COSTUMES Le cinéma sous toutes ses coutures

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COSTUMES Le cinéma sous toutes ses coutures
COSTUMES
Le cinéma sous toutes ses coutures
Un éclatant hommage au septième art, les costumes d’IRIS sont le fruit d’une
exploration visuelle de divers thèmes liés à l’invention du cinéma : la prise
d’images, la prise et la retransmission du son, et la lumière. Le concepteur de
costumes Philippe Guillotel a mené une recherche approfondie sur l’histoire du
cinéma afin d’imaginer les concepts auxquels quelque 250 artisans de l’Atelier
de costumes du Cirque du Soleil ont donné corps.
Il a fallu trois années de recherche intensive à Philippe Guillotel pour mener à
bien ce projet. En plus de visiter le Musée des arts et métiers à Paris de fond en
comble – où l’on peut voir une multitude d’inventions allant du premier fusil
chronophotographique au premier projecteur sonore –, il a vu ou revu quantité
de films : ceux d’Alfred Hitchcock, les premières œuvres de Charlie Chaplin, les
films de Georges Méliès ainsi que les premiers films réalisés à l’aide des appareils
de l’inventeur Thomas Edison, entre autres.
Les costumes d’IRIS permettent aussi de suivre les grandes étapes de l’évolution
de la couleur au cinéma – du noir et blanc aux couleurs saturées à la Dick Tracy,
en passant par le sépia, la colorisation et le Technicolor.
Donner corps à la machinerie du cinéma
La symbiose entre les costumes et les inventions du cinéma est particulièrement
frappante chez les personnages « hybrides » – des créatures mi-humaines, mimachines. L’un des personnages porte une jupe dont la structure rappelle le
praxinoscope, un des premiers appareils de bandes animées. Fondé sur l’effet
stroboscopique, ce costume illustre la décomposition du mouvement. En
tournant, la structure circulaire rotative de la jupe laisse entrevoir, à travers les
fentes, deux boxeurs en pleine action.
Guillotel a créé des costumes inusités pour toute une gamme de personnages :
• deux « hommes caméra » dont le costume comprend une caméra
soudée soit sur la tête, soit sur la poitrine des artistes;
• un « homme son » portant un grand cornet en fibre de carbone;
•
un « homme écran » dont le costume cache un énorme écran qui
émerge de son ventre. Cet écran mesure 7 m sur 6;
•
un personnage dont le costume est inspiré des premiers appareils sonores
qui servaient à détecter le bruit des bombes en temps de guerre.
Certains de ces costumes remplissent même une fonction utilitaire durant le
spectacle, comme c’est le cas de deux hybrides munis de caméras véritables
servant à filmer l’action sur scène.
« Je suis un fervent amateur de ces univers à la Jules Verne où dominent les
cuivres, les engrenages et les rivets, confie Philippe Guillotel. Quand je vois une
vieille caméra de bois et de laiton, j’ai immédiatement envie d’en faire un
costume. »
L’étoffe des héros
Philippe Guillotel privilégie normalement cinq ou six matières par spectacle dont
il exploite toutes les possibilités. Pour IRIS, il a eu recours, entre autres, au Lycra
nylon souple auquel on peut donner un aspect laineux ou brillant, à la soie nylon
extensible qui tombe bien comme une draperie de laine et sur laquelle on peut
imprimer des brillances, ainsi qu’à des matières de base comme des toiles de
coton et de lin.
Pour Philippe Guillotel, le tissu est moins important que le corps de l’artiste pour
lequel le costume a été créé. « On peut imaginer le plus beau costume du
monde, mais si le danseur ou l’acrobate le porte mal, l’effet sera raté, explique-til. Les danseurs d’IRIS ont des corps resplendissants, et c’est cette beauté que je
tente de mettre en valeur. » C’est le cas des voltigeurs dont les costumes sont
inspirés des corsets en vogue au début du 20e siècle ainsi que de l’hommage
que certains costumes rendent à l’époque romaine.
Même si on retrouve beaucoup de cuir sur les corsets, Philippe Guillotel a eu
recours surtout à des tissus modernes et à des matières très techniques – la fibre
de carbone pour les parties de costumes en excroissance, notamment – pour
des raisons de souplesse, de confort et de légèreté.
« J’aimerais que les costumes d’IRIS évoquent chez chaque spectateur ce qui lui
vient d’emblée à l’esprit lorsqu’on prononce le mot cinéma », dit-il.
Gros plan sur les costumes
• L’influence « Dick Tracy » est palpable dans le tableau qui rend hommage
aux films de gangsters. Les artistes qui s’élancent du haut des immeubles sur
des trampolines dissimulés dans le plancher de scène sont vêtus de complets
rouge, jaune et bleu tartan.
•
Dans le tableau du bal aérien, les costumes des « femmes diamantées »,
spécialistes du saut en bungee, sont dotés de près d’un million de pierres
Swarovski. Dans les airs, c’est moins les artistes que l’on voit que la brillance
des pierres, ce qui donne aux corps une apparence fluide et lumineuse.
•
Les costumes de diablotin des spécialistes des jeux icariens de Kiriki, sont une
évocation des costumes tirés des films de Georges Méliès.
•
Certains costumes rendent aussi hommage aux divers corps de métiers
associés au cinéma
scripte, maquilleuse, chef opérateur, mais aussi
menuisier, décorateur, peintre, électricien, éclairagiste.