Adélaïde Laloue du lycée professionnel Robert

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Adélaïde Laloue du lycée professionnel Robert
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PRIX DES LYCÉES D ’ ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL
Adélaïde Laloue
du lycée professionnel Robert-Buron de Laval
(Mayenne)
Impressions sur la visite du camp du Struthof (extraits)
A
l’arrivée au camp, le beau
temps n’était pas au rendez-vous : il faisait froid, il
y avait beaucoup de vent. Sur le
trajet, dans le car, il y avait beaucoup de virages et la route montait beaucoup. Puis j’ai vu cette
énorme porte, avec ses barbelés
infranchissables coupant comme
des lames… Cette porte gigantesque représentant la toute
puissance des Allemands par
rapports aux déportés, leur droit
de vie ou de mort sur les détenus.
J’étais malgré tout impatiente de
voir ce camp, le premier que je
visitais. Je suis entrée sans problèmes alors que toutes ces victimes auraient tout donné pour
ne pas franchir cette barrière.
Une fois dans le camp, les plaisanteries ont cessé, laissant
place à des visages crispés et à
des pensées pour tous ces
hommes et femmes qui vécurent
ici l’enfer, pour tous ceux qui
étaient morts ici, qui avaient
souffert, pleuré…
représentait suffisamment une
prison pour nous (…)
J’ai alors imaginé que si les détenus nous voyaient en train de
marcher dans le camp à tout
regarder presque fascinés, ils
nous diraient :
« Allez vous-en, partez !!! »
Quelle serait leur réaction face à
toutes ces classes qui viennent
quotidiennement voir où ils ont
été tués, comment ils ont été torturés, ce qu’ils faisaient, où ils
dormaient…
Dans un sens, je trouve cela
pitoyable, pitoyable d’être entrée
et de m’être retrouvée libre au
milieu du camp alors que tous
ces malheureux auraient tout
donné pour sortir de là et retrouver leur liberté.
J’avais honte, honte d’être fascinée par ce que je voyais, honte
que cette visite m’ait plu, honte
que mes yeux brillent en voyant
tout cela, oui j’avais honte…
En remontant j’avais froid, je grelottais, je me suis blottie contre
un mai : je portais un bon pantalon, 2 gros pulls et des chaussures, et j’avais froid ! Alors que
les détenus n’avaient qu’une
tenue légère et des sabots, mais
eux n’avaient pas intérêt de se
plaindre. Ils ne sortaient que
pour aller travailler, travailler
durement sans rien avoir en
retour sauf du pain sec et de
l’eau. (…)
Une fois sortis du camp, […] nous
sommes partis avec d’énormes
pensées pour tous les déportés
et anciens combattants de cette
bien triste période de l’histoire
de France.
L’humanité ne doit jamais oublier
ce qu’un jour des hommes ont
commis.
Ces camps, qui étaient autrefois
des lieux de mort, sont aujourd’hui des lieux de mémoire, ils
doivent rester debout pour maintenir ce souvenir.
Tout était reconstitué évidemment mais savoir que je marchais
sur les pas des détenus… voir ces
engins de torture… la potence…
le four crématoire…
Dans un sens tout cela me donnait la nausée, mais j’avais beau
avoir cette sensation il y avait
toujours un brin de curiosité qui
m’entraînait à continuer.
Le premier bâtiment, dans lequel
nous sommes rentrés, était la prison, ce qui a étonné tout le
monde étant donné que nous
nous trouvions dans un camp qui
Janvier-Février 2009 – La Charte
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