GRYPHON ATILLA

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GRYPHON ATILLA
BANC D’ESSAI AMPLI INTEGRE
GRYPHON ATILLA
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L’ampli chaud
venu du froid
FICHE TECHNIQUE
Origine : Danemark
Prix : 8 250 euros
Dimensions :
48 x 13,5 x 42 cm
Poids : 20 kg
Entrées :
1 symétrique sur XLR
4 asymétriques sur RCA
1 sortie Tape sur RCA
Puissance :
100 W par canal
Séparation entre
les canaux :
> 120 dB
Seuil de bruit :
< 85 dB
Distorsion
(THD + N) : < 0,1 %
GRYPHON, MARQUE
DANOISE, A ETE FONDEE PAR
FLEMMING ET RASMUSSEN.
ISSU DU MONDE DES ARTS
GRAPHIQUES, RASMUSSEN
A CHOISI LE GRYPHON,
CREATURE MYTHOLOGIQUE
GRECQUE MI-AIGLE MI-LION
COMME SYMBOLE
REPRESENTATIF DE
SES PRODUITS. L’AIGLE
REPRESENTE L’ASPECT
AERIEN ET VIF, LE LION,
LA FORCE ET LA PUISSANCE.
FIDELE A SES AINES,
L’INTEGRE ATILLA PORTE
LARGEMENT GRAVE, SUR
LE DESSUS DU BOITIER,
LE LOGOTYPE DESORMAIS
LEGENDAIRE DANS L’UNIVERS
DE LA HAUTE-FIDELITE.
omme toujours avec les Gryphon, le
premier contact avec l’Atilla est marquant, voire impressionnant tant le
design est à la fois solide, soigné et travaillé. Plus fin et moins haut que ses aînés,
le petit Atilla est issu en droite ligne du plus
imposant Diablo, haut de gamme des intégrés de la marque danoise. Il reprend les
qualités essentielles de son grand frère en
diminuant la puissance disponible mais en
conservant la musicalité. En effet, rien ne
sert de disposer de réserves de puissance
pharaoniques si elles ne sont jamais utilisées. C’est en particulier le cas de tous
ceux d’entre nous qui disposent
d’enceintes de rendement moyen ou élevé
et/ou qui écoutent dans des pièces de
dimensions raisonnables.
C
ERGONOMIE
Une fois l’Atilla connecté, nous avons vécu
un grand moment de solitude, n’étant pas
spontanément capables de trouver
l’interrupteur général de mise en service.
Rien en façade, rien à l’arrière ; les doigts
courent autour de l’appareil, y compris audessous, sans trouver le bouton magique.
Après quelques tâtonnements infructueux, il nous vient l’idée de nous référer
au manuel pour approcher la bête avec
davantage de connaissance. Nous avons
été déçus, car le dit manuel ne précise
comment allumer l’engin que tout à la fin
de la dernière page alors que nous cherchions cette information au tout début, ce
qui fait que nous ne l’avons pas trouvé.
Stupides, nous délirons, cherchant un
détecteur optique qui serait sensible à la
main qui s’approche, une touche à effleurer en surface de l’afficheur : rien n’y fait,
l’Atilla reste obstinément éteint.
Jusqu’à ce que l’un des collaborateurs du
journal, plus intelligent ou mieux informé,
n’y mette son grain de sel et, en moins
d’une seconde, glisse la main sous la
façade au niveau du pied côté droit pour
trouver le fameux interrupteur, et là, Fiat
lux et lux fit! Ensuite, il ne resta plus qu’à
comprendre le fonctionnement du système de menu. Il est certain qu’une fois
l’Atilla en fonction, il devient plus aisé de
comprendre sa logique. Finalement, nos
tâtonnements initiaux seront tout de même
récompensés, car ce sont bien des surfaces « tactiles » qui permettent en façade
d’intervenir sur les « boutons » devenus
virtuels. La marque danoise a doté son
Atilla d’une logique de gestion enregistrée
sur une mémoire flash qui peut être mise à
jour par une connexion à un PC. C’est ainsi
que le contrôle de volume agit sur des
relais pour obtenir 50 niveaux de sortie différents. Un menu permet de définir le
niveau maxi et le niveau mini. La fonction
niveau maxi est très rassurante puisqu’elle
évitera de détruire un haut-parleur ou simplement de se faire peur avec une fausse
manœuvre, que ce soit à la télécommande
ou directement par l’utilisation des « boutons» en façade. La logique mise en œuvre
permet également à l’utilisateur de nommer ou de renommer ses sources, par
exemple, rien n’empêche de remplacer
«CD» par la marque du lecteur ou par tout
autre label sur 8 caractères maximum.
Bon, cela est bien sympathique, mais il
faut reconnaître que la procédure pour y
parvenir est pour le moins laborieuse, chacun des caractères devant être choisi en
les faisant défiler un par un dans une table
de caractères ultra-complète avec chiffres,
symboles, etc., etc. Rien que pour avoir un
caractère en minuscule, il faut faire défiler
toute la table en majuscule à l’aide de la
touche volume +. Nous avons toutefois
essayé et avons vite renoncé, sachant que
nous allions rendre le bel appareil. Il est
vrai que chez soi, tranquillement et patiemment, c’est néanmoins possible. Les
menus nous permettent aussi de régler la
luminosité de l’affichage et même de
l’éteindre entièrement. Enfin, il est possible de configurer l’entrée 3 de façon à la
connecter directement aux étages
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BANC D’ESSAI AMPLI INTEGRE
GRYPHON ATILLA
La moitié de l’espace disponible est utilisée par l’énorme transformateur toroïdal
alimentant les étages de puissance via leurs deux bancs de capacité. A noter
les imposants dissipateurs thermiques en peigne installés à l’intérieur du boîtier.
d’amplification sans passer par la partie
préampli. Cette fonction sera utile dans
une configuration home-cinéma où les
entrées frontales droite et gauche issues
d’un processeur multicanal utiliseront les
deux voies d’amplification de l’Atilla et
donc les mêmes enceintes droite et
gauche que pour la hi-fi. Cette fois,
l’ergonomie est parfaite, plusieurs niveaux
de messages de sécurité préviennent
l’utilisateur en le mettant en garde d’une
liaison directe sans aucune atténuation.
La télécommande, quant à elle, est
agréable et complète puisqu’elle permet
de reprendre l’ensemble des fonctions
accessibles en façade. En résumé, côté
ergonomie, l’Atilla est bien pensé même si
certains points de détail sont perfectibles,
de bonnes idées sont mises en œuvre, le
plus souvent absentes chez la concurrence. Et puis, le firmware pouvant être
upgradé, rien n’interdit d’imaginer que les
petits inconvénients relevés disparaîtront
lors d’une mise à jour.
TECHNOLOGIE
Fidèle aux principes établis chez Gryphon,
l’Atilla est un amplificateur double mono
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entièrement symétrique délivrant 2 x
100 W en Classe A/B. Entièrement symétrique signifie que quatre étages
d’amplification sont à l’œuvre, deux par
canal, l’un chargé des alternances
positives du signal, l’autre des alternances négatives. Bien entendu, cela
s’accompagne d’une entrée symétrique
XLR sur fiches Neutrik plaquées or. Le
châssis particulièrement massif et rassurant est essentiellement en aluminium ; il
est mécaniquement conçu pour minimiser
l’impact des vibrations sur l’électronique.
Perché sur de hauts pieds facilitant la ventilation, il a un je-ne-sais-quoi de look inca
sans doute dû en partie à sa façade
pourvue d’une fenêtre en plexiglas
noir en forme de pyramide tronquée.
L’alimentation, quant à elle, est à la fois
linéaire et sérieuse. En fait, il faudrait dire
les alimentations puisque, outre les deux
canaux de puissance, une alimentation
spécifique utilisant un transformateur
toroïdal monté verticalement derrière la
façade est consacrée à la partie signaux
faibles, à savoir le préamplificateur. Le
grand beau et imposant transformateur
principal est également un toroïdal – confi-
guration classique chez Gryphon – dont la
puissance admissible est de 1200 VA. A lui
seul, il est responsable d’une partie des
20 kg de cet ampli. Pour compléter ce
spectaculaire transformateur, ce ne sont
pas moins de 60000 microfarads par canal
qui sont chargés de stocker l’énergie et de
la rendre instantanément disponible
lorsque la musique l’exige. Les transistors
de puissance sont refroidis pour chaque
canal par un grand radiateur en peigne
courant sur toute la profondeur de l’ampli.
L’ensemble des composants est de
grande classe comme, par exemple, les
circuits imprimés qui sont à la norme militaire avec des pistes de 70 m d’épaisseur,
ou le bornier HP doré qui n’est rien moins
que l’un des plus beaux que nous ayons
rencontrés ; le serrage en est d’ailleurs
facilité par la présence d’un entourage de
deux bagues toriques en caoutchouc
assurant une prise très efficace. La face
arrière nous révèle une entrée symétrique
sur XLR, quatre entrées ligne asymétriques sur RCA et une boucle Tape.
Il est possible d’ajouter en option une
entrée phono : cela peut se comprendre,
souvent les amateurs de vinyle préférant
disposer d’un pré-pré externe. Pour le
reste, la philosophie de cet amplificateur
est de bannir toute forme de contre-réaction et, comme nous allons le voir, le résultat est rien moins que très impressionnant.
ECOUTE
Comme chaque fois que nous avons
la chance de tester un appareil qui
«marche», il n’a pas fallu plus de quelques
secondes pour que nous soyons favorablement impressionnés par quelques
traits de caractère marqués de ce danois et
séduits par sa musicalité.
Les traits de caractère immédiatement perçus sont une capacité à mettre en valeur le
grave comme rarement ampli de cette
gamme de prix a pu le faire, une facilité à
rendre les transitoires avec une vitesse et
une spontanéité bluffantes, et une facilité
d’écoute où, malgré les points précédents,
l’on se sent traités avec douceur. L’image
serait celle d’une main de fer dans un gant
de velours.
Timbres : Nous savons tous qu’aucune
belle écoute n’est possible sans le respect
des timbres, ce critère va au-delà avec
l’Atilla : cet intégré ne se contente pas de
ne pas dénaturer les timbres, il les magni-
SYSTEME D’ECOUTE
Source :
Lecteur Nagra CDP
Ordinateur portable Toshiba
Enceintes :
P-E Léon Maestral
Câbles :
Jorma Design
fie. Lorsque Salena Jones chante «I Don’t
Want to Miss a Thing » sur le 5e opus des
Best Audiophiles Voices, sa voix a une telle
profondeur et justesse que nous comprenons pourquoi la chanteuse américaine est
reconnue comme l’une des grandes voix
du jazz. Chaude et extrêmement présente,
à la fois veloutée et précise, elle nous prend
par la douceur, on se laisse aller à une
écoute toute en naturel et en facilité dans le
meilleur sens du terme. Comme nous
l’avons dit en préambule, le registre grave
est sublimé et, là aussi, le charme opère. Le
bénéfice est sensible non seulement sur
les pistes qui contiennent un grave omniprésent, mais sur toutes les pistes équilibrées. Par exemple, l’Atilla nous fait
redécouvrir le grave lorsque Madeleine
Peyroux interprète «J’ai deux amours», le
grave est majestueux, propre, clair et très
présent sans être outrageusement surdosé. Il est certain que ce Gryphon redonne
au bas du spectre une place qu’il perd trop
souvent du fait d’alimentations anémiées
et d’enceintes étriquées.
L’assise dans le grave donne ici à l’écoute
une ampleur et un naturel absolument
superbes. Il est possible que ce grave mis
en avant avec nuance soit aussi le résultat
d’un choix subtil. Nous avons appris que
l’infragrave – inaudible par nature – a été
coupé volontairement afin de ne pas faire
monter les taux de distorsion inutilement.
Compte tenu du positionnement de cet
intégré qui n’est pas destiné à faire bouger
de monstrueux boomers de 38, 45 cm ou
plus, cela a du sens.
Scène sonore : Bien en place, la scène
sonore est ultra-stable et chaque plan est
parfaitement défini. La lisibilité dimensionnelle est quasi absolue à toutes les fréquences. Quoi de plus irritant qu’un piano
qui se déplace dans l’espace selon que
l’on considère le jeu de la main gauche ou
celui de la main droite ! Rien de tel avec
l’Atilla où chaque instrument, comme
chaque interprète reste en place ou au
contraire est parfaitement suivi dans ses
déplacements sur la scène. Lorsque Therez Montcalm chante «Voodoo Child», elle
est très proche et présente mais il y a aussi
beaucoup d’air autour d’elle, les instruments qui l’accompagnent sont répartis
sur la scène sans être situés caricaturalement à droite ou à gauche. C’est une véritable image 3D qui se trouve reproduite
avec toutes ses nuances et sans perdre la
moindre parcelle de précision. L’espace
est bien retranscrit et c’est une sensation
d’ouverture et de naturel qui domine.
Dynamique : Il fallait s’en douter, la dynamique est l’un des points forts de cet intégré venu du Nord. Ne vous fiez pas à sa
puissance annoncée de 100 watts : tout au
long de nos écoutes, nous avons eu
l’impression d’en avoir le double à notre
disposition. Il est vrai que certains amplis
s’effondrent sur de gros appels de courant, par exemple lorsque la musique
demande beaucoup aux haut-parleurs et
que le niveau sonore est élevé. Ici c’est
l’inverse, inépuisable et dynamique en
diable, le danois ne faiblit jamais. Outre la
sensation de puissance, ce qui nous a
frappés, c’est la rapidité et la spontanéité
des transitoires. Sur le fameux ultra impactant «Knock Out 2000» de Charly Antolini,
la batterie a réussi à entrer dans notre salle
d’écoute et nous nous demandons encore
comment nos enceintes ont résisté à un tel
déferlement de violence. Ça tape fort, très
fort et ça tape vite, très vite!
Transparence : La transparence est
proche de ce qui se fait de mieux, surtout
lorsque l’ampli est chaud et, une fois de
plus, la beauté du grave permet de profiter
d’un spectre sonore d’une rare propreté. Il
est impressionnant de constater combien
les graves, souvent mal maîtrisés par la
concurrence, nuisent à l’ensemble du
message. Ici encore, le bénéfice de
l’alimentation surdimensionnée et en particulier la réserve de courant disponible
dans le banc de capacités ne se démentent
pas. Sur les Danses symphoniques de
Rachmaninov par le Minnesota Orchestra,
nous avons la sensation de tout percevoir,
du plus petit son d’ambiance aux déferlements dont est capable le grand orchestre.
Aucun voile ne vient masquer la restitution, c’est naturellement clair, la transparence est réelle sans apparaître comme
outrancière ou exagérée.
VERDICT
Pour beaucoup, posséder un Gryphon
reste un rêve; avec l’Atilla, compte tenu de
la qualité d’écoute et de la fabrication, qui
sont irréprochables, le prix de 8250 euros
met ce « petit » Gryphon sinon à la portée
de toutes les bourses, du moins à celle de
bien des passionnés qui ne regretteront
jamais leur investissement. Nous ne
sommes pas certains de l’absolue linéarité
de l’Atilla, quelque part un peu flatteur,
mais nous sommes certains que son
écoute est jouissive. Nous recommandons
sans réserve cette entrée de gamme de la
marque danoise désormais parfaitement
représentée dans notre beau pays.
Patrice Philippe
FABRICATION
TIMBRES
DYNAMIQUE
IMAGE
La face arrière permet d’admirer les somptueux borniers dorés
et caoutchoutés destinés à accueillir les câbles HP.
TRANSPARENCE
QUALITE/PRIX
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