GRYPHON ATILLA
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GRYPHON ATILLA
BANC D’ESSAI AMPLI INTEGRE GRYPHON ATILLA 68 L’ampli chaud venu du froid FICHE TECHNIQUE Origine : Danemark Prix : 8 250 euros Dimensions : 48 x 13,5 x 42 cm Poids : 20 kg Entrées : 1 symétrique sur XLR 4 asymétriques sur RCA 1 sortie Tape sur RCA Puissance : 100 W par canal Séparation entre les canaux : > 120 dB Seuil de bruit : < 85 dB Distorsion (THD + N) : < 0,1 % GRYPHON, MARQUE DANOISE, A ETE FONDEE PAR FLEMMING ET RASMUSSEN. ISSU DU MONDE DES ARTS GRAPHIQUES, RASMUSSEN A CHOISI LE GRYPHON, CREATURE MYTHOLOGIQUE GRECQUE MI-AIGLE MI-LION COMME SYMBOLE REPRESENTATIF DE SES PRODUITS. L’AIGLE REPRESENTE L’ASPECT AERIEN ET VIF, LE LION, LA FORCE ET LA PUISSANCE. FIDELE A SES AINES, L’INTEGRE ATILLA PORTE LARGEMENT GRAVE, SUR LE DESSUS DU BOITIER, LE LOGOTYPE DESORMAIS LEGENDAIRE DANS L’UNIVERS DE LA HAUTE-FIDELITE. omme toujours avec les Gryphon, le premier contact avec l’Atilla est marquant, voire impressionnant tant le design est à la fois solide, soigné et travaillé. Plus fin et moins haut que ses aînés, le petit Atilla est issu en droite ligne du plus imposant Diablo, haut de gamme des intégrés de la marque danoise. Il reprend les qualités essentielles de son grand frère en diminuant la puissance disponible mais en conservant la musicalité. En effet, rien ne sert de disposer de réserves de puissance pharaoniques si elles ne sont jamais utilisées. C’est en particulier le cas de tous ceux d’entre nous qui disposent d’enceintes de rendement moyen ou élevé et/ou qui écoutent dans des pièces de dimensions raisonnables. C ERGONOMIE Une fois l’Atilla connecté, nous avons vécu un grand moment de solitude, n’étant pas spontanément capables de trouver l’interrupteur général de mise en service. Rien en façade, rien à l’arrière ; les doigts courent autour de l’appareil, y compris audessous, sans trouver le bouton magique. Après quelques tâtonnements infructueux, il nous vient l’idée de nous référer au manuel pour approcher la bête avec davantage de connaissance. Nous avons été déçus, car le dit manuel ne précise comment allumer l’engin que tout à la fin de la dernière page alors que nous cherchions cette information au tout début, ce qui fait que nous ne l’avons pas trouvé. Stupides, nous délirons, cherchant un détecteur optique qui serait sensible à la main qui s’approche, une touche à effleurer en surface de l’afficheur : rien n’y fait, l’Atilla reste obstinément éteint. Jusqu’à ce que l’un des collaborateurs du journal, plus intelligent ou mieux informé, n’y mette son grain de sel et, en moins d’une seconde, glisse la main sous la façade au niveau du pied côté droit pour trouver le fameux interrupteur, et là, Fiat lux et lux fit! Ensuite, il ne resta plus qu’à comprendre le fonctionnement du système de menu. Il est certain qu’une fois l’Atilla en fonction, il devient plus aisé de comprendre sa logique. Finalement, nos tâtonnements initiaux seront tout de même récompensés, car ce sont bien des surfaces « tactiles » qui permettent en façade d’intervenir sur les « boutons » devenus virtuels. La marque danoise a doté son Atilla d’une logique de gestion enregistrée sur une mémoire flash qui peut être mise à jour par une connexion à un PC. C’est ainsi que le contrôle de volume agit sur des relais pour obtenir 50 niveaux de sortie différents. Un menu permet de définir le niveau maxi et le niveau mini. La fonction niveau maxi est très rassurante puisqu’elle évitera de détruire un haut-parleur ou simplement de se faire peur avec une fausse manœuvre, que ce soit à la télécommande ou directement par l’utilisation des « boutons» en façade. La logique mise en œuvre permet également à l’utilisateur de nommer ou de renommer ses sources, par exemple, rien n’empêche de remplacer «CD» par la marque du lecteur ou par tout autre label sur 8 caractères maximum. Bon, cela est bien sympathique, mais il faut reconnaître que la procédure pour y parvenir est pour le moins laborieuse, chacun des caractères devant être choisi en les faisant défiler un par un dans une table de caractères ultra-complète avec chiffres, symboles, etc., etc. Rien que pour avoir un caractère en minuscule, il faut faire défiler toute la table en majuscule à l’aide de la touche volume +. Nous avons toutefois essayé et avons vite renoncé, sachant que nous allions rendre le bel appareil. Il est vrai que chez soi, tranquillement et patiemment, c’est néanmoins possible. Les menus nous permettent aussi de régler la luminosité de l’affichage et même de l’éteindre entièrement. Enfin, il est possible de configurer l’entrée 3 de façon à la connecter directement aux étages 69 BANC D’ESSAI AMPLI INTEGRE GRYPHON ATILLA La moitié de l’espace disponible est utilisée par l’énorme transformateur toroïdal alimentant les étages de puissance via leurs deux bancs de capacité. A noter les imposants dissipateurs thermiques en peigne installés à l’intérieur du boîtier. d’amplification sans passer par la partie préampli. Cette fonction sera utile dans une configuration home-cinéma où les entrées frontales droite et gauche issues d’un processeur multicanal utiliseront les deux voies d’amplification de l’Atilla et donc les mêmes enceintes droite et gauche que pour la hi-fi. Cette fois, l’ergonomie est parfaite, plusieurs niveaux de messages de sécurité préviennent l’utilisateur en le mettant en garde d’une liaison directe sans aucune atténuation. La télécommande, quant à elle, est agréable et complète puisqu’elle permet de reprendre l’ensemble des fonctions accessibles en façade. En résumé, côté ergonomie, l’Atilla est bien pensé même si certains points de détail sont perfectibles, de bonnes idées sont mises en œuvre, le plus souvent absentes chez la concurrence. Et puis, le firmware pouvant être upgradé, rien n’interdit d’imaginer que les petits inconvénients relevés disparaîtront lors d’une mise à jour. TECHNOLOGIE Fidèle aux principes établis chez Gryphon, l’Atilla est un amplificateur double mono 70 entièrement symétrique délivrant 2 x 100 W en Classe A/B. Entièrement symétrique signifie que quatre étages d’amplification sont à l’œuvre, deux par canal, l’un chargé des alternances positives du signal, l’autre des alternances négatives. Bien entendu, cela s’accompagne d’une entrée symétrique XLR sur fiches Neutrik plaquées or. Le châssis particulièrement massif et rassurant est essentiellement en aluminium ; il est mécaniquement conçu pour minimiser l’impact des vibrations sur l’électronique. Perché sur de hauts pieds facilitant la ventilation, il a un je-ne-sais-quoi de look inca sans doute dû en partie à sa façade pourvue d’une fenêtre en plexiglas noir en forme de pyramide tronquée. L’alimentation, quant à elle, est à la fois linéaire et sérieuse. En fait, il faudrait dire les alimentations puisque, outre les deux canaux de puissance, une alimentation spécifique utilisant un transformateur toroïdal monté verticalement derrière la façade est consacrée à la partie signaux faibles, à savoir le préamplificateur. Le grand beau et imposant transformateur principal est également un toroïdal – confi- guration classique chez Gryphon – dont la puissance admissible est de 1200 VA. A lui seul, il est responsable d’une partie des 20 kg de cet ampli. Pour compléter ce spectaculaire transformateur, ce ne sont pas moins de 60000 microfarads par canal qui sont chargés de stocker l’énergie et de la rendre instantanément disponible lorsque la musique l’exige. Les transistors de puissance sont refroidis pour chaque canal par un grand radiateur en peigne courant sur toute la profondeur de l’ampli. L’ensemble des composants est de grande classe comme, par exemple, les circuits imprimés qui sont à la norme militaire avec des pistes de 70 m d’épaisseur, ou le bornier HP doré qui n’est rien moins que l’un des plus beaux que nous ayons rencontrés ; le serrage en est d’ailleurs facilité par la présence d’un entourage de deux bagues toriques en caoutchouc assurant une prise très efficace. La face arrière nous révèle une entrée symétrique sur XLR, quatre entrées ligne asymétriques sur RCA et une boucle Tape. Il est possible d’ajouter en option une entrée phono : cela peut se comprendre, souvent les amateurs de vinyle préférant disposer d’un pré-pré externe. Pour le reste, la philosophie de cet amplificateur est de bannir toute forme de contre-réaction et, comme nous allons le voir, le résultat est rien moins que très impressionnant. ECOUTE Comme chaque fois que nous avons la chance de tester un appareil qui «marche», il n’a pas fallu plus de quelques secondes pour que nous soyons favorablement impressionnés par quelques traits de caractère marqués de ce danois et séduits par sa musicalité. Les traits de caractère immédiatement perçus sont une capacité à mettre en valeur le grave comme rarement ampli de cette gamme de prix a pu le faire, une facilité à rendre les transitoires avec une vitesse et une spontanéité bluffantes, et une facilité d’écoute où, malgré les points précédents, l’on se sent traités avec douceur. L’image serait celle d’une main de fer dans un gant de velours. Timbres : Nous savons tous qu’aucune belle écoute n’est possible sans le respect des timbres, ce critère va au-delà avec l’Atilla : cet intégré ne se contente pas de ne pas dénaturer les timbres, il les magni- SYSTEME D’ECOUTE Source : Lecteur Nagra CDP Ordinateur portable Toshiba Enceintes : P-E Léon Maestral Câbles : Jorma Design fie. Lorsque Salena Jones chante «I Don’t Want to Miss a Thing » sur le 5e opus des Best Audiophiles Voices, sa voix a une telle profondeur et justesse que nous comprenons pourquoi la chanteuse américaine est reconnue comme l’une des grandes voix du jazz. Chaude et extrêmement présente, à la fois veloutée et précise, elle nous prend par la douceur, on se laisse aller à une écoute toute en naturel et en facilité dans le meilleur sens du terme. Comme nous l’avons dit en préambule, le registre grave est sublimé et, là aussi, le charme opère. Le bénéfice est sensible non seulement sur les pistes qui contiennent un grave omniprésent, mais sur toutes les pistes équilibrées. Par exemple, l’Atilla nous fait redécouvrir le grave lorsque Madeleine Peyroux interprète «J’ai deux amours», le grave est majestueux, propre, clair et très présent sans être outrageusement surdosé. Il est certain que ce Gryphon redonne au bas du spectre une place qu’il perd trop souvent du fait d’alimentations anémiées et d’enceintes étriquées. L’assise dans le grave donne ici à l’écoute une ampleur et un naturel absolument superbes. Il est possible que ce grave mis en avant avec nuance soit aussi le résultat d’un choix subtil. Nous avons appris que l’infragrave – inaudible par nature – a été coupé volontairement afin de ne pas faire monter les taux de distorsion inutilement. Compte tenu du positionnement de cet intégré qui n’est pas destiné à faire bouger de monstrueux boomers de 38, 45 cm ou plus, cela a du sens. Scène sonore : Bien en place, la scène sonore est ultra-stable et chaque plan est parfaitement défini. La lisibilité dimensionnelle est quasi absolue à toutes les fréquences. Quoi de plus irritant qu’un piano qui se déplace dans l’espace selon que l’on considère le jeu de la main gauche ou celui de la main droite ! Rien de tel avec l’Atilla où chaque instrument, comme chaque interprète reste en place ou au contraire est parfaitement suivi dans ses déplacements sur la scène. Lorsque Therez Montcalm chante «Voodoo Child», elle est très proche et présente mais il y a aussi beaucoup d’air autour d’elle, les instruments qui l’accompagnent sont répartis sur la scène sans être situés caricaturalement à droite ou à gauche. C’est une véritable image 3D qui se trouve reproduite avec toutes ses nuances et sans perdre la moindre parcelle de précision. L’espace est bien retranscrit et c’est une sensation d’ouverture et de naturel qui domine. Dynamique : Il fallait s’en douter, la dynamique est l’un des points forts de cet intégré venu du Nord. Ne vous fiez pas à sa puissance annoncée de 100 watts : tout au long de nos écoutes, nous avons eu l’impression d’en avoir le double à notre disposition. Il est vrai que certains amplis s’effondrent sur de gros appels de courant, par exemple lorsque la musique demande beaucoup aux haut-parleurs et que le niveau sonore est élevé. Ici c’est l’inverse, inépuisable et dynamique en diable, le danois ne faiblit jamais. Outre la sensation de puissance, ce qui nous a frappés, c’est la rapidité et la spontanéité des transitoires. Sur le fameux ultra impactant «Knock Out 2000» de Charly Antolini, la batterie a réussi à entrer dans notre salle d’écoute et nous nous demandons encore comment nos enceintes ont résisté à un tel déferlement de violence. Ça tape fort, très fort et ça tape vite, très vite! Transparence : La transparence est proche de ce qui se fait de mieux, surtout lorsque l’ampli est chaud et, une fois de plus, la beauté du grave permet de profiter d’un spectre sonore d’une rare propreté. Il est impressionnant de constater combien les graves, souvent mal maîtrisés par la concurrence, nuisent à l’ensemble du message. Ici encore, le bénéfice de l’alimentation surdimensionnée et en particulier la réserve de courant disponible dans le banc de capacités ne se démentent pas. Sur les Danses symphoniques de Rachmaninov par le Minnesota Orchestra, nous avons la sensation de tout percevoir, du plus petit son d’ambiance aux déferlements dont est capable le grand orchestre. Aucun voile ne vient masquer la restitution, c’est naturellement clair, la transparence est réelle sans apparaître comme outrancière ou exagérée. VERDICT Pour beaucoup, posséder un Gryphon reste un rêve; avec l’Atilla, compte tenu de la qualité d’écoute et de la fabrication, qui sont irréprochables, le prix de 8250 euros met ce « petit » Gryphon sinon à la portée de toutes les bourses, du moins à celle de bien des passionnés qui ne regretteront jamais leur investissement. Nous ne sommes pas certains de l’absolue linéarité de l’Atilla, quelque part un peu flatteur, mais nous sommes certains que son écoute est jouissive. Nous recommandons sans réserve cette entrée de gamme de la marque danoise désormais parfaitement représentée dans notre beau pays. Patrice Philippe FABRICATION TIMBRES DYNAMIQUE IMAGE La face arrière permet d’admirer les somptueux borniers dorés et caoutchoutés destinés à accueillir les câbles HP. TRANSPARENCE QUALITE/PRIX ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ 71