1 présentée à la galerie Michel Descours, Lyon (13 mai – 31 août

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1 présentée à la galerie Michel Descours, Lyon (13 mai – 31 août
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présentée à
la galerie Michel Descours, Lyon (13 mai – 31 août 2011),
l’URDLA – Centre international estampe & livre (14 mai – 29 juillet 2011)
Catalogue et exposition sous la direction de Cyrille Noirjean et Gwilherm Perthuis
Secrétariat de rédaction : Fabienne Gantin et Marilyne Buda
Correction : Marie-Claude Schoendorff
Galerie Michel Descours
44, rue Auguste-Comte, 69002 Lyon
URDLA – Centre international estampe & livre
207, rue Francis-de-Pressensé 69100 Villeurbanne
Nous tenons à remercier les personnes qui ont contribué par leurs
compétences à mettre en valeur les œuvres présentées : Chantal
Toussaint pour la restauration des peintures ; Mireille Hansen et
Béatrice Racine pour la restauration des dessins ; Antoine Béchet
et Valérie Bourrier pour les encadrements ; Thierry Jacob et Didier
Michalet pour les photographies ; ainsi que Laurent Fachard et
l’équipe des Éclairagistes associés.
président, fondateur
Sans oublier, à la galerie, Mokhtar Ben Ali, Catherine Chancel,
Rebecca Charon, Brigitte Jacquis, Mehdi Korchane, Salomon
Zeitoun et, à la librairie, Thierry Debourg et Sheza Moledina.
L’URDLA bénéficie du soutien de la Ville de Villeurbanne, du
Conseil régional Rhône-Alpes, du Ministère de la Culture (DRAC
Rhône-Alpes).
directeur
lithographe
typographe
taille-doucier
assistante
Max Schoendorff
Cyrille Noirjean
Marc Melzassard
David Bourguignon
Vincent Brunet
Fabienne Gantin
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cyrille noirjean – Gwilherm Perthuis, Des châteaux en Espagne
« Mon regard pénètre
Dans la boule de verre, et le fond transparent
Se précise ; ma main, en remuant, le rend,
Malgré ma volonté, fugitif et peu stable;
Il représente une plage de sable
Au moment animé, brillant ; le temps est beau ; »
Raymond Roussel,
La Vue, 1904
La production industrielle de la peinture en tube permit
aux peintres de sortir de l’atelier, de peindre sur le motif,
réunissant ainsi le sujet du tableau et le lieu même de sa
réalisation. La technologie d’aujourd’hui offre à quiconque
depuis un écran d’ordinateur une balade virtuelle à travers
une parcelle agricole, une grande avenue américaine ou une
curiosité topographique située à l’autre bout du monde.
La compilation de centaines de millions de photographies
disponibles sur l’Internet, la représentation normalisée
de ces points du monde par des méthodes de captation
constantes et par une codification formelle, dessinent le
cadre strict de la fenêtre à travers laquelle nous voyons le
monde : Magritte ouvrait la voie en 1933 et nous suggérait
avec La Condition humaine de ne pas fixer le doigt pour voir
la lune.La tentative imaginaire de maîtrise du visible et de
l’espace s’oppose frontalement à l’histoire de la peinture de
paysage qui, au contraire, présente le plus souvent l’individu
dans une position de fragilité, désorienté par des sentiers
tortueux et incertains, pris au piège d’un théâtre naturel dont
il n’est qu’atome ou fragment.
Genre pictural qui devient autonome au début du XVIe
siècle, au moment même où le terme apparaît en poésie
(Jean Molinet, 1493), le paysage est le lieu de l’étrange, de
la précarité, du sentiment exacerbé, le cadre favorable à
l’examen des passions ou des questionnements relatifs au
lien entre l’Homme et la Nature. Dès son origine, le terme
paysage décrit simultanément le morceau de réel observable
(« la chose en soi ») et sa représentation. Le regard particulier
porté sur un territoire, une étendue ou un détail de la nature
étant ainsi assimilé à la composition picturale dans laquelle
l’artiste projette et établit une fiction souvent plus complexe
qu’un simple relevé topographique. C’est d’ailleurs en
plaçant au centre de nos deux expositions la question de la
vue et de la construction du regard que nous avons envisagé
d’aborder le vaste thème du paysage.
La galerie Michel Descours, spécialisée dans la peinture
et le dessin anciens (XVIe-XXe siècle), et l’URDLA – Centre
international estampe & livre, imprimeur et éditeur, fondée
en 1978 par Max Schoendorff, s’associent pour l’occasion
afin de faire dialoguer des œuvres provenant de leurs deux
fonds constitués de manière autonome depuis plus de trente
ans. L’espace de la rue Auguste-Comte met en relation une
sélection d’estampes contemporaines et d’œuvres anciennes
articulées autour de différentes facettes de la notion de
paysage, tandis que l’atelier villeurbannais développe un très
large panorama comptant plusieurs approches esthétiques,
formelles ou intellectuelles, de la veduta contemporaine. Ce
terme italien renvoie à la fois à la vue comme perception
physique, faisant naturellement allusion aux tableaux
composés de Canaletto ou Bellotto, mais il évoque également
l’idée, le projet, la « vue de l’esprit », c’est-à-dire une
conception mentale et théorique du paysage.
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« Ferme ton œil physique, afin de voir ton tableau avec l’œil
de l’esprit. » En une formule, Caspar David Friedrich pose
les jalons d’enjeux passionnants autour de la perception du
paysage et du mécanisme de construction du regard porté
sur la réalité. Dans La Femme à la fenêtre (1822), l’artiste
allemand, précurseur du Romantisme, propose une mise en
scène exemplaire de la qualité du regard et de son caractère
polymorphe. Une femme de dos, dans un intérieur, contemple
un paysage que le regardeur devine à peine. La composition
du tableau le contraint à imaginer le paysage qu’elle a devant
les yeux. « L’artiste ne doit pas peindre seulement ce qu’il voit
devant lui, mais ce qu’il voit en lui. » Friedrich met en garde :
c’est de l’intérieur, à travers un cadre, qu’il nous est possible
d’accéder au paysage. Cet exemple pointe la complexité du
phénomène de découpe de l’image. Qu’il soit panoramique
ou concentré sur un motif spécifique, le paysage est une
extraction très subjective du visible dont la cohérence peut
être assurée par la convocation d’effets naturalistes, de détails
symboliques ou de fragments de mémoire.
Le paysage est une machine à penser. Un dispositif qui
marque précisément un point de vue, une forme de regard,
susceptible de troubler le spectateur, de le faire douter, de
l’empêcher de voir, ou au contraire de lui offrir la possibilité
de percer un écran transparent et profond, un terrain propice
à la rêverie et à la divagation.
Une exposition est une prise de position, la spatialisation
d’un engagement intellectuel sur un sujet. En 1936, par
exemple, le directeur du MoMA de New York (Alfred Barr)
organise une importante exposition intitulée « Fantastic Art,
Dada, Surrealism », mettant en relation les avant-gardes, la
modernité et des œuvres appartenant à l’histoire de l’art.
L’objectif affiché était de déterminer des antécédents à l’art
moderne et de légitimer des préoccupations surréalistes
avec des œuvres de Bosch, de Goya, de Redon. Depuis
quelques années, les musées nationaux tels que le Louvre
(« Contrepoint ») ou Orsay (« Correspondances ») ont organisé
plusieurs expositions juxtaposant des œuvres anciennes et
des productions contemporaines. Cette pratique vise à faire
vibrer des objets ou des images ancrés dans des temporalités
différentes et à proposer des lectures renouvelées d’œuvres
parfois trop encadrées ou enfermées dans leur propre
contexte. Avec Vedute, nous inaugurons un cycle d’événements
qui s’inscrit dans la lignée de ces pratiques institutionnelles
car nous sommes attachés aux passerelles entre les âges.
Nos préoccupations relatives à la question du regard ou
à « la vue » sont ainsi prolongées par une confrontation
transgressant la chronologie : le débat sur le regard n’est pas
seulement intrinsèque aux œuvres mais suscite également
des interrogations à propos des liens agissant entre elles.
Pour reprendre les mots de Johann Wolfgang von Goethe,
l’exposition doit faire émerger des « affinités électives » et
démontrer des proximités entre les objets présentés, sur le
plan tant formel qu’intellectuel.
Les salles de la galerie sont ponctuées de courtes séquences
qui permettent d’envisager plusieurs sous-thèmes : le
plan et la profondeur, la nature détaillée, le rêve, le clairobscur… Les propositions de mise en relation répondent
à différentes logiques : échos plastiques, correspondances
iconographiques, allusions données par le titre.
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Le volet présenté à l’URDLA s’ouvre quant à lui avec deux
héliogravures de Jean-Lucien Guillaume : les yeux de l’artiste
débarrassé de sa myopie fixent le visiteur et l’enjoignent de
déposer le regard avant d’entrer dans l’exposition.
La publication qui accompagne Vedute ne tentera pas de
circonscrire le paysage et la vue contemporaine par les voies
théoriques ; nous lui avons préféré la littérature. L’extrait du
Salon de 1767 de Denis Diderot met en scène une promenade
dans une peinture de Claude Joseph Vernet : prétexte au
développement de propos théoriques sur l’art et le paysage ;
suivent deux textes inédits de Jean-Claude Silbermann
et Jérémy Liron, récemment édités à l’URDLA. Les
contributions au catalogue invitent à construire autrement
les perspectives tracées dans les expositions.
Knude Andreassen Baade
René Baumer
Jean-Jacques de Boissieu
Pierre Bonirote
Rudolf Bonvie
Paul Borel
Jean-Baptiste Bouvier
Isabelle Chamagne
Lucie Chaumont
Jean-Marc Chevallier
Jocelyne Clémente
Frédéric Cordier
Éric Corne
Stéphane Braconnier
Alexandre Calame
Théodore Caruelle d’Aligny
Jean Antoine Constantin d’Aix
Thomas Daniell
Alexandre Desgoffe
Antoine-Jean Duclaux
Paul Flandrin
Johannes Glauber, dit Polydore
Jean-Michel Grobon
Francesco Guardi
Cristine Guinamand
Henri-Joseph Harpignies
Yannig Hedel
Bertrand Henry
Ferdinand Hodler
Rémy Jacquier
Louis Janmot
Frédéric Khodja
Jérémy Liron
Maximilien Luce
Luc Maize
Tony Morgan
René Münch
Helmer Osslund
Claude Antoine Ponthus-Cinier
Léon Pourtau
François-Auguste Ravier
Nicolas Savary
Moritz von Schwind
Léopold Survage
Antonio Tempesta
Eugenio Lucas Velázquez
Jean Criton
Christine Crozat
Frédéric Daviau
Christophe Delestang
Patrice Giorda
Jean-Lucien Guillaume
Marcia Hafif
Pascale Hémery
Paul Hickin
Louise Hornung
Gérard Joblot
Maurice Maillard
Gudrun von Maltzan
Gregory Masurovsky
Marc Melzassard
Gérald Minkoff
Charles de Montaigu
Patrice Mortier
Michel Moskovtchenko
Hubert Munier
Rajak Ohanian
Elin O’ Hara Slavick
Muriel Olesen
Renzo Piano
Georges Romathier
Rougemont
Jacqueline Salmon
Pietro Sarto
Dominique Sudre
Pierre Vallet
Robert Wilson
Hugh Weiss
Ilan Wolff
Bruno Yvonnet
Jérôme Zonder