Aspects inconscients de la constitution du couple
Transcription
Aspects inconscients de la constitution du couple
P S Y C H A N A LY S E 43 FLYE SAINTE MARIE M.-H. (2004) Rev. Europ. Sexol ; Sexologies ; (XIII), 48 : 43-46 M.-H. FLYE SAINTE-MARIE Aspects inconscients de la constitution du couple D’après une intervention au Congrès de l’AIHUS à Toulouse en mars 2004. RÉSUMÉ : Tout discours sur l’amour affirme que celui-ci rime avec toujours. Il y a alors désir l’un pour l’autre ou désir de ce que l’un renvoie à l’autre. Comme en miroir, cet amour se présente comme essentiellement narcissique, car il est principalement attente d’être aimé comme nous imaginons ce qu’aimer veut dire. Quand apparaît la différence entre le réel de l’autre qui n’est pas moi, et l’image réductrice que je me fais de lui, surviennent alors les désillusions et les reproches, ces malices du désir, désir qui tente alors de briser ce qu’il a adoré. Voici un des aspects cruciaux de la constitution inconsciente du couple, ce qui nous fait courir après le lien amoureux. Nous essaierons de comprendre cette dimension de la tromperie à propos du discours amoureux qui fonctionne comme un leurre. Ce discours est un discours sur une union sans conflit ni faille renvoyant à l’origine de la construction de notre histoire, comme si l’amour et la sexualité protégeaient de la différence, de la perte et de la mort. MOTS-CLEFS : • Amour • Désir • Discours amoureux • Narcissisme • Sexualité • Passion Marie-Hélène Flye Sainte-Marie exerce en cabinet libéral à Toulouse depuis 1978 après une formation de psychanalyste freudienne et un cursus de psychologie et de thérapie analytique de couple à Paris. Son intérêt se porte plus spécifiquement sur tout ce qui soutient le désir au sein de la complexité des relations humaines. Elle participe à des équipes de recherche à Paris et Montpellier. Elle a une activité de supervision de groupe de conseillers conjugaux à Toulouse. Elle a écrit en 2002 avec une collègue, Yvonne Bruel Le Code secret du Couple, aux éditions de L’Harmattan, Paris (133 p.). Elle aime la lecture, l’écriture, la musique et la marche. L e titre de ces journées “Du Corps au Désir” convient bien à l’outil analytique. En effet, si la psychanalyse s’occupe exclusivement du sujet, elle situe en son fondement le mythe de la pulsion comme un déterminant de base de cette vie psychique qui est sans cesse dans un rapport d’équilibre afin de composer avec cet aspect pulsionnel. Tout le travail autour de la subjectivité désignera le sujet comme sujet de la pulsion, en quête d’un but à atteindre, d’objets à conquérir afin de satisfaire des besoins pulsionnels, certes, mais également en demande de rechercher le plaisir du lien. En effet, l’environnement humain est essentiel pour contenir et apprivoiser chez l’enfant les pulsions qui veulent être satisfaites dans l’immédiateté. Tout l’art étant de le conduire, sans barrer ses désirs, à accepter d’apprendre à soutenir ses pulsions en les différant momentanément dans la rencontre avec autrui. Être à l’écoute du monde interne du sujet, des aspects inconscients de son fonctionnement en relation avec les autres permet d’évaluer les avatars et les conflits dus à ce détour par l’origine. Si j’introduis ainsi mon propos, c’est afin de rappeler qu’il n’y a pas de subjectivité qui ne soit poussée et dirigée par cette énergie qui jaillit des sources corporelles en créant un mouvement dynamique vers un objet à conquérir, et un but à réaliser. La vie psychique y trouve sa force et la subjectivité se définira dans ce rapport constant avec ce qui ne contient ni foi ni loi afin de canaliser et de sublimer cette force à l’œuvre. Ce qui nous meut, nous émeut et nous surprend, c’est le désir d’un au-delà de la simple satisfaction qui marquera cet accès à la maturité. Ceci est à l’œuvre dans toute relation, et plus particulièrement dans les relations plus investies. Évoquer cela, c’est aussi apprécier la façon de gérer notre embarcation singulière, en profitant comme de bons marins des énergies porteuses, tout en sachant éviter, contourner ou profiter des courants plus impétueux afin de les traverser avec intelligence et sans barrage excessif. C’est l’art de toute une vie, et l’enfance est le lieu privilégié de cet apprentissage, mais une certaine inégalité préside à cette introduction à la vie. Observer les liens tissés entre ce couple pulsion/sujet, et, dans le même temps, les liens créés avec autrui, va nous permettre d’entrer dans ce questionnement sur les aspects inconscients de la constitution des relations humaines, et plus particulièrement de la constitution du couple. Ce qui tient un homme et une femme ensemble, est-ce le couple qu’ils sont censés former ou y aurait-il d’autres enjeux qui poussent à chercher de façon parfois répétitive celui, celle qui apporterait enfin des réponses à ces attentes - VOL.XIII, N°48 44 inconscientes. C’est le travail clinique avec des couples en situation de crises qui peut révéler les processus psychiques interpersonnels (l’autre et moi) et intrapersonnels (le réel de l’autre, la perception et les images que j’en ai). Donc, découvrons cette entité du couple structuré autour de ses lois propres. En effet, le couple se constituera autour de trois types d’idéalisation : soi-même, l’autre, l’image du couple. Les trois axes de sa dynamique tourneront autour du narcissisme, de la nature du lien (proximité et distance) ainsi que sur une problématique du pouvoir. Le lien du couple se constituera principalement sur le narcissisme, et il se structurera également en s’investissant sur une prédominance érotique avec une capacité d’investissement et de désinvestissement, dans une possibilité de vivre le conflit et la tendresse. Si la formation du couple signe un état de vie adulte, cet état ne rend pas compte de ce qui n’est pas comblé pour chacun de la partie infantile du monde inconscient. L’état amoureux est au centre de toute réflexion sur le couple, et si les poètes font rimer amour avec toujours, ils font sans doute référence à cet indestructible et dur désir d’être aimé, prélude à la capacité d’aimer. Ceci met en relief cette capacité de rêve et d’illusion qui attribue et investit toutes sortes de propriétés sur l’autre, créant ainsi des images internes idéalisées qui solliciteront le désir. Dans le choix d’une rencontre amoureuse, ce sont certains traits communs de ces images internes idéalisées qui semblent coexister entre les partenaires du couple. Chacun pensant posséder, vis-à-vis de l’autre et pour cet autre, des traits qui correspondent aux images idéales qu’il porte en lui. La manière dont chacun utilise les diverses instances de l’appareil psychique, que sont le moi en relation avec le ça (la pulsion) et le surmoi, montre combien est complexe la composition de chaque tissage singulier composé avec les origines. Cette façon de définir le sujet et son appareil psychique comme une instance qui traite les informations, les interprète, tout ceci à partir de stimulations corporelles et relationnelles, nous conduisent vers le postulat du besoin soulagé - VOL.XIII, N°48 dans le plaisir de la satisfaction, certes, mais plus encore dans le plaisir du lien. C’est important pour ce qui va concerner tout discours amoureux Toute demande disait Lacan est une demande d’amour. Ce qui nous fait rechercher cette vie à deux n’est-elle pas, entre autre, ce désir d’être conforté dans une meilleure estime de soi. Bien des attentes inconscientes s’y révèlent qui ne favorisent pas toujours la vie relationnelle et l’encombrent. Ceci se vit très intimement dans toute relation amoureuse. Le couple cristallise nos rêves et nos peurs, nos espoirs et nos souffrances de vie. Il est enjeu de construction de soi avec un(e) autre, de fondation d’une famille et, de plus en plus souvent, de séparation. En effet, ce sur quoi se constitue un couple, le sentiment lié à nos représentations, peut aller à rebours de ce qui le fonde : la parole qui réunit en séparant. La vie en couple est engagement dans ce qui parle. Peut y faire obstacle le sentiment, ce discours sur l’autre et sur soimême qui fonctionne comme un leurre, même si c’est un leurre nécessaire. En effet, le discours amoureux évoque le plus souvent une harmonie enfin rencontrée sans conflit ni heurt. Or, le couple n’est-il pas un lieu de tension entre la tentation de l’unité parfois confondue avec fusion (ne faire qu’un, lequel des deux ? disait Coluche) et l’écart où peut se poser la fonction tierce du langage, créant une autonomisation des personnes au sein de cette relation, vivant d’une écoute à soi-même et à l’autre qui soit parole. Toute passion, par définition, ajoute Jean Lemaire, est source de souffrance “le couple est bien un lieu de passions réciproques avec ses maux propres qui s’origine pour une part dans l’enfance.” Ce sont ces traces infantiles qui encombrent souvent la vie amoureuse dans ses échanges intimes, en donnant un sentiment de flou identitaire, et qui dans des moments critiques amènent les couples à consulter. Dans la vie sociale, l’identité semble clairement définie, alors que dans la vie affective, les enjeux sont plus complexes. Quand surviennent des déceptions, elles peuvent rejoindre en écho des blessures narcissiques plus anciennes empêchant parfois cet accès à une désillusion nécessaire pour entrer dans une meilleure appréciation de soi et de l’autre. Ceci prend du temps. La jalousie en sera parfois le symptôme déclaré révélant quelque chose d’un trouble de l’origine insuffisamment pris en compte. La conjugaison et l’opposition de l’amour et de la haine sont lisibles dans toute relation humaine. Les efforts de la pulsion de vie pour unir et créer du lien autour et alentour rencontrent l’agressivité, les agressions et les violences de la pulsion de destruction, la pulsion de mort. Toute idéologie régnante sur l’amour sans conflits ni haine est une utopie, seule demeurant l’effort pour maintenir en équilibre ce combat du vivant. La sexualité est, dans son accès à la réalité, un lieu plus ou moins chargé d’angoisse, car dans la rencontre de deux narcissismes, la crainte mêlée au désir d’un rapprochement évalue difficilement ce qu’il en sera de la fusion et de la proximité, ainsi que de la distance nécessaire à chacun. La capacité de désirer, d’un désir qui rend vivant, sans trop de filtre pathologique, s’inscrit dans une plus ou moins longue histoire, une histoire mythique familiale dont les liens demandent parfois à être débrouillés. Selon ce qui provoque ces moments de crise, cela réveille et touche parfois des blessures préexistantes qui cherchaient à se restaurer dans le couple. Il est alors soulageant de pouvoir les considérer et les écouter. Il n’est guère possible d’entendre seul ce qui s’est figé dans l’extrême de la déception et a réveillé un trouble narcissique ancien et refoulé. Ce qui est réactivé d’un manque, trace d’autrui restée en souffrance, demande une écoute particulière de ce qui cherche à se dire d’inconscient. Il est assez légitime d’espérer y avoir accès. Ce qui justifie alors notre travail sera de permettre à chacun dans le couple, par cette écoute tierce, d’être à nouveau au contact avec ce qu’il porte en lui d’écoute de paroles en souffrance. Lacan soulignait que toute demande est une demande indirecte d’amour. Il y a désir de l’un vers l’autre et plaisir de ce que chacun renvoie à l’autre. Comme en miroir, cet amour se réjouit d’être conforté dans ce plaisir du lien. Quand apparaît le choc du réel de l’autre, qui n’est pas moi ni même réductible à l’image que je m’en fais, 45 quand cette réciprocité en miroir qui produisait une telle jouissance s’effrite, surviennent alors désillusions et reproches. Voici alors les malices du désir qui tentent de briser tout ce qu’il a adoré. Ceci nous donne à voir un des aspects vitaux de la constitution inconsciente du couple. Quand l’autre ne satisfait plus mon désir, il est courant d’entendre dire “je me suis trompé, il/elle n’était pas pour moi” cherchant alors, dans cet ailleurs imaginaire un homme, une femme conforme à ce que je porte en moi du dur désir d’être compris et accueilli comme je le voudrais ! Le risque étant alors de ne pas s’interroger sur le bien-fondé de ces projections mises dans la relation, afin de percevoir que nous étions principalement trompés par ce que notre désir singulier porte en lui d’attentes inconscientes. C’est ce mirage de l’amour qui, paradoxalement, nous permet de nous y risquer, et, ce faisant, nous contraint à apprendre les lois symboliques qui nous feront traverser nos représentations imaginaires afin d’advenir à plus de réel. C’est ce réel qui nous fera inventer et faire des choix qui ne seront pas inscrits dans une garantie totale à propos des vicissitudes de la vie et du désir d’aimer et d’être aimé. Transformer ce qui renvoie à un désir d’une union sans conflit ni faille, à ce merveilleux de l’amour qui est lié au récit de notre histoire. Rêver que l’amour protège du conflit, de la différence, de la perte et de la mort, donc de la sexualité. Parler des choix inconscients de la rencontre amoureuse, c’est se situer à la jonction de deux espaces, de deux histoires, c’est parler de ce qui habite tout être humain, le désir d’être aimé et d’aimer, de partager du plaisir et de la sécurité, c’est s’interroger sur pourquoi ce choix-là plutôt qu’un autre ? C’est aussi se demander ce que va favoriser ou empêcher cette nouvelle relation pour chaque individu, et quel est l’enjeu de cette rencontre ? Ce couple signe-t-il l’accomplissement du processus de maturation de chaque partenaire ou bien s’inscrit-il dans une continuité de répétition sans pouvoir traverser une nouvelle étape d’évolution/maturation de chacun ? Les couples que nous recevons arrivent à un moment de crise et ont le sentiment d’avoir perdu tout ou partie de leur histoire d’amour. Chacun est dans le reproche. Le cadre contenant, la présence du tiers et de son écoute sans jugement va permettre au fil des séances un retour sur la rencontre amoureuse et sur la façon dont le couple s’est constitué. Cela se fait par bribes, avec des arrêts sur images, qui permettent peu à peu d’éclairer ce phénomène de crise, et de faire des liens entre ce qui a permis la naissance de ce couple-là, ce qui se passe aujourd’hui et ce qui s’est passé, avant même que ces deux êtres se rencontrent. Même si chaque histoire de couple est unique, nous repérons des constantes (des invariants) dans l’alchimie du choix amoureux : le noyau de la rencontre est l’image narcissique de chacun réveillé par un besoin de sécurité et une recherche d’identité. Il n’est pas facile de se laisser aimer et d’accepter de reconstruire des images de soi souvent maltraitées. Ce qui attire chez l’autre au moment de la rencontre, c’est souvent la perception inconsciente d’une même problématique infantile avec une façon différente d’y réagir, qui va entrer en résonance et faire attraction. Selon le stade d’évolution de la personne auquel renvoie cette problématique (oral, anal ou génital) le lien entre les personnes sera plus ou moins souple, les attentes plus ou moins intenses. En amour, nous sommes deux mais pas en nombre entier, c’est ce manque à être qui peut être le ressort de la relation, à condition que le narcissisme de chacun soit assez confirmé par une vraie reconnaissance de la part infantile enfouie et resurgissant à certains moments de difficultés. De l’engagement amoureux aux reproches, chacun vit cela dans l’évolution d’une relation… En effet, une évolution se fait ensemble, mais parfois de façon décalée. Si les conflits peuvent être abordés, cette maturation se fera. Ces attentes et ces désirs plus ou moins conscients et inconscients, toutes ces représentations de l’amour sont à la fois et paradoxalement des points d’appui et des obstacles pour la confrontation. Les différentes crises que traversera le couple au long de son existence ouvriront sur une élaboration autre du lien, sur un remaillage des liens de filiation et d’affiliation, si une certaine solitude est acceptée et que l’on conçoit que l’autre ne soit pas là simplement pour moi ni pour combler et satisfaire la plupart de mes attentes. Par contre, c’est avec cet autre, reconnu dans son altérité, que je vais pouvoir apprendre à évoluer, à vivre une relation de plaisir et d’amour partagé. Admettre que la constitution de départ du couple est différente pour une part avec ce qui va permettre de le structurer est vital. Si cette idéalisation est nécessaire au jeu de l’attirance et de la séduction, la rencontre, l’engagement et la confrontation se feront au quotidien dans ce qui parle et dans l’écoute de la parole de chacun ; les désirs pouvant alors être pris en compte pour ce qu’ils sont. Un dialogue en mesurera l’importance, et favorisera l’individuation et l’autonomie des personnes du couple. Cette blessure narcissique du petit d’homme qui doit se détacher de la symbiose avec cet autre qui le faisait vivre est un long apprentissage revécu avec intensité dans les crises de couple. Quand les aspects inconscients de la constitution du couple ne peuvent être réévalués à l’occasion d’un conflit, et si une séparation est envisagée, il est utile d’en parler afin d’entendre ce qui est réellement à l’œuvre qui ne peut toujours être entendu. Ceci afin d’espérer ne pas répéter ce qui, en souffrance, risque de constituer trop d’attentes inconscientes. Vivre uniquement l’un pour l’autre ou l’un par l’autre est aliénant et permettre de connaître ses désirs intimes permet un meilleur choix. Une union réelle se faisant dans une altérité reconnue. Autrement dit, l’amour est comme la parole, engagement dans le corps, l’espace et le temps. Être ouvert à ce qui parle en nous et entre nous est sans doute ce qui pousse et constitue ce désir de vivre à deux qui parfois inquiète, tant il est vrai que cet autre indispensable à ma survie est aussi celui qui peut présider à ma souffrance. Ceci est impossible à vivre pour ceux qui ont été trop peu contenus enfants, et qui cherchent dans la relation amoureuse une réorganisation permettant cette traversée des blessures infantiles, dans un désir de réparation et d’évolution surtout personnelle. Dans ce cas, il - VOL.XIII, N°48 46 n’est pas rare que l’on se sépare de quelqu’un au nom de son idéal de l’amour, pris pour la réalité de ses besoins. En modifiant sa théorie des pulsions, en rapprochant les pulsions sexuelles par les pulsions de vie et d’amour, Freud indique que ce qui relie les trois s’inscrit dans une tension dynamique qui fait de ces allées et venues le déroulement du combat vers un équilibre du vivant toujours à l’œuvre. Si ce lien constitué par l’idéalisation est nécessaire, il est toujours fragile et demande à se transformer en lien reposant sur la tendresse et l’identification. C’est ce qui permettra de s’approprier certains aspects inachevés pour l’un et pour l’autre. Les ruptures du lien surviennent quand la demande ne peut être accueillie ni par l’un ni par l’autre. Le but sexuel s’éteignant avec la satisfaction, il ne peut être établi de lien durable s’il n’est relayé par de la tendresse et d’autres partages. Pouvoir réintroduire un espace psy- A G E N D A 6-9 OCTOBRE 2004 ATHÈNES (Grèce) th 8 International Conference on the Treatment of Sexual Offenders chique où puissent circuler librement les activités fantasmatiques créatives de chacun des membres du couple est une opération de santé psychique. Il y a là une nécessité de reconnaître les frontières du moi et du non moi. Nous ne sommes pas obligés d'adhérer aux ressentis et aux croyances de l'autre. Il y a simplement à entendre les différences. C’est la parole qui fait rapport entre les êtres quand ce qui s’y dit est écouté avec le désir d’entrer en relation. Nous avons toujours une certaine méconnaissance qu’il y a toujours ce dont chacun pense parler entre ceux qui se parlent. Ce lieu du couple peut alors devenir un lieu à ne pas quitter tant que s’y joue le sort de l’amour et du désir. Au fond, que cherchons-nous en constituant un couple ? Et que désirons nous en cherchant l’amour ? Sans doute à atteindre un désir dont nous portons en nous les traces fugitives et qui nous sollicitent à continuer d’être en mouvement vers qui, vers quoi ? 35e Séminaire de l’AIHUS La Condition Masculine RENSEIGNEMENTS www.essm.org - [email protected] 17-21 OCTOBRE 2004 BUENOS AIRES (Argentine) International Meeting on Advances in Sexual Health Organisation : ISSIR Executive Office Robert von Hinke Kessler, PO Box 97 - 3950 AB Maarn - The Netherlands. [email protected] Phone: (31-343) 443888 Fax: (31-343) 442043 Secrétariat local : MCI Congresos & Eventos María Claudia Iturregui, Viamonte 965 - 7º "A" (C1053ABS) Buenos Aires Argentina Phone: (54-11) 4325-1273 / 4325-1290 Fax: (54-11) 4326-8517 [email protected] - www.issir2004.org - VOL.XIII, N°48 Marie-Hélène Flye Sainte-Marie Psychanalyste, psychothérapeute de couple, 16, rue Nungesser et Coli, 31300 Toulouse (F) <[email protected]> 7th Congress of the ESSM www.iatsoathens.gr - [email protected] RENSEIGNEMENTS - FREUD S. Trois essais sur la théorie de la Sexualité. Éd. NRF, 1905. - LEMAIRE J. Le Couple : Sa vie, Sa mort. Éd. Payot, 1979. - AULAGNIER P. Les Destins du Plaisir. Éd. PUF, 1979. - BRUSSET B. Psychanalyse du lien. Éd. Le Centurion, 1988. - GREEN A. Narcissisme de vie, Narcissisme de mort. Éd. de Minuit, 1983. 10-13 MARS 2005 PARIS 23-28 JANVIER 2005 Île Maurice 11 World congress of the ISSIR RÉFÉRENCES 5-8 DÉCEMBRE 2004 LONDRES (G.B.) RENSEIGNEMENTS th La question reste ouverte, à chacun de se l’approprier. RENSEIGNEMENTS Organisé par « Sexologies », The European Journal of Sexology et par la SFMS (Société Francophone de Médecine Sexuelle). En collaboration scientifique avec : EFS, SFMS, AIHUS, SFSC, SALF, CNGOF. [email protected] - www.medspe.com www.SFMS.dyndns.org - [email protected] RENSEIGNEMENTS [email protected] Tél :+ 33 1 44 64 15 15 Fax : + 33 1 44 64 15 16 10-15 JUILLET 2005 MONTRÉAL 17th World Congress of Sexology RENSEIGNEMENTS www.montrealsexo.com 6-9 AVRIL 2005 BOLOGNE (ITALIE) 19th International Symposium on Gender Dysphoria, RENSEIGNEMENTS Sponsored by the Harry Benjamin International Gender Dysphoria Association. E-mail: [email protected] http://www.hbigda.org P S Y C H O A N A LY S I S 47 FLYE SAINTE MARIE M.-H. (2004) Rev. Europ. Sexol ; Sexologies ; (XIII), 48 : 47-49 M.-H. FLYE SAINTE-MARIE SUMMARY : Any discourse on love connects the word “love” with the word “forever”. It expresses one's desire for the other, or a desire for what will be returned by the other. Mirror like, this love appears essentially narcissistic, for it is mainly an expectation to be loved according to one's personal interpretation of the meaning of love. When occurs the difference between the reality of the other, who is not me, and the restrictive image I have of him/her, then arise disappointments and reproaches, those tricks of desire. Desire, then, attempts to crush its old idol. Such is one of the crucial aspects of the subconscious building-up of the couple, it is what makes us seek the love bond. We shall attempt to understand the dimension of the deceit related to the discourse of love, which works as a snare. Such discourse tells of a union without conflicts or flaws, referring to the construction of our story, as if love and sexuality could prevent differences, loss or death. Mots Clefs : • Love • Desire • Love Speech • Narcissism • Sexuality • Passion Unconscious aspects of the constitution of the couple rom the Body to Desire”, is the title given to this conference and it is well suited to the analytical tool. Indeed, whereas psychoanalysis deals exclusively with the subject, it places at its very foundation the myth of the drive as a basic determinant of the life of the psyche which is constantly doing a balancing act in order to come to terms with this drive. All work involving subjectivity will designate the subject as subjected to drive, in search of a goal to be reached, objects to conquer in order to satisfy its impulsive needs, it is true, but at the same time, requiring to seek the pleasure of bonding. In fact, the human environment is essential to contain and tame these drives in children who demand instant satisfaction - the art being, to lead them, without blocking their desires, to accept that they have to learn to maintain these drives by deferring them momentarily through encounters with other people. By listening to the internal world of the subject, the unconscious aspects of his functioning in relation to others enables the metamorphoses and conflicts due to this detour by way of the origin to be assessed. By choosing to introduce my talk in this way, I wish to remind you that there is no subjectivity which is not impelled and guided by this energy which springs from bodily sources; it creates a dynamic movement towards an object to be conquered and a goal to be attained. The life of the psyche derives its strength from this source and subjectivity is defined by this constant relationship with that which recognises no outside authority whatever in channeling and sublimating that strength at work. That which drives us, touches and surprises us is the desire for something beyond the simple satisfaction which marks this entry to maturity. This is what underlies “F every relationship and more particularly in invested relationships. In mentioning this, one is also able to appreciate the manner in which one can steer our remarkable vessel by taking advantage, as good sailors do, of favourable currents, whilst being able to avoid, bypass or take advantage of more impetuous currents in order to make one’s way across them with intelligence and without too many obstacles. It takes an entire lifetime to do this, and childhood is the privileged place where this learning takes place, although there is a certain inequality in this introduction to life. By observing the interwoven bonds between this couple drive/subject, and at the same time the bonds created with others, we are able to start asking questions about the unconscious aspects of what forms human relationships, and more particularly the formation of the couple. What holds a man and a woman together? Is it the couple they are supposed to form or might there be other factors which incite to seek, sometimes repetitively, him or her who might at last provide the responses to these unconscious expectations? It is clinical work with couples in crisis that can reveal the interpersonal, psychic processes (the other and me) as well as the intrapersonal processes (the reality of the other, the perception and images I have of him or her). We are thus led to discover the entity of the couple structured according to its own laws. The couple is in fact constituted around three types of idealisation: Oneself, the other, and the image of the couple. The three axes of its dynamic revolve around narcissism, the nature of the bond (closeness and distance) as well as problems of power. The bond securing the couple is based principally on narcissism; it is also structured by granting a predominant place to - VOL.XIII, N°48 48 eroticism together with power to invest and dis-invest, as well as a capacity to experience conflict and tenderness. If the formation of a couple is a sign of entry into adulthood, this does not take into account that which is not completely achieved for each party in the infantile part of the unconscious. The state of love is at the hub of all reflections concerning the couple, and when poets make “love” (amour) rhyme with “for ever” (toujours), they are doubtless referring to that indestructible and fervent desire to be loved, which is the forerunner of the ability to love. This throws into relief the capacity for dreams and illusions which confers all manner of properties on the other party, thus creating internal, idealised images which call forth desire. In the choice of a love encounter, certain common characteristics of these internal, idealised images seem to co-exist in both parties. Each party seems to think that he or she harbours towards and for the other party, the characteristics corresponding to the ideal images within him- or herself. The way in which each party makes use of the various components of the psychic apparatus, namely the ego in relation to the id (the drive) and the superego, shows the extent of the complexity of the composition of each singular fabric going back to its origins. This way of defining the subject and his psychic apparatus as an instance which processes information and interprets it, all on the basis of bodily and relational stimuli, leads us to the assumption that any state of need finds relief in the pleasure of satisfaction but better still in the pleasure of bonding. This is important when it comes to dealing with any amorous language. Every request is a request for love, says Lacan. Could not that which makes us seek the life of a couple be, amongst other things, the desire to be raised to a higher level of self-esteem. A range of unconscious expectations come to light here which do not favour a relationship and even form obstacles to it. This is experienced in a very intimate way in every loving relationship. The couple crystallises our dreams and our fears, our hopes and our sufferings in life. The concept of the couple is at stake in uniting oneself with the other, in founding a family, and ever more frequently, in separation. In fact, the basis of a couple, - feeling linked to our inner images - may run counter to that which founds it, namely the language - VOL.XIII, N°48 which unites and separates.” The life of a couple is a commitment to that which speaks. Feeling, the discourse about the other party and oneself which acts like an lure, but a necessary one, can become an obstacle to it. In fact, loving discourse more often evokes a harmony achieved at last without conflict or clash. And yet, is not the couple a place of tension between temptation and unity sometimes mistaken for fusion (making only one but which one of the two, as Coluche said) and the distance where the third function of language is placed, creating autonomy for those within the relationship deriving life from listening to oneself and to the other creating discourse. “All passion by definition is a source of suffering”, says Jean Lemaire. “The couple is a place of reciprocal passions with its own ills originating partly in childhood”. These vestiges of infancy often encumber amorous life in its intimate exchanges; they give a feeling of blurred identity, and which, in moments of crisis, drives couples to seek advice. In social life, identity seems clearly defined whereas in emotional life the factors in play are more complex. When disappointments come along they may echo earlier narcissistic wounds, sometimes blocking access to a disillusion necessary for entry into a better appreciation of self and the other. All this takes time. Jealousy will sometimes be the visible sign revealing something of a disturbance of the origin insufficiently taken into account. The conjunction and opposition of love and hate are discernible in all human relations. The effort of the life impulse to unite and create a bond all around encounters aggression, and the violent onslaughts of the destructive impulse, the death impulse. Every ideology based on love without conflict or hate is utopian, the only thing remaining is the struggle to maintain the combat of the living in balance. In its tangible reality sexuality is a place more or less charged with anguish as it is the meeting point of two narcissisms; the fear mingled with desire for a rapprochement makes it difficult to assess what will be the result of fusion and proximity, as well as the distance both need. The capacity to desire in a life-giving way without too great a pathological filter has a more or less long history, a mythical family history whose threads sometimes need to be unravelled. Depending on what triggers these moments of crisis, pre-existing wounds are revived and sometimes touched when they needed to be healed in the couple. It is a relief to be able to face them and pay them attention. It is scarcely possible for one person to pay attention to what was rigidly set in dire disappointment and has awakened an old, suppressed narcissistic trouble. That part of a lack which is reactivated, a trace of others in suffering, requires special attention to whatever the unconscious seeks to express. It is quite legitimate for one to hope to be able to access it. What then justifies our work is allowing both parties, through this third-party hearing, to regain contact with the listening and speaking he or she carries within him/herself in suffering. Lacan emphasised that every request is an indirect request for love. There is mutual desire and the pleasure that each transmits to the other. As in a mirror, love is pleased to be strengthened in the pleasure of bonding. When the shock makes itself felt of the reality of the other, which is neither I nor even reducible to the image I have of it; when this mirror-reciprocity which produced such enjoyment disintegrates, then disillusion and reproach come onto the scene. Now we have malicious desire seeking to destroy everything it adored. This provides us with an insight into one of the vital aspects of the unconscious structure of the couple. When the other no longer satisfies my desire, one hears the customary “ I got it wrong, he/she was not for me” thus seeking in this imaginary elsewhere a man or woman who fits my inner strong desire to be understood and welcomed as I would like! The risk is then not questioning the soundness of these projections into the relationship to realise that we were mainly duped by the unconscious expectations of our own desire. Paradoxically, this mirage of love itself allows us to take the risk, and in so doing, forces us to learn the symbolic laws which will help us to traverse our imaginary preconceptions in order to reach greater reality. This is the reality which will enable us to invent and make choices which will not carry a total guarantee against the vicissitudes of life and the desire to love and be loved, and transform a desire for a flawless, conflict-free union into the marvel of love linked to our story, and to dream that love protects from conflict, from difference, from loss and death, and thus from sexuality. To speak of the unconscious choices of 49 the love encounter, means positioning oneself at the juncture of two spaces, two stories. It is to speak of that which inhabits every human being, the desire to be loved and to love, to share pleasure and security. It is to ask why this choice rather than that? It is also to ask oneself what will favour or hinder this new relationship for each individual, and what is at stake in this encounter? Does the couple mark the end of the process of maturation of each partner or does it fall within a continuum of repetition without being able to break through to a new stage of evolution or maturity of each partner? The couples who consult us arrive at a moment of crisis and feel that they have lost all or part of their love story. Each blames the other. The presence of a third party willing to listen without judgement, this will facilitate a return to the amorous encounter and original make-up of the couple, as sessions progress. This is accomplished in small steps, like freezeframes which gradually make it possible to clarify the crisis phenomenon and construct links between what brought the couple into being, what is now happening and what happened even before these two beings met. Despite the uniqueness of each couple, we come across constants (invariables) in the alchemy of amorous choice – the kernel of the encounter is the narcissistic image of each awakened by the need for security and a quest for identity. It is not easy to allow oneself be loved and to agree to the reconstruction of often damaged self-images. At the moment of encounter, what attracts in the other is often the unconscious perception of similar childhood problems with a different way of reacting to them; this will resonate and create attraction. The stage of development of the person with this set of problems (oral, anal or genital) will determine the degree of flexibility of the bond between the two persons, and the degree of intensity of expectations. In love, we are two, but not as a whole number. The part lacking may be the motivating force of the relationship, provided that the narcissism of each is sufficiently confirmed by a genuine recognition of the buried infantile side which resurfaces at certain times of difficulty. Both experience feelings ranging from loving commitment to reproof over the course of a relationship.. Indeed, evolution is experienced together, but sometimes unevenly. If conflicts can be tackled, maturation will occur. The expectations and the desires, more or less conscious or unconscious, and images of love are, simultaneously and paradoxically, cornerstones and obstacles in confrontations. The various crises the couple will experience during its existence will lead to the development of a different type of bond, to a re-threading of the fabric of filiation and affiliation, if a degree of solitude is accepted and it is understood that the other is not simply there for me, to fulfil and satisfy most of my expectations. On the other hand it is in the company of this other, recognised in his otherness, that I shall be able to learn to evolve and experience a relationship of pleasure and shared love. It is vital to admit that the initial constitution of the couple is different in some way from that which will allow it to structure itself. Whilst this idealisation is necessary for the game of attraction and seduction, the encounter, the commitment and confrontation take place on a daily basis in what is said and heard in the language of each member – desires can then be taken for what they are. Dialogue will measure the importance of this and favour the individuation and autonomy of both members of the couple. The narcissistic wound of the " man/child" who had to detach himself from symbiosis with the other which gave him life amounts to a long learning process re-lived with intensity in the couple’s crises. When the unconscious aspects of the constitution of the couple cannot be reassessed when a conflict occurs, and if a separation is envisaged it is useful to talk about them in order to hear what is really at work which cannot always be heard. This aims to avoid a repetition of what, in suffering terms, might constitute too many unconscious expectations. To live solely for each other or through each other is alienating and to allow ones intimate desires to be known permits a better choice; a genuine union being achieved by recognition of otherness. In other words, love is like speech, commitment in the body, space and time. To be open to what speaks within us and between us is doubtless what excites and constitutes the desire to live together which sometimes disturbs us whilst it is true that this other, indispensable to my existence, is also the one who may be the cause of my suffering. This is impossible for those who, as chil- dren, have been too little contained, and who in the loving relationship seek a reorganisation facilitating the traversing of infantile wounds in a desire for repair and mainly personal evolution. In this case it is not unknown for separation to take place in the name of an ideal of love viewed as the reality of one’s needs. In modifying his theory of drive and equating sexual drive with the drive for life and love, Freud indicates that what links the three is a dynamic tension which makes of these comings and goings the scene of a struggle towards a balanced life. Whereas this bond formed by idealisation is necessary, it is still fragile and requires to be transformed into a bond based on tenderness and identification. It is what enables certain unfinished aspects to be claimed for the one or the other. Fractures of the bond occur when the requirement cannot be accepted by either. With the sexual goal extinguished by satisfaction, a durable bond cannot be established if it is not accompanied by tenderness and other shared exchanges. To be able to reintroduce psychic space where the creative, fantasmic activities of both members of the couple can wander freely is a psychic health operation. Here, we need to recognise the boundaries of I and non-I. We are not obliged to adopt the beliefs and feelings of the other; we only have to pick up the differences. Contact between human beings is made through speech when what is said there is listened to with the desire to make contact. We always fail to recognise that there is always something of what each thinks he says amongst those who speak to each other. The place of the couple may then become a place not to be vacated so long as the fate of love and desire is still at issue. Fundamentally, what are we looking for when we form a couple? What do we want when seeking love? It is without doubt to attain a desire the faintest traces of which we carry within us, and which tempts us to continue to move on towards whom, towards what? The question remains open. Marie-Hélène Flye Sainte-Marie Psychanalyste, psychothérapeute de couple, 16, rue Nungesser et Coli, 31300 Toulouse (F) <[email protected]> - VOL.XIII, N°48