Adélaïde Laloue du lycée professionnel Robert
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Adélaïde Laloue du lycée professionnel Robert
Charte01-09complet:gabarits 1er 24/02/09 14:18 Page 27 PRIX DES LYCÉES D ’ ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL Adélaïde Laloue du lycée professionnel Robert-Buron de Laval (Mayenne) Impressions sur la visite du camp du Struthof (extraits) A l’arrivée au camp, le beau temps n’était pas au rendez-vous : il faisait froid, il y avait beaucoup de vent. Sur le trajet, dans le car, il y avait beaucoup de virages et la route montait beaucoup. Puis j’ai vu cette énorme porte, avec ses barbelés infranchissables coupant comme des lames… Cette porte gigantesque représentant la toute puissance des Allemands par rapports aux déportés, leur droit de vie ou de mort sur les détenus. J’étais malgré tout impatiente de voir ce camp, le premier que je visitais. Je suis entrée sans problèmes alors que toutes ces victimes auraient tout donné pour ne pas franchir cette barrière. Une fois dans le camp, les plaisanteries ont cessé, laissant place à des visages crispés et à des pensées pour tous ces hommes et femmes qui vécurent ici l’enfer, pour tous ceux qui étaient morts ici, qui avaient souffert, pleuré… représentait suffisamment une prison pour nous (…) J’ai alors imaginé que si les détenus nous voyaient en train de marcher dans le camp à tout regarder presque fascinés, ils nous diraient : « Allez vous-en, partez !!! » Quelle serait leur réaction face à toutes ces classes qui viennent quotidiennement voir où ils ont été tués, comment ils ont été torturés, ce qu’ils faisaient, où ils dormaient… Dans un sens, je trouve cela pitoyable, pitoyable d’être entrée et de m’être retrouvée libre au milieu du camp alors que tous ces malheureux auraient tout donné pour sortir de là et retrouver leur liberté. J’avais honte, honte d’être fascinée par ce que je voyais, honte que cette visite m’ait plu, honte que mes yeux brillent en voyant tout cela, oui j’avais honte… En remontant j’avais froid, je grelottais, je me suis blottie contre un mai : je portais un bon pantalon, 2 gros pulls et des chaussures, et j’avais froid ! Alors que les détenus n’avaient qu’une tenue légère et des sabots, mais eux n’avaient pas intérêt de se plaindre. Ils ne sortaient que pour aller travailler, travailler durement sans rien avoir en retour sauf du pain sec et de l’eau. (…) Une fois sortis du camp, […] nous sommes partis avec d’énormes pensées pour tous les déportés et anciens combattants de cette bien triste période de l’histoire de France. L’humanité ne doit jamais oublier ce qu’un jour des hommes ont commis. Ces camps, qui étaient autrefois des lieux de mort, sont aujourd’hui des lieux de mémoire, ils doivent rester debout pour maintenir ce souvenir. Tout était reconstitué évidemment mais savoir que je marchais sur les pas des détenus… voir ces engins de torture… la potence… le four crématoire… Dans un sens tout cela me donnait la nausée, mais j’avais beau avoir cette sensation il y avait toujours un brin de curiosité qui m’entraînait à continuer. Le premier bâtiment, dans lequel nous sommes rentrés, était la prison, ce qui a étonné tout le monde étant donné que nous nous trouvions dans un camp qui Janvier-Février 2009 – La Charte 27