Le Loup et l`Agneau Quels sont les reproches du Loup à l`Agneau

Transcription

Le Loup et l`Agneau Quels sont les reproches du Loup à l`Agneau
Le Loup et l’Agneau
Quels sont les reproches du Loup à l’Agneau ?
Le Loup reproche à l’Agneau de souiller, de salir l’eau de la rivière : « troubler mon breuvage » (v5),
« tu la troubles » (v16). Il l’accuse également de dire du mal de lui (« je sais que de moi tu médis l’an
passé » v 17), ou bien est-ce son frère, ou un autre mouton (vv20 et 21). Enfin, le Loup dit être
agressé (« car vous ne m’épargnez guère,/ vous, vos bergers et vos chiens » vv 22-23).
Quels sont les arguments de l’Agneau ?
Les arguments de l’Agneau sont raisonnables. Celui-ci avance qu’il ne peut pas troubler l’eau du Loup
puisqu’il boit en aval (vv 13 à 15). Il ajoute qu’il n’a pas pu dire du mal du Loup un an auparavant
puisqu’il est trop jeune (« Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ? » v18). Son frère n’a pu
médire du Loup non plus puisqu’il n’en a pas (v 21). L’Agneau cherche à convaincre le Loup par la
logique. Ses répliques sont de plus en plus courtes, ce qui montre que le Loup lui confisque la parole.
Qui a raison ?
Le lecteur est amené à donner raison à l’Agneau car La Fontaine le rend attachant. En effet, le Loup,
méprisant, le tutoie et est qualifié par l’auteur de « bête cruelle », tandis que l’Agneau, respectueux,
vouvoie le prédateur, l’appelle « sire », « majesté » (v 8). Le développement d’arguments logiques
plaide en faveur de l’ovin, mais cela ne suffit pas à attendrir le Loup.
En quoi le premier vers indique-t-il comment interpréter la Fable ?
Le premier vers indique comment interpréter la fable en révélant la fin. En utilisant le présent de
vérité générale comme dans les proverbes, La Fontaine assène un constat en guise d’introduction. Il
ne s’agit pas vraiment d’une morale mais plus d’une description d’un état de fait : au sein des
relations humaines comme dans le règne animal le fort l’emporte sur le faible.
Resituez la fable dans son contexte de production. En mettant en scène un loup et un agneau, que
dénonce Jean de La Fontaine ?
La Fontaine vise les « forts », les courtisans qui vivent autour du roi à Versailles. Louis XIV est
également critiqué au travers du loup (« sire », « votre majesté », « Elle » vv 8 et 13). C’est surtout
l’arbitraire qui est pointé du doigt. Le symbole du bon vouloir du roi est, à cette époque, la lettre de
cachet qui envoyait le destinataire tout droit en prison (souvent à la Bastille) sans procès (« tu seras
châtié » v7, « sans autre forme de procès » v27). En un mot, c’est l’injustice qui est dénoncée.
Pourquoi cette fable intéresse-t-elle toujours le lecteur enfant ou adulte ?
Divertissante et courte, la fable est rythmée par les dialogues au style direct, ce qui la rend vivante.
Critique, elle permet au lecteur de donner un sens au monde dans lequel il évolue, voire de
l’appréhender avec un œil neuf. Le présent de vérité générale du premier vers montre qu’elle est
toujours d’actualité. La fable a une dimension universelle et intemporelle.