Puerta del Sol : quand la ville s`indigne. - FGTB Liège-Huy

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Puerta del Sol : quand la ville s`indigne. - FGTB Liège-Huy
 Puerta del Sol : quand la ville s’indigne.
La crise financière avait déjà eu son lot de conséquences désastreuses sur l’économie
espagnole, fortement concentrée sur la spéculation immobilière. Les mesures d’austérité
venues s’ajouter à cette débâcle économique et sociale, proposées et bientôt instituées
par la Commission européenne, ont porté un coup de grâce aux espoirs de dizaines de
milliers d’Espagnols, fatigués de chercher un emploi inexistant ou de trimer pour un salaire
dérisoire, insuffisant. La réduction des dépenses publiques, la suppression de milliers
d’emplois, l’augmentation de l’âge de la retraite, la restriction des droits des travailleurs,
sont autant de raisons pour lesquelles les Européens sont de plus en plus nombreux à sortir
dans la rue, à occuper l’espace public, à crier leur colère face à l’injustice d’un système
dans lequel ils se reconnaissent de moins en moins le droit d’exister.
C’est une des concrétisations de ce sursaut citoyen que nous sommes allés visiter, le
temps d’un week-end, à Madrid, avec une délégation de la Centrale générale de la
FGTB Liège-Huy-Waremme. Madrid, où le 15 mai, les gens sont descendus dans la rue et
ont « pris la place ».
Puerta del Sol, vendredi 27 mai, vers midi. Un mélange d’activité déjà rodée et de douce
torpeur émane du campement des « indignados » du 15-M (15 mai), qui depuis déjà deux
semaines occupent jour et nuit le centre névralgique de la capitale espagnole, narguant
allègrement le bâtiment du congrès municipal, symbole encore imposant d’un
obscurantisme franquiste qui a laissé beaucoup (trop) de traces. Entre les tentes, mille
slogans qui rivalisent d’imagination tantôt contre (la guerre, la finance, le capitalisme, la
classe politique, la violence, …), tantôt pour (la « démocratie réelle », l’accès au
logement, un salaire digne, le respect des droits des femmes, la liberté d’expression et
d’information, l’essaimage des initiatives révolutionnaires, …) jouant poétiquement avec
les mots et les images. « Si vous nous empêchez de rêver, on vous empêchera de dormir ».
Bibliothèque du campement
Potager improvisé, sous le slogan « si nous tenons
40 jours, nous aurons des salades ! »
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1
La vie semble suivre son cours dans le dédale des allées bâchées reliant bibliothèque,
infirmerie, cuisine, potager, espaces de relaxation, centre de médias, espace féministe,
stands de vêtements gratuits et d’échanges de savoirs, recyclages de déchets,
menuiserie, panneaux solaires ( !). Le tout jalonné de tentes igloos, de petits salons
improvisés, de matelas à même le sol. La vie s’organise grâce aux apports de chacun-e,
tant en termes de matériel que de savoirs-faire. Les occupants, qui se relayent aux
différentes tâches à accomplir, sont « tout le monde et n’importe qui » : étudiants,
chômeurs, travailleurs, professeurs d’université, cadres, jeunes, vieux, « mamys » en tailleurs
ou enfants en cartable, militants altermondialistes ou employés de banque… La plupart
« rament » pour vivre, cumulant 2 ou 3 emplois pour parvenir difficilement à boucler les fins
de mois, avec un revenu moyen de 1000 € (le salaire minimum interprofessionnel étant de
600 euros) leur permettant tout juste de satisfaire les besoins de base dans un pays où le
chômage a dépassé les 20 %, dont 45 % chez les jeunes.
Au micro, des appels aux volontaires en cuisine, l’annonce des prochaines assemblées, et
ce vendredi, surtout, l’information de l’état du campement des camarades de Barcelone,
sauvagement délogés par les « mossos », la police anti-émeute catalane tristement
connue pour la violence de ses interventions. Une communication en direct avec les
campeurs violentés est instaurée, et on apprend ainsi les exactions et leur volonté de
continuer l’occupation, de façon pacifique.
La Puerta del Sol applaudit en solidarité.
Rassemblement en soutien aux « indignados » de Barcelone violemment
délogés par la police le 27 mai.
Ici, aucun leader officiel, aucune institution porteuse, aucune représentation politique ni
syndicale. Chacun est présent à titre individuel, citoyen. L’autogestion est la devise. Et
aucune récupération du mouvement ne sera tolérée.
Cette volonté de « neutralité » à tout prix, bien que louable sous certains aspects –
ouverture d’esprit, non-exclusion, pas de mot d’ordre fermé - , comporte cependant des
côtés ankylosants. Ainsi, Nacho, le camarade de Comisiones Obreras venu nous accueillir,
temporise : la recherche du consensus total, règle de fonctionnement des prises de
décisions en assemblées, a eu pour effet que le mouvement a peu à peu perdu en
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contenu et en intensité. En effet, d’une dynamique ouvertement révolutionnaire par la
radicalité de ses positions – au départ clairement anticapitalistes et volontaires d’un
changement total de système – l’idéal porteur s’est à présent concentré, sur un socle de
consensus minimum, autour de 4 grandes revendications :
1. Réforme électorale dans le sens d’une démocratie plus représentative, de réelle
proportionnalité, et ayant pour objectif supplémentaire de développement des
mécanismes effectifs de participation citoyenne.
2. Lutte contre la corruption par le biais de règles visant une totale transparence
politique.
3. Séparation effective des pouvoirs publics.
4. Création de mécanismes de contrôle citoyen dans le cadre de l’exigence de
responsabilité politique.
D’une prise de position ambitieuse et combative sur la nécessité de taxer les transactions
financières, de réclamer des services publics de qualité et la fin des dépenses militaires, de
stopper les plans d’austérité et la paupérisation programmée de la population
européenne en général, et espagnole en particulier, nous arrivons ainsi à une série de
propositions principalement et presque uniquement basées sur la représentativité des
citoyens.
Les positions défendues à la Puerta del Sol se veulent par ailleurs apolitiques, et ont
tendance à nier toute assimilation à une idéologie basée sur l’axe traditionnel gauchedroite, ainsi qu’à prendre en compte la division de la société en classes sociales.1 Elles
laissent dès lors la place à un melting pot de revendications sociétales de tous horizons –
défense des droits des animaux, promotion des médecines douces et des techniques de
relaxation, et plus grave, appels au vote en blanc - , noyant quelque peu ce que l’on
pourrait considérer comme le noyau de toute dynamique révolutionnaire, à savoir la
volonté de construire solidement et collectivement une alternative de gauche au système
en place. Car si le mode de fonctionnement du campement est effectivement
révolutionnaire par sa capacité à s’organiser en totale autogestion, la raison d’être même
de cette occupation permanente de l’espace public, outre celle d’exister en tant que
telle, semble s’étioler dans un flou peu constructif.
Cette dispersion idéologique se faisait ressentir lors de la manifestation de soutien aux
« indignados » de la Plaza Catalunya (Barcelone), qui bien que vive, chaleureuse et
rassemblant plusieurs milliers de personnes, consistait davantage en une addition peu
structurée de slogans divers qu’en un réel « mouvement » uni collectivement dans un
même désir de transformation de la société.
Parmi ces slogans, revenait notamment régulièrement l’appel à ne pas voter. Bien que
sous-tendu par une impression de non prise en compte des revendications citoyennes par
les partis en place, ce déni total de la démocratie représentative est à la fois dangereux
et contre-productif, laissant la plupart du temps (et ce fut le cas lors des élections
régionales de ce 22 mai) le champ libre au retour en force d’une droite de plus en plus
offensive et décomplexée.
1
Cf manifeste du mouvement 15-M, ci-dessous.
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 Espoirs de cause : les assemblées populaires de quartiers, ou la réinvention de
la démocratie.
A côté du centre névralgique de la Puerta
del Sol, symbole du début de l’initiative 15M, s’est développée une dynamique dont
l’intérêt n’a d’égal que la fertilité en termes
de réflexions et de propositions. Il s’agit des
assemblées populaires de quartiers, et nous
dirions même de villes, car la tenue de
celles-ci dépasse déjà les frontières de la
capitale.
L’initiative « toma los barrios » (littéralement,
« prends les quartiers ») a découlé de façon
logique des assemblées générales qui
tiennent presque quotidiennement sur la
Puerta del Sol depuis le 15 Mai.
L’objectif de cet essaimage est d’une
part, de faire s’étendre le mouvement de
contestation le plus largement possible
en permettant aux habitants de tous les
points de Madrid de participer aux
assemblées, et d’autre part d’amener au
niveau des quartiers le processus de
réflexion collective sur ce qu’il serait
nécessaire
de
mettre
en
place
localement en vue d’améliorer pour
toutes et tous la vie en ville, en société
Assemblée populaire dans le quartier de Tetuán
Samedi 28 mai, à partir de midi, pas moins de 120 assemblées se sont ainsi tenues aux
quatre coins de Madrid, jusque dans les bourgades les plus reculées de la périphérie,
rassemblant entre 30 et 800 personnes, selon l’ampleur de la localité.
Focus sur l’assemblée du quartier de Tetuán, au Nord de la ville.
Midi. Sur une petite place en partie ombragée bordant l’avenue principale du quartier,
plusieurs centaines de personnes sont déjà rassemblées. Comme à la Puerta del Sol, rien
qui ne puisse faire penser à une homogénéité de population présente. Nous nous
trouvons au contraire au sein de ce que l’on pourrait considérer un échantillon
représentatif de toutes les couches et sphères de la population : enfants, personnes
âgées, jeunes, quarantenaires et cinquantenaires de tous parcours et de toutes
professions. Une partie du quartier est cependant très peu présente : les immigrés, qui
représentent pourtant un fort pourcentage des habitants de cette zone. La peur d’être
appréhendés par la police semble faire partie de l’explication de cette nonparticipation.
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Une personne se lève et prend la parole au micro : « pour mener à bien cette
assemblée, il faut un modérateur, quelques passeurs de paroles équipés d’un micro
volant, deux secrétaires chargé-e-s de synthétiser le contenu du débat et d’en rapporter
les conclusions à l’assemblée générale de la Puerta del Sol de ce dimanche 29. »
Se proposent spontanément plusieurs personnes. Après un rappel de l’obligation de
consensus pour toute prise de position et/ou décision, et un récapitulatif des règles de
suivi des débats (gestes spécifiques signifiant l’approbation, le désaccord, la lenteur ou
non clarté de l’exposé, la demande de hausser le volume) permettant la tenu de ceuxci dans l’écoute, le respect et la plus grande possibilité d’expression possible,
l’assemblée peut commencer.
Seront débattus ainsi pendant plus de deux heures, dans une écoute hors du commun,
les premiers points considérés comme essentiels à l’établissement d’un programme de
poursuite de ces assemblées : durée de l’assemblée ; tour de table des sujets à aborder ;
périodicité de l’assemblée ; lieu de celle-ci ; volonté ou pas de continuer le campement
sur la Puerta del Sol.2
Un grand nombre de thèmes, très variés, sont soulevés : la nécessité d’installer
davantage d’aires de jeux pour les enfants et d’espaces de recyclage des déchets, la
demande de démission du bourgmestre de la municipalité, l’accès au logement, la
protection des sans-papiers, le soutien à l’ensemble des mouvements dérivés du 15-M
qui fleurissent en Espagne et en Europe, la volonté d’améliorer la tenue même de ces
assemblées en prévoyant de quoi faire de l’ombre, un espace réservé aux enfants, plus
de micros, …
A 14h passées, l’assemblée est levée. « Nous étions entre 500 et 550 », crie quelqu’un. Les
applaudissements fusent, sourires sur toutes les lèvres.
Ce qui n’a pas fait consensus ne sera pas présenté à l’assemblée générale du
lendemain à Sol
 Retour à la Puerta del Sol, le dimanche, pour l’assemblée des assemblées :
24 heures après que se soient tenues les 120 assemblées de quartiers, arrive le moment de
la mise en commun dans le cadre d’une assemblée générale.
L’objectif poursuivi est d’avoir une vision globale des positions adoptées, et également, au
terme de ces discussions, décider du devenir du campement de la Puerta del Sol.
Sous un soleil de plomb, des milliers de personnes s’installent dans le large espace préparé
par l’équipe « infrastructure » du campement, qui a prévu tout le nécessaire à une
parfaite installation. La qualité de celle-ci, compte tenu du peu de moyens en présence,
est impressionnante en termes d’aménagement de l’espace, de couverture sonore, de
visibilité, de chemins de passage, d’accès à tous-tes et de relatif confort (bouteilles d’eau,
vaporisateurs et crème solaire distribués en permanence par les volontaires du
campement, personnes disponibles en permanence en cas d’urgence ou de besoin, …).
2
Les conclusions des assemblées de quartier n’ayant pas mené au consensus sur ce point, la décision de
maintenir le campement sera finalement voté à main levée lors de l’assemblée générale de la Puerta del Sol le
lendemain soir.
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Se succéderont ainsi au micro, pendant 4 heures, et toujours dans une écoute exemplaire,
les porte-parole de toutes les assemblées de quartier, assemblées qui pour la plupart ont
décidé de se réunir de façon hebdomadaire.
Les propositions foisonnent, de la plus localisée (nécessité d’installer des containers de
recyclage dans telle partie de tel quartier) aux plus globales (abolition de la monarchie,
taxation des transactions financières, non participation aux guerres, …).
Cette nouvelle dynamique impulsée dans les quartiers semble imposer aux partisans
indécis de la mouvance du « plus petit dénominateur commun » la nécessité d’une
radicalisation du débat et des prises de positions. On sent ici un regain énergique dans la
volonté de construire collectivement et concrètement les prémisses d’une société plus
juste et plus solidaire, certes dans le respect des positions de chacun-e, mais également
dans la reconnaissance de la nécessité d’une réponse alternative globale.
 Conclusion
Le processus est – et sera- lent, car nous assistons ici à la renaissance de la démocratie
sous sa forme la plus élémentaire, niant toute représentativité et institutionnalisation,
n’acceptant comme décisions que celles adoptées via un parfait consensus, se
positionnant souvent à côté de la réflexion politique et non comme partie intégrante de
celle-ci.
Cette démarche est symptomatique d’une société (tant espagnole qu’européenne) dans
laquelle les citoyens se sentent de plus en plus éloignés de la chose publique, de plus en
plus impuissants face à des décisions prises en leurs noms et sur lesquelles ils n’ont pourtant
aucun moyen d’action, ni aucun mot à dire. Cet éloignement institué d’un agora
politique, qui se devrait d’être placé au centre des débats publics et de s’en inspirer, a
pour conséquences de susciter, tantôt une volonté d’intervention à la place de ces
politiques, tantôt un déni total de leur légitimité et un réflexe de détachement. Par làmême, ce décalage constitue une menace pour la démocratie. Les initiatives telles que
celles de la Puerta del Sol mettent plus que jamais en lumière ce sentiment d’impuissance
citoyen face aux décisions politiques, et constituent un avertissement de plus à nos
dirigeants dans une Europe où l’extrême droite revient dangereusement à l’assaut du
vide.
Dans une société où pour se faire entendre, il est souvent besoin de créer des espaces
médiatiques et de rencontres alternatifs, cette expérience et le gigantesque mouvement
qui en découle sont à considérer comme une pierre supplémentaire à l’édifice toujours à
construire d’un autre monde possible et nécessaire. C’est par la mise en œuvre
d’initiatives citoyennes et populaires de ce type qu’éclosent dans certains coins du
monde de petites et grandes oasis de solidarité, ponctuelles ou permanentes, instituées
ou spontanées. A titre d’exemple, citons l’instauration, à Porto Alegre (Brésil) depuis 1989,
de « budgets participatifs » dans les municipalités, selon le principe desquels « ce ne sont
pas les techniciens ou les dirigeants qui tranchent : c’est la population elle-même qui, au
travers d’un mécanisme maintenant bien rodé de débats, de consultations et de
décisions, définit le montant des recettes et des engagements financiers, décide où seront
effectués les investissements et selon quelles priorités ».3
3
Raul Pont, « L’expérience du budget participatif de Porto Alegre » in Le Monde Diplomatique, Mai 2000
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Les Forums sociaux mondiaux, qui depuis plus de dix ans sont organisés aux niveaux
mondial et local dans toutes les régions du globe, sont également des lieux où les citoyens
se réapproprient un espace public d’expression et d’action propice à l’éclosion
d’alternatives et au débat d’idées non cadenassées.
Il est indubitable que le mouvement des « indignados », par son ampleur et ses
répercussions dans l’Europe entière, est d’une importance historique. Cette prolifération
des initiatives du même type dans bon nombre de villes européennes, ainsi que la richesse
des débats tenus au niveau des quartiers, contribueront peut-être à donner aux
revendications du 15-M une teneur plus concrète, plus combative dans l’affirmation de
leur radicalité.4
Puissent les principes de « démocratie réelle » qui sous-tendent cette révolte véritablement
populaire constituer la clé de voûte d’un changement réel à bâtir.
Alice MINETTE (ULDP), Minervina BAYON (Promotion & Culture),
Geoffrey GOBLET, Jean SCHIFANO et José Antonio MELERFITE (Centrale Générale).
4 Entendons « radicalité » au sens étymologique du mot, à savoir le fait de prendre les problèmes à la racine. Il
s’agit de remettre en cause la logique même du système capitalise qui nous opprime, et pour cela un
changement de paradigme est nécessaire.
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Annexe
Manifeste du Mouvement 15-M « Democracia real ya »
Nous sommes des personnes normales et ordinaires. Nous sommes comme toi : des gens
qui se lèvent tous les matins pour étudier, pour travailler ou pour chercher du travail, des
personnes qui ont une famille et des amis. Nous travaillons dur tous les jours pour vivre et
donner un futur meilleur à ceux qui nous entourent. Certains d’entre nous se considèrent
progressistes, d'autres plus conservateurs. Croyants ou non, avec des idéologies bien
définies, ou apolitiques. Cependant nous sommes tous préoccupés et indignés par le
contexte politique, économique et social qui nous entoure, par la corruption des
politiciens, des chefs d'entreprises, des banquiers… par le manque de défense du
citoyen. Cette situation, nuisible au quotidien, peut être changée si nous nous unissons. Il
est temps de se mettre en marche, de construire ensemble une société meilleure. Pour
cela nous soutenons fermement ce qui suit :
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Les priorités de toute société avancée doivent être l'égalité, le progrès, la
solidarité, le libre accès à la culture, le développement écologique durable,
l’épanouissement, le bien-être du citoyen ;
Il existe des droits fondamentaux qui devraient être couverts dans ces sociétés tels
que le droit au logement, au travail, à la culture, à la santé, à l'éducation, à la
participation à la vie politique, au libre développement personnel ainsi que le
droit à la consommation des biens nécessaires pour mener une vie saine et
heureuse ;
L'actuel fonctionnement de notre système économique et gouvernemental ne
répond pas à ces priorités et représente un obstacle pour le progrès de
l'humanité ;
La démocratie part du peuple (dêmos=peuple ; kratos=le pouvoir) et dans cette
optique le gouvernement doit naître du peuple. Toutefois, dans ce pays, la
majorité de la classe politique ne nous écoute pas. Alors que ses fonctions
devraient être celles de porte-paroles de nos revendications auprès des
institutions, en permettant la participation politique des citoyens au moyen de
voies directes procurant ainsi un meilleur bénéfice pour l’ensemble de la société,
nous assistons à un enrichissement et à leur prospérité à nos dépends ;
Le besoin irrépressible de pouvoir de certains d’entre eux provoque une inégalité,
de la crispation et de l'injustice, ce qui conduit à la violence que nous rejetons. Le
modèle économique en vigueur, obsolète et antinaturel bloque la machine
sociale et la convertit en une spirale qui se consume en enrichissant quelques-uns
et en plongeant dans la pauvreté et la pénurie les autres. Jusqu'à l'effondrement
La volonté et la finalité du système est l'accumulation d'argent, la plaçant audessus de l'efficacité et du bien-être de la société. En gaspillant des ressources,
détruisant la planète, produisant du chômage et des consommateurs
malheureux ;
Les citoyens font partie de l’engrenage d'une machine destinée à enrichir une
minorité qui ignore tout de nos besoins. Nous sommes anonymes, mais sans nous,
rien de ceci n’existerait parce que nous faisons bouger le monde ;
Si comme société nous apprenons à ne pas confier notre futur à une rentabilité
économique abstraite qui n'est jamais favorable à la majorité, nous pourrons
éliminer les abus et les manques dont nous souffrons tous ;
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Une Révolution Morale est nécessaire. Nous avons mis l'argent au-dessus de l'Être Humain
alors que nous devrions le mettre à notre service. Nous sommes des personnes, non des
produits de marché.
Je ne suis pas seulement ce que j’achète, pourquoi et à qui je l’achète.
Pour tout ce qui précède, je suis indigné.
Je crois que je peux le changer.
Je crois que je peux aider.
Je crois qu’unis nous pouvons
Sors avec nous. C’est ton droit.
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