Ce qu`il faut savoir sur les régimes amaigrissants - Eki-Lib

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Ce qu`il faut savoir sur les régimes amaigrissants - Eki-Lib
Groupe de Réflexion sur l’Obésité et le Surpoids
Association selon la loi de 1901
Le régime Atkins
Ce qu'il faut savoir sur les régimes amaigrissants
En 1975, le docteur Atkins préconise, pour maigrir, une alimentation
dépourvue de glucides. Sont donc bannis tous les féculents (pâtes, semoules,
riz, maïs, pommes de terre, le pain, les biscuits et les céréales), les
légumineuses (haricots, flageolets, lentilles, pois, fèves), tous les fruits, ainsi
que les laitages contenant du lactose, tels les laits et laits gélifiés ou
emprésurés. Il va sans dire que le sucre et tous les produits sucrés le sont
aussi. Les fromages, les yaourts, la crème et le beurre en revanche restent
autorisés, puisque le sucre du lait, le lactose, disparaît, subissant une
fermentation et une acidification.
En revanche, il n’y a aucune limitation sur les aliments riches en lipides ou en
protéines et l’alimentation se compose donc de viandes, de poissons, d’œufs,
de fromages. Les huiles, beurres, margarines et autres mayonnaises peuvent
être consommés sans limitation. On peut aussi consommer à chaque repas 50
g de légumes verts. Les boissons sucrées ou alcoolisées sont interdites, mais
pas les boissons édulcorées.
L’un des éléments de séduction du régime Atkins est sa simplicité quasi
biblique : point n’est besoin d’apprentissage diététique ou d’imagination de
recettes légères. Il suffit de savoir départager les aliments permis et
interdits; ceux de la première catégorie peuvent être consommés à satiété.
Bien entendu, ce régime séduit tout particulièrement les amateurs de
viandes et de fromages, puisque ces denrées constituent l’essentiel de
l’alimentation.
Efficacité à court terme : Durant la première semaine, la perte de
poids atteint souvent deux à quatre kilos. Les semaines suivantes,
l’amaigrissement se poursuit sur un mode plus ralenti.
Confort physique : Il est bon dans un premier temps, si l’on excepte
l’obligation de consommer son fromage sans pain et la crème fraîche à la
petite cuiller. La faim tend en effet à disparaître, tout d’abord parce que
l’organisme fabrique des corps cétoniques à partir des graisses, nouveau
carburant qui remplace le glucose. Or l’abondance de corps cétoniques
réduit l’appétit. Une seconde raison de cette faim moindre est la
lassitude du goût entraînée par la monotonie. On ne s’amuse qu’un temps à
avaler de la viande par quartier ou de la crème fraîche à la louche
Mais comme l’insuffisance de glucides dans l’alimentation réduit la
richesse des muscles en glycogène, les performances et la résistance
physique s’amenuisent. Il ne faut pas espérer effectuer de longues
randonnées ou bien jouer des heures au tennis, tout en suivant un régime
Atkins
Confort social : le régime Atkins oblige à écarter nombre d’entrées, une
bonne part des aliments servis en accompagnement des plats principaux,
la quasi-totalité des desserts. La plupart des plats traditionnels
(cassoulet, couscous, spaghettis bolognais…) sont exclus. Bien des
personnes, dans ces conditions, renoncent autant que faire ce peut à
prendre des repas en société
Plaisir à manger : Comme on l’a dit plus haut, celui-ci diminue
progressivement
Mécanisme prétendu : Le docteur Atkins considère que la production de
corps cétoniques par le foie, à partir des graisses, puis leur évacuation
par le rein dans les urines sont deux mécanismes indispensables à
l’efficacité de la méthode : c’est tout d’abord, comme on l’a dit, la
présence de corps cétonique dans le sang qui réduit l’appétit.
Ensuite, toujours selon Atkins, leur fuite dans les urines représente une
déperdition calorique bien moins fatigante que l’exercice physique.
Le régime Atkins autorise certes quelques aliments glucidiques —
fromage blanc, pain, fruits — à partir de la deuxième semaine, mais en
quantité très faible, de telle sorte que l’organisme continue à être obligé
de produire ces fameux corps cétoniques. Le docteur Atkins recommande
même de vérifier leur présence dans les urines au moyen des bandelettes
réactives habituellement utilisées par les diabétiques. S’ils viennent à
disparaître des urines, il convient alors de réduire la ration glucidique
pour obliger l’organisme à en fabriquer à nouveau
— Mécanisme réel : la faim s’étiolant du fait de l’augmentation des
corps cétoniques et de la lassitude gustative, sans vraiment le
rechercher, on mange moins en valeur calorique.
— — Durée prévue du régime : Le bon docteur Atkins rappelle à ses
lecteurs que « vous ne pouvez pas manger comme les personnes
normales et espérer rester mince (…) il s’agit d’un mode d’alimentation
définitif ».
— Arrêt du régime : Après une telle restriction, la réintroduction
des glucides dans l’alimentation entraîne le plus souvent le retour des
kilos perdus, sur un mode foudroyant.
— — Conséquences sur l’organisme : Comme celui-ci a impérativement
besoin de glucides pour fonctionner, quand ceux-ci ne sont pas
apportés par l’alimentation, il doit alors dégrader les protéines de la
masse maigre, c’est-à-dire surtout les muscles, et fabriquer à partir
de leurs acides aminés le glucose dont il a besoin. Le régime Atkins ne
fait donc pas perdre que de la graisse, mais aussi du tissu noble, en
particulier du muscle.
— Le régime Atkins est en outre trop pauvre en fruits et légumes, ce qui
entraîne une carence en vitamines, en sels minéraux et en fibres.
Fatigue physique et psychique ainsi que constipation sont donc
rapidement au rendez-vous.
— Enfin et surtout, en raison de sa richesse en graisses, ce régime
entraîne une augmentation excessive du cholestérol sanguin, qui
favorise l’athérosclérose. Il est donc des plus dangereux pour le cœur
et les artères, au point que le régime Atkins s’est vu décerner
l’appellation
de
"passeport
pour
l’infarctus
Le régime Scarsdale
Mis au point par un cardiologue américain, le docteur Tarnower, le régime
Scarsdale propose un programme amaigrissant de quatorze jours. Le petit
déjeuner est invariablement composé d’un demi-pamplemousse, d’une tranche
de pain enrichi en protéines ou d’une tranche de pain complet, de café ou thé
à volonté. Déjeuners et dîners sont composés d’une viande maigre ou d’un
poisson, associés à un légume consommé froid ou chaud selon le cas. Quatre
fois par semaine, on ajoute au repas un demi-pamplemousse, ou un fruit de
saison. Deux fois par semaine, on n’a droit qu’à une salade de fruits en guise
de repas. Une fois par semaine, le plat principal consiste en deux œufs, mais
avec du fromage blanc. Enfin, le vendredi midi, on n’a droit qu’à une portion
de fromage avec une seule tranche de pain. Les légumes autorisés ne sont pas
limités en quantité. Les viandes, poissons et légumes sont cuisinés sans
matière grasse. Les salades sont préparées sans une goutte d’huile, mais on
peut y mettre du vinaigre, du citron, des épices, de l’ail et des oignons, du sel
et de la moutarde. Quant aux boissons, alcools, lait et jus de fruits, ils sont
prohibés. Reste donc l’eau, minérale, du robinet, ou les boissons édulcorées
qu’on peut consommer à volonté.
Le Dr Tarnower propose on connaît un régime Scarsdale “pour gourmets", un
régime Scarsdale à tendance exotique, dans lequel les plats rappellent
vaguement les traditions alimentaires de différents pays, un régime
Scarsdale "économique" pour ceux qui souhaitent limiter les frais de
nourriture, et enfin un régime Scarsdale pour végétariens.
Toutes les deux semaines, un régime destiné à "stabiliser la perte de poids"
prétend proposer un "éventail plus large d’aliments", mais continue à
interdire tous les féculents (pâtes, riz, pommes de terre, maïs, légumes
secs), tous les desserts sucrés, toutes les matières grasses ajoutées, le
chocolat, la charcuterie et la plupart des laitages. Ce régime de stabilisation
autorise les alcools non sucrés, vin ou whisky, à raison d’un verre par jour,
deux tranches de pain par jour, trois œufs par semaine, les confitures sans
sucre et les noix.
— Efficacité à court terme : Bonne, quoique pas toujours aussi
importante que ne l’affirme l’auteur, qui se vante de faire perdre cinq
cents grammes par jour en moyenne.
— Confort physique : Bon
— Confort social : Comment avoir encore des amis? À moins, bien
entendu, de ne fréquenter que des personnes "scarsdalisées"…
— Plaisir à manger : Tout paraît bon quand on a faim.
— Mécanisme prétendu : On mange moins en valeur calorique.
— Mécanisme réel : C’est bien vrai…
— Durée prévue du régime : L’auteur préconise une alternance régulière
de “régimes” et de “phases de stabilisation” ad vitam æternam.
— Arrêt du régime : Le docteur Tarnower affirme que 90 % des
patients maintiennent leur poids après avoir suivi son régime. Seuls
ceux qui ont la foi chevillée au corps le croient. En fait, c’est vraiment
incroyable ce qu’il est possible de regrossir vite avec ce régime, ou un
autre d’ailleurs.
— Conséquences sur l’organisme : Suivre le régime Scarsdale durant
quatorze petits jours ne présente pas de danger pour l’organisme, car
les apports en protéines, en sels minéraux et en vitamines sont
globalement suffisants.
Cependant, sa prolongation ou sa fréquente répétition, tel que le propose
l’auteur, conduisent à plusieurs déséquilibres nutritionnels du fait de la
quasi-absence d’acides gras essentiels (toutes les huiles sont prohibées…),
de la carence en calcium (les laitages sont insuffisants), de certains repas
dépourvus de protéines (mardi et samedi midi), ce qui conduit à la longue à
une perte de masse maigre.
— Ces légers détails, de peu d’importance sur une courte durée,
finissent par avoir un retentissement sur la santé à moyen et long
terme.
Ce régime ne peut donc convenir qu’aux personnes qui sont d'accord
pour reprendre les kilos perdus (avec une prime) à l'arrêt du régime.
Le régime Mayo
Très en vogue il y a une dizaine d’années, le régime Mayo n’a pas le moindre
rapport avec la clinique Mayo, l’une des cliniques médicales les plus
renommées des États-Unis. Il s’agit d’un régime très directif, d’une durée de
deux semaines. Les matières grasses, les sucres, les féculents, les légumes
secs et les laitages sont interdits. Les fruits sont en faible quantité. Les
boissons autorisées se résument aux thés, cafés et eaux
— Petit déjeuner : un pamplemousse et deux œufs durs la première
semaine. Une biscotte (sans beurre ni confiture) la deuxième. Thé ou
café à volonté, non sucrés
— — Déjeuners et dîners : sur les vingt-huit déjeuners et dîners qu’on
aura l’occasion de faire durant les deux semaines de régime, on
prendra soit deux œufs (11 repas), soit une viande (10 repas), soit un
poisson (3 repas), soit un yaourt (1 repas), soit un fruit (2 repas). On
pourra manger ce qu’on veut le dernier dîner de la seconde semaine.
Les légumes d’accompagnement ne sont pas limités en quantité, mais le
choix en est restreint puisque seuls les céleris, tomates, concombres,
épinards et salades sont permis. Les boissons édulcorées sont
autorisées sans limitation.
— Efficacité à court terme : Comme il n’apporte que 800 à 1 000
calories par jour, le régime Mayo est efficace au début et on perd
allégrement cinq à sept kilos si on le suit à la lettre pendant deux
semaines. Ce résultat est souvent atteint, car ce type de régime
simple et dépouillé, dans lequel il n’y a pas à réfléchir, est finalement
aisé à pratiquer sur une courte durée.
— Confort physique : Le fait qu’on mange des légumes (riches en fibres
alimentaires) permet de créer une sensation de remplissage gastrique.
Mais ce type de régime engendre rapidement une certaine fatigue
physique.
— Confort social : Mieux vaut s’enfermer chez soi à double tour et ne
plus voir personne.
— Plaisir à manger : Qui ira prétendre que grillades, œufs,
pamplemousses et concombres ne sont pas des aliments délicieux?
— Mécanisme prétendu : On maigrit, car on mange moins
— Mécanisme réel : On ne saurait mieux dire.
— Durée prévue du régime : Quinze jours
— Arrêt du régime : Rien n’est prévu pour l’"après régime" et les kilos
perdus ne peuvent donc que revenir au galop. Reprise de poids
inéluctable.
— Conséquences sur l’organisme : Il s’agit d’un régime particulièrement
déséquilibré. La permutation, deux fois par semaine, entre aliments
protidiques (viandes, poissons ou œufs) et fruits est des plus sottes,
aboutissant à des repas sans protides. La quantité globale de protéines
si on suit le régime à la lettre est de 30 à 60 g de protéines selon les
jours, alors que les besoins sont proches de 80 g.
On perd donc de la masse maigre, c’est-à-dire du muscle, et on se fatigue
vite. L’insuffisance en produits laitiers et en fruits aboutit à des
carences en potassium, en calcium et en vitamines, dangereuses lorsque le
régime se prolonge ou lorsqu’on ne le complète pas au moyen de
suppléments médicamenteux. De plus, la richesse relative en lipides et en
cholestérol (régime riche en œufs et graisses animales) favorise
l’athérosclérose et les maladies cardio-vasculaires si le régime Mayo est
poursuivi longtemps. Enfin, le petit déjeuner est trop frugal, ce qui
occasionne souvent de la fatigue dans la matinée
En conclusion, on ne saurait que déconseiller de maigrir à la façon Mayo.
Les régimes dissociés
Le principe des régimes dissociés consiste à espacer les heures de
consommation des diverses classes d’aliments : on peut manger de tout, mais
pas au cours d’un même repas. Selon les promoteurs de ces méthodes, les
aliments consommés isolément, même absorbés en grande quantité, ne
sauraient se transformer en graisses et on ne grossirait que lorsque
surviendraient certaines combinaisons alimentaires. On pourrait donc
consommer autant de viande de veau ou de riz que l’on voudrait, mais surtout
jamais de blanquette de veau.
— Le régime Antoine. Il consiste en cures d’une semaine, à répéter
toutes les trois semaines ou tous les mois. Au cours de la semaine de
régime, chacun des six premiers jours est consacré à une, et une
seule, famille d’aliments (viandes, œufs, laitages, poissons, légumes ou
fruits). Le septième jour est libre et on mange comme on l’entend,
dissocié ou non.
— Le régime Shelton. Il propose une dissociation rythmée non sur une
semaine, mais sur une journée : on mangera par exemple des laitages
au petit déjeuner, de la viande au déjeuner et des légumes au dîner.
Les œufs, les poissons et les fruits sont également autorisés, du
moment qu’on ne déroge pas au principe de dissociation.
— On évitera formellement les plats composés, tels le saumon aux
pommes de terre, la tarte aux fruits ou le roquefort sur une tranche
de pain de campagne
— Efficacité à court terme : L’amaigrissement est net, tout au moins
les premières semaines. Comme les autres "régimes miracles", les
régimes dissociés demandent certes de la discipline, mais aucun effort
d’apprentissage diététique ou d’imagination culinaire. Ils sont de ce
fait aisés à suivre, en tout cas, sur de courtes périodes
— Confort physiques : Le fait de s’en tenir à un seul type d’aliment par
repas diminue notablement l’appétit. Mais ce type de régime engendre
à la longue une certaine fatigue physique
— Confort social : Les régimes dissociés rendent problématique toute
vie sociale car ils imposent un mode alimentaire radicalement
différent du mode traditionnel, répartissant les repas en entrée, plat
principal avec sa garniture, fromage et dessert.
— Plaisir à manger : La lassitude survient vite dès lors qu’on est
condamné à ne manger qu’un seul aliment à la fois.
— Mécanisme prétendu : Pour expliquer la perte de poids provoquée par
les régimes dissociés, leurs promoteurs invoquent souvent un
mystérieux chemin métabolique qui ferait se dissiper graisses et
sucres des aliments lorsque ceux-ci sont consommés séparément.
Malgré toute la puissance de persuasion mise à développer ces
arguments, il faut bien avouer que cette voie métabolique est
totalement mythique. Même consommés de façon isolée, en excès,
lipides ou glucides seront bel et bien stockés sous forme de graisses
dans les cellules adipeuses
— Mécanisme réel : La réalité est qu’un régime dissocié aboutit
rapidement à une moindre consommation alimentaire, mesurée en
valeur énergétique, tout simplement en raison de la lassitude
alimentaire. Comment par exemple, lors de la journée durant laquelle
on se consacre aux viandes corps et âme, véritablement apprécier le
gigot du soir après le steak du petit déjeuner et le poulet du
déjeuner? De même, les journées "fruits" ou "laitages" engendrent une
saturation rapide. La lassitude alimentaire existe aussi dans le régime
Shelton, à un degré légèrement moindre
— Durée prévue du régime : Le régime Antoine se pratique une semaine
sur trois à quatre. Le régime Shelton n’indique pas de limitation
temporelle
— Arrêt du régime : En dehors des périodes dissociées, le candidat à
l’amaigrissement aura bien du mal à ne pas regrossir, car le régime
dissocié n’étant pas pédagogique du point de vue de la diététique et
des habitudes alimentaires, il ne peut que revenir à son alimentation
antérieure, celle qui a entraîné le surpoids.
— Conséquences sur l’organisme : Le régime Antoine aboutit à une
absence d’aliments protéiques pendant deux journées par semaine, lors
des journées "légumes" et "fruits". La perte de poids porte dans ces
conditions autant sur les muscles et les viscères que sur la graisse
corporelle. Cependant, si ces deux journées ne se suivent pas, il n’y
aura pas péril en la demeure, quoique cela soit tout de même cause de
fatigue anormale et favorise une reprise de poids à l’arrêt du régime,
par réduction de la masse maigre et des besoins énergétiques
corporels. Ce problème est moins flagrant dans le cadre du régime
Shelton, puisque chaque journée apporte des protéines.
En ce qui concerne vitamines et sels minéraux, les régimes dissociés
autorisant des quantités importantes de fruits et de légumes, l’apport est
globalement suffisant et on ne risque pas de carence.
Le régime Montignac
Michel Montignac se présente comme un ancien gros déçu par l’inefficacité
des méthodes habituelles, qui s’est donc résolu à inventer le sienne propre
et, celle-ci semblant lui réussir, l’a donc proposée au reste du monde. Depuis
la fin des années 80, il expose dans ses écrits diverses notions de nutrition
en tous points irréfutables, telles que la classification des aliments
glucidiques selon l’index glycémique, l’intérêt des fibres dans les régimes
amaigrissants ou la responsabilité d’une alimentation trop riche en graisses
ou en sucres rapides dans l’obésité. À partir de là, cependant, Montignac
infère arbitrairement diverses extrapolations de nature bien plus
contestable. Ainsi, selon lui, "les responsables de la constitution anormale
des graisses de réserve ne sont pas les acides gras (…) mais les mauvais
glucides". Il conclut que, lorsqu’elles sont mangées sans être accompagnées
de glucides, les matières grasses ne sont pas stockées. Il semble bien qu’un
tel point de vue ne soit partagé par personne dans la communauté
scientifique
Tout cela aboutit en définitive à une variante de régime dissocié, dans lequel
le sucre, le pain et la pomme de terre sont diabolisés.
Certains aliments sont totalement interdits : le sucre et les aliments en
contenant, les pommes de terre, betteraves, carottes, les aliments qui
contiennent à la fois des glucides et des lipides, tels les avocats, les pommes
de terre frites (doublement pécheresses…), les noix, les noisettes, le
chocolat. Les fruits ne peuvent être consommés aux repas, mais on peut en
manger entre les repas. Les céréales (riz, pâtes, pain, céréales de petit
déjeuner) doivent être brutes, non raffinées, afin de réduire l’index
glycémique et prises sans complément lipidique : pas de gruyère sur les pâtes,
pas de beurre ou de margarine sur les tartines. Les aliments riches en lipides
ou en protéines sont tous autorisés du moment qu’ils ne contiennent pas de
glucides : on peut donc manger des œufs, des fromages, des viandes, des
poissons, des matières grasses sans limitation de quantité.
En ce qui concerne le lait, aliment mêlant traîtreusement du lactose, un
sucre, et des matières grasses, seul le lait écrémé est autorisé. Le vin et les
autres alcools sont interdits au début, mais la suite du régime s’assouplit et
autorise trois verres de vin par jour. En revanche, la bière, les apéritifs et
digestifs restent proscrits, de même que les sodas sucrés. Les édulcorants
sont tolérés, quoique déconseillés.
Les repas doivent être planifiés de façon rigoureuse à partir des aliments
autorisés, afin d’éviter toute prise de glucides et de lipides concomitante. Le
repas montignacien numéro un se compose donc d’un aliment protéique,
viande, poisson ou œufs, de légumes verts (pas de féculent ou autre légume
sec) et de fromage, le tout sans pain. Les quantités ne sont pas limitées et
tout cela peut être cuisiné et assaisonné de matières grasses (beurre, huiles,
margarines), là aussi sans limitation : on est très proche du régime Atkins. Un
dessert est autorisé à condition qu’il ne contienne aucun glucide : farine,
sucres, chocolat et fruits sont exclus de sa composition. Un second type de
repas (deux à trois fois par semaine) autorise les glucides, mais exclut cette
fois-ci les graisses : on peut donc manger pain, féculents, légumes secs,
légumes verts (sans graisses de cuisson ou d’assaisonnement), mais pas
viandes, poissons, œufs et fromages.
— Efficacité à court terme : Bonne
— Confort physique : La sensation de faim est le plus souvent modérée
du fait de la monotonie des repas, de la richesse en fibres et de la
possibilité de manger à volonté les aliments autorisés. En revanche,
comme le régime est pauvre en glucides, on est souvent fatigué.
— Confort social : Ce régime est généralement bien vécu par les gros
mangeurs, puisqu’on peut manger autant qu’on veut dès lors que l’on ne
mélange pas glucides et protides. On peut aussi manger sans trop de
problème au restaurant ou chez les amis, puisqu’il s’agit surtout
d’écarter le pain et certaines garnitures de plats protéinés. Il faut
cependant savoir renoncer aux desserts.
— Plaisir à manger : Quoi qu’en dise l’auteur, il est quelque peu
amoindri, surtout dans le cas du sandwich au saucisson, qu’il convient
de manger sans pain.
— Mécanisme prétendu : Sans glucides concomitants, les lipides ne
peuvent être stockés par nos tissus graisseux. Bien entendu, c’est trop
beau pour être vrai. Tout lipide ingéré — avec ou sans glucides — est
bel et bien absorbé par le tube digestif, puis, selon les besoins, mis en
réserve sous forme de graisse corporelle ou encore utilisé comme
source d’énergie. Il est cependant exact que la prise de glucides à
index glycémique élevé entraîne bel et bien une sécrétion d’insuline et
que cette insuline stimule la croissance des cellules adipeuses.
— Mécanisme réel : La prise calorique se réduit : 1° en raison de la
lassitude alimentaire (on se lasse vite du roquefort sans pain); 2° du
fait de la réduction des féculents; 3° la richesse en fibres confère
une sensation de plénitude de l'estomac.
— Durée prévue du régime : L’auteur distingue une phase I,
d’amaigrissement, et une phase II, de croisière, destinée à ne pas
reprendre le poids perdu et qui donc être pratiquée à vie. Quoiqu’il
prétende que cette phase II comporte peu ou pas de restrictions, des
aliments tels que le sucre, le miel, le pain blanc, le lait, le beurre, les
fruits au sirop ou les pommes de terre frites n’en restent pas moins
définitivement bannis.
— Arrêt du régime : N’y pensons même pas
— Conséquences sur l’organisme : L’alimentation qui résulte
habituellement du régime Montignac est, fort logiquement, pauvre en
glucides et proportionnellement trop riche en graisses. Ce régime, s’il
n’est suivi que quelques semaines, n’est toutefois pas dangereux pour la
santé car les aliments proposés apportent une quantité appréciable de
protéines, vitamines et sels minéraux.
À plus long terme, la richesse en graisses risque de retentir sur les
artères et conduit à une augmentation de l’attirance pour le gras. Enfin,
comme avec les autres régimes trop gras, on perd proportionnellement
davantage de masse maigre — muscles et organes — qu’avec un régime
plus riche en glucides. Si elle augmente la fatigabilité, cette perte de
tissus nobles n’influe pas sur les fluctuations de la balance tant qu’on est
en période de régime ; mais elle entraîne fréquemment une prise de poids
rapide dès qu’on revient à une alimentation traditionnelle
Les régimes végétariens, végétaliens et macrobiotiques
Ces régimes s’inscrivent en principe dans un cadre plus large, de nature
philosophique ou religieuse. Mais comme certains veulent aussi en faire des
régimes amincissants, il est bon d’en dire un petit mot ici.
— Efficacité à court terme : Bonne. Ces modes alimentaires peuvent
effectivement se transformer en méthodes amaigrissantes efficaces.
— Confort physique : La sensation de faim reste supportable du fait de
la richesse en fibres et en sucres lents. Cette richesse en glucides
permet également les efforts musculaires, si tant est que l’apport en
protéines soit suffisant et équilibré (rappelons que cet équilibre est
plus facile à atteindre avec les régimes végétariens qu’avec les
régimes végétaliens, ces derniers excluant toute protéine d’origine
animale, y compris les œufs, laitages et poissons).
— Confort social : Le partage convivial d’un repas avec famille ou amis
devient problématique, à moins de décider de ne plus fréquenter que
des adeptes. C’est fort souvent le cas…
— Plaisir à manger : Cela se discute…
— Mécanisme prétendu : Surtout, ne dites pas à un adepte que vous êtes
devenu végétarien, végétalien ou adepte de la macrobiotique pour perdre
vos kilos surnuméraires, vous vous feriez mal voir.
— Mécanisme réel : Le bannissement des produits animaux aboutit à une
alimentation appauvrie en lipides, à une monotonie dans la confection
des menus, puisque de nombreuses classes d’aliments sont prohibées.
De plus, l’alimentation est riche en fibres du fait de la place accordée
aux céréales complètes, aux fruits et aux légumes. Les fibres
entraînant une sensation de plénitude gastrique, le régime sera
d’autant plus facile à suivre
— Durée prévue du régime : N’oublions pas qu’il s’agit là, non pas de
maigrir, mais de s’accomplir afin de parvenir à l’harmonie avec le grand
Tout. Pas question de baguenauder en chemin.
— Arrêt du régime : Il est moral que tout péché soit puni. Ainsi en irat-il de la reprise de consommation de produits animaux.
— Conséquences sur l’organisme : un régime végétalien strict (qui
exclut tout les produits d’origine animale, viandes, poissons, œufs,
laitages) demande, pour ne pas être carencé (en acides aminés
indispensables, fer et certaines vitamines) une bonne connaissance de
la diététique et une gestion quotidienne de son équilibre nutritionnel.
Il s’agit donc là d’une méthode hasardeuse pour l’amateur non éclairé,
dont le seul objectif est de perdre du poids. Le problème est
cependant nettement moindre pour le végétarien, qui consomme des
œufs et des laitages.
Le jeûne complet
C’est dès le siècle dernier que, se rendant à l’évidence que suivre un régime
n’est pas chose aisée pour l’obèse, on proposa à ce dernier de ne rien manger
du tout, c’est-à-dire de suivre un jeûne complet, l’alimentation se limitant
alors à de l’eau, des bouillons ou des tisanes. Il est clair que, dans ces
conditions, l’organisme, ne recevant de l’extérieur aucune calorie, est bien
forcé de faire appel à ses réserves.
La disparition de la faim au bout de quelques jours et une douce euphorie
favorisèrent le succès des cures de jeûne. Celles-ci peuvent se dérouler soit
à domicile, soit dans des maisons dites "diététiques". Encouragés par la
rapidité de l’amaigrissement (près de huit kilos la première semaine), les
médecins et leurs patients prolongèrent ces cures de jeûne parfois plusieurs
semaines d’affilée. Certes la perte de poids se ralentissait, mais était malgré
tout de l’ordre de dix kilos en deux semaines et de vingt-deux kilos en
cinquante et un jours. Comment s’étonner que les candidats aient été de plus
en plus nombreux à réclamer leur cure de jeûne?
Ce bel enthousiasme fut toutefois refroidi par la survenue d’un certain
nombre d’accidents mortels. Plusieurs personnes moururent par arrêt
cardiaque au cours de leur jeûne, et ce, parfois dès les premières semaines
de cure. On constata que le décès était causé par la fonte du muscle
cardiaque qui, comme pour les autres organes, survient à partir du moment où
on s’arrête totalement de manger. Les protéines sont indispensables à la
perpétuelle reconstruction de nos tissus et en leur absence dans
l’alimentation, nous perdons chaque jour un peu de notre substance vivante.
De plus, comme les cellules cérébrales et les globules rouges du sang ont
besoin de glucose pour fonctionner (le cerveau n’accepte de se mettre au
régime gras qu’au bout de quelques jours, les globules rouges ne s’y font
jamais en absence d’apport alimentaire, l’organisme est conduit à fabriquer le
glucose indispensable à partir des protéines. Ainsi se met en place un
deuxième mécanisme qui accélère encore la fonte des organe.
Le cœur est un organe particulièrement sensible à cette autodestruction, ce
qui explique les morts subites constatées, mais les dégâts ne s’arrêtent pas
là. Les défenses immunitaires sont amoindries et l’organisme combattant mal
les microbes, on risque des infections virales ou bactériennes. Les cellules de
la peau se multiplient moins vite, ce qui peut entraîner les problèmes de
cicatrisation. De plus, le jeûne fatigue beaucoup physiquement, car les
muscles manquent de carburant et voient leur volume décroître.
Signalons que malgré tous ces aléas, la cure de jeûne est encore bel et bien
proposée par divers gourous ou des brebis galeuses de la profession
médicale, dans des maisons diététiques qui, malgré des frais minimes de
restauration, ont néanmoins des tarifs dispendieux.
— Efficacité à court terme : La méthode est à l’évidence simple et
efficace à court terme.
— Confort physique : La faim est importante les deux premiers jours,
mais par la suite, elle disparaît pour faire place à un état de bien-être
euphorique. C’est une modification du métabolisme qui en est la cause:
l’insuffisance de glucides oblige l’organisme à faire appel aux graisses
de réserve, ce qui conduit à une augmentation des corps cétoniques
dans la circulation sanguine. Ce sont ces corps cétoniques qui
produisent ces effets sur la faim et le psychisme.
— Confort social : Comme il est difficile, voire gênant de regarder les
autres manger quand on jeûne, autant rester chez soi. D’ailleurs, on n’a
guère la force de sortir…
— Plaisir à manger : Nul
— Mécanisme prétendu : Non seulement on maigrit, mais on se purifie…
— Mécanisme réel : Certes les graisses fondent, mais le reste avec.
— Durée prévue du régime : Jusqu’à deux mois
— Arrêt du régime : Voilà bien un "régime" qu’on est forcé, un beau jour
d’interrompre. Or, dans ce cas, la reprise de poids est inéluctable.
— Conséquences sur l’organisme : Mort possible par arrêt du cœur,
affaiblissement général, fonte musculaire, diminution de la résistance aux
infections. La perte d’une part importante de masse maigre rend la
reprise de poids obligatoire. Après ce type de régime, les besoins en
énergie de l’organisme seront nettement diminués et le retour à une
alimentation normale aboutit à une reprise pondérale foudroyante. Bien
souvent, alors qu’on aura perdu beaucoup de muscle et un peu de graisse,
on reprendra beaucoup de graisse et un peu de muscle.
À proscrire, donc, surtout en l’absence de toute action revendicative.