : Programmes conçus pour les pauvres ou le monde rural
Nom de la
Programmes conçus pour les pauvres ou le monde rural
station
Voix du N’zi
Pas de programme spécifique
Radio Lepin
Emission en langues locales
Radio N’Nowé
A Cœur Ouvert, Savoir-Vivre, Abouré Au Pluriel, Le Monde
Agricole, Nostalgie, sentimental, vivons ensemble, coup d’œil,
environnement.
Oxygène FM
Radio Arc-enciel
Radio femmes
solidarité
Fraternité
Yopougon
Radio espoir
Emission en langues locales, écho du monde rural
Pas de programme spécifique
Emission de santé
Pas de programme spécifique
Foi et cultures- océan culture – bâtir sa vie – prière des malades –
opportunités.
Fréquence vie
Défis de l’Afrique (Société), Médecin soigne (santé), entreprenariat
(économie) et (conte de chez nous (culture)
Radio Rurale
San- Pedro
Radio Zanzan
Programme diffusé en langues locales de 17 h -21 h
Espace bien- être, espace du grenier, droit de notre société,
tribune, sidelepessi
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TABLEAU N° VII : Nombre d’employés et le rapport homme/femme
Nombre
Nombre
Nombre de
d’employés
d’hommes
femmes
Voix du N’zi
11
09
02
Radio Lepin
11
11
00
Radio N’Nowé
08
07
01
Oxygène FM
20
18
02
Radio Arc-en-ciel
04
03
01
15
11
Fraternité Yopougon
13
12
01
Radio espoir
12
10
02
Fréquence vie
15
13
02
AL-Bayane
11
08
03
09
09
07
06
Nom de la station
Radio femmes
solidarité
Radio Rurale SanPedro
Radio Zanzan
50
04
00
01
TABLEAU N° VIII : Nombre de volontaires et le rapport homme/ femme
Nombre de
volontaires
Nombre
d’hommes
Nombre de
femmes
Voix du N’zi
20
17
03
Radio Lepin
11
11
00
Radio N’Nowé
15
13
02
Oxygène FM
06
06
00
Radio Arc-en-ciel
00
00
00
Nom de
la station
Radio femmes
solidarité
Fraternité
Yopougon
10
10
10
17
00
07
Radio espoir
45
37
08
Fréquence-vie
35
32
03
Al-bayane
10
10
0
Radio Rurale SanPedro
Radio Zanzan
09
11
15
13
51
02
02
4.5. - Les habitudes d’écoute de la radio en Côte d’Ivoire
Il faut signaler qu'il n'existe pas en Côte d'Ivoire, de zones rurales où l'on ne peut
écouter aucune station de radio. En dehors des régions sous le contrôle des rebelles,
du fait de la guerre, toutes les autres reçoivent au moins la radio nationale.
Avant de répondre aux questions, précisons d'abord ce que nous entendons par
"habitudes d'écoute" des populations. Il s'agit du choix du lieu, de l'heure, des
programmes et des jours d'écoute de la radio.
Nous considérons ici le cas d'Abidjan-Abobo (quartier populaire dans la zone urbaine
d'Abidjan), San-Pédro (une radio rurale locale) et Alépé (une radio de proximité),
deux zones rurales.
Le lieu d'écoute
La radio fait partie de nos mœurs du fait de son omniprésence. Presque tous les
auditeurs déclarent écouter la radio à domicile. Si le salon a été longtemps le lieu
privilégié où l’on plaçait le transistor, aujourd’hui aux dires des enquêtés, on l’écoute
dans la chambre à coucher, dans la cuisine ou dans la salle de bains. Dans
l’administration, le transistor fait partie du décor des bureaux, où les agents de la
Fonction publique se plaisent à écouter les émissions en vaquant à leur travail.
D’autres professions affirment l’écouter également sur leurs lieux de travail. Il s’agit
des commerçants, des vigiles, des jeunes qui tiennent des salons de coiffure, des
kiosques à café, de couture, des chauffeurs de taxi ou des personnes travaillant
dans les boulangeries. Cette catégorie de personnes débute leurs activités très tôt le
matin pour les suspendre tard le soir ; d’autres encore écoutent la radio dans leur
véhicule entre le domicile et le lieu de travail et vice-versa, car les voitures ou autres
cars de transport en commun sont de plus en plus équipés de récepteur radio.
On peut également noter les auditeurs qui, à défaut de posséder un transistor, vont
l’écouter chez le voisin, chez l’ami, ou bien chez un parent résidant dans le même
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quartier. Il est clair que leur niveau d’écoute est assez irrégulier parce qu’ils
dépendent de la disponibilité du parent ou du voisin. Il y en a qui pratique l’écoute
communautaire dans leur club d’amis, autour du thé ou d’un apéritif dans le quartier
ou dans le village. Les avis sont vraiment nombreux qui démontrent l’utilité et
l’importance de la radio dans le vécu quotidien des populations ivoiriennes. Avec les
crises successives, depuis décembre 1999 et la guerre déclenchée par les rebelles
armés le 19 septembre 2002, la population a développé un nouveau réflexe, celui de
rentrer immédiatement chez elle après les activités professionnelles, évitant ainsi le
couvre-feu et les situations d’incertitude.
L'heure d'écoute
Aussi bien en zone urbaine d'Abidjan-Abobo qu'en zones rurales, le meilleur moment
d'écoute se situe, pour la grande majorité, dans la soirée. Sauf pour une minorité de
femmes au foyer qui écoutent la radio toute la journée pour meubler la solitude
lorsqu'époux et enfants sont allés respectivement au travail et à l'école.
4.6. - Les programmes
Une grille des programmes est un répertoire d’émissions distinctes les unes des
autres, se reconnaissant aisément par les thèmes qu’elles abordent (information,
culture, musique, sport, société, etc.).
Au niveau de la radio nationale
En classifiant les différentes émissions de la radio nationale ivoirienne, nous avons
repéré onze genres radiophoniques dont chacun présente une caractéristique
précise. Cela donne la réalité suivante :
1- Les informations
Elles sont composées de trois types dans la grille des programmes de la radio
nationale :
-
l’information d’actualité
53
-
les avis et communiqués
-
l’information spécialisée
a- L’information d’actualité
Elle concerne les journaux «parlés », les bulletins d’information, les flashes horaires
et les magazines d’information. Tous ces éléments reposent sur les faits ou les
événements récents qui constituent l’actualité dans le pays ou à l’étranger et
susceptibles d’intéresser les auditeurs. Ils sont recueillis à partir des dépêches
d’agence d’information (Agence ivoirienne de Presse (AIP), Agence France Presse
(AFP)), de correspondances ou sur la base de comptes-rendus, de reportages,
d’enquêtes et d’interviews, etc. puis traités dans un style journalistique avant d’être
diffusés en français, en anglais et dans les différentes langues nationales.
Les informations d’actualité occupent une place importante dans la grille des
programmes. Autres sources de collecte d’information au niveau national :
-
La Présidence de la République qui informe la direction de l’information
des activités du Chef de l’Etat ; Les directions de la communication des
ministères ;
-
Les services de communication des partis politiques ;
-
Les services de communication des grandes entreprises de la place :
-
Les mutuelles de développement, les associations et les ONG;
-
Les organisations internationales et les chancelleries diplomatiques, etc.
b- Les avis et communiqués
Il s’agit de petites annonces rédigées dans un style aisé et concis dans le but
d’aviser le public sur un événement qui s’est produit ou qui va avoir lieu. Quoique de
portée informationnelle, elles sont Les programmes diffusées en dehors des tranches
d’information d’actualité soit après ou avant celles-ci.
Ainsi, au titre des évènements, nous avons les faits heureux, les faits dramatiques et
es communiqués associatifs, politiques, administratifs, etc. En règle générale, ces
informations ont un caractère de faire-part d’intérêt public ou communautaire. Par
54
exemple, sous la rubrique nécrologique, il est diffusé la liste des décès, les dates et
lieux des funérailles. Les avis et communiqués sont très appréciés des auditeurs
ivoiriens parce qu’ils renseignent sur les concours, donnent les résultats des
examens, diffusent les appels d’offre et aussi font part des convocations aux
réunions de villages, de sous-préfectures et même régionales. Ils constituent pour la
radio nationale une source financière parce qu’ils sont payants.
Comme les radios de proximité, confessionnelles, rurales, commerciales ne sont pas
autorisées à diffuser des informations, tous les auditeurs se connectent à la radio
nationale pour écouter "Ivoire-Information" de 06h à 06h 15 du matin et "IvoireInformation" dans sa version détaillée de 19h à 19h 30.
c- L’information spécialisée
Il s’agit d’informations très spécifiques qui font appel à l’expérience et aux
connaissances du réalisateur de l’émission. Ce sont pour la plupart des chroniques
et des éditoriaux qui s’intéressent à tous les aspects de la société (politique,
littérature, économie, agriculture, santé, questions d’actualité, etc.) dont le caractère
particulier suscite une analyse critique et approfondie.
2- Les émissions de variétés
C’est un peu la tranche qui laisse libre court à l’imagination créatrice de l’animateur.
Elle est sans thème pré-établi. On appelle de ce fait «animation d’antenne ou
animation libre ». C’est une rubrique un peu fourre-tout où l’on trouve la musique de
tout genre avec de brefs commentaires, de présentation de l’œuvre ou de son auteur,
des jeux, des sketches. C’est également dans ce genre que les individus demandent,
des titres de musique à l’intention des personnes qui leur sont chères (amis, parents,)
dans le concert des auditeurs qui présente un contenu très composite, dont l’objectif
est d’aérer leur esprit, de les détendre. D’où son caractère d’évasion et de
divertissement. Depuis le 19 septembre 2002, les émissions de variétés accordent
une large place aux productions musicales ivoiriennes.
3- Les émissions de connaissance
55
Elles concernent les émissions qui participent à l’enrichissement intellectuel des
auditeurs dans les domaines scientifiques, sociaux, artistiques, techniques, etc.
L’objectif est d’apporter des connaissances aux auditeurs curieux qui désirent
apprendre autre chose que leurs domaines de compétence.
4- Les émissions culturelles et historiques
Cette catégorie englobe :
-
Les émissions qui présentent les activités culturelles, les œuvres culturelles
ivoiriennes et d’ailleurs.
-
Les émissions qui concourent à l’évocation de patrimoine culturel et à la
transmission du riche passé ivoirien à travers son histoire, son art, son folklore,
ses coutumes et traditions etc. Elles répondent à un double objectif :
Informer les auditeurs des valeurs authentiques qui ont fondé la Côte
d’Ivoire traditionnelle ;
Essayer de préserver ces valeurs qui sont menacées par la modernité.
Ces émissions sont également réalisées dans les villages où subsistent encore nos
traditions, grâce à la collaboration des chefs coutumiers qui en sont les dépositaires.
5- Les émissions musicales
C’est la partie de la pleine aération. Les auditeurs sont gratifiés d’un bel air musical
qui porte sur de nouveaux talents ou sur de vieux succès. A la différence donc des
émissions de variétés, les émissions musicales sont bien agencées, ciblées avec
une thématique bien précise.
6- Les émissions éducatives
Pour Roger Claude, à peu près en ces termes, une émission est éducative «si elle
est conçue et réalisée à des fins didactiques et s’incorpore dans un ensemble
cohérent et progressif ».
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Dans le cadre de la radio nationale, il s’agit d’émissions dont le but premier est de
sensibiliser et de conscientiser les auditeurs sur certains problèmes sociétaux. Ainsi
face aux fléaux de notre temps, notamment le Sida, les conflits tribaux, la drogue, la
prostitution, l’exode rural, les IST, l’hygiène, etc, la radio prodigue des conseils sur la
conduite à tenir dans une société, de plus en plus, sans repères.
7- Les émissions féminines
Elles se distinguent des autres par la spécificité du public visé, et produites
également par des femmes. Avec une approche didactique, elles font la promotion
de la femme ivoirienne ; tout au long de l’émission, des conseils leur sont donnés
pour leur épanouissement ou encore pour leur permettre de bien assumer leur rôle
dans le foyer, au travail est partout elles se trouveraient. En somme, ces émissions
sont un cadre adéquat offert aux femmes pour débattre de leurs problèmes.
8- Les émissions sportives
Le sport occupe une place importante dans les activités des Ivoiriens et pratiquement
tous les grands évènements sportifs sont vécus en Côte d’Ivoire grâce aux médias
dont la radio. Cette dernière participe à l’engouement populaire que suscite le sport,
en retransmettant toutes les grandes compétitions nationales et internationales pour
le plaisir des auditeurs. Il est également prévu dans le cadre de ce genre, des
magazines et des commentaires sur les résultats sportifs de la semaine.
9- Les émissions de publicité
Il s’agit des spots publicitaires appelés «pages publicitaires ». Ce sont de petites
émissions très brèves, conçues sous la supervision du service publicité de la RTI et
diffusées par la radio pour la promotion de certains produits sur le marché ivoirien.
Les émissions publicitaires, tout comme les avis et communiqués, constituent
également une source financière pour la radio nationale.
10- Les émissions enfantines
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A l’instar des émissions féminines, ici également c’est le public visé qui détermine la
nature des émissions enfantines, dont le contenu est très léger, facile et accessible
aux enfants. Elles sont diffusées le mercredi, parce que dans le pays, l’école primaire
est fermée ce jour.
11- Les émissions religieuses
Trois religions se partagent ces émissions. Il s’agit de l’Islam, des religions
protestante et catholique. Elles portent essentiellement sur la retransmission de
l’homélie du dimanche, des explications de versets de la bible et du coran le
vendredi et tout autre message à caractère spirituel.
Il convient de souligner que les onze genres dégagés ne prétendent guère à
l’exhaustivité et cela pour deux raisons principales. En effet, les différents genres
sont intrinsèquement liés les uns aux autres, qu’il est apparemment difficile
d’envisager une classification systématiquement et partant de ce fait, de parler d’un
genre, d’un groupe purement informatif ou éducatif.
D’autre part, la gestion de la grille des programmes est perméable parce qu’il n’est
pas rare d’imposer en lieu et place d’une émission, une autre que la direction de la
radio juge prioritaire en fonction du contexte et de l’actualité.
Depuis la crise du 19 septembre 2002, le programme de la radio a été bouleversé
pour imposer des émissions spécifiques de (re) mobilisation des "patriotes" en vue
de soutenir le régime du Président Laurent GBAGBO, élu par les Ivoiriens. Ou pour
informer la population d’une actualité instantanée ou imminente. L’analyse de cette
grille de programme nous situe sur le sens des orientations de la radio nationale.
Structure d’Etat, elle est donc commise et mandatée par celui-ci et c’est en son nom
qu’elle agit. De ce fait, la RTI poursuit la politique tracée par l’Etat dans les domaines
de l’information, l’éducation et de la distraction, le fameux triptyque qui constitue sa
mission de service public.
Au lire de la grille de programme, on peut faire deux constats :
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1. D’abord, on remarque effectivement que les émissions d’informations,
d’éducation et de divertissement existent dans le programme de la radio
nationale mais de manière assez inégale, avec une tendance qui privilégie la
fonction distractive.
2. Ensuite, on peut faire un classement sans risque majeur de se tromper avec
la configuration suivante : d’abord le divertissement, ensuite l’information et
enfin l’éducation.
Il est clair que la politique des programmes est incontestablement indissociable de
l’option politique dans laquelle la Côte d’Ivoire s’est engagée. Mieux, elle renforce
celle-ci car les médias d’Etat sont destinés à toutes les populations, afin de permettre
à l’opinion publique d’être informée des évènements nationaux et internationaux.
Ce programme est inadmissible dans un pays qui lutte contre la pauvreté,
l’analphabétisme, le VIH Sida, la déforestation, l’exode rural, les infections
sexuellement transmissibles, le banditisme, les conflits ethniques, etc. Le volume
horaire consacré à la distraction est trop élevé au détriment des émissions
d’éducation et d’information. Par conséquent, il est souhaitable que la radio intègre
davantage des émissions orientées vers le développement, c’est-à-dire celles qui
militeraient en faveur de l’éveil d’une conscience citoyenne pour la réconciliation
nationale, ou celles beaucoup plus didactiques qui aideraient les populations à
améliorer leur existence.
Ce faisant, l’information et l’éducation devraient acquérir un volume beaucoup plus
important que les émissions de divertissement qui pourront venir en aval pour aérer
ces deux types d’émission.
Au niveau de la radio de proximité
Les ruraux, tout comme la population démunie des quartiers populaires des zones
urbaines, sont très sensibles aux émissions culturelles et d'éducation que distille la
radio de leur localité. Ils disent souvent "Notre radio améliore notre vie. Elle nous
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aide à découvrir et à comprendre des choses qui nous échappent dans notre
quotidien".
On peut ajouter sans risque de se tromper que la radio constitue par conséquent
pour cette catégorie d'auditeurs, le seul moyen pour faire face à leurs réalités
spécifiques.
En milieu rural, les émissions sur la sensibilisation aux techniques agricoles, sur la
santé et l'hygiène sont très appréciées parce qu'elles contribuent qualitativement à
améliorer leurs conditions de vie.
Au niveau des radios internationales
En général, les populations instruites de l'intérieur et celles d'Abidjan apprécient
l'existence de RFI. Elles préfèrent toujours, entendre la version de RFI qu'elles ne
partagent pas souvent, mais reconnaissent qu'elle a d'énormes moyens lui
permettant d'aller sur le terrain pour fournir aux auditeurs des informations détaillées.
Par exemple, dans notre propre pays, les toutes premières informations sur l'attaque
d'Abidjan le 19 septembre 2002, par les rebelles, ont été diffusées par RFI, pendant
que la radio nationale était hésitante. Pour avoir donc des nouvelles sur cette crise, il
a fallu que les uns et les autres s'accrochent à RFI. C'est donc à la faveur d'une crise
de confiance entre les Ivoiriens et les médias audiovisuels nationaux que Radio
France Internationale a renforcé son audience "RFI est un mal nécessaire", disent
les auditeurs.
De ces quatre radios internationales, RFI est donc la plus écoutée en Côte d’Ivoire.
Il y a des raisons historiques à cela que nul ne peut nier. Mais, lorsque ces radios
diffusent des informations sur la Côte d’Ivoire avant la radio nationale ivoirienne, cela
pose un problème. Pour les journalistes ivoiriens, il est citoyen qu’une information
susceptible de mettre le pays en danger soit diffusée avec beaucoup de précautions.
Par exemple, RFI se moque des spécificités socioculturelles des auditeurs ivoiriens,
si bien qu’elle ne fait aucun effort pour relativiser ses positions. Dans la crise
ivoirienne, le Président Laurent Gbagbo est présenté comme un dictateur. C’est cette
60
image que RFI véhicule sans jamais se préoccuper d’écouter et d’expliquer les
positions du Président ivoirien. Les programmes de RFI sont conformes aux objectifs
de l’Etat français, offrant aux auditeurs la position du gouvernement français. Ne diton pas «qui paie le violon mène la danse » ! Ce qui est tout à fait logique. Donc RFI
ne peut pas être apolitique car elle répond à des critères définis par le gouvernement
de la France.
Dans l’ensemble, pour toutes ces radios internationales, le commentaire est utilisé à
des fins très diverses. Il peut être :
-
un éclairage objectif des liens, existant entre la réalité et les évènements
relatés dans les bulletins d’information ;
-
une justification de la position du gouvernement du pays émetteur à propos
d’évènements qui le concernent ou l’intéressent directement ou indirectement ;
-
une affirmation de la station en tant que formateur ou diffuseur d’opinions ;
-
une véritable contre-information justifiée par la propagande ou l’absence de
démocratie dans les pays où elles émettent.
Avec le multipartisme et la pluralité des journaux, les Ivoiriens sont très partisans, si
bien que l’acceptation des commentaires est en rapport direct soit avec l’optique de
l’auditeur, soit avec celle de son parti, soit pour le citoyen équilibré, avec la
réputation de l’émetteur en tant que source d’information neutre et libre.
En matière d’information de variétés et de contact, RFI jouit d’une position affirmée
sur les ondes. Il s’agit de divertissements favorisant le contact avec des auditeurs,
c’est-à-dire des émissions de musique demandée par l’auditeur, par des jeux et de
concours.
Les radios internationales utilisent les programmes enregistrés. On entend par
programme enregistré, des éléments de programmes sur bandes, cassettes ou
disques expédiés, puis diffusés par une autre station pour son auditoire habituel.
C’est la BBC qui fut la première à faire usage des «transcriptions ».
61
Quant à RFI, à l’adresse des pays francophones d’Afrique, elle produit des
programmes enregistrés dans les domaines culturels, scientifique et de variété.
La «transcription » contribue à présenter les valeurs d’un pays, que ce soit dans le
domaine culturel, économique ou scientifique. Elle permet une qualité de production
qu’on peut difficilement obtenir sur les ondes courtes. Elle constitue, finalement, une
forme valable de coopération avec les stations des pays du Tiers-monde.
Elle offre en fait la possibilité d’enrichir les émissions par des programmes
documentaires et didactiques sur les problèmes de l’agriculture, des technologies
nouvelles, de l’éducation et de la santé, etc.
Les jours d'écoute
A Abidjan comme dans les régions rurales, ceux qui écoutent la radio disent le faire
tous les jours. Mais mention est accordée au Week-end, où l'occasion est donnée de
rester beaucoup plus en contact avec la radio. Disent-ils, "elle fait partie de la famille
si bien qu'on ne peut s'en séparer un seul jour".
4.7. - Que devons-nous retenir ?
L’analyse révèle que les radiodiffuseurs sélectionnés s’accordent pour dire que le
paysage actuel pourvoit aux besoins en communication du monde rural, des pauvres
et des groupes minoritaires. De fait, des émissions sont conçues et produites dans
l’optique d’apporter des réponses à leurs préoccupations et améliorer leur vécu
quotidien. Ajoutons cependant que cette démarche des radiodiffuseurs a une allure
diffusionniste et non participative. Le mieux aurait été que le monde rural, les pauvres
et les groupes minoritaires fussent associés à la conception et à la production des
émissions. Malheureusement, cela est une vue de l’esprit.
D’autre part, aucune étude d’audience n’est réalisée pour connaître les goûts et les
habitudes d’écoute des auditeurs potentiels. En somme, il n’existe pas une vraie
62
écoute attentive des préoccupations de ces catégories de population par une
rétroaction continuelle.
Lorsqu’un examine le paysage de la radio, on se rend compte que c’est un paysage
organisé, modelé par la politique et les lois de la radiodiffusion.
En effet, les décideurs politiques ont instauré un cadre législatif et réglementaire.
L’accès à ce paysage est soumis à des règles du jeu précises et la sujétion à une
instance de contrôle desdites règles. En fait, dans le paysage ivoirien de la radio, n’est
concessionnaire que celui à qui a été concédé ce service par une convention générale
assortie d’un cahier des charges. Par ailleurs, c’est l’Etat qui est le seul maître du jeu
par l’institution de règles officielles et de procédures d’exploitation de ce service.
De manière générale, le nombre et les heures d’émissions en langues locales ont
augmenté. Cette situation s’explique par deux raisons majeures : le niveau
linguistique de certains auditeurs (principalement analphabètes) et l’engouement
suscité par les émissions en langues locales. Cela démontre une réceptivité des
radiodiffuseurs à se rapprocher des attentes des auditeurs. On peut répartir les
programmes les plus populaires en fonction des goûts et préférences des différents
auditeurs. Les émissions en langues locales sont appréciées du monde rural, tandis
que les jeunes marquent leur préférence pour les émissions musicales.
Les règles fixant le fonctionnement des différents types de radio imposent une
programmation du contenu à diffuser. Leurs cahiers des charges leur édictent une
orientation précise et définie à laquelle ils ne peuvent se soustraire sous peine
d’écoper de pénalités contractuelles ou purement du retrait de l’autorisation
d’émettre.
V- SYNTHESE ANALYTIQUE
En Côte d'Ivoire, les populations pauvres ne jouissent pas de libertés essentielles
d'actions et de choix que l'on tient généralement pour acquises. Beaucoup d'entre
elles ne peuvent pas se nourrir, se loger, s'éduquer ni se soigner convenablement et
n'ont donc par conséquent aucune possibilité d'épanouissement personnel. Elles
63
n'ont aucune influence sur les grandes décisions qui modèlent leur existence. Dans
ce sens, comment pourraient-elles financer un projet de radio de proximité géré et
animé par et pour elles-mêmes, en rapport avec leurs besoins spécifiques ? Les
conditions d'acquisition d'une telle radio, d'emblée, les écartent de telles initiatives.
C'est déjà là un premier frein à la pluralité et au pluralisme.
D'ailleurs quand on observe les positions sociales des personnes qui ont créé les 3/4
des radios communautaires, on se rend compte qu'elles sont des cadres de
l'administration publique ou privée dont les salaires ne peuvent entretenir une radio.
Pourtant ces radios, dans leur fonctionnement quotidien, nécessitent énormément
d'argent alors que l'Etat ne leur octroie ni subvention (à l'instar de la radio nationale)
pourtant elles font du service public, ni autorisation de faire la publicité pour générer
des moyens d'existence. C'est là une deuxième limite à la pluralité.
Au terme de la loi 91-1001 portant régime juridique de la communication
audiovisuelle, en son article 14 qui stipule que les personnes physiques et morales
de droit privé doivent présenter des garantie financières; on peut dire que les droits
de propriété ne sont pas à la portée des pauvres. En outre, le service public national
de la radiodiffusion et de la télévision est un monopole d'Etat, il ne peut être concédé
qu'à des personnes physiques ou morales ayant des possibilités d'acquisition
d'équipements de réception de programme, d'installation et de mise en place
d'équipements de diffusion. Or, selon les indicateurs de l'Institut National de la
Statistique, un pauvre est celui qui n'a pas un revenu annuel de plus de quatre-vingt
trois mille francs cfa (83 000F cfa). Il est clair que cette catégorie de la population qui
n'arrive pas à satisfaire ses besoins primaires ne peut être propriétaire d'une station
radio qui est un véritable luxe.
A partir du moment, où ces radios de proximité et
confessionnelles ne peuvent faire ni l'information, ni la publicité, elles ne pourront
jamais produire les moyens d'exister par elles-mêmes ni d'attirer du public.
Deux remarques découlent de ce constat :
1. d'abord, faute de produire l'information, elles ne peuvent donner d'autres
versions de l'actualité, ce qui assurément n'enrichit point la liberté
d'expression, si bien que leurs auditeurs sont obligés de « consommer » les
64
informations sur les deux chaînes nationales de radio ou alors «s'évader» sur
les chaînes internationales pour s'instruire des actualités d'ici et d'ailleurs.
2. Ensuite, on peut avancer qu'une programmation à public restreint peut
difficilement être financée par des ressources publicitaires.
Les radios de proximité et confessionnelles ne seront attractives pour les annonceurs
qu'à condition d'avoir un public important accessible avec précision donc mesuré et
mesurable. L'absence de moyens entraîne également la présence d'animateurs et de
techniciens sans qualification, sans salaire donc très peu motivés.
La conséquence d'une telle situation se traduit par des émissions de complaisance,
mal formulées et souvent mal programmé. C'est ce qui fait dire à Agney Ahou
Florence que " les reproches relatifs à ces émissions sont divers. Cependant les plus
dominants sont :
-
la défaillance des animateurs (67,75%)
-
l'inadaptation de l'heure de diffusion des émissions socioculturelles (54,14%)
-
l'absence de diffusion des émissions dans les langues locales (51,77%)
-
l'absence de diversification de thèmes (50%).
Ces différentes critiques viennent confirmer un certain nombre d'hypothèses selon
lesquelles, la défaillance et la démission des animateurs des radios de proximité
constituent un frein à leur mission originelle ; les émissions d'éducation ne sont pas
accessibles à la population à cause de la langue d'utilisation et des heures de cellesci1". Nous ajouterons que l'auteur de la phrase ci-dessus citée entend par émissions
socioculturelles, celles concernant le domaine de la santé, l'éducation, l'hygiène, etc.
Quand on regarde les différentes grilles de programmes, on se rend effectivement
compte que les thèmes y abordés sont très intéressants mais souvent diffusés en
langue française (donc inaccessibles aux ruraux) et programmés aux heures où les
populations concernées sont encore au travail ou alors dorment déjà après de dures
journées d'activités champêtres. Dans ce sens, on peut nettement dire que la
65
pluralité, dans le pays n'a qu'une dimension quantitative parce qu'elle n'a pas encore
permis de découvrir autre chose que ne fait déjà la radio d'Etat.
Pourtant dans l'accomplissement de l'œuvre de construction nationale (1960-1999)
et de réconciliation nationale (2000-2004), les différents gouvernements ont utilisé la
radio pour provoquer un changement d'attitude et de comportement de la population,
et pour franchir les barrières qui séparent les différentes ethnies. L'information, de 59
ce
fait, est conçue comme un moyen majeur de la réalisation de cette politique. Cette
conception explique sa nature et ses relations avec l'Etat, personnification juridique
de la nation. De ce point de vue et pour l'ensemble des médias, c'est l'Etat "le
patron", d'où le contrôle excessif des médias par les autorités officielles.
Il faut rappeler que depuis Félix Houphouët-Boigny, le père fondateur de la nation, la
tradition d'ingérence du pouvoir exécutif dans l'information a laissé des habitudes
indélébiles, même si une énorme évolution est constatée dans la presse écrite. Ce
qui n'est pas encore le cas des médias audiovisuels qui sont toujours sous la
surveillance du pouvoir parce que la radio et la télévision constituent pour les
hommes politiques des moyens puissants d'influence dans la formation de l'opinion
publique, si bien qu'ils ont des difficultés à renoncer aux habitudes requises.
En ce qui concerne la radio, à cause de son adaptabilité à l'oralité de la tradition
africaine, d'une part et, d'autre part, du nombre important de transistors dans les
ménages, elle constitue un enjeu de premier plan pour le monde politique.
Ce média ne permet-il pas d'atteindre un public même dans les zones rurales en
langues nationales ? La réponse est nette, et l'on comprend que la politique de
l'information dans le pays est nécessairement la première des politiques de la
communication. Car, si l'information structure la société, régule le corps social, forge
les idéologies, elle est inévitablement à l'étroit dans le cadre limité qui lui est tracé.
Le premier but que l'on peut se fixer est donc l'extension même de la politique de
l'information, mais il ne suffit pas de la pousser en avant comme on pousse
l'instruction ou le droit de vote. Il faut encore qu'elle puisse librement circuler car le
risque de tout pouvoir, et l'information en est un, c'est d'être confisqué sur son
66
chemin. Comme l'information est un pouvoir, il n'est pas donné aux radios
confessionnelles, de proximité et commerciales d'en produire. Dès cet instant, la
voici confisquée par un pouvoir plus fort, celui du pouvoir.
A la radio nationale, l'opération se fait par la voie hiérarchique, à travers le ministre
qui propose un directeur général (pour nomination, par décret, en conseil de
ministres). Une fois, en fonction, ce dernier fait allégeance. A son tour, il prend son
bâton de chef pour demander à ses collaborateurs de trier l'information en faveur du
pouvoir qui l'a fait nommer. Pourtant la liberté de la presse et la liberté d'expression
sont inscrites dans tous les documents officiels de la République. Mais en réalité, les
contradictions du cadre réglementaire et juridique et une succession trop rapide des
responsables des médias d'Etat, à chaque changement de gouvernement,
introduisent des entraves supplémentaires à la démocratisation du pays. Aux
yeux
du pouvoir en Côte d'Ivoire, la radio est un instrument qui est destiné à le promouvoir
et à le maintenir. Cette réalité est si ancrée dans la conscience collective des
Ivoiriens, qu'elle finit par être admise comme une fatalité qu'on ne songe même plus
à remettre en question. Aujourd'hui encore, avec la situation de guerre et de crises
successives, l'information, constitue l'arme des enjeux politiques. Depuis l'attaque du
19 septembre 2002, de la rébellion armée contre la Côte d'Ivoire, les médias
audiovisuels n'ont pratiquement pas invité l'opposition à s'exprimer sur leurs
positions pour que la population puisse comprendre les motifs de leurs agissements
extrêmes. Depuis seulement quelques temps, à partir de février 2004, dans ce
contexte de ni guerre, ni paix, des membres de l'opposition ont été conviés à des
débats mais ils constituaient toujours le 1/3 des invités d'où une représentation
inégale qui limite le respect et le traitement égal de tous les acteurs. Le 1/3
d'aujourd'hui est déjà une avancée dans la démocratisation car hier, aux heures
glorieuses de PDCI-RDA, parti de feu le Président Houphouët-Boigny, aucun
opposant ne pouvait s'exprimer dans les médias officiels. Mais hier comme
aujourd'hui, nous constatons que l'action d'informer sur le pays et sur les politiques
gouvernementales qui devrait accompagner l’effort de compréhension entre les
différentes couches de la population rencontre la réticence du pouvoir. Les
populations n'ont donc pas les moyens d'accéder aux vraies informations. Cette
attitude de ceux qui sont au pouvoir est assez ambiguë car l'Etat souhaite
67
l'émancipation des populations mais reste assez vague sur les possibilités d'une telle
évolution.
A la radio nationale, les programmes sont, du fait de la situation de guerre, trop
souples pour introduire à tout instant des flashes d'informations quant à l'attitude à
tenir dans telle ou telle situation. Les émissions d'éducation et de sensibilisation
contre les fléaux de la société ne sont pas prioritaires. Les peuples des régions sont
très peu pris en considération car la langue officielle, le français, leur demeure
inaccessible. Pour les 3/4 d'entre eux, Il n'y a donc pas de véritables émissions qui
tiennent compte des spécificités rurales et régionales mais plutôt du contexte
national, globalisant.
Pourtant à la radio nationale, il y a trop de signes mais pas assez d'informations. En
fait, les véritables informations que chacun attend font encore défaut : émissions sur
l'éducation, la santé, l'hygiène, l'agriculture, sur l'état des libertés, des revenus des
patrimoines. Et, parfois même, ces informations sont refusées : censure des mœurs,
censure politique, autocensure (la plus redoutable, parce que c'est elle qui trouve le
plus facilement sa légitimation), censure tout court. Mais si les informations
manquent aux populations, les signes, quant à eux, n'ont jamais été si nombreux :
déferlement des émotions à cause des témoignages des victimes de guerre, des
péripéties, uniformité des discours dans la zone sous contrôle loyaliste etc.
L'information diffusée est le résultat d'un tri effectué pour "mobiliser les troupes" en
cette situation de guerre.
La chaîne nationale en est le support principal et les fonctionnaires-journalistes en
sont les acteurs dynamiques. On confond radio d'Etat et radio du pouvoir parce que
l'on confond, Etat et gouvernement. Pourtant, une radio nationale, c'est précisément
celle que l'Etat doit tenir à l'abri de toute mainmise y compris celle du gouvernement.
Ces exemples illustrent parfaitement, pensons-nous, l'intolérance caractérisée et le
manque de maturité de la plupart des dirigeants. Les journalistes ont peur de perdre
leur fonction et développent l'autocensure. Au chapitre des violations, les
correspondants des radios étrangères, quand ils ne donnent pas une version
conforme à celle du pouvoir voient leurs radios brouillées privant les populations d'un
68
autre point de vue. Ainsi, récemment, le 25 mars 2004, RFI a donné sa version des
tueries, du fait de la marche de l'opposition empêchée légitime par le pouvoir, mais
différente. Immédiatement, pendant quarante huit heures, RFI a été empêchée
d'émettre. Nous l'avons rappelé, cette façon de faire existe depuis le règne de
l'ancien parti cinquantenaire (le PDCI). Hier, Houphouët-Boigny, Bédié et Guéi,
aujourd'hui Laurent Gbagbo dans la continuité d'un contrôle permanent des médias
audiovisuels.
Mais l'Etat n'est pas l'unique responsable de la situation car les radiodiffuseurs
privés (propriétaires des stations de radio) endossent une grande responsabilité
dans le bilan négatif de ces médias aux fins de développement. En effet, ils n'en
voient pas véritablement les enjeux si bien qu'eux-mêmes en sont très peu impliqués.
Aucun d'eux n'est résident permanent dans la localité d'implantation de sa radio.
Ceux que nous avons rencontrés ne sont ni radiodiffuseurs-résidents, ni ne
possèdent une politique cohérente de leur structure. Les programmes
sont
incohérents et souvent uniformes car chacune des stations copie ce que font les
autres et les reproduit dans sa langue locale.
Ce faible implication des radiodiffuseurs propriétaires a entraîné un comportement
complaisant de ceux qui surveillent "la boutique" en l'absence des premiers. Parmi
eux, certains font une mauvaise lecture des textes réglementaires des radios de
proximité. Cette situation constitue un blocage de l'évolution de ces structures.
En effet, l'analyse des textes de la réglementation par les promoteurs a permis de
comprendre que les 3/4 en ont une idée erronée. Selon eux, l'autorité concédante est
trop rigide dans les textes qui régissent la vie de ces radios, laissant ainsi la part
belle à la radio nationale. Leur position n'est exacte qu'en partie parce que l'Etat,
dans l'effort de démocratisation de secteur audiovisuel, leur a offert, tout de même,
certaines possibilités d'évolution qui demeurent jusqu'à ce jour inexploitées.
Pendant l'étude, nous nous sommes rendu compte que la compréhension des textes
réglementaires posait d'énormes difficultés, car les promoteurs ne perçoivent pas le
contenu de la même façon. Personne d'entre eux n'a véritablement pris le temps de
s'imprégner des possibilités et des ouvertures que l'autorité concédante leur a
69
offertes. Par exemple, l'Etat les exhorte à établir des contrats de service susceptibles
de leur permettre de générer des ressources nécessaires au fonctionnement de leurs
structures, par des recettes provenant des annonces et services communautaires,
lors des manifestations socioculturelles de leurs lieux d'implantation. Ils peuvent
également négocier des subventions provenant des collectivités locales.
Cependant, les promoteurs font remarquer que l'instabilité de la Côte d'Ivoire, du fait
de la guerre et des crises successives ne favorise pas l'action des bailleurs de fonds
et d'autres organisations susceptibles de les aider car toutes leurs tentatives se sont
avérées inefficaces. Ils estiment également que les ressources générées par les
annonces communautaires sont insuffisantes.
En définitive, à l'analyse, les moyens de financement des radios de proximité
proposés par l'Etat ne rencontrent pas leur adhésion. Selon eux, seule l'ouverture de
l'espace publicitaire leur offrirait une garantie financière intéressante. D'ailleurs, ils
font une lecture équivoque des textes réglementaires concernant la grille de
programmes, les ressources financières et le champ de diffusion de leurs radios.
En ce qui concerne les contraintes liées à la grille des programmes, elles se
résument en trois points :
-
L'interdiction de diffuser des émissions politiques syndicales et religieuses ;
-
L'interdiction de concevoir et de diffuser la publicité des produits et des
marques ;
-
L'interdiction de diffuser des émissions en langues étrangères.
Les radiodiffuseurs privés estiment que ces différentes interdictions, particulièrement
les deux premières, sont contraires aux dispositions législatives et réglementaires
édictées par la loi n°91-1001 du 27 décembre 1991, fixant le régime de la
communication audiovisuelle. Dans le dossier réalisé par le réseau des radios
privées de Côte d'Ivoire, ils démontrent point par point les éléments de dissension en
s'appuyant sur les textes et les lois régissant l'espace audiovisuel. Dans ce
document, il est question de l'avènement des radios privées de proximité, des freins
à l'application de la loi n°91-1001 du 27 décembre 1991 et du décret n° 95-714 du 13
70
décembre 1995 ayant inspiré les textes de la convention de concession et le cahier
des charges du 17 février 1998.
En abordant l'historique des radios de proximité en Côte d'Ivoire, ils notent que ces
moyens de communication sont nés du dernier gouvernement du président Félix
Houphouët-Boigny. C'est en effet, l'adoption de la fameuse loi n°91-1001 du 27
décembre 1991 qui a ouvert le secteur audiovisuel. Eu égard à la mission confiée au
service de la radiodiffusion, des moyens ont été mis en œuvre pour permettre à ces
concessionnaires privés de faire face aux charges liées à l'exploitation normale de
leurs activités audiovisuelles. Les moyens énoncés par la loi fondatrice
sont
contenus dans l'article 10 qui stipule (que): <<les services de communication
audiovisuelle peuvent être autorisés à diffuser des émissions publicitaires et des
"émissions parrainées". Néanmoins ce décret habilite le CNCA à :
-
Fixer chaque année le quota du temps de publicité attribué à chaque
concessionnaire ;
-
Contrôler les modalités de parrainage des émissions par les entreprises
publiques ou privées dans le but de promouvoir leur image, leurs activités ou
leurs
réalisations moyennant
la possibilité
pour ces entreprises
d'être
mentionnées dans les émissions.
C'est, en substance, les dispositions légales et réglementaires qui, selon les
radiodiffuseurs privés, les autorisent à concevoir et à diffuser des émissions
publicitaires, syndicales, politiques et religieuses. Malheureusement, celles-ci sont
contrariées par les restrictions contenues dans la convention de concession et le
cahier des charges établis sous le régime du président Henri Konan Bédié (19931999). Aux dires des radiodifuseurs privés, compte tenu des textes de la convention
et le cahier des charges se référant dans leur préambule seulement à la loi n°1001
du 27 décembre 1991 (portant comme nous l'avons déjà suffisamment indiqué,
régime de la communication audiovisuelle) et le décret 92-283 du 21 avril 1992
portant application de ladite loi, dès lors, toutes les dispositions contraires à ces
textes ne sont pas applicables. Dans ce sens, selon eux, les seules interdictions
formelles auxquelles ils sont tous tenus, portent essentiellement sur l'atteinte aux
71
bonnes mœurs, à l'ordre public, la non publicité de l'alcool. Celles-ci sont
expressément mentionnées à l'article 7 de la loi et à l'article 13 du décret précité.
Au regard de toutes ces raisons évoquées, ils estiment que la convention de
concession et le cahier des charges ne peuvent contenir des restrictions à leurs
activités à part celles énumérées à l'article 7 de la loi fondatrice. En clair, ils sont
unanimes sur le fait que les interdictions mentionnées dans la convention et le cahier
des charges sont sans fondement juridique et portent suffisamment atteinte au
fonctionnement des radios de proximité. Par ailleurs, l'interprétation de l'article 10-3
qui stipule qu'"il est interdit aux radios de proximité de concevoir et de diffuser la
publicité des marques et des produits", pose problème tant à l'autorité concédante
qu'aux promoteurs. Toutefois, ils s'accordent pour donner leur compréhension de cet
article. Ils soulignent d'abord que le domaine d'exclusion est bien délimité à la
marque. Rappelons que la marque, selon sa définition, est tout signe servant à
distinguer des produits, des objets, des services. Elle obéit à des conditions
d'enregistrement en vue de bénéficier d'une protection juridique. De même, lorsque
la marque porte sur un produit ou des services, elle ne présume pas sur tout article
commercial.
Cependant, reconnaissons ici que la difficulté provient de ce que l'autorité
concédante a assimilé à la publicité de marque, la publicité commerciale qui, selon
les radiodiffuseurs, n'est pas visée par le texte de la convention de concession.
L'argument avancé par l'Etat au sujet de toutes ces interdictions peut se lire de la
sorte : la diffusion des émissions politiques et syndicales relève de la radiodiffusion
nationale. De plus, il faut éviter que les radios de proximité soient à la solde des
partis politiques et syndicaux. Cependant, elles peuvent diffuser des annonces et des
avis communautaires. Quant aux émissions religieuses, elles ne peuvent les
concevoir ni les diffuser, parce que ce genre d'émission, relève de la compétence
des radios confessionnelles, seules autorisées à les produire. On peut retenir que
des éléments sérieux existent qui constituent des entraves à l'émancipation des
radios de proximité, partant à l'amélioration des conditions de vie des auditeurs qui
les écoutent. Une chose est paradoxale c'est que les promoteurs de ces radios n'ont
pas réussi à convaincre l'Etat pour influencer certaines décisions en leur faveur,
faute de stratégies et d'actions cohérentes.
72
Pourtant, depuis le 21 décembre 1999, ils se sont constitués en réseau dénommé
l'Union des Radios de Proximité de Côte d'Ivoire (URPCI) dont Sangaré Yoro,
Directeur de radio Yopougon en est le deuxième Président, depuis le 23 mars 2003.
Cependant, depuis son assemblée constitutive, en décembre 1999, l'URPCI n'a
jamais initié un quelconque échange de programmes et de productions, ni organiser
des séminaires sur les projets de financement de leurs structures. Pourtant, des
exemples existent dans les pays voisins dont elle pourrait s'inspirer comme l'Union
des radiodiffuseurs et télévisions libres du Mali (URTEL) qui agit autour de trois
objectifs principaux :
-
faire face à la concurrence et à la loi du marché,
-
créer un cadre de collaboration avec les partenaires financiers et techniques,
-
Jouer par leur association, le rôle qui est le leur dans la société civile malienne.
A la lecture de ce qui précède, on constate que l'URPCI est loin des objectifs de
l'URTEL. Cette inertie des radiodiffuseurs privés de Côte d'Ivoire constitue un frein
pour l'évolution du secteur radiophonique car l'Etat n'a pas véritablement en face de
lui des interlocuteurs capables de lui soumettre les problèmes réels de leurs
entreprises.
Par exemple, ils auraient pu agir de manière efficace sur l'autorité concédante afin
que certains points de la convention, notamment l'article 10-3 qui interdit la publicité
soit revue, pour leur permettre d'en faire comme au Mali, Bénin, etc.
A l'étude des textes relatifs au cadre législatif et réglementaire de la scène de la
radiodiffusion, on observe que la politique en vigueur correspond davantage à un
horizon qu'à une réalité concrète. Il y a une volonté traduite par la loi 91-1001 fixant
le régime de la communication audiovisuelle de concéder le service de radiodiffusion
à d'autres opérateurs. Mais, il existe une pratique de deux poids deux mesures
tendant à favoriser la radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI).
Les autres concessionnaires versent une participation financière contributive aux
frais de fonctionnement du Conseil National de la Communication et de l'Audiovisuel
73
(CNCA) qui en est l'autorité de régulation. Cela est contraire au principe d'équité
économique et sociale et démontre que le secteur de la radiodiffusion n'est pas
véritablement concurrentiel. Par ailleurs, lorsqu'on analyse les conventions générales
des autres concessionnaires, on note qu'ils apparaissent comme des filiales du
média d'Etat, RTI. En somme, ils existent pour pallier les insuffisances de la RTI.
Or, un secteur véritablement pluraliste doit être libre et ouvert, où chaque
concessionnaire a les mêmes obligations contractuelles. En outre, les pouvoirs
publics qui proclament leur attachement aux principes de la déclaration universelle
des droits de l'homme de 1948, violant constamment son article 19 qui consacre le
droit à la liberté d'opinion et d'expression.
Depuis septembre 2002, ils pratiquent une censure des radios internationales (BBC,
Africa n°1 et RFI) instituant ainsi une spirale du silence et un climat d'opinion
favorable à leurs vues. Cette suspension s'opère au mépris des pénalités
contractuelles existantes. De même dans les régions sous contrôle des rebelles, le
public est soumis à la même rigueur d'écoute exclusive de programmes conçus par
eux. En plus, ils ont interdit la diffusion des programmes de la radio nationale sur
toute l'étendue des zones assiégées. Il s'agit de part et d'autre selon l'heureuse
formule de Jurgen Habermas de "s'assurer l'assentiment plébiscitaire d'un public
vassalisé".
Nous évoluons dans un contexte de communication dirigée, empêchée et détournée.
Autrement dit, les pouvoirs publics pour légitimer leur autorité et institutionnaliser leur
domination opèrent des manipulations du public, bloquent la participation
des
défavorisés par un accès inégal aux médias. Tout cela concourt au maintien de la
structure du pouvoir par une omniprésence des gouvernants dans les médias.
Face à un tel constat, on ne peut que s'interroger sur l'instrumentalisation du CNCA
qui idéalement n'assume pas sa mission. On peut se risquer pour dire que le
dialogue symétrique n'existe pas encore sur la scène de la radiodiffusion où chaque
citoyen a les mêmes chances de production d'actes de parole et de participation aux
affaires publiques. En fait, il n'y pas de débat public sans entraves et exempt de
domination.
74
VI- RECOMMANDATIONS
S’il est très important de réfléchir à des solutions possibles en matière de radio, il
faut bien admettre que l’ensemble des propositions ne constituera jamais qu’un
aspect partiel d’une question plus générale, celle du développement inégal, ou
encore, vue d’un autre angle, celle du mal développement lié à l’évolution
économique et sociale de la Côte d’ivoire. Placées dans cette optique, les réalités
des radios de proximité contre la pauvreté ne peuvent changer qu’au sein d’un
changement plus vaste.
67
Ne voir dans les radios qu’un processus sectoriel, revient à poser le problème du tout
et des parties. Selon Edgar Morin (1977), à peu en ces termes, «les parties sont à la
fois plus et moins que le tout ». Cela veut dire que le système global peut se
transformer à condition que ces constituants se transforment également et
réciproquement. La radiodiffusion est une composante d’un tout qui doit éliminer ses
vices de fonctionnement les plus graves, lesquels ne peuvent disparaître que si ses
composantes y participent (interaction entre le tout et les parties). Vouloir mettre des
radios à la disposition des populations pauvres est une bonne entreprise mais reste
un objectif insuffisant.
Pour finir, il convient de noter le lien des questions que nous venons de traiter et qui
ont été soulevées tout au long de cette étude, avec la situation de la Côte d'Ivoire
dans sa spécificité. Il n'est donc pas possible d'isoler un problème de la radio, ou un
problème de la pauvreté qui serait séparé de l'ensemble de la situation politique et
économique de notre pays. La lutte contre la pauvreté ne peut être un lieu d'activité
et de participation, si tout le reste de la vie des Ivoiriens se passe dans la passivité et
l'irresponsabilité ; l'aliénation dans la vie politique et dans l'activité économique
risque de conduire, dans le domaine de "la radio aux fins de développement" à des
conduites d'évasion ou de passivité. Pourtant la radio en Côte d'Ivoire, parce qu'elle
correspond à l'oralité de la tradition africaine, le coût d'acquisition d'un transistor (est)
accessible, son maniement (est) aisé, une batterie suffit à son fonctionnement, la
radio demeure l'outil indispensable pour lutter contre la pauvreté. Pour y parvenir,
frayons un chemin en terme de contribution car toutes les actions susceptibles
75
d'améliorer les conditions de vie des moins nantis trouveront facilement et
rapidement leur écho à la radio :
-
La participation active des communautés doit être une condition essentielle de
l’existence des radios de proximité. Toute intervention visant une amélioration
effective et durable des conditions de vie des populations-cibles est vouée à
l’échec si ces dernières elles-mêmes ne la prennent pas en charge, à moins
que les populations ne soient impliquées à tous les niveaux d’intervention, de
l’identification de problèmes à la recherche et la mise en ouvre de solutions, il
n’y aura pas de changement durable.
Les radios de proximité sont au cœur même de ce challenge car la radio publique a
échoué. L’approche communautaire de ce genre de radio représente le processus
par lequel les populations deviennent les principales
actrices
de leur propre
développement. Elles cessent d’être des bénéficiaires passifs de programmes
d’éducation et de développement exogène, pour prendre, elles-mêmes, en main leur
destin.
En zone rurale, il faut absolument associer les populations à la définition des
programmes et à leur animation afin que les informations qu'elles reçoivent ne soient
plus décidées et diffusées du point de vue d'autrui. Il ne faut plus les infantiliser en
faisant des consommateurs passifs de programmes inadaptés. Dans ce sens, il faut
les former aux techniques d'animation et de gestion d'une radio communautaire ;
-
Une formation de base aux techniques de la radio est indispensable pour les
animateurs, les techniciens et les gestionnaires des radios communautaires,
(de proximité et confessionnelles) actuellement en service, afin qu'ils soient
mieux outillés professionnellement pour rendre un travail de qualité;
-
L'Etat doit s'engager de manière concrète à mettre des moyens suffisants à la
disposition de ces médias afin qu'ils n'aient plus de soucis financiers pour le
fonctionnement, le salaire du personnel, l'acquisition du matériel ;
-
Les parlementaires, la société civile, les politiques et les radiodiffuseurs
doivent davantage s'impliquer pour produire une réflexion pertinente devant
76
légitimer l'existence des radios communautaires, par des textes inviolables en
faveur des pauvres ;
-
Exiger que plus de 50% du temps d'antenne soit diffusé en langues locales au
détriment du français, la langue officielle ;
-
A la lecture de tous les programmes de radios, nous constatons qu’il n’existe
pas véritablement d’émissions consacrées aux femmes dont la contribution au
développement du pays et à l’émancipation des familles est essentielle.
Les responsables des médias maladroitement favorisent le sexisme et de ce fait
entrave à la pluralité car l’opinion de ces dernières n’est pas exprimée. Il faut alors
donner aux femmes des opportunités d’acquérir des connaissances et des
compétences à travers des émissions d’éducation de base en vue de leur permettre
de multiplier efficacement leur participation. Favoriser alors "l'approche genre" afin
que les femmes soient représentées dans la vie des radios communautaires, en tant
qu'animatrices, techniciennes, productrices ou gestionnaires d'une telle structure ;
-
Revoir les programmes et la programmation car le constat est fait de ce que
plusieurs émissions n'atteignent pas leur cible ;
-
Exiger des Préfets, des Maires, des Présidents de Conseils Généraux, des
Médecins, des magistrats, etc. à l'intérieur du pays qu'ils s'impliquent dans la vie
des radios de leur localité professionnelle, en acceptant l'invitation des
animateurs bénévoles pour répondre aux questions d'intérêt public, susceptibles
d'éclairer les pauvres ;
-
Les problèmes contextuels abordés précédemment mettent en évidence un
certain nombre d’implications pour la formation des journalistes ivoiriens.
Etant donné la pauvreté, les crises successives et la pénurie généralisée de
ressources matérielles nécessaires à la compétitivité, un large programme
d’enseignement en journalisme est essentiel.
D’abord, et surtout, de tels programmes d’études doivent préparer les futurs
journalistes à s’adapter aux situations qui pourront s’imposer à eux.
Même, en France tutélaire, la nature des changements envisagés pour passer d’une
société traditionnelle à une société post-industrielle a principalement impliqué une
77
réorganisation économique, du capitalisme global. Pour l’objet de cette étude, le
bond des régions rurales (où l’on compte beaucoup plus de pauvres que dans les
villes) à une société de l’information globale implique des changements dans les
orientations des valeurs, dans l’organisation sociopolitique, dans l’organisation
économique, et des changements relatifs aux ressources intellectuelles nécessaires
pour faire face à ces nouvelles réalités sociales.
Les journalistes ont par conséquent eux-mêmes besoin d’être bien préparés à ces
changements avant qu’ils ne puissent assumer efficacement leurs rôles et leurs
fonctions dans la société. Ils doivent avoir la capacité intellectuelle d’appréhender
objectivement
leur
environnement
avec
des
compétences
techniques
et
technologiques appropriées, afin de bien informer les différents publics. C’est dire
que la formation doit obéir à une entreprise pluridisciplinaire en mixant des bases
solides en sciences sociales, en particulier en économie, en politique, sociologie,
psychologie sociale, histoire, entre autres. Les quatre établissements ivoiriens en
journalisme doivent revoir leur méthode de formation afin de garantir un équilibre
raisonnable entre la théorie et la pratique. La politique traditionnelle consistant à
accumuler énormément d’heures, bien qu’encore utile et appropriée, a été largement
tempérée par la production électronique, de sorte qu’il est désormais plus réaliste de
consacrer un peu plus de temps au contenu substantiel et conceptuel. Quant aux
cours pratiques, ils devraient davantage faire l’objet des stages afin de permettre aux
apprenants d’acquérir une compréhension équilibrée des contextes sociaux dans
lesquels ils travaillent et la manière dont de tels contextes sont configurés en réalité.
En définitive, la formation en journalisme au niveau de la maîtrise (quatrième année
après le baccalauréat) devrait avoir autant de rigueur académique que n’importe
quelle discipline des sciences sociales. En particulier, les étudiants à ce niveau
devraient avoir une connaissance aiguë des conditions objectives de leurs
environnements sociaux, de la situation critique du pays, des aspirations des
populations et du rôle des technologies de la communication et de l’information dans
la société. Par-dessus tout, ils doivent avoir les toutes dernières compétences de
recherche et d’analyse nécessaire pour promouvoir la recherche en journalisme. Les
écoles de formation en journalisme en Côte d’ivoire doivent ajouter à leur programme
d’enseignement les matières suivantes :
78
1. Médias et société
Le cours examinera les médias en tant qu’institutions sociales en s’intéressant tout
particulièrement aux concepts sociologiques, aux thèmes et problèmes pertinents, au
rôle des médias de masse et à leurs rapports avec des institutions sociales
importantes. L’objectif principal est d’attirer l’attention des étudiants sur la sociologie
et le professionnalisme des médias de masse et de leur montrer comment le
journalisme peut jouer un rôle critique dans le développement.
2. Introduction à la gestion des entreprises de médias
Le cours examinera les principes économiques à l’œuvre dans les entreprises de
médias, notamment les coûts de production, la promotion de l’audience et les
revenus publicitaires. Le cours abordera aussi le thème de l’application de la théorie
économique et des principes de gestion, à l’industrie des médias. Des études de cas
seront utilisées pour aider les étudiants à comprendre les enjeux d’une bonne
gestion.
3. Médias et inégalité des sexes
La finalité du cours est de sensibiliser les étudiants à la construction sociale des
genres et aux privilèges, aux stéréotypes et aux préjugés qui y correspondent.
4. Recherche en communication
Ce cours est une introduction aux méthodes de recherches en sciences sociales
quantitatives et qualitatives. L’accent sera mis sur le processus de communication et
ses effets. L’étudiant s’intéressera aux enquêtes, aux analyses de contenues, aux
sondages d’opinion et aux recherches en vue d’études prospectives et descriptives.
5. Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication
Il s’agit de doter les étudiants de connaissances sur les nouvelles technologies de
l’information et de la communication. Le cours examinera les technologies et les
applications des systèmes multimédias, notamment la production, la présentation et
la transmission de données audiovisuelles à l’intérieur des organisations, à l’échelle
79
nationale ou internationale. Les implications politiques, sociales et économiques et /
ou l’impact de ces nouvelles technologies sur les professionnels de la
communication seront abordés.
6. Communication et bonne gouvernance
Ce cours portera sur le rôle des médias dans la bonne gouvernance. Il mettra en
évidence la contribution des libertés individuelles et collectives, aux droits de
l’homme, à des élections libres et équitables à la transparence, à la paix et à la
tolérance.
7. Communication pour le développement
Il s’agira d’explorer également l’impact et l’influence des médias de masse en tant
qu’institution sociale et en tant qu’instrument produisant des changements dans des
domaines tels que le planning familial, l’éducation, la santé, l’alphabétisation, la
démocratie, la bonne gouvernance, etc.
8. Communication en temps de crise
Ce cours permettra aux étudiants de comprendre les causes, les manifestations et
les conséquences des crises dans un pays, une organisation et d’acquérir les outils
conceptuels et pratiques pour y remédier.
Exiger des écoles de journalisme et de Communication sociale des actions
concertées avec les radiodiffuseurs, l’Union Nationale des Journalistes de Côte
d’Ivoire (UNJCI), le Réseau des Radios et Revues Rurales de Côte d’Ivoire (4 RCI)
et le ministère de la Communication pour une vision commune dans l’élaboration des
programmes de formation adaptés aux réalités spécifiques des populations.
Nous devons comprendre que l'activité de réduire la pauvreté ne se fera pas de
manière isolée mais par une "participation collective" de tous. Ce problème est
analogue à celui de la démocratisation politique et économique. Or, pour mieux dire,
la radio n'est qu’une petite partie de ce vaste projet.
80
CONCLUSION
La radio en Côte d’Ivoire, si elle n’est pas, bien sûr, une cause automatique
d’appauvrissement des populations démunies, n’est non plus une source de leur
enrichissement : son contenu et sa programmation sont bien souvent trop loin des
préoccupations de la cible et du niveau de langage des plus défavorisés pour qu’elle
puisse être reçue par eux. Et même pour les émissions les plus populaires, les
différences dans la qualité de la réception existent, vraisemblablement du fait, chez
certains, de la pauvreté du vocabulaire, des catégories psychologiques, des
schèmes narratifs. Non seulement, il ne faut pas, en l’état actuel, trop espérer, à
notre avis, que toutes les radios confondues jouent un rôle de succédané de l’école
parallèle et tiennent la place que les institutions de formation n’ont pu prendre, mais
on peut redouter qu’elle n’ait un rôle cumulatif qui élargisse les différences. On
comprend donc par hypothèse, que si l’importance de la radio dans les politiques de
développement est admise, les arguments positifs pour la défendre peuvent nous
entraîner sur une pente délicate.
Cependant force est de reconnaître que l’état de Côte d’Ivoire
a permis une
ouverture du secteur audiovisuel en octroyant des fréquences pour plusieurs types
de radios. Et comme toute transition, celle des radios aux fins de développement
connaît encore des balbutiements qui freinent son évolution. Mais le fait q’elles
existent pour diversifier les choix offerts aux auditeurs de toutes les couches sociales
et notamment les ruraux, est déjà une étape importante dans la démocratisation du
pays.
Les radios, dans ce sens, apprendront à l’avenir, à mieux se rapprocher de leurs
publics spécifiques, à travers des émissions qui, certainement, prendront en compte
les vrais problèmes des populations concernées.
L’audit montre que les différents acteurs (auditeurs, radiodiffuseurs et l’Etat)
manquent encore de perspectives citoyennes ignorant ainsi les enjeux réels qui
accompagnent l’idéologie de tels médias.
81
La réalité ivoirienne donne l’impression d’un phénomène de mode : on a favorisé
pluralité sans pluralisme, comme si l’autorité concédante ignorait véritablement que
la bonne gouvernance se nourrit de tous les points de vue, de chaque point vu. Pour
cela, elle doit faciliter le bon fonctionnement des radios, en leur octroyant des
subventions, et en faisant des exonérations sur certaines taxes afin d’alléger leurs
dépenses déjà assez insupportables pour leur budget.
Au regard de ce qui suit, les populations pauvres sont connues de l’Etat, mais ce
dernier n’a pas encore véritablement trouvé les réponses à leurs problèmes. La radio
n’est qu’un média qui ne diffuse que ce qu’on y met. Et pour y mettre la qualité, il
faut des moyens et des animateurs motivés qui travaillent dans le sens du
développement du pays.
La compréhension des termes pluralité et pluralisme doit orienter la redistribution des
cartes dans le secteur audiovisuel. Ces notions recouvrent en réalité deux objectifs :
-
tirer tout le parti, en ce qui concerne cette étude, de la radio comme moyen de
communication d’un savoir, comme mode d’expression, comme reflet de la vie
culturelle, sociale, économique, politique et comme outil d’ouverture sur les
autres, sur le pays et sur le monde ;
-
exercer un puissant effet d’apprentissage, d’éducation et d’émancipation des
populations ivoiriennes en leur donnant l’occasion de s’exprimer et de se
prendre en charge par une participation active. La radio dans le processus de
développement est au cœur même de cette logique : les populations doivent
être les principaux acteurs de leur propre émancipation ; par exemple, en
identifiant, eux-mêmes, leurs besoins prioritaires et en agissant pour les
résoudre. Toute intervention venant de l’extérieur est vouée à l’échec si les
populations, elles-mêmes, ne sont pas impliquées.
Il faut bien admettre que le paysage radiophonique ivoirien a connu rapidement des
changements profonds, notables mais que la réalité est encore loin des ambitions qui
ont motivé cette nouvelle politique audiovisuelle. Peut-on considérer pour autant le
tableau comme un échec inéluctable ou ne s ‘agit-il que d’une maladresse
82
circonstancielle inévitable dans cette phase de transition où chacun des partenaires
cherche à affirmer sa place ?
Deux facteurs essentiels détermineront l’évolution future de la radio en Côte d’Ivoire.
1) l’affirmation de la spécificité du secteur privé de la radio. On est en droit
d’attendre des radios privées, rurales et de proximité qu’elles défendent
leur existence en s’impliquant dans les discussions qui peuvent influencer
sa survie. Elles doivent également lutter pour le partage d’une ressource
publicitaire déjà trop limitée. Cela doit passer par la révision d’un cahier de
charges trop contraignant, leur laissant très peu de possibilités de
«produire de l’argent » par elles-mêmes.
2) Le secteur public de la radio doit impulser l’idéologie du pluralisme en
tenant compte du nouveau paysage politique du pays. La radio d’Etat doit
se positionner comme une référence de qualité à l’ensemble des radios.
83
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87
CADRE LEGISLATIF ET REGLEMENTAIRE
DU SECTEUR
LOIS :
- Loi 91 – 1001 du 27 décembre 1991 portant régime juridique de la
communication audiovisuelle ;
- Loi 78 – 634 du 28 juillet 1978 portant protection des œuvres de l’esprit et
définissant les conditions d’exploitation et de protection des droits d’Auteurs ;
-
Loi 94 – 201 du 08 avril 1994, portant Loi de finances et instituant la
redevance audiovisuelle au profit de la RTI en son annexe fiscale.
Décrets :
-
Décret 92 - 283 du 21 avril 1992 portant application de la Loi 91 – 1001
fixant le régime de la Communication audiovisuelle ;
-
Décret 92 - 397 du 1er juillet 1992 fixant les règles d’attribution des
fréquences aux concessionnaires du service public national de la
radiodiffusion et de la télévision ;
-
Décret 92 - 419 du 15 juillet 1992 portant organisation et
fonctionnement du Conseil national de la Communication
audiovisuelle ;
-
Décret 95 -714 du 13 septembre 1995 fixant les règles de
fonctionnement des radios de proximité ;
-
Décret 96 - 941 du 04 décembre 1996 fixant les règles de
fonctionnement des radios confessionnelles ;
-
Décret 93 - 225 du 10 février 1993 portant création d’une Société
d’économie mixte de type particulier dénommée Radiodiffusion
Télévision ivoirienne ;
-
Décret 2003 - 389 du 16 octobre 2003 portant transformation de la
Société d’économie mixte de type particulier RTI en Société anonyme.
88
Liste nominative des personnes enquêtées
- Questionnaire 1 :
M. NANIHIO Félix, Directeur DPCIR, Ministère d’Etat, ministère de la Communication
- Questionnaire 2 :
MM. Atteby Williams Edmond
Zeréhoué Yoro Bernard
Kouamé Bi Boua
ORY Boizo
- Questionnaire 3 :
MM. Guenaye Martin
Kamagaté Souleymane
Bedou Jean
Adayé Julien
Bayala Jean Claude
Mme Bakayoko Aïssata
- Questionnaire 4 :
MM. Patrice Ango (RIOF)
Amos Béonaho (UNJCI)
Ahui Camille (LIDHO)
Touré Amourlaye (MIDH)
Glodé Francelin (REPMASCI)
LOU Badri (ECODEV)
Mme Binaté Fatoumata (OFACI)
- Questionnaire 5 :
MM. Tayé Joseph
Martin Kouassi
Roger Kouassi
Nogbo Aka Jean-Siméon
Kocogni Félix
Tipi Dakoury
Jean-Baptiste N’cho
Okoigni Abé Prosper
Benjamin Diby
Abbé Basile Diane Kognan
Honoré Essoh
Ras Koffi
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