SKI NORDIQUE : ANALYSE DE L`UTILISATION DES PAS DE LA

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SKI NORDIQUE : ANALYSE DE L`UTILISATION DES PAS DE LA
RAGACHE Jean-Claude et THIEVENAZ Roland Trajectoires : Sport - Recherche Création, 38130 ECHIROLLES
SKI NORDIQUE : ANALYSE DE L'UTILISATION DES
PAS DE LA TECHNIQUE DE PATINAGE
(observations faites lors des championnats du
Monde d'oberstdorf - RFA - Février 1987)
Lors des Championnats du Monde de SEEFELD (1985) et depuis cet événement, le
ski nordique, a été révolutionné par « l'invention » et l'utilisation d'une nouvelle
technique de progression : la technique de patinage ou, suivant l'appellation anglosaxonne, le « skating ». Cette nouvelle technique issue de l'expérimentation d'un
nouveau pas apparu lui beaucoup plus tôt dans les compétitions, le demi pas de
patineur ou pas de SIITONEN, se distingue de la technique traditionnelle fartée par
deux traits principaux. C'est d'une part l'abandon du fart d'accroche dont on
recouvre habituellement une partie de la semelle des skis et d'autre part des
phénomènes de propulsion des membres inférieurs différents (utilisation d'un point
d'appui en mouvement alors que pour la technique classique les points d'appui
nécessaires aux phénomènes propulsifs sont fixes).
La technique de patinage n'ayant que 2 ou 3 ans d'âge, sa mise au point et son état
actuel d'utilisation, résultent surtout de la pratique quotidienne des compétiteurs.
Elle est plus fortement marquée pour l'instant par les capacités d'adaptation dont
font preuve les compétiteurs à son endroit, en fonction de leur vécu et acquis
techniques antérieurs, éventuellement de leur gabarit et dispositions corporelles
spécifiques, que par des règles biomécaniques énoncées et vérifiées
expérimentalement. Tel coureur privilégiera dans une portion de piste tel ou tel pas,
alors qu'un autre emploiera, contre toute attente, un autre type de pas.
Il n'existe donc pas, semble-t-il pour la technique de patinage, à l'image de la
technique fartée, une hiérarchisation des pas définitive, pouvant être mise en regard
des profils types de terrain rencontrés, (plus ou moins forte déclivité de la piste
dans l'axe longitudinal) dans le but de cerner la meilleure adaptation possible, ou
l'efficacité comparée des différents types de pas sur un terrain donné.
Cependant, depuis l'apparition de cette nouvelle technique, de nombreux textes
basés sur l'observation et la description ont été produits et proposent des modes
d'emploi théoriques pour les différents types de pas recensés, (types de pas idéaux
par type de terrain d'utilisation).
Les Championnats du Monde d'OBERSTDORF (Février 1987 - RFA) étant le
premier grand rendez-vous international après SEEFELD, il nous a semblé
opportun d'en saisir le prétexte, pour confronter, l'utilisation des pas du patinage par
les meilleurs coureurs mondiaux avec les modèles théoriques d'utilisation proposés
par les différents travaux déjà publiés. Cette confrontation sur un champ
d'observation sinon idéal, du moins offrant des garanties minimales pour servir de
référence (importance et enjeu de la compétition en question, présence de l'élite
mondiale, premiers Championnats du Monde où la technique de patinage avait
officiellement droit de cité dans certaines épreuves...) doit permettre de confirmer ou
d'infirmer les hypothèses émises.
Chacun des travaux auxquels nous nous sommes reportés, (voir index
bibliographique), bien que livrant des principes proches, utilise une dénomination
des pas et de leur mécanisme qui lui est propre (il n'existe pas pour l'instant de
vocabulaire unanimement reconnu). Pour la compréhension de ce qui suit nous
avons estimé nécessaire de donner une définition de chaque pas qui soit le plus
possible une synthèse non contestable des travaux utilisés, et de retenir une
dénomination par pas de façon arbitraire. Il va de soi que ces propositions n'ont pas
la prétention de s'imposer de façon universelle et que leur caractère volontairement
condensé et simplifié, vise à permettre une bonne lecture de l'étude et des résultats.
l - LES TYPES DE PAS DE LA TECHNIQUE DE PATINAGE ET LES
HYPOTHÈSES D'ADAPTATION AU TERRAIN.
METHODOLOGIE D'OBSERVATlON ET D'ANALYSE DES RESULTATS
A - LES TYPES DE PAS, DEFINITIONS, HYPOTHESES D'ADAPTATION AU
TERRAIN
Six types de pas propres au patinage ont été dénombrés et retenus, dans la
terminologie choisie pour cette étude, ce sont :
- LE PATINEUR SANS BATONS
- LE PATINEUR DE 1.
- LE PATINEUR DE 2.
- LE PATINEUR ALTERNE
- LE DEMI PAS DE PATINEUR.
- LA MONTÉE EN CISEAUX
Dans la présentation des résultats, la dénomination de « poussée simultanée » a
également été employée. S'agissant d'un pas de la technique classique fartée ne
donnant pas lieu à interprétation, nous n'avons pas jugé nécessaire d'en reprendre
la définition.
l - LE PATINEUR SANS BATONS DEFINITION :
Comme l'indique la terminologie F.S.S., c'est un pas qui n'utilise pas de phase
propulsive des membres supérieurs, seules les jambes exercent une poussée
latérale alternativement. C'est le pas qui se rapproche le plus de la technique de
patinage de vitesse sur glace.
UTILISATION ET ADAPTATION AU TERRAIN
Tous s'accordent pour préconiser une utilisation de ce Patineur sans bâtons lorsque
la vitesse d'évolution est élevée. Les terrains de prédilection conseillés sont le plat
descendant, le plat.
2 - PATINEUR DE 1
DEFINITION:
C'est un pas de patineur qui fait appel à une poussée simultanée des bras
conjointement à la poussée de chaque jambe.
UTILISATION ET ADAPTATION AU TERRAIN
Dans la hiérarchie des pas, il est admis que le patineur de 1 succède au patineur
sans bâtons, quand les actions propulsives des membres inférieurs ne suffisent plus
à conserver une vitesse suffisante au skieur. L'action des bras vient donc en renfort.
Le terrain « ad hoc » sera donc le plat descendant, le plat, voir le plat montant pour
l'A.N.C.E.F.S.F.
3 - PATINEUR DE 2
DEFINITION :
Les 3 recherches consultées proposent une définition proche de celle qui suit. C'est
un pas de patineur avec une poussée simultanée des bras effectuée conjointement
avec une poussée de jambe sur deux.
Certains mettent en avant des variantes du patineur de 2 liées à des utilisations
différentes des membres supérieurs. Ceux-ci peuvent intervenir en poussée
simultanée par l'intermédiaire des bâtons qui sont, soit plantés au même niveau,
soit décalés dans l'espace de part et d'autre du skieur. Dans le second cas un des
bâtons est planté plus en avant que l'autre. Pour certains enfin, il est possible
également qu'un déphasage puisse s'effectuer dans le temps.
Les trois variantes du patineur de 2 sont donc :
- Patineur de 2 poussée simult, symétrique
- Patineur de 2 poussée simult, décalée.
- Patineur de 2 poussée simult, décalée et déphasée.
UTILISATION ET ADAPTATION
La F.S.S. et l'E.N.S.F. ne se prononcent pas explicitement sur la nature du ou des
terrains correspondant le mieux à ce patineur de 2. L'E.N.S.F. indique seulement
qu'il est utilisé quand les phases de glisse sont courtes (ce qui laisse supposer que
la cadence est élevée ou la pente plus inclinée). Seule l'A.N.C.E.F.S.F. préconise
une utilisation du patineur de 2 dans les faux plats descendants, au plat et dans les
faux plats montants. Elle souligne que le phénomène de décalage des membres
supérieurs et la dissymétrie entre les deux côtés s'accentuent avec le redressement
de la pente.
L'existence des variantes devra si possible être mise en valeur pour chaque type de
terrain, dans la mesure où leur emploi peut être déterminé par celui-ci. Cependant
dans les résultats, elles seront comptabilisées globalement sous l'appellation
unique de patineur de 2.
4 - PATINEUR ALTERNE
DEFINITION :
C'est un pas de patineur dans lequel chaque poussée de jambe est accompagnée
de l'action motrice du bras situé du même côté. Comme en pas alternatif classique,
le travail des bras est alterné.
UTILISATION ET ADAPTATION :
Ce pas fait l'unanimité quant à son utilisation; soit sur pente moyenne en cas de
fatigue ou de mauvaises conditions de piste, soit en montée forte. Après le patineur
de 2, ce pas devrait être l'ultime recours en technique de patinage pour franchir les
obstacles les plus difficiles.
5 - MONTÉE EN CISEAUX
DEFINITION :
C'est une succession de pas sautés, l'extension de la jambe motrice est
accompagnée d'une poussée du bras opposé. Bien que cité par les 3 références, ce
pas n'est pas véritablement, à notre sens, un pas de patinage, la seule différence
avec le pas analogue de la technique classique c'est l'absence de fart sous les skis.
UTILISATION ET ADAPTATION :
Montée raide. Ce pas est déjà utilisé en technique classique fartée, avec la nuance
déjà citée plus haut, il sera donc intéressant de vérifier s'il est plus ou moins utilisé
que le patineur alterné qui lui, est spécifique de la technique de patinage.
6 - DEMI PAS DE PATINEUR
DEFINITION :
Ce pas peut s'effectuer avec ou sans trace, bien qu'à l'origine sa naissance et son
utilisation soient liés à la présence d'une trace. C'est un pas où une poussée
latérale et divergente d'une jambe s'effectue conjointement avec une poussée
simultanée des bras. La jambe de glisse reste dans la trace ou dans l'axe de la
piste, s'il n'y a pas de trace, sans que le ski ne perde contact avec la neige.
UTILISATION ET ADAPTATION :
Plat et plat montant. Ce pas qui est à l'origine de la technique de patinage, semblait
devoir être abandonné au profit des autres pas. Une bonne réalisation de ce pas
étant liée à la présence d'une trace classique, il est intéressant de regarder quelle
influence a eu à OBERSTDORF, l'obligation de maintenir, dans les courses
disputées en libre, une trace classique à droite de la piste.
B - METHODOLOGIE D'OBSERVATION ET D'ANALYSE
1 - LE CHOIX DES COURSES ET DES TYPES DE TERRAIN
Les Championnats du Monde d'OBERSTDORF, étaient la première épreuve
internationale offrant une partition égale dans les courses de ski nordique entre la
technique classique fartée et la technique de patinage, dite technique libre.
C'est donc un total de 6 épreuves qui s'offrait à l'observation de la technique de
patinage. En raison des moyens limités dont nous disposions, nous avons retenu
pour servir de champ d'observation :
- Le relais 4 x 10 hommes;
- Le 20 kil. Dames;
- Le 50 kil. Hommes;
2 - LE CHOIX DU TYPE DE TERRAIN
Ce choix découle de la typologie utilisée quand on parle des pas de la technique
classique (non implicitement reconductible pour la technique de patinage) et des
références retenues par les divers travaux consultés.
- Plat et plat descendant : 20 kil. Dames;
- Plat et plat montant : 50 kil. Hommes;
- Montée moyenne et montée forte : 50 kil. hommes.
3 - METHODE D'OBSERVATION ET D'ANALYSE DES RESULTATS
Autant que faire se peut, tous les passages des coureurs ont été enregistrés par
moyens vidéo portables. Cependant n'ont été retenus pour établir les ratios que les
passages intégralement filmés entre les 2 repères définis à priori pour délimiter le
champ d'observation (fanions, piquets, skis plantés dans la neige en bordure de
piste).
Nous avons choisi de procéder à l'analyse des pas suivant leur utilisation
chronologique : 1er pas, 2ème pas, 3ème pas. De ce choix, découlent des
observations complémentaires ou globales qui peuvent être croisées avec les
premières obtenues :
- Analyse des pas qui ont été conduits seuls sur l'ensemble du champ
d'observation;
- Analyse des enchaînements entre le 1er et le 2ème pas;
- Analyse des enchaînements entre tous les pas réalisés;
- Répartition des pas sur l'ensemble des observations de pas cumulées;
- Classification hiérarchique, quand cela est possible, des pas et des combinaisons
de pas recensés par type de terrain.
Un paragraphe final met en valeur, sans les commenter, les points essentiels par
type de terrain, les concordances ou les discordances entre les résultats obtenus
sur l'ensemble des concurrents et ceux obtenus pour les 10 premiers du classement
de la course de référence, l'existence de variantes du patineur de 2.
Enfin, les résultats obtenus ne sont que des comptages qui ne donnent pas
d'éléments sur la durée d'utilisation de chaque pas. Aussi, il nous a semblé
nécessaire pour chaque type de terrain de vérifier si l'utilisation en temps de chaque
pas confirme ou infirme les résultats obtenus par comptage des observations. Nous
ne donnerons pas cependant d'éléments précis, cette mesure n'ayant pas été faite
systématiquement.
Il - RESULTATS PLAT DESCENDANT ET PLAT
EPREUVE :
20 kil. Dames. Vendredi 20 février 1987. Une boucle de 15 kil, plus une boucle de 5
kil.
CONDITIONS CLIMATIQUES ET NIVOLOGIOUES
- Temps couvert sans précipitation;
- Température de l'air : -1°, 0°;
- Température de la neige : -2°, -1°;
- Neige fraîche;
- Taux d'humidité : 81 %.
NOMBRE DE CONCURRENTES ET CLASSEMENT DES 10 PREMIERES
- 55 concurrentes au départ. 53 à l'arrivée;
- Classement des 10 premières.
1 - Marie Hélène WESTIN
SW
57'20''
2 - Anfissa REZTSOVA
SOV
57'47"
3 - Larissa PTITSYNA
SOV
58'28"
4 - Marjo MATIKAINEN
FIN
58'34"
5 - Christina BRUEGGER
SUI
58'38"
6 - Anette BOE
NOR
58'39"
7 - Guidina DAL SASSO
ITA
58'50"
8 - Anne JAHREN
NOR
58'51"
9 - Antonina ORDINA
SOV
59'19"
10 - Gaby NESTLER
DDR
59'23"
DESCRIPTION DU CHAMP D'OBSERVATION
Portion de piste située environ 800 mètres après le départ. Le champ débute par
une très courte descente (10 mètres de dénivelé pour 20 à 30 mètres de
développé), suivie par 60 mètres de plat descendant, puis plat avant le passage
d'une légère «bosse» sur environ 20 mètres. Longueur totale du champ
d'observation, environ 100 mètres.
Sur 55 concurrentes au départ, compte tenu de la relative proximité de celui-ci, 55
concurrentes ont pu être observées.
RESULTATS
A - UTILISATION DE LA VITESSE ACQUISE DANS LA DESCENTE PRECEDANT
LE CHAMP D'OBSERVATION
- Concurrentes ayant observé un temps de glisse pure (dans les traces ou hors des
traces) 47 / 55 = 85,5 %
- Concurrentes n'ayant pas observé de temps de glisse pure. 8 / 55 = 14,5 %. Les
10 premières ont toutes observé un temps de glisse avant de mettre en oeuvre leur
premier pas.
B - REPARTITION PAR TYPE DE PAS EN NE CONSIDERANT QUE LE 1ER
UTILISE
Patineur sans bâtons : 21 / 55 = 38,25 %
Poussée simultanée : 11 / 55 = 20,00 %
Demi pas de patineur : 11 / 55 = 20,00 %
Patineur de 2 : 10 / 55 = 18,25 %
Patineur de 1 : 2 / 55 = 3,50 %
10 ères
4 / 10 = 40 %
1 / 10 = 10 %
4 / 10 = 40 %
1 / 10 = 10 %
0 / 10 = 0 %
C - REPARTITION PAR TYPE DE PAS POUR LES CONCURRENTES N'EN
AYANT UTILISE QU'UN SEUL
- 22 concurrentes ont utilisé un seul pas 22/55 = 40 %
- 4 concurrentes parmi les 10 premières ont utilisé un seul pas 4/10 = 40 %
Patineur de 2 -10/22 = 45,5 %
Demi pas de pat. - 9/22 = 41,0 %
Patineur de1- 2/22 = 9,0 %
Poussée simulta. 1/22 = 4,5 %
Patineur sans b. - 0/22 = 0,0 %
10 premières
¼ = 25 %
¾ = 75 %
0/4 = 0 %
0/4 = 0 %
0/4 = 0 %
Sur 55
18,25 %
20,00 %
3,50 %
20,00 %
38,25 %
D - REPARTITION PAR TYPE DE PAS EN NE CONSIDERANT QUE LE
DEUXIEME UTILISÉ
- Restent 33 concurrentes à avoir utilisé un deuxième pas.
- Restent 6 concurrentes sur les 10 premières à avoir utilisé une deuxième pas.
Patineur de 2 -19/33 = 58 %
Patineur de 1 - 8/33 = 24 %
Demi pas de pat. - 6/33 = 18%
Poussée simultanée - 0/33 = 0%
Patineur sans b. - 0/33 = 0 %
10 ères
5/6 = 84%
1/6 = 16%
0/6 = 0%
0/6 = 0%
0/6 = 0%
E - ANALYSE DES ENCHAINEMENTS ENTRE LE PREMIER ET LE DEUXIEME
PAS
NOTA : 20 concurrentes sur 55 ont utilisé 2 pas, soit 53 %.
Nous avons relevé les combinaisons suivantes :
- 13 patineurs sans b. :
)
- 5 poussées simulta. :
)
+ Patineur de 2
- 1 demi pas de pat. :
)
__________________________________________________________________
- 7 patineurs sans b. :
)
- 1 demi pas de pat.
)
+ Patineur de 1
__________________________________________________________________
- 5 poussées simulta.
)
- 1 patineur sans b.
)
+ Demi pas de patineur
NOTA : 4 concurrentes sur 55 ont utilisé un troisième pas. Cette faible proportion
n'est pas significative pour apprécier les enchaînements qui en découlent,
cependant la nature du troisième pas a été prise en compte pour la répartition des
pas dans le nombre total d'observations.
A - REPARTITION PAR TYPE DE PAS SUR L'ENSEMBLE DES OBSERVATIONS
Soit un total de 91 observations : 55 + 33 + 4
Patineur de 2
Patineur sans bâtons
Demi pas de patineur
Poussée simultanée :
Patineur de 1 :
10 + 19 + 3 = 31 = 34,0 %
21 + 0 + 1 = 22 = 24,5 %
11 + 6 + 0 = 17 = 18,5 %
11 + 0 + 0 = 11 = 12,0 %
2 + 8 + 0 = 10 = 11,0 %
91 = 100 %
B - CLASSIFICATION DES PAS ET COMBINAISONS DE PAS UTILISÉS
Patineur sans b. + patineur de 2
Patineur de 2
Demi pas de patineur
Patineur sans b. + patineur de 1
Poussée simultanée + demi pas de p.
Poussée simultanée + patineur de 2
Patineur de 1
Demi pas de pat. + patineur de 1
Demi pas de pat. + patineur de 2
Patineur sans b. + demi pas de p.
Poussée simultanée
= 13
= 10
=9
=7
=5
=5
=2
=1
=1
=1
=1
= 55
10 ères
4/10
1/10
3/10
1/10
0/10
1/10
0/10
0/10
0/10
0/10
0/10
10/10
C - SYNTHESE ET COMPLEMENTS DE RESULTATS POUR LE PLAT-PLAT
DESCENDANT
Le type de pas majoritairement utilisé sur ce terrain est le patineur de 2. En effet, il
est en tête sur la totalité des pas utilisés dans le champ d'observation (34 %). En
deuxième pas son utilisation est encore plus nettement majoritaire (58 %). Il est
également en tête des pas ayant été conduits sur toute la longueur du secteur
observé. Toutefois, les deux pas qui arrivent en 2ème et en 3ème position, (le
patineur sans bâtons et le demi pas de patineur) accusent des pourcentages
honorables, le patineur sans bâtons arrivant en tête pour le premier pas utilisé.
Deux remarques complémentaires sont à faire : d'une part, on ne retrouve pas dans
la hiérarchie des pas utilisés de façon unique, la même hiérarchie observée pour le
premier pas utilisé. D'autre part, les références aux dix premières ne confirment pas
de façon nette les observations faites sur l'ensemble des concurrentes sauf pour la
classification hiérarchique de l'ensemble des pas et combinaisons de pas utilisés.
Quant aux enchaînements entre les deux premiers pas utilisés, ils se caractérisent
par une grande variété de combinaisons.
En ce qui concerne les variantes du patineur de 2, bien que cela ne soit pas
toujours très tranché, on dénombre sur 31 observations de ce pas :
- 14 patineurs de 2 poussée simult. symétrique
- 17 patineurs de 2 poussée simult, décalée
- Aucun patineur de 2 décalé et déphasé.
Enfin, le comptage du nombre de gestes fait par type de pas confirme les résultats
obtenus par comptages des observations.
PLAT ET PLAT MONTANT
EPREUVE :
50 kilomètres hommes. Samedi 21 février 1987. Trois boucles de 16.7 kilomètres.
CONDITIONS CLIMATIQUES ET NIVOLOGIOUES
- Temps couvert sans précipitation.
- Température de l'air : + 1°, + 2°;
- Température de la neige : 0°;
- Neige fraîche
NOMBRE DE CONCURRENTS ET CLASSEMENTS DES 10 PREMIERS
- 66 concurrents au départ, 56 à l'arrivée
- Classement des 10 premiers.
1 - Maurilio DE ZOLT : ITA
2 h 11' 27''
2 - Thomas WASSBERG : SWE
2 h 11' 49''
3 - Torgny MOGREN : SWE
2 h 12' 51"
4 - Andi GRUENENFELDER : SUI
2 h 13' 26''
5 - Kari RISTANEN : FIN
2 h 15' 10"
6 - Vladimir SAKHNOV : SOV
2 h 15' 19"
7 - Vegard ULVANG : NOR
8 - Albert WALDER : ITA
9 - Ladislav SVANDA : TCH
10 - Jan OTTOSSON : SWE
2 h 15' 30''
2 h 15' 33''
2 h 17'20"
2 h 17' 49''
DESCRIPTION DU CHAMP D'OBSERVATION
Portion de piste située 4 kilomètres après le départ dans la première boucle. Le
champ d'observation succède à une légère descente et un virage peu marqué à
droite. Plat sur environ 20 mètres, sa tonalité est ensuite plat montant sur 60 mètres
environ. Longueur totale environ 80 mètres. A l’extrémité du champ la pente se
redresse sensiblement amorçant un secteur en montée moyenne.
Sur 66 concurrents au départ, compte tenu du kilométrage déjà effectué entraînant
des dépassements et des écarts parfois très faibles, nous n'avons pu enregistrer
tous les concurrents. Seuls 36 observations sont exploitables. Parmi ces
observations figurent les 10 premiers au classement final, ce qui permettra
d'effectuer la même comparaison que pour le plat descendant.
RESULTATS :
A - REPARTITION PAR TYPE DE PAS EN NE CONSIDERANT QUE LE PREMIER
UTILISÉ
10 ers
Demi pas de patineur - 27/36 = 75,0 %
6/10 = 60 %
Patineur de 1 - 5/36 = 14,0 %
1/10 = 10 %
Patineur de 2 - 2/36 = 5,5 %
2/10 = 20 %
Poussée simultanée - 2/36 = 5,5 %
1/10 = 10 %
B -REPARTITION PAR TYPE DE PAS POUR LES CONCURRENTS N'EN AYANT
UTILISE QU'UN SEUL
- 27 concurrents ont utilisé un seul pas 27/36 = 75 %
- 8 concurrents sur les 10 premiers ont utilisé un seul pas 8/10 = 80 %
Demi pas de patineur - 24/27 = 89,0 %
Patineur de 2 - 2/27 = 7,5 %
Patineur de1 - 1/27 = 3,5 %
10 ers
5/8 = 62,5 %
2/8 = 25,0 %
1/8 = 12,5 %
Sur 36
75,0 %
5,5%
14,0%
C - REPARTITION PAR TYPE DE PAS EN NE CONSIDERANT QUE LE
DEUXIEME UTILISE
- Restent 9 coureurs à avoir utilisé un 2ème pas.
- Restent 2 coureurs sur les 10 premiers à avoir utilisé un 2ème pas. S'agissant de
DE ZOLT, 1er de l'épreuve et de WASSBERG, second, il est intéressant de les
citer.
Patineur de 2 - 7/9 = 78 %
Demi pas de patineur - 2/9 = 22 %
10 ers
WASSBERG
DE ZOLT
D - ANALYSE DES ENCHAINEMENTS ENTRE LE PREMIER ET LE DEUXIEME
PAS
- 4 patineurs de 1
)
+ Patineur de 2
- 3 demi pas de patineur )
__________________________________________________________________
- 2 poussées simultanées
+ Demi pas de patineur
E - REPARTITION DES PAS SUR L'ENSEMBLE DES OBSERVATIONS
Soit un total de 45 observations : 36 + 9 = 45. Comme pour le plat descendant ce
comptage ne donne pas d'indications sur la durée d'utilisation de chaque type de
pas.
Demi pas de patineur
Patineur de
Patineur de
Poussée simultanée
27 + 2 = 29
22 + 7 = 9
15 + 0 = 5
2+0=2
45
64,4 %
20,0 %
11,1 %
4,5 %
100,0 %
F - LES ENCHAINEMENTS
Le faible pourcentage de concurrents ayant utilisé un 2ème pas ne permet pas de
tirer de conclusions significatives.
G - SYNTHESE ET COMPLEMENTS DE RESULTATS POUR LE PLAT MONTANT
C'est l'utilisation de demi pas de patineur qui l'emporte majoritairement sur ce type
de terrain, que ce soit pour l'ensemble des observations (64,4 %), que ce soit pour
le 1er pas utilisé (75 %) ou pour les pas qui ont été employés seuls (89 %). Ces
résultats sont corroborés par les pourcentages calculés pour les dix premiers du
classement final. Le pas arrivant en deuxième position (sur l'ensemble des
observations) est le patineur de 2 mais relativement loin du demi pas de patineur,
avec seulement 20 %. Il est surtout utilisé dans la seconde moitié du champ
d'observation, avec 78 % des deuxièmes pas, là où la pente commence à se
redresser.
Le patineur de 1 est très peu utilisé (5 observations sur un total de 45).
Un comptage du nombre de gestes effectués par type de pas confirme cette
prédominance du demi pas de patineur, (même pour les coureurs ayant utilisé deux
pas). Exemples :
. Pierre HARVEY : 2 poussées simult. + 9 demi pas
. Maurilio DE ZOLT : 2 poussées simult. + 12 demi pas
Les enchaînements sont fortement marqués par le demi pas de patineur, puisque
celui-ci est encore utilisé en deuxième pas à hauteur de 22 % (notamment par DE
ZOLT, vainqueur de l'épreuve).
La faible représentation du patineur de 2 ne permet pas de tirer d'enseignements
significatifs sur l'utilisation de ses variantes. On peut néanmoins mentionner deux
coureurs qui ont enchaîné progressivement le patineur de 2 symétrique et le
patineur de 2 décalé. Absence de patineur de 2 avec déphasage.
Enfin, malgré le nombre important d'observations 30/66 qui n'ont pas pu être
exploitées, leur visionnement même partiel confirme les résultats énoncés cidessus.
MONTÉE MOYENNE
REMARQUES SUR LA MONTÉE MOYENNE
Il ne nous a pas été possible de conduire des observations méthodiques et
approfondies sur ce type de terrain.
Tout au plus, nous avons pu effectuer un pointage sur 21 coureurs dans le 3ème et
dernier tour du 50 kilomètres hommes, soit environ après 38 kilomètres de course.
Le secteur était constitué d'une centaine de mètres de montée moyenne assez
régulière.
La totalité des coureurs observés pratiquait le patineur de 2 d'un bout à l'autre du
champ d'observation.
Parmi les 21 coureurs observés figuraient 9 des 10 premiers au classement final.
MONTÉE FORTE
EPREUVE :
50 kilomètres hommes. Samedi 21 février1987. Trois boucles de 16.7 kilomètres.
CONDITIONS CLIMATIQUES ET NIVOLOGIOUES
- Idem observations sur le plat, plat montant
NOMBRE DE CONCURRENTS ET CLASSEMENT DES 10 PREMIERS
Idem observations sur le plat, plat montant
DESCRIPTION DU CHAMP D'OBSERVATION
Portion de piste située 3.5 kilomètres après le départ dans la deuxième boucle. Le
champ d'observation est précédé d'une légère descente à laquelle succède un
virage à gauche; le profil se redresse ensuite très rapidement sur 10 mètres pour
conduire à une trentaine de mètres raides
qui marquent la fin du passage observé.
En raison des écarts conséquents enregistrés à ce stade de la course (22
kilomètres parcourus), 27 coureurs sur 66 au départ ont pu être observés
valablement.
Parmi les coureurs observés figurent 9 coureurs des 10 premiers au classement
final, ce qui permettra d'effectuer des comparaisons à l'image des observations
précédentes.
RESULTATS :
A - REPARTITION PAR TYPE DE PAS EN NE CONSIDERANT QUE LE PREMIER
UTILISE
10 premiers
Patineur de 2 - 18/27 = 67 %
5/9=55,0 %
Montée en ciseaux - 5/27 = 18%
2/9=22,5 %
Patineur alterné - 4/27 = 15 %
2/9=22,5 %
B - REPARTITION PAR TYPE DE PAS POUR LES CONCURRENTS N'EN
AYANT UTILISE QU'UN SEUL
- 19 coureurs ont utilisé un seul pas 19/27 = 70 %
- 7 coureurs des 9 premiers ont utilisé un seul pas 7/9 = 78 %
Patineur de 2 - 10/19 = 53 %
Montée en ciseaux - 5/19 = 26 %
Patineur alterné - 4/19 = 21 %
10 ers
3/7 = 42 %
2/7 = 29 %
2/7 = 29 %
Sur 27
67 Vo
18 Vo
15 Vo
C - REPARTITION PAR TYPE DE PAS POUR LE DEUXIEME UTILISE
- Restent 8 coureurs à avoir utilisé un deuxième type de pas.
- Restent 2 coureurs sur les 9 premiers à avoir utilisé une deuxième type de pas.
Parmi ces deux, WASSBERG, deuxième de l'épreuve.
Patineur alterné - 6/8 = 75 %
Montée en ciseaux - 2/8 = 25 %
Patineur de 2 - 0/8 = 0 % .
10 premiers
1/2 WASSBERG
1/2 DEOLA
REMARQUE : 3 coureurs ont utilisé un troisième type de pas. Sur 27 observés, cela
représente 11 %. Ce nombre d'observations est trop faible pour donner lieu à une
répartition par type de pas, significative pour ce troisième pas utilisé. Toutefois ces
trois cas seront considérés plus loin dans l'analyse des enchaînements.
D - ANALYSE DES ENCHAINEMENTS ENTRE LE PREMIER ET LE DEUXIEME
PAS UTILISES
- 6 patineurs de 2 + patineur alterné
- 2 patineurs de 2 + montée en ciseaux
NOTA : enchaînements observés entre le deuxième et le troisième pas utilisés pour
les trois coureurs concernés.
1 patineur alterné + montée en ciseaux
1 patineur alterné + patineur de 2
1montée en ciseaux + patineur alterné
E - REPARTITION DES PAS SUR L'ENSEMBLE DES OBSERVATIONS
Soit un total de 35 observations : 27 + 8 = 35
Patineur de 2 = 18+0 = 18
Patineur alterné =4+ 6 =10
Montée en ciseaux = 5+2= 7
35
51,4 %
28,6 %
20,0 %
100,0 %
F - SYNTHESE ET COMPLEMENTS DE RESULTATS POUR LA MONTÉE FORTE
C'est l'utilisation du patineur de 2 qui caractérise ce type de terrain avec 51,4 % sur
l'ensemble des observations. Ce constat se trouve renforcé par l'examen des
résultats pour le 1er pas utilisé, où le patineur de 2 arrive en tête avec 67 %. Il faut
noter enfin que 70 % des coureurs n'ont utilisé qu'un seul pas et pour une majorité
(53 %) le patineur de 2.
En ce qui concerne le deuxième pas, seulement 8 coureurs sur 27 y ont eu recours,
ce qui conduit à considérer les résultats avec prudence. Néanmoins la principale
constatation est l'usage du patineur alterné (75 %) et l'analyse des enchaînements
avec le premier pas montre qu'en général le patineur alterné fait suite au patineur
de 2. Notons qu'aucun coureur n'est passé du patineur alterné à la montée en
ciseaux.
Les résultats obtenus pour les dix premiers sans être exactement identiques aux
résultats concernant l'ensemble des concurrents observés ne viennent pas
contredire ces derniers et ne remettent pas en cause la hiérarchie constatée. Enfin,
si l'on considère, davantage par curiosité que dans un but statistique, les 3 coureurs
ayant utilisé un troisième pas, les enchaînements montrent des combinaisons
complètement opposées, voire illogiques pour certaines.
EXEMPLES :
- WALDER : patineur de 2 + montée en ciseaux + patineur alterné
- KIRVESNIEMI : patineur de 2 + patineur alterné + patineur de 2.
III - COMMENTAIRES
Les résultats obtenus, ayant été traités par type de terrain, il est nécessaire pour les
mettre en parallèle avec les modèles théoriques mis en valeur dans la première
partie, de les synthétiser pour chaque type de pas. Nous avons pour chacun d'entre
eux, essayé de mettre en évidence, les concordances entre théorie et observations,
mais aussi et surtout les discordances, en proposant des explications et des pistes
de recherche. Cependant le matériel utilisé pour la présente analyse n'étant pas
exhaustif ni en nombre, ni en nature, les paramètres autres que le profil du terrain et
susceptibles d'avoir eu une influence étant nombreux, les interprétations données
doivent être prises avec prudence et ne sont qu'une contribution à la réflexion.
Pour cette synthèse, nous avons repris l'ordre des pas tel qu'il est donné dans la
première partie.
LE PATINEUR SANS BATONS
Les observations concernant le patineur sans bâtons, sont globalement cohérentes
avec les indications théoriques de référence, puisqu'il n'a été recensé que sur un
seul terrain : le plat descendant.
Il n'y a donc pas d'anomalies constatées à Obserstdorf quant à son utilisation. Il faut
souligner cependant qu'il n'arrive qu'en deuxième position sur l'ensemble des
observations, avec 24,5 %, très légèrement derrière le patineur de 2, 34 %.
Son utilisation largement majoritaire (38,25 %), en premier pas, là où le champ
d'observation est précédé d'une légère descente, confirme la nécessité d'une
vitesse élevée pour l'éxécution du patineur sans bâtons.
L'on peut s'étonner qu'il ne soit pas employé de façon plus systématique, d'autant
que certaines attitudes posturales le concernant et tendant à pallier à
l'encombrement des bâtons, ont été expérimentées par diverses équipes nationales
lors des entraînements estivaux.
LE PATINEUR DE 1
L'observation de ce pas était tout particulièrement intéressante à faire à Oberstdorf,
car certains en faisaient à l'aube de la saison 1986 1987, le pas d'avenir du
patinage. Il devait même se substituer aux autres pas, notamment au patineur de 2.
Il a été beaucoup utilisé dans cette optique, par les compétiteurs lors de la
préparation sur glacier en 1986.
Recensé avec 11 % et en 5ème position seulement sur l'ensemble des observations
du plat descendant, et 11,1 % sur l'ensemble des observations du plat montant, le
patineur de 1 déçoit. Il n'améliore son score, qu'en premier pas utilisé au plat
descendant avec 14 % et en deuxième pas utilisé au plat montant avec 24 %, mais
loin derrière le patineur de 2 qui affiche 58 %.
S'il n'y a pas contradiction entre théorie et observations quant à la nature du terrain
requis pour sa réalisation optimale, le patineur de 1 est très largement sous utilisé
par rapport à l'importance qu'il était sensé prendre. Il s'agit là d'une première
surprise. Deux raisons peuvent être avancées pour expliquer cette relative « contreperformance ».
1- Les travaux de référence reconnaissent tous que la mise en oeuvre de ce pas
requiert des qualités d'équilibration exceptionnelles et par voie de conséquence,
des conditions de piste et de neige ne constituant pas des handicaps pour sa
réalisation. Cela n'était pas le cas à Oberstdorf.
2- Si l'on considère qu'en plat descendant, deux concurrentes seulement sur 55
(aucune parmi les 10 premières) ont pu mener ce pas d'un bout à l'autre du champ
d'observation, et en plat montant, un concurrent sur 27, l'on peut également se
demander, si la dépense d'énergie induite par ce pas n'est pas disproportionnée à
son efficacité. En effet, à titre indicatif, le seul coureur à avoir utilisé le patineur de 1
sur la totalité du champ d'observation (plat montant), le finlandais Kari RISTANEN,
a eu besoin d'accomplir 13 patineurs de 1 pour parcourir cette distance contre,
entre 10 et 12 gestes pour les coureurs ayant utilisé le seul demi pas de patineur.
Il serait intéressant de comparer l'efficacité réelle de ce pas (vitesse d'accélération
par geste, variation de la vitesse linéaire, etc.) par rapport au patineur de 2, son
concurrent direct et ce, si possible à dépense énergétique égale.
LE PATINEUR DE 2
C'est le pas qui pose le plus de problèmes. Il a été en effet recensé dans les quatre
terrains soumis à observation, ce qui confirme l'imprécision des conseils théoriques
pour son utilisation. Sur 192 observations, il est utilisé 79 fois.
En fait, un seul terrain ne pose pas de problème et ne fait pas apparaître d'anomalie
à priori. Les quelques observations faites sur la montée moyenne (21) donnent 100
% pour le patineur de 2. Ce résultat partiel est corroboré par les observations que
nous avons pu mener pendant la durée des Championnats du Monde. Par contre,
les trois autres terrains considérés mettent en évidence des anomalies. Pour le plat
descendant, le patineur de 2 prend la place laissée vacante par le patineur de 1
(34% de l'ensemble des observations). Pour le plat montant, au contraire, alors qu'à
priori il devrait être relativement bien employé sur ce type de terrain, il ne totalise
que 20 % des observations et très loin derrière le demi pas de patineur. Enfin c'est
dans la montée forte que l'on note l'anomalie la plus surprenante. Le patineur de 2
arrive en tête des observations avec 51,4 % et il est encore plus surprenant de
constater que sur ce type de terrain, 53 % des coureurs qui ont utilisé un seul pas,
emploient le patineur de 2. Deux hypothèses peuvent expliquer cette anomalie.
1- Le passage raide étant relativement court, les coureurs profitant de l'élan de la
descente qui précède le champ d'observation, adoptent d'emblée le patineur de 2 et
le conservent de peur de casser leur rythme initial.
2- Soit le passage est considéré être franchissable avec ce type de pas.
Il aurait été intéressant de procéder à des observations sur un même terrain non
précédé d'une descente et plus long.
Quoiqu'il en soit et malgré les réserves apportées pour la montée forte, l'utilisation
du patineur de 2, là où on ne l'attendait pas ou peu et son absence là où on pouvait
l'attendre de façon significative, sont étonnantes.
La mise en parallèle des résultats globaux avec ceux obtenus pour les 10 premiers
(ères) du classement et une analyse pour chaque champ d'observation, permet
d'affiner les conclusions sur le patineur de 2. Les pourcentages d'utilisation du
patineur de 2 pour les 10 premiers (ères) viennent atténuer le constat initial.
EXEMPLE : 45,5 % de patineur de 2 pour les concurrentes n'ayant utilisé qu'un seul
pas en plat descendant contre 25 % de patineur 2 pour les concurrentes parmi les
10 premières n'ayant utilisé qu'un seul pas.
D'autre part, si l'on considère le seul plat descendant et notamment la première
partie du champ d'observation (pente relative et vitesse élevée), il est intéressant de
noter que si 10 concurrentes sur 55 ont d'emblée utilisé le patineur de 2, une seule
concurrente parmi les 10 premières y a eu recours. Si l'on considère le seul plat
montant, où la représentation du patineur de 2 est à priori décevante, 5,5 % des
concurrents le mettent en oeuvre dès leur entrée dans le champ d'observation
(plat), contre 20 % des 10 premiers. Deux cas, deux tendances qui sans inverser le
constat, le tempère.
Ces quelques précisions permettent d'avancer l'hypothèse que le patineur de 2
étant le pas de base du patinage, il est systématiquement surutilisé sans
considération de son efficacité réelle par rapport au terrain parcouru. Cette
surutilisation est sans doute le fruit d'une maîtrise technique insuffisante du
patinage et de ses nuances puisque cette tendance est plus marquée chez les
coureurs les moins performants. Il serait intéressant, compte-tenu des progrès faits
par les compétiteurs d'une saison sur l'autre, pour mieux maîtriser la technique, de
comparer les résultats d'Oberstdorf pour le patineur de 2 avec d'autres observations
conduites lors de la saison 1987-1988.
Enfin, en ce qui concerne le décalage dans l'espace du travail des membres
supérieurs, un comptage effectué sur le plat descendant, fait apparaître sur 31
observations de patineur de 2, 14 patineurs de 2 poussées simultanées symétriques
contre 17 patineurs de 2 poussées simultanées décalées. Si l'on considère que ce
décalage du travail des membres supérieurs devrait être dû principalement au
redressement de la pente, son utilisation en plat descendant dénote soit une
mauvaise maîtrise technique, soit la conséquence d'une taille de bâtons trop
importante. Enfin, nous n'avons pas pu observer d'exemple de déphasage dans le
temps.
LE PATINEUR ALTERNÉ ET LA MONTÉE EN CISEAUX
Nous avons volontairement regroupé ces deux pas, parce qu'ils n'ont été recensés
que sur la montée forte, confirmant les conseils d'utilisation prescrits à leur propos,
mais également parce que leur nature les oppose.
Le pas de patinage pour la montée forte est à priori le patineur alterné, or non
seulement il se place sur l'ensemble des observations, loin derrière le patineur de 2
avec 28,5 % mais il ne précède que de peu la montée en ciseaux qui totalise 20,1
%, Par contre si l'on considère le deuxième pas utilisé, le patineur alterné arrive très
largement en tête avec 75 % contre 25 % pour la montée en ciseaux, (il faut
cependant considérer ce résultat avec prudence, car seulement 8 coureurs y ont eu
recours).
L'équilibre entre les deux pas et la survivance de la montée en ciseaux n'utilisant
pas de temps de glisse sont sans doute dus aux habitudes des compétiteurs tirées
de l'usage de la technique fartée. Ceci est corroboré par le fait qu'en deuxième pas
le patineur alterné fait suite naturellement au patineur de 2, un pas glissé succédant
à un autre pas glissé.
Il faut noter pour l'anecdote que la combinaison entre patineur alterné et montée en
ciseaux s'avère marginale.
LE DEMI PAS DE PATINEUR
Ce pas est présent sur deux types de terrain, le plat descendant et le plat montant,
ce qui concorde avec les conseils d'utilisation théoriques mis en évidence plus haut.
Mais si son utilisation reste modeste en plat descendant, il réalise un gros score en
plat montant avec 64,4 % de l'ensemble des observations (expliquant le faible score
du patineur de 2). Cette proportion monte à 89 % pour les concurrents n'ayant
utilisé qu'un seul pas. Les résultats constatés pour les 10 premiers confirment cette
tendance.
Enfin le nombre de gestes effectué par type de pas confirme également cette
prédominance du demi pas de patineur, même pour les concurrents utilisant deux
pas.
Des observations effectuées dans d'autres secteurs des parcours mais non
enregistrées, viennent confirmer que le demi pas de patineur n'est pas mort
contrairement à ce que nous avions pu nous mêmes écrire en 1986. Si après 40 ou
45 kilomètres de course, sa proportion se réduit au profit du patineur de 2, Maurilio
DE ZOLT, Andi GRUENENFELDER et Ladislav SVANDA qui se classent dans les
10 premiers du 50 kilomètres, menaient encore dans le faux plat précédant l'arrivée
un demi pas très efficace.
Il est certain que sans l'obligation de maintenir une trace classique dans les courses
réservées au « style libre », le demi pas de patineur n'aurait certainement pas
obtenu les mêmes résultats. Si cette règle se pérennise, il serait intéressant de
comparer sur un même type de terrain, l'efficacité des 3 pas en concurrence; le
patineur de 2, le patineur de 1, le demi pas de patineur.
CONCLUSION
L'un des constats qui s'impose à l'évidence au terme de cette étude, c'est
l'hétérogénéité des pas utilisé dans chaque type de terrain, à l'exception de la
montée moyenne. Cette hétérogénéité met en valeur d'une part, des niveaux de
maîtrise de la technique de patinage et de ses pas très dissemblables suivant les
concurrents (tes) et ceci même parmi les meilleurs, d'autre part un décalage très
important entre les modes d'emploi théoriques livrés avec chacun des pas de
patinage et leur utilisation réelle sur le terrain. Ce décalage montre bien l'important
travail d'investigation à mener à propos de cette nouvelle technique, afin d'offrir tant
aux compétiteurs qu'aux pratiquants modestes des bases de pratique reposant sur
des certitudes mesurées et non pas sur des acquis empiriques. Si la présente étude
n'a jamais eu la prétention d'être une recherche stricto sensu, elle était une étape
nécessaire pour établir un pré bilan, une classification et définir des orientations
pour des recherches ultérieures.
Des observations partielles faites lors de la première étape de la Coupe du Monde
1987-1988, disputée à la Clusaz confirment que la maîtrise fine de la technique de
patinage reste encore l'apanage de quelques coureurs et que plus que jamais, le
pré travail fait à Obserstdorf mérite une suite.
INDEX BIBLIOGRAPHIOUE
Les travaux retenus pour servir d'appui à cette étude sont :
1-A.N.C.E.F.S.F. : Association Nationale des Centres Ecoles et Foyers de Ski de
Fond. (*) « Formation des cadres, documents pédagogiques ». Non daté
2 - ENDESTAT Audun et TEAFORD John. « Skating for cross country skiers ».
Editeur : Leisure Press, 1986, 147 pages.
3 - E.N.S.F. Ecole Nationale de Ski de Fond et de Saut Prémanon (*). « Les pas de
patinage ». Non daté.
4 - F.F.S. : Fédération Suisse de Ski WENGERUPI. « Skating, instructions
techniques ».
5 - ROY Benoît et VOYER Bernard. « Le Ski de Fond, technique, biomécanique et
préparation physique ». Les éditions de l'homme - Québec, 1983, 219 pages.
6 - SKARD Halldor. « Laerdeg SNOSKOYTING » : Universtets forpoget, oslo 1986,
254 pages
Les ouvrages marqués d'un * ont servi à établir le nomenclature des pas de
patinage et les hypothèses d'adaptation au terrain.
Nos remerciements à Benoît ROY, de l'Université du Québec pour ses
précieux conseils.
ANNEXE