Magazine SaiSOn 2015 - nUMÉRO 5 - XBoard www.gitana

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Magazine SaiSOn 2015 - nUMÉRO 5 - XBoard www.gitana
M a g a z i n e S AI S O N 2 0 1 5 - N U M É R O 5
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SOMMAIRE
O5 éDITO
O6 HéRITAGE
Embarquez dans la légendaire
Saga des Gitana et découvrez
les grandes dates de cette passion
maritime initiée en 1876.
12 INNOVATION
Du GC32 Edmond de Rothschild
au Multi70, sans oublier
le maxi-multicoque en gestation,
l’objectif est le même : s’affranchir
des flots et voler !
18 L’esprit d’une équipe
Sport mécanique exigeant,
la voile de haut niveau réclame
une équipe performante derrière
tout grand marin ; l’armateur
du Gitana l’a compris très tôt,
dès les années 2000.
24 PORTRAIT
Travailleur assidu doté d’un talent
indéniable, Sébastien Josse
fait son chemin et prépare
son 3e Vendée Globe…
Dino Di Meo livre son regard
sur ce marin exemplaire.
28 NOUVELLE VAGUE
Le Mono60 Edmond de Rothschild
est l’un des derniers-nés
de la classe Imoca : genèse,
caractéristiques techniques,
singularités architecturales…
40 L A COURSE
Transat Jacques Vabre
La 12e édition s’élancera du Havre
le 25 octobre et, à un an
du Vendée Globe, la course
joue à guichets fermés.
48 CORPORATE
Le Groupe Edmond de Rothschild une
référence dans le monde financier.
Relations avec la presse :
Zéphyr Communication
Tiphaine Combot-Seta
+33 (0)6 85 58 53 00
[email protected]
S AI S O N 2 0 1 5
Gitana Magazine est édité
par Gitana France
BSM - Hangar Glorieux 1
56100 Lorient - France
Direction artistique : R2 Agence Digitale
Rédaction : Tiphaine Combot-Seta
Photos : Studios Zedda /
Yvan Zedda / [email protected]
Illustrations techniques :
Bureau d’études Gitana
Ont collaboré à ce numéro :
Cyril Dardashti et les membres
du Gitana Team /
Dino Di Meo / Julien Gatillon
et le Domaine du Mont d’Arbois /
Thierry Leygnac,
Bretagne Hélicoptères
3
Édito
L’année 2014 a été remarquable et l’audace du Gitana Team récompensée. Le talent
de Sébastien Josse associé au savoir-faire de l’ensemble des membres de l’équipe
dirigée par Cyril Dardashti a conduit le Multi70 Edmond de Rothschild à la 3e place
de la Route du Rhum ; un podium au goût de victoire tant sur le papier, lors du coup
de canon, le jeu était déséquilibré. En effet, bien plus que le résultat, il faut retenir
la manière : face aux géants de plus de 30 mètres de la classe Ultime, avec ses
21 mètres, Gitana XV faisait figure de petit poucet. Mais l’équipe a su sortir des
sentiers battus… D’outsider, notre bateau est devenu l’un des animateurs de cette
grande course, tordant ainsi le cou à nombre de préjugés. La volonté d’innover,
l’engagement et la détermination de chacun mais surtout le travail d’équipe ont
porté leurs fruits. Ces valeurs trouvent naturellement une résonnance en nous,
puisqu’elles nous accompagnent dans toutes les activités que nous entreprenons.
Fort de cette expérience fructueuse, le Gitana Team aurait pu se reposer sur
ses acquis mais a, au contraire, profité de cette dynamique pour accélérer la
cadence. Car notre objectif n’est pas de figurer mais bien d’obtenir les meilleurs
résultats tout en franchissant des caps technologiques, avec une politique
de recherche et développement ambitieuse. Ainsi, en plus des safrans en T
testés dès la Route du Rhum, le Multi70 Edmond de Rothschild a été équipé de
foils en L. Ces innovations, inédites sur un trimaran océanique taillé pour le large,
permettent à notre équipe de figurer parmi les pionniers de la révolution en marche
dans la course au large, celle des bateaux volants. Dans la voile, tout comme dans
nos activités, rien n’est jamais acquis et l’adaptation est essentielle pour rester
performant et leader.
L’annonce d’un maxi-multicoque de nouvelle génération de plus de 30 mètres,
dont la construction a débuté début octobre pour une mise à l’eau prévue en 2017,
s’inscrit pleinement dans cette méthodique montée en puissance.
Mais d’ici l’arrivée de cette nouvelle unité aux caractéristiques hors normes,
Sébastien Josse et le Gitana Team auront fort à faire et vont se concentrer sur un
défi technique et humain tout autant passionnant qu’exigeant. Avec la mise à l’eau
du Mono60 Edmond de Rothschild, en août dernier, l’équipe concrétise son retour
dans l’aventure planétaire du Vendée Globe. Dès le 25 octobre, elle s’élancera sur la
Transat Jacques Vabre, la première confrontation officielle de Gitana 16.
Depuis toujours, l’audace et l’esprit d’entreprise animent et guident notre famille.
Comme pour toutes nos activités, notre investissement dans la voile s’inscrit
sur le long terme. Car si le Gitana Team a vu le jour il y a quinze ans en Bretagne,
la passion voile des Rothschild a debuté bien plus tôt ; en 1876 sur les rives du
Léman avec Julie de Rothschild, un personnage remarquable et avant-gardiste qui a
initié la légende des Gitana. L’année 2016 et le grand rendez-vous du Vendée Globe
- dont le départ sera donné le 6 novembre - seront l’occasion de célébrer comme il
se doit les 140 ans des Gitana. Un moment fort de notre histoire que nous serons
ravis de partager avec vous.
Ariane et Benjamin de Rothschild
04 0 5
Héritage
Gitana
une saga
La saga Gitana
est née d’une
incroyable passion
pour la vitesse
sur l’eau.
de légende
Depuis bientôt 140 ans, Gitana évoque d’emblée
une lignée de bateaux qui témoigne de la passion
d’une famille animée depuis toujours
par le goût de l’excellence. Les Rothschild
perpétuent une tradition maritime
faite de savoir-vivre et d’innovation,
de performance et d’audace.
1. Baron Benjamin de Rothschild
2. Gitana 1er du nom
3. Gitana 11
4. Gitana VI
5. Broderie fin XIXe
6. Gitana Senior
7. Équipage Gitana IV
8. GC32 Edmond de Rothschild
9. Baron Edmond de Rothschild
06 0 7
Il était
Bien plus
qu’un art de vivre
une fois...
1876
À la fin du XIXe siècle, le « premier » Baron Edmond
de Rothschild avait pris une part déterminante au
développement du Yacht Club de France aux côtés de son
cousin, le Baron Arthur, du président de la République
Félix Faure et de l’explorateur Jean-Baptiste Charcot.
Dans les années 1960, le « second » Baron Edmond, son
petit-fils, ranime le vif intérêt qu’éprouve sa famille pour
les bateaux en le transformant en une véritable passion
pour la voile. Il délaisse les bateaux à moteur pour
ceux à voiles et ses navires de prédilection seront les
monocoques. Edmond de Rothschild donnera naissance
à quelques-uns des meilleurs de son temps. De Gitana III
à Gitana VIII, issus des cabinets d’architectes les plus
en vue, ses unités écument la Manche, l’Atlantique,
la Méditerranée et trustent les palmarès : courses
du RORC, Giraglia, Nioulargue ou encore la mythique
Fastnet Race à l’issue de laquelle Gitana IV battra, en
1965, le record de l’épreuve vieux de 26 ans !
Le Baron Edmond de Rothschild se passionne pour ces
grands bateaux sur lesquels l’équipage prend toute
sa mesure et c’est dans cet esprit qu’en 1984 il lance
L’
histoire des Gitana débute sur les rives du lac Léman
avec la Baronne Julie Caroline de Rothschild. Cette
femme a certes un caractère bien trempé mais
surtout un goût immodéré pour la vitesse, pourvu qu’elle
se matérialise dans le sillage d’un bateau. En 1876, elle
passe commande d’un bateau aux chantiers Thornycroft
de Chiswick. Construite en Angleterre sur les bords de
la Tamise, cette première unité sera démontée, mise
en caisses, puis définitivement assemblée non loin de
Lausanne. À la barre de Gitana premier du nom, une
très chic goélette de 24 mètres, l’arrière-grand-tante
du Baron Benjamin de Rothschild dépasse la première la
barre des 20 nœuds et décroche du même coup le titre
de la Yachting Lady la plus rapide sur l’eau : nous sommes
le 3 avril 1879.
08 La révolution industrielle est en marche et l’innovation
se conjugue à l’époque dans le souffle puissant des
machines à vapeur. Dans le fabuleux décor alpin,
Gustave Eiffel, lui-même, régate contre les Gitana à bord
de son fameux Walkyrie.
Réputés très rapides, les contre-torpilleurs français
vont bientôt mettre à mal le record de la Baronne de
Rothschild. Qu’à cela ne tienne ; elle lance Gitana II, plus
grand et surtout plus rapide. À son bord, la Gitane s’adjuge
un nouveau record, 26 nœuds et des poussières, près de
50 kilomètres heure.
La saga Gitana est lancée et va désormais goûter à l’eau
salée car l’écrin bleuté du lac Léman ne suffit plus.
la Classe A dite des « Maxi » dont il sera le fondateur
et le premier président. Mais son goût pour les beaux
bateaux le conduit également vers les 6 mètres jauge
internationale (6mJI), de véritables bijoux d’élégance et
de rapidité. Gitana Senior, surnommé le Piano, sera le
premier de cette lignée, tandis que Benjamin de
Rothschild se lancera également dans l’aventure à bord
des Gitana Junior I, II et III notamment lors des Régates
Royales de Cannes. L’histoire ne serait pas complète
sans évoquer Gitana Sixty, un 8mJI lancé en 1986 pour
disputer la Coupe du Monde de la série à Cannes et
baptisé ainsi pour les 60 ans du Baron Edmond de
Rothschild célébrés cette même année. L’équipage
composé autour de Benjamin de Rothschild et du barreur
Philippe Durr remportera l’épreuve haut la main et le fils
offrira ce prestigieux titre à son père.
Chaque génération
perpétue la tradition maritime
et laisse une empreinte singulière.
1. Gitana II amarré
à Port Gitana
2. B
aronne
Julie Caroline
de Rothschild
3. Gitana VI
0 9
Quand professionnalisation
passion
2015
rime avec
Du soutien indéfectible d’armateurs passionnés et du
travail acharné d’une équipe sont nées d’inoubliables
aventures humaines et des victoires retentissantes :
Route du Rhum, Transat Jacques Vabre, Transpacifique,
Record New York - San Francisco, Route du Thé ou encore
la mythique Transat anglaise… Acteur historique du
multicoque à l’échelle mondiale depuis 15 ans, le Baron
Benjamin de Rothschild a mué une passion familiale en
école de l’excellence.
En 2016,
la Saga Gitana
célèbrera les
140 ans de son
incroyable histoire.
1. Gitana X
2. Multi70 Edmond de Rothschild
3. Gitana 13
4 . Gitana Eighty
Edmond de Rothschild a transmis le virus de la voile à
son fils. Fidèle équipier à bord des voiliers de son père,
la navigation, et de surcroît la compétition vélique, sont
inscrites dans l’ADN du Baron Benjamin de Rothschild.
Mais sa préférence se porte très vite sur les multicoques,
de fabuleuses machines qui allient technologie et vélocité
et dans lesquelles il perçoit très tôt l’avenir de la voile.
Après quelques années de navigation à bord de
Force Cash sur les eaux du lac Léman, un catamaran de
40 pieds, le Baron Benjamin de Rothschild ne peut résister à l’appel du grand large. Il fait l’acquisition de l’ancien
Elf-Aquitaine, un trimaran de 60 pieds qui sera rebaptisé
Gitana IX. L’aventure est lancée et l’armateur de l’équipe
aux cinq flèches ouvre le chapitre des multicoques dans
la prestigieuse histoire maritime de sa famille.
Dans les années 2000, Gitana X, Gitana 11 ou encore
Gitana 12 compteront parmi les grands animateurs des
belles heures de la classe Orma. Mais cette notoriété
dépassera bientôt les frontières hexagonales avec la
campagne de records du maxi-catamaran Gitana 13 sur
10 toutes les mers du globe ou, dans un tout autre style,
les quatre années de participation de l’Extreme 40 Edmond de Rothschild au circuit international des
Extreme Sailing Series. L’année 2010, avec l’ouverture
de la Route du Rhum aux multicoques de la classe Ultime,
renoue avec le gigantisme. Gitana 11, le trimaran devenu légendaire après sa victoire éclatante dans la Route du
Rhum 2006, sera allongé à 77 pieds (contre 60 à l’origine)
pour intégrer cette catégorie. C’est à cette même période
que démarre la construction du MOD70 Edmond de
Rothschild, rebaptisé depuis Multi70 en raison de la fin
des Multi One Design. En 2013, c’est au tour des bateaux
volants de faire leur entrée dans le nautisme ; un virage
technologique que l’équipe fondée par le Baron Benjamin
de Rothschild ne manquera pas. Non seulement avec
les modifications apportées au Multi70 Edmond de
Rothschild mais aussi par l’acquisition d’un GC32, petit
catamaran volant de 32 pieds qui incarne parfaitement
la révolution en marche.
Mais si le multicoque demeure le support fétiche de
l’écurie, quelques monocoques ont su y trouver leur place.
Une « entorse » consentie pour la beauté de la course que
l’on surnomme l’Everest des mers et le défi humain et
sportif qu’elle représente : le Vendée Globe. Ainsi, durant
l’hiver 2006-2007, un 60 pieds de la classe Imoca est
construit dans le plus grand secret en Nouvelle-Zélande.
Lancé en juillet 2007, le voilier sera baptisé Gitana Eighty
en hommage au père du Baron Benjamin de Rothschild,
Edmond de Rothschild, qui aurait fêté ses 80 ans lors de
sa mise à l’eau. Cette année, un monocoque flambant
neuf, signé par l’architecte Guillaume Verdier et construit
par le chantier Multiplast de Vannes, fait également son
entrée au sein de la flotte Gitana. C’est à la barre de ce
voilier de dernière génération que Sébastien Josse
défendra les couleurs du Groupe Edmond de Rothschild
lors du prochain tour du monde par les trois caps sans
escale et sans assistance, dont le départ est prévu
le 6 novembre 2016.
1 1
INNOVATION
FOIL
Attitude
Aller toujours plus vite, tel est le leitmotiv
des équipes de course au large.
En 2013, les AC72 - ces catamarans ailés
de l’America’s Cup - ont définitivement
propulsé les multicoques dans une
nouvelle ère : celle des bateaux volants.
Bénéficiant du savoir-faire et de
l’expérience des équipes de la Coupe
dans ce domaine, le Gitana Team
s’est lancé dès 2014 dans l’aventure
mais avec pour ambition le grand large !
12 1 3
Voler…
telle est l’obsession qui agite la planète voile ! L’idée n’est pas nouvelle
- puisque les archives des premiers bateaux volants remontent aux années 1920 - mais
il aura fallu attendre ce 7 septembre 2012 dans la baie d’Auckland en Nouvelle-Zélande
pour que s’ouvre incontestablement l’ère des bateaux volants. De la concurrence féroce
que se livrent les équipes de l’America’s Cup sur les recherches technologiques et architecturales sont nés les AC72, ces catamarans ailés à l’origine de la révolution en marche.
La voile, et plus
précisément la course
au large, est en pleine révolution.
Nous sommes en train d’écrire
un nouvel alphabet et nous
en sommes à la lettre A.
Baron Benjamin de Rothschild
2014
Premiers pas vers un trimaran océanique volant
Tandis que le Multi70 Edmond de Rothschild est amarré depuis
quelques jours à Itajaí après une traversée victorieuse sur la Jacques
Vabre 2013, l’ambition d’un trimaran océanique volant est déjà dans
tous les esprits du Gitana Team. Mais le temps de chantier dont
l’équipe dispose l’hiver suivant n’est pas suffisant pour réaliser et
mettre au point l’ensemble des modifications imaginées - nouveaux
safrans, foils de dernière génération, travail sur le plan de voilure avant le départ de la Route du Rhum en novembre 2014.
Multi70 Edmond de Rothschild,
un laboratoire d’essais
à grande échelle
Entrepreneurs de renom et grands amateurs de technologie,
Ariane et Benjamin de Rothschild n’ont pas hésité à soutenir
l’équipe lorsque celle-ci a choisi de sortir des sentiers battus
sur la Route du Rhum 2014. Face à un plateau de géants des
mers mesurant de 30 à 40 mètres, le Gitana Team a en effet
14 misé sur l’ajout de safrans en T sur son trimaran de 21 mètres
pour tenir tête à ses concurrents aux dimensions hors
normes ; un remake de David contre Goliath qui s’est soldé par
une très remarquée 3e place de Sébastien Josse.
Les safrans en T du Multi70 Edmond de
Rothschild sont le fruit d’une étroite
collaboration entre le bureau d’études
Gitana, l’architecte Guillaume Verdier et les
membres de Team New Zealand que sont
Jamie France, Bobby Kleinschmit, ainsi que
la société Pure Design.
« L’objectif de ces safrans
Sébastien Josse
de flotteurs, dotés de plans porteurs, est de
diminuer le tangage du bateau dans la mer.
Cette plus grande stabilité permet un gain
significatif sur la vitesse moyenne ainsi que
dans la conduite du bateau. »
L’équipe se rapproche de Guillaume Verdier, architecte français de
renom à l’origine des premiers vols de Team New Zealand lors de la
dernière America’s Cup. Pour la première phase du projet, il est décidé
de mettre l’accent sur les safrans de flotteurs. Au cours de l’hiver
2014, ceux qui équipaient le trimaran depuis sa mise à l’eau ont ainsi
laissé place à des safrans en T ; des appendices devenus familiers sur
des unités inshore (régates en baie, ndlr) depuis la Coupe, mais encore
bien singuliers pour un grand multicoque océanique.
Safran classique
Safran en T
Pelle
de safran
Mèche
de safran
Élévateur
Pelle
de safran
Flap
1 5
2015
À l’horizon
Paré au décollage !
Les appendices testés lors de la Route du Rhum ont montré leur efficacité,
comme en témoigne la 3e place du Multi70 Edmond de Rothschild face
à la concurrence XXL, et ont conforté les choix de l’équipe. La phase 2
du projet initial pouvait dès lors démarrer. Au cours de l’hiver 2015, le
trimaran est équipé de foils asymétriques - L à bâbord et C à tribord - et
de safrans en T plus volumineux.
« Sustenter un trimaran de 70 pieds au large et en solitaire
Sébastien Josse
est déjà un vrai challenge mais le faire voler est encore autre chose ! Avec cette version 2015, nous entrons dans une autre dimension, une période de mise au point
et de tests indispensables pour la suite des projets du Gitana Team. Les études et
simulations théoriques sont capitales mais elles ne seront jamais suffisantes
car rien ne remplace la pratique. Nous avons une chance incroyable de pouvoir
tester les pistes architecturales au réel sur le Multi70 Edmond de Rothschild. »
Des foils asymétriques
pour poursuivre les recherches
Courant 2015, fort de quelques semaines
de navigations test variées, Sébastien Josse
dressait un premier bilan : « À ce jour, nous
sommes satisfaits par le comportement du
bateau mais pas encore par les vitesses de
pointe atteintes. Les tests vont donc se poursuivre jusqu’à ce que nous atteignions l’ensemble
des objectifs que nous nous sommes fixés.
Mais les sorties réalisées au large de Lorient
n’ont pas été un coup d’épée dans l’eau, loin de
là car elles ont été riches en enseignements »
confiait le skipper Edmond de Rothschild,
avant de détailler les points positifs de cette
deuxième phase d’essais : « Lors du chantier
d’hiver, nous avions retravaillé les safrans en T
avec lesquels j’avais traversé sur la Route du
Rhum. La modification des pelles de ces profils
a engendré des problèmes de symétrie. Ce qui
a eu pour conséquence directe une tendance à
« caviter » au-delà des 35 nœuds. En gros, une
bulle d’air se formait sur le profil et le rendait
inutilisable. Nous avions identifié ce défaut dès
les premières sorties, et c’était d’ailleurs le cas
lors du Tour de Belle-Ile, mais depuis, l’équipe
a revu cela et tout est rentré dans l’ordre. C’est
l’un des succès de notre deuxième phase de
développement. Puis, ces navigations nous ont
permis de vérifier nos données théoriques sur
les différences de comportement du bateau
16 avec le foil en L ou le foil en C. Et pour l’heure,
la voie dans laquelle nous souhaitons continuer
nos investigations est celle du foil en L.
2017
Le 11 mai dernier, Cyril Dardashti - Directeur
de Gitana - annonçait le lancement de la
construction d’un maxi-multicoque de nouvelle génération de plus de 30 mètres. Les
observateurs comprenaient alors mieux la
logique appliquée par le Gitana Team depuis
plusieurs mois ; celle d’une méthodique
montée en puissance. Car les séries de
tests réalisées sur le trimaran de 70 pieds
permettent aux architectes et au design team
de Gitana de valider à grande échelle les
appendices et systèmes qu’ils souhaiteraient
installer sur le futur maxi-multicoque Gitana.
Sébastien Josse, skipper Edmond de Rothschild
« La pratique est toujours bien plus
intéressante que la théorie et nous avons une chance immense de pouvoir faire nos essais
quasiment à l’échelle 1. Cela nous fait non seulement gagner un temps précieux dans l’élaboration
du projet du maxi-multicoque Gitana, mais ce sera aussi un atout non négligeable lors de la
phase de mise au point de ce nouveau géant. Les plans de formes du bateau sont en cours de
finalisation mais pour ce qui est des appendices, nous avons plus de temps avant de devoir figer
nos choix. Car il faut rappeler que la première ligne du cahier des charges stipule la conception
d’un maxi-multicoque polyvalent capable aussi bien de naviguer que de voler lorsque les conditions
et les allures le permettent . »
La construction de cette nouvelle unité - un plan signé par Guillaume Verdier et ses
collaborateurs - débute en octobre 2015 au sein du chantier Multiplast de Vannes pour
une livraison prévue au printemps 2017.
GC32
L’appendice qui équipe actuellement le flotteur
bâbord va être revu dès cet automne pour
naviguer rapidement avec une V2. »
Foil en C
Foil en L
Le foil en C est un appendice très efficace
hydrodynamiquement car il génère très peu
de traînée. Sa capacité à générer de la portance verticale n’est plus à démontrer mais
si nous nous intéressons au vol, il manque
de stabilité.
Le foil en L génère une traînée importante mais
assure une grande stabilité et donc un gain
important sur la traînée de la plate-forme. Mais
nous manquons encore d’informations sur le
comportement du bateau dans la mer avec ce
type d’appendices.
Edmond de Rothschild
Acquis en janvier 2015,
ce catamaran volant
est le support idéal pour
appréhender la navigation
en vol en équipage.
Longueur hors tout :
12 m avec le bout-dehors
Longueur coque : 10 m
L argeur : 6 m
Hauteur du mât : 16,50 m
Tirant d’eau : 2,10 m
Shaft
Shaft
éplacement (Poids) :
D
750 kilos
ppendices :
A
foils en L et safrans en T
Surface Grand-Voile : 60 m²
Surface Jib : 23,50 m²
Surface Gennaker : 90 m²
rchitecte : Martin Fischer,
A
sur une idée de Laurent Lenne
TIP
TIP
Coude
(Spigot)
1 7
GITANA TEAM
L’esprit d’une
équipe
Soutenu et largement inspiré par
ses armateurs - entrepreneurs de renom
férus de technologie - , le Gitana Team
n’hésite jamais à sortir des sentiers battus,
comme ce fut le cas sur la Route du Rhum
2014, conscient que l’excellence ne peut
s’atteindre sans un minimum de prise
de risques et d’audace.
Cyril Dardashti, directeur général
Lorient la base :
the place to be !
En 2011, l’équipe dirigée par Cyril Dardashti
pose bottes et cirés à Lorient (Bretagne, Morbihan).
Bénéficiant d’une plate-forme technique
de plus de 1 000 m2 sur la presqu’île de Keroman,
le Gitana Team a ainsi fait le choix de la performance
en se rapprochant du pôle nautique d’excellence
développé par le pays lorientais en lieu et place
de l’ancienne base des sous-marins de Keroman.
Cette dernière avait été construite par les Allemands
lors de la Seconde Guerre mondiale avant de devenir
la propriété de la Marine Nationale jusqu’en 1997.
Depuis, le site a bénéficié d’un coup de jeune et peut
aujourd’hui se prévaloir d’une reconversion réussie.
Ainsi, sur les 26 hectares que compte Lorient La Base,
témoignages du passé et structures modernes cohabitent
en toute harmonie. Ces dernières abritent les plus grandes
écuries de course françaises, mais également des
entreprises de pointe de la filière nautique ou encore
la Cité de la Voile Éric Tabarly, musée ouvert en 2008
entièrement dédié à la course au large.
N
ous sommes à l’aube du XXI e siècle lorsque le
Gitana Team voit le jour. Le Baron Benjamin de
Rothschild propulse la passion initiée par ses
aïeux plus d’un siècle auparavant dans la compétition
de haut niveau. L’équipe, dont les emblèmes seront
naturellement les cinq flèches de la famille Rothschild,
est construite à l’image d’une véritable écurie automobile,
ce qui, à l’époque, marque une incontestable évolution dans
le monde de la course au large. L’objectif est simple :
réunir des savoir-faire et des compétences, dans un
cadre structuré et professionnel, afin de permettre aux
marins de se consacrer pleinement à leur discipline.
Au sein du Gitana, chaque corps de métier est un maillon
essentiel de la chaîne.
Imaginer, créer, modifier, réparer : tel est le quotidien
des membres du Gitana. Au sein de la base technique
de l’équipe, une vingtaine de personnes œuvrent tout
18 au long de l’année sur les prototypes de la flotte Gitana.
Tous les domaines de compétences sont ici représentés :
architecture, ingénierie, matériaux composites, hydraulique, gréement, accastillage, électronique et informatique
embarquées… De la capacité de ces véritables orfèvres
de la construction navale à travailler ensemble au
service d’un collectif dépend bien souvent la réussite des
projets sportifs.
Car la conception et la préparation d’un bateau de
course sont tout aussi essentielles à la performance
que la navigation ou la stratégie. Si c’est bien sur l’eau
que les victoires se concrétisent, c’est tout d’abord à
terre qu’elles se construisent.
1 9
Le tableau de chasse
du Gitana Team
IMOCA 60 - Gitana Eighty
2007
Vainqueur de la Transat BtoB
2008
Vainqueur de la Transat Anglaise (Plymouth - Boston)
MULTI70
Edmond de Rothschild
2014
2014
3e de la Route du Rhum
8 j 14 h 47 min 9 sec
Vainqueur du Trophée Azimut
2013
Vainqueur de la Transat
Jacques Vabre
11 j 5 h 3 min 54 sec
2013
Vainqueur de la Route des Princes
2013
Vainqueur de l’ArMen Race
Vainqueur du Tour de Belle-Ile
2012
& 2015
2012
2e de la Krys Ocean Race
G CLASS, RECORDS - Gitana 13
2008, détenteur de la :
Route
de l’Or (New York - San Francisco)
43 j et 38 min
Route du Thé (Hong Kong - Londres)
41 j 21 h 26 min 34 sec
TransPacifique
(San Francisco - Yokohama)
11 j 12 min 55 sec
EXTREME SAILING SERIES
Edmond de Rothschild
2009 à 2012
Vainqueur du Grand Prix de Nice 2012,
du Grand Prix de Muscat (Oman) et
de Nice 2011,
du Grand Prix de Sète et de Kiel 2010,
du Grand Prix de Venise
et d’Amsterdam 2009
2009 2010 2011
2e du championnat annuel (3 e en 2012)
20 ORMA 60 - Gitana 11
2006
Vainqueur de la Route
du Rhum (Saint-Malo - Pointe-à-Pitre)
7 j 17 h 19 min 6 sec
Recordman de la course jusqu’en 2014
2005 & 2007
2e de Transat Jacques Vabre (Le Havre - Salvador de Bahia)
2 1
Les
Travailleurs
de l’ombre
Les « matheux »
Sébastien Sainson, architecte
Antoine Koch, architecte,
responsable du bureau d’études
Les « experts »
David Boileau, boat Captain,
spécialiste de l’accastillage
et de l’hydraulique
Découvrez les membres de l’équipe
dans les épisodes de notre websérie Sur
Benoit Piquemal,
spécialiste de l’électronique
et de l’informatique embarquée
gitana-team.com
Alain Collecchia,
spécialiste de l’accastillage
et de l’hydraulique
Armand de Jacquelot, architecte
Julien Marcelet, architecte
Marine Villard, architecte
Les « strateux »
Hubert Corfmat,
responsable d’atelier, spécialiste des
matériaux composites et de la peinture
Pierre Tissier, directeur technique
yril Ducrot, logisticien technique,
C
préparateur
Nathalie Barbedet, secrétariat
et comptabilité Bretagne
Yann Le Govic, spécialiste du gréement
et des voiles
Olivier Douillard, en charge des voiles
et de la performance
Les « boss »
Cyril Dardashti, directeur général
Sébastien Josse, skipper
Olivier Staub, Marie Dixneuf
et Pierre Le Diberder,
spécialistes des matériaux composites
Didier Bottgé, président
Nathalie Declère, comptabilité Genève
22 2 3
PORTRAIT
Sébastien Josse
par Dino Di Meo
Né le 31 mars 1975
Premiers bords : Nice
Port d’attache : Clohars-Carnoët (29)
En 2002,
mes 64 jours
de course sur le
Trophée Jules Verne
m’ont convaincu
que j’étais fait pour
être en mer.
Rarement un mot plus haut que l’autre, tout dans la discrétion
et l’efficacité. Sébastien Josse, 40 ans, grandit sûrement
dans le milieu de la course au large.
N
é à Montereau-Fault-Yonne mais
plus sûrement niçois de cœur - la
famille Josse s’y installe alors qu’il a
5 ans - , le minot se passionne pour la voile
grâce à son père avec lequel il traverse
l’Atlantique vers les Antilles. Il a 18 ans.
L’aventure le pousse à prendre une année
sabbatique dans les îles. En fait, le gamin du
sud se verrait bien marin.
à son retour en 1997, il emboîte les pas
de deux autres sudistes du circuit, Franck
Cammas et Nicolas Bérenger, et décide
de se rendre à Port-la-Forêt, où il tente sa
chance au Pôle Finistère Course au Large.
Il dispute le Challenge Espoir Crédit Agricole
qu’il remporte. Il obtient le droit de s’aligner
une saison complète en Figaro. La Solitaire
qui suit s’offre à lui et le sacre deuxième
bizuth. Quatre ans plus tard, il remporte la
deuxième étape sur Créaline et termine
deuxième de l’épreuve.
Ascension fulgurante pour un marin qui se
voit tout de suite offrir la possibilité de flirter
avec les mers du Sud. Bruno Peyron lui ouvre
la voie et l’embarque sur son maxi-catamaran
Orange en 2002. « Le Jules Verne, c’était ma
première expérience de tour du monde, rappelle Sébastien. Nos 64 jours de course m’ont
24 convaincu que j’étais fait pour être en mer. » Les
bonnes expériences vont se succéder pour lui.
Tout d’abord avec Isabelle Autissier, avec
laquelle il termine 5 e de la Transat Jacques
Vabre, puis un premier Vendée Globe sur
VMI, tour du monde qu’il termine à la cinquième place.
Pendant ce périple en solitaire, Josse est
encore en mer lorsque la banque hollandaise ABN AMRO lui propose la barre d’un
monocoque pour disputer la prochaine Volvo
Ocean Race. « Après des années en solo, je me
retrouvais à la tête d’un équipage de jeunes et
je ne pouvais plus uniquement me soucier de
moi, dit-il. Je découvrais également un autre
monde de la course - celui des Anglo-Saxons et une nouvelle manière de gérer les projets. »
Il finira quatrième.
Puis, son deuxième Vendée en 2008 avec
« BT » se passe moins bien. Tandis qu’il
bataille aux avant-postes après une très
bonne première partie de course, il est
contraint à l’abandon suite à une série de
problèmes techniques.
2 5
Après plus de dix années menées tambour
battant, Sébastien Josse va connaître une
attente de deux ans. C’est alors que son
chemin croise celui d’Ariane et de Benjamin
de Rothschild. Les armateurs du Gitana
Team sont à la recherche d’un nouveau
skipper. Le spécialiste du monocoque se
retrouve propulsé aux commandes d’un
multicoque. Pratiquement un départ à zéro.
« Ils m’ont vraiment donné ma chance, reconnaît-il. Avec mon étiquette de monocoque
tour-du-mondiste, ce n’était pas gagné de
miser sur moi mais ils n’ont pas hésité. » Avec
une année 2012 en équipage à faire des
transats et le tour de l’Europe, et une saison
suivante axée sur le double et qui se soldera
par une victoire dans la Jacques Vabre avec
Charles Caudrelier, Josse fait ses armes
crescendo et monte en puissance. « J’ai appris
le multicoque chez Gitana en équipage, puis en
double… des conditions idéales pour prendre la
mesure du bateau et s’élancer en solo », rappelle
Sébastien Josse.
J’ai la chance
de pouvoir m’appuyer
sur une équipe
ultra performante...
Et pour s’aligner sur sa première transatlantique en solitaire et en multicoque,
le Niçois va disposer d’une monture certes
plus petite que celles de ses concurrents,
mais surboostée car dotée d’appendices
novateurs. La nouvelle technologie des
safrans en T, installée sur le Multi70 Edmond
de Rothschild selon les plans de l’architecte
Guillaume Verdier et des membres du Team
New Zealand - finalistes de la dernière
America’s Cup - semble efficace. « L’idée, ce
n’était pas de faire voler le bateau en solo, mais
de limiter la traînée. On a des foils à l’avant pour
enfoncer l’arrière du flotteur, les safrans en T à
l’arrière pour le soulager. On gagne en vitesse
et en stabilité ». Convaincu que le concept
représente l’avenir de la voile, Josse apprend
la maîtrise d’un système révolutionnaire.
Sauf que le bateau a été conçu pour naviguer
en équipage. En solo, se trouver à 5 mètres
de l’écoute est un stress en soi. « On se rend
vite compte qu’on n’est qu’un petit bonhomme
26 De 2011
à 2015
Avec Gitana 11
2011
Vainqueur du Tour de Belle-Ile
2 h 42 min
Vainqueur de l’ArMen Race
14 h 5 min
2e du Record SNSM
2e de la Rolex Fastnet Race
en temps réel
& Dates
Palmarès
sur un bateau de 21 mètres surpuissant et instable, reconnaît-il. Je ne suis pas surhumain,
je sais où s’arrête mon seuil de compétence.
Mais tout ça, ça se travaille. Les premières
fois, seul à 30 nœuds, on n’est pas rassuré.
Maintenant, c’est normal ! »
Sa troisième place dans la Route du Rhum
à l’automne dernier, juste derrière les deux
grands ultimes de Loïck Peyron et Yann
Guichard, est un exploit qui n’est pas passé
inaperçu dans le milieu. Comme si Josse
venait enfin de prendre un galon mérité.
À l’aise sur une, deux ou trois coques, son
petit gabarit a changé de dimension d’un
coup, même si avec sa discrétion habituelle
il nie les faits.
De toute façon, Sébastien Josse n’a pas le
temps de se reposer sur ses lauriers. Depuis
son retour des Antilles en novembre dernier,
il mène sa bataille sur deux fronts avec la
même motivation qu’il y a quinze ans. Avec
les membres du Gitana, c’est en parallèle
qu’il travaille sur le projet d’un nouveau
maxi-multicoque, passant des heures sur
Skype avec Guillaume Verdier, l’architecte de
cette future unité. Mais sa priorité est d’ores
et déjà tournée vers les Sables-d’Olonne,
d’où sera donné le départ du Vendée Globe
le 6 novembre 2016. Après son abandon
dans ce tour du monde sans escale et sans
assistance, il entend y retourner de belle
manière. « C’est un gros investissement mental,
confie-t-il. Le monocoque a été mis à l’eau en
août et depuis, chaque minute est consacrée à
la préparation du Vendée Globe. »
Dès le 25 octobre, Sébastien pourra tester
le Mono60 Edmond de Rothschild dans
la prochaine édition de la Jacques Vabre,
en reconstituant son duo gagnant avec
Charles Caudrelier. « Je suis un privilégié, dit-il.
J’ai la chance de pouvoir m’appuyer sur une
équipe ultraperformante et capable d’une
puissance de feu impressionnante, mais aussi,
et bien sûr de bénéficier du soutien d’un armateur passionné et engagé qui nous donne les
moyens de nos ambitions ». Un confort qui
lui permet de confirmer tranquillement une
maturité indéniable.
De 1997 à 2009...
1997
1998
Vainqueur du Challenge Espoir
Crédit Agricole
2005
5e du Vendée Globe
à bord du 60’ VMI
2006
4e de la Volvo Ocean Race
à bord d’ABN Amro 2
(record des 24 h en monocoque)
2007
Vainqueur
de la Rolex Fastnet
Race avec Vincent Riou
2e bizuth de la Solitaire du Figaro
Vainqueur
du Championnat
de France Espoir Solitaire
1999
4e de la première étape
de la Mini Transat
2001
2e de la Solitaire du Figaro
2e du Championnat de France
Solitaire
Vainqueur
de la Calais Round
Britain Race avec Vincent Riou
2007
Participation à The Transat
2009
Vainqueur de la Rolex Fastnet
Race à bord du 60’ BT
2002
Co-détenteur
du Trophée Jules Verne à bord
du maxi-catamaran Orange
2003
Vainqueur
de la Rolex Fastnet
Race à bord
du 60’ VMI
Participation
au Vendée Globe (2008-2009)
5e de la Transat Jacques Vabre
avec Isabelle Autissier
...
Vainqueur du Tour
de l‘île de Wight
à bord du 60’ BT
Avec le Multi70
Edmond
de Rothschild
2012
Vainqueur du Tour de Belle-Ile
2e de la Krys Ocean Race
(New York / Brest)
4 j 22 h 19 min 49 sec
2013
Vainqueur de la Transat
Jacques Vabre
11 j 5 h 3 min 54 sec
Vainqueur de la Route
des Princes (Tour de l’Europe
des multicoques)
Vainqueur de l’ArMen Race
2014
3e de la Route du Rhum
Destination Guadeloupe
8 j 14 h 47 min 9 sec
Vainqueur du Défi Azimut
2015
Vainqueur du Tour de Belle-Ile
2 h 24 min 45 sec
(nouveau détenteur du record)
2 7
MONO60
La
nouvelle
Vague
Deuxième IMOCA de la Saga Gitana,
le Mono60 Edmond de Rothschild
- alias Gitana 16 - a été mis à l’eau
en août 2015. Ce plan Verdier-VPLP
de dernière génération, dont la barre
est naturellement confiée aux mains
expertes de Sébastien Josse, est destiné
au Vendée Globe ; le célèbre tour du monde
en solitaire par les trois caps qui s’élancera
des Sables-d’Olonne (Vendée)
le 6 novembre 2016. Le dernier-né
de l’équipe fondée par le Baron Benjamin
de Rothschild ne manque ni de style
ni de caractère !
28 2 9
S’il - vous - plaît,
À
dessine-moi un… l’automne 2013, quelques jours après l’arrivée
victorieuse de la Transat Jacques Vabre à Itajaí,
deux projets se dessinent au sein du Gitana Team.
Le premier sera de modifier le Multi70 Edmond de
Rothschild en le dotant de safrans en T afin de le rendre
plus compétitif pour aller défier les géants de la classe
Ultime sur la Route du Rhum l’année suivante.
Le deuxième part lui d’une page blanche ou presque !
Plonger à nouveau dans l’aventure planétaire du
Vendée Globe en imaginant puis en construisant
un monocoque de dernière génération typé pour
cette course légendaire. En janvier 2014, le projet
du Mono60 Edmond de Rothschild était officiellement lancé. Le Gitana Team repartait pour son
deuxième « Vendée » tandis que Sébastien Josse
se préparait à sa troisième circumnavigation
en solitaire !
Carène planante dotée d’une étrave très volumineuse pour augmenter les
performances de vitesse du navire, forme de coque dite frégatée (signifie
que le livet est moins large que le bouchain) afin de limiter le développé
du pont et d’ainsi gagner en légèreté, diminution du franc-bord ce qui
accentue la sensation de largeur du bateau, pont plat, cockpit très ouvert
et abaissé sans oublier les dérives foil… Le Mono60 Edmond de Rothschild
ne manque pas d’arguments.
La météo et le parcours
du Vendée Globe pour point de départ
Le but étant de fabriquer un bateau capable
de remporter le Vendée Globe, rien de plus
naturel que d’étudier les conditions météorologiques dans lesquelles il faudra être
performant pour gagner. Ainsi, tout démarre
par de nombreux routages météorologiques,
entendez par là des simulations numériques
de routes et de temps en se basant sur les
performances escomptées d’un navire.
« Le Vendée Globe, avec
Sébastien Josse
ses 25 000 milles nautiques, est majoritairement une course de portant : 95 % contre 5 % de
près ! Il était ainsi acquis que nous cherchions
un monocoque adapté à ces allures mais ce
seul principe ne suffisait pas pour faire un
bateau. Nous avons alors affiné ces routages
avec les architectes mais en nous basant sur
des routes et des conditions rencontrées
réalistes en termes de navigation. Cela nous
30 a conduit à penser un bateau polyvalent au
portant et à l’aise dans les phases de transitions, un monocoque un peu plus étroit et plus
léger que ses aînés de nouvelle génération. »
L’expérience de Sébastien Josse
sur l’Everest des mers
Avec deux participations au Vendée Globe
et une Volvo Ocean Race au compteur, le
skipper d’Edmond de Rothschild avait une
idée relativement précise du bateau « idéal ».
La machine et le solitaire devant former un
duo harmonieux, il n’y a rien d’étonnant à ce
que Gitana 16 ait été fait à sa main (cockpit
ouvert et abaissé, ergonomie du plan de
pont totalement adapté à son gabarit…).
Mais la première ligne du cahier des charges
établi avec Antoine Koch, le responsable du
bureau d’études Gitana, n’était autre que
celle de la fiabilité.
Sébastien Josse
« Ce monocoque a été
imaginé et construit pour le Vendée Globe
car même si nous disputerons les courses du
calendrier Imoca en 2015 et 2016, le tour du
monde est notre objectif. Toute la philosophie
du projet repose sur ce postulat de départ.
La légèreté est l’obsession de toutes les équipes
de la course au large car elle est bien synonyme
d’efficacité et donc de performance. Mais dès le
début de ce projet et compte tenu de la course
majeure que nous visons, la fiabilité a été notre
priorité et c’était d’ailleurs la première ligne
du cahier des charges. Ma dernière expérience
sur le Vendée Globe (sa 2e participation, ndlr)
s’est soldée par un abandon suite à une avarie
technique, donc je sais pertinemment que pour
gagner une course il faut d’abord la finir ! Et puis
l’expérience du Multi70 a été très utile car elle
a nous permis de « tordre » quelques préjugés.
Même si sur le papier, un bateau un peu plus
solide et donc un peu plus lourd devrait être
moins rapide, dans les faits la confiance que
l’on a dans ce bateau nous permet de tirer
dessus en toute sérénité. »
Le Mono60 Edmond de Rothschild
Longueur hors tout :
20,10 m
Longueur flottaison :
18,28 m
Largeur : 5,70 m
Tirant d’air : 29 m
Tirant d’eau : 4,50 m
éplacement (poids) :
D
7.6 tonnes
oids du bulbe de quille :
P
3 tonnes
urface voilure max
S
au près et au portant :
290 m2 / 490 m2
ombre de voiles
N
autorisées à bord :
8 (1 grand-voile,
7 voiles d’avant)
M2 d’espace de vie : 10 m2
ombre et type de dérives :
N
2 dérives foil
ource de production
S
d’énergie à bord :
génératrices couplées
au moteur diesel
+ hydro générateurs
Architectes : Guillaume Verdier /
VPLP Yacht Design (Daniel Capua)
ureau d’études Gitana : Pierre Tissier,
B
Antoine Koch, Armand de Jacquelot
et Sébastien Sainson
Chantier : Multiplast (Vannes)
Safrans : C3 Technologies
Dérives : Heol Composites
uille : AMPM (La Mothe-Achard)
Q
Mât : Lorima (Lorient)
ébut de construction : septembre 2014
D
Mise à l’eau : août 2015
3 1
Les singularités
architecturales
Dérives foil, comment ça marche ?
Étrave plus volumineuse
pour augmenter la puissance
du bateau
Gitana Eighty
Gitana 16
Roof aérodynamique
et cuvette de pied de mât
pour abaisser le gréement
Elles sont l’une des grandes nouveautés de cette
5e génération de monocoques Imoca. Depuis leur
apparition, les dérives foil font couler beaucoup
d’encre et déchaînent les passions... Il y a en effet
les sympathisants et les opposants à ces nouveaux
appendices qui, de par leur forme, font immanquablement penser aux moustaches d’un illustre peintre
espagnol. Évolution architecturale incontestable, les
dérives foil sont malgré tout un pari audacieux pour
ceux qui ont choisi d’en doter leur monture.
Principes et actions :
Vent
20-25 nœuds
Angle de gîte : 30°
Vitesse
18 nœuds
Angle de gîte : 25°
Vitesse
20 nœuds
Nouvelles dérives
avec plan porteur
(dérives foil)
Angle
de quille : 38°
Arrière ouvert
pour faciliter le matossage
Poids
du bulbe :
3,0 tonnes
© Olivier Michon / Gitana SA
Dès le premier coup d’œil, le cockpit du
Mono60 Edmond de Rothschild attire les
regards. Les maîtres mots qui ont guidé sa
conception sont sécurité et ergonomie, ce
qui va de pair avec la performance. Visite
guidée et détaillée avec Sébastien Josse.
Comparaison entre
Gitana Eighty et Gitana 16 :
Gitana Eighty
Gitana 16
32 Angle de gîte : 25°
Un cockpit recentré et abaissé
Cockpit à la loupe
Vitesse
20 nœuds
Vitesse
22 nœuds
Shaft
Très ouvert à l’image des VOR de la Volvo
« Le rail d’écoute de Grand-Voile
Ocean Race
du Mono60 Edmond de Rothschild est fixé au
plancher, tandis que chez ses concurrents, il
forme un arc de cercle qui ferme l’arrière du
bateau à environ 80 centimètres du « sol », au
niveau du pont. Cette configuration offre un
espace de travail optimisé et une zone de matossage arrière à portée d’épaules, sans avoir à
grimper les imposants sacs à voile sur le pont. »
« Plus le centre de gravité est
Ergonomie
bas, moins un bateau a besoin d’énergie pour
se déplacer et plus il est stable. C’est dans cet
optique que nous avons cherché à descendre
le centre de gravité au maximum. De là est né
le pédiluve sous la casquette. Non seulement
il nous permettait d’abaisser cette dernière,
et donc de gagner en aérodynamisme, mais
également de faire la même chose avec
l’accastillage, la goulotte de piano et les autres
éléments structurels de cette zone, avec à la clé
un gain de poids significatif. Dans le même esprit,
le choix a été de faire une goulotte centrale pour
le piano et d’ainsi privilégier l’axe navire (étrave
- quille - tableau arrière).
Dernier avantage de ce pédiluve : nous conservons une hauteur sous barreau importante
sous la casquette, ce qui me permettra de
manœuvrer debout et non recroquevillé comme
mes concurrents.
Poussée
de la dérive :
2,5 tonnes
Coude (Spigot)
© Olivier Michon / Gitana SA
À l’intérieur, c’est assez épuré. Il n’y a rien de
superflu mais je me laisse le temps de faire
évoluer l’aménagement avant le départ du
Vendée Globe. »
« Le fait que le plancher de cockpit
Sécurité
soit très bas permet d’avoir les filières au niveau
du torse, alors qu’en comparaison sur le pont
nous avons les filières au niveau des genoux.
Cette configuration est un élément de sécurité,
notamment par mauvais temps et grosse mer. »
TIP
L’avis de Sébastien Josse
« L’innovation
est dans l’ADN du Gitana Team. Alors quand
les architectes nous ont proposé ces nouveaux
appendices, il n’était pas envisageable de passer
à côté même si à ce stade, il y a encore des
incertitudes sur leur efficacité. Ces dérives foil
restent expérimentales mais nous sommes
partis dans cette voie, conscients de cela.
Nous savons que, sur le papier, il y a des gains
assez conséquents à certaines allures mais
aussi des pertes à d’autres. C’est donc une histoire de compromis et nous ne nous interdisons
pas de revenir en arrière ou de faire évoluer les
formes des dérives selon les résultats de nos
navigations. Schématiquement, le bateau est
moins performant aux allures serrées (vent
de face, près), mais dès que c’est un peu plus
ouvert (reaching, travers, portant) et que le foil
entre en action c’est vraiment efficace et le différentiel peut aller jusqu’à 2 nœuds. Le Mono60
Edmond de Rothschild est donc vraiment typé
pour le Vendée Globe, il est optimisé pour faire
des courses où il y a 80 à 90 % de portant et
très peu de près. La Transat Jacques Vabre, avec
un long golfe de Gascogne au près, peut ne pas
être du tout à l’avantage des nouveaux bateaux,
d’autant que les bateaux des précédentes générations sont particulièrement bien optimisés et
menés par des concurrents très affûtés. »
3 3
Abécédaire
de la construction
Novembre - décembre 2014/Janvier 2015
Drapages et poses des lisses
Une fois les moules pont et coque finis, l’étape suivante consiste à draper différents matériaux
dans ces derniers selon une technique complexe qui requiert un grand savoir-faire ; un vrai
travail d’orfèvre guidé par les plans des architectes.
C’est à l’issue de ces drapages successifs, entrecoupés de cuisson dans des fours haute
température, que naîtront parallèlement la coque et le pont.
Après de longues heures d’études et de calculs,
le dessin est confié à Multiplast qui sera en charge
de la fabrication du Mono60 Edmond de Rothschild.
L’entreprise présente de sacrés atouts, à commencer
par sa proximité puisqu’elle est basée à Vannes sur
les bords du Golfe de Morbihan. Mais c’est sa rigueur
et son savoir-faire en matière de construction de navire
en carbone qui vont convaincre définitivement
Cyril Dardashti et Sébastien Josse.
« À l’image d’un gâteau qui comprend plusieurs strates, le pont comme la coque connaissent des
poses successives qui sont ponctuées par des cuissons pour que l’ensemble prenne. Dans l’ordre, nous
avons drapé la première peau (fibres de carbone), procédé à la cuisson de cette première peau, puis
posé l’âme (nid d’abeilles) avant une nouvelle couche de carbone. C’est là qu’intervient une nouvelle
cuisson pour réaliser le sandwich. Les pièces sont cuites entre 110 et 120°. En effet, comme nous
utilisons du tissu pré-imprégné, il faut le cuire pour qu’il durcisse, c’est le principe de polymérisation.
À noter que le bateau n’est pas construit selon le même procédé sur toute la longueur (cf. monolithique
à l’avant). »
« Nous avons effectué des contrôles de qualité - ultrasons et/ou carottages - à chaque étape de
construction afin de valider les procédés de fabrication : après la cuisson de la première peau, lors du
collage du nid d’abeilles pour vérifier son accroche et enfin après la pose de la peau intérieure et de la
cuisson finale. »
Onze mois de construction
Retour sur les grandes étapes avec Pierre Tissier,
directeur technique du Gitana Team
et véritable métronome en charge du suivi
de construction.
+100 personnes impliquées dans le projet
10 000 heures d’études
(architectes & bureau d’études Gitana)
150 plans échangés
30 000 heures de construction
Septembre 2014
Février 2015
Démoulage pont / coque
Après 5 mois de construction et près de 12 500 heures de travail, les équipes de Multiplast
procèdent au démoulage du pont et de la coque ; une étape clé du chantier qui propulse le projet
dans une phase bien plus visuelle et palpable.
« C’est la première fois que nous voyions physiquement et concrètement les formes du bateau, que
nous pouvions observer la pièce dans son intégralité et constater l’aspect de surface de fond de coque,
qui est un indicateur de qualité important. Nous avons toujours hâte de voir l’état de surface, de savoir
si le moule n’a pas marqué la pièce, de pouvoir vérifier qu’il n’y ait pas de défauts et par conséquent si
tout est conforme aux plans des architectes .»
Mars - Avril 2015
Préformes bois & moules
Mise en place du squelette de carbone
Pierre Tissier
« La construction a débuté
en septembre. La première phase est consacrée
à la fabrication des moules de coque et de pont,
qui sont réalisés en parallèle. »
Les cloisons sont des éléments clés dans la construction d’un tel bateau. À l’identique du
corps humain et de sa colonne vertébrale, cette structure rigide intervient dans trois fonctions
fondamentales : le soutien, la protection et le mouvement. Le greffage des cloisons, qui a d’ores
et déjà débuté dans les moules, se poursuit et la cloison du pied de mât rejoint le grand mécano.
Cette cloison, qui subit des efforts très importants entre le mât et la quille, a fait l’objet d’une
attention toute particulière et a demandé de très longues heures d’études et de construction…
presque autant que la coque et le pont !
Découpe et mise en place de préformes en
bois pont et coque pour réaliser le moules
femelle de deux pièces maîtresses. Bien que
plus longs et plus complexes à fabriquer,
les moules femelles sont privilégiés car ils
offrent un meilleur état de surface extérieur
et ce sans trop de finitions supplémentaires.
34 « Il s’agit d’une période de grande précision, durant laquelle les équipes travaillent dans le « ventre »
de la machine. C’est la manière dont les cloisons sont agencées entre elles qui détermine la rigidité
globale du bateau et son intégrité structurelle, ce qui est un élément essentiel pour la performance. »
3 5
Mai 2015
Assemblage pont / coque
Une fois les cloisons de coque et de pont mises en place et greffées, l’équipe procède à l’assemblage
proprement dit de la coque et du pont ; bien que des assemblages à blanc aient été réalisés au
préalable, cette opération demeure une grande étape du chantier de construction tout autant
symbolique que concrète. Dans le jargon de construction navale, on parle de « fermer la boîte ».
« Pour le Mono60 Edmond de Rothschild, l’opération s’est révélée plus singulière que d’habitude :
le bateau est en effet coupé au milieu du franc-bord dans le sens horizontal sur toute sa longueur. La
moitié de la coque est donc dans le pont alors qu’habituellement c’est un vrai assemblage pont coque
avec un greffage au niveau du livet. Sans trop entrer dans les détails, ce choix est principalement dû à
la forme de la carène et au fait que le moule doit servir une nouvelle fois après nous. »
Juin - Juillet 2015
Les principaux
matériaux
Mise en place des ballasts, peinture, mise en place des systèmes peinture et finitions
Le Mono60 Edmond de Rothschild désormais assemblé, la construction entre dans sa dernière
ligne droite. Le bateau est une véritable ruche où tous les corps de métier des équipes de
Multiplast et celles de Gitana doivent cohabiter dans un espace exigu. De l’extrémité du bout
dehors à la pointe des safrans, le moindre mètre carré du 60 pieds est occupé :
« Ces deux derniers mois sont passés à vitesse grand V et ont été d’une grande intensité. La job list
était conséquente : finitions de la boîte composites, mise en places des ballasts et des goulottes,
montages à blanc avant le définitif de l’accastillage, l’hydraulique, la mécanique sans oublier le calage
des différents appendices (safrans, dérives, etc.), peinture et mise aux couleurs… Les derniers mois de
chantier sont toujours délicats à gérer car c’est une période entonnoir avec un planning à respecter au bout.
Mais le timing ne doit pas se faire au détriment de la qualité de finition du bateau car les erreurs se
payent cash à la sortie. »
7 août 2015
Sortie de chantier !
Après plus de 30 000 heures de construction,
le Mono60 Edmond de Rothschild est fin prêt
et touche l’eau pour la première fois !
Fibre de carbone
Elle se compose de fibres extrêmement fines,
d’environ 5 à 10 micromètres de diamètre, et
est principalement composée d’atomes de
carbone. Ceux-ci sont agglomérés dans des
cristaux microscopiques qui sont alignés
plus ou moins parallèlement à l’axe long de
la fibre.
Dans la construction navale - tout comme
dans l’aéronautique ou l’éolien par exemple le carbone est particulièrement apprécié
pour sa légèreté et sa faible densité par
rapport à ses caractéristiques techniques
de haute résistance.
La structure du bateau est un mélange de
deux types de carbone ; le T800 et le T700.
Le T800 présente des caractéristiques
mécaniques plus élevées en raideur et permet
un gain de poids significatif sur l’ensemble
de la structure.
Tissu préimprégné
Le préimprégné est une fibre imprégnée de
résine qui va déclencher sa polymérisation,
et donc son durcissement, par élévation
de la température selon un rythme de
cuisson indiqué.
GLOSSAIRE de formeS
Carène : la carène est la partie de la coque qui se trouve sous la ligne de flottaison.
Coque frégatée : une coque est dite frégatée lorsque la largeur maximale
ne se situe pas au niveau du pont, mais plus bas. Sur le Mono60 Edmond de Rothschild,
cela signifie que le livet est moins large que le bouchain.
Livet : ligne formée par l’intersection de la coque et du pont.
Bouchain : arête vive située sur la coque et destinée, en faisant décrocher
les filets d’eau, à diminuer la surface mouillée dynamique du bateau,
et donc la résistance à l’avancement.
Franc-bord : distance verticale entre la ligne de flottaison et le pont.
Cloisons : éléments de structure transversale, greffés au pont et à la coque,
qui coupent la coque dans toute sa largeur. Véritable squelette du bateau,
elles permettent d’assurer l’intégrité structurelle du bateau en transmettant
les efforts entre le pont et la coque. Étanches, elles permettent également
de limiter l’envahissement en cas de voie d’eau.
36 Nid d’abeilles
Dans l’industrie nautique, l’âme d’un panneau sandwich est souvent une structure en
nid d’abeilles comparable aux alvéoles des
abeilles. Cette structure en nid d’abeilles
est ici constituée de Nomex©, une variété
particulière de carton et il s’agit du matériau
d’âme le plus léger.
Sandwich
Pour concevoir des pièces rigides, une
technique couramment employée dans
l’industrie des matériaux composites est
celle des structures en sandwich, constituées de deux peaux de carbone collées sur
une âme épaisse mais légère, comme une
mousse ou un nid d’abeilles. Cet assemblage
permet d’obtenir des panneaux rigides et
légers mais qui résistent mal aux chocs
répétés dans le temps. Cette technologie
n’est donc employée que pour la partie arrière
de la coque.
Monolithique
Carbone et résine uniquement. Tout ce qui
est en avant de la cloison de mât est en
monolithique avec des lisses transverses.
Ceci permettant d’avoir une raideur plus
importante pour un poids équivalent à du
sandwich classique (carbone - construction
nid d’abeilles, ndlr). Cette zone étant l’une
des plus exposées à l’impact et aux chocs
des vagues la raideur est particulièrement
importante.
3 7
L’or (jaune) et l’azur (bleu) sont les
couleurs historiques de la famille Rothschild.
FRA 16
61 ARF
TENDANCE DÉCO
Un look racé inspiré
des emblèmes familiaux
Symbole de la vision à long terme
L’aigle est d’Autriche. L’empereur
François Ier a, par décret impérial
de la cour d’Autriche en date
du 29 septembre 1822, élevé au rang
de baron héréditaire les cinq frères
Rothschild, Mayer Amschel Rothschild,
et tous les descendants légitimes
portant le nom de Rothschild, de l’un
et l’autre sexe, sans distinction
de nationalité.
Symbole de la puissance
et de l’excellence
Le lion est de Hesse. Il fait référence
à Guillaume Ier, électeur de
Hesse-Cassel, héritier de l’une
des plus grandes fortunes d’Europe,
que géra Mayer Amschel Rothschild,
le fondateur de la dynastie familiale.
Le lion, ni couronné, ni armé est
stylisé en Zackenstil.
< 70 >
Les cinq flèches symbolisent
quant à elles les cinq fils de Mayer
Amschel Rothschild - le fondateur
de la dynastie - et par conséquent
les cinq branches de la famille.
Depuis toujours, les voiliers Gitana sont reconnaissables entre mille
avec leur dominante de bleu et leurs touches de jaune si caractéristiques.
Chère aux yeux du Baron Edmond de Rothschild, l’élégance
des bateaux l’est tout autant pour Ariane et Benjamin de Rothschild.
Tout en restant fidèles aux valeurs familiales, les armateurs du Gitana n’ont jamais hésité à bousculer les codes
et à jouer la modernité pour les décorations des unités
Edmond de Rothschild. Dans la lignée du Multi70, dont
la déclinaison de la boussole sur les trois coques laissait
penser à un tatouage tribal, le dernier-né de la Saga Gitana
porte sur son étrave deux des éléments clés du blason
familial que sont l’aigle et le lion.
Cette nouvelle décoration, correspond à merveille au style
racé et agressif de cet Imoca de dernière génération.
Le peintre de l’équipe, Hubert Corfmat, a pour coutume
de dire : « Un bon bateau est tout d’abord un beau bateau ! »
FRA 16
61 ARF
Saisies l’une après l’autre, les cinq flèches
seraient facilement brisées. Ensemble, elles résistent.
JEAN BAPTISTE EPRON
DESIGN
12.06.15
V17.01
[email protected]
+ 33 (0)6 09 40 90 37
COPYRIGHT 2015
JBEPRON - TOUS DROITS RÉSERVÉS
REPRODUCTION MÊME PARTIELLE INTERDITE
Dessins réalisés par Philippe Druillet
38 3 9
LA COURSE
Départ
La COURSE
Dimanche
25 octobre 2015
12 e édition
Création
1993
Tous les deux ans, la crème de la voile se donne rendez-vous au Havre
pour disputer la Transat Jacques Vabre, qui n’est autre que l’épreuve
référence du double au large, la plus longue des transatlantiques.
Si la ville de départ n’a jamais changé au fil des onze précédentes éditions,
la destination finale a conduit les duos de marins de Carthagène,
en Colombie, à Salvador de Bahia, au Brésil, sans oublier Puerto Limon au Costa Rica.
Depuis 2013, la course est de retour au Brésil, et c’est à Itajaí, dans la province
de Santa Catarina au sud de Rio de Janeiro et de Sao Paulo que la flotte
de la Transat Jacques Vabre met un terme à ses 10 000 km de traversée,
soit tout de même le quart d’un tour du monde !
(route directe)
Périodicité
Tous les deux ans
Distance : 5 400 milles
Transat
Jacques Vabre
LE HAVRE (France)
Type de course
Transatlantique en double
épreuve multi classes ouverte
aux multicoques (Multi50 & Ultime)
et aux monocoques (Class40 & IMOCA)
Vainqueurs
en titre
Ultime
Sébastien Josse et Charles Caudrelier
(Edmond de Rothschild)
11 j 5 h 3 min 54 sec
Arrivée
ITAJAĺ (Brésil)
40 IMOCA
Vincent Riou et Jean Le Cam (PRB)
17 j 41 min 47 sec
4 1
L’Atlantique
à quatre mains
2015
à guichet fermé !
à un an du Vendée Globe, l’affluence est de mise sur la classe des monocoques
Imoca. En effet, plus de vingt 60 pieds sont attendus sur la ligne de départ
havraise contre 10 duos inscrits en 2013. C’est bien simple, ils sont tous là :
six nouveaux bateaux (Safran, Banque Populaire, Hugo Boss…), les meilleures unités
de la génération précédente (SMA, PRB, Maître Coq …) et des outsiders qu’il faudra
surveiller de près (Souffle du Nord...). Outre, le chiffre c’est aussi la qualité de ce
plateau qui laisse rêveur. Autant dire que les 5 400 milles qui séparent Le Havre
d’Itajaí vont être plus que disputés et la bataille s’annonce corsée… ce qui ne peut
mieux tomber pour une Route du Café !
« Nous sommes directement dans le
vif du sujet avec les meilleurs
de la série présents. C’est idéal pour
nous car la Transat Jacques Vabre
constitue notre tout premier banc
d’essai, seulement deux mois et demi
après la mise à l’eau de ce nouveau
bateau. Cela nous permettra
de nous jauger face à la concurrence
et d’établir un premier bilan tant
technique qu’humain pour préparer au
mieux la saison 2016. Car il ne faut
pas oublier que l’objectif
affiché du Gitana avec le Mono60
Edmond de Rothschild est
le Vendée Globe. Il a été imaginé
et conçu pour ce tour du monde. Sébastien Josse
2013
Do you remember ?
Lundi 18 novembre, 18h03’54’’ (heure française)... Après 11 jours, 5 heures,
3 minutes et 54 secondes de mer, Sébastien Josse et Charles Caudrelier
franchissent en vainqueurs la ligne d’arrivée de la Transat Jacques Vabre à Itajaí
(Brésil). En tête depuis le départ du Havre, le Multi70 Edmond de Rothschild
remporte cette traversée de l’Atlantique menée à une cadence infernale et
termine une centaine de milles devant son adversaire Oman Air-Musandam.
En parcourant les 5 400 milles de la route directe à la vitesse de 20,7 nœuds
(22,12 nœuds de vitesse moyenne sur les 5 952 milles réellement parcourus), les
deux navigateurs ont non seulement bouclé leur première transat en multicoque
mais également inscrit le nom du Gitana Team et du Groupe Edmond de
Rothschild pour la première fois au palmarès de l’épreuve.
42 »
Sur la vingtaine
de duos inscrits,
la moitié au moins
peut prétendre
la gagner !
4 3
On ne change pas
une équipe
Charles Caudrelier
qui gagne
Sébastien Josse et Charles Caudrelier sont
de la même génération, tous deux issus de
l’exigeante classe Figaro où ils ont fait leurs
gammes avant d’acquérir leurs galons au
large. Les deux hommes ont de nombreux
points communs, tant dans les lignes de
leur palmarès que dans les traits de leur
caractère. Ils se connaissent et s’apprécient mais, jusqu’en 2013, ils n’ont jamais
été associés sur un même bateau. à la barre
des multicoques du Baron Benjamin de
Rothschild depuis deux ans, c’est alors que
Sébastien propose à Charles de le rejoindre
44 au sein du Gitana Team pour une année riche
en compétitions et dont le point d’orgue sera
la Transat Jacques Vabre. Cette association
se solde par une éclatante victoire sous le
soleil brésilien. Mais au-delà de la performance sportive, les deux hommes ont tissé
une forte complicité née d’une confiance
mutuelle et d’un réel plaisir à naviguer de
concert. Ainsi, à l’heure du choix de son
co-skipper, Sébastien n’a pas hésité, tant
repartir ensemble sur la Transat Jacques
Vabre était une évidence.
17 ans
Portrait de
Né le 26 février 1974
Premiers bords : Beg-Meil (29)
Port d’attache : Crac’h (56)
Diplômé de la Marine Marchande, c’est bien
au large que Charles Caudrelier choisit de
tracer son sillage. Formé à l’école du solitaire
et de la monotypie de la Classe Figaro
Bénéteau, Charles Caudrelier en conserve la
rigueur et l’exigence qui la caractérise. D’un
tempérament discret à terre, le marin se
révèle redoutable en mer et sera remarqué
dès ses débuts dans le haut niveau. En 1999,
pour sa première Solitaire du Figaro, le
Breton décroche une prometteuse 9e place
au général et s’impose au classement des
bizuths. Deux ans plus tard, tandis qu’il
gagne sa première transatlantique en
compagnie de Gildas Morvan, il entre dans
le Top 5 de la Solitaire. Mais la consécration,
celle pour laquelle il travaille sans relâche,
interviendra au cours de l’été 2004. À tout
juste 30 ans, Charles inscrit son nom au
palmarès de l’épreuve phare des figaristes
aux côtés des Desjoyeaux, Le Cam ou autres
Cammas.
Cette victoire lui permet non seulement
d’entrer dans la cour des grands mais également de partir naviguer sur des supports
pour lesquels il n’a jamais caché son attrait :
trimarans, monocoques Imoca… Tout aussi
à l’aise sur le pont d’un bateau, aux réglages
ou à la barre, que derrière un ordinateur
pour décider de la stratégie météorologique
à adopter, le marin devient un équipier
recherché et convoité que les plus grandes
équipes de la course au large française
s’arrachent. Charles multiplie les expériences avec succès : champion Orma 2005
avec l’équipage de Banque Populaire, 2e de
la Transat Jacques Vabre 2007 sur Safran
aux côtés de Marc Guillemot avant de la
gagner deux ans plus tard, grand vainqueur
de l’édition 2011-2012 de la Volvo Ocean
Race avec Franck Cammas et les hommes de
Groupama 4, 1er de l’European Tour MOD70
aux côtés de Michel Desjoyeaux avant de
réitérer la performance avec le Gitana Team
un an plus tard et bien sûr, la victoire au
scratch dans la Transat Jacques Vabre 2013
avec son complice Sébastien Josse.
En février 2014, le jour de ses quarante
ans, le Breton change de dimension et se
voit confier la barre de son propre projet.
Il est en effet nommé skipper de l’équipage
sino-français Dongfeng Race Team pour
la 12e édition de la Volvo Ocean Race dont
le départ sera donné seulement quelques
mois plus tard d’Alicante. Le challenge est
passionnant mais difficile car l’ambition du
projet est bien de former de jeunes chinois
sans expérience de la course au large afin
de les intégrer à son collectif pour ce qui est
considéré comme l’une des courses autour
du monde en équipages les plus dures et
les plus engagées. En s’entourant d’une
dream team, Charles démontre ses qualités
de meneur d’hommes et offrira à la Chine
deux victoires d’étape et une magnifique
troisième place au général pour sa toute
première participation.
de courses
au plus haut niveau...
2014
2015
3e de la Volvo Ocean Race
avec deux victoires d’étape,
sur Dongfeng Race Team
2013
Vainqueur de la Transat
Jacques Vabre
sur Multi70 Edmond
de Rothschild avec S. Josse
2011
2012
Vainqueur de la Volvo
Ocean Race sur Groupama 4
avec F. Cammas
2009
Vainqueur de la Transat
Jacques Vabre sur Safran
avec M.Guillemot
2005
Navigateur à bord du trimaran
60 Banque Populaire,
champion du monde ORMA
1999
à
2004
8 participations
à la Solitaire du Figaro
Vainqueur en 2004
3e en 2003
5e en 2001
9e & 1er bizuth en 1999
4 5
Météo
& Stratégie
Seuls maîtres
à bord
En 2013, Sébastien Josse
et Charles Caudrelier
bénéficiaient d’un routage
météorologique à terre comme
cela est autorisé pour les
multicoques. Ainsi, le duo pouvait
s’appuyer sur l’expertise du
5 400 milles, soit près de 10 000 km, de l’Atlantique Nord
à l’Atlantique Sud : la Transat Jacques Vabre propose
un tracé exigeant comptant, pour Sébastien Josse,
pas moins de trois grands passages à niveau.
Le dernier tiers de course, du Pot-au-Noir à l’arrivée,
peut se révéler redoutable et totalement redistribuer
les cartes posées dans l’Atlantique Nord.
« sorcier » - Jean-Yves Bernot et d’Antoine Koch pour les guider
à travers l’Atlantique dans leur
délicat pilotage. Cette année,
les règles du jeu sont différentes
car cette « assistance » météo
est tout simplement interdite
par la classe IMOCA.
Le duo Edmond de Rothschild sera
ainsi en charge de la récolte
et de l’analyse des différentes
sources météos à sa disposition
à bord et maître de ses choix
de route. Une donnée
supplémentaire qui n’est pas
pour déplaire à Sébastien Josse,
d’autant que ce tracé n’est autre
que le premier quart du tour
du monde sur lequel le marin
s’élancera le 6 novembre 2016.
Revue de détails des 3 passages clés
1
Sortie de Manche ET Golfe de Gascogne
Sébastien Josse
« 600 milles à
couvrir pour s’extraire de la Manche et
« dégolfer » comme on dit dans notre jargon ;
ce sont les premiers milles mais aussi le premier
passage à niveau de la course à l’issue desquels
se dessine une première hiérarchie.
En 2013, nous avions mis 24 h pour atteindre
la pointe Nord-Ouest de l’Espagne, cette année
nous pourrions la doubler après 2,5 à 3 jours.
Ce sont toujours des milles délicats et stressants
non seulement parce qu’il faut se mettre dans
le bain mais aussi parce qu’à cette époque de
l’année nous avons de fortes chances de partir
face aux trains de dépressions qui se mettent
en place sur l’Atlantique Nord. Ce scénario est
synonyme d’un régime de vents d’Ouest et
donc d’un départ au près à tirer des bords dans
l’entonnoir exigu qu’est La Manche. Le tout
avec le trafic maritime dense dans cette zone
et les DST (dispositif de séparation de trafic)
à respecter.
Après le passage de la pointe Bretagne, nous
entrons dans le golfe de Gascogne et le risque
du trafic maritime s’éloigne un peu mais pour
autant la pression ne descend pas car c’est dans
cette partie de 370 milles que potentiellement
nous pourrons rencontrer les plus grosses
conditions météos de la course avec une mer
très forte. C’est aussi dans cette partie que les
premières options pourraient se dessiner selon
le schéma météo : plonger dans le golfe pour
aller raser le Cap Finisterre ou arrondir pour
contourner les dépressions en provenance de
l’Atlantique. C’est la position de l’anticyclone
des Açores qui déterminera les choix de
route. En effet, tout l’enjeu sera de traverser
le plus vite possible cette zone de hautes
pressions, généralement en glissant dans son
sud, pour aller toucher les alizés de Nord-Est
synonymes d’accélération. »
2
3
Passage du Pot-au-Noir
« La négociation de cette zone - une
traversée de 200 à 300 milles le plus
souvent - est clairement le deuxième passage
à niveau de la course. Les alizés meurent
vers 8° Nord quand nous entrons dans la
zone de convergence intertropicale (ZCIT),
ce que les marins appellent le Pot-au-Noir.
Schématiquement, le Pot-au-Noir est un cône
plus large au niveau de l’Afrique et dont l’activité
est moins importante côté Brésil. La théorie,
voudrait donc que l’on privilégie un passage à
l’Ouest mais l’analyse est plus complexe car
derrière cette zone nous attendent les alizés
de l’hémisphère Sud. L’angle de sortie dans ces
vents de Sud-Est est très important pour la suite
de la course, et plus nous sommes positionnés
à l’Est et meilleur il est. Le franchissement du
Pot-au-Noir est donc une affaire de compromis
dont le scénario évolue aussi en fonction de la
stratégie de course et du classement. Lorsque
tu arrives en tête dans le Pot-au-Noir, tu as
tendance à opter pour le chemin le plus court et
donc plus à l’Ouest mais si tu es derrière, il faut
tenter des choses et essayer de trouver le trou
de souris qui te permettra de couper un peu
dans le fromage, donc plus à l’Est.»
« Pour moi, cette partie est le dernier
obstacle de la course mais pas des moindres. La
dernière édition a démontré que les 1 400 milles
le long des côtes brésiliennes peuvent s’avérer
délicats et surtout déterminants. Car l’instabilité
orageuse qui règne au large des terres peut
venir semer la zizanie dans la hiérarchie établie.
Là encore, ce sera une histoire de dosage.
S’approcher suffisamment de la côte pour
suivre la route la plus directe vers Itajaí mais
pas trop pour ne pas se faire prendre sous les
nombreux grains qui débordent des rivages et
peuvent être synonymes de panne sèche côté
vent. Le passage du Cabo Frio (situé dans l’est
de Rio de Janeiro) marquera la dernière ligne
droite, les 400 derniers milles avant l’arrivée.
Pot-au-Noir, zone de
convergence intertropicale,
équateur météorologique…
Les noms ne manquent pas pour
qualifier cette zone de navigation
tout aussi réputée que crainte par les
marins. Elle résulte de la convergence
des masses d’air chaudes et humides
anticycloniques provenant des
tropiques et portées par les alizés.
Elle se caractérise par une forte
activité orageuse et des gros
cumulonimbus qui déversent de fortes
pluies. Sous les grains, le vent peut
y être totalement instable, passant de
0 à 25 nœuds. Aucun Pot-au-Noir ne
ressemble à un autre et l’aléatoire est
la caractéristique même de cette zone.
C’est une zone de navigation instable avec
pas mal de conflits de masses d’air. C’est en
effet dans ce secteur que naissent les petites
dépressions qui partent dans les quarantièmes
et les cinquantièmes. Il nous faudra être
vigilants jusqu’au bout, car la mer y est peu
agréable et après plus de 15 jours, avec la
fatigue accumulée, une erreur est vite arrivée. »
D
à chaque hémisphère
D
son anticyclone
et ses alizés
LE HAVRE
(France)
Le globe terrestre est divisé en deux hémisphères :
Nord et Sud. Schématiquement, l’un est le miroir
de l’autre avec le Pot-au-Noir au centre en guise
de ligne de démarcation. Dans l’hémisphère Nord,
les vents tournent dans le sens des aiguilles d’une
montre tandis que dans le Sud ils tournent dans
le sens inverse.
ANTICYCLONE
DES AÇORES
OCÉAN
ATLANTIQUE NORD
Alizés de Nord-Est
POT-AU-NOIR
Équateur
Alizés de Sud-Est
ANTICYCLONE
DE SAINTE-HÉLÈNE
Itajaí
(Brésil)
46 Dernière ligne droite
vers Itajaí
D
OCÉAN
ATLANTIQUE SUD
4 7
Corporate
Le groupe
Edmond de Rothschild
Une référence dans le monde financier
Spécialisé dans les métiers de la Banque Privée et de l’Asset Management,
le groupe Edmond de Rothschild s’est imposé au fil du temps comme
un acteur majeur de la finance. Créé à l’initiative du Baron Edmond
de Rothschild en 1953 et présidé aujourd’hui par son fils, le Baron
Benjamin de Rothschild, le Groupe déploie ses savoir-faire sur
les principales places financières internationales. Son actionnariat familial
lui confère une indépendance totale au regard de ses
clients privés comme institutionnels.
Un rayonnement international
Avec 33 implantations dans le monde et s’associant les talents de
près de 2 700 collaborateurs, le groupe Edmond de Rothschild gère
aujourd’hui 136 milliards d’euros pour le compte de grands clients
privés et institutionnels. Il est devenu l’un des établissements
financiers indépendants les plus dynamiques en Europe.
48 La philanthropie
Transmettre, innover, s’engager
La Banque Privée et l’Asset Management sont le cœur des activités
financières du Groupe et forment un ensemble équilibré associant
culture du sur-mesure, stabilité, performance et innovation. Les métiers
de Corporate Finance, Private Equity et Institutional & Fund Services
apportent, quant à eux, une expertise de pointe en ingénierie financière,
investissements non cotés et véhicules d’investissement complexes.
Les Fondations Edmond de Rothschild développent une vision moderne de la
philanthropie au travers de laquelle elles défendent la dignité et la responsabilisation
de chacun.
Leur action se concentre dans le domaine de l’éducation en abordant différentes
thématiques : art et culture, entreprenariat social, dialogue interculturel, santé et
éducation philanthropique. Par leurs implantations et leurs projets, les Fondations
constituent un réseau dynamique, multiculturel et international. Elles identifient
les initiatives locales, développent des modèles éducatifs innovants et partagent
ensuite ces expériences.
Les Fondations appliquent une méthodologie entrepreneuriale à l’univers
philanthropique, contribuant ainsi à la professionnalisation du secteur social. Elles
œuvrent, en outre, pour une reconnaissance d’un pluralisme inhérent à chaque
société et le respect des identités multiples de leurs citoyens.
www.edmond-de-rothschild.com
www.edrfoundations.org
Partenariat - Voiles de S aint-T ropez
Entre Tradition
& Modernité
Si le Gitana Team, qui compte
parmi les équipes les plus compétitives
de la course au large française,
représente l’innovation et la modernité,
les Rothschild n’oublient jamais
la tradition. Contemporains tout
en restant profondément respectueux
de l’histoire qui a marqué leur famille,
telle est la philosophie qu’appliquent
quotidiennement Ariane et Benjamin
de Rothschild. Dans cette lignée, outre
son engagement auprès du Gitana Team,
le groupe Edmond de Rothschild
devient partenaire des Voiles
de Saint-Tropez en 2013.
L’association avec la prestigieuse
régate méditerranéenne, créée
en 1981 sous le nom de Nioulargue
avant de changer de nom en 1999,
a semblé naturelle. Cette course était
appréciée par le Baron Edmond
de Rothschild qui a laissé son nom
au palmarès de l’épreuve en remportant
l’édition 1984 avec Gitana VIII.
Aux Voiles de Saint-Tropez, le Trophée
Edmond de Rothschild récompense
le vainqueur dans la catégorie
« voiliers modernes ».
4 9
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Crédits photos :
Yvan Zedda / Gitana SA, à l’exception de : Thierry Martinez / Gitana SA : couverture, p.4-5, p.28-29, p.31, p.32 (n°1 & n°5), p.38, p.45 - Famille Rothschild,
photothèque personnelle / DR : p.6-7, p.8 - Billy Black / Gitana SA : p.21 (milieu) - Sébastien Josse, photothèque personnelle / DR : p.25 (haut) - Alain Paulhac /
Gitana SA : p.34 (bas), p.35 (haut &milieu), p.36 (milieu) Philippe Schaff : p.48-49
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