à la Maison de Solenn? - Maison des Adolescents

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à la Maison de Solenn? - Maison des Adolescents
Date : 01/06/2014
Pays : FRANCE
Page(s) : 114-116
Diffusion : (236124)
Périodicité : Mensuel
Surface : 278 %
Toutes les activités du mardi
ont lieu au 3eétage
de là Maison de Solenn.
\ V^^^
L\^H^
JÇ1
En psychomotricité, une
adolescente observe ses
lors d'un exerciced'improvisation.
consœurs
CASE PASSE COMMENT.
à la Maison de Solenn ?
BOULEVARDDE PORT-ROYALA PARIS,UN
ULTRA
MODERNE ATTIRE
LA MAISON DE SOLENN EST
UNE STRUCTUREDE
AUX ADOLESCENTS.
NOUS AVONS SUIVI DESPATIENTES
ANOREXIQUES,
BÂTIMENT
L'ŒIL.
Cette toile, présente
dans le hall, a été
réalisée par un
groupe de patients.
SANTÉ DÉDIÉE
EN
HÔPITAL
DE JOUR.
Céline Roussel -Photos:
William Beaucardet
QémeJ
Le groupe de parole, un moment
pour écouter, échanger, analyser.
ii/i
Tous droits de reproduction réservés
Date : 01/06/2014
Pays : FRANCE
Page(s) : 114-116
Diffusion : (236124)
Périodicité : Mensuel
Surface : 278 %
REGARDS CROISES Sesoigner
"
Lejeu du miroirlorsde l'atelier
de psychomotricité.
e mardi estun jourspécialpour Marthe,
Célia,Sarah, Amalia, Clémentine,Giulia, AmandineetSolène.Cescollégiennes
et lycéennesne sont pas à l'école mais
en hôpital de jour à La Maison de Solenn,à Paris,
pour soignerleur anorexiementale.« Ce dispositifest
destinéà desjeunesfillesparallèlementsuiviesenconsul
tations,dont l'état est stable.Il s'étalesur un trimestre,
uneà deuxfois », expliqueCorinne Blanrenouvelable
chet-Collet,médecin des adolescentes,spécialistedes
troubles du comportement alimentaire. Ici, pas de
blouse blanche, et le tutoiement est de rigueur pour
tout lemonde.L'ambianceseveut décontractée,mais
les huit adolescentesstressentun peu en attendant
leur entretien individuel, « bilan dela semaine» avec
ValérieFronton,infirmièreréférente.« Valérieva nous
peser.Je sais quec'estpourmonbien.Mais ça restelepire
pour moi! », avoueSolène,13 ans.
Seréconcilier avecson corps
Lateliercuisine,animépar
HélèneBuysshaert,diététicienne^
(àdroite),restel'un desplu
redoutésmr lesfilles.
Dans la sallede danse,Hélène Bureau, psychomotricienne, attend lesjeunesfillespour l'atelier baptisé
"Comovo",abréviationdesmots "corps,mouvements,
voix".«Lambitionestdelesaidera seréapproprierleur
corps,leurvoixet l'espace,maissurtout,onveutqu'elles
s'amusent», précise-t-elle.L'enthousiasmen'est pas
encoreau rendez-vousdu côté des adolescentes,qui
acceptentpéniblement le premier jeu.
Deux par deux et face à face,l'une reproduit les
mouvements de sa partenaire en miroir. L'exercice
suivant consiste à mimer des actions à l'aide d'un
bâton. Célia, 15 ans, s'ensert comme d'une brosse
à dents. Sarah, 14 ans, le transforme en cravache,
Marthe, 18ans,en clubde golf,et Clémentine,15ans,
en cigarette. Entraînant les premiers sourires de la
journée. Puis, en ligne, chacune termine une phrase
commençantpar «J'accuse», àfortevoix eten variant
lesémotions.Ce jeureste le plus apprécié.
>» Ce qu'ilfaut savoir
La Maison de Solenn, ou Maisondes adolescents de l'hôpital
Cochin (AP-HP),à Paris, a été créée en 2004, en souvenir de
Solenn Poivre d'Arvor qui, touchée par l'anorexie,s'estsuicidée
à l'âge de 19ans. Historiquement dédiéeà la prise en charge de
cette maladie, cette structure, dirigée par le Pr Marie-Rose
Moro, accueille tous les adolescents quel que soit leur trouble.
Espaced'information et d'orientation, tout jeune peut, seul ou
accompagné,rencontrer un éducateur gratuitement et sans
rendez-vousettrouver des réponses à ses questions.
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i REGARDSCROISÉS
"On mise sur le plaisir d'être
ensemblepour
manger"
leur redonner Venviede
Un mardi sur trois, le groupe participe à un
ateliercuisine. Leprincipe : préparer un menu de
A à Z, puis le déguster ensemble. « Le thèmedu
repasetlemenusontétablisaveclesfillesune semaine
avant la séance,de manièreà cequ'il nesoitpas source
destresspour elles.Onmiseensuitesurl'effetdegroupe,
leplaisir d'êtreensemble
pour leurredonnerl'enviede
manger », note Hélène Buysshaert,diététicienne.
Verbaliser ses angoisses
Aujourd'hui, place au Mexique, avec un guacamolesuivid'un chili con carneavecdu riz, puis
d'une mousse au fromage blanc. « Mais ce n'est
pas très équilibré,puisqu'ily a deuxféculents,le riz
et lesharicotsrouges? », remarque Marthe. « En
effet.Mais dans ceplat, il y a peu de viandepar
portion.Lesharicotsrougesvontdonccomblerl'apport
enprotéines», répond ladiététicienne.Lesgroupes
de travailseforment.À première vue, pasd'appré
hensionau moment d'éplucherlesoignons,couper
lestomates,mélangerla viande.Sarahconfiemême
aimer cuisiner, surtout les pizzas et lesgâteaux.
Solène,elle,aime fairela cuisinemais uniquement
pour lesautres. « Là, ça neméfait rien,maislorsque
ma mèrecuisinepour moi,je ne peuxpas ». En réa
lité, la plupart des fillesn'aiment pas cet atelier,et
prennent sur ellesjusqu'à la fin. À table, les unes
ne toucheront pas l'entrée.Les autres, pas le plat.
Certaines, aucun des deux.
À 14h 30, vient un temps de relaxationanimé
par AntoinePerrier,psychothérapeute.L'enjeu:faire
vivre à ces adolescentes,sous contrôle en perma
nence, une expériencede lâcher-prise.« Dans la
à unrelâchement
pratique,ils'agitd'accéder
musculaire,
pouvantmenerà unedétentementale»,souligne-t-il.
Puis lors du groupe de parole, toutes reviendront
sur lafaçondont ellesvivent « cesmardis », faceà
Jordan Sibéoni, psychiatre. Clémentine, Amalia,
13 ans, et Sarah annoncent sans détour, « nepas
aimer êtrelà ». «Je penseaux coursqueje vaisdevoir
rattraper.Et puis je saisquel'onva medemanderde
manger », déclare Clémentine. Célia estime que
cette journée la « recharge» quand même. Lorsdu
débriefing en présencede leur médecin réfèrent,le
Dr Corinne Blanchet-Collet,chaque adolescente
notela journée: 13 pour Marthe et Solène.10pour
Amalia, 8 pour Clémentineet Sarah. Troisjeunes
filles au regard absent que verra le Dr BlanchetColletentête à tête, juste aprèsavoirdit «À mardi
prochain! », à toutes lesautres. *
'
Civique
participante
répondà un
c/uestionnaire
à h findel'atelier
ctivrine.Exemple
decfuestion:
"Avez-vous
des
difficultésà
toucherles
aliments?Si
lestftiek?"Laoui,
journée s'achève
aveclegoûter.
Les 4 points pratiques
'
1.Pour qui? Les adolescents de 11 à 18ans. Les prises
en charge se répartissent en 3 services : "Anorexie"Pédiatrie"
troubles du comportement
alimentaire",
"Psychiatrie"
(diabète, obésité] et
(dépression, tentative
de suicide, phobie scolaire, crises familiales). Des
consultations sont proposées à des familles ayant
adopté un enfant à l'étranger et des consultations
transculturelles aux familles de migrants en difficulté.
2. Comment? En consultations, en hôpital de jour
ou en hospitalisation à temps plein ou séquentielle,
selon la gravité de la pathologie.
3.Combien? La Maison de Solenn fonctionne sous le
régime général de l'AP-HP. Pour toute consultation
ou hospitalisation, une partie des frais est prise en
charge par la Sécurité sociale, l'autre par la mutuelle.
4. Où? Il existe des Maisons des adolescents partout
en France. Annuaire sur http://www.sante.gouv.fr/
maisons-des-adolescents.html
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