Untitled - GIP FCIP Alsace

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LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 ■
Cet ouvrage a pu être réalisé grâce à la participation de 296 personnes
qui, apprenant la langue française ou (re)découvrant le plaisir d’écrire,
nous ont fait part de ces textes écrits pour la plupart dans le cadre
d’ateliers d’écriture en Alsace.
Ce recueil rassemble 294 textes. Il ne saurait exister sans la contribution
des formateurs, animateurs d’ateliers, éducateurs et autres passeurs de
mots qui, convaincus de l’importance de l’écrit et soucieux de la parole
d’autrui, ont accompagné la rédaction de ces textes.
Nous remercions tous les partenaires investis dans ce projet
et tout particulièrement ceux qui ont pu apporter leur soutien
financier à cette action :
LA PRÉFECTURE DU BAS-RHIN,
LA PRÉFECTURE DU HAUT-RHIN,
LA DIRECTION RÉGIONALE DES ENTREPRISES, DE LA CONCURRENCE,
DE LA CONSOMMATION, DU TRAVAIL ET DE L’EMPLOI,
LA DIRECTION RÉGIONALE DE LA JEUNESSE, DES SPORTS
ET DE LA COHESION SOCIALE,
LA DIRECTION RÉGIONALE DES AFFAIRES CULTURELLES,
LA RÉGION ALSACE,
LA VILLE DE STRASBOURG,
LE CONSEIL GÉNÉRAL DU BAS-RHIN,
LA FONDATION D’ENTREPRISE LA POSTE,
LA FONDATION DU CRÉDIT MUTUEL POUR LA LECTURE,
Nous remercions également ceux qui ont pu apporter
un appui humain et logistique :
L’ASSOCIATION TÔT OU T’ART
LE SERVICE DES MUSÉES DE LA VILLE DE STRASBOURG
LE MUSÉE D’ART MODERNE ET CONTEMPORAIN DE STRASBOURG
LA MÉDIATHEQUE DE LA VILLE ET DE LA COMMUNAUTE URBAINE DE STRASBOURG
Nos remerciements s’adressent également à toutes les personnes
investies à un moment ou à un autre dans l’organisation des différentes
étapes du projet « Plaisir d’écrire » : bénévoles, formateurs, animateurs,
éducateurs, écrivains, artistes, journalistes, chargés de projets,
institutionnels, membres du comité de lecture régional ainsi qu’à
toutes les institutions, entreprises et structures soutenant ce projet.
LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 ■
Depuis 1998, le centre de ressources CRAPT CARRLI1
coordonne et organise le « Plaisir d’écrire »
en collaboration avec des structures et des associations
travaillant pour la cohésion sociale, l’acquisition de
la langue française et l’insertion professionnelle
(associations de quartier, centres socioculturels,
organismes de formation, structures du handicap,
service éducation des maisons d’arrêt…)
Ce projet régional propose des accès diversifiés
à l’écrit et encourage les pratiques d’écriture et
de lecture auprès de personnes en insertion.
Tout au long de l’année, le CRAPT CARRLI propose aux formateurs, animateurs et acteurs de l’insertion diverses ressources pour se professionnaliser
dans le champ de la formation pour adultes et notamment dans le domaine
des ateliers d’écriture. Afin d’impulser une dynamique autour de l’accès à
l’écrit pour tous, différentes actions sont mises à l’œuvre (thématiques
d’écriture, appel à textes pour le concours régional d’écriture, ateliers
avec des écrivains, projets en lien avec des artistes, publications…). Ces
démarches visent à la fois à accompagner les acteurs de terrain dans
leur travail d’enseignement du français que ce soit à l’oral ou à l’écrit, à
proposer des ouvertures culturelles, mais également à favoriser une
réflexion commune sur les problématiques liées à l’écrit.
L’équipe du CRAPT CARRLI/GIP-FCIP Alsace
1- Le Centre Régional d’Appui Pédagogique et Technique / Centre d’Appui et de Ressources Régional
de Lutte contre l’Illettrisme est un département du Groupement d’Intérêt Public / Formation Continue
Insertion Professionnelle d’Alsace
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 ■
Sommaire
Introduction
Lire et faire lire, tout un programme !
Pourquoi écrire ?
page 6
page 8
Témoignages
« Personne ne devient jamais maître
dans un domaine où il n’a pas connu
l’impuissance, et qui souscrit à cela
saura aussi que cette impuissance ne
se trouve ni au début, ni avant l’effort
entrepris, mais en son centre. »
Lire - écrire, couple indissociable
La typographie
Le besoin d’écrire
page 13
page 14
page 16
Textes individuels
page 18
Walter Benjamin
Textes collectifs
page 248
Annexes
Index alphabétique
Textes « Coups de cœur »
Comité de lecture
Organismes participants et animateurs
Remerciements
Contacts
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page 268
page 272
page 275
page 276
page 279
page 280
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
INTRODUCTION
Lire et faire lire, tout un programme !
Notre mission est de donner accès à l’écriture et à la lecture au plus grand
nombre en développant le réseau régional des ateliers d’écriture pour
toucher au plus près les personnes qui n’ont pas encore acquis la maîtrise
du langage.
C’est une mission à la fois exaltante et exigeante car elle demande de la
part des animateurs d’ateliers une posture juste faite de professionnalisme
et de respect. S’agissant d’adultes, il est hors de question de guider trop
étroitement leurs travaux pour viser une production conforme à un thème
ou de les replacer dans des situations infantilisantes.
Il importe de pouvoir faire naître leur envie d’écrire et de développer leurs
compétences pour les rendre plus autonomes dans leur vie quotidienne
en famille, au travail, dans leur vie sociale et leur ouvrir ainsi un chemin
de liberté.
Nous voyons chaque année à quel point se révèlent des vies par ce simple
accès à la forme écrite et tous les parcours qu’elles décrivent, il suffirait
d’un rien pour que d’autres écrits prennent corps : un rien fait d’un minimum d’estime de soi reconquise, d’un minimum de considération reçue et
d’un appui subtil pour que bien d’autres adultes accèdent au plaisir d’écrire
où qu’ils soient et quelles que soient les situations qu’ils connaissent.
Notre ambition est que chaque année d’autres adultes découvrent ces
activités et s’accordent assez de confiance pour devenir à leur tour des
auteurs ; que d’autres animateurs d’ateliers se sentent pousser des ailes
pour démultiplier ces activités partout où c’est encore nécessaire et les
besoins sont nombreux .
Puisse le Plaisir d’écrire 2010 susciter à la fois le bonheur de lire, l’envie
d’écrire, l’envie de faire écrire et de donner à voir au plus grand nombre.
Merci à tous les partenaires qui nous font confiance et appuient notre
action pour la rendre possible.
Élisabeth ESCHENLOHR
DéléguéeAcadémique à la Formation Continue
Directrice du GIP FCIP Alsace
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Pourquoi écrire ? D’où vient cette envie tenace
de se retrouver un stylo à la main, au milieu
d’un groupe familier, pour se lancer à l’aventure
sur la page blanche ? Pourquoi ce besoin,
toujours réitéré, d’écrire seul ou accompagné ?
Cette année, malgré des conditions de fonctionnement particulières - fermeture du centre de ressources Papyrus à Mulhouse et temps de coordination
réduit au CRAPT CARRLI - le réseau du Plaisir d’écrire a montré sa volonté
de maintenir et de poursuivre ce projet ambitieux et nécessaire qu’est le
concours régional d’écriture. En effet, cette année encore le Plaisir d’écrire
a touché son public et a réuni autant de participants que d’habitude :
279 textes individuels et 15 textes collectifs.
C’est une des questions fondamentales que se posent dès le départ les
participants à un atelier d’écriture. Qu’est-ce que je fais là ? Est-ce bien ma
place ? Et bien oui, car il faut le savoir, tout le monde est capable d’écrire,
de créer, de donner naissance à un texte personnel. Pourquoi j’écris ?
Témoignages après quelques séances : pour m’évader, libérer, émouvoir,
apaiser, partager. Pour faire rire, exprimer, m’indigner, soulager. Pour
instruire, toucher, crier, guérir, oublier… Et j’en oublie…
2010 a également vu le renforcement de partenariats initiés les années
précédentes avec des associations culturelles locales : Tôt ou T’art (association ayant pour vocation de favoriser l'accès à la Culture des personnes
en parcours d'insertion sociale et professionnelle) et Papier Gâchette
(maison d’édition associative, atelier de sérigraphie, typographie et gravure).
En outre, des collaborations fructueuses ont vu le jour autour d’ateliers
d’écriture avec U.Bic slam, Strasbourg Initiation nature Environnement et
l’Union régionale des Structures d’Insertion par l’Activité Economique
Ecrire en atelier est porteur de bien des sens. Au niveau personnel, l’écrivant
devenu auteur restaure sa confiance en lui et sa motivation dans l’apprentissage ou la maîtrise de la langue. Par l’écoute positive et le respect des
autres, il s’inscrit et s’implique dans la vie d’un groupe. C’est donc aussi un
moyen d’aborder l’apprentissage du vivre-ensemble et de renforcer le
lien social. Enfin, par le biais des lectures, de la découverte d’auteurs ou
d’artistes, un atelier d’écriture représente une ouverture littéraire et culturelle sur le monde d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
Le Plaisir d’écrire participe depuis 1998 au développement des ateliers
d’écriture et à la professionnalisation des acteurs (animateurs, formateurs,
éducateurs) oeuvrant dans des structures d’insertion, du handicap ou de
la formation linguistique, pour soutenir l’accès à l’écrit et à la lecture pour
tous.
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INTRODUCTION
Le choix du thème « De l’autre côté du travail » s’inscrit dans une volonté
de prendre au mot la question du travail et de la lier aux projets professionnels des participants : comment peut-on penser la question du travail
dans sa famille, dans son environnement, dans sa culture ? Comment également questionner sa place et la manière de la construire, comment se
perçoit une histoire professionnelle, son évolution et son inscription dans
un devenir possible ? Autant de perspectives pour s’interroger et arriver à
dire, avec l’un de nos écrivants : Il était une fois Monsieur Travail / C’était
quelqu’un de génial /
Patricia LEJEUNE
Animatrice du Plaisir d’écrire
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Témoignages
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TÉMOIGNAGES
Lire - écrire, couple indissociable de mon travail artistique....
Ils se nourrissent l’un l’autre et depuis plus de trente ans
je cherche dans la respiration des textes que j’interprète
ce qui va donner vie aux mots...
Lire ou dire met le corps du texte et le corps de l’acteur
en mouvement.
Page à page se construit le vivant du livre...
En s’ouvrant à une voix, la lecture met en mouvement
le corps entier de l’auditeur dans l’intimité d’une écoute partagée...
Chaque fois que j’ouvre un livre pour la première fois,
et aussi loin que je remonte dans le temps,
je m’assoupis et le livre glisse sur mon corps dans un sommeil léger.
Le texte travaille déjà à mon insu, je ne résiste en rien,
n’y mets encore aucune volonté, aucune énergie de lecture.
Il me fatigue et me délasse et me laisse sans défense.
Je vais à la rencontre du texte avec
une bien grande nonchalance, en promenade,
mais il a déjà commencé à s’imprimer en moi.
Martin Adamiec
Comédien
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Dans notre travail quotidien, nous avons choisi
d’utiliser la typographie, car cette technique constitue
une passerelle entre deux dimensions trop souvent
séparées, le « manuel » et l’ « intellectuel ».
C’est cette passerelle que nous proposons au travers de nos interventions,
pour soumettre aux personnes apprenant le Français une autre approche
de l’écriture. Dans les ateliers menés auprès de Lupovino, Trampoline,
ReFormE et du Phare de l’Ill, nous avons proposé aux participants différents
outils pour créer des visuels à partir des phrases extraites de leurs textes :
une machine à écrire électrique, des Letraset, des journaux et des pages
de caractères à découper, ainsi que du matériel de typographie (caractères
en bois et en plomb, presse, encres).
Il s’agit de manipuler les caractères typographiques, de déterminer leurs
dispositions dans l’espace, de choisir leurs tailles, jouer avec leurs superpositions, leurs transparences pour créer une image. Paradoxalement, la
composition de phrases à partir de ces procédés est à la fois plus ludique
et plus laborieuse que l’écriture manuelle. Cela a pour effet d’écarter les
appréhensions à écrire, en concentrant l’auteur sur la manipulation.
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TÉMOIGNAGES
L’accent n’est plus mis sur l’orthographe ou la syntaxe, mais sur le sens
que l’auteur veut donner au mot et à la phrase par sa matérialité. Le but
de ce travail est aussi de restituer à l’écriture sa part d’oralité, en y introduisant du rythme. La mise en forme du texte peut, dans certains cas,
devenir un commentaire du texte, marquant les intentions de l’auteur,
la volonté de souligner un mot le plus souvent, mais aussi parfois faire
correspondre visuellement des mots que rien ne distingue dans le corps
du texte.
La typographie est une expérience riche en phase d’alphabétisation.
Chaque lettre, chaque espace est matérialisé ; il faut bien observer le
tracé de la lettre pour pouvoir la reconnaître à l’envers. Malgré cela, on
constate que la typographie est réellement à la portée de chacun, et que
le résultat obtenu est valorisant quel que soit le niveau de français du
participant.
Papier Gâchette
Maison d’édition associative,
Atelier de sérigraphie, typographie et gravure
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TÉMOIGNAGES
Témoignage sur un atelier d’écriture
Le besoin d’écrire
Mai 2010 : dans le TGV pour Paris.
Je relis mes très sérieuses et très précieuses fiches-méthode proposées
lors de la formation Ecrire pour se Construire au CRAPT CARRLI. Elles me
rassurent - ce doit être une bonne vieille habitude d’enseignante qui n’arrivait
pas en classe sans une rigoureuse organisation -, même si, dans la réalité
vécue du cours comme de l’atelier, je sais que les choses ne se passent
jamais comme on les avait prévues, et c’est tant mieux ! Première confrontation face à cette question de la consigne/contrainte… N’est-ce pas grâce
à ce travail préalable rigoureux et exigeant que les idées abondent et que
je me sens prête et accessible pour l’inconnu, le mien comme celui des
participants ?
Le thème imposé est « Regards Croisés ». Bien sûr, j’étais libre d’en choisir
un autre mais j’ai profité de l’occasion qui m’était donnée de vivre cette
notion de consigne/contrainte de l’intérieur. A mon tour de m’y plier, pour
permettre à mon imagination de forcer ma porte.
Au mois de février avait déjà eu lieu une semaine-photo sur ce même
thème. Est-ce que les participants seront les mêmes ? Quel était le contenu
de leur semaine ? Quelles ont été les productions ? Peut-être pourra-t-on
faire des liens… il y a de l’exposition dans l’air… ? Et puis, ce n’est pas un
public habituel, pour moi c’est même la première fois. Dans le RER direction
Evry, une petite tension et beaucoup de questions. C’est la première fois
que j’anime un atelier thématique de trois jours, dans un lieu et avec des
participants inconnus ou presque. Le clavier va remplacer le stylo et les
ordinateurs en réseau sont disposés comme dans une salle de classe…
On verra bien…
10h30 : Bernard, responsable de ces semaines Passion du DRAC* me rassure.
Difficile de respecter des horaires quand chaque déplacement tient de
l’expédition. Effectivement, quelques minutes plus tard, tout le monde
arrive. Premières émotions, on met un visage sur une voix car le groupe a
pu échanger, chacun dans son fauteuil, chez soi, grâce à une conférence
téléphonique via Skype, quelques semaines auparavant. Histoire de parler
du projet de l’atelier et surtout pour désamorcer cette appréhension face
à l’écriture qui intrigue et attire autant qu’elle inquiète.
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« Je n’ai jamais écrit », « j’ai tenu un journal quand j’étais jeune mais j’ai
dû arrêter », « moi, les rédactions à l’école, tu sais… » Mais alors, pourquoi
sont-elles venues (il n’y a que des femmes) des quatre coins de la France ?
L’ENVIE D’ECRIRE avait été la plus forte…
Difficile de résumer ces trois jours magiques, trop à dire, tout à dire… Dans
le TGV qui me ramène à Strasbourg, je découvre, dans les grilles de mots
croisés qui ont servi d’évaluation, les mots qui sont venus spontanément
conclure l’expérience :
vibration - humanité - partage - émotion - imagination - ange - libre - chant
âme - sésame - soi - être - vrai - ravie - amie - nourrir - ouverture - valeur
force - inouï - cœur - détonnant - clef - immortel - énorme - luire - foi - toi
lien - fou - zen - tournis - calumet…
Je me sens en paix, enrichie de cette rencontre « inouïe » à la croisée des
regards et des mots, avec l’envie d’aller plus loin. Rendez-vous est pris
pour un atelier en ligne mensuel via Skype. « Entrez, c’est tout vers… »
sera notre porte ouverte sur l’avenir. Je réalise combien l’écriture « est un
produit de haute nécessité » (O. et M. Neumayer) et combien, sous « le
goût des mots » pousse le goût de Vivre. J’ai devant moi les visages de
Catherine, Maryvonne, Yvette, Françoise et les autres, leurs yeux qui
brillent et leurs exclamations, j’ai oublié leurs fauteuils, leur raideur, leur
épuisement heureux en fin de journée… J’entends surtout la petite voix de
Sylvie venue dire merci pour cette expérience « énorme qui lui a donné
l’envie et la force de vivre jusqu’à cent ans » malgré la myopathie qui la
cloue dans son fauteuil, lui laissant son sourire et son index pour se tenir
fermement au fil de la vie.
L’envie d’écrire est devenu BESOIN D’ECRIRE et un livre prend forme dans
la tête de Sylvie… Tu as trouvé le mot juste, Sylvie, c’était énorme, pour
moi aussi !
Isabelle FOREAU
Ecrivain-Biographe
Ateliers d’écriture Papiers de Soi
* DRAC : Département de Recherche d'Activités de Communication de l'AFM
(l'Association Française contre les Myopathies est une association loi de 1901
dont l'objectif est de vaincre les maladies neuromusculaires.
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Textes individuels
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Le chômage
Préparateur dans une usine de fromage,
Je souhaite une belle vie pour toi.
Je souhaite que le soleil ne se couche pas quand je suis avec toi.
Je souhaite le bonheur du printemps toujours autour de toi.
Je souhaite que mes doigts fassent comme des flammes
pour allumer ton chemin
Je souhaite que quand le vent passe il te donne tout ce en quoi tu crois.
Je souhaite que quand tu vas grandir tu ne m'oublies pas.
Je souhaite mon fils que tout le temps qui passe sans toi n'existe pas.
Einas ABOU DALAL
Plurielles, Strasbourg
son patron ayant subi l’outrage,
il s’est retrouvé au chômage.
Dans sa vie c’est un ravage,
il se sent comme dans une cage,
tel un bateau faisant naufrage.
A
C’est alors qu’il eut la rage,
Je me réveille le matin à 6 heures.
En premier mon fils part,
après c’est ma fille.
Mon mari ne travaille pas,
il est en arrêt longue maladie.
essayant une formation en apprentissage,
sous forme de stage de recyclage,
où il se rend en co-voiturage.
Cette année il y a beaucoup
Reviennent la confiance et le courage,
de neige devant la maison.
espérant une longue période sans orages.
Cette année je peux pas partir en Turquie
mais toute la famille me manque.
Yasmina ABRIKOUS
Centre SocioCulturel Phare de l’Ill, Illkirch-Graffenstaden
Zeynep A.
Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Ma famille
Je m’appelle Nursel Adam. Je suis turque. La Turquie me manque, c’est joli
la Turquie. Et ma famille me manque beaucoup. Nous sommes quatre
enfants, trois filles et un garçon. Mon père, il travaille. Ma mère est femme
au foyer. Je suis mariée. Mon frère est militaire et le 16 mai il sera de retour
à la maison. Il est coiffeur pour homme. Il a 21 ans. Ma petite sœur est en
première année de comptabilité à l’université, elle a 19 ans. Et ma dernière
petite sœur a 10 ans et elle est en CM2. J’aime ma famille et en juillet 2010
je vais en vacances en Turquie.
Nursel ADAM
Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines
La semaine de mon mari
Mon mari travaille, il part le matin à 7h00, il
revient le soir à 18h00, il travaille toute la
semaine : 5 jours. Il se lève le samedi matin à
9h30 après nous faisons des courses dans le
magasin après on prend le petit déjeuner.
Ensuite il sort en ville ; tout le jour en ville…
Moi tout le jour à la maison.
Au travail
Je cours prendre le bus,
Sevinç AKARSU
Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines
A
Je traverse la ville,
Je fais les courses,
Je rentre chez moi,
Je range, je téléphone,
J’allume la télé,
Je lis mon courrier,
Je prépare à manger,
Je mange, je fais la vaisselle,
Je prends ma douche
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J’ai travaillé pendant six mois dans une usine
de préparation de saumon à Wisches.
Ce travail me plaisait beaucoup
et il y avait une bonne ambiance.
Mais ce que j’aimais par-dessus tout
c’était le trajet de Molsheim à Wisches.
Sur ce trajet, je voyais les belles rangées de vignes
sur le flanc des montagnes, le village de Heiligenberg
perché sur la montagne, la scierie avec ses odeurs de bois.
Et enfin je me couche…
Cette nature si belle me rendait heureux
car elle ressemblait à mon pays,
la Tchetchénie.
Nicole ADOLF
ESAT Saint-André, Les Ateliers du Steinkreuz, Wintzenheim
Ivan ADUYEV
Association Trampoline, Molsheim
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Je suis très importante pour les gens,
tous les matins
les gens doivent me regarder
pour arriver juste à l’heure au travail, à l’école.
Je suis très importante pour toutes les activités
et aussi
je suis dans toutes les maisons et sur les bras.
Je suis très heureuse
parce que les gens m’apprécient,
les enfants aussi veulent apprendre l’heure
et ils veulent me porter.
Mais je suis triste juste pour une chose :
mon temps passe vite,
TEXTES INDIVIDUELS
Le cuisinier
Et le dentiste
Travaillent
Avec une casserole.
Ils prennent le train
Pour aller à la bibliothèque.
Quand ils arrivent, ils voient une vache
Noire et blanche
En train de dessiner.
Le menuisier
Et la pâtissière
Mangent des tomates
Dans le lit.
Ils prennent le bus
Pour aller à Paris.
Quand ils arrivent, ils voient un mouton
Vert
En train de boire de l’eau.
A
Elena ALAVERGIAN
Association Parole et Soleil, Riedisheim
je voudrais l’arrêter quand
les gens sont très heureux.
Je suis une montre.
Demet AKTAS
Plurielles, Strasbourg
Un docteur
Et une chanteuse
Préparent
Un balai.
Ils prennent un bateau
Pour aller à la piscine.
Quand ils arrivent, ils voient un cheval
Brun
En train de marcher.
Zohra ALLAOUI-MAALEM
Association Parole et Soleil, Riedisheim
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
C’est une utopie…
Etre en vacances tout le temps
C’est une utopie
La valeur du travail
Gagner beaucoup d’argent
C’est une utopie
Travaillez, prenez votre part de labeur
C’est le lot de chacun
Ne pas se lever quand le réveil sonne
C’est une utopie
Un riche propriétaire terrien
fit venir à sa ferme un jeune moine.
Garçon, lui dit le vieil homme
que nous ont laissé nos ancêtres ?
Un trésor est dissimulé sur notre domaine.
Je ne sais pas s’il ne s’agit là que d’une légende mais
vous le chercherez !
Remuez votre carcasse, remuez le sol, la terre, le ciel !
Creusez, fouillez, suez sang et eau, n’aillez plus de repos.
Où qu’il se cache, trouvez-le ! C’est la tradition qui le veut.
Le père de mon père, et le sien avant lui ont pris bien soin
de cacher, d’enfouir dans un endroit secret le trésor familial
si bien qu’au fil des générations, quelques parts ont disparu.
Il en ravirait plus d’un de mettre la main sur
un tel monceau d’argent.
Vivre sur une île déserte et inconnue
C’est une utopie
Collectionner les beaux camions
C’est une utopie
C’est une utopie parce que je n’ai pas le fric
Mais c’est pourtant mon Rêve…
Pierre ALLENBACH
Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller
Ma fille, Ela
Le jour où j’ai appris
que j’attendais un bébé
je n’y croyais pas.
Le jour où j’ai su
que c’était une fille
je n’y croyais pas.
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A
Mais l’intérêt primordial était pour le jeune homme
de leur enseigner que le travail fournit pour le trouver avait
autant valeur de trésor.
Jérôme APFFEL
Tremplins, Sélestat
Les enfants de la rue
Le jour de sa naissance
quand j’ai senti sa chaleur sur mon corps
j’étais la mère la plus heureuse.
Elle est où maman ? Il est où papa ? Je ne suis pas né juste comme ça. J’ai
le droit d’avoir un toit avec papa et maman. J’ai besoin d’aller à l’école. J’ai
le droit d’avoir une vie familiale pleine d’amour. J’ai le droit de jouer avec
mes frères et sœurs. J’ai besoin de manger un repas chaud. J’ai besoin de
vivre bien comme tous les enfants du monde.
Hava ARAMA
ReFormE, Lingolsheim
Sabrina A.
Centre Social AFSCO, Mulhouse
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Mon rêve, ma réalité
Quand j’étais petit
je voulais être Pasteur
car je crois en Dieu.
Que c’est beau la vie
Je me suis mis à chanter
Maintenant je suis grand
je veux devenir un travailleur en E.S.A.T.
car le milieu ordinaire, trop difficile pour moi.
Que c'est beau la vie.
Je me suis mis à danser
J’ai toujours rêvé
d’être chauffeur de tram
aujourd’hui je suis grand et peureux
trop peureux pour faire ce métier.
Sous une fine pluie.
Je me suis mis à jouer
A chaque petit instant.
Je souhaite de ne pas être chômeur
car je ne veux pas me décevoir moi-même !
Je me suis mis à rire
Je suis grand, je veux un emploi
car je ne veux pas être à la rue.
J’ai le droit d’avoir un logement et de l’argent
car j’adore faire des cadeaux.
Même si le travail c’est de l’effort
grâce à lui on peut partir en vacances…
Alors, disons-le, l’effort c’est du plaisir !
Tellement j'étais content.
Sur le passé j'ai tiré un trait
Au moins c'est la paix.
J'ai longtemps cherché la voie
A
Alexandre ARBOGAST
I.M.PRO La Ganzau, Strasbourg
Mais maintenant c'est la joie.
C'est sur une note d'humeur
Mais le cœur rempli d'amour.
Que je finis par l'accepter
Merci la vie, à la santé.
Djaffar ARBIOUÈNE
Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg
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Mes vacances
Je pars en Turquie pour les vacances avec ma fille. Je visite Istanbul, je
reste une semaine chez mon frère, après je pars à Çorum voir Papa et
Maman. Je fais beaucoup de visites. Je reviens : l’école, les magasins, faire
la cuisine, boire le thé avec ma voisine…
Ayse
Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Mon mari, il travaille
Le matin, il part à 5h30, le soir, il revient à 17h30.
Tous les vendredis matin, il part à 5h30 et l’après midi,
à 14h, quand il revient, il fait les factures.
Le samedi, il fait les courses au magasin, l’après-midi on
part chez ma belle-mère avec mon mari et on dîne là-bas.
Tous les dimanches on regarde des DVD et on sort
pour faire des visites chez des copains.
Mon mari est, tous les jours, fatigué.
Muhsine ASIKOGLU
Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines
TEXTES INDIVIDUELS
Je travaille comme hôtesse de caisse dans une grande surface. Assise
derrière une caisse enregistreuse, je reçois jusqu’à trente clients par heure.
J’enregistre les prix des produits que les clients achètent et j’encaisse les
paiements. Aliments, vidéos, vêtements, outils - tous les produits de
consommation arrivent entre mes mains.
La lecture automatique des prix a considérablement fait évoluer ce métier.
Nos caisses enregistreuses sont équipées de lecteurs automatiques de
codes barres. Je peux passer jusqu’à vingt-sept articles à la minute.
J’encaisse le montant total des achats, payés par carte bancaire, par
chèque ou en espèces.
Je me déplace pour mes pauses. A la fin de mon service, je compte les
versements contenus dans ma caisse. Je vérifie que les montants enregistrés
et encaissés sont identiques, avant de déposer l’argent à la comptabilité.
Je remplis les documents que je remets à la comptabilité. J’envoie l’argent
en billets automatiquement et je porte la monnaie au service comptable.
A
En travaillant, je dois être toujours attentive, rester vigilante afin d’éviter
les erreurs de caisse. Je ne peux pas avoir à rembourser de ma poche les
recettes manquantes. Je dois être méthodique. Rythme soutenu et organisation me permettent d’éviter trop d’attente aux caisses.
Une page de ma vie
Ma vie est très simple elle n’a rien d’exceptionnel, c’est tous les jours la
même chose, la routine. J’aimerais changer, mais je ne sais pas par quoi
commencer. Quelque fois je prends la décision de changer mais après je
me retrouve dans le même cercle : les enfants, le ménage, la cuisine, les
trajets d’école à des heures précises, la télé, et chaque jour cela recommence.
Je voudrais savoir, est-ce que toutes les femmes ressentent cette routine,
qu’elles travaillent ou non, ou juste moi ? Même quand je change quelque
chose, après quelque temps je retombe dans la même routine.
Alors la routine me suivra-t-elle toujours ?
Je dois être soignée. L’apparence physique est très importante pour exercer
ce métier. Je dois être impeccable et souriante pour accueillir la clientèle.
Je dois être disponible. Mes horaires sont souvent irréguliers, tôt le matin
ou tard le soir. Dans la journée, je peux travailler quelques heures dans la
matinée, ou un autre jour, je peux prendre le travail seulement en début
de soirée.
Avant de commencer à travailler dans ce supermarché, j’ai suivi une formation
payée par la chaîne du magasin, d’une durée d’une semaine.
Elena AUBERT
Association Trampoline, Molsheim
Siham ATOUIL
Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Le pain, c’est la vie
J’ai vu le boulanger
Tirer parti du pain
J’ai vu le boulanger
Faire du pain artisanal
J’ai vu le boulanger
Pétrir la pâte
J’ai vu le boulanger
Peser sur la balance
J’ai vu le boulanger
Signer de son nom le pain
J’ai vu le boulanger
Chauffer le four au bois
J’ai vu le boulanger
Le pain cuit au four
J’ai vu le boulanger
Sentir le pain
J’ai vu le boulanger
Goûter le pain
Moi, j’assemble des mots
Et c’est un peu pareil.
Lydia AYROUMYAN
Association Foyer Notre Dame - CADA Nord, Oberhausbergen
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Dans un ESAT
Victor, l’itinéraire d’un enfant blessé
Il était une fois, un bébé appelé Victor.
Né en France à Fontainebleau, à l’âge de 6 ans
il a dû quitter son pays avec ses parents.
Ils se sont rendus en Afrique au Sénégal.
Le père, Hamed ainsi que sa mère Nicole vivaient à Dakar
avec ses deux frères et sa sœur.
Nicole s’est séparée de Hamed et est retournée en France
en laissant ses 4 enfants avec leur père.
Hamed s’est remarié avec une autre femme, une Sénégalaise.
Elle maltraitait tout le temps Victor.
Le jeune enfant n’osait pas le dire à son père par peur de représailles.
Un jour, le père a surpris sa femme maltraitant Victor.
Le père trop faible n’a rien dit mais a écarté Victor du foyer.
Victor s’est retrouvé à Saint Louis du Sénégal
chez un proche ami de son père appelé Laurent.
Ce dernier avait deux femmes et cinq enfants,
dont un du même âge que Victor.
Pour Victor une nouvelle vie commence pleine d’espoir…
Victor avait 10 ans.
Daouda BA
Association Adèle de Glaubitz, ESAT Saint-André, Cernay
L’année dernière j’ai fait un stage. J’ai commencé en septembre 2009 jusqu’en janvier 2010. J’étais très contente parce
que j’ai connu beaucoup de copines très gentilles. J’ai travaillé et j’ai appris le français. Je ne suis pas contente parce
qu’on a terminé vite. Quand on a fini le stage, on a fait une
fête avec l’équipe. Maintenant je cherche un travail je ne
trouve rien. Pour moi c’est très important de travailler parce
qu’on avance pour parler, pour le contact…
Ermira BAJRAMI
Centre Social AFSCO, Mulhouse
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Je me présente, je m’appelle Marie-Madeleine. Je travaille dans un ESAT, qui
est bien situé, dans la Zone Industrielle de Hœrdt. Nous leurs avons donné
un joli nom à nos chers ateliers. Ils s’appellent « la Clairière du Ried ». Les
gens de mon village pensent que le Sonnenhof est un endroit pour les fous.
Mais ce n’est pas du tout ça. C’est un endroit où l’on aide les personnes en
difficulté. Mon ESAT est comme une entreprise normale, sauf qu’on travaille
à un autre rythme, ce n’est pas la chaîne et le travail est adapté à mes
capacités. Nous avons des pauses, des horaires stricts et des marchandises
à sortir.
Je suis une jeune femme qui vient au travail bien habillée, toujours avec
des bijoux, joyeuse, et coquette. Tous les jours c’est la même histoire.
Nous sommes contents de nous retrouver, nos chers collègues et moniteurs.
Mais nous devons respecter certaines règles, comme par exemple mettre
nos blouses et nos chaussures de sécurité. Quand nous arrivons dans
l’atelier, la première des choses à faire c’est d’allumer les lumières, d’ouvrir
les portes et les volets, et de mettre le compresseur en marche. Une fois
que tout est mis en route, les machines fonctionnent, le travail démarre.
Dans mon atelier de sérigraphie, on marque des tee-shirts, des sacs en
coton, des parapluies, des porte-documents. Nous faisons différentes
techniques de marquage, du transfert laser, du transfert sérigraphie ou en
direct.
B
Je me sens bien dans l’atelier, ce n’est pas trop stressant, c’est même cool !
Je m’occupe de la présentation de la marchandise qu’on doit marquer. Je
donne parfois des coups de main à ceux qui ne suivent pas. Je trie aussi la
marchandise, ce qui est pour la tampographie ou pour la sérigraphie. Je
fais surtout de la préparation, de l’emballage, du pliage et des colis. Je ne
m’intéresse pas trop aux machines, j’ai plutôt peur de me tromper et de
ne pas y arriver. Comme j’étais dans la restauration avant, j’ai beaucoup
appris dans cet atelier.
La journée est terminée, nos moniteurs sont contents de nous, on a bien
travaillé. Tous les collègues sont fatigués. Il est l’heure d’éteindre les
lumières, le compresseur, de fermer les portes, puis les volets, et le
stockage. Vive le travail ! Car il y a beaucoup de chômeurs, et je suis fière
d’en avoir un.
Marie-Madeleine BACHER
Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller
35
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Une chanson poème
J’adore travailler !
Si j’étais pâtissière, je ferais danser et bouger fouets, cuillères,
rouleaux, moules, saladiers.
Je mélangerais, secouerais farine, sucre, œufs, lait !
Je fabriquerais un gâteau « Forêt Noire » bien sucré.
Je cuisinerais une « île flottante » bien vanillée !
Je confectionnerais un « Tiramisu » italien au goût de café crémeux !
Je les mettrais dans une vitrine. Les gens pourraient venir les acheter !
Ils inviteraient leurs amis pour manger ces bonnes pâtisseries, autour
d’une jolie table bien fleurie, sur une nappe décorée de motifs alsaciens.
J’adore travailler !
De l’autre côté du travail, j’ai rencontré Aladin.
C’était un pauvre bambin qui traînait dans les rues tous les matins.
Il était généreux et coquin et beau ! Il avait un turban blanc !
J’étais émerveillée par la musique et le chant.
J’ai eu peur des tapis volants à cause de la fumée.
Le déguisement était noir pour les méchants
et pour les gentils, il était blanc.
Aladin et Badroulboudour se sont mariés pour vivre ensemble !
Aladin lui a mis la bague au doigt, elle avait des fleurs dans la main.
C’était merveilleux, fabuleux !
Il n’y a pas que le travail dans la Vie !
Christiane BALTZER
La SAJH, Strasbourg
Une petite fille n'aime pas être méchante.
Mais elle n'écoute pas, n'est pas obéissante.
Une petite souris n'est pas réfléchissante.
Elle se laisse attraper par la petite fille caressante.
Un petit garçon n'arriva pas à être croissant.
Il n'aime pas être puissant.
Le petit bébé n'est pas encore vivant.
Un prince n'est pas insuffisant. Il adore être amusant, apaisant.
Une princesse n'est pas motivante. Elle n'aime pas être vieillissante.
Un roi n'aime pas être servant.
Une reine déteste être suivante par une autre personne complaisante.
José Antonio BAREA
Association GEM Aube, Strasbourg
B
Je travaille chez Millipore
Je fais le ménage
J’aime bien mon travail.
Je préfère le travail l’après-midi car c’est plus facile.
Je passe le chiffon mouillé sur les sols.
Le matin, c’est plus difficile
car je dois passer l’aspirateur,
ce qui me fait mal à l’épaule.
J’aime les contacts avec le personnel de l’entreprise
et mon chef.
J’aimerais m’occuper des enfants
mais je n’ai pas pu faire les études pour y arriver.
Salima BARRAHOU
Association Trampoline, Molsheim
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
L'insensé métier de vivre
Ça fait cinquante-sept ans que nous exerçons ce métier, que nous avons
commencé à lutter et cela va continuer pour autant que notre volonté
personnelle se trouvera en accord avec la volonté d'une puissance supérieure capable de lui gérer des limites. Une telle entité existe forcément
sous une forme ou une autre, il n'est pas question de le mettre en doute,
mais pour notre part nous en limiterons l'énonciation : LA VIE. C'est un
mouvement global et circonscrivant le trajet de nos destinées individuelles
dont elle infléchit l'évolution.
La vie c'est tout à la fois mon métier, mon combat, mon chantier, mon
employeur, mon outil de travail, ma compétence, ma performance. C'est
mon terrassement et ma jubilation. C'est mon salaire, souvent le salaire
de la peur, quelquefois le salaire du labeur.
C'est mon employeur puisque c'est elle qui tous les matins me harcèle
pour que je m'étire et me tire de mon inertie naturelle. Même si je suis
sans rien à faire la journée entière, il faut que je bouge, que je bricole
comme si. Pour quoi faire? Je n'en sais fichtre rien. J'improvise. Jour après
jour, heure après heure, seconde après seconde. J'ai quelques instruments
de travail qui traînaillent dans les décombres de mon chantier. Tiens, une
casserole, par exemple. Remplie d'eau chaude, elle pourra me servir à
confectionner un café soluble potable. Par exemple. Et une fois installé
devant mon bol (s'il n'y a pas manque de bol) je m'interroge à loisir : que
vais-je faire de ma vie aujourd'hui ?
L'insensé chantier vient de commencer. Je suis de retour sur mon lieu de
travail et mon employeur sans rien me demander me dit de me mettre à
bosser sa foutue question sans autre outil que mon corps et mon crâne.
Et mes nerfs. C'est ça ma vie, tous les jours, tous les matins ça recommence.
Il n'y a ni vacances ni retraite.
Les joies de la vie d'artiste. Rire jaune dans la solitude et l'incompréhension
générale pour ne pas être surpris à pleurer aux cimetières avec les autres
est bien dur métier. Il est 2 heures 48 du mat. L'Alsace dort la nuit car
l'Alsace travaille le jour. Tout est dit. Qu'on me claque au nez les guichets,
je n'irai pas me faire trancher le lard. Chômeur patenté, poète bancal,
hérisson ou amoureux transi, qu'importe, je suis un étranger qui se morfond
de n'avoir pas les ailes de m'envoler. La destinée, j'ai déjà tout donné. Il
ne me reste que les restes, ce peu avec quoi j'accommode si bien le tout,
tu sais.
B
J'écoute une de mes ultimes musiques pour paumés centre nuit : Keith
Jarrett et son piano noyés dans une nuit d'où montent à moi des souvenirs
moroses car les portes de ce parc sont closes, et envolés les oiseaux
musiciens (nous) dont il bruissait parfois. Et presque chaque jour ma
tristesse, tel un vieil oiseau à la mémoire juste, se prend et s'éprend à
méditer son envol vers ces compagnons de temps forclos dont je chérissais
la mémoire en m'effarouchant de risquer les réveiller brusquement du
sommeil du passé à penser trop haut ces deux syllabes niaises et superbes :
« amis ».
François BARTH
Association GEM Aube, Strasbourg
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39
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Tous les samedis, je fais du cheval avec Léa.
On fait du pas, du trot et du galop avec Elodéa.
Elodéa est brune avec le museau un peu blanc.
Elle est calme.
Au début, elle dort un peu mais avec un petit coup de cravache,
Elle m’écoute mieux.
J’aimerais bien un jour, faire du saut d’obstacles.
Quand je peux, je regarde le cours du niveau au-dessus
Qui en fait.
Ensuite, je reprends le bus jusqu’à Koenigshoffen
Pour rejoindre ma mère et mes sœurs.
Ma deuxième sœur est enceinte et elle a déménagé.
Moi, pour l’instant, je reste à la maison.
Gaëlle BECHU
ADAPEI du Bas-Rhin, ESAT Duttlenheim
TEXTES INDIVIDUELS
A la maison
Quand je rentre à la maison,
je rencontre beaucoup de monde
car je passe toujours par le même chemin.
Il y a même parfois une personne qui m’invite
à prendre le goûter chez elle.
Quand je rentre à la maison, j’oublie tous mes soucis
que j’ai eus au travail et je me repose.
Quand je rentre à la maison, soit je regarde la télé,
soit je joue à l’ordinateur car j’aime ça.
Et quand je suis devant mon ordinateur,
je fais des jeux ou des exercices et je vais voir mes mails.
B
Anne BECKER
ESAT Papillons Blancs, Soultz
Le travail en milieu carcéral
Le travail n’est plus obligatoire dans les prisons françaises, mais reste une
nécessité non seulement pour arrondir ses fins de mois, mais aussi et
surtout pour avoir une occupation. En général, le travail est très mal
rémunéré, il est souvent répétitif et ne demande absolument aucun
niveau d’étude. Tout le monde y trouve son compte, à commencer par
les divers concessionnaires, l’administration qui, de ce fait, s’achète la
tranquillité et bien entendu le détenu. Une main d’œuvre à bas prix aussi
abondante reste une aubaine pour tous ces petits intermédiaires. La
demande est très supérieure à l’offre, ce qui rend la sélection cruelle et les
délais d’attente interminables. C’est cela, le travail en milieu carcéral.
Aziz B.
Association Espoir, Maison d’arrêt de Colmar
40
Je voudrais goûter le miel naturel
Je voudrais entendre la mer et le bruit des hirondelles
Je voudrais toucher le ciel en voyant le soleil
Je voudrais voir la chapelle qui illumine le ciel
Je voudrais sentir mes ancêtres à l’extérieur de cet archipel
Héléna BEEJADHUR
APP Re.Form.E, Strasbourg
41
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Le chevalier, le dragon et la princesse
Il était une fois une histoire à dormir debout
Une histoire grotesque, une histoire de fou.
Une histoire de princesse esseulée au plus haut d’une tour
Qui attend fébrilement qu’un prince charmant vienne lui faire la cour
Le dragon lui, était parti vers d’autres cieux
Pour monter la garde il se sentait trop vieux
Et puis après tout elle était assez grande
Pour suivre sa route sans que personne ne la commande
Le prince charmant en question, qui ne l’était pas plus que moi
Après avoir bravé mille dangers, enfin pas tant que ça
Finit par arriver au château de la belle esseulée
A cheval, à vélo et même à pied
Le chevalier avec son pantalon mouillé
Etait toujours dans le donjon pétrifié
La princesse en le voyant se mit à courir vers lui
Il était là celui qui allait combler ses nuits
Là un pauvre dragon un tantinet efféminé
Qui ne demandait qu’une chose, être pour une fois écouté
Montait une garde qui ne faisait que le barber
Ne souhaitant rien d’autre si ce n’est de partir s’éclater
Mais très vite elle déchanta
En voyant le résultat
De chevalier il n’en n’avait même plus l’armure
Juste une trace qui tapissait le mur
Le prince au courage vertigineux d’un bulot
En voyant le dragon en perdit son mégot
Pendant ce temps au plus haut de la tour
La princesse elle, attendait toujours
Déçue elle remonta en haut de la tour
Et mit fin à son rêve de grand amour
Elle se jeta du haut de son balcon
Mais tomba sur le dragon
Qui prit de frayeur
La mangea pour son quatre heures
Qu’en était-il de ce vaillant chevalier
Celui-là même qui était censé la délivrer
Après avoir fait dans son pantalon,
Partit se cacher dans le premier donjon
Il avait complètement oublié la princesse
Mais après tout plus rien ne presse
Il avait eu beau serrer les fesses
Le long de ses jambes cela coulait sans cesse
En haut la princesse se languissait d’amour
Imaginant déjà ce que seraient leurs ébats
Et ne voulant plus attendre en haut de cette tour
Les marches, c’est quatre à quatre qu’elle les dévala
42
B
Voilà et comme je l’ai dit au début
Ceci est une histoire de fou
Et si vous y avez cru
C’est que vous aussi, vous l’êtes. Fou !
Quant au chevalier, il est chez les fadas
Vous vous verrez sûrement là-bas
Sinon passez donc me voir demain
Je suis avec le dragon et il a toujours faim
William BEHR
Centre de Réadaptation, Mulhouse
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Les petites annonces
Ma jeunesse et mon cœur
Hemama, 71 ans, cherche une personne
pour faire les vitres dans la maison,
laver le parquet, préparer les repas
pour midi, faire les courses pendant les
vacances. De préférence, personne
marrante pour me faire rigoler.
J’avais déjà une quinzaine d’années et c’était à moi d’aider mes parents.
Je devais aussi penser à mon avenir, car autour de ma personne
beaucoup de gens étaient au chômage, dans un avenir sombre et
bien noir tout de même.
Hemama BEKRAR
Centre SocioCulturel JSK Camille Claus, Strasbourg
Car chaque mois, cela était encore plus incertain, voire même
insupportable, sans pouvoir sortir la tête de l’eau.
Mon pays
C’est la chaleur des orangers et des oliviers
La mer calme comme de l’huile sur l’eau
Le sable brûlant
C’était vraiment sans fond, cette population faisait pour le mieux ;
mais sans résultat.
La vie s’écoulait, comme dans un sable mouvant ; à chaque petite
difficulté l’existence se refermait dans une toile d’araignée.
Pourquoi se débattre, alors que le ciel ne brille plus pour nous ;
citoyens malchanceux ?
Quelle direction prendre, quand on a de mauvaises chaussures
aux pieds ?
Les gens chaleureux et accueillants
Il nous reste que nos beaux yeux pour pleurer dans le futur ;
malgré tout cela, d’autres ont eu une bouilloire bien chaude,
des couverts au bout des doigts, des lunettes pour mieux voir,
leurs gros billets dans leur tiroir.
Bref un monde bleu et l’autre gris noir, allez savoir pourquoi
la vie est ainsi.
Le verre de thé et le couscous
Qui peut le dire et répondre à cette définition authentique de nos jours ?
Le désert qui donne envie de s’évader
Michel BLANCHEGELEY
Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines
Les cris des chameaux
Qui donnent envie de faire des balades
B
L’horizon infini
Mon pays qui se développe
Qui est l’Algérie
Mohamed BENYOUB
APP Re.Form.E, Strasbourg
44
45
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Le spectacle
Les doigts dansent sur des pailles, le pouce contre le pouce,
l’index sur le pouce qui passe sur un des autres doigts.
Sur les doigts, danseurs bruns, rouges, oranges clairs,
il y a des points rouges qui dansent et volent comme des coccinelles ;
le soleil tape sur les danseurs ;
il donne des couleurs chocolat au lait.
Un bracelet bleu monte et descend pour voir le spectacle.
Je vois une corde longue tissée en formant des V ou des zigzags.
Je suis… je suis… je suis ?
Un début de chapeau de paille ou de ceinture de paille
ou la bandoulière d’un sac que les mains tressent.
Selma BOCU
Association Helios, Guebwiller
Les mains d’une fille
Ses mains sont petites.
Elle joue avec ses doigts.
Sur les ongles il y a du henné.
La main droite est fermée,
sauf le pouce qui est ouvert.
La main gauche est ouverte.
Elle touche l’annuaire de la main gauche avec
le pouce de la main droite.
Peut-être que les mains servent
à compter sur les doigts ou elles montrent que
la fille est nerveuse, stressée ou gênée.
Sule BOCU
Association Helios, Guebwiller
46
TEXTES INDIVIDUELS
La maison rouge
J’étais bien dans ma maison rouge… J’étais tout seul, tranquille…
Au début, j’étais minuscule, un petit point, un petit pois, puis j’ai grandi,
grandi… Pas de jour, pas de nuit dans ma maison rouge… Je mange, je
bois, je dors, je fais de la gym, je m’étire, je donne des coups de pied, des
coups de poing… J’entends des bruits feutrés au loin, et puis des bruits
plus proches, comme des glouglous étranges…
Moi, j’ai grandi, beaucoup grandi ; au début, ma maison rouge a grandi
avec moi, j’avais de la place pour évoluer, mais maintenant, je me cogne
aux murs, je peux à peine bouger bras et jambes… Et puis je commence à
m’ennuyer tout seul, peut-être qu’à l’extérieur de ma maison rouge, il y a
d’autres créatures comme moi… Peut-être qu’il existe un univers au-delà
de mon petit univers…
Depuis quelques temps, ma maison semble étrange, il y a comme une
lueur au bout du couloir… J’entends des bruits plus forts que d’habitude.
Je suis curieux, je vais essayer de passer par son couloir étrange, mais il
est si étroit, et ma tête est si grosse maintenant. Ma maison commence à
bouger rythmiquement, elle semble me pousser vers l’extérieur, elle m’aide
à sa façon…
B
Voici des heures maintenant que j’essaie de faire glisser mon corps vers
la lumière. J’ai l’impression que de l’autre côté du couloir, des créatures
s’activent pour m’encourager à continuer ma périlleuse progression…
Leurs voix m’appellent. Une voix que je connais depuis le début de mon
arrivée à la maison, à la maison rouge, gémit ; cette créature me semble
protectrice et bienveillante, je sais qu’elle m’attend depuis longtemps. Je
veux la rencontrer, la voir, la toucher… Elle travaille de tout son être pour
m’expulser de la maison rouge et elle semble souffrir énormément…
Ça y est ! … Je sens que la porte du couloir s’ouvre béante pour mon petit
corps. Je pousse une ultime fois vers la lumière, cette lumière crue et
violente me surprend. Mes poumons s’ouvrent, l’air s’engouffre dedans
et je pousse un grand cri, mon premier cri !
Brigitte BOIDOT
L’Atelier, Sélestat
47
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Au travail
Mon esprit s’évade,
Je m’envole au paradis
Et je rêve d’être une étoile filante
Dans le village des femmes
Et de voir la lune.
Dans le village des femmes,
Mais voilà, mon rêve se termine
La vie est très chargée,
Car je dois reprendre le travail.
Et pleine d’amour.
Sandra BONANI
ESAT Saint-André, Les Ateliers du Steinkreuz, Wintzenheim
Il y a
Des femmes enseignantes,
Hommaghommes
Derrière la pierre, une peau tendre
Tailleur de marbre de velours
Contre le bois, un cœur à fendre
Menuisier avec pleurs lourds
Sous le béton, un homme à prendre
Maçon aux vœux d’amour
Derrière la faux, un sang rose tendre
Paysan au souffle court
48
Des femmes médecins,
Des femmes couturières,
B
Des femmes fermières,
Des femmes au foyer
Qui cuisinent, font du pain, lavent le linge.
A la fin de la journée,
Toutes ces femmes se réunissent pour se reposer,
Sous des dehors un peu austères
Muscles tendus, à leur affaire
Hommes animaux, un peu artistes
Travaillent le fer ou la pierre
Cette petite lueur dans les yeux
Qui pour à jamais fera d’eux
Les plus humains gais ou tristes
Des travailleurs universalistes
Sous l’ombre des arbres
Corinne BONGEOT-MINET
L’Atelier, Sélestat
Sabiha BOUKRAA
Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg
Elles partagent leurs secrets, leurs chants et
leurs histoires.
Elles s’amusent beaucoup.
49
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Le but du travail
Travaillez, prenez le métier et gagnez de l’argent !
C’est le plus important pour moi.
Un riche homme fit venir à bout tout ce qui est difficile.
Pour garantir la belle vie que nous avons laissé toujours vivante.
Un trésor plein d’argent est caché je ne sais pas où et ce que je fais.
Vous le donner pour bien l’utiliser.
Remuez votre trésor personnel creusez, fouillez à l’intérieur.
Où est-il ?
Notre père a gagné des expériences de son travail
Si bien que je travaille
Il m’en ramène de la joie et des pièces d’argent
Et de leur montrer que le travail
C’est l’essentiel pour tout le monde.
Le travail
ne me dit rien qui vaille.
Ranger la pagaille,
je soupire aïe.
Le chef, cet épouvantail,
nous prend pour du bétail.
De mon orgueil
je fais le deuil
Aldjia BRAHMIA
Tremplins, Sélestat
Et je rêve à la mer de corail,
B
tranquille dans un fauteuil
entouré de chèvrefeuille,
à la main, un éventail.
A la manière d’Eugène Guillevic…
J’ai vu les pompiers qui éteignent les incendies.
J’ai vu le bûcheron qui abat les arbres en forêt.
J’ai vu le plombier qui construit des maisons.
J’ai vu le magasinier qui prépare la marchandise.
J’ai vu le boulanger qui pétrit la pâte pour faire du pain.
J’ai vu le carrossier qui peint les voitures.
J’ai vu le pâtissier qui fabrique des gâteaux au chocolat.
J’ai vu l’infirmière qui fait des piqûres.
Et moi, je fabrique des robinets.
Je suis content et fier de travailler.
Le portefeuille
qui de feuille en feuille
s'effeuille
de mon rêve est le cercueil.
Jean-Louis BRINGOLF
Association GEM Aube, Strasbourg
Denis BRAND
Association Trampoline, Molsheim
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Au-delà du travail
Ciel, le travail existe, quelqu'un l'aurait rencontré : il existerait vraiment,
la rumeur se répandrait comme une traînée de poudre. Mais à quoi
ressemble-t-il s'il existe ? La rumeur prend une forme diabolique, le
travail est difficilement cernable, le pouvoir s'en empare pour éviter
des émeutes. On est à deux doigts d'une crise. Mais la rumeur enfle de
plus en plus, le travail existerait bien.
Après mûre réflexion, il fût décidé de créer un groupe de travail, j'ai dit
sans rire, qu'il s'agissait d'un vrai groupe de travail, un comble, une
sorte de détail, un épouvantail, bref une pagaille.
La forêt de l’automne
Cette nature
A plein de verdure
En route pour l’aventure
Je fais une randonnée
Dès le départ on décida de consulter les quelques vieux qu'on pût
trouver car ils se faisaient bien rares. On leur demanda de parler de
leur travail, de leur télétravail, des écueils qui furent les leurs. Ils en
parlaient avec une certaine nostalgie, tel du bétail qui défaille. En y
réfléchissant les malheurs qu'ils laissent percevoir ne sont pas si
négatifs. Si nous réinventons le travail, pourquoi le faire comme un
cobaye avec un médaillon au cou ?
Jusqu’au pays des fées
Un gros boulot fut entrepris, on alla très loin, jusque dans la moindre
faille visible. Ce fût extraordinaire, un portail s'ouvrait face à nous,
nous étions très fiers de nous, nous avions vaincu, certes avec la
rigueur du trompe l'œil.
L’automne m’accueille
Certes nous avons vaincu, mais à quel prix ! Est-ce-que cela en valait la
peine ? Nous ne le savons pas encore. Quelle misère, peut-être nous ne
le saurons jamais. Finalement nous avons réveillé un monstre.
Paix à son âme.
Dans un monde féerique
B
A la douce musique
L’automne garde ses feuilles
L’automne me recueille
Vive la magie de la vie imaginaire
Marie-Elodie BUSCH
ADAPEI du Bas-Rhin, ESAT Benfeld
Jean B.
Association GEM Aube, Strasbourg
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Visite de la Bibliothèque André Malraux
Ce mardi 15 décembre 2009, nous nous sommes rendus vers 13 heures à
la bibliothèque. La visite a débuté vers 14 heures. Madame X a servi de
guide. Elle nous rappelle l’historique de ce bâtiment.
Je vois des gens qui discutent ensemble,
La curiosité est un vilain défaut.
Alors mon regard va vers le chat,
il miaule devant ma porte, il a faim,
je le caresse, il est doux comme un agneau.
Je lui donne à manger,
c’est que du bonheur.
Frédéric BUSSER
Association Adèle de Glaubitz, ESAT Saint-André, Cernay
Tout d’abord il faut savoir que ce site était une zone industrielle qui
appartenait en partie au port de Strasbourg. Il y avait un ensemble de
bâtiments, d’entrepôts de marchandises. Ces marchandises pouvaient
être acheminées par péniches. Le déchargement se faisait à l’aide de
grues ; un bassin étant prévu pour cela. L’un de ces bâtiments est un
ancien entrepôt à grains de la société Seegmuller. La bibliothèque actuelle.
Les autres bâtiments sont toujours à l’abandon.
L’architecte a sauvegardé toute la structure du bâtiment de base. La seule
modification assez importante est la façade de verre. La première partie
est mobile, la seconde fixe, teintée pour un effet thermique. Le bâtiment a
été prolongé d’un seul côté.
B
Au rez-de-chaussée, l’accueil est en plusieurs parties : sur les côtés, les
comptoirs de présentation, les bornes automatiques pour rendre les divers
emprunts, au centre de la salle, les points de presse, le point cafétéria,
l’emplacement télévision. Le sol est rouge et gris ainsi que les murs et une
partie des grosses colonnes. Tout au long des murs du bâtiment, diverses
inscriptions de textes d’auteurs.
A chaque étage, le même thème de couleurs mais traité d’une manière
légèrement différente. A l’étage des jeunes, des livres d’enfants sont
classés par catégories d’âge et par taille, près d’un coin de travail avec
tables et chaises. Nous poursuivîmes notre visite par l’étage documentation sur la science, la culture, l’environnement et par l’étage musique,
documentation sur les différents compositeurs et points d’écoute, avant
de terminer par l’étage des recherches comme les matières scientifiques,
environnement et documentation, disposés sur deux salles de travail
avec un équipement différent.
Jules B.
ReFormE, Lingolsheim
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« Et j’ai fait le vide en moi, le vide…
Pour capter d’autres plénitudes,
Pour m’incorporer à toute vie »
Maryse Elot
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
J’aime faire le jardin
Devinettes
- J’aide les enfants à devenir curieux, en leur montrant
le sport, la musique, le bricolage.
- Je parle calmement et je dois être patient
car les enfants n’ont pas toujours envie de travailler
- Je leur apprends beaucoup de choses : mathématiques,
histoire ou lecture.
Qui suis-je ?
Le professeur
- Je sais très bien dessiner.
- Je dessine le plus souvent des maisons,
des ponts, des immeubles et des places.
- Mes dessins doivent être précis
car ils sont des plans pour les personnes
qui fabriquent ces bâtiments.
Qui suis-je ?
L’architecte
- Je connais bien les matières, les couleurs et la mode.
- J’utilise du fil et des aiguilles.
- Je dois être adroite pour réussir mon travail.
Qui suis-je ?
La couturière
- Je suis un commerçant
- Je dois déchiffrer toutes les écritures
- Beaucoup de gens viennent me voir
pour guérir.
Qui suis-je ?
Le pharmacien
Songül CAN
Centre SocioCulturel Phare de l’Ill, Illkirch-Graffenstaden
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Planter des fleurs, des poivrons, des tomates… Pour moi, c’est un plaisir,
même si après je suis fatiguée. J’aime. Je suis très contente en février
quand on recommence à mettre les semences. Après quelques jours, je
vois la petite tige qui commence à sortir, je suis impatiente de voir pousser
trois feuilles. C’est le moment de les repiquer dans un petit pot.
J’aime le mois de mai. On regarde le paysage. Il y a des couleurs différentes
partout. J’aime beaucoup sortir dans le jardin. C’est le moment de bêcher
la terre, de faucher, de ratisser et surtout de mettre du fumier si après on
veut avoir de bons légumes. Je ne peux pas oublier mon jardin fleuri. Il faut
désherber, pailler, mettre de l’engrais et faire de petites allées.
Juana CAUTILLO
Association Helios, Guebwiller
C
Raisons de vie
Croissance, c’est grandir
Heureux, c’est le bonheur
Odeur, c’est la rose de la nature
C’est difficile de vivre
Ouvrir une partie de mon cœur
Lumière, c’est le soleil du matin
Amour d’une mère
Tendresse d’un enfant
Terrasse du jardin
Racines de mon pays
Arroser mes fleurs
Visage souriant ça change
Ambiance, c’est la fête
Interdire de boire
Levé du soleil.
Tania C.
ReFormE, Lingolsheim
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
La vie
Du haut de l’arbre, du bout de sa branche
La feuille vit grâce à sa branche.
Elle prend naissance au printemps
Jour après jour elle grandit comme un enfant avec l’aide de son arbre.
Elle grandit parmi tant d’autres comme dans une famille.
Elle voit les jours et pousse avec le soleil levant
au sein de l’arbre qui l’abrite.
La nuit, elle observe le ciel étoilé.
Elle est à la fois solitaire et solidaire à son arbre.
Une feuille parmi d’autres qui se ressemblent tant,
mais qui reste néanmoins unique et singulière.
L’été arrive, elle grandit, elle passe tant d’obstacles accrochée à l’arbre.
Elle brave les tempêtes de pluie, la grêle, la sécheresse,
mais elle tient le coup grâce à la force de l’arbre.
Une vie récompensée quand l’automne arrive au pied de l’arbre.
Là elle se rend compte qu’elle a eu de la chance.
Cette chance que l’arbre lui a donné en tenant sa vie par une tige.
La tige qui est maintenue par la branche
qui elle-même existe à l’aide de l’arbre.
Une vie entièrement remplie et qui s’achève devant l’hiver.
Une vie de famille qui ne représente qu’un an de vie d’un être humain.
A nous d’en préserver les vies.
Protégeons les arbres de notre belle planète pour que la vie continue.
Öznur CELEBI
CREAFOP, Altkirch
J’aime le travail.
On doit travailler pour gagner notre vie.
J’aime travailler dans un bureau.
J’aime mon métier.
Rêve de petit enfant
Petit enfant, j’ai toujours rêvé d’être musicien. En voyant tous les instruments de musique de mon père, je devenais fou à force de les toucher.
J’étais fasciné lorsque mon père, saxophoniste, s’exerçait et répétait. Il m’a
souvent proposé d’essayer, mais j’étais trop timide et n’osais me lancer.
Un jour, je devais avoir environ 15-16 ans, mon père étant sorti, je me suis
jeté à l’eau pour essayer. J’ai pianoté sur l’accordéon et très rapidement
j’ai su jouer une chanson, sans savoir que mon père était de retour et
m’entendait derrière la porte. Il croyait que c’était son ami qui était venu
avec de l’avance. Il est rentré dans la pièce et à sa vue je me suis arrêté
net. Il m’a dit : « Je savais que tu étais doué et que tu avais du talent,
depuis le temps que tu m’observais ! »
C
Pendant deux ans j’ai donc joué de l’accordéon, mais le roi des instruments
pour moi était le saxophone. Mon père et son ami me guidaient, me
donnant des conseils en m’encourageant. Un jour j’ai annoncé que je ne
voulais plus jouer de l’accordéon, mais du saxophone. J’ai expliqué que
c’était mon souhait de toujours. J’ai ainsi joué à la maison jusqu’à l’âge
de 22 ans, puis j’ai commencé à animer des soirées de mariage et autres.
Je jouais souvent avec mon père, mais alors qu’il jouait de la musique traditionnelle, moi j’excellais en plus dans le rock, le jazz et la musique moderne,
ce que le public appréciait beaucoup.
Vers 2004, on m’a proposé de jouer dans un orchestre d’une école de
musique, moi qui n’y avais jamais mis les pieds auparavant. C’est là que
j’ai rencontré une chanteuse hors pair et que je ne l’ai plus quitté des
yeux. Elle est devenue ma copine puis ma femme. Le succès auprès du
public fut garanti, avec la création d’un orchestre et tous les spectacles
que nous avons donnés.
Ciprian C.
Association Espoir, Maison d’arrêt de Colmar
Gülbeden CELEBI
CREAFOP, Altkirch
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
La main travaille
TRAVAIL - Connait-on réellement le sens du mot travail ? Il y a très longtemps, à son origine, en grec ou en latin il signifiait « esclavage » ou
quelque chose comme ça, de très pénible. Mais quel nom pouvait-on bien
donner alors à tout ce que nous qualifions de « travail » aujourd’hui et
depuis que ce nom n’a plus la qualification première ? L’humain devait
avoir une vision bien différente de la vie et certainement que, ce que travail
veut dire aujourd’hui, n’était pas du tout la même chose non plus.
Dans le miroir de ma vie, l’image du travail ne s’est jamais reflétée. Le travail
scolaire, le travail quotidien du ménage, celui des entreprises et de « la
foule des hommes penchés sur le travail » (comme le disait un cantique de
la messe du temps de mon enfance) le travail et son contraire, les vacances,
le repos, les loisirs, le chômage, l’inactivité, la retraite, tout cela ne sont que
des mots que nous attribuons à nos tâches, nos activités, nos inactivités.
Tous ces états sont parties indissociables de nos vies, de l’enfance à la
vieillesse. Nous y puisons, nous les choisissons, nous les distribuons ou
les subissons de manière égale ou inégale, juste ou injuste. Et comme
toutes choses, elles devraient en être équilibre, harmonie et satisfaction
pour que chacun de nos miroirs reste étincelant et invite à nous y mirer
avec joie. A nous d’y travailler !
Marie Y. CHACON
L’Atelier, Sélestat
Tout juste à l’aube, la marche des robots
Travail laborieux, travailleurs sérieux,
Trimeurs au labour, cueilleurs verveux.
Au tracteur agriculteur, la nourriture sera somptueuse !
Les clés au trousseau, le tablier sur dos,
Nettoyés et brillants sont les sols
Le regard hagard, les cheveux hirsutes, les gestes mécaniques.
Mais ses poches sont pauvres et elles sont vertueuses.
La voix harmonieuse, la diction parfaite
Le tableau gribouillé, compétent dans sa matière,
Le professeur transmet son savoir avec générosité,
Rend les élèves brillants et surprenants.
La tête de l’ingénieur, riche et avide de savoirs,
Obtenus sans doute par de longues nuits de travail,
Obligé de réinventer des formules économiques,
Pour dominer le monde à vitesse TGV.
C
Les dirigeants sont intelligents,
Ils détournent toute chose à leur avantage,
Ils appuient sur une palette et joie, peine ou colère apparaît,
Leur cœur semble atrophié par tant de verbiage.
Au ciel tempétueux, la brise emporte quelques ardeurs,
Traversé par ce méandre, marqué sur nos mémentos.
Les travailleurs blacks, blancs, beurs sont les héros.
Ils ont embelli nos communes et gonflé nos capitaux.
Pour avoir une société merveilleuse,
Il faut compter les mains valeureuses,
Grâce au legs de nos aînés, à leur valeur de cœur,
Point de vanité et point de fourberie,
Place au travail heureux, au travail courageux !
Kien-Huy CHANG
Centre SocioCulturel Montagne Verte, Strasbourg
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Saison d’été
Devenir
Après l'effort, le réconfort
après dix mois de dur labeur
enfin les mille et une saveurs !
C'est le début de l'été
je pars pour un paysage ensoleillé
je pars pour l'Est marocain
oubliant pour quelques temps le quotidien
l'été sera chaud sur la plage
crème solaire, sable et coquillage,
pas question de nager
j'ai trop peur de me noyer
pas question de penser au retour et à la rentrée
pour l'instant je dois me reposer.
Sur l’image de ce visage déformé
J’ai regardé la lune, j’ai vu l’écume.
Des reflets de sensations qui s’épanouissent.
Le chant des miroirs de l’au-delà résonne,
Le chant de myriade d’inconnus s’immobilise
Sur une plaine d’argent où un corps gît.
Reste d’homme, reste encore dans mes bras,
Pleure sur mon corps, mon cœur invisible, timide.
Noria CHAOUAHI
Centre SocioCulturel Montagne Verte, Strasbourg
Je veux vivre
Dans la conjoncture actuelle, trouver un travail stable et qui me plait est
extrêmement difficile. Sans même avoir ces exigences, tout travail est
difficile à obtenir, ce qui est mon problème depuis environ deux ans.
Pourtant, je suis plein de bonne volonté, je n’ai pas « deux mains gauches »,
comme on dit facilement pour ceux qui sont dans mon type de situation.
En plus, je ne suis pas bête, pourtant on ne me fait pas confiance pour me
donner le moindre travail. Même les agences de travail par intérim refusent
mon CV.
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Sur l’image d’une image en émoi,
J’ai parlé avec toi au centre du froid.
Paroles gelées par le vent et la pluie colorée
Qui soufflent sur nos âmes, retour passager.
Heures immobiles regardant le seuil de l’aurore,
Des silences infinis hurlant à l’intérieur du monde
Comme des lames rougies transperçant l’agonie.
Un vol d’hirondelle qui part vers le bleu du ciel,
Le bleu de l’azur, le noir de l’amour.
C
Sur l’image d’une note de musique transparente,
Je joue un accord avec le maître de la solitude,
Une simple promenade dans un jardin d’ombres,
Une petite balade au milieu d’une ronde, tombe.
Des gouttes de rosée qui perlent sur l’errance,
Des pages d’encre blanche sur des cahiers d’attente
Où des arcs-en-ciel s’amusent avec l’ouragan.
Petite larme perdue dans le coin de tes yeux
Coule lentement jusqu’au creux de mes lèvres.
Bois la saveur de ces nuits symphoniques,
Une note angélique apporte le reste du jour.
Alors, ma question, ma grande question est : POURQUOI ?
Sur l’image de ce visage en beauté,
J’ai vu la lune me sourire et partir.
Rien, pourtant, n’est écrit sur mon visage, mais la déprime me gagne à force
de n’avoir que des refus. Moi aussi je veux vivre !
Sur l’image que je vois dans la glace,
Un sourire m’a dit de venir, devenir.
Gaël C.
Association Espoir, Maison d’arrêt de Colmar
Jean-Pierre CHASSAGNOL
Centre de Réadaptation, Mulhouse
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
La nature
La nature est beauté. Tout le monde s’entend pour le dire. Notre terre est
faite de beaux paysages, de plantes magnifiques, d’animaux de toute
beauté. La nature recèle des trésors inimaginables.
Elle est tout à la fois force et faiblesse. Elle peut nous apporter des bienfaits
immenses mais également nous montrer notre petitesse. Une chute d’eau
est un spectacle grandiose mais une inondation est une désolation pour les
populations environnantes. Cependant les mêmes inondations apportent à
la terre qu’elle envahit des nutriments qui lui sont essentiels pour notre
survie. Les plantes qui nous entourent, si elle nous sont connues, peuvent
nous faire retrouver la santé mais pour un esprit mesquin, elles sont des
armes de destruction.
De même, si nous connaissons les animaux qui nous entourent, nous ne
pouvons ignorer en quoi ils peuvent nous aider. Cependant, mal connus,
ils peuvent être le pire danger pour l’homme.
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Le boulanger
J’ai vu le boulanger
Verser de l’eau et de la farine
J’ai vu le boulanger
Ajouter du sel
J’ai vu le boulanger
Pétrir et faire lever la pâte
J’ai vu le boulanger
Fabriquer la pâte
Christiane
ReFormE, Lingolsheim
J’ai vu le boulanger
Peser et donner la forme
Auxiliaire de vie
J’ai vu le boulanger
Avec plaisir faire un signe sur la pâte
Auxiliaire de vie, auxiliaire de vie, cela dépend de tout ce que vous mettez
derrière ces mots ! On peut le voir comme un simple travail de quoi gagner
sa croute, ou comme une activité quelconque ou encore pour mieux
connaître les autres, se faire du bien en faisant du bien à son prochain. Cela
peut être une personne âgée, handicapée ou malade, bref, une personne
dépendante qui a besoin d’aide, de compassion et d’amitié. Auxiliaire de
vie n’est pas un travail que l’on fait juste pour l’argent.
Quoi que l’on fasse comme travail, cela devrait toujours être un plaisir,
parfois de la patience pour s’épanouir néanmoins. Je trouve le monde du
travail un peu farfelu en ce moment. Comment parler de plaisir et d’épanouissement dans un travail à l’usine, à la chaîne où il n’y a aucun contact
humain ? Je vais démarrer une formation d’auxiliaire de vie, au moins je
sais que je vais servir à quelqu’un et à quelque chose !
J’ai vu le boulanger
Faire cuire la pâte au four
Rui C.
Association Espoir, Maison d’arrêt de Colmar
Lirije COCJA
Association Foyer Notre Dame - CADA Nord, Oberhausbergen
C
J’ai vu le boulanger
Frapper le pain avec un doigt
J’ai vu le boulanger
Goûter son pain
J’ai vu le boulanger
Sourire et sourire
Je garde ton image
Et j’assemble des mots
Et c’est un peu pareil.
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Le dieu du travail, annonça aux travailleurs,
les dix commandements du travail :
er
1 commandement :
Mon cher travailleur, ton devoir sera de te lever tôt
pour aller à ton travail avec le sourire.
2ème commandement :
N’oublie pas d’être tous les jours à l’heure sans discuter,
comme un bon petit pigeon.
3ème commandement :
Tu devras bien écouter tes boss, qui bien sûr
savent tout mieux que les autres.
4ème commandement :
Tu t’acharneras au travail et à ton rendement,
parce que tu le vaux bien et par-dessus tout.
5ème commandement :
Tu pourras faire des pauses quand tu l’auras mérité,
pour fumer des cigarettes et pour le bien du patron.
6ème commandement :
Tu devras respecter tes collègues, même s’ils sont navrants.
7ème commandement :
Tu devras faire ton travail correctement, si non pan-pan cul-cul.
TEXTES INDIVIDUELS
Quelques réflexions sur Les Temps Modernes
Dans le cours de français le professeur nous a montré le film de Charlie
Chaplin Les Temps Modernes que tout le monde connaît. Le film montrait
comment le travail était dur et stressant. L’ouvrier doit travailler toujours
plus vite et il a l’air d’un fou. Il ne peut pas arrêter ses mouvements et il
a l’air comme drogué par le travail. Plus tard, il est en train de visser les
boulons de la chaîne et il continue à visser les boulons comme un robot et
même les boutons de la secrétaire qui passe par là. Il est tellement distrait
par le stress du travail qu’il finit dans les engrenages de la machine.
Le film montre aussi comment le directeur surveille toutes les activités
des ouvriers même dans les toilettes. A un autre moment Charlie prend
une pause et allume une cigarette dans le couloir des toilettes. Mais le
directeur qui surveille sur un grand écran avec des caméras placées partout,
le regarde et lui donne l’ordre de retourner tout de suite à son poste de
travail. Il le menace et s’il répète cet acte, il sera viré. Charlie joue de façon
comique le rôle de l’ouvrier même quand c’est tragique.
C
Le film nous fait penser que le travail stressant et l’exploitation effrénée
sans scrupules transforment les gens des temps modernes en des esclaves
modernes. C’est pour ça qu’au début du film, les ouvriers sont présentés
comme des animaux par le metteur en scène.
Basri C.
Association Foyer Notre Dame - CADA Nord, Oberhausbergen
8ème commandement :
Tu gagneras ta vie, mais pas les 20 000 € par mois que tu espères.
9ème commandement :
Tu auras des congés, pour souffler de ta dépression liée
au stress du travail.
10ème commandement :
Tu ne seras pas jaloux envers les privilèges du chef,
de sa Lamborghini avec chauffeur de service, de son parachute doré,
des repas d’affaires sur les Champs Elysées…
Nicolas COLBE
Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller
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Moi je suis venue en 1990 en France et je me suis mariée
et j’ai deux enfants : j’ai une fille et un garçon.
Mon fils, il a 14 ans et ma fille a 9 ans.
Mon mari, il travaille en équipe le matin,
l’après-midi ou la nuit. Le matin, il part à 4h30,
il commence à 5h, il revient à 13h. Je travaille le soir.
J’aime bien les vacances ! J’aime bien le soleil !
S. C.
Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Le travail c’est la santé
Dur ou facile, le travail est une formidable source d’énergie vitale. En
fonction du salaire récolté, celui-ci nous classe automatiquement soit
dans la haute société, soit en seconde zone, et encore ! Certains métiers
sont bien plus pénibles que d’autres, mais le salaire n’est pas forcément
proportionnel à la pénibilité, loin de là. Généralement, c’est juste l’inverse.
Je cite en exemple le travail d’un bûcheron ou dans la mine, ou au marteau
piqueur, comparé à celui d’un bureaucrate ou encore à un berger ! Nous
sommes dans les extrêmes.
Pourtant, on a besoin de tous les métiers, on a besoin de tout pour faire
un monde. Sauf que certains sont dominants, d’autres dominés. Le chef
d’entreprise pense dominer ses ouvriers et se classe forcément au-dessus
de la masse, mais est-ce vraiment la réalité ? Cette supériorité n’est
qu’illusoire.
De même si on donne la possibilité à chacun de s’instruire, de faire des
études, d’accéder soi-disant à tous les métiers, les chances ne sont pas
égales. Comme disait Coluche, nous sommes tous égaux, mais plus ou
moins égaux. Pour terminer, j’ajouterais : « Le travail c’est la santé, certes,
mais ne rien faire c’est la conserver ! »
Enrico C.
Association Espoir, Maison d’arrêt de Colmar
La journée de ma femme
Ma femme, le matin, elle se lève à 9h30
Elle prépare le petit déjeuner, elle fait un thé
et à 10h00 j’arrive du travail,
nous prenons ensemble le petit déjeuner.
Après ma fille a faim et ma femme la fait téter.
A midi elle fait le ménage,
après elle fait la cuisine pour le dîner.
Après le repas elle écoute de la musique sur l’ordinateur.
Mehmet COSKUN
Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines
70
« Le travail acharné n’est que
le refuge des gens qui n’ont
rien d’autre à faire »
Oscar Wilde
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
J’ai envie de partir !
J’aime beaucoup les filles
Dès que je vais trouver un emploi je partirai à Marseille. Dans cette
ville il y a l’OM, mon club de football préféré.
Pour y aller je vais prendre le train, là-bas je dormirai dans une
auberge de jeunesse, c’est mieux qu’un hôtel, on rencontre plein
de jeunes et ça coûte moins cher ! Ce voyage va m’apporter de la
joie, il va permettre de quitter ma vie de tous les jours. Bien sûr j’ai
prévu de visiter le stade, le vélodrome, je vais peut être avoir la
chance d’y voir un match. J’irai aussi à la plage ! Comme il va faire
chaud ma valise sera légère alors je pourrai ramener plein de souvenirs de l’OM.
J’aime beaucoup aller à l’école
Les vacances c’est le plus génial quand on travaille !
J’aime me promener au centre ville
Je n’aime pas fumer
Je n’aime pas l’alcool
Je n’aime pas rester à la maison
J’aime beaucoup le sport
Je n’aime pas quand j’ai mal à la tête
J’aime être en forme
Sébastien DESFORGE
I.M.PRO La Ganzau, Strasbourg
J’aime beaucoup parler en français
D
Magomed DADAEV
APP Re.Form.E, Strasbourg
Le sculpteur
J’aime les contacts, parler, discuter avec elles,
aussi les écouter.
J’ai vu le sculpteur abattre le bois
J’ai vu le sculpteur admirer le bois
J’ai vu le sculpteur le couper en lamelles de la plus grande à la plus petite
J’ai vu le sculpteur chercher à distinguer le son de chaque lamelle
J’ai vu le sculpteur cueillir des fruits que l’on appelle calebasse
Tu chantais sculpteur en assemblant les lamelles et les calebasses vides
Je garde ton image
Avec le son de cet instrument qu’est le balafon
Moi j’assemble des mots
Et c’est un peu pareil
Lydia DE BERTIN D’AVESNES
Association Trampoline, Molsheim
Adama DIARRA
CPCV Est, Hoenheim
Le travail c’est bien parce que cela donne des revenus,
cela permet de devenir plus indépendant.
On peut acheter ce dont on a besoin, partir en vacances,
passer le permis de conduire.
J’aime bien travailler à l’hôpital ou
dans la maison de retraite.
J’aime m’occuper des personnes malades ou âgées,
faire les toilettes, donner les repas, les aider à s’habiller.
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
J’aime bien jardiner
Cause masculine
Lettre d’un homme à sa femme
Tu ne t’inquiéteras pas quand je ne suis pas là.
Tu ne feras pas de commérages.
Au printemps, quand la nature se réveille, je ne peux pas rester à la maison.
Le soleil me mène dehors. La terre est déjà prête à accueillir les nouvelles
plantes. Moi, je plante les fleurs, car je n’ai pas beaucoup de place. Je les
soigne toute l’année jusqu’en automne quand elles commencent à mourir.
J’adore regarder quand elles fleurissent, quand poussent de nouvelles
branches et des fleurs de différentes couleurs. C’est magnifique.
Tu ne fumeras pas.
Tu n’utiliseras pas beaucoup de parfum.
Galina DIMAURO
Association Helios, Guebwiller
Tu ne parleras pas aux autres hommes.
Tu regarderas les films avec moi.
Tu resteras à la maison quand mes parents sont là.
Tu apprendras le français.
Tu partiras toute seule chez le médecin quand tu es malade.
Tu ne regarderas pas la chaîne turque.
Tu feras du ménage toute la matinée.
Tu ne feras pas de shopping toute seule.
Tu ne téléphoneras pas toute la journée.
Tu ne partiras pas en vacances toute seule.
Tu patienteras toujours.
Tu ne pleureras pas quand on se dispute.
Droit dans ses bottes
Il vaut mieux être droit dans ses bottes
que de ne pas y être du tout.
Il suffit pour cela de bien être en harmonie
avec soi-même et d’avoir des buts précis
dans la vie pour toujours aller de l’avant
dans une direction bien définie.
D
Jean-Pierre D.
Hôpital de jour, Haguenau
Tu écouteras quand je parle avec toi.
Tu seras toujours aimable.
Tu m’aideras quand je fais quelque chose.
Tu m’aimeras jusqu’à la fin de nos jours.
Aysegül DILBER
Plurielles, Strasbourg
Lorsque j'ai fini mes études en Bulgarie, j'étais serveuse
dans un restaurant pendant un an puis j'ai travaillé dans une usine.
Je fabriquais des machines à coudre.
Depuis que je suis en France je ne travaille pas.
Pourquoi ?
Parce que je ne parle pas assez bien le français.
Boryana DIMITROVA
Centre SocioCulturel Montagne Verte, Strasbourg
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75
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
J’aimerais bien devenir aide-soignante ou infirmière.
J’aime bien aider les gens qui ont besoin d’aide.
Moi je n’aime pas rester à la maison toute la journée.
En France je ne travaille pas, mais j’ai fait un stage de
15 jours à la compagnie de fromages à Vire dans
le Calvados. Ça ma donné de la force.
Maintenant, je cherche toujours un travail.
Ce n’est pas facile en ce moment.
J’espère trouver un travail bientôt.
Je voudrais travailler en équipe, parce que j’aime
parler avec les gens, connaître la culture, l’histoire.
Ariunjargal D.
Centre Social AFSCO, Mulhouse
TEXTES INDIVIDUELS
Le travail dur, c’est pas l’épanouissement,
Faire avec, c’est l’asservissement
Le travail engendre du stress,
Pour l’éviter, c’est la décompresse
Travailler, c’est pour gagner de l’argent,
Pour le dépenser, t’as tout ton temps
Les ordres sont donnés par la direction,
Et exécutés par subordination
Les bailleurs de fonds sont actionnaires,
Les prolos ne sont pas les bénéficiaires
Forcer les cadences pour le profit,
Une pause supplémentaire aurait suffi
Mes plus belles vacances
Nous avons pris le bus pour partir en vacances, à Bellaria, en Italie. Nous
nous sommes arrêtés plusieurs fois pour faire une pause et nous détendre
un peu. Nous avons discuté avec d’autres personnes. Nous avons dû
retourner car le chauffeur avait oublié une personne à la station. Nous
avons perdu du temps.
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Quelques centimes de plus, c’est bon pour les ménages
Sans barrières douanières, c’est la mondialisation,
Attention à la surconsommation
Produire à bas coût, c’est la délocalisation,
Après nous sommes arrivés à l’hôtel. C’était bien. C’était tranquille. Nous
avons visité tout l’hôtel. Nous avons bien mangé. Le matin, nous avons
attendu d’avoir la chambre. L’après-midi, nous sommes allés à la plage pour
nous baigner, nous reposer. Je me souviens quand nous avons ramassé des
coquillages avec ma tante, c’était pour faire un cadeau à une amie. Le soir,
nous sommes allés nous promener dans les rues. Nous avons fait les
magasins. Il y avait aussi de la musique sur la plage. Il y avait aussi des
bateaux illuminés. Nous avons vu le feu d’artifice. C’était vraiment bien.
Ne pas la subir, c’est la révolution
J’aimerais bien y retourner… Ça m’a fait du bien de voir autre chose que
le travail.
Au Pôle emploi, c’est les fins de droits,
Romy DIPPERT
ESAT Papillons Blancs, Soultz
D
L’exploiteur n’aime pas le partage,
Produire cher, c’est la fermeture,
Pour les ouvriers, c’est la déconfiture
Les ouvriers sont au chômage,
Les syndicats n’ont plus de langage
Lutter, ou croiser les bras, c’est votre choix…
Alain D.
Atelier d’écriture, Maison Centrale d’Ensisheim
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
La blessure du cœur
Après une dispute, je ne ressens pas le besoin de pardonner
à celui qui m’a fait du mal.
C’est une blessure qui est trop profonde.
Cela vient du cœur, où la guérison est difficile.
Comment pardonner ?
Cela reste à l’intérieur de moi, il faut libérer son cœur.
Pouvoir dialoguer pour que la blessure se referme.
Savoir oublier ce qui m’a fait mal.
Ouvrir son cœur, avoir confiance l’un à l’autre.
René DORSCHNER
Association Adèle de Glaubitz, ESAT Saint-André, Cernay
Mon loisir en dehors de mon travail : j'aime me promener
dans les forêts car la nature me fait plaisir. Les oiseaux
chantent très bien, le soleil brille.
Je m'intéresse à l'histoire de Strasbourg car je vis dans
cette ville depuis 20 ans. Je ne savais pas que cette ville
a été un très important centre marchand, avec toutes
les marchandises : vin, viande, tableaux et chevaux ainsi
que bateaux. Tout s'achetait et aussi tout se vendait.
J'ai travaillé comme chauffeur. Chaque jour passe en prison
sans que je pense à mes loisirs : sport, vélo, marche dans
les forêts et les visites des sites historiques de Strasbourg.
C. D.
GIP FI, Maison d'arrêt Elsau, Strasbourg
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Réalité parallèle ou mode de vie éphémère, de l’autre côté du travail peut
représenter à nos yeux : le retour au foyer, retrouver nos addictions que
rien ni personne ne pourra ébranler.
Les mains sont blanches et jolies,
les ongles sont très beaux.
Les mains cousent un tissu
de soie bordé de rouge.
Le pouce et l’index tiennent l’aiguille
et la main gauche tient le tissu.
Le majeur pousse l’aiguille dans le tissu.
Nawal EL KORCHI
Association Helios, Guebwiller
Le confort, c’est… tout simplement
Autrefois, les gens vivaient avec aucun confort,
mais ils étaient simples et plus heureux.
Aujourd’hui les gens veulent toujours plus
et plus de confort.
Mais pour cela ils sont de loin très malheureux.
Vivre normalement avec un minimum de confort,
être simple et surtout
être heureux avec peu de choses.
On pourrait en dire long, mais ce ne serait que des spirales controversées,
comme un nuage que l’on ne cesse de contempler sans pouvoir s’en
approcher. La continuité va de fin en fin sans vraiment commencer,
affirmer ne plus rien avoir à faire est le début d’une occupation sans
conviction. Arrêtons avec ces simagrées qui vont de philosophie de
pacotille en démagogie mal comprise.
De l’autre côté du travail, se trouve une boucle minuscule qui se répète à
l’infini. Une mère qui conduit son enfant à l’école, aura comme seule
obsession le bien-être de sa maison. Un père qui va au travail, aura
comme envie de retrouver l’attention de sa femme, la tendresse de son
enfant et la douceur de son lit. Ces métaphores ne seront que les images
de ce qui nous rend forts.
La réalité se termine lorsque les obligations commencent « loyer, factures,
promesse », que des banalités qui nous font adopter le mot « stresser ».
Courses interminables, obstacles insurmontables, de déraison à obsession
voilà un passe pour le service de dépression. Mais cette finalité n’est pas
une banalité, pour qui aime gagner. Vacances, voyages, week-end, que
des mots qui nous font voler au dessus de notre réalité submergée par
une illusion de fatalité. De l’autre côté du travail, pourrait représenter une
idylle entre désir et réalité.
E
Mais, rien de ce que l’on pourrait expliquer ne serait une éventualité, car
la vie même est un travail sans fin. Lorsqu’un travail se termine un autre
recommence, bien évidemment une anecdote serait de bon augure, mais
aucune ne pourrait sortir du contexte de l’ordinaire.
Pour ma part, l’intitulé choisi ne serait que la fin de mon récit, car dès le
moment où l’on s’exprime, il est important de pouvoir ne pas dénaturer
les fondements ainsi sollicités. N’ayant plus d’inspiration, je vais vous
laisser vous exprimer sur mes écrits ainsi cités.
Firat ELMASULU
L’Atelier, Sélestat
Marie-Thérèse E.
Hôpital de jour, Haguenau
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Le travail d’antan
7 juin 1869, à Reichshoffen :
L’Alsace est encore Française. Nous sommes au restaurant chez la tante
Irma et l’oncle Paul. Irma est la patronne et l’oncle Paul travaille chez
De Dietrich où il est forgeron avec son collègue Jean-Luc qui a 18 ans.
Marie, la belle blonde, est serveuse au restaurant, elle s’occupe
du service et des clients. Irma gère les comptes, les taxes, les salaires.
Quand l’oncle Paul rentre chez lui après le travail, il s’occupe
des volailles, des lapins, des moutons et des vaches qui seront
servis au restaurant de la tante Irma.
Jean-Luc est célibataire et quand il rentre chez ses parents, c’est pour
les aider à la ferme. Ils ont un élevage de vaches.
8 juin 1869, c’est dimanche :
La tante Irma et l’oncle Paul sont réveillés à 6 heures par le chant du coq ;
aujourd’hui Marie ira cueillir les cerises sur l’arbre de son verger.
Elle en fera des tartes pour le restaurant et pour sa famille.
Elle en mettra d’autres en bocaux pour l’hiver.
Le 9 juin 1869 :
Napoléon III vient en visite au château De Dietrich.
A l’occasion de sa visite, des peupliers seront plantés en sa mémoire.
Aujourd’hui c’est la route des peupliers.
C’est ce jour aussi que Jean-Luc, conscrit,
rejoint l’armée des cuirassiers de Reichshoffen.
Le 11 juin 1869 :
Aujourd’hui l’oncle Paul doit fabriquer un four pour la mairie de
Reichshoffen. Il se lève à 6 heures pour se rendre à l’usine.
C’est ce jour aussi où la tante Irma reçoit le comte Henri.
Elle lui prépare un repas traditionnel alsacien : de la tarte flambée.
Le comte qui apprécie cette spécialité, félicite la tante Irma pour
le délicieux repas. Georges, le fils de la tante Irma et de l’oncle Paul,
revient de son service militaire.
Le 9 juillet 1869 :
Marie se marie avec Georges.
L’oncle Paul est content que son fils ait choisi Marie pour épouse.
Les mariés auront pleins d’enfants.
Et la vie continue…
E
Pascal ENGEL
Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller
Si la mer était un encrier
Si la mer était un encrier,
et la terre un calepin,
Je n'aurais jamais assez de place
Pour t'écrire, je t'aime
Emma
GIP FI, Maison d'arrêt Elsau, Strasbourg
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Mon père
C’était un marin sur un bateau de pêche.
Il savait bien faire son travail. Il avait du courage et de la force. Si je fais
remonter mes souvenirs avec mon père, ils sont très nombreux. J’étais fille
unique. Mon père me prenait avec lui sur sa moto au port de pêche à
MDIQ au Maroc, chaque week-end.
Quand il faisait beau et que la mer était calme, mon père voyageait sur son
bateau avec ses pêcheurs vers les régions de la Méditerranée. Mon père
ramenait beaucoup de poissons ; j’aimais surtout le calamar frais, c’était
bon. Notre frigo était toujours plein de poissons de différentes sortes.
Mais quand il faisait mauvais temps, c’était dangereux de naviguer.
Alors mon père restait à la maison avec moi et ma mère, nous racontait les
histoires de sa jeunesse. J’aimerais bien que ces jours reviennent.
Mais notre joie n’a pas duré longtemps. Mon père est tombé malade, il ne
travaillait plus comme avant. Il souffrait beaucoup. La tristesse a touché
tous les membres de la famille surtout ma mère et moi. Nous avons beaucoup pleuré et quant mon père s’est fait opérer, nous avions l’espoir qu’il
guérisse. Mais son destin était la mort. Mon père est mort. C’est terrible.
Tout le monde regrette sa mort.
Je n’arrive pas à croire que je ne verrai plus mon père rentrer de son travail
avec ses vêtements de pêcheur et ses bottes vertes. C’est la vie et tout
cela est fini.
Zoulikha ERREBBOUKH
Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Les dix commandements du patron modèle
1
Un grand-père discute avec deux jeunes.
L’un qui s’appelle Frédéric, qui a 20 ans et l’autre Sébastien qui a 26 ans.
Le grand-père leur pose une question fatidique :
« Que pensez-vous du travail ? Cela vous inspire quoi ? »
Les deux jeunes garçons se mettent à réfléchir et disent :
« Pour moi, dit Frédéric, c’est avant tout un métier
qui nous sert à gagner de l’argent, surtout si on est motivé.
A la base, le travail c’est une activité. »
Sébastien dit :
« Ah, non ! C’est une obligation. »
Frédéric :
« Ah, non ! C’est une passion, un plaisir. Travailler, c’est la santé.
Ça aide au développement. Et on peut obtenir un contrat. »
Sébastien dit :
« Oui, oui… Pour moi, c’est un passe-temps. »
Le grand-père dit :
« Ok, les jeunes, bon courage pour votre avenir professionnel. »
Le matin avec un sourire de velours, un café et
des croissants tu me recevras
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Magnifique, brun et bronzé dans ton tablier sexy tu seras
11
Et le onzième spécialement pour moi :
Si tu veux me faire travailler à genoux tu m’imploreras
Avec bonne humeur, mon travail tu partageras
A des moments de dur labeur tu me soutiendras
Dans les mauvais jours avec tes bras tu me réconforteras
Des pauses souvent tu me donneras
Dans l’adversité tu me défendras
Pour mes congés un voyage en Egypte tu me payeras
Tous les soirs à la fermeture des victuailles tu me remettras
Grosse rémunération sans discuter tu m’offriras
F
Faby
Association Lupovino, Strasbourg
Jennifer FABRE
ReFormE, Lingolsheim
Ces mains sont artistes, elles expriment des sentiments.
Elles peuvent transmettre beaucoup de choses.
Elles font des portraits.
La main gauche dessine un visage de garçon.
Le pouce, l’index et le majeur tiennent le crayon
et la main droite tient la feuille et deux autres crayons.
On dirait que ces deux mains parlent au visage qui vient de naître.
Maria-Angeles FAMILIAR
Association Helios, Guebwiller
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Ephémère
Au printemps de ma vie
J’ai vu le jour au mois de juin
Petit garçon j’étais épanoui
Dans la cour de récré, j’ai souvent serré les poings
Non de colère mais de peur
Anxieux j’étais
Mes premiers émois amoureux n’étaient pas des leurres
Car ma petite copine avait les yeux clairs comme l’été
Arrivé en été
J’étais grand à volonté
Mais petit dans mon esprit
Lorsque je rencontrais Sylvie
Premiers rapports sans conviction très fort
Premiers secrets pour consolider nos câlins
Et gros chagrins au petit matin
Ainsi vont les choses dans un destin éphémère
Balayé sur le chemin de la vie comme une chimère
Jusqu’au prochain amour
Aimé un temps
Disparaissant sous la coupe du vent
Apparaissant le véritable grand amour
Concrétisé par le voile blanc
Et les promesses éternelles
D’une vie charnelle et belle
Empreinte sur empreinte sans gants
L’arbre des ancêtres se voit pousser des branches
Et les merveilleux bourgeons éclatent
Telle la rose usée par le temps
Les pétales tombent sur le banc
Emportés par la brise d’un amour fini
Telle tourne l’horloge à l’infini
Et nous ramène en automne
TEXTES INDIVIDUELS
Automne, seul et cruel
Emprunté le chemin des cœurs brisés
Pour espérer une rose belle
Recommencer à panser ses plaies
Stigmatisé pour de vrai
Eclore à nouveau
Pour retrouver le renouveau
L’hiver est au pied de la porte
Les sentiments de toute une vie
Souvenirs de toutes sortes
Ainsi pour toujours
C’est peut-être ça… l’AMOUR
Didier F.
L’Atelier, Sélestat
F
Les mains
Deux mains bougent doucement sur la nuque,
sur les épaules rondes nues.
Elles palpent le dos, touchent avec force.
Elles glissent de haut en bas,
sentent la chaleur de la peau, s’ouvrent et se ferment.
Elles sont blanches et douces comme les ailes d’un ange.
Quand les mains me touchent,
je me relaxe, je rêve, je m’endors.
Mariana FISCHER
Association Helios, Guebwiller
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Monsieur Travail
Il était une fois Monsieur Travail
C'était quelqu'un de génial.
Je serais président…
Il pouvait être agréable
Si j’étais premier ministre, je proposerais des lois qui soient justes
et qui améliorent la vie des gens.
Par moment, il pouvait être pénible et insupportable.
Si j’étais premier ministre, je prendrais des décisions rapides et efficaces.
On lui tendait la main
Si j’étais premier ministre, j’irais voir Monsieur Sarkozy pour lui dire
« Bonjour Monsieur le Président… enchanté de faire votre connaissance ».
que pour lui remettre notre CV,
de cette manière il nous reconnaissait
J’aurais des gardes du corps et des motards qui me protègeraient.
formation, passe-temps, études, adresse, tout y était.
J’aurais une belle maison blanche et immense, un jardin,
un chien et une horloge.
Grâce à ça, on décroche ou pas un travail.
Je me lèverais toujours à sept heures.
Et le salaire en dépend aussi.
Je ferais fabriquer des jouets et des peluches pour les enfants.
Je donnerais une prime aux travailleurs.
Il était une fois Monsieur Travail
Une fois qu'on le connaît,
il ne veut plus nous quitter,
F
Je serais un jour Président de la France.
Gweltaz FELDKIRCHNER
Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller
par moment c'est presque une corvée
de se plier à ses quatre volontés.
J'ai même entendu que des gens
sont morts au travail.
je dirais même pour une passion...
J’aime bien tricoter et coudre, faire le ménage
mais maintenant j’aime pas faire ça
parce que je suis vieille.
Je sais pas faire le jardin, le jardin c’est difficile.
Avant j’arrachais les herbes. C’est comme ça !
Mimouna FARIS
Centre Social et Familial Victor Hugo, Strasbourg
Zoubida FERRAOUN
Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines
Et figurez-vous que d'autres,
ont pris leur travail pour du plaisir,
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Les petites annonces
Mon alphabet évolutif à moi…
Claudine, 50 ans, cherche une aide-maman
repasseuse qui chante et danse bien.
Arriver tout petit du néant
Brûler à la flamme d’un amour trop fort
Crier dans le vide
Douleur de vivre, joie de renaître
Ecouter plutôt que parler
Franchir les limites du simplement visible
Grandir plus fort de mes erreurs
Hâler sous un soleil nouveau
Imprégner mon âme de renouveau
J’ai lancé une mécanique
Kilomètres franchis dans la fierté
Lancer mes idées et les réaliser
Mûrir plus vite de par mon passé
Ne jamais dire jamais à l’avenir
Oublier soucis et tracas
Positiver même quand cela semble impossible
Quitter la spirale des idées noires
Rester sur le chemin que je me suis tracé
Sourire et être digne en tout moment
Tenter l’impossible, toujours
Utiliser toutes mes capacités au maximum
Valoriser plutôt que dénigrer
Wagon fonçant dans la brume
X
Y
comme au scrabble l’évolution s’arrête à ces trois lettres
Z
Christophe, 70 ans, cherche une personne qui
sorte mon chien quand il fait beau et qui le
dynamise en courant avec lui.
Caroline, 37 ans, écrivain public, rédactrice du
courrier du cœur, chauffeur de bus, cherche un
emploi de chauffeur accompagnatrice d’enfants
pour les emmener au jardin d’amour.
Oum Kaltoum FIEFFEL
Centre SocioCulturel JSK Camille Claus, Strasbourg
J’aime bien garder les enfants
Eux sont gentils, rigolent, ne pensent pas à toutes ces choses mauvaises
qui se passent en notre monde, ils nous permettent de rester tranquilles
avec eux. On peut même jouer, oublier un peu les choses de notre quotidien.
Eux sont transparents. Ils sont le futur de notre monde. J’adore les petits
de tout mon cœur. Quand je suis avec eux, j’oublie que je suis maman et
je me rappelle mon temps d’enfance.
Ah mais ! Ah ! Une chose que je n’aime pas, c’est de me réveiller le matin,
parce que tout le matin, je suis presque plus fatiguée qu’à la fin de la journée ; et juste de penser que tout commence encore une fois, qu’une grande
journée m’attend, alors là j’ai envie de dormir encore toute la journée.
Lidiane FERREIRA
Association Helios, Guebwiller
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TEXTES INDIVIDUELS
F
Thomas F.
Hôpital de jour, Haguenau
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Travail de vannier
Dans les fossés, au bord des rivières
L’hiver comme l’été
Du saule pourpre on coupait l’osier.
On préparait l’osier
Au couteau.
Pour gagner notre pain.
On s’arrêtait sur une place désignée
En hiver quand le froid faisait mal aux mains
Pour éplucher l’osier.
C’était plus dur qu’au printemps
On pliait en deux un morceau d’osier
Et différent.
Pour former un épluchoir.
On formait de gros fagots avec l’osier.
On coinçait le rameau entre les deux mâchoires,
On prenait une bassine assez haute,
On tirait
On plaçait les rameaux debout.
Et il ressortait une branche
On ajoutait de l’eau.
Toute blanche.
On enveloppait la bassine avec une couverture,
On mettait les branches au soleil
On fermait le haut avec de la paille.
Pendant trois ou quatre heures
On allumait un feu pour faire bouillir l’ensemble.
Pour qu’elles sèchent.
Et on épluchait l’osier.
F
Avant de travailler l’osier,
Pour faire un travail parfait,
Vous ne me croyez pas ?
On le mettait à tremper dans la rivière
Pourtant c’est la vérité.
Une pierre posée au-dessus.
C’est le travail qu’on faisait
Pour gagner notre vie
Comme tous les gens du voyage.
Fillette
Association Lupovino, Strasbourg
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
A l’usine
Pour moi le travail c’est d’abord de gagner de l’argent, de faire des rencontres et de me faire des copains.
J’aime travailler dans une usine.
C’est très facile pour moi parce que je travaille à l’intérieur.
J’aime travailler sur des machines de production ;
je ne suis jamais fatigué.
En plus, on nous paie le 13ème mois.
Le travail est toujours bien organisé.
On commence tous les jours à la même heure
et on nous fournit des équipements.
J’ai fait mon apprentissage dans un IMPRO, en photo, PAO, conditionnement et soudure. Aujourd’hui je suis dans un atelier de tampographie.
Dans un ESAT. Je ne connaissais pas ça il y a trois ans en arrivant. Il faut
apprendre. Mon travail consiste à déballer et emballer en tampographie
les dossiers des clients. Je voudrais aussi aller sur la machine, mais ce
n’est pas possible.
Kémal FIRAT
CREAFOP, Altkirch
La vie trépidante d’une femme au foyer
Etre une femme au foyer est un travail à plein temps et
même plus ! Les heures supplémentaires sont journalières
et non payées. Cela demande une sacrée organisation ! Tout
est planifié dans les moindres détails. La journée commence
très tôt et se termine souvent très tard. Il faut s’armer d’une
patience d’ange.
Avec les moniteurs, il y a une bonne relation de travail et il y a une bonne
relation avec les collègues. On rigole tous dans l’atelier tous les jours. Je
n’arrive pas à trop à suivre pendant la saison parce qu’il faut aller très vite
pour les cadeaux de Noël. Mes projets professionnels sont de faire un
stage dans l’atelier de conditionnement et montage. Si ça marche, je reste
dans l’atelier et je fais un peu autre chose que de la tampographie. Et c’est
bien de faire autre chose et d’apprendre. Par contre, si ça ne marche pas
ce n’est pas très grave. Je retournerais en tampographie. Et pourquoi pas
faire un autre stage dans un autre atelier.
F
A l’époque, quand je suis arrivé à l’ESAT, j’ai pu intégrer un foyer d’hébergement pour travailleurs handicapés. J’ai pu réaliser mon souhait d’être
indépendant et de quitter la famille pour la semaine. J’y retourne certains
week-end. Je suis content de rentrer le soir après une journée de travail
pour faire mes activités. Pour voir mes copains, pour me détendre devant
la télé, pour me promener, pour aller voir un concert, pour aller à la piscine,
pour aller faire du sport (ping-pong, tir à l’arc), pour aller au restaurant,
pour aller voir une course de voiture de F1 (Mickael Schumacher) pour
faire de la console de jeu.
Je suis l’épaule sur laquelle tous peuvent s’épancher et leur
confidente privilégiée. Tout ce que je fais est normal mais
parfois j’aimerais aussi que l’on s’occupe un peu de moi.
Etre femme au foyer est plus qu’un simple travail !
Passer de bons moments, voir mes parents, de temps en temps ils me
manquent, pour voir mon chien, pour aller voir ma sœur, son mari et ses
enfants, pour fêter les anniversaires, pour partir en vacances tous
ensemble. Pour fêter Noël tous ensemble, parce que comme ça je vois
tout le monde (mes frères et sœurs, oncles et tantes), pour aller voir mon
papy.
Cathie F.
Association Lupovino, Strasbourg
Bruno FONTENAU
Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller
En fait, je n’ai vraiment pas de temps pour moi !
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TEXTES INDIVIDUELS
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
C'est la misère dans ce monde sans travail. On survit avec ces pouvoirs
d'achat toujours en baisse. La vie est devenue chère. Les fins du mois sont
de plus en plus dures. Il y a des personnes qui se suicident. On manque
de travail et d'argent pour subvenir aux besoins de sa famille. Sans travail,
on est perdu dans la vie. Donc, on perd confiance. La santé ne suit plus.
On se dit que c'est la fin du monde.
Si on n'arrive pas à trouver du travail, on est amené à vendre ses affaires
ou même à se vendre. On perd sa famille, tous les gens que l'on aime. On
devient avec le temps SDF. Puis, on est obligé de voler pour survivre, voire
dans le pire des cas, devenir gangster. Après c'est la prison ou le cimetière.
Dans la vie il faut se battre pour vivre dans ce monde, quoiqu'il arrive dans
la vie, il faut garder la tête haute et ne pas perdre espoir.
Mohamed F.
GIP FI, Maison d'arrêt Elsau, Strasbourg
Si j’étais monitrice…
J’ai toujours eu des moniteurs autour de moi
et ils m’ont beaucoup aidé dans mon parcours.
J’aurais aimé être, moi aussi…
M Le métier de mes rêves, mieux que professeur
O M’occuper des personnes en difficulté, organiser mon travail
N Nécessité pour moi d’aider les autres
I Instruire et donner des cours d’informatique
T Travailler avec des adolescents
R Ressentir de la volonté et de la fierté
I M’investir dans mon travail
C Conseiller, comprendre, être au courant et avoir des collègues
E M’exprimer dans mon équipe
Cindy FUSS
Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller
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« Le treizième travail d’Hercule :
trouver un emploi »
Roland Topor
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Chose gênantes
Un nouveau né qui pleure plusieurs fois pendant la nuit.
Quelqu’un qui parle beaucoup avec moi dans la rue
quand j’ai un rendez-vous et que je suis en retard.
Une nouvelle recette qui donne un mauvais résultat.
Quelqu’un qui arrive après moi chez le docteur
et qui entre avant moi alors que c’était l’heure de mon rendez-vous.
Un film qui finit tristement quelqu’un qui a tout le temps la poisse.
Choses splendides
Un séjour dans un hôtel cinq étoiles.
Une fête d’anniversaire sur une croisière.
Une belle maison sur la mer.
Faire le tour de Paris en voiture limousine.
Un beau dîner avec toute ma famille.
Choses effrayantes
Le noir pour les petits enfants.
La police pour les voleurs.
L’accouchement pour une femme enceinte.
La piqure pour les enfants.
Choses qui disparaissent lorsque j’en ai besoin
Les clés quand je voudrais ouvrir la porte de ma maison.
Le stylo quand je révise le français.
La télécommande quand je veux regarder ma série préférée.
Les lunettes de la formatrice quand elle doit lire mon texte.
Demiana GADALLA
Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg
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Rêveries
Sur mes volutes de fumée dansent fougueuses gitanes. Des apôtres se
prosternent devant des crucifix d’argent. Des anges déchus vomissent des
injures sur les citadins affairés. Les temples bouddhistes résistent à des
tempêtes glacées. Des moines fous caracolent sur de vieux canassons
fourbus. Des vierges éplorées font cercle autour des talismans. Une
armée de prophètes fourbit leurs épées avant d’assaillir la Jérusalem
céleste.
Des poètes, cheveux au vent, déclament des vers improbables au seuil
des félicités suprêmes. De jeunes vestales dansaient des bacchanales
endiablées. Des bardes chantaient de vieilles balades celtiques. Des lys
violacés s’entrelaçaient aux dorures des palais.
G
Les nénuphars rouges poussaient leurs odeurs pestilentielles jusque
sur les niches des nécropoles abîmées. Les vieillards grelottaient sous
les givres hivernaux et les marmots pleuraient sur leur soupe froide. Les
violoncelles des orphelins jouaient Vivaldi et la foule hurlait à la mort.
Les vieilles veuves dansaient, dénudées dans les souterrains aquatiques,
je jure sur Dieu qu’on n’en vit jamais de plus belles au firmament de ma
pensée.
Des soleils maudits crachaient leur feu jusqu’au sommet des Olympes
noires. De vieilles barques moussues et pourries dérivaient sur un océan
déchaîné. Les reflets des astres me transfiguraient d’élans mystiques.
Que faire, que dire, je ne le sais mais l’aurore empourprait déjà la vanité
de mes songes. Je fumais ma vieille pipe d’écume sur les tombeaux du
Père-Lachaise.
Arnaud G.
Hôpital de jour, Molsheim
101
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Le travail c’est comme l’alphabet, toujours pareil,
des lettres qu’on peut décliner sous plusieurs formes,
qui donnent des idées drôles, tristes, angoissantes ou originales :
A
B
C
D
E
F
G
H
I
J
K
L
M
N
O
P
Q
R
S
T
U
V
W
X
Y
Z
Amitiés entre collègues. Assurance dans le travail.
Boulot très bruyant.
Contraintes chaque matin.
Ne pas dormir dans mes cartons.
Ne pas dépenser d’argent quand ce n’est pas nécessaire.
Mon équipe plutôt sympathique mais pas toujours énergique.
Formation continue pour être opérationnel.
Gagner son argent ; gérer son budget.
Horaires stables ou en poste.
Prendre en compte le handicap de chaque personne.
Intéressement : ça nous on en a pas.
Les impôts : pour l’instant je n’en paie pas.
Jackpot ! Fini le chômage.
Les kilos et les tonnes de sacs que je remplis
et les kilomètres que je parcours.
Les loisirs qui m’impatientent.
Manipulation du tir palette manuel ou électrique.
Négociation avec le moniteur pour un salaire plus élevé.
Nécessité de communiquer avec les autres.
Ouvrier d’usine en manque d’oxygène et opérationnel
dans son travail.
Paie du mois : ouf !
Qualité et quantité exercées pendant toute la durée du travail.
Rentrée d’argent obtenue grâce au travail accompli.
Survivre à la routine quotidienne, sauvegarder les emplois.
Tenue de travail obligatoire.
Unanimité.
Vacances bien méritées et vive les sorties et les loisirs.
Enfin le week-end tant attendu.
Xénophilie ou amitié envers les étrangers.
Yoga pour récupérer le soir quand je suis stressé.
Il faut avoir du zèle mais surtout rester zen.
Eric GANGLOFF
Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller
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TEXTES INDIVIDUELS
J’aime rêver
Je n’aime pas avoir mal
J’aime penser
Je n’aime pas souffrir
J’aime dormir
Je n’aime pas être terrible
J’aime être forte
Je n’aime pas me faire arracher une dent
J’aime être joyeuse
Je n’aime pas être triste
J’aime travailler.
Florence GASSER
Association Adèle de Glaubitz, ESAT Saint-André, Cernay
Le travail du samouraï
La bataille faisait rage
G
Les ennemis tels des épouvantails
Sur tout le pays thaï
Bye-bye les champs pleins de bonsaïs.
Dans le brouhaha intense
Le travail ingrat des samouraïs
Est de tuer tel des cobayes
Le plus de guerriers en chandails
Et de trouver la faille
En leur chef lesté de ses médailles
Avec son chapelet de dents blanches émail.
Olivier G.
Association GEM Aube, Strasbourg
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Je suis une femme un peu différente…
Souvenirs d’enfance
Je suis une femme un peu différente,
Avec quelques difficultés qui ont fait
Qu’aujourd’hui, je travaille dans un ESAT.
Quand j’étais une jeune fille,
Sortant de l’IMPRO où je m’étais formée aux animaux,
Dans le mini zoo de la fondation Sonnenhof,
Je rêvais de travailler toute ma vie dans ce domaine.
J’ai fait mon premier stage dans un centre Hippique pendant 3 mois.
C’était formidable, mais ils n’ont pas pu me garder, ni me payer
Alors je n’ai pas eu le choix et je suis allée au CAT.
Il faut bien gagner son pain.
Mais je rêve toujours à ma passion, les chevaux,
Et au métier de palefrenière.
Quand j’étais petit, je voulais être mécanicien.
J’habitais à Buhl.
Un jour mon grand père m’a ramené un jouet,
c’était un autobus.
Il manquait une roue à l’arrière.
Mon grand père a réparé le jouet.
Il y avait une petite poupée je l’ai donné à ma sœur.
Quand j’étais plus grand on a déménagé
et habité à côté du P.M.U.
Un jour j’ai joué au tiercé et j’ai gagné avec mon père.
A la maison je regarde des DVD, j’écoute des CD.
Le soir je me promène, je vais boire un café chez Helfter.
Pour moi c’est :
P
A
L
E
F
R
E
N
I
E
R
comme Parler, Promener, Penser
comme Aimer, Animaux, Aider, Avoine
comme Liberté, Loisir, Longe, Licol
comme Elevage, Exposition, Etrier
comme Fierté, Fascination, Famille, Foin, Fers
comme Ranch, Rodéo, Respect, Risques
comme Etre présente, Entretenir, Ecuries, Ecrire des poèmes
comme Nourrir, Nettoyer, Naseaux, Nature
comme Informer, Important, Intelligent
comme Extraordinaire, Evident
comme Rester près d’eux
Et heureusement,
c’est une passion que je peux vivre de l’autre côté du travail.
Chantal GENG
Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller
Antoine GENTILUOMO
ESAT Papillons Blancs, Soultz
G
Les week-ends
J’aime bien aller chez mon chéri le samedi et le dimanche.
Je fais le repassage, Manu et moi faisons la cuisine.
Mon chéri et moi,
nous nous sommes promenés à Guebwiller pour prendre le café.
J’aime aussi m’occuper du chat et lui donner à manger.
Il est très gentil
Manu me téléphone tous les soirs.
Quand mon chéri est avec moi je suis contente.
Je l’aime…
Santina GENTILUOMO
ESAT Papillons Blancs, Soultz
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
De l’autre côté du travail,
ça me fait penser aux loisirs et aux vacances…
Mon rêve
Cet été j’ai envie de m’envoler et qui dit s’envoler dit aller loin.
Ce loin pour moi c’est Washington, chez Mr. Obama.
Certes il va falloir prendre l’avion et faire attention
à ne pas dépasser les 20 kg autorisés pour les valises !
Je vais réserver un hôtel à côté de la Maison Blanche.
Une fois ma visite terminée je vais reprendre l’avion
pour atterrir à New-York.
Là je ferai un tour pour voir la statue de la liberté.
Après je ferai une promenade à Manhattan.
Je vais quitter New-York direction Miami,
là-bas je vais rencontrer « les experts » dans leur studio.
Comme il fait toujours beau dans cette ville
je profiterai pour bronzer.
Après ce sera l’heure du retour.
Pour réaliser mon rêve
soit je trouve un travail, soit je gagne au loto !
Guillaume GEORGENTHUM
I.M.PRO La Ganzau, Strasbourg
Toute l’année j’économise sur mon livret. En fonction de mes économies,
je choisis ma destination. Parfois je décide de ne pas partir pour m’offrir
autre chose qui me fait plaisir, comme mon scooter.
Mes dernières vacances c’était en Italie, il y a trois ans. J’aime voir comment
vivent les gens, leur culture, la nourriture, les habitations, les paysages, les
plages, les bateaux dans le coucher du soleil. Je rêve d’aller au Maroc, mais
j’hésite. Il faut faire des choix entre un achat important, tout aussi plaisant
et utile et des vacances coûteuses qui laissent de bons souvenirs.
Certains de mes amis sont des collègues de travail. D’autres non. Avec
eux, je partage mes idées, mes projets, mes inquiétudes et mes plaisirs.
En soirée, mais surtout le week-end, on part en scooter, on fait des sorties,
on partage des repas au resto. Le travail, c’est ma machine dans l’atelier
de tampographie de mon ESAT. Je tamponne des stylos que mes collègues
déballent et emballent. Je fais le réglage de la machine, je prépare le cliché
et l’encre, je fais le calage. Ma journée est rythmée par des moments de
travail et de pauses qui me permettent de discuter avec mes collègues.
C’est un moment agréable et convivial. C’est un travail d’équipe.
G
C’est bien que le CAT ait encore du travail, surtout en cette période de crise.
C’est bien de pouvoir travailler, c’est rassurant. J’ai eu peur un moment
d’être sans travail, ça va un temps, mais les journées sont longues. J’aime
ce que je fais et je préfère les journées bien pleines et qui passent vite.
Etre sans travail, c’est ne pas avoir de salaire et pour vivre comme ça c’est
dur. Il faut travailler pour vivre, pour partir en vacances, pour les plaisirs
de la vie, ce que chacun aime faire, les rencontres, les achats…
Quand je rentre chez moi, je fais les courses, le ménage, mes papiers
administratifs. Ce sont des obligations. Rencontrer mes copains, avoir des
loisirs, ça c’est du plaisir.
Christophe GEYER
Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
A la manière d’Eugène Guillevic…
J’ai vu le charcutier qui fabrique des boudins.
J’ai vu le chef de gare qui donne le départ au train.
J’ai vu le contrôleur qui contrôle les billets de la SNCF.
J’ai vu le gendarme qui contrôle si les chauffeurs ont la ceinture de sécurité.
J’ai vu les infirmiers qui s’occupent des pauvres gens.
J’ai vu le menuisier qui fabrique des meubles.
J’ai vu la dactylo qui met les lettres dans les enveloppes.
J’ai vu le ramoneur qui nettoie les cheminées.
Et moi, je serai bientôt à la retraite
et je partirai en voyage avec ma copine
pour voir les montagnes et la mer…
Fernand GRIEBEL
Association Trampoline, Molsheim
Au bonheur des Dames
Madame la directrice,
J’ai lu à plusieurs reprises vos petites annonces dans les journaux et il m’est
venu à l’idée de vous proposer mes humbles services au sein de votre entreprise louable et généreuse. Je crois être capable d’apporter beaucoup au
succès de votre établissement, à sa notoriété et à sa réussite.
Votre démarche est identique à la mienne, puisque tous les deux nous
souhaitons apporter de l’amour et de la tendresse à ces jeunes femmes en
souffrance. Etant apprécié dans ce domaine, puisque j’ai à mon actif laissé
dans les nuages du bonheur de très nombreuses dames, je me propose
de m’occuper de vos clientes qui le souhaitent et de leur offrir amour et
tendresse qu’elles attendent avec impatience.
G
Je suis prêt également à travailler gratuitement pour vous puisque je serai
rémunéré en nature par ces charmantes dames. Seuls les frais de confort
seront à votre charge.
Dans l’attente d’une réponse de votre part, permettez-moi de déposer à
vos pieds un bouquet de pensées tendres et respectueuses.
Portrait
Henry GRIFFRATE
Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines
Si j’étais un objet, je serais une télé.
Si j’étais un plat, je serais un couscous
Si j’étais un animal, je serais un poulet.
Si j’étais une chanson, je serais une chanson de Lassana.
Si j’étais un film, je serais les feux de l’amour.
Si j’étais un endroit je serais Komolou.
Je rêve de prendre l’avion,
de rentrer chez moi et de voir ma fille.
Camara GUNDO
Centre SocioCulturel Phare de l’Ill, Illkirch-Graffenstaden
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
A force de m’écrire,
Je trouve la vie difficile pour les femmes.
La femme travaille plus que l’homme,
elle dirige tout.
Elle n’a pas besoin de l’homme
pour lui expliquer ce qu’elle doit faire.
La femme est courageuse.
Les droits de l’Homme
Que le printemps est beau, surtout le printemps méditerranéen et en particulier à Alger. Il y fait beau toute l’année, surtout à la côte qui s’étale sur
1 200 km de dunes vierges.
En mars 2005, j’habitais à Alger, la capitale de l’Algérie. Un jour où il faisait
particulièrement beau, je suis allé à la plage avec mes copains pour qu’on
s’amuse. Nous avons passé un bon après-midi. Au moment où le soleil se
couchait, nous avons ramassé nos affaires pour rentrer chez nous. Quelle
image inoubliable que ce coucher de soleil, un peu comme une boule de
feu qui se noie dans la mer ! Je connais beaucoup d’autres régions en
Europe ou en Russie, avec du -0°, mais dans cette région il fait toujours
beau et la chaleur atteint un minimum de 24°.
Elle ne se plaint jamais.
Moi je ne comprends pas : mon pays est beau, riche, grand, il possède
tous les atouts tel que le pétrole, gaz, fer, phosphate et que sais-je,
pourtant nous sommes nombreux à vouloir le quitter, fuir cet endroit de
rêve. La plupart des immigrés algériens préfèrent rester en France plutôt
que dans leur pays d’origine, même si les conditions matérielles ne sont
pas le nirvana !
Elle est le pilier de la maison.
Mais que nous manque-t-il donc d’essentiel et de façon aussi cruelle, si ce
n’est le respect des droits de l’Homme ?
Elle supporte beaucoup de choses :
La fatigue, le travail dur, l’éducation des enfants.
Fatiha GRIOUANI
Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg
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TEXTES INDIVIDUELS
G
Saïd G.
Association Espoir, Maison d’arrêt de Colmar
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Je suis un sac à main
Le premier métier du monde
Le premier métier du monde existe toujours de nos jours.
C'est encore et toujours le premier métier pour tous les êtres vivants.
Il s'agit de naître.
Vaste programme qui demande beaucoup de qualités.
C'est un métier épuisant qui laisse les êtres fatigués
pour tout le reste de leur vie.
On commence seulement à découvrir les facettes
de ce métier passionnant, et certains curieux,
voulant savoir comment ils ont fait pour accomplir
leur premier travail sans s'en souvenir,
observent sous leurs loupes des êtres se démener pour naître.
Pour naître, on sait qu'il y a un début plutôt plaisant,
mais après on ne sait pas exactement
quelle convention collective s'applique.
En général, les individus de la même espèce
font le travail dans le même laps de temps,
dans des locaux similaires, seuls ou en équipe,
comme dans un autre travail.
On sait aussi qu'une fois que les êtres ont fini de naître
commence alors leur deuxième boulot :
Vivre... et celui-là, il est pas vraiment plus facile.
Christian HAMMANN
Association GEM Aube, Strasbourg
Ma vie est très difficile. Pourquoi ?
Parce que je suis responsable de tout ce qu’il y a dedans.
J’ai ici un stylo, des clés, des bonbons, un rouge à lèvres,
un miroir, un portefeuille avec des cartes, des mouchoirs
en papier, etc… Et aussi un portable qui sonne souvent
et qui me fait avoir peur !
C’est lui qui m’énerve, c’est lui qui fait beaucoup de bruit…
Il y a du désordre partout. Quand Anne va-t-elle ranger ?
Elle ne fume pas mais il y a des cigarettes et des allumettes
qui sont sorties de leur boîte. Et il y a des papiers de
bonbons aussi… Je rêve de mes vacances quand Anne
va partir en vacances cet été et qu’elle va prendre
son portable. Après je vais être calme et content.
Je suis un vieux sac mais je sais qu’Anne m’aime.
Lyudmila HASSELMANN
Plurielles, Strasbourg
H
De l'autre côté du travail, il y a tellement de choses : par exemple, les loisirs
sportifs, chercher son enfant à l'école et l'aider à faire ses devoirs.
Sinon, il y a beaucoup d'autres activités à faire comme, faire du sport
individuel ou collectif pour bien se fatiguer et bien dormir, des activités
culturelles ou associatives pour aider des personnes en difficulté. Mais
aussi partir en vacances et prendre du bon temps avec sa famille et ses amis
pour oublier le monde du travail et ainsi déstresser, penser à autre chose.
Cependant, si on ne trouve pas de travail, et afin de faire vivre sa famille,
on est amené à franchir la frontière de l'illégalité, faire partie d'une bande
de voyous ou de gangsters qui vous entraîne à voler, piller, braquer, frauder, falsifier. Dans le pire des cas agresser avec violence des personnes
vulnérables comme les personnes âgées, handicapées qui ne peuvent se
défendre et qui sont des proies faciles à manipuler.
Hassan
GIP FI, Maison d'arrêt Elsau, Strasbourg
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
L’alphabet du travail
A comme apprentissage d’un métier
B comme boucher qui coupe de la viande
C comme conditionnement : c’est un boulot manuel
pour emballer les marchandises
D comme dentiste qui contrôle si les dents sont propres
E comme étiquettes que je colle sur les enveloppes en atelier
F comme les fleurs que j’arrose avec Claudia
G comme le gazon qu’il faut tondre
H comme quand je travaillais en horticulture à l’IMPRO
I comme IMPRO où j’ai appris des métiers avec André
J comme les jongleurs du cirque sur France 3
K comme les kiwis du marchand de fruits et légumes
L comme laveur de vitre avec l’Ajax
M comme Moniteur d’atelier pour aider les travailleurs
N comme nageur qui fait de la natation
O comme l’opticien qui vend mes lunettes
P comme le pâtissier qui vend des bons gâteaux
Q comme le quincaillier
R comme un animateur Radio qui parle
S comme le soudeur de l’atelier mécanique
T comme la tronçonneuse du bûcheron
U comme être utile
V comme le vendeur de voiture Volvo et de vélos violets
W comme Monsieur Wolter le directeur du Foyer
X comme Xavier le psychologue
Y comme le yaourt fabriqué chez Yoplait
Z comme Zorro le justicier
Christian HEINI
Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller
TEXTES INDIVIDUELS
Les couleurs du travail
Rouge
Noir
comme le sang qui coule quand je me coupe avec le cutter.
comme le tableau dans la salle de classe de mon école
quand j’étais petite.
Vert
comme la colère quand je m’énerve à cause de mes soucis.
Jaune comme le soleil qui brille à travers la fenêtre de mon atelier.
Marron comme les noisettes dans les arbres
quand elles sont bonnes à ramasser.
Orange comme la clémentine que je mange à la cantine.
Rose
comme les fleurs dans les jardinières de la salle de réunion.
Bleu
comme le ciel le soir après le travail.
Violet comme les jolies lunettes qui m’aident à voir ce que je fais.
Gris
comme les oiseaux gris dans la cage.
Blanc comme la neige à Noël.
H
Vanessa HEITZ
Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller
Je vois une main qui caresse un ventre.
Les doigts sont allongés
et bougent tranquillement.
Parfois ils s’arrêtent pour sentir
le mouvement à l’intérieur.
Le bébé, bien au chaud,
sent-il cette caresse ?
Nadia HICHRI
Association Helios, Guebwiller
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Avant
Mon frère
Clément,
A toi, vont apparaître de nombreuses demoiselles,
toutes sont cousines ou jumelles,
au fond de ton cœur, elles y feront leur demeure.
La première s'appelle innocence, elle n'a qu'une courte existence,
d'autres viendront la remplacer, et ne voudront être déplacées.
Mesdemoiselles, pudeur et vertu, sont toutes nues,
insouciance et paresse, ne sont pas avares de caresses.
Les jumelles, cruauté et tendresse, voudront être tes maîtresses,
l'une répand la peur, et l'autre le bonheur.
Les sœurs, jalousie et envie, peuvent détruire ta vie,
sans doute, la plus fidèle de toutes ces demoiselles.
S'appelle l'imbécillité, combats-la avec férocité.
Quand j'ai commencé mon apprentissage
C'était le bonheur de se lever le matin
Pour apprendre de nouvelles choses
De façonner différents matériaux
Le plaisir de voir mes collègues avec le sourire
Et tout simplement le plaisir de rire
Les clients nous accueillaient avec du café et des gâteaux
Et toujours satisfaits du travail accompli
Aujourd’hui
Les clients sons devenus râleurs et exigeants
Le patron toujours de mauvaise humeur
Travailler 40 h pour être payé 35 h
J'ai vu partir des collègues qui se sont faits licencier
Des familles qui se sont déchirées
C'est pourquoi aujourd'hui
Je n'ai plus de plaisir de me lever
Pour aller travailler
H
Sébastien H.
GIP FI, Maison d'arrêt, Strasbourg
Compassion et douceur, peuvent enrichir ton cœur,
mais sache que si tu veux aimer,
tu dois savoir souffrir en cachette,
souvent en pleurs, en public, toujours sourire.
D'autres encore, voudront faire de toi, le meilleur ou le pire
qu'il soit, à toi donc de bien choisir,
c'est mon plus cher désir.
Ton grand frère
Adrien H.
GIP FI, Maison d'arrêt Elsau, Strasbourg
C’est une tasse qui a une forme de mug. Elle mesure douze centimètres
cinq de hauteur et neuf centimètres de largeur. Elle possède une poignée.
A l’arrière plan, elle est de couleur brune. Il y a deux chats à l’extérieur :
un de couleur noir et blanc et le deuxième avec un peu de brun, de roux et
de blanc. L’intérieur est blanc avec la tête de deux chats.
Cette tasse irait bien à un gros buveur de café car elle est bien grande. De
plus, il y a une très belle image de deux chats. En regardant ces deux
chats, je me sens apaisée et j’ai hâte de rentrer chez moi pour retrouver
mon chat qui m’attend sagement.
Nadine HILL
ReFormE, Lingolsheim
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Remonter ses manches
Les petites annonces
2
Remonter ses manches avant d’entrer dans ces 9 m
Marguerite, 62 ans, cherche une personne pour
l’aider à ouvrir la porte de mon ascenseur qui
est toujours bloquée quand je descends pour
aller au cours de français.
Pour la première fois, nettoyer le sol des dizaines de fois
Pour y voir sa couleur d’origine.
Frotter les murs à l’éponge,
Marguerite HOUSSEIN
Centre SocioCulturel JSK Camille Claus, Strasbourg
Si fort que des gouttes de transpiration
Dégringolent sur le carrelage tout humide.
Grimper sur la chaise
Pour que cette haute fenêtre soit propre,
L’internat
Que le soleil puisse y entrer en toute tranquillité.
Toute petite, j’étais timide, pas en bonne santé, fragile, mes parents avaient
quatre autres enfants, une fille et trois garçons. Maman était femme au foyer
et papa sans emploi, et peu de ressources, donc il n’arrivait pas à subvenir à
nos besoins. Et au niveau de la loi la décision a été de placer les deux filles
par la DASS (la direction des affaires sanitaires et sociales) au foyer des
sœurs à Ebersmunster.
Des heures, des jours,
A transformer toute cette crasse en une cellule nickel !
Pouvoir enfin réviser ses cours,
Se forger un physique dans le sport,
Se mitonner sa petite cuisine
Qui sera bien meilleure que l’autre…
Apprendre à faire une lessive
Sans trop endommager le linge,
A travailler dans le plaisir,
Comme travailler dans un quotidien
Sans ordres…
David H.
Atelier d’écriture, Maison Centrale d’Ensisheim
120
H
On a trouvé ça injuste que ce soit nous qui devions partir de la maison et
pas les garçons. Au foyer on n’apprenait pas beaucoup au niveau des
cours mais juste à lire et à écrire, le plus simple, sans trop de français ou de
maths. Et on était plus éduquées pour les travaux de couture, de cuisine ou
de ménage… Néanmoins ça nous plaisait, on nageait dans le bonheur,
enfin moi surtout, pas de devoirs le soir que des loisirs avant d’aller au lit
à 20 heures. On avait même la satisfaction de pouvoir faire des spectacles
pour la kermesse annuelle de fin d’année ou pour la fête de Noël. Là on
était récompensées pour nos efforts par un colis de chocolat, de bonbons
avec un cadeau en plus. Et moi-même toute petite j’étais souvent furieuse
et rebelle, un vrai garçon manqué, toujours à courir et à faire courir les
sœurs, coléreuse et enragée de ne pas pouvoir voir mes parents et mes
frères tous les jours. Par contre j’étais toute heureuse de pouvoir rentrer
le week-end et retrouver mes frères qui étaient impatients de nous voir
arriver pour faire des bêtises ensemble.
Sylvie HUCHELMANN
Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines
121
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
L’enfant est une personne
L'enfant, petit être innocent, insouciant
L'enfant, petit être que l'on aime choyer, dorloter
L'enfant, symbole de la vie, du renouveau,
Petit bout de chou si fragile, que l'on aime protéger
L'enfant ne doit pas être au cœur des conflits
Mais, prendre sa place au cœur de notre amour,
de notre considération et de notre respect.
Laissons-le grandir, s'épanouir
Laissons-le s'exprimer, devenir l'avenir de demain.
Heck
GIP FI, Maison d'arrêt Elsau, Strasbourg
Mes enfants
Vous qui êtes toute ma vie
Vous qui hypnotisez mon esprit
Vous qui me donnez l'envie de vivre
Vous qui avez découvert la clé de mon cœur
Vous qui venez effacer mes pleurs
Vous qui avez su m'aimer et me chérir
Si vos yeux pleurent, mon cœur triste ne cesse de pleurer
Moi qui veut votre bonheur
Je ne cesserai jamais de vous aimer
Vous qui êtes mon plus beau trésor
Auprès de vous, je resterai jusqu'à ma mort
Votre papa qui vous aime
Seppy H.
GIP FI, Maison d'arrêt Elsau, Strasbourg
122
« J’aime le travail ;
il me fascine et je peux rester
des heures à le considérer »
Jérome K. Jérome
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Tous les matins
Pour bien vivre, il faut travailler dans la vie,
Dans un bureau ou dans une usine !
Si c’est un métier ou un domaine qu’on aime,
On peut se réveiller facilement tous les matins !
Le réveil sonne, ensuite c’est toujours les mêmes gestes quotidiens :
Se lever, se laver et s’habiller.
Et puis prendre la route pour aller travailler !
Voilà, c’est le même cinéma tous les matins !
Meral ILHAN
CREAFOP, Altkirch
Sans salaire
Volontaire,
Je fais le ménage, je fais la cuisine,
Avec savoir-faire mais sans salaire,
Parce que…
Je suis une femme au foyer.
Volontaire,
J’aménage, je décore la maison,
Avec savoir-faire mais sans salaire,
Parce que…
Je suis une femme d’intérieur.
Volontaire,
Je travaille au potager et aux champs,
Avec savoir-faire mais sans salaire,
Parce que…
Je suis épouse de paysan.
Volontaire,
Je soigne et j’éduque les enfants,
Avec savoir-faire mais sans salaire,
Parce que…
Je suis une maman !
Gullü ISIK
Association Contact et Promotion, Strasbourg
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Mes vacances…
En été, je pars en vacances au chalet avec ma mère et « Pilane ».
« Pilane », c’est mon chien.
Il me lèche avec la langue… là sur mon nez.
Il s’amuse aussi avec ma mère.
Parfois on va se balader avec ma mère. Elle prépare un bon repas.
Parfois, je regarde la télé… et mon chien me regarde.
Parfois, il y a des courses à faire au village à Grendelbruch.
Parfois, on prend le petit déjeuner avec du café au lait,
de la confiture et du pâté aussi.
On revient le dimanche après-midi en voiture bleue avec la remorque.
C’était bien !
TEXTES INDIVIDUELS
Ma vie avec toi
Toute la journée au travail, je pense à toi
A midi, je pense à toi
A la pause, je pense à toi
Enfin le soir, je te retrouve, heureuse,
Prête à tout partager,
Nos folies, nos colères, nos loisirs,
Nos hauts et nos bas,
Patrick JOERGER
Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller
Notre quotidien.
J
Jour et nuit je pense à toi.
Martine JOOS
ESAT Saint-André, Les Ateliers du Steinkreuz, Wintzenheim
126
Debout la nuit, minuit et demi
Un expresso et c’est parti
Je descends au rez-de-chaussée et j’y suis
Dans ma petite boulangerie
J’allume le four et le pain cuit
Il est cinq heures premier client
Odeur de pain plus qu’enivrante
Enfin midi, ma femme est là
Pour qu’on partage un bon repas
Petite boulangerie dans un village
Histoire de faire vivre un peu l’entourage
Quand je suis en week-end, je me promène avec ma femme
et mes enfants au parc. On fait les magasins. Je fais aussi du sport.
J'invite chez moi des amis à manger. On passe une très bonne soirée.
Lorsqu'il fait beau, je vais à la piscine avec mes enfants.
On passe une très bonne journée. On s'amuse très bien.
Et après, on rentre pour manger, puis on regarde la télévision.
Raphaël JENOUVRIER
APP Re.Form.E, Strasbourg
Joël
GIP FI, Maison d'arrêt Elsau, Strasbourg
127
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Quand j’étais petite…
Moi et ma sœur jumelle étions les cadettes d’une famille de six enfants.
Nous vivions très heureux malgré la mort brutale de notre père dont je
n’ai aucun souvenir. Comme nous étions tous encore petits, ma mère été
obligée de travailler. Elle a commencé à nettoyer des bureaux le soir mais
rapidement, à cause de la méchanceté du voisinage, elle a dû s’arrêter.
Les gens disaient qu’elle faisait « le plus vieux métier du monde ». Par la
suite, elle a été embauchée à proximité de son domicile, dans une crèche,
où elle a effectué plusieurs tâches : la lessive, le repassage, la cuisine et
s’occuper des enfants. Il ne lui manquait plus que le poste de directrice !
Quand j’étais petite, je me disais que plus tard je serais puéricultrice,
comme ma mère. Finalement, les années ont passé et je n’ai pas pu réaliser
ce souhait. A la place, j’ai élevé mes sept enfants, ce qui revenait un peu
au même. A l’âge de quarante-sept ans j’ai eu la chance de réaliser mon
rêve de gamine : travailler avec des enfants, issus de la communauté des
gens du voyage, pour une association du quartier du Polygone à Strasbourg.
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Robert Lassus
« Je travaille à être heureux... »
Josiane
Association Lupovino Strasbourg
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Mon travail
Nous sommes le monde
Nous sommes le monde… oui les enfants sont le trésor du monde.
Ils sont le futur du monde. Ils sont la joie de notre vie.
Nous sommes toujours proches d’eux pour découvrir les caractères
et les professions qu’ils aiment pour pouvoir avancer dans le monde.
Imaginer un monde sans enfants. La terre c’est la mort.
Pour vivre, la terre doit préparer les bonnes générations
dont le futur a besoin pour avoir des idées lumineuses,
la science, la politique et l’économie…
Suela KALI
Centre Social AFSCO, Mulhouse
Si j’étais un métier, je serais pompier ou médecin urgentiste
Si j’étais une couleur, je serais bleu ou gris
Si j’étais un instrument de musique, je serais une guitare
Si j’étais un titre de film, je serais Sherlock Holmes ou Fantômas
Si j’étais un jeu, je serais un jeu de société
Si j’étais une boisson, je serais du thé
Si j’étais une voiture, je serais une Jeep ou une Ferrari
Si j’étais un animal, je serais un oiseau ou un dauphin
Si j’étais un sport, je serais le judo ou la moto
Si j’étais un livre, je serais un livre de Jack London
Si j’étais une ville, je serais Strasbourg ou Monaco
Si j’étais une fleur, je serais du lilas
Si j’étais une fête, je serais le nouvel an
ou un anniversaire ou le ramadan
Kameta
APP Re.Form.E, Strasbourg
130
Un jour, je cherchais un travail.
Mon mari avait un emploi dans une usine à Wiches.
Moi aussi, j’ai commencé, dans la même usine,
comme intérimaire.
A ce moment-là, je ne savais pas parler français.
La responsable m’a regardé travailler.
Elle m’a dit que c’était très bien : j’ai été embauchée.
Dans cette usine, on tranche, pèse et emballe
le poisson congelé. Il y fait très froid !
Je suis restée parce que j’avais besoin d’argent.
J’ai occupé chacun des postes.
J’ai gagné de l’argent et j’ai pu passer
mon permis de conduire.
Mon mari est parti de l’usine et je suis restée toute seule.
Il n’est plus là pour parler français à ma place.
Je suis donc obligée de parler français.
Cela fait dix ans que j’y suis.
Je n’aime toujours pas ce travail à cause du froid.
K
Sevda KARA
Association Trampoline, Molsheim
Mon père, cet agriculteur
Quand j’étais petite, mon père était agriculteur, c'est-à-dire paysan. Il cultivait du blé, des raisins, des pommes de terre, des tournesols, des betteraves etc… Il donnait un peu de tout à la corporation mais il prenait un peu
de blé pour l’année suivante pour faire de la farine, un peu de betteraves
aussi. Il gardait pour la famille, une moitié des raisins pour faire du
concentré et on mangeait le reste. Il gardait au moins 100 kilos de tournesol, le reste, il le vendait mais il ne vendait pas les pommes de terre. On
avait aussi quatre vaches. Il ne fait plus ce travail ; il est à la retraite et se
repose avec ma maman.
Güzel KARADUMAN
Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg
131
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Quand j’étais petite, je travaillais avec mon père dans le jardin.
Mon père était content de moi, dans la journée je jouais dans la rivière.
Après je me suis mariée, je suis venue en France avec mon mari,
mon rêve c’était d’aller travailler pour acheter une maison ici en France,
mais mon mari ne voulait pas. Après j’ai arrêté de travailler
j’ai commencé à faire mon permis et après j’ai acheté la voiture,
après je suis venue à l’école.
Zohra KHIREDDINE
Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines
Les petites annonces
Elisa, 32 ans, cherche une accompagnatrice pour ramener ses enfants de
10 et 9 ans de l’école à la maison, en
faisant très attention parce que ses
deux garçons sont très turbulents.
Elisa KHASSINOVA
Centre SocioCulturel JSK Camille Claus, Strasbourg
Une journée de travail idéale
J’aimerais travailler à 5 heures 30 du matin, en arrivant
avec la Limousine du patron, travailler sur des machines
silencieuses et bien nettoyées, dans un grand atelier.
Et nous aurions des pauses quand on le souhaite.
On ne serait pas dérangé en plein travail. On arrêterait à midi.
Je mangerais avec tous les ouvriers, y compris le patron et
la patronne. On recommencerait à travailler jusqu’à 9 heures
pour faire le point le matin.
Jean-Marc KIEFFER
ReFormE, Lingolsheim
132
Quand je suis au foyer
Au foyer il y a une bonne ambiance avec les jeunes
et tous les éducateurs.
Le soir, après le travail je fais plein de choses.
Je vais regarder la télévision avec le groupe.
Je vais boire le café chez une amie.
Certaines fois je joue au Uno avec des amis et des éducateurs.
Le samedi je vais faire de la marche.
Le dimanche je sors en ville.
Plus tard j’irai à la piscine et aussi faire de la poterie.
Bientôt je vais visiter Paris avec mes copains copines et les éducateurs.
J’aime le travail et j’aime être au foyer.
Sonia KLEIN
ESAT Papillons Blancs, Soultz
K
Le travail est utile.
Qu’est-ce que je ferais si je ne travaillais pas ?
Il nous donne d’autres choix
Que la vie de tous les jours.
Je travaille avec d’autres gens que j’aime bien,
Je parle avec eux pour que les moniteurs
Nous donnent « des questions » pour nous répondre.
Après, ils nous donnent le travail à faire.
Il y a aussi des choses à faire à la maison que j’aime bien.
J’aime bien avec mon mari, préparer des repas
Pour manger tous les deux.
Mon mari et moi,
Quand on travaille,
On apprend plus de choses tous les jours.
Nadège KNAUER
ADAPEI du Bas-Rhin, ESAT Benfeld
133
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Le travail des mots
J’ai vu le cuisinier
Laver ses légumes
J’ai vu le cuisinier
Eplucher et couper ses pommes de terre
J’ai vu le cuisinier
Faire bouillir ses légumes
J’ai vu le cuisinier
Loisirs à vélo
Je pédale à vélo,
Je fais du vélo dans la rue de Wissembourg.
Quand je fais du vélo, je vois des panneaux.
Dans la ville, je vois des fleurs à Wissembourg.
En vélo, je regarde les magasins.
Je voudrais acheter des habits, pulls et pantalons,
Et des chaussures noires.
Je rentre à la maison :
Nettoyage de salle de bains, et le grand salon,
Et ranger les chambres.
Donner du bon goût
Je voudrais faire du vélo chez ma tante.
Je fais du vélo chez mon frère
Pour voir les petits de mon frère.
J’ai vu le cuisinier
Magali KRAEMER
ADAPEI du Bas-Rhin, ESAT Wissembourg
K
Laisser cuire une bonne demi-heure
Tu chantais, cuisinier
En rajoutant tes épices et un peu d’amour
Je garde ton image
Avec l’odeur de tes bons plats
Moi, j’assemble des mots
134
La vie dans 40 ans
Je pense que dans 40 ans on ne mangera pas la même chose que maintenant, car on ne trouvera pas tout ce qu’on a maintenant comme le lait, les
légumes, les légumineuses, les poissons. Mais je ne pense pas que l’on
aura encore de la viande pour tout le monde. Pour nous les musulmans on
ne peut pas faire l’Aïd sans viande.
Et c’est un peu pareil.
Je crois que dans le futur, je vois surtout les plats qui se préparent très
vite, on va prendre des gélules pour remplacer tout ce qu’on mange.
Je pense qu’on va manger comme nos grands-parents.
Özgul KOSANAK
CREAFOP, Altkirch
Noura K.
Centre Social AFSCO, Mulhouse
135
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Guerre au Kosovo
En 1999, la guerre est finie au Kosovo. Ce pays n’était plus sûr pour ma
famille. Nous avons perdu notre maison et notre ferme : les bâtiments ont
été brûlés et les animaux tués. Mon mari ne trouva pas de travail dans les
cinq années qui ont suivies. Nous avons vécu deux ans dans une tente et
finalement grâce à l’action humanitaire (les Kfor) nous avons reçu une
toute petite maison de deux pièces.
En 2004, face à ces difficultés nous avons décidé de quitter le pays pour
la France. Nous avons vendu la maison, avec une seule valise pour mes trois
enfants, mon mari et moi, nous avons rejoint l’Albanie, puis la France…
Arrivés en septembre 2004 à Strasbourg, nous n’avions nulle part où dormir.
L’association CARITAS nous a donné deux tentes et de quoi manger
durant deux mois. En novembre, alors que l’hiver arrivait, l’association
CADA nous a donné une maison à Mertzwiller. Ce village était loin de tout
magasin. Pour acheter à manger, je devais prendre le train pendant 30
minutes. Nous sommes restés la-bas durant six mois avant de déménager
à Haguenau dans un logement social.
En 2005, nous avons été convoqués à Paris pour des entretiens avec
l’OFPRA (Office Français de protection des réfugiés et apatrides), pour
obtenir le statut de réfugié. Chaque membre de la famille a reçu une carte
de 10 ans. Enfin nous avons emménagé à Illkirch où nous vivons toujours.
L’association CADA nous a beaucoup aidé pour trouver le logement ou
pour inscrire les enfants à l’école, parce que nous ne comprenions pas du
tout le français. Ces choses simples pour d’autres étaient compliquées
pour nous. L’OMI m’a envoyé apprendre le français. Je me suis retrouvée
dans une classe de quarante personnes. Nous étions trop nombreux et je
n’ai rien pu apprendre.
Mon mari a cherché du travail longtemps. Durant trois ans nous avons
vécu du Revenu Minimum d’Insertion. Maintenant il travaille dans un
grand magasin. Il est responsable du rayon fruits et légumes. Il gagne le
SMIC. Pour certains ce n’est pas grand chose. Mais pour nous ça a tout
changé et je suis contente.
Depuis 2006, je viens au Phare de l’Ill, je viens régulièrement pour les
cours de français, de couture ou de cuisine. Ça me permet de rencontrer
des gens, de discuter et rigoler.
Ajmone KRASNIQI
Centre SocioCulturel Phare de l’Ill, Illkirch-Graffenstaden
136
« Dans notre système, nous ne demandons pas aux hommes d’avoir de l’initiative.
Nous ne voulons aucune initiative. Tout ce que nous voulons c’est qu’ils obéissent
aux ordres que nous leur donnons, et qu’ils le fassent, vite. »
Frederick Taylor
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Le peuple
Je ne suis qu’un homme.
J’ai un secret.
Je ne le dirai pas.
Je partirai
Avec mon secret.
Peut-être qu’un jour,
Je vous le dévoilerai.
Mais avoir confiance m’aiderait.
Cette nation qui est la mienne.
Mon respect
Ma rage
Ma haine.
TEXTES INDIVIDUELS
Le plus beau métier du monde
Je trouve que le plus beau métier du monde c’est d’être chirurgien, parce
qu’il peut sauver la vie des gens. A mon avis, sans le chirurgien, les gens
meurent plus vite. Pour être chirurgien, il faut être fort dans sa tête,
quand il nous ouvre notre ventre, il voit nos organes, le cœur, le poumon,
l’estomac… Pendant l’opération, il a une responsabilité qui est lourde sur
son épaule, et c’est un miracle quand l’opération s’est bien passée, puis
il se pose des questions : « Est-ce que le malade va se réveiller après
l’opération ? Est-ce que le malade va guérir après l’opération ? »
Une fois, j’ai été opérée, j’ai eu envie de savoir comment on fait pour
endormir les gens ? On m’a emmenée dans la salle d’opération, ensuite,
on m’a fait une piqûre sur mon bras gauche, tout à coup, j’ai eu envie de
dormir profondément. Le lendemain matin, le chirurgien est venu me voir.
Il m’a dit : « Bonjour madame, c’est moi qui vous ai opéré ». Je lui ai dit :
« Merci beaucoup docteur, vous m’avez sauvé la vie ». Une fois par jour,
le médecin est passé voir les malades. Il m’a demandé : « Comment ça
va aujourd’hui ? » Je lui ai répondu : « Chaque jour ça va de mieux en
mieux ». Il était content de ma réponse.
L
Ravy LENOBLE
Centre SocioCulturel JSK Camille Claus, Strasbourg
Tout ce peuple qui recherche le bonheur.
Le sourire
La joie
Le pardon.
Philippe LEITHEIM
Association Adèle de Glaubitz, ESAT Saint-André, Cernay
138
139
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Le travail c’est l’argent
Comme travail, j’ai fait de la vente en libre service. Ce fut mon tout premier.
J’ai ensuite fait de la mécanique automobile pendant mes années de lycée.
Travaillez, prenez les armes
Je ne voudrais pas faire de la comptabilité parce que je n’aime pas les
mathématiques. Je n’aimerais pas travailler dans un restaurant ou un
hôtel à cause des horaires à tomber par terre. Je ne voudrais pas être
enseignant pour ne pas avoir de dépression nerveuse (même s’ils ont
plein de vacances). Je ne voudrais pas être avocat parce que je ne suis pas
un orateur.
C’est le combat de votre vie
Un riche avenir
Fit venir des enfants
Garçon, fille,
Que nous a donné le ciel
Un trésor n’est jamais trop loin.
Je ne sais pas, c’est sorti comme ça.
Remuez votre esprit
Creusez, fouillez, cherchez
Je voudrais faire historien sur le terrain car j’adore l’histoire mais c’est trop
tard et je déteste étudier. Je voudrais être pilote d’avion mais je n’ai pas
d’argent pour prendre des cours de pilotage. Je voudrais être président parce
qu’ils sont super bien payés mais je déteste étudier. Je voudrais être astronaute pour voir des extraterrestres mais je n’ai pas la condition physique.
Mais par-dessus tout, je voudrais être multimilliardaire pour ne plus avoir
à travailler.
Michaël LINDECKER
APP Re.Form.E, Strasbourg
L
Où se trouvent le bien et le mal
Le père ne nous a pas mis ici pour rien !
De père en fils
Si bien qu’un jour on s’est retrouvé des milliards
Il en ramassera de la haine et de l’amour.
De l’argent il devra se méfier
De leur montrer la bonne voie
Que le travail peut leur amener de l’argent,
Et je l’espère du bonheur.
Aurore LEROY
Tremplins, Sélestat
140
A la manière d’Eugène Guillevic…
J’ai vu le garagiste qui répare les moteurs.
J’ai vu le dentiste qui soigne les dents.
J’ai vu le coiffeur qui coupe les cheveux.
J’ai vu le peintre qui arrache le papier et colorie les murs.
J’ai vu les pompiers qui éteignent le feu et sauvent les gens en danger.
J’ai vu le technicien qui répare la télévision.
J’ai vu le docteur qui soigne les malades.
J’ai vu le boulanger qui cuit le pain.
J’ai vu le facteur qui trie le courrier et le distribue.
Et moi, je suis retraité
et j’aime regarder les gens qui travaillent !
Yves LEVY
Association Trampoline, Molsheim
141
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
J’aimerais me marier avec un homme
Qui a le même âge que moi,
Faire un banquet pour le mariage
Et la réception du soir.
J’aimerais faire la boum jusqu’au bout de la nuit
Et partir en voyage de noces
A un endroit rêvé à la Martinique avec lui.
Je rentrerai avec mon mari,
Juste à l’heure du dîner du soir en famille
Pour manger de la tarte flambée
Et des pizzas avec du fromage de Suisse
Que j’aime beaucoup avec mon mari.
Mais aussi une chose :
Je ne peux pas faire d’enfants.
Moi, ce que je veux :
Me marier en plein air
Comme dans un rêve de conte de fées.
TEXTES INDIVIDUELS
J’aime bien travailler parce que j’ai de gentils collègues de travail sympathiques, que je gagne de l’argent pour m’acheter ce que j’ai envie et aussi
pour partir en vacances.
Avec mes premiers salaires, je me suis achetée une jolie chambre à coucher.
Maintenant que j’ai fini de la payer, je mets des sous de côté pour les
vacances.
Je m’achète des habits d’été que je porterai en vacances, mais que je mets
dans ma valise en attendant. Le premier jour de vacances avec mes
parents, nous mettons les valises dans la voiture et on part le matin très tôt
pour faire tous les kilomètres jusqu’à La Rochelle. On part à 5 heures du
matin et mes parents roulent presque toute la journée, on pique-nique en
chemin et on arrive à la maison de La Rochelle vers 4 heures de l’après
midi. Ça nous arrive aussi de nous arrêter en chemin pour visiter le
Futuroscope à Poitiers.
Le soir, on va au lit de bonne heure, car on est très fatigué, et le lendemain
matin, on va faire les courses pour manger, on téléphone aux cousins et
aux cousines pour dire qu’on est bien arrivé. On se raconte plein de
choses, d’Alsace et de chez eux, et on organise nos vacances avec eux. On
décide si on va aller à la piscine, à la plage, ramasser des coquillages, aller
à Ford Boyard, à Chatellaillon-sur-Plage, au port de La Rochelle et aux Iles
de Ré, d’Oléron, et de Noirmoutier… On parle aussi de visiter la Corderie
Royale à Rochefort-sur-Mer, et du Zoo de la Palmyre à Royan.
L
Je me rappelle aussi qu’on a été en vacances au Cap d’Agde et à Monaco
dans un appartement de vacances. On a été à la plage et on a visité un
aquarium géant de poissons de toutes sortes. On a été aussi au restaurant,
et ça nous a beaucoup plu.
J’aimerais bien y retourner, car c’était de bons souvenirs, et on s’amusait
beaucoup.
Comme le film le samedi soir
Qui s’appelle « les frères Scott ».
Laëtitia LOTTE
ESAT Papillons Blancs, Soultz
Aline LOEFFLER
ADAPEI du Bas-Rhin, ESAT Wissembourg
142
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Le garçon de mes rêves les plus fous !
De l’autre côté du travail, du côté de l’Opéra, j’ai rencontré Aladin !
Il était sexy, beau gosse et mignon comme Mickaël Vendetta,
avec une belle voix et de beaux yeux !
Il m’a fait penser à mon petit copain que j’ai envie d’épouser !
Aladin est un pauvre jeune homme, un peu voleur !
Il est le héros de l’histoire, un prince fidèle à sa princesse.
Le décor est magique et féerique !
J’ai vu des tapis merveilleux, une table à repasser adorable,
un livre « canon » qui s’ouvrait comme par enchantement,
une fleur cueillie par Aladin sur le tapis pour sa princesse,
le blanc comme la neige pour les mariés,
le noir comme la nuit pour les méchants !
Les génies sont drôles quand ils font l’éléphant et les fous !
Le spectacle était plein de magie avec des effets spéciaux qui
m’ont émerveillée ! J’ai adoré et été émue par le mariage, ce rêve fou !
Emmanuelle LOUYOT
La SAJH, Strasbourg
L’amitié
L'amitié, cela se cultive
L'amitié, cela s'entretient
Si tu désires que cela vive, il faut y mettre du tien
Partager tes idées
Partager tes amitiés
Laisse parler ton cœur,
Toujours ensoleillé, journées ennuagées
Regarde autour de toi
Regarde et tu me verras
Tel le reflet d'un miroir, toujours à tes côtés
Mon amitié n'a pas de frontière
Mon amitié est sincère.
Un atelier d’écriture
Ce n’est qu’ici que j’ai découvert le plaisir d’écrire
car en quelque sorte c’est une création,
quelque chose de nouveau, de mystérieux, d’inconnu.
C’est un plongeon dans le monde où on peut rire aux larmes,
aimer à la folie, détester, mépriser et ainsi de suite.
Cela m’intéresse, cela m’attire.
Quelqu’un peut me répliquer que
ce n’est pas la peine de perdre son temps.
Il y a des écrivains qui consacrent toute leur vie à cela.
Certes, je ne suis pas écrivain.
C’est un talent qui ne peut pas être donné à tous
mais tout de même je désire être dans ce rôle.
Pourquoi pas ?
L
Dans l’écrit, je mets mon âme à nu ;
je dépose mon humeur, mon amour,
mon point de vue, mes émotions.
Quand je termine mon travail d’écriture
et que je parle en toute confiance
je suis tout à fait satisfaite,
cela me donne des forces pour continuer.
En même temps en écrivant, j’améliore mon français
donc je fais d’une pierre deux coups.
Pour finir
je m’adresse à ceux qui n’ont pas éprouvé la joie d’écrire.
Dépêchez-vous ! Créez !
On peut toujours essayer. Marché conclu ?
Bonne chance !
Alla LOVITON
Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg
Lucas
GIP FI, Maison d’arrêt Elsau, Strasbourg
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Le bonheur d’écrire et lire, c’est… quoi ?
Le bonheur d’écrire et lire, c’est… quoi ?
Le bonheur d’écrire et lire, c’est… !
Ce n’est pas un hasard.
Ce n’est pas un miracle.
Ce n’est pas une marchandise.
Ce n’est pas à acheter.
Ce n’est pas aléa.
Ce n’est pas un secret.
Ce n’est pas un sacre.
Ce n’est pas un jeu.
Ce n’est pas un rêve.
Il n’y a pas d’âge.
Il n’y a pas de saison.
Il n’y a pas d’heure.
Ce n’est pas le droit de chacun.
Le droit de chacun, c’est d’écrire et lire tous les jours.
La merveilleuse solution, c’est quoi ?
- C’est le combat de tous les jours, toutes les semaines,
tous les mois et toute l’année,
- Le bonheur, c’est plutôt l’envie d’avoir du temps à se consacrer,
à la lecture et à l’écriture, pour se donner les moyens du savoir.
Je dédie ce texte à toutes les personnes qui apprennent à écrire, à lire
et à parler la langue française. Ne perdez jamais espoir, ne pas chagriner,
accrochez-vous à la vie avec force. La France, c’est le pays social et dans
toutes les villes, tous les villages, tous les quartiers, il y a des centres
sociaux et des bibliothèques qui soutiennent les étrangers.
Grâce au Centre Social et Culturel Victor Schœlcher et la Bibliothèque
de Cronenbourg, je suis capable d’écrire et lire le français et parler de
beaucoup de choses de la vie actuelle en France. C’est merveilleux !
Je les remercie. Pour moi, lire et écrire et parler la langue française,
c’est le commencement de la joie.
Egypte : Terre des pharaons !
Le Nil coule du Nord au Sud dans ce pays riche en histoires. Ses abords
sont bordés de verdure. Les Egyptiens vivent, travaillent en cultivant leurs
champs. Le sable est comme posé aux alentours.
Le nord du pays : la ville du Caire, très peuplée avec ses quartiers riches
et ses bidonvilles, tous entassés les uns sur les autres. La crème c’est le
musée du Caire où on trouve le masque de Toutankhamon tout en or et
bien d’autres richesses.
Il y a aussi les pyramides de Gizeh qui se dressent, majestueuses, sur une
petite colline. La vallée des rois où les pharaons et leurs familles sont couchés
dans les tombeaux. Les dessins et les hiéroglyphes nous en donnent plein
la vue. Le site de Karnak est grandiose. Les sons et lumières de Philae sont
inoubliables ainsi que la traversée d’une partie du désert pour atteindre
le site d’Abou Simbel où Ramsès II est embaumé. Un dernier petit tour à
Assouan, au souk, au barrage…
L
Une image éblouissante et chaleureuse est restée dans mon cœur : le lever
du soleil vu de l’avion qui me ramène dans notre pays froid.
Blandine LUDWIG
ReFormE, Lingolsheim
Somdeth LUANGPRASEUTH
Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Recette pour construire la Maison du Bonheur
L’échappée
Mon travail consiste à vendre des DVD et des CD sur Priceminister.
J’ai un compte sur Priceminister. J’imprime les adresses des destinataires…
Un jour, de l’autre côté du travail, j’ai rencontré Aladin.
Il était mignon, habillé en blanc avec un turban.
Au début du spectacle, il était juste Aladin, un pauvre gamin.
Puis il devint un homme important qui ne perdait pas son temps.
Il était courageux, brave, souriant et charmant.
J’ai rencontré Aladin dans un décor de rêve :
sublime, extraordinaire, magnifique, mirifique !
Il y avait plein de tapis qui faisaient penser aux tapis volants !
Il y avait un livre géant qui s’ouvrait, se transformait !
Il y avait une valise rouge avec une lampe magique !
Il y avait un décor bleu avec des musiciens heureux !
Il y avait un cœur, comme une lumière d’aurore sur le décor !
J’ai rencontré Aladin, j’en étais toute tourneboulée et émerveillée !
J’ai aimé, adoré le mariage de la princesse avec Aladin !
C’était super génial !
Stéphanie LUTZ
La SAJH, Strasbourg
Pour construire ma Maison, j’ai besoin :
D’1 mètre d’architecte pour les plans !
De 2 kilos de maçons pour monter les briques !
De 3 stères de charpentiers pour poser la toiture !
De 4 litres de plombiers pour installer des tuyaux !
De 5 kilos watts d’électriciens pour poser les câbles !
De 6 mètres carrés de carreleurs pour la salle de bain et la cuisine !
Pour vivre dans la Maison du Bonheur :
1 Saupoudrer la maison avec des chansons !
2 Ajouter de la musique !
3 Secouer de la joie !
4 Mélanger de rires !
5 Parsemer de décos et de couleurs !
6 Joindre confort et chaleur !
Consommer sans modération, avec bonheur !
L
Laëtitia L.
La SAJH, Strasbourg
Michael Jackson n’est pas mort
Alysson Jackson dans mes pensées, Michael Jackson n'est pas mort. Moi
dans mes pensées je suis mariée avec Michael Jackson depuis le 5 décembre
2009. Dans mes pensées, je m'appelle Alysson Jackson. Et nous avons eu un
bébé ensemble le 29 novembre 2009. Une fille, elle s'appelle Michaela.
J'aime très fort Michael Jackson et lui aussi il m'aime très fort. Il ne me déçoit
jamais, il est gentil, intelligent et très beau. Ses enfants, Paris, Blanket et
Prince sont adorables. Paris a dit que Michael est le meilleur père qu'on
puisse imaginer, et c'est vrai. Michael Jackson est le roi de la pop musique,
aucun autre chanteur ne sera le roi de la pop. C'est uniquement Michael.
Michael adore les chips, le chocolat, le potage aux légumes, le poulet et les
frites, et ses enfants aussi.
Alysson LUX
Association GEM Aube, Strasbourg
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Le menuisier
Un petit atelier
dans un grenier
rue des Prés.
Un petit homme carré,
un banc de menuisier
posé sur un trépied
sur lequel on pouvait
raboter, assembler, jointer, graver.
Quelquefois il fabriquait
de magnifiques armoires
à trois panneaux sculptés.
Il était heureux comme un roi,
chantait à longueur de journée.
Le commerce prospérait,
les commandes affluaient.
Sans s’arrêter, il travaillait.
Toutes ces années à confectionner,
réparer, retoucher, patiner
les meubles qu’il avait créés.
La sciure parsemait le plancher,
l’odeur vous chatouillait le nez.
Maintenant, l’atelier est fermé,
l’homme est retraité,
il a tout arrêté,
dommage, car il exerçait
le plus beau des métiers…
Hervé L.
Atelier d’écriture, Maison Centrale d’Ensisheim
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Une femme cent professions
Je ne suis pas une femme sans profession mais une femme avec cent
professions ! Je suis doctoresse, psychologue, infirmière, cuisinière,
repasseuse, coiffeuse, conseillère en image, diététicienne, maîtresse
d’école, pasteur et chanteuse à toutes heures du jour et de la nuit.
Par contre, lorsqu’il m’arrive de demander un service à mes enfants, ils me
répondent systématiquement : « Tu me donnes quoi en échange ? ». J’ai
envie de leur dire : « Mais je vous consacre déjà toute ma vie, ingrats que
vous êtes ! Tout ce que je fais pour vous est gratuit et guidé par l’amour ».
Vivement qu’ils volent tous de leurs propres ailes pour que maman poule
puisse elle aussi sortir du nid familial et s’occuper de son plumage.
Allez, plus que vingt ans à tenir !
Mami Bloue
Association Lupovino, Strasbourg
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre
Pour moi, si le travail plaît, il cesse d’être du travail ! Je pense que
le travail dépend du caractère de chacun. Parfois, il y a des périodes
d’interruption pour des raisons familiales, d’émigration ou de santé.
Aujourd’hui, je suis maman en France ;
hier, j’étais professeur en Ukraine ;
demain, je serai…
Les femmes comprennent ce que je veux dire quand on parle du travail
ou d’être mère au foyer. En effet, être maman ce n’est pas pour
une courte durée, c’est pour toujours. Nous apprenons la vie à
nos enfants, nous les élevons, nous nous faisons du souci pour eux,
nous leur ouvrons tous les secrets du monde et pour comprendre mieux
nos enfants, il faut se mettre à leur place et c’est suffisamment fatigant.
Je crois que chaque personne a un talent et un don et des capacités.
Je ne veux pas parler seulement de ce qu’on a appris ou de ce qu’on
connaît déjà mais du plaisir que peut apporter le travail.
en tête, tu mènes le cortège
avec ton chapeau blanc de neige
ouvre le bal au printemps
danse avec le vent
tu fais ce qui te plait
c’est ton anniversaire et je le sais
c’est déjà la mi-saison
les vacances c’est la passion
pour qui ton cœur s’est-il épris ?
c’est le brouillard et tu rentres à Paris
une pensée pour nos chers évadés
c’est Noël et on va fêter la nouvelle année
Et douze mois de plus
Ma fille,
Pour te dire que tu me manques.
M
Si nous travaillons, nous avons de nouveaux amis, de nouveaux
regards sur la vie mais dès le moment où l’on s’arrête, on se perd,
on perd des contacts, les occasions de sortir, de s’habiller, de faire
des rencontres mais le temps passe et personne ne peut le retenir
ou en offrir comme cadeau.
Un jour, nous pourrons nous réveiller et nous poser la question :
qu’est-ce que j’ai fait dans la vie ? Comment mes connaissances
peuvent m’être utiles ou me servir à prendre des initiatives ?
Je voudrais que mes parents soient fiers de moi ainsi que ma famille
et mes amis. Donc, on choisit son travail en fonction de ses désirs.
Je trouve que c’est un grand plaisir quand les enfants admirent
leurs parents et apprécient leur profession mais c’est important
de passer beaucoup de temps avec nos enfants en étant
en même temps leurs parents et leurs amis.
Tetyana MARINEAC
Association Trampoline, Molsheim
Gabrielle M.
ReFormE, Lingolsheim
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153
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Après le travail
Quand on rentre à la maison. J’aime être tranquille et me reposer. J’aime
écouter la musique, dessiner, lire des beaux livres. Après le repas, je
regarde la télé, les informations, la météo et je regarde un beau film, et
parfois j’aime aller au cinéma.
Les week-ends. Les quatre jours à la maison. Vendredi, nous allons faire
les courses avec ma maman et ma belle-sœur. Parfois pour me faire plaisir,
maman m’achète une bricole. Samedi, j’aime sortir et me promener dans
les magasins et en ville, pour regarder les belles choses. Parfois, je vais à
la piscine pour l’aqua fitness. Dimanche matin, je vais à la messe. L’aprèsmidi, nous allons nous promener en famille et parfois je vais faire du vélo
ou de la marche. Souvent nous prenons le café en famille. Lundi, j’aime
encore me reposer. Je prépare mes affaires. Le soir, je lis beaucoup les livres
sur Grand Galop, j’aime beaucoup faire des jeux de société en famille. Tous
les matins, j’aime écouter la radio dans mon lit. Le premier mercredi du
mois, j’aime aller à la bibliothèque.
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre
pour te dire bonne année
pour te souhaiter bonne fête mon cœur
pour que l’hiver laisse sa place au printemps
attention ne te découvre pas d’un fil
voilà les premiers brins de muguet
enfin une année scolaire terminée
bientôt les vacances
enfin rendez-vous à la mer
et voilà la rentrée reprend
c’est le temps des vendanges
économisez pour les cadeaux de Noël
joyeux anniversaire mon petit fils
Sylvia MAZZOTTA
ReFormE, Lingolsheim
M
Marie-Rose MARSEILLE
ESAT Papillons Blancs, Soultz
Un homme qui marchait vers la gare
Travaillez, préparez, c’est le métier !
J’habite une petite ville en France.
Derrière la montagne, derrière la forêt.
Une belle région - L’Alsace.
Je ne parle pas encore la langue française.
Deux jours par semaine je vais au cours.
Je travaille à la pizzeria.
Tous les jours tous les soirs
sauf le lundi je dois aller au travail.
Je travaille avec plaisir - grand plaisir.
J’aime beaucoup la cuisine polonaise.
J’ai la passion de la cuisine.
Grazyna M.
Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines
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Un riche héritier
nous fit venir à la gare de Colmar.
Que nous avons marché !
Un trésor est trouvé
je ne sais pas comment le ramener.
Vous le roulez !
Remuez votre purée
creusez, fouillez dans un livre où il était.
Le père de Delphine que je connais si bien
qu’il en râle à chaque fois que je parle d’argent.
Il me dit de leur montrer mes motivations
pour que le travail soit bien fait.
Frédéric MAZZOTTA
Tremplins, Sélestat
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Mon premier travail
Ma chance
Un jour l’agence m’a appelée. Quand elle m’a appelée j’étais dehors avec
la fille de mon beau-frère pour donner les cartons de mariage de ma belle
sœur. Mon téléphone a sonné, c’était l’agence, la dame m’a dit : « il faut
que tu viennes maintenant à Sélestat pour t’inscrire. » Moi j’ai eu peur.
Alors je suis allée à la maison pour prendre les papiers et je suis partie à
temps et j’ai rempli le dossier. Elle m’a dit qu’il faut que je commence le
travail demain à 5h30 du matin. Le soir j’ai pas bien dormi. Je pense beaucoup à comment est le travail parce que c’est mon premier travail. Je me
suis réveillée à 4h30 et à 5h05 mon mari m’a emmenée jusqu’à la porte.
Je lui ai dit « tu viens avec moi » et heureusement il y a une femme, je suis
entrée avec elle. Elle m’a montré où il y a les habits et comment ça
marche. On a commencé le travail, j’ai été à l’emballage avec la chef. Je
fais comme elle dit. A 13h j’étais trop fatiguée mais après 3 jours j’ai pris
l’habitude. Avec mes collègues on rigole en parlant de tout.
Je vais me battre jusqu’au dernier jour de ma vie.
Je dis qu’il faut avancer, ne pas aller en arrière parce que la vie est dure.
Si tu ne bouges pas, le bonheur ne vient pas devant la porte.
Si quelqu’un est paresseux il dit bonjour au malheur.
Je donne le conseil à tout le monde qui fait des cours de français
de pas laisser tomber à cause des enfants qui comptent plus
mais un jour les enfants sont partis.
Les enfants : chacun sa vie et après tu pleures et tu regrettes
parce que c’est trop tard pour apprendre et nous petit à petit, on vieillit.
Je te souhaite bonne chance et bon courage avant de dire
que c’est trop tard.
Nafissa MENNADI
Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines
M
Amira MEFAREDJ
Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines
Pour moi le travail de gardienne de bébés est trop difficile, trop dur.
Le travail ce n’est pas facile, mais je ne veux pas être chômeuse.
Je veux gagner des salaires, comme chômeuse on ne gagne rien du tout.
Sans argent on se tourne les pouces, on va nulle part.
J’ai envie de prendre l’avion pour voir la Terre autrement.
J’ai envie de me marier.
J’ai envie d’être maman, c’est aussi du travail que j’espère réussir.
Je n’attends que ce moment.
La journée de travail idéale serait une journée
qui commence quand on veut. En arrivant sur le lieu
de travail, mon chef vient me voir et me dit
qu’il n’y a rien à faire donc, pour passer le temps,
entre collègues, on se raconte des histoires,
on boit des cafés, on passe des coups de téléphone
et on rallonge la pause déjeuner selon notre désir.
Même scénario pour l’après-midi sauf que le chef
nous informe que l’on peut rentrer plus tôt et
que notre journée serait payée en totalité.
En rentrant à la maison, un bon bain bien chaud est coulé,
suivi d’un bon repas avec pour terminer
cette journée idéale, un film dans mon lit bien douillet.
Nassima MENECEUR
I.M.PRO La Ganzau, Strasbourg
Christopher MERKEL
ReFormE, Lingolsheim
Ce que je veux
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Voyage vers la liberté
L’été dernier je me suis évadé de la prison pour rentrer chez moi.
Trop envie de revoir ma famille.
Vite j’ai organisé ma cavale, j’ai réservé une couchette
dans un train de nuit pour partir à Toulon.
Avant de partir j’ai récupéré certaines affaires chez mes parents,
une fois la valise pleine, j’ai pris le train de nuit pour Toulon.
Là-bas pas besoin d’hôtel, je vais dormir chez les militaires au MESS.
La police ne me retrouvera pas,
pourtant je ferai plein de choses une fois là-bas.
J’irai à la plage, j’irai à la piscine.
Et la police ne me retrouvera pas, j’en suis sûr.
Vive la liberté !
Jordan MEYER
I.M.PRO La Ganzau, Strasbourg
Luth
A l’écoute de son cœur
Qui vibre jusqu’au bout des doigts
Il ressent cette chaleur
Que lui transmet le bois
Il transforme l’essence
Pour donner naissance
A l’harmonie de tous les sens
Ma FLEUR,
Après le travail, je suis tout content,
car je vais voir ma FLEUR,
je vais la retrouver
après une longue journée de travail.
Ma fleur m’a-t-elle attendu ?
158
M
Pour une portée, existence
Elle lui parle de l’ouïe
Des accords à l’infini
L’insolence des sons d’accord, d’esprit,
Dont l’archet se joue, inassouvi
Vite j’ouvre la porte
Elle lui compose des lendemains
et je la retrouve MA FLEUR.
En mélodies joies et chagrins
Belle, rose, superbe, impatiente,
En virtuose il lui prête main
Je l’aime ma FLEUR…
Baiser coquin, amour, destin…
Antoine MEYER
ESAT Saint-André, Les Ateliers du Steinkreuz, Wintzenheim
Eric M.
Atelier d’écriture, Maison Centrale d’Ensisheim
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
L’enfance perdue
Trop de travail,
Vaille que vaille,
Pour ces enfants
De petite taille.
Trop de problèmes,
Trop de fatigues,
Pour ces enfants
Qui veulent vivre.
Où sont leurs droits ?
Où sont leurs rêves ?
J’ai vu le brodeur
J’ai vu le brodeur trier les plus beaux tissus
J’ai vu le brodeur comparer plusieurs fils
J’ai vu le brodeur piquer avec une grande tendresse
J’ai vu le brodeur faire la plus belle fleur
J’ai vu le brodeur assembler les plus belles couleurs
Tu chantais et brodais en piquant le tissu avec un petite aiguille
Je garde ton image
Avec ton sourire aux lèvres
Moi j’assemble des mots
Et c’est un peu pareil
Dina MONTEIRO
CPCV Est, Hoenheim
M
Où est leur enfance ?
Pourquoi ils triment ?
On doit les respecter,
Laissez-leur la joie de vivre !
Dans le travail, il n'y a pas de grandes différences. En général toutes
sortes de travail augmentent l'intelligence morale et physique mais
il existe des travaux idéals qui dépendent de la pensée et de
la capacité physique. Pour moi le travail idéal, c'est un travail manuel,
bien équilibré c'est à dire un peu physique et un peu intellectuel.
Ces deux aspects donneront la santé parfaite.
Si on passe le temps sans réfléchir ou sans agitation du corps,
on est imparfait et c'est pas optimal.
Aussi, il faut chercher du travail, avoir un travail et le fruit de ce travail
est récompensé par la rémunération. Ça donne la forme :
« le travail c'est la santé » et il augmente l'intelligence.
Et je ne demande qu'une chose, pouvoir continuer en atelier d'écriture,
pour rester en forme.
Cristina MIHAI
Association Contact et Promotion, Strasbourg
Noël MOUTTOU
Centre Social et Familial Victor Hugo, Strasbourg
On doit les protéger,
On doit les aimer.
Un enfant, c’est sacré !
C’est leur temps
Pour courir et jouer
Pour rire et chanter.
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Je rêvais d’un uniforme !
Le travail c’est …
Quand j’étais petite, je faisais du scoutisme.
J’aimais porter l’uniforme.
D’abord j’étais scoute de France, après scoute d’Europe.
… produire beaucoup en un temps limité
J’adorais porter l’ensemble :
On avait :
un chapeau canadien
un foulard bleu et blanc
une chemise bleu ciel
une jupe culotte bleu marine
des chaussures de marche.
Et un sac à dos pour les sorties dans la nature, les forêts…
… respecter les conditions de travail
Pour mon métier,
j’aurais aimé être gendarme pour porter le képi et l’uniforme,
j’aurais aimé être pompier pour porter le casque,
éteindre le feu et sauver des vies,
j’aurais aimé être cuisinière pour porter la toque blanche
et préparer des petits plats,
j’aurais aimé être hôtesse de l’air pour porter le petit chapeau
et des hauts talons et aller dans les îles.
Mon travail c’est du conditionnement de produits commerciaux.
Mais je suis devenue blanchisseuse et je porte une blouse blanche ;
je lave et je repasse le linge des foyers et des restaurants.
Je suis heureuse.
Alexandra MULLER
Association Trampoline, Molsheim
… respecter les horaires imposés
… gagner de l’argent intelligemment
… occuper ses journées, faire quelque chose
… avoir un salaire à la fin du mois
Si j’étais très riche, je ne sais pas si j’aurais estimé nécessaire
de travailler. J’aurais pu faire tout ce que je veux tout au long
de mes journées, voire tout au long de ma vie.
M
Si j’étais valide, comme les autres, je serais plus autonome dans
mes déplacements. J’irais à Marseille rendre visite à ma petite amie.
Je pourrais également passer mes journées devant l’ordinateur.
Je surferais sur le web pendant des heures.
Je travaillerais peut-être ailleurs en France ou dans le monde.
Je vivrais une vie de valide, normalement, sans contraintes
et sans préjugés. Si j’étais encore valide, je pense que j’aurais été
traducteur franco-allemand. Je gagnerais bien ma vie et je vivrais
par mes propres moyens. J’aurais mon logement,
j’irais seul en vacances où je veux et quand je veux.
Sébastien MULLER
ESAT Fondation Sonnenhof, Bischwiller
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
En gris rouge et or
Ce mardi de décembre nous sommes allés visiter la bibliothèque André
Malraux. D’un côté du bâtiment se trouve un canal longé par le quai des
Belges, de l’autre une zone de magasins appelée Rivetoile. A l’entrée de
la bibliothèque se présente, à l’extérieur, deux grues qui appartiennent à
cette ancienne industrie et témoignent de l’histoire du bâtiment. De
grandes baies vitrées assurent un bel éclairage.
Accompagnés d’un guide nous visitons ce lieu. L’entrée, peinte au sol d’un
tapis rouge, se présente sur trois niveaux. Au rez-de-chaussée : accueil
avec un petit bar, aménagé comme un salon, lectures en tous genres,
revues, journaux. Le bâtiment est recouvert d’une peinture grise avec des
bandes rouges, accompagnées de bandes fluorescentes constituées de
lettres, et d’un traçage au sol. Les étages sont structurés par catégories :
enfants, adolescents et adultes. On y découvre des livres de toutes
spécialités : écologie, médecine, arts… Des appareils informatiques et des
téléviseurs sont disponibles à tous les étages.
En sortant de la bibliothèque, lieu convivial, chic et agréable, où l’on
aime se poser, on garde une image bien conçue et structurée d’un lieu de
culture qui incite à revenir. Tandis que dehors tout invite à faire l’école
buissonnière, à flâner sur les passerelles au bord de l’eau du canal bordé
d’arbres où voguent des cygnes et à rêver sur les bancs ensoleillés.
Christian MURER
ReFormE, Lingolsheim
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Choses agréables
Les couleurs des fleurs au printemps
Mes loisirs
Un lapin qui reste vert en hiver
De l’autre côté du travail, j’ai des passions.
Le dessinateur qui dessine un tableau
L’arc-en-ciel
Le cinéma, le dernier film que j’ai vu c’était « Avatar »
au cinéma de Guebwiller. J’aime aussi
les sorties de marche que je fais avec L’ASCETH.
Je regarde beaucoup la télé, ça me détend,
c’est mon passe-temps. J’ai beaucoup de DVD
des films d’action, policier, fiction et fantastique.
J’écoute beaucoup de musique sur l’ordinateur,
j’aime bien Céline Dion et Shakira.
Les plantes dans le désert
La nuit je dors…
Une personne qui obtient le prix Nobel
Un enfant qui creuse la terre avec ses
petites mains et met des graines dans la terre
Amani NABEIH FAKHORI
Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg
Femme de ménage
N
Un amour partagé
C’est un métier un peu difficile, parce que souvent il faut faire vite et bien.
Ça fait mal au dos parce qu’il faut se pencher. Mais c’est bien parce que
c’est une activité, donc c’est bon pour le moral et pour la vie, pour gagner
de l’argent. Il faut savoir ranger, être ordonné et organisé. Par exemple
quand quelqu’un est dans un bureau, il faut nettoyer un autre endroit en
attendant. On regarde, si la personne est encore occupée, on attend toujours. Quand le bureau est enfin libre, il faut se dépêcher. Il faut encore
courir pour avoir le bus, ça donne mal au ventre.
Je vous aime de tout mon cœur, ma fidèle amie, ce soir vous êtes douce.
J’aimerais vous serrer dans mes bras, que j’ouvre avec émotion.
Vous n’êtes plus triste, ni inquiète, je ressens notre joie
qui est comme un secret, un trésor.
Vous dévoiler mon Amour.
Je lis dans vos yeux amoureux, comme l’écriture qui éblouit mon cœur.
Vous découvrir.
Ce soleil qui brille dans nos visages, illumine les étoiles.
Vos cheveux volent à vive voix.
Vous êtes belle comme le jour.
Vous venez nous dire bonsoir,
Merci, au revoir.
Mary-Agnès NAVARATNAM
Centre SocioCulturel Phare de l’Ill, Illkirch-Graffenstaden
Renée NIEDERGANG
Association Adèle de Glaubitz, ESAT Saint-André, Cernay
Elle lave les bureaux, elle range, nettoie, elle passe l’aspirateur, lave les wc,
change le papier, le savon, lave les poignées de la porte… Elle rencontre
des personnes. Elle vide l’aspirateur quand il marche, sinon il faut demander
un autre aspirateur à la collègue.
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Jean-Luc NIASSY
ESAT Papillons Blancs, Soultz
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
De l’autre côté du travail…
Aucun homme ne peut vivre seul. Il a besoin de la rencontre avec le
monde, y compris aussi avec autrui. Chacun d’entre nous communique
par l’intermédiaire des différents moyens.
Nous utilisons notre langue, notre chair, nos activités et notre repos dans
le but d’exprimer ce qui se cache dans notre intériorité. La langue et la
chair créent la base de la communication ici et maintenant, tandis que
notre travail nous offre une chance de parler au-delà du temps et du lieu.
Le travail est l’un des premiers chemins pour entrer dans la relation avec
ce monde et même le dépasser. Par cette relation, l’homme commence à
dialoguer avec ce qu’il trouve de l’autre côté du travail…
Mais qu’est-ce qu’il y trouve ?
Qu’est-ce que rencontre l’homme grâce à la relation au travail ?
… se trouvent le monde et l’homme
Il est bien de montrer les trois catégories dans lesquelles nous mettons
tous les êtres rencontrés grâce au travail.
Le travail signifie d’abord la collaboration avec le monde, « le matériel »,
puis il se réfère aux autres et enfin il nous permet de nous découvrir nousmêmes dans une lumière nouvelle.
Les trois processus qui accompagnent toujours le travail sont les suivants :
le progrès, l’action extérieure ou intérieure et le repos.
Si le premier concerne le travail en soi-même, le deuxième consiste en
l’effort humain. Par contre, le repos qui se situe aussi de l’autre côté du
travail devient son élément et sa condition nécessaire.
… sont les produits du travail
Par contre, nous oublions le travail intellectuel et spirituel qui est issu de
la condition humaine et qui a lieu avant de démarrer d’autres activités.
L’homme rencontre le monde de l’autre côté du travail, y compris son
monde intérieur, le monde d’autrui ou encore le monde où il vit.
L’homme transforme ce monde et est également transformé par lui.
… on voit les valeurs
C’est en fait cette ouverture au monde et cette capacité à entrer dans la
relation qui font la valeur du travail. Dans la litanie des valeurs, on peut
mettre parmi beaucoup d’autres :
la responsabilité (qui est une condition indispensable de la maturité),
la connaissance de soi-même (qui permet de se développer proprement)
et la liberté (sans laquelle l’autonomie de la personne n’existe plus).
N
Mais la valeur la plus noble et la plus grande qui résume toutes les valeurs
par rapport à autrui et qui peut être pratiquée seulement par rapport à
autrui est l’amour.
Le travail bien fait exprime l’amour et le transmet.
« Le travail est un don quand il aide à comprendre ce que nous faisons
mais il peut être une malédiction quand il devient une fuite à la question
du sens de la vie ». Paul Coelho
Wotciech NIEMCZEWSKI
Association Trampoline, Molsheim
Le travail demande une étoffe c’est-à-dire le monde. Ce monde n’est pas
seulement la matière mais aussi l’homme lui-même ou son prochain.
On trouve le travail visible, celui qui permet de transmettre la culture et le
savoir du passé au futur, le plus facile à évaluer et à estimer.
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Travailler est primordial, mais ça tue la santé.
On a beau travailler, le salaire reste le même.
On nous répète souvent :
J’aurais voulu…
« Travailler plus, pour gagner plus ».
J’aurais voulu être poète,
Pour ouvrir des chemins de rêves,
Pour être la voix de tous les espoirs permis,
Pour être le chant de la beauté de la Terre.
En fin de compte, on nous exploite.
J’aurais voulu être peintre, même maudit,
Pour dessiner les mots interdits,
Pour donner des couleurs à mes pensées,
Pour, sur la toile, faire triompher la liberté.
pour subvenir à nos besoins et
J’aurais voulu être jardinier,
Pour arroser les espaces et les cœurs assoiffés,
Pour soigner les lèvres gercées de la Terre,
Pour semer des graines d’espoir.
C'est le moment où on décompresse,
J’aurais voulu être Amour, enfin,
Pour couler dans le cœur des humains,
Pour éteindre les colères et les armes,
Pour accueillir et sécher toutes les larmes.
Ceux qui s'enrichissent les poches, ce sont les patrons.
Mais, on est bien obligé de se lever le matin
aux besoins de notre famille.
Et, on a tous droit à des vacances.
N
après des mois d'effort au boulot et
des coups de pression que l'on encaisse
tout au long de l'année.
Si j'ai l'occasion de gagner au loto,
je ne travaillerais plus, je me referais une santé
et je changerais de vie.
Zeynep NG
Association Contact et Promotion, Strasbourg
Chercher un travail n'est pas facile.
Sans expérience ni qualification,
on ne vous donne pas de travail.
C. N.
GIP FI, Maison d’arrêt Elsau, Strasbourg
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« Ils ont dansé
Ils ont dansé autour des granges
Où le blé était enfermé
Où le blé était enfermé
Moulu fourbu vaincu battu »
Jacques Prévert
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Mes rêves
Cause féminine
Pour toi chéri
Tu ne porteras pas de vêtements d’occasion.
Tu ne sortiras pas faire du shopping tout seul.
Tu ne parleras pas longtemps aux autres filles.
Tu seras content quand je rentre à la maison.
Tu ne porteras pas la barbe.
Tu n’iras pas au restaurant tout seul.
C’est d’aller sur un bateau Croisière d’Alsace
avec mes parents, ma famille et mon copain.
Visiter les villes dans lesquelles on fera le réveillon.
On verra deux fleuves : la vallée du Rhin romantique
et la Moselle pittoresque.
Le départ de 8 h : arrivée dans les cabines.
Départ en croisière, visite du bateau, visite de la cuisine.
Repas à midi avec un super bon repas. Buffet froid et chaud
avec danse et réveillon jusqu’à 3 heures du matin,
et on se remet au lit.
Puis on fait des sorties dans les villes pour faire du lèche vitrine,
ou une promenade pour acheter des souvenirs.
Catherine OBERNESSER
ADAPEI du Bas-Rhin, ESAT Wissembourg
Tu ne sortiras pas le samedi
O
parce que nous faisons le ménage ensemble.
Tu ne resteras pas en ville la nuit.
Tu seras sympa avec les gens.
Tu seras au lit avec moi en même temps
Tu porteras notre bébé quand je suis dans la cuisine.
Tu penseras à ma famille.
Tu ne seras pas jaloux quand je sors de la maison.
Mary O.
Plurielles, Strasbourg
Le travail et moi
Je veux écrire mais je ne sais pas quoi écrire ! Ecrire pour moi
ce sont des mots, des phrases qui font du mal à mon cœur.
Ceux qui écrivent sur moi font encore plus mal,
ceux qui écrivent lors de mes synthèses ils disent, ils parlent de moi,
mais ce n’est jamais juste. Ils disent de moi des choses
que je ne veux pas entendre. Ce que je voudrais qu’ils écrivent
c’est que le travail c’est dur pour moi, qu’ils disent aussi
que je suis une fille gentille qui essaie de faire de son mieux.
Il faut qu’ils sachent que je ne serai jamais peintre d’art
et qu’ils voient ce que je suis ; une femme adulte
qui veut un travail tranquille, qui attend l’homme parfait.
Charlotte OSTER
I.M.PRO La Ganzau, Strasbourg
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Le menuisier
J’ai vu le menuisier
Choisir les barres d’aluminium de 6 mètres
J’ai vu le menuisier
Débiter les barres d’aluminium
J’ai vu le menuisier
Assembler les morceaux
J’ai vu le menuisier
Mettre les points dans les équerres
J’ai vu le menuisier
Visser les goupilles
Tu chantais menuisier
la tête tournée à gauche et à droite
en balayant la porte pour éviter de l’abîmer.
Je garde ton image
Avec plaisir
Moi j’assemble les mots
Et c’est un peu pareil.
John O.
CPCV Est, Hoenheim
Toutes les femmes
Une femme est très importante pour la vie.
C’est elle qui fait tourner la famille.
Elle accouche les enfants, elle les fait grandir,
elle travaille à la maison et dehors, alors il faut la respecter.
Aujourd’hui la femme se fait attraper, elle est maltraitée
et à part quelques associations, personne ne fait rien.
Fatma ÖZGÜN
Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Fidèle
Le règlement au travail selon moi…
Je vois l’amour entre l’homme et la moto,
Ça sert à ne pas faire n’importe quoi : moi ça m’énerve
les gens qui font comme bon leur semble.
Y’a un minimum à respecter, même à l’ESAT :
Je vois les filles et les garçons,
- Etre à l’heure
- Mettre sa blouse et ses chaussures de sécurité
- Aller à son poste de travail
- Etre soigneux et sérieux
- Ne pas se promener
- Ne pas grignoter à son poste
- Rester concentré, ne pas embêter les collègues
- Respecter le client et la marchandise
- Etre poli et respectueux avec les moniteurs et avec les collègues
- Faire la pause quand c’est l’heure et pas n’importe quand
- Venir propre au travail
- Avoir une tenue respectable et adaptée
C’est important pour moi,
et même quand on travaille en milieu ordinaire, c’est pareil.
Il y a des règles partout !
Audrey PARADIS
ESAT Fondation Sonnenhof, Bischwiller
la vie entre la famille, la copine.
Ma mère est une femme. Mon père est un homme.
Ma mère a un mari.
Je voudrais de la musique.
Je suis malheureux pour toi Grégory.
Je suis fidèle à toi comme l’amour.
P
Je suis fidèle à toi comme ami.
Je suis fidèle à toi comme chanteur.
Je suis fidèle à toi comme les motos.
Je suis fidèle à toi.
Je suis fidèle, tu es fidèle…
La joie, et le bonheur,
Que ton association m’apporte.
Je suis fidèle à ton souvenir.
Je m'appelle Elena.
J'habite à Strasbourg.
Je suis en France depuis 3 ans.
Je suis russe, j'apprends le français.
A ta mémoire, Grégory Lemarchal.
Cédric PARMENTIER
Association Adèle de Glaubitz, ESAT Saint-André, Cernay
Elena PATCHGUINA
Centre SocioCulturel Montagne Verte, Strasbourg
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Si j’étais un effaceur …
Ma fille
Si j’étais un effaceur,
J’effacerais le négatif.
J’effacerais la haine.
J’effacerais les personnes qui font le mal ! !
J’effacerais les bas salaires et les mauvais patrons
qui abusent de la naïveté et de la gentillesse des gens.
J’effacerais toutes les taxes, les impôts et les charges trop élevées.
Mon mari travaille 6 jours d’affilée après il est 4 jours à la maison.
Je suis femme au foyer, j’ai trois enfants : deux garçons, une fille.
Mon nouveau bébé est une petite fille,
elle est intéressée par les enfants.
Quand le travail est fini je pars en Turquie
j’attends ça avec impatience, le soleil de Turquie me manque.
Je suis impatiente de présenter ma fille à ma famille
mais j’aime la France.
Et pour finir …
J’effacerais mes collègues de formation :
Fabienne, tu es trop talentueuse en cuisine
et tu risques de me voler la vedette.
Laëtitia, je ne veux plus t’entendre dire : « Je vais tuer ton frère » !
Cathie, parle-moi d’autres choses que des travaux
à faire dans ta maison.
Minnie, pour l’amour de Dieu, arrête de dire :
« Oh, seigneur, j’en ai marre de ma vie ! »
Mamie tu es gentille, mais tu me saoules avec tes cakes, tes chocolats
et la limonade que tu caches consciencieusement sous ton lit la nuit.
Josiane, dire sans arrêt :
« Houlala, j’en ai marre d’Alponse » n’est pas une solution !
Touroute, arrête de toujours chercher fébrilement 2 euros
pour ton casino !
Sylviane, tu t’es effacée toi-même alors à bientôt !
Maria, quand vas-tu cesser de rouspéter à cause de ta voiture ?
Tafouya, ce n’est pas la peine de faire des grillades
si c’est pour ne pas inviter tes voisins d’en face !
Mais toi, Anne, je ne t’effacerais pas pour que tu continues
à me former toute seule !
Parce que je suis une femme absolument parfaite !
Patio
Association Lupovino, Strasbourg
Filiz PAYAT
Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines
P
Moi,
j’aimerais bien trouver un travail parce que
c’est important à mon âge de travailler.
Sortir plus et s’amuser.
Avoir plus de contact avec mes proches,
me faire plaisir en écoutant de la musique.
Aller pêcher avec mon père.
Etre heureux.
Pouvoir me débrouiller dans un appartement.
Faire du vélo quand les beaux jours arrivent.
Jean-Yves P.
Hôpital de jour, Haguenau
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181
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
De l’autre côté du travail
S’il y a bien une chose qui reste inconnue, c’est bien la relation des gens
quand ils sont de l’autre côté du miroir (du travail). A celui qui le veut et qui
ne l’a pas, c’est bien là, la dureté des gens qui cherchent et ne trouvent
pas.
Eh bien ! Plus d’inquiétude, un mouvement de société montre la voie à
entreprendre. Ce sont les créations d’entreprises individuelles. Il ne s’agit
plus de savoir faire quelque chose. Il suffit de l’entreprendre sans crainte
de se retrouver démuni de tout le lendemain. Le statut d’auto-entrepreneur
favorise la prise de risque mais attention, il s’agit de trouver une activité où
l’investissement ne doit pas être trop lourd.
Parce qu’aujourd’hui qu’est-ce que cultive une personne qui est à la
recherche d’une activité professionnelle. Nul doute, une carence à la
reconnaissance sociale. Avant même qu’il puisse dire qu’il est capable,
compétent et formé, on lui explique, au café du commerce sa fainéantise,
du dégoût et surtout du mépris, en souvenir, si l’individu l’a, lui-même,
exprimé à l’époque où il travaillait. Cette découverte n’est pas la seule, il
rencontrera régulièrement, les gens qui le suivent à Pôle Emploi qui
n’auront qu’un seul objectif : le faire sortir des demandeurs d’emploi sans
jamais s’occuper du caractère sociétal de la dite personne. Cette fonction
ne peut pas toujours être excusée, par la surcharge de travail qu’ont les
gens qui conduisent les chômeurs.
Ne parlons pas de sa vie de famille qui ressemble bien souvent à un
chantier à Haïti après un tremblement de terre.
Il ne lui reste plus que la compassion d’un chargé d’insertion, d’une
éventuelle association, qui le suit pour panser et épancher ses blessures
mentales. Certains devraient avoir le Prix Nobel de la paix pour éviter
l’explosion sociale qui guette à force de calmer la hargne, de certains à
retrouver une activité.
Ah, je ne passerai pas mon temps à vous dire que ceux qui travaillent
eux, n’ont aucune compassion pour les autres. Seul l’égoïsme règne, ils
veulent surtout ne pas se retrouver dehors de leur chère entreprise. Ils ne
s’imaginent même pas la souffrance que cela apporte. Aucun reporter,
s’est mis au chômage et a objectivement expliqué toutes les absurdités
du système.
P
Oui à mon avis, la société des gens qui cherchent doit changer. Les
systèmes ont fait preuves d’incapacité ! Il ne suffit plus de pleurer sur son
sort dévolu. Il faut créer son monde, celui de trouver son axe. Il doit être
original en profitant de cette possibilité d’être indépendant. Indépendant,
le chercheur d’emploi, il l’est. Il a été tellement refoulé que ça devrait lui
conférer quelques compétences. Oui, ne soyez plus dans l’attente de
recevoir un nouveau coup de bâton. Tendez la main à celui qui sera le plus
médisant. Expliquez-lui que vous débordez de courage et que rien ne vous
arrêtera et surtout faites-le. Vous verrez avec quelle envie certains salariés
vous regarderont comme une glace parfumée, en plein été. Oui, il vaut
mieux susciter l’envie ; la pitié il faut s’en relever et s’en faire un souvenir
des jours malheureux que vous savez être votre existence.
Oui, le travail c’est aussi être en guerre.
Alain PELLIZZONI
SIMOT, Route Nouvelle Alsace, Sélestat
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183
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Mamy Marguerite
Quand j'étais petite, à l'âge de 10 ans,
je travaillais dans les rizières.
Je plantais du riz et j'attrapais les poissons
dans la rizière pour les donner à maman.
A l'âge de 25 ans,
pendant le régime des Khmers Rouges,
j'ai été évacuée de Phnom Penh
et je suis partie dans la forêt.
Je n'ai pas revu ma famille parce que
nous étions séparés pendant notre évacuation.
Ly PEN
Centre SocioCulturel Montagne Verte, Strasbourg
Mon meilleur souvenir est la naissance de mon petit neveu.
J’étais à la rue et j’ai fait 40 kilomètres en stop
pour voir mon neveu et je suis rentré le soir à pied.
Ma mère s’est toujours très bien occupée de moi ;
étant petit, je faisais pas mal de bêtises et ma mère
très calme ne me grondait presque jamais.
En grandissant, mes rapports avec ma mère ont un peu
changé, maintenant c’est plus une copine qu’une mère.
Jimmy P.
Hôpital de jour, Haguenau
184
Voilà j’ai trouvé un travail. Formidable ! Maintenant que je l’ai, je suis
contente. J’ai eu de la chance, sans mon expérience, je serais peut-être
passée à côté de cette opportunité.
Mais non, mon obstination et mon entêtement ont porté des fruits. Je vais
maintenant gagner de l’argent, pas beaucoup mais quelle importance. Ce
travail va m’apporter beaucoup : amour à partager, chaleur à donner à
cette grand-mère dont je dois m’occuper. Discussions, petites histoires à
raconter… La personne que j’ai maintenant est très contente, elle m’attend
le soir assise dans son fauteuil, me guettant derrière ses rideaux. J’ouvre
la porte, elle a toujours son sourire quand elle me voit. Je m’assois sur le
bord de son lit, elle me parle de sa journée, me demande des nouvelles
des enfants. On regarde la télé et toutes les deux on a l’impression d’être
en famille. Bientôt vient l’heure de la toilette, mais avant, elle me demande
« Plus belle la vie » c’est sur quelle chaîne ? Je lui dis « La 3 » alors elle
change et nous regardons ensemble son feuilleton préféré. Voilà l’heure
est venue, je dois rentrer à la maison. Je lui dis « au-revoir » elle me dit
« à bientôt. Vous revenez quand ? » et je lui réponds « demain ! »
P
Marie PETIT
Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines
Moi Alexandre
Je ne veux pas être chômeur car je veux gagner de l’argent,
acheter une maison, faire des formations.
Je ne veux pas qu’on me dise des choses compliquées.
Je ne veux pas rester toute la journée à la maison,
le temps est trop long.
Sans argent pas de liberté !
Alexandre PEREA
I.M.PRO La Ganzau, Strasbourg
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Travail et curieuses vacances
A l’âge de 14 ans, alors que j’étais encore à l’école en Roumanie, j’ai commencé à réfléchir sérieusement à mon avenir, pour savoir notamment à
quel lycée je devais m’inscrire en fonction d’un certain choix.
Le week-end chez mes parents
Les week-ends, quand je rentre chez mes parents,
j’aime m’amuser avec mon petit neveu, ma petite nièce.
Et je sors avec mes parents dans le jardin.
Et j’aide mon père à couper du bois à la tronçonneuse pour le brûler.
Et je l’aide à réparer la voiture.
Et je range le garage pour la voiture.
Je travaille.
Je suis allé à la déchetterie avec mon père
pour jeter des vieilles choses de la remorque et de la voiture.
Et j’ai mangé des grillades, de la salade de maïs chez mes parents.
Et je regarde la télévision.
Et je dors.
Et dimanche soir, je suis rentré chez moi, rue du Canal.
Patrice POMMIEZ
ESAT Papillons Blancs, Soultz
Comme j’étais dans une situation matérielle modeste, j’ai grandi avec une
mère seule, dès l’âge de 9 ans j’ai été poussé à choisir un métier capable
de subvenir aux besoins de ma mère et moi-même. J’ai donc opté pour la
théologie orthodoxe. Je savais que la théologie n’était pas un métier, mais
une vocation, mais j’avais l’intuition que j’allais réussir dans cette voie et
que j’y étais appelé. J’ai ainsi préparé le dossier nécessaire pour entrer au
séminaire. J’avais toutes les capacités intellectuelles nécessaires et je
savais que je devais me donner à fond pour obtenir un bon classement et
pour réussir. Il fallait aussi de bons professeurs pour obtenir de bonnes
appréciations et puis il fallait également savoir bien chanter. Ensuite, les
recommandations du prêtre qui m’avait baptisé étaient indispensables.
Mais tout ceci n’était pas un obstacle pour moi et j’ai réussi le concours
d’entrée avec brio.
P
C’est ainsi qu’en automne j’ai commencé le séminaire. J’y ai passé cinq
belles années en y nouant de solides amitiés. J’ai gardé des souvenirs très
précis des cérémonies auxquelles j’avais participé. A chaque participation,
le curé me donnait un peu d’argent en échange.
Après les cinq ans de séminaire, le moment de passer le bac était venu et
je l’ai obtenu avec succès. C’est à ce moment là que j’aurais dû entrer en
faculté pour y effectuer trois années d’étude pour devenir prêtre. Mais pour
devenir prêtre, il y avait une obligation de mariage et la vie de célibataire
me convenait encore mieux à ce moment là. Alors je suis parti à Londres
où cette obligation n’était pas en vigueur et où le salaire était plus à même
de faire vivre toute ma famille. J’y ai travaillé durant deux ans puis, mon
contrat terminé, je voulais retourner dans mon pays. Avec une partie de
mes économies, j’ai décidé de faire un crochet et partir en vacances en
France et c’est ainsi que je suis arrivé en Alsace.
A présent, me voilà accusé, à ma grande surprise et sans fondement, d’escroquerie bancaire et incarcéré pour éclaircir ma situation et mettre en
évidence mon innocence.
Samuel P. B.
Association Espoir, Maison d’arrêt de Colmar
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Le boulanger
J’ai vu le boulanger
Tirer partie du pain
J’ai vu le boulanger
Qui versait de l’eau
Faire tomber la farine
Peser la pâte, frapper la miche
Ajouter le sel,
Sentir, goûter,
Chauffer le four
Et y mettre le pain
J’ai vu le boulanger
Qui travaillait avec plaisir.
Sacita POZDEEVA
Association Foyer Notre Dame - CADA Nord, Oberhausbergen
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Le trésor
Une petite histoire de travail
Travaillez, prenez
Je travaillais dans un magasin.
Je vendais des fruits.
Je travaillais 6 jours par semaine.
Je travaillais très vite,
beaucoup de clients venaient acheter dans le magasin.
Je travaillais 12 heures par jour pour 170€ par mois.
C’était pas beaucoup pour ma famille parce que
ma fille était malade et je pouvais pas payer les médicaments.
C’était très énervant.
Je changeais souvent de maison, j’étais fatigué.
C’est le métier.
Un riche après son travail
Fit venir avec lui
Un garçon
Qui nous ont pris
Un trésor est donc caché.
Je ne sais pas quand vous le trouvez
Naser REXHEPI
Association Foyer Notre Dame - CADA Nord, Oberhausbergen
R
Remuez votre portefeuille
Creusez, fouillez, réfléchissez
Où vous pourriez le trouver.
Le père m’a dit
De partir du bon pied pour que je puisse
Bien travailler tout en ramenant
L’argent à la maison et
De leur montrer ce que c’est :
Que le travail est difficile
Valérie REINLING
Tremplins, Sélestat
Le renard
Le renard roux chasse dans la forêt.
Le renard n'a rien à rire parce qu'il est chassé
par les chasseurs habillés en rouge et vert.
Certains renards ont la rage mais pas tous.
Ils viennent chasser dans les fermes
là où il y a des poules.
Ça fait des remous !
Michel R.
Hôpital de jour, Molsheim
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Mes premières vacances aux Baléares
Marmiton
Quand j’ai pris l’avion la première fois
Je n’étais pas tranquille.
Quand l’avion a décollé, ça allait.
Parler travail, en prison
Dans ces pays-là, il y a beaucoup de gens de couleur.
Les gens sont plus sympas et plus gentils.
Les marchés étaient moins chers.
Quelle dérision !
Les petits déjeuners le matin c’était super
car on peut choisir ce qu’on veut.
A midi c’est un buffet.
Un petit truc par là,
J’aime les vacances pour profiter de la mer, du temps et manger.
J’aime me promener le long de la plage.
Il faudrait une vraie formation
J’ai fait un tour en bateau dont le fond était en verre,
on voyait les poissons et les dauphins.
C’est une île où on peut rester toute l’année
ou alors que pour les vacances.
J’aime l’air de là-bas.
Nicolas RIBEYRON
ESAT Papillons Blancs, Soultz
On se moque de qui ?
Un petit truc par-ci
Ça fait juste passer le temps et basta !
Pour préparer la sortie de prison.
R
En attendant, je fais le marmiton.
Parmi tous les travaux proposés
C’est sûrement un des plus convoités
Même si c’est peu rémunéré,
Et puis cela fait passer le temps
Plonger ses soucis dans les marmites en tournant !
En plus j’aime faire la cuisine,
Innover, étonner, mijoter, pardieu,
Essayer - mais pas ici - des recettes fines,
Pour le plaisir du palet et des yeux !
Jonathan R.
Association Espoir, Maison d’arrêt de Colmar
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Aladin et l’archéologue
De l’autre côté du travail, à l’Opéra, j’ai rencontré Aladin. Il était très beau.
Il était petit. Il avait un pantalon et un turban blanc. Il était pieds-nus !
C’est un pauvre enfant qui errait dans les rues. Aladin était gentil et
généreux !
Le décor était merveilleux et astucieux, avec des musiciens… Je suis entrée
dans la grotte magique avec Aladin. Pendant ce temps, il se remplit les poches
de trésors. Moi, l’archéologue passionnée, j’observais : les stalactites qui
descendent, les stalagmites qui montent, au milieu des toiles d’araignée.
Je voyais des chauves-souris voler au-dessus d’une rivière souterraine…
A la lumière de la lampe magique, je découvre des bijoux étincelants, des
murs peints de splendides fresques, des pots, des vases très anciens, des
statuettes et de vieux outils, des boucliers, des épées, des haches, des
morceaux de bateau, des amphores, des sépultures avec des squelettes,
des armures, des lances, des assiettes, des couverts, des mosaïques, des
restes d’animaux, des pièces de monnaie ! Comment s’échapper et emporter
tous ces trésors ? C’est grâce aux chauves-souris que nous avons trouvé
le chemin de la sortie.
Avec ses richesses, Aladin a rendu heureuses sa mère et sa fiancée
Badroulboudour ! Moi, l’archéologue passionnée, je suis devenue célèbre
dans le monde entier...
Myriam RO’CH
La SAJH, Strasbourg
TEXTES INDIVIDUELS
J’aimerais bien me promener
Dans les forêts de sapins avec un ciel étoilé.
J’aimerais bien prendre une initiative pour partir seul,
En Egypte pour voir les pyramides et les musées,
Des hiéroglyphes, des momies, des statuettes,
Des Pharaons et des dieux en forme d’animal, de chat.
Partir aussi au Congo pour voir les forêts tropicales
Et les tribus.
J’aimerais bien me coucher
R
Et faire des rêves multicolores
Ou aller dans un endroit multicolore,
Avec un beau coucher de soleil rouge orangé et mauve
Et avec un ciel étoilé après dans la nuit,
Avec un ciel noir d’encre.
Stéphane ROTHENBACHER
ADAPEI du Bas-Rhin, ESAT Duttlenheim
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Il faudra réécrire une nouvelle page.
Il faudra apprendre un autre langage.
Tout change, d'ici et de là pour un nouvel âge.
Jadis prometteurs, les métiers ne garantissent
désormais plus le travail sans chômage !
Mon métier à moi était une illusion habillée
de mémoires avec blocage.
C'était un rêve pour construire mon paysage
sans péages !
C'était le pavé pour un travail de goût,
un travail mental sans charges.
Mais ce rêve n'a pas franchi la nuit et
la nuit n'a connu que des nuages.
Désespéré, je suis condamné pour l'éternité
à rechercher un autre métier avec courage !
Ambitieux pour une nouvelle version de reconnaissance,
je reprendrai mon chemin de voyage.
En me formant à un autre métier,
je changerai d'horizon
pour que mes jours soient mon rouage.
Ainsi condamné à recommencer et recommencer,
je retrouverai ma destinée sans barrage.
Mais au passage,
par ce virage assumé serais-je dans un camouflage ?
Ou dans la peau d’un lézard qui change ?
Ghayas ROUSTOM
Centre Social et Familial Victor Hugo, Strasbourg
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« On devient plutôt bossu
que riche en travaillant »
Proverbe Russe
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Femme
Choses qui me déçoivent
La guerre
Les différences entre les pauvres et les riches
Les relations familiales qui se distendent
La dévalorisation des valeurs
Les discriminations dans le monde
Être toujours une immigrée
Se sentir inutile
Se taire et supporter la cruauté
Voir à la même table la tristesse et la joie
La séparation des couples
Rester suspendue et ne pas savoir choisir entre deux chemins
J'ai beaucoup de travail en ce moment,
ma belle-mère est partie en Turquie
et je dois m'occuper de son jardin.
Mes enfants et moi, nous devons retourner la terre,
planter des piments, des haricots, des tomates,
des oignons verts et des fleurs.
Je vais aussi changer ma cuisine et
il ne faut pas oublier de déposer les enfants à l'école
ou à la Mosquée, faire la cuisine, aider les enfants
aux devoirs, bref le travail d'une femme !
Cahide SAGLAMER
Centre SocioCulturel Montagne Verte, Strasbourg
Choses agréables
La couleur rouge
La paix dans le monde
Etudier et toujours apprendre
L’égalité des droits entre les femmes et les hommes
Avoir confiance l’un envers l’autre
Ecouter la musique de la nature
S’allonger sur l’herbe et voir danser les feuilles sous un vent doux
S’abriter du soleil, à l’ombre des arbres en été
Se sentir unique au monde
Voir un beau sourire malgré la montagne de problèmes cachés
Voir des personnes très actives qui me donnent de l’énergie
Croire à la vie après la mort
La couleur rouge c’est la couleur de l’alerte !
La situation de l’homme qui cherche du travail est aussi alarmante
que le ciel devenant rouge feu, au crépuscule parce qu’elle est
sans issue, sans solution.
Comme disait le célèbre Darwin :
le travail a fait évoluer le singe en homme.
Les grands de ce monde devraient voir les difficultés des gens
à la recherche d’un emploi, ces malheureux qui demandent leur aide.
Sinon le monde reviendra à son état originel, à l’ère des primates.
Je cherche du travail maintenant et je ne voudrai pas rester un singe !
Donnez-moi donc du travail !
Même cueillir des bananes est un bon travail pour rester humain.
Je suis étranger et c’est un grand problème de se trouver
étranger et à la recherche d’un travail dans ce pays.
Donnez-nous du travail !
Sans boulot, nos mains sont angoissées…
Aziza SAFARI
Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg
S
Vladimir SANIER
Centre SocioCulturel Montagne Verte, Strasbourg
198
199
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Changement de cap
Le pâtissier
Depuis la fin de l’année, je me retrouve au bout de mon parcours professionnel et maintenant je savoure à longueur de journée de ne plus avoir
de contraintes d’horaire et d’organisation liées aux déplacements, à
l’emploi du temps, aux tâches quotidiennes.
J’ai vu le pâtissier
Sortir ses ingrédients
Pour l’instant, la France est encore un pays privilégié par rapport à l’âge
de la retraite et c’est ainsi que j’ai pu profiter des dispositions actuelles de
la loi pour faire de moi un jeune retraité.
Je fais les choses que j’ai envie de faire avec une liberté totale pour mes
horaires et cela me permet de les adapter davantage à mon rythme biologique. Cela ne m’empêche pas de toujours pouvoir me consacrer à mon
métier de menuisier et de faire ce qu’il me plaît.
L’autre chance est de me retrouver avec mon épouse, elle aussi à la
retraite, et de pouvoir réaliser nos projets communs : voyager et surtout
voir plus souvent les enfants.
Cependant, le changement de statut ne m’empêche pas de penser avec
nostalgie au temps révolu. Il me reste la satisfaction du travail effectué
pendant plus de vingt-cinq ans. Les horaires réguliers sans la pénibilité du
travail de nuit me convenaient parfaitement. En plus, j’ai eu la chance de
faire le métier que j’aime pendant tout ce temps.
Dans ma nouvelle vie, j’ai bien l’intention de garder le contact avec certains
collègues que j’ai appréciés afin de pouvoir discuter du temps passé pour
nous en remémorer les meilleurs moments.
Antoine SCHMICH
Association Trampoline, Molsheim
200
TEXTES INDIVIDUELS
J’ai vu le pâtissier
Comparer le meilleur
J’ai vu le pâtissier
Imaginer la plus belle pièce
J’ai vu le pâtissier
Devant sa pâte onctueuse
S
J’ai vu le pâtissier
Assembler et décorer
Je garde ton image
avec l’odeur du chocolat
Et moi j’assemble les mots
et c’est un peu pareil
Khedidja SCHMIDT
CPCV Est, Hoenheim
201
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Un tirage de bière
Intimité
Fuir la réalité,
Les personnes et leur secret,
L’objectif est-il de dire la vérité ?
De rester neutre ?
L’intime,
Deux personnes, des hommes… Ils s’aiment et dévoilent leur amour
Peut-on aimer ?
Etre différent, s’ouvrir, se dévoiler, ce n’est pas du théâtre.
Mais la vie.
Je suis un tirage de bière et j’ai la forme
d’une petite colonne en laiton doré.
Régulièrement astiqué par ma maîtresse,
je brille de mille feux alentour.
Je suis toujours très entouré et noyé dans un flot de paroles,
de discussions, de rires, de gaieté et j’aime ça !
J’éprouve beaucoup de plaisir quand je me sens monter
et jaillir par mes robinets, ce liquide ambré et délicieusement parfumé.
Ma joie est profonde quand j’entends les soupirs de satisfaction
autour de moi, après les premières gorgées.
Et si je pouvais m’exprimer, je vous dirais à tous,
Merci, merci, merci…
Marie-Claude SCHMITT
Association Adèle de Glaubitz, ESAT Saint-André, Cernay
Simone SCHNORR
Centre SocioCulturel Montagne Verte, Strasbourg
S
Homme, si tu m’aimes
Ploemeur
En août 1999, je me suis rendu
A Ploemeur, en Bretagne avec mon oncle,
Où j’ai fait plusieurs promenades,
Dont notamment sur la plage,
Où le sable était fin.
Il y avait aussi des coquillages.
La mer était calme et presque transparente.
Ça m’avait plu, car c’était sympa.
J’ai pu faire quelques sorties.
J’ai visité Lorient où je suis allé en salle de gym,
J’ai visité aussi une exposition de peintures.
Je suis allé à quelques terrasses.
J’ai passé un bon séjour.
Julien SCHNITZLER
ADAPEI du Bas-Rhin, ESAT Benfeld
202
Arrête la désertification !
Arrête la pollution !
Arrête ta stupidité !
Arrête ta méchanceté !
Arrête ton business !
Reviens sur terre, avant qu’il soit trop tard !
Car moi je craque…
La terre
Shériff
ReFormE, Lingolsheim
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Qu’est ce qu’il faut apprendre ou réapprendre ?
Mes années d’usine
J’ai travaillé à l’âge de 16 ans dans une usine qui confectionnait des collants,
bas et chaussettes. Nous étions une équipe qui s’entendait bien, on travaillait
8 heures en équipe, une fois le matin, une fois l’après-midi, c’était de la production, le chef-mécanicien se fâchait souvent car on cassait les aiguilles des
machines à tricoter, notre contrôleuse Rita était satisfaite de notre travail bien
fait.
A la pause café, j’adorais cet instant, car on prenait le casse-croûte et on
se racontait des blagues. Quand arrivait Noël, nous faisions une grande
fête avec les copines et les copains.
Quand notre usine a fermé ses portes, ça a été un grand déchirement de
cœur. Il a fallu des mois et des mois pour que l’on se remette du choc. Nous
étions quand même vingt ans ensemble, ce n’est pas rien. Beaucoup de
personnes ont trouvé du travail, moi je suis restée à la maison pour élever
mes trois filles.
Je revois souvent Madame Bertrand, ma chef de production, elle me fait
un grand sourire avec ses yeux bleus comme le ciel, me demande si ça va,
je lui réponds : « On fait aller. »
Olga SCHUB
Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines
Apprendre à aimer, apprendre à respecter
Apprendre à tout âge, par exemple faire la cuisine
Apprendre à dépenser de l’argent convenablement,
apprendre à ne pas manger n’importe quoi.
On apprend vite à devenir quelqu’un,
Mais ce quelqu’un ne reste pas toujours le même,
vers qui se tourner alors. Nos parents nous apprennent
tant de choses quand on est petit.
Mais personnellement je ne me souviens que de l’essentiel.
Isabelle S.
Hôpital de jour, Haguenau
S
Femme : bonne résistance
Toutes les femmes ont une bonne résistance, par exemple : dans ma vie,
j’en ai connu pas mal, malheur, bonheur, richesses, gloires… Certaines
avaient du mal au début par la suite elles ont tout de même montré leur
bonne résistance.
Mon cas est celui-ci. J’ai perdu mon compagnon suite à un suicide il y a neuf
ans. J’ai passé des moments vraiment durs, alcool, suicide, malpropreté, je
restais chez moi volets clos. Il y a trois ans, j’ai fait la connaissance d’un
médecin tout à fait charmant, qui, par ses paroles et sa bonne humeur m’a
fait remonter la pente. Aujourd’hui, je me sens mieux grâce à ce médecin et
les gens que j’ai connu à l’hôpital de jour et je commence à avoir une bonne
résistance.
Gisèle S.
Hôpital de jour, Haguenau
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
L’amour - la nourriture de la vie
Un petit garçon croit qu'il est un infortuné dans ce monde. Il a une patte
folle et les dents saillantes à cause de séquelles de la poliomyélite. Donc,
il est taciturne et triste.
Elle et lui
Il y a celle qui répare mon vélo
Il y a celui qui dessine
Il y a celle qui pétrit le pain
Il y a celui qui pend son linge
Il y a celle qui prend sa truelle pour faire son mur
Il y a celui qui bavarde
Il y a celle qui nous montre des tours de magie
Il y a celui qui fait son ménage
Il y a celle qui nous soigne les dents
Il y a celui qui réconforte ses enfants
quand ils sont malades
Il y a celle qui règle nos lunettes
Il y a celui qui s'occupe de sa maisonnée
Il y a celui et celle qui s'embrassent avec tendresse.
Magali S.
Hôpital de jour, Molsheim
L'autre jour, son père a trouvé quelques jeunes arbres et a demandé à ses
enfants de les planter. Le père leur a dit qu’il va acheter un cadeau à celui
qui cultive le mieux son arbre. Le petit garçon a envie de gagner le cadeau
aussi. Mais quand il voit la forme de ses frères et sœurs qui arrosent
allègrement, il devient malheureux parce qu'au fond de son cœur, il sait
que son arbre ne peut survivre avec lui. Donc, il ne se soucie plus de son
arbre qu'il n'a arrosé qu'une seule fois.
Après quelques jours, quand le petit garçon revoit son arbre, il le trouve
curieusement en bonne santé et en plus avec quelques nouvelles feuilles.
Son arbre est plus vert et plus prospère que les autres. Le père a tenu sa
promesse et a acheté un cadeau de prédilection pour ce petit garçon. Avec
ça, son père se dit qu’il va devenir un brillant phytologiste dans un proche
avenir.
S
Depuis, le petit garçon devient actif et optimiste graduellement.
Un soir, il ne peut trouver le sommeil et il veut regarder comment va son
arbre. En arrivant dans la cour, il trouva son père entrain de l'arroser.
Immédiatement, le petit garçon se rend compte que son père a répandu
de l'engrais à son arbre en catimini. Le petit garçon rentre dans sa
chambre et les larmes jaillissent de ses yeux…
Bien des années ont passé, le petit garçon ne devient pas un brillant phytologiste, mais il devient le président de l'Amérique. Son nom est Franklin
Roosevelt.
Maintenant, on a un petit fils. Il a juste deux mois et il est faible comme un
petit arbre. En tant que ses parents, on voudrait lui donner les meilleurs
choses. Cet amour désintéressé se transforme en eau et qui va le faire
pousser vigoureusement. Cet amour immortel se transforme en engrais et
le fait prospérer.
L’amour est la nourriture de la vie. On est fermement convaincu que ce
« petit arbre » va devenir un grand arbre dans l’avenir proche.
Qindi SHAO
Centre Social et Familial Victor Hugo, Strasbourg
206
207
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
L’écrivain
Le mosaïste
En premier, il réfléchit, il prend les lettres
de l’alphabet, il les regarde une par une.
Il les manipule pour les mettre à leur bonne place,
pour former des mots. Il trouve ensuite les phrases,
en long comme en large. Il écrit, pour faire un texte,
ou une poésie, ou encore un roman ; et cela fera
un livre, qui trouvera sa place dans les magasins,
pour devenir peut-être une pièce de collection
qui se retrouvera dans une bibliothèque…
La plaque de granit est cassée avec un marteau
En plusieurs petits morceaux
Chaque petit morceau est taillé,
Avec une tenaille, un par un
Selon la forme voulue, désirée,
Pour composer,
Composer un dessin.
Philippe S.
Atelier d’écriture, Maison Centrale d’Ensisheim
Une fois la colle étalée,
S
On pose un à un ces morceaux de granit
Pour composer une mosaïque.
J’adore
Je fais du tissage de perles. Quand j’ai fini, je regarde
si c’est beau sur la table. Je fais des nappes, des très jolis
décors, tout le monde fait ça dans ma famille.
C’est une tradition. Quand j’étais petite, une fois,
ma sœur était partie à la cuisine pour boire de l’eau
moi j’ai profité de son absence et j’ai pris la nappe
qu’elle avait commencé et j’ai continué son travail
en regardant la porte parce que j’avais peur qu’elle me voit
mais après elle m’a tapée parce qu’elle aimait pas
que quelqu’un touche à son travail.
C’est comme ça que j’ai appris. Après ma maman
m’a appris à faire des choses plus compliquées.
Lifa SHPATOLLAJ
Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines
208
Cette mosaïque… unique, immortelle,
Libre de sujet, de couleur et de sentiment,
Parce que faite avec le cœur…
Maintenant… moi… ma vie mosaïque n’est plus,
Cassée, détruite, arrachée
Comme ces morceaux de granit
Enlevés un à un de la grande composition,
Comme racontée à l’envers.
Car le début commence par la fin…
Stéphane S.
Atelier d’écriture, Maison Centrale d’Ensisheim
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Où vont tous ces enfants ?
Le printemps
Le printemps c’est la nature qui se réveille après un hiver si dur,
quelle magnifique saison, on entend les oiseaux qui chantent,
on oublie le silence du froid et de la neige. On sort pour se promener,
on voit la verdure qui revient, les herbes poussent toutes vertes
et les arbres reprennent leurs feuilles et les fruits de toutes les couleurs,
sur les arbres et au sol sans oublier les jolies fleurs avec
leurs magnifiques odeurs.
Aicha S.R.
Centre Social AFSCO, Mulhouse
Où vont tous ces enfants ?
Ils s’en vont travailler
Dans des endroits très étranges,
Dans des ateliers obscurs
Ou sur des montagnes d’ordures,
Dans des mines profondes et noires,
Dans des enfers dans nul espoir.
La journée est longue.
Travail forcé, pas de pitié.
Mains gercées, pieds enflés,
Visages pâles, yeux fatigués.
S
La joie de l’enfance s’est envolée.
Pas le temps de jouer.
Pas le temps de rêver.
Pas le temps de construire.
Pas le temps de s’instruire.
Mon pays
Ils ne connaissent pas les caresses.
Ils ne reçoivent pas de tendresse.
Un endroit où il fait bon vivre
Où les gens savent te recevoir
La température est au rendez-vous
J’y ai passé une première partie de mon enfance
Des paysages agréables
C’est un peu de France et d’Espagne
Un goût d’océan Atlantique
Le grand sud-ouest de la France
Mon pays
Naître dans la misère.
Grandir dans le silence.
Ne connaître que le labeur,
La sueur et la peur.
Pourquoi ? Pourquoi ?
Est-ce là le destin d’un individu ?
Où porter plainte pour l’injustice vécue ?
Où est le salut ?
David SOLEMANA
APP Re.Form.E, Strasbourg
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Reihaneh SOLTANI
Association Contact et Promotion, Strasbourg
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Rêve d’enfance
Tout petit déjà, la médecine m’attirait.
J’étais très curieux de ce qui se passait dans le corps humain.
Chauffeur de bus
Je pensais que des petits bonhommes étaient à l’intérieur
pour le faire fonctionner.
Depuis le jour que j’ai obtenu mon permis de conduire B, c'est-à-dire le 19
novembre 2008, je ne poursuis qu’un rêve : passer le permis D - transports
en commun - pour devenir chauffeur de bus.
Je me voyais chirurgien en train d’opérer des cas graves
et sauver des vies.
Malheureusement ce rêve de petit garçon, je ne l’ai pas réalisé…
Mais j’ai pu travailler dans le milieu hospitalier !
Tafouya
Association Lupovino, Strasbourg
Droits des enfants
Article 1
Article 2
Article 3
Article 4
Article 5
Article 6
Article 7
Article 8
Article 9
Article 10
Article 11
Tout enfant a le droit à la liberté d’opinion.
Tout enfant a le droit de s’exprimer.
Tout enfant a le droit d’aller à l’école.
Tout enfant a le droit de s’amuser.
Tout enfant a le droit d’aller voir ses grands-parents.
Tout enfant a le droit de s’habiller correctement.
Tout enfant a le droit de manger.
Tout enfant a le droit de voir ses ami(e)s.
Tout enfant n’a pas le droit de frapper.
Tout enfant n’a pas le droit de voler.
Tout enfant ne doit pas crier.
Avant mon incarcération, j’avais reçu une proposition d’un Centre de
Formation ECF pour suivre des stages de conduite d’autocar, mais
malheureusement, tout cela est tombé à l’eau vu ma situation. Après ma
libération, je pense pouvoir mettre cela en cours très rapidement.
Je rêve de transporter des voyageurs dans toute l’Europe et découvrir
ainsi, avec eux, de nombreux pays que je ne connais pas, voir des villes et
villages différents, découvrir des rites et coutumes autres. Tout cela me
passionnerait énormément. Ce métier est plus qu’un travail, car le fait de
conduire et de voyager apporte en plus un énorme plaisir.
T
Alors j’espère vraiment un jour trouver une place dans ce domaine. Je
serais aussi heureux que le fameux jour du 19 novembre 2008, lorsque j’ai
obtenu le simple permis B ! Je mettrai tout en place pour réussir ce projet,
atteindre mon rêve et arriver au but. Je sais que j’y arriverai. Ce n’est
qu’une question de temps, de volonté et de mental !
Oui, un jour, je serai chauffeur de bus, rêve qui deviendra un jour réalité !
Alexandre T.
Association Espoir, Maison d’arrêt de Colmar
Zamzambanou TAHERALY
Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
La vie de famille
Quand je rentre à la maison, je suis contente.
Car je sais que je vais voir ma maman, ma mamie,
mes frères, ma sœur, mes neveux, mes belles-sœurs, mon beau-frère,
mes tatas, mes tontons et les animaux et les cousines et les cousins.
Quand je rentre à la maison et que j’ai vu ma famille,
je monte chez ma grand-mère.
Et après j’aide ma maman à la cuisine.
Et après quand c’est cuit, on mange et je fais la vaisselle.
Et après je regarde la télévision.
Et après je monte chez ma grand-mère.
Et après je me mets en pyjama et je regarde la télévision
et je vais dormir. Le week-end, j’aide ma maman au ménage.
Et l’après-midi, je vais aux courses et voir la famille.
Quand je rentre à la maison, je suis contente.
TEXTES INDIVIDUELS
Le boulanger
Et la coiffeuse
Dorment
Avec une bêche.
Ils prennent la voiture
Pour aller se promener.
Quand ils arrivent, ils voient des moutons
Marrons
En train de manger de l’herbe.
Le cuisinier
Et la coiffeuse
Font la cuisine
Avec du poulet.
Ils prennent l’avion
Pour aller au magasin.
Quand ils arrivent, ils voient des vaches
Rouges
En train de marcher.
T
Sevgi TEKIN
Association Parole et Soleil, Riedisheim
Nadia TEDESCO
ESAT Papillons Blancs, Soultz
Relation entre collègues
Ma relation avec les collègues est bien. Je retrouve plein d’amies.
Le travail en équipe se passe bien. Pendant la pause on s’amuse,
on rigole et on parle entre nous et on se repose.
On retrouve parfois son amoureux ou pas.
Le matin, on se retrouve, on dit bonjour puis on va travailler.
On parle souvent de ce qu’on fait le week-end après le travail.
Je vais chez ma mère, je joue avec mon petit frère,
on mange et on regarde la télévision et après, on va se coucher.
Sabrina THALMANN
ADAPEI du Bas-Rhin, ESAT Wissembourg
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Si je m’écris
Le retour du guerrier
Le réveil sonne. Début du calvaire pour la femme qui lui prépare ses
sandwiches et son café ; il se lève en râlant et il commence déjà à se
plaindre. La journée débute dans une ambiance de ras-le-bol. On prend le
petit déjeuner ensemble et évitons de parler de sujets trop chauds. Six
heures trente c’est l’heure du départ, et là madame sait que le reste de la
journée se passera tranquillement. Elle s’attarde sur les travaux quotidiens
en sachant que le temps n’a pas d’importance jusqu’au retour du cher et
tendre mari qui aura fini sa journée de travail.
J’écris une page à propos de mon fils
Depuis qu’il est né, j’ai trouvé beaucoup de couleurs dans ma vie
Il a trois ans, il est très mignon
Je peux sans cesse parler de lui.
De temps en temps, je suis fatiguée mais avec lui, je ris beaucoup.
Il adore la musique comme moi.
Il peut chanter et écouter la musique.
Il chante dans la langue vietnamienne ;
Il n’a pas encore appris le français
C’est vrai il est « ma vie »
Si j’avais les jours à compter…
Seize heure trente, bonjour l’angoisse, la nervosité s’installe, car elle ne
sait jamais dans quel état il va rentrer. Monsieur arrive, il parle de son
boulot, ses collègues, son patron, que la journée était bonne. Puis le
négatif prend le dessus : « Je suis fatigué, j’ai mal partout ». Ça vous fait
la gueule, vous ne savez pas vraiment pourquoi. Il ne faut surtout pas lui
demander de faire un petit travail chez lui car là il vous répond : «Tu crois
que je n’ai pas assez bossé ! ». Bref, vive le quotidien !
Si j’avais les jours à compter,
Je voudrais toujours partir en vacances au Viet Nam
J’aimerais être près de ma famille.
J’adorerais discuter avec ma mère, ma grand mère,
Ma tante et toute ma famille.
Je voudrais être une star, une chanteuse.
Je pourrais chanter toujours et partout.
Parfois je me demande si je ne serais pas mieux toute seule. Pourquoi le
mari se sent-il si bien au travail et si malheureux chez lui avec sa petite
famille ? Madame va t-elle encore accepter longtemps de faire le larbin ?
Dieu Chi TRUONG
Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg
T
Touroute
Association Lupovino, Strasbourg
Le mois prochain j'ai beaucoup de travail.
Je vais faire des travaux à la maison.
Je vais peindre, laver, lessiver, déplacer,
dépoussiérer, coller et décorer.
Mais pour l'instant, je vais me reposer
car rien que d'y penser, je suis déjà fatiguée !
Ayse TURHAN
Centre SocioCulturel Montagne Verte, Strasbourg
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
J'ai fini ma journée de travail, je prends mon sac à dos, mes clés, puis je
sors du dépôt. Je monte dans ma voiture pour rentrer à la maison après
ma dure journée de travail. Je m'arrête au tabac pour acheter des cigarettes
et une canette à boire et je reprends ma voiture pour rentrer à la maison.
J'arrive à la maison, je sors de ma voiture pour rentrer chez moi.
Arrivé à la maison, je laisse mon sac à dos dans la cuisine et je me dirige
vers la niche du chien. Je prends la laisse de mon chien et lui passe la
muselière. Je fais un petit tour pour qu'il puisse faire ses besoins. De
retour à la maison, je donne à manger et à boire au chien. Je vais prendre
ma douche, je m'habille et j'allume une cigarette assis devant la télévision
en attendant ma copine qui rentre du travail pour que l'on puisse passer
à table tous les deux.
Il est 18h, ma copine vient de rentrer du travail, on se fait un petit calinou.
Après, elle va nous préparer à manger tranquillement. Le dîner prêt, elle
m'appelle pour que je mette la table pour que l'on puisse passer à table
tous les deux en discutant de notre journée de travail. Une fois mangé, je
débarrasse la table puis ma copine fait la vaisselle. Je l'essuie. Une fois
tout ça fini, on se pose devant la télévision jusqu'à 20h.
Puis on va promener le chien tous les deux en amoureux. Après avoir
promené le chien, on rentre. Je ressors pour aller rejoindre des amis au
café du coin pour discuter un peu de notre journée de travail et faire
quelques parties de cartes avec eux. Vers 21h30, je rentre à la maison, je
fais un bisou à ma copine puis je vais refaire un tour avec le chien pour
qu'il fasse à nouveau ses besoins. Je me lave les mains et je rejoins ma
copine au lit pour nous coucher.
Talip
GIP FI, Maison d'arrêt Elsau, Strasbourg
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Ma confidence
Vivre libre
J’avais vraiment besoin que tu me remarques
Que faire quand les sentiments débarquent
Travailler, prévoir, anticiper
C’est le travail qui gagne !
Je vais vous en parler
L’amour d’une femme vient de m’appeler
C’était dans ma période de doutes
Qui a parcouru ma route
Des simples souvenirs
Qu’on n’arrive pas à décrire
Je voudrais déclarer ma flamme
Pour toi mon amour, ma femme
Loin d’un secret inavoué
Mon cœur reste secoué
Ma tête se pose les questions
Mon cœur s’ouvre à toutes les interrogations
Sans tes sentiments, je suis mal
Sans tes émotions, mon visage reste pâle
Un riche industriel
Fit venir le reste de l’équipe pour présenter le garçon
Que nous avons très bien apprécié en sachant qu’il a trouvé
Un trésor, est il vrai ou faux ?
Je ne sais pas
Vous le ferez expertiser
Remuez votre derrière
Creusez, fouillez, peut être y en a-t-il un autre
Ou bien ?
Le père fier de son garçon le félicita
De son flair.
Si bien qu’il fit une grande fête
Il en rapporta plein de bonnes choses mais que
L’argent ne fait pas le bonheur et
De leur montrer
Que le travail reste la seule façon d’être libre.
U
Valérie UNGER
Tremplins, Sélestat
Mon avenir à tes côtés va s’épanouir
Je n’oublierai jamais ton sourire
Je suis amoureux, c’est ma confidence
Je vous l’avoue car je vous fais confiance.
Je voudrais goûter le goût de la vie,
Entendre la musique douce de ton cœur,
Pouvoir toucher ton esprit
Laurent UHLEN
Association Adèle de Glaubitz, ESAT Saint-André, Cernay
Voir en ton rêve
Et sentir l’odeur de ta peau
Clemente URRIETA
APP Re.Form.E, Strasbourg
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Etre nez
J’y pense,
J’y pense depuis la naissance.
Déjà à l’école
Je sniffais mon tube de colle,
Je reniflais aussi mon poisson rouge dans son bocal,
Mais son odeur était loin de ressembler au santal.
A l’adolescence,
J’adorais aller à la pompe à essence.
Dans la cuisine de ma grand-mère
J’avais déjà du flair.
Même quand je faisais du tir à l’arc
J’entendais parler de toutes ces marques :
Gucci, Dior, Chanel
Y’en avait tout un pannel.
Pour moi le plus beau métier du monde
C’est celui qui est diffusé à chacune de vos rondes.
L’odeur du parfum
Qui enlève tous les chagrins,
Citronnée, mentholée, boisée,
Je la savoure avec volupté.
L’eau de toilette que l’on porte
Me transporte
Le métier de parfumeur
Me laisse toujours aussi rêveur.
William VINZIA
Association GEM Aube, Strasbourg
TEXTES INDIVIDUELS
J’ai appris à jouer au tennis à l’âge de sept ans.
Mon père m’a emmené un jour sur un terrain
et depuis je ne le quitte plus. Ma première raquette
était celle d’un grand joueur professionnel.
J’étais fier de pouvoir jouer avec une raquette comme ça.
Petit à petit, je suis devenu un grand joueur
et même un joueur professionnel.
Grâce à ce sport, je suis arrivé en France
où j’habite depuis dix ans. J’ai plein d’amis.
J’ai rencontré une personne fantastique
et j’ai très envie d’avoir mon diplôme de tennis
pour transmettre mon savoir-faire aux autres.
Ivan VUKOVIC
APP Re.Form.E, Strasbourg
V
Mes vœux pour la nouvelle année
J’aimerais changer de travail pour tout recommencer à zéro
et démarrer une nouvelle vie, faire un métier qui me plaise.
Plus en usine mais en plein air pour l’entretien des espaces verts
car j’aime par-dessus tout le contact avec la nature, la tranquillité,
la liberté…
J’ai eu la motivation et le courage de me prendre en main
et de suivre des cours de lecture et d’écriture.
Aujourd’hui, je suis fier de moi parce que je fais des progrès
chaque semaine et que je commence à lire et à écrire.
G.V.
Association Trampoline, Molsheim
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
J’ai vu le jardinier
Je l’ai vu bêcher la terre
Je l’ai vu planter des fleurs
Je l’ai vu tailler des arbres
Je l’ai vu arroser la pelouse
Je l’ai vu nettoyer la piscine
Il chantait fort en s’occupant du jardin
Je garde son image avec amitié
Moi j’assemble des mots
Et c’est un peu pareil
Fabrice V.
ReFormE, Lingolsheim
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Rêver, dormir
Mon père travaillait dans les champs
Quand je rentre du travail
Je me mets à l’aise
Puis je souffle, je m’allonge dans mon lit
Et je… m’endors.
Chez moi, dans l’île australe de Tubuai, mon père cultivait des légumes :
des choux-fleurs, des choux-rouges, des choux blancs, des tomates,
des asperges, des carottes, des poireaux, des taros (sorte de patate
douce qui pousse dans la boue). Il cultivait aussi des racines
comme le manioc pour faire des crêpes-bananes ou pour faire
de l’amidon pour repasser le linge.
Il récoltait des fruits comme la papaye, cultivait aussi des potirons
pour nourrir les cochons.
Autour des légumes, il plantait des fleurs que mes sœurs cueillaient
pour faire des bouquets pour l’église : des roses, des dahlias ou des
plantes pour soigner.
Je rêve de ma famille qui part en vadrouille
Aller boire un verre.
Je rêve d’avoir les dents de travers,
Quand je me réveille
Je me regarde dans la glace pour voir si tout est normal.
Parfois je rêve de revoir ma maman et de revoir ma tante.
Mais ce n’est qu’un rêve…
Laura WACHENHEIM
ESAT Saint-André, Les Ateliers du Steinkreuz, Wintzenheim
Janvier
Février
Mars
Avril
En mai
Juin
Juillet
Aout
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre
pour souhaiter la bonne année
la neige et les routes barrées
le chant des oiseaux reprend
et les cheveux dans le vent
fais ce qu’il te plait
et la floraison du genêt
vive le temps des vacances
et les touristes qui viennent en France
et la fin de la natation
et ses fruits de toutes les passions
et la plantation des fruitiers
et les intempéries pour les chantiers
Le samedi mon père allait à la pêche pour nourrir sa famille ;
quelquefois il ramenait beaucoup de poissons,
quelquefois il ne ramenait rien et c’était très difficile.
Nous étions sept filles, il n’y avait qu’un garçon et nous aidions
mon père dans le jardin. Mes sœurs et moi même nous ramassions
le crottin de cheval, nous le mélangions à la terre pour faire de l’engrais.
Nous devions nourrir les cochons, les chèvres et les poules avant
de courir pendant des kilomètres pour aller à l’école.
W
Nous manquions souvent l’école car le maître nous fouettait
si on arrivait en retard et mes parents aussi ; on se cachait
dans la forêt mais ma mère nous attendait avec un bâton.
Le soir mon père ne voulait pas qu’on utilise le pétrole
pour mettre dans la lampe pour pouvoir apprendre nos leçons
Le dimanche, on ne travaillait pas, c’était le jour du Seigneur.
Marie WAGEMANN
Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg
B. W.
ReFormE, Lingolsheim
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Il y a beaucoup de réflexion
quand elle regarde le modèle comme il est.
Il y a le bruit de la machine et du ciseau
quand elle travaille.
Il y a la douceur du tissu
quand elle dessine le patron, quand elle coupe,
quand elle assemble les morceaux de tissu, quand elle coud.
Il y a les odeurs de vapeur
quand elle repasse les vêtements qui sont finis.
Il y a toujours une tasse de café sur la table, parfois elle y goûte.
Blanchisseuse
C’est une couturière qui aime son travail.
Arrivée, je pousse le portillon
Puis je charge le camion.
Je trie les chemisettes, les serviettes,
Je scanne les étiquettes,
Je charge les machines,
C’est la routine.
Chomicha WAHYIANE
Plurielles, Strasbourg
Je suis en train de rêver…
Dans ce rêve, je me trouve en face d’une porte.
Une porte ni en bois, ni en plastique et qui ne ressemble
d’ailleurs pas du tout à une porte d’entrée. Sa serrure est
faite d’or et la poignée est sculptée de manière très fine.
Sur cette porte, une pancarte indique que l’accès
est interdit à toute personne étrangère au paradis.
La curiosité qui m’envahit est alors si forte
que je décide malgré tout de l’ouvrir.
Je tourne ainsi cette jolie clé dorée dans la serrure
et pousse cette porte. Cette porte s’ouvre
sur un endroit magnifique :
la nature y est luxuriante, les gens ont l’air heureux.
Je me rends compte alors que je viens bel et bien
d’ouvrir la porte du paradis.
C’est alors qu’une personne s’est avancée vers moi….
Sophie W.
Hôpital de jour, Haguenau
232
TEXTES INDIVIDUELS
Je m’appelle Mélanie
Je suis blanchisseuse.
Avec mes amies,
Chaque matin,
Je pars joyeuse
Pour la blanchisserie.
W
Je fais une pause
Pour manger,
Aussi pour rigoler.
L’après-midi
Je sors le linge
A nouveau je trie,
Je plie.
La journée se termine.
Je reprends le train
Avec mes copines.
J’arrive au foyer
Un peu fatiguée.
Mélanie WEBER
Association Trampoline, Molsheim
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
De l’autre côté du travail, j’ai rêvé !
Pour moi, le travail, c’est rien ! J’ai surtout envie de rêver ! Le spectacle à
l’Opéra : « Aladin » m’a emmené dans le monde de l’Amour !
Au début, il y avait un pauvre et beau jeune-homme habillé d’un pantalon
bleu avec un turban blanc. Il était timide. Il n’avait pas du tout envie de
travailler, c’est pour ça qu’il était misérable ! Pour se nourrir, il se rend au
marché et y vole de la nourriture puisqu’il n’a pas d’argent !
C’était un conte des mille et une nuits… Grâce à la lampe magique, Aladin
rencontra la princesse Badroulboudour… Lorsque la princesse aperçoit
Aladin, elle rougit, tellement elle est timide en voyant son amoureux. Lui
non plus n’ose pas s’approcher d’elle pour lui parler. Il hésite et danse sur
place… En voyant Aladin sauter dans tous les sens, Badroulboudour éclate
de rire, elle qui n’avait jamais ri de sa vie car c’était une princesse triste !
Aladin lui demande : « Veux-tu m’épouser ? » Badroulboudour rougit de
plaisir et n’ose pas répondre ! Aladin se met à genoux et la supplie :
« Epouse-moi, je t’en prie ! » - « Oui, je le veux ! » répond la princesse.
Ce fut une grande fête où se retrouvèrent une foule d’invités ! Il y eut de
la musique et des danses ! Mets délicieux, ballons multicolores, tours en
calèche, joie, bonne humeur, gaieté marquèrent à jamais toutes les
mémoires, surtout celles d’Aladin et de Badroulboudour ! Entre eux, ce
sera l’Amour pour toujours !
Valérie WETTLING
La SAJH, Strasbourg
Après le travail
Au travail, je mets des sachets dans des boîtes deux par deux.
Parfois, on attend… Et alors, on s’ennuie !
J’aime faire des colliers. J’en fabrique pour le marché de Noël
de Dorlisheim. Les gens regardent ce qu’on vend et si
ça leur plaît, ils achètent. Les sous, on les garde pour faire
des excursions, pour aller au zoo, au cinéma.
J’aime beaucoup faire ça, je fais ça depuis très longtemps.
Irène WIRRMANN
ADAPEI du Bas-Rhin, ESAT Duttlenheim
234
« Devant la porte de l’usine
Le travailleur soudain s’arrête
Le beau temps l’a tiré par la veste … »
Jacques Prévert
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
A propos du travail des enfants au Brésil
Tout ce qui concerne les activités professionnelles, avec finalité économique, effectuées par des mineurs peut être considéré comme un travail
d’enfant ou, selon le cas, de l’esclavage des enfants.
Internationalement, l’OIT (Organisation Internationale du Travail) à travers
ses conventions définit les âges minimums pour les travaux « légers »
(petites tâches domestiques et d’apprentissage) et les « dangereux »
(plusieurs heures de travail par jour, opération sur des machines ou des
outils), soit l’âge minimum de 5 ans.
D’après ces statistiques, il y a 350 millions d’enfants dans le monde qui
travaillent dont 8 millions dans une des pires formes de travail : enfants
soldats, prostitution, pornographie, travail forcé, trafics et d’autres activités
illicites.
Subordonné à l’OIT, l’IPEC (Programme International pour l’Elimination du
Travail des Enfants, en anglais) a préparé des rapports à ce sujet. Selon le
dernier rapport de l’année 2006, au Brésil, les enfants de moins de 15 ans
correspondent à 28,2% de la population brésilienne. De ce total, 0,4% des
enfants travaille dans les zones urbaines et 1,6% se retrouve dans les zones
rurales voire comme planteurs de canne à sucre et comme charbonniers.
Les enfants qui travaillent et étudient en même temps représentent 18,4%
dans les zones rurales contre 3,4% dans les zones urbaines.
Normalement, ces enfants travaillent pour aider leur famille à survivre.
Ceux qui ne travaillent pas et n’étudient pas représentent 10,2% dans les
zones rurales et 6,2% dans les zones urbaines. En général, ils n’ont pas de
famille organisée, ils habitent dans la rue en commettant de petits délits
ou d’autres activités illicites.
236
Selon la législation, le pays permet l’apprentissage dès l’âge de 14 ans et
le travail à temps partiel à partir de 16 ans, si celui-ci ne compromet pas la
vie étudiante de l’adolescent. La scolarisation est obligatoire soit dans le
public ou dans le privé de 6 à 17 ans.
Malgré les conditions légales, les mécanismes de contrôle et de défense
des enfants sont trop faibles et inefficaces pour couvrir toute l’extension
territoriale. Les autorités comptent sur les dénonciations de la société et
des médias pour ouvrir des enquêtes.
Pour changer la situation, il faut que tout le monde se sente concerné.
Que les gouvernements donnent un minimum décent afin que les familles
puissent survivre dignement et que les enfants ne soient pas pris en otage
pour rapporter de l’argent.
X
Que la société accepte de prendre en charge ces problèmes, surveille les
actions gouvernementales et la distribution des aides pour éviter la corruption des intermédiaires.
Que chacun ait conscience qu’il a un rôle à jouer en tant que consommateur
dans le plus politiquement correct, choix des biens et des services et
même en tant que citoyen dans la dénonciation des abus, dont il est
témoin, dans l’exploitation des enfants au travail.
Une société qui se voit comme un collectif est une société plus juste dans
laquelle ses enfants ont un avenir.
Luanda XAVIER
Association Trampoline, Molsheim
237
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Mon pays d’évasion
Une journée pleine de surprises
Iran, terre d’origine de mes parents,
terre de mes origines, où il y a ma famille.
Une femme s’ennuie en marchant dans le parc. Puis une balle roule devant
elle et elle tape dedans. Elle repense à son enfance. Quand elle était petite
il n’y avait pas de balle en plastique, elle jouait avec une balle en pelote
et des jouets en bois. Mais maintenant elle est trop fatiguée pour jouer à
ces jeux parce qu’elle est vieille.
C’est toujours une joie de la retrouver à chaque voyage.
Pour cela il faut préparer mes valises, prendre l’avion ;
le trajet est de cinq heures.
Pour les loisirs j’irai me baigner à Ouiche dans un parc aquatique
où nager avec les dauphins est leur attraction. C’est agréable !
Pour voyager il faut beaucoup d’argent,
sans l’argent on n’est rien, on ne peut rien.
Aujourd’hui il faut que je travaille et dans ce monde du chômage,
gagner sa vie c’est difficile pour tout le monde
et lorsqu’on a un handicap c’est beaucoup plus compliqué !
Pour toi Iran, ma raison de vivre, ma joie,
pour toi qui est toujours dans mon cœur,
il faut que je travaille pour économiser beaucoup d’argent
et payer le voyage !
Travailler c’est aussi se responsabiliser, être indépendante.
Je sais que pour mieux réussir mon insertion professionnelle
il faut que j’accepte de travailler en ESAT.
J’ai pris conscience que travailler en milieu protégé
m’aiderai à te retrouver !
Soudain, elle a entendu un bruit bizarre derrière. Elle a regardé derrière et
a vu un char de combat qui roulait vers elle. Elle a eu peur et elle a commencé à courir à toute vitesse. Après qu’elle ait quitté le parc, elle respirait
très fort. Un vieil homme est passé à côté de cette dame. Il a vu qu’elle a
eu peur de quelque chose. Il lui a demandé :
« Qu’est-ce qu’il s’est passé Madame ? »
La vieille dame a commencé à raconter. L’homme était étonné d’entendre
cette histoire. Le cœur de la femme battait très vite et ça s’est aggravé. Le
monsieur a appelé tout de suite le Samu pour demander une ambulance.
Y
Et puis ils sont allés à l’hôpital, les médecins ont guéri la dame.
Le monsieur a demandé à la dame :
« Est-ce que vous avez des proches pour vous chercher, par exemple votre
mari ? » La dame lui a répondu : « Non, je suis toute seule, mon mari est
décédé il y a 10 ans, mes enfants ne sont pas là ».
Le monsieur était désolé de poser cette question parce que la dame lui
avait répondu tristement. Ils sont sortis de l’hôpital ensemble. Après ils
ont continué à se voir et ils sont tombés amoureux et ils se sont mariés.
Hatice YUKSEL
Plurielles, Strasbourg
Golmoune YAHYAEI
I.M.PRO La Ganzau, Strasbourg
240
241
« Les rêves donnent du travail »
Paulo Coelho
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
Lignes d’une poète
Un poème sur mon rêve
J’ai un rêve qui est très beau,
Que j’apprécie avec passion,
Voler partout comme l’oiseau,
B et b
Dans balle il y a bal
Dans bûcheron il y a buche
Dans boulette il y a boule
Dans bonjour, bonsoir, bonne nuit, bonne chance,
bon appétit, bonne après-midi, il y a bon
D’avoir des ailes en étant humain !
Dans bisou il y a bise
Dans becqueter il y a bec
Dans besoin il y a soin
Dans blouse il y a blouse
Dans blanc il y a banc
Dans briquette il y a bique
Dans brassard il y a bras
Dans banquette il y a banc et dedans banque,
Dans berger il y a berge
Dans bébé boom il y a baby boom
Dans bloquer il y a bloc
Dans brise il y a bris
Et puis dans B il y a Béatrice, Berthe, Bertrand,
Bruno, Brigitte, Bernard, Bryan
Ainsi, cette profession est admirable !
Carole ZAGALA
Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg
En devenant pilote d’avion !
Traditionnellement dans mon pays,
C’est un métier très masculin.
« Femme au volant ! » il y a phobie…
Je comprends pas pourquoi ! et bien !
Etre pilote, planer sur le monde,
Etre toujours sur les chemins
Mais également sentir la joie profonde
Z
On peut s’identifier au rossignol !
Et qu’est ce qui est encore plus agréable
Que devenir comme Superman ? Non ! Supergirl !
Elena ZADORINA
Centre SocioCulturel Phare de l’Ill, Illkirch-Graffenstaden
Les petites annonces
Fatima, 34 ans, cherche une personne pour
garder ses enfants, à la maison, de préférence
musicienne pour s’amuser en musique.
Fatima ZAYANI
Centre SocioCulturel JSK Camille Claus, Strasbourg
244
245
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES INDIVIDUELS
La recherche de travail
Chez moi
Quand je rentre à la maison
maman me dit de venir rincer la vaisselle à l’eau.
Des fois je vais faire les courses avec ma maman.
Des fois je sors la poubelle à ma maman.
Des fois je vais chez ma belle-sœur Nadjet
pour l’aider à rentrer les courses à la maison.
Parfois et des fois elle m’appelle pour que je lui sorte la poubelle.
Des fois maman me dit d’aller chez ma sœur
chercher la vaisselle, des assiettes.
Des fois je sors le pain dur je le mets dans l’herbe à côté de chez moi.
Parfois je plie le linge et le range dans l’armoire de mes parents,
de mon frère et la mienne.
Hier j’ai fait du linge et j’ai plié les draps et les serviettes blanches.
Raouda ZAGHBANI
ESAT Papillons Blancs, Soultz
Travaillez, prenez, gagnez de l’argent
C’est le temps de gagner votre vie.
Un riche paysan fit venir pour une embauche un jeune homme
- « Gardez ce contrat de six mois
Que nous a confié une agence d’intérim !
Un trésor est à partager.
Je ne sais pas combien ça vaut. Vous le payerez par mois.
Remuez votre savoir faire. Creusez, fouillez !
- Où ?
- A Saverne. »
Le père et le fils de ce riche paysan réussissent
Si bien qu’on en parle toujours.
Il en rajoute par heure des heures de travail
D’argent. Pour le travail
De leur montrer le savoir faire
Que le travail est facile !
Lionel ZIMMER
Tremplins, Sélestat
Z
Ma vie privée
Derrière cette porte il y a un jardin
C’est mon jardin secret.
Et devinez ce qu’il y a ?
Je ne vous le dirai pas.
C’est un vrai mystère,
C’est à vous de le trouver.
Tout ce que je peux vous dire,
C’est que c’est vraiment très beau.
Astrid ZANUTTINI
Association Adèle de Glaubitz, ESAT Saint-André, Cernay
246
J’aime me promener avec ma sœur en forêt, le dimanche.
Toutes les deux, nous allons faire des gâteaux de noël.
Nous faisons les soldes ensemble.
C’est ma grande sœur
Et elle est secrétaire comptable à Dorlisheim.
Le samedi et le dimanche, elle vient chez nous à Still.
Elle va me tricoter ma grande écharpe violette.
Le violet est ma couleur préférée.
Parfois, nous parlons du travail quand nous nous promenons.
Mais ce n’est pas facile de lui en parler
Car j’ai des « hauts et des bas ».
Alors je fais des efforts et j’arrête de broyer du noir.
Je fais du canevas et de la broderie.
Estelle ZORN
ADAPEI du Bas-Rhin, ESAT Duttlenheim
247
Textes collectifs
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES COLLECTIFS
Nous sommes de ceux
Dont le monde parle de plus en plus
Nous sommes de ceux
Qui ont d’la peine mais nous n’l’avons pas volé
Nous sommes de ceux
Qui font partie d’un monde délaissé
D’un ghetto psychiatrique oublié
Nous sommes de ceux
Qui font le monde
Et nous le parcourons sans cesse de nos pensées
Aux âmes scarifiées, aux âmes blessées
Anonymes et hommes blessés
Un peintre
Et un professeur
Dorment
Dans la voiture.
Ils prennent le train
Pour aller à l’hôpital.
Quand ils arrivent, ils voient un poisson
Vert
En train de brouter de l’herbe.
Le menuisier
Et le pilote
Font la cuisine
Avec une casserole pour faire du riz.
Ils prennent le bus
Pour aller aux champs.
Quand ils arrivent, ils voient un tigre
Blanc
En train de dormir.
Aux hommes détachés
Dans un monde trop pressé.
Filiz KÖSE, Sultan YILMAZ
Association Parole et Soleil, Riedisheim
Jean-Pierre D., Thomas F., Sabri O., Bertrand S., Marie-Louise S., Eric W.
Hôpital de jour, Haguenau
250
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■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES COLLECTIFS
Travailler et vivre
Le matin il faut se lever
Annonce urgente
Association de femmes au foyer libérées
Recrutons homme à tout faire pour différents travaux
Grand, sexy, élégant
Portant bien le string et la cravate
Dextérité manuelle exigée
Libre à tout moment
Heures supplémentaires à prévoir
Compétences spécifiques requises :
Cuisine épicée, petite plomberie, doué en langues vivantes
Amateur ou débutant s’abstenir
Présentez-vous ce lundi en tenue de travail au
69 rue de l’Aéropostale
Demander Anne
Cathie F., Faby, Josiane, Patio, Touroute
Association Lupovino, Strasbourg
Pour gagner de l’argent en travaillant
Le matin il faut se lever
Pour se regarder dans le miroir
Le matin il faut se lever
Pour casser les cailloux
Le matin il faut se lever
Pour promener les chiens
Le matin il faut se lever
Pour se regarder et faire des grimaces
Le matin il faut se lever
Pour coudre des mots d’amour
Le matin il faut se lever
Pour dire notre joie, notre amour, notre paix
Le matin il faut se lever
Pour graver notre amour dans le cœur
Béatrice DOELL KIEN, Erica H.
Association Helios, Guebwiller
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253
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
Cause masculine
Lettre d’un homme à sa femme
TEXTES COLLECTIFS
La liste des métiers que je ne voudrais pas faire :
Grutier parce que j’ai le vertige
Tu ne riras pas quand je m’énerve.
Tu ne crieras pas quand je suis à la maison
Mineur parce que j’ai peur du noir et je suis claustrophobe
Faire du marteau-piqueur à cause du bruit
Guide de montagne parce que j’ai eu un accident de montagne
et surtout quand je parle avec toi.
Journaliste en Irak à cause de la guerre
Tu ne parleras pas beaucoup au téléphone.
Chirurgien parce que je tombe dans les pommes quand je vois du sang
Tu seras en forme et contente quand tu es avec moi.
Astronaute parce que la terre est trop loin
Tu ne parleras pas quand nous regardons la télé.
Tu ne resteras pas beaucoup dans la cuisine
quand je suis là.
Tu ne feras pas le ménage quand je suis à la maison.
Dentiste parce que je n’aime pas le sang dans la bouche
Plongeur parce que je ne veux pas boire la tasse
Toréador parce que c’est dangereux un coup de cornes dans le ventre !
Sevinc AKARSU, Muhsine ASIKOGLU, Mehmet COSKUN
Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines
Tu seras à la maison
quand les enfants et moi nous revenons.
Tu ne resteras pas longtemps dans la salle de bains.
Tu ne resteras pas toute la journée dans les magasins.
Tu ne resteras pas dehors le soir.
Tu auras confiance en moi.
Demet AKTAS, Malika ALIEVA, Chomicha WAHYIANE
Plurielles, Strasbourg
L’infirmière
Et le coiffeur
Partent
Avec de la peinture.
Ils prennent un vélo
Pour aller chez le boulanger.
Quand ils arrivent, ils voient un chien
Blanc
En train de manger un zèbre.
Anna K., Sukran TOZLU
Association Parole et Soleil, Riedisheim
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255
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES COLLECTIFS
Au royaume du chocolat
Je suis avec mes parents,
J’aime travailler pour ISRI,
Changer de boulot.
Mais j’aime mes amis de mon travail :
Philippe, Ludovic…
Et c’est tout…
Et puis je rentre,
Je mets la télé,
Je fais la cuisine.
Des fois, je vais voir ma copine à côté,
Et voilà !
Katia KAMMERER, Angèle SUR
ADAPEI du Bas-Rhin, ESAT Benfeld
256
Il était une fois, en 1630, à la cour d’Anne d’Autriche, une jeune fille appelée
Jeanne, qui rêvait de découvrir le royaume du chocolat.
Un beau matin, elle prit un navire en partance pour la Cordillère des Andes.
Après un début paisible, la traversée devint tourmentée. De grosses vagues
agitaient le navire qui se mit à tanguer dangereusement et s’enfonça
doucement dans la mer déchaînée. Jeanne et l’équipage étaient sur le
pont. Elle vit au loin un navire marchand qui leur porta secours. Une fois
les naufragés secourus, le navire se dirigea vers le port le plus proche. Par
chance, c’était le port de leur destination. Jeanne vit un marchand de
fèves de cacao ; elle se renseigna pour aller au royaume du chocolat.
A l’arrivée, elle rencontra Paolo, le marchand de chocolat chaud. Il lui offrit
une coupe de chocolat et lui proposa de lui faire visiter le royaume. Paolo
était sous le charme de Jeanne. Ses longs cheveux blonds, bouclés et
l’éclat de ses yeux verts l’envoûtaient. Après avoir fait le tour du royaume
et dégusté toutes les sortes de chocolat, Paolo invita Jeanne à dîner.
Au cours du repas Paolo expliqua à Jeanne la préparation du chocolat, du
début de la récolte du fruit du cacaoyer au délicieux breuvage, en passant par
le séchage des graines, la réduction en poudre et l’ajout des ingrédients :
miel, vanille, piment, poivre, cannelle. Paolo et Jeanne décidèrent de
retourner en Europe pour faire découvrir le plaisir du chocolat au peuple.
Hava ARAMA, Jules B., Tania C., Joël K.
ReFormE, Lingolsheim
257
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES COLLECTIFS
Le travail à la maison
Après le petit déjeuner,
il faut déjà commencer à laver.
Le travail idéal
Tous les jours, je fais la poussière,
Le travail idéal, c’est reporter comme Nicolas Hulot,
Parce qu’avec son émission, il voyage dans le monde entier.
Et passe la serpillière
Je rêve que mon mari et moi
Devenions astronautes pour visiter les planètes.
Puis je fais la cuisine,
J’aimerais que mon mari devienne écrivain,
Pour pouvoir lire tout ce qu’il a dans la tête.
Le travail idéal c’est président de la république,
Parce que même si on est petit tout le monde nous obéit.
Le travail idéal c’est professeur de plongée sous-marine,
Pour voir l’intérieur de la mer.
En grosse quantité comme à l’usine.
Après le repas, il faut faire la vaisselle,
Pour qu’elle soit belle.
Je passe l’aspirateur
Le travail idéal c’est capitaine de bateau,
Pour voyager sur les océans.
Qui fait un bruit de tracteur
Le travail idéal c’est chocolatier,
Parce qu’il peut manger autant de chocolat qu’il veut.
Je lave les habits,
Yasmina ABRIKOUS, Ajmone KRASNIQI
Centre SocioCulturel Phare de l’Ill, Illkirch-Graffenstaden
spaghettis et vache qui rit.
Toujours pleins de taches de riz,
Je m’occupe du repassage
En surveillant mes enfants pas toujours sages.
Finalement je vais me coucher,
En attendant que commence demain, une nouvelle journée.
Songül CAN, Carama GUNDO
Centre SocioCulturel Phare de l’Ill, Illkirch-Graffenstaden
258
259
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES COLLECTIFS
Petites Annonces
Spécialiste du sommeil
Vous avez une bonne langue ?
Urgent
RECHERCHE HOMME OU FEMME
AYANT DES CONNAISSANCES EN
LANGUE PLANETAIRE.
SALAIRE EN CONSEQUENCE ?
HORAIRE A DEFINIR
TEL. 06/08/08/08/08
Votre avis nous intéresse. Institut d’enquête et de sondage recherche lécheurs
de timbres pour participer à une étude.
Celle-ci se déroulera à partir du mois de
janvier pour plusieurs semaines pendant
lesquelles vous testerez des timbres de
haute gamme. Boissons fournies pour
le re-salivage.
Réponse urgente.
Educatrice de dormeur professionnel
cherche une place pour éduquer des
enfants pas trop jeunes et dissipés
montrant beaucoup de fatigue. Jeune
femme très enthousiaste et très motivée
de montrer aux parents le calme qui
règne lorsque leurs enfants dorment
longtemps.
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habiles de leurs mains, minutieuses, pour trier
et tailler des cure-dents dans des allumettes
de RECUPERATION.
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261
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES COLLECTIFS
Métier : cuisinier des mots
Ingrédients :
C’est la vie
Il faut travailler et gagner pour vivre
Tous les jours on se réveille tôt pour aller au travail
on prépare le café, sinon les yeux restent fermés
on amène les enfants à l’école
on donne à manger aux poules, on parle avec elles et
on leur coupe les ailes
on arrose les fleurs
on coupe les herbes
on aide les enfants pour leurs devoirs, on les baigne,
on raconte des histoires, on les met au lit,
on fait les courses
Tous les soirs on discute avec nos maris
on regarde les feuilletons d’amour
on rêve…
Exceptionnel
vendredi on écrit des mots, des phrases, on rigole et on s’amuse
C’est une petite partie de notre vie
Juana CAUTILLO, Galina DIMAURO
Association Helios, Guebwiller
Une feuille
Un stylo
Quelques gouttes d’encre
Des consonnes, des voyelles
Quelques signes de ponctuation
Des majuscules, des minuscules
Des sourires, de l’amour, de la passion
Des épices, des pensées d’ailleurs
Recette :
Prenez une feuille blanche
Munissez-vous d’un stylo
Choisissez la couleur
Selon votre humeur
Mélangez les consonnes et les voyelles
De manière à former des mots,
En évitant les grumeaux
Assemblez-les à votre façon,
Avec passion,
Aromatisez avec quelques adjectifs
Bien choisis,
Assaisonnez d’épices et de pensées d’ailleurs,
Ponctuez le tout,
Selon votre goût,
Relisez-vous, puis,
Laissez reposer à foison.
Vérifiez le temps de cuisson
Quand le texte est bon,
Lancez l’invitation
Pour dévorer sans modération
Le récit d’une telle ambition !
Alain D., David H., Hervé L., Eric M., Philippe S., Stéphane S.
Atelier d’écriture, Maison Centrale d’Ensisheim
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263
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
TEXTES COLLECTIFS
Les abeilles
Interview de Christian, le spécialiste en horticulture,
par Eric, Jean-Pierre et Shériff, 3 agents de la Communauté Urbaine de Strasbourg.
- Christian, pourquoi les abeilles meurent ?
- Parce qu’elles sont contaminées par les produits phytosanitaires.
- Qu’appelez-vous produits phytosanitaires ?
- Ce sont des produits chimiques destinés à lutter contre les insectes
et les maladies des plantes.
- Mais qu’est-ce qui provoque la mort des abeilles ?
- L’abeille va se poser pour butiner sur les massifs et les arbres fruitiers
contaminés par les pesticides. Ensuite, elle retourne dans la ruche
contaminer toutes les autres abeilles.
- Quand la ruche est-elle détruite ?
- Quand la reine meurt, toute la colonie meurt.
Parce que la reine pond les larves et les nourrit,
elle régularise la vie sociale d’une ruche.
- La reine fabrique aussi le miel ?
- Non, ce sont les ouvrières qui produisent le miel.
- Comment fabrique-t-on le miel ?
- Ce sont les abeilles, les butineuses, qui forment
une sorte de pâte à partir du pollen.
- Pourquoi l’abeille ne meurt-elle pas tout de suite ?
- Cela peut arriver. Mais tout dépend de la nocivité et de la quantité
de produit et de la résistance de l’abeille.
- Alors nous n’aurons plus de miel s’il n’y a pas de changement ?
- Oui, il faudrait mettre des amendements écologiques
pour sauver l’écosystème.
- Pourquoi n’utilise-t-on pas d’autres moyens que
les produits chimiques ?
- Il existe des luttes écologiques, c'est-à-dire des éléments naturels
comme la préparation des sols en utilisant du fumier,
des feuilles mortes, des écorces d’arbres, des déchets animaux…
- C'est-à-dire ?
- C'est-à-dire l’eau, l’air, le sol, les insectes, les animaux et les plantes.
Car il ne faut pas oublier que les abeilles permettent la pollinisation
et le développement des fruits de l’écosystème.
- Pourquoi ne les utilise-t-on pas plus souvent ?
C’est une question de coût ?
- Oui, mais maintenant, au niveau national, l’utilisation des
produits chimiques est interdite, pour protéger les abeilles.
- Je ne savais pas que les abeilles pollinisaient les plantes.
- Il n’y a pas que les abeilles, il y a aussi les coccinelles,
les papillons, les moustiques… enfin, tous les insectes.
- Merci Christian, pour toutes ces informations intéressantes.
Jean-Pierre CHATELET, Eric FAYARD, Christian MURER, Shériff
ReFormE, Lingolsheim
264
265
Annexes
« Nous nous forgeons-nous mêmes,
Ou bien c’est le temps qui nous forge.
Ainsi sommes-nous,
Sans cesse changeant… »
Maria Banus
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
ANNEXES
Index alphabétique des écrivants
A
A. Zeynep
ABOU DALAL Einas
ABRIKOUS Yasmina
ADAM Nursel
ADOLF Nicole
ADUYEV Ivan
AKARSU Sevinç
AKTAS Demet
ALAVERGIAN Elena
ALIEVA Malika
ALLAOUI-MAALEM Zohra
ALLENBACH Pierre
ARAMA Hava
A. Sabrina
APFFEL Jérôme
ARBIOUENE Djaffar
ARBOGAST Alexandre
Ayse
ASIKOGLU Muhsine
ATOUIL Siham
AUBERT Elena
AYROUMYAN Lydia
20
20
258 - 21
22
22
23
23 - 255
24 - 254
25
254
25
26
26 - 257
27
27
28
29
29
30 - 255
30
31
32
B
BA Daouda
BAJRAMI Ermira
BACHER Marie-Madeleine
BALTZER Christiane
BAREA José Antonio
BARRAHOU Salima
BARTH François
B. Aziz
BECHU Gaëlle
BECKER Anne
BEEJADHUR Héléna
BEHR William
BEKRAR Hemama
BENYOUB Mohamed
BLANCHEGELEY Gabrielle
BLANCHEGELEY Michel
BOCU Selma
268
34
34
35
36
37
37
38
40
40
41
41
42
44
44
45 - 260
260
46
BOCU Sule
BOIDOT Brigitte
BONANI Sandra
BONGEOT-MINET Corinne
BOUKRAA Sabiha
BRAHMIA Aldjia
BRAND Denis
BRINGOLF Jean-Louis
B. Jean
BUSCH Marie-Elodie
BUSSER Frédéric
B. Jules
46
47
48
48
49
50
50
51
52
53
54
55 - 257
C
CAN Songül
C. Tania
CAUTILLO Juana
CELEBI Gulbeden
CELEBI Oznur
C. Ciprian
CHACON Marie Y.
CHANG Kien-Huy
C. Gaël
CHAOUAHI Noria
CHASSAGNOL Jean-Pierre
CHATELET Jean-Pierre
Christiane
C. Rui
COCJA Lirije
COLBE Nicolas
C. Basri
C. S.
COSKUN Mehmet
C. Enrico
58 - 259
59 - 257
59 - 262
60
60
61
62
63
64
64
65
264
66
66
67
68
69
69
255 - 70
70
D
DADAEV Magomed
DE BERTIN D'AVESNES Lydia
DESFORGE Sébastien
DIARRA Adama
DILBER Aysegul
72
72
73
73
74
DIMAURO Galina
D. Jean-Pierre
DIMITROVA Boryana
DIPPERT Romy
D. Ariunjargal
D. Alain
DOELL-KIEN Béatrice
DORSCHNER René
D. C.
75 - 262
75 - 250
75
76
76
77 - 263
253
78
78
E
E. Marie-Thérèse
EL KORCHI Nawal
ELMASULU Firat
ENGEL Pascal
Emma
ERREBBOUKH Zoulikha
80
80
81
82
83
84
F
FABRE Jennifer
Faby
FAMILIAR Maria-Angeles
F. Didier
FISCHER Mariana
FARIS Mimouna
FAYARD Eric
FELDKIRCHNER Gweltaz
FERRAOUN Zoubida
FERREIRA Lidiane
FIEFFEL Oum Kaltoum
F. Thomas
Fillette
FIRAT Kemal
F. Cathie
FONTENAU Bruno
FUSS Cindy
F. Mohamed
86
87 - 252
87
88
89
90
264
91
91
92
92
93 - 250
94
96
96 - 252
97
98
98
G
G. Saïd
GADALLA Demiana
111
100
G. Arnaud
GANGLOFF Eric
GASSER Florence
G. Olivier
GENG Chantal
GENTILUOMO Antoine
GENTILUOMO Santina
GEORGENTHUM Guillaume
GEYER Christophe
GRIEBEL Fernand
GRIFFRATE Henry
GRIOUANI Fatiha
GUNDO Camara
101
102
103
103
104
105
105
106
107
108
109 - 260
110
108 - 259
H
HAMMANN Christian
Hassan
HASSELMANN Lyudmila
HEINI Christian
HEITZ Vanessa
HICHRI Nadia
H. Adrien
HILL Nadine
H. Sébastien
HOUSSEIN Marguerite
HUCHELMANN Sylvie
H. David
Heck
H. Seppy
H. Erica
114
115
115
116
117
117
118
119
119
121
121 - 260
120 - 263
122
122
253
I
ISIK Gullu
ILHAN Meral
124
124
J
JENOUVRIER Raphaël
JOERGER Patrick
Joël
JOOS Martine
Josiane
126
126
127
127
128 - 252
269
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
ANNEXES
K
Kameta
KALI Suela
KAMMERER Katia
KARA Sevda
KARADUMAN Güzel
KHASSINOVA Elisa
KHIREDDINE Zohra
KIEFFER Jean-Marc
KLEIN Sonia
KNAUER Nadège
KÖSE Filiz
KOZANAK Özgul
KRAEMER Magali
K. Noura
KRASNIQI Ajmone
K. Anna
K. Joël
L
LEITHEIM Philippe
LENOBLE Ravy
LEROY Aurore
LEVY Yves
LINDECKER Mickaël
LOEFFLER Aline
LOTTE Laëtitia
LOUYOT Emmanuelle
Lucas
LOVITON Alla
LUANGPRASEUTH Somdeth
LUDWIG Blandine
LUTZ Stéphanie
LUX Alysson
L. Laëtitia
L. Hervé
M
M. Gabrielle
Mami Bloue
MARINEAC Tetyana
MARSEILLE Marie-Rose
M. Grazyna
MAZZOTTA Sylvia
MAZZOTTA Frédéric
MEFAREDJ Amira
270
130
130
256
131
131
132
132
132
133
133
251
134
135
135
136 - 258
255
257
138
139
140
141
141
142
143
144
144
145
146
147
148
149
149
150 - 263
152
152
153
154
154
155
155
156
MENECEUR Nassima
MENNADI Nafissa
MERKEL Christopher
MEYER Antoine
MEYER Jordan
M. Eric
MIHAI Cristina
MONTEIRO Dina
MOUTTOU Noël
MULLER Alexandra
MULLER Sébastien
MURER Christian
N
NABEIH FAKHORI Amani
NAVARATNAM Mary-Agnès
NIASSY Jean-Luc
NIEDERGANG Renée
NG Zeynep
N. C.
NIEMCZEWSKI Wotciech
O
O. Mary
OBERNESSER Catherine
OSTER Charlotte
ÖZGÜN Fatma
O. John
O. Sabri
P
PARADIS Audrey
PATCHGUINA Elena
PARMENTIER Cédric
Patio
PAYAT Filiz
P. Jean-Yves
PELLIZZONI Alain
PEN Ly
P. Jimmy
PEREA Alexandre
PETIT Marie
POMMIEZ Patrice
P. B. Samuel
POZDEEVA Sacita
156
157
157
158
158
159 - 263
160
161
161
162
163
164 - 264
166
166
167
167
170
171
178
174
175
175
176
176
250
178
178
179
180
181
181
182
184
184
185
185 - 260
186
187
188
R
REINLING Valérie
REXHEPI Naser
R. Michel
RIBEYRON Nicolas
R. Jonathan
RO’CH Myriam
ROTHENBACHER Stéphane
ROUSTOM Ghayas
S
SAFARI Aziza
SAGLAMER Cahide
SANIER Vladimir
SCHMICH Antoine
SCHMIDT Khedidja
SCHMITT Marie-Claude
SCHNITZLER Julien
SCHNORR Simone
Shériff
SCHUB Olga
S. Gisèle
S. Isabelle
S. Magali
SHAO Qindi
SHPATOLLAJ Lifa
S. Philippe
S. Stéphane
S. R. Aicha
SOLE MANA David
SOLTANI Reihaneh
S. Bertrand
S. Marie-Louise
SUR Angèle
T
Tafouya
TAHERALY Zamzambanou
T. Alexandre
TEDESCO Nadia
TEKIN Sevgi
THALMANN Sabrina
Touroute
TOZLU Sukran
TRUONG Dieu Chi
TURHAN Ayse
Talip
190
191
191
192
193
194
195
196
198
199
199
200
201
202
202
203
203 - 264
204
205
205
206
207
208
208 - 263
209 - 263
210
210
211
250
250
256
214
214
215
216
217
217
218 - 252
255
219
219
220
U
UHLEN Laurent
UNGER Valérie
URRIETA Clemente
V
VINZIA William
VUKOVIC Ivan
V. G.
V. Fabrice
W
W. B.
WACHENHEIM Laura
WAGEMANN Marie
W. Sophie
WAHYIANE Chomicha
WEBER Mélanie
WETTLING Valérie
WIRRMANN Irène
W. Eric
X
XAVIER Luanda
Y
YAHYAEI Golmoune
YUKSEL Hatice
YILMAZ Sultan
Z
ZADORINA Elena
ZAGALA Carole
ZAYANI Fatima
ZAGHBANI Raouda
ZANUTTINI Astrid
ZIMMER Lionel
ZORN Estelle
222
223
223
226
227
227
228
230
230
231
232
232 - 254
233
234
234
250
236
240
241
251
244
245
245
246
246
247
247
271
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
ANNEXES
Textes « Coups de cœur »
Écriture débutante
Écriture en construction
Écriture confirmée
Écriture collective
Marie-Angeles FAMILIAR
Einas ABOU DALAL
Michel BLANCHEGELEY
Association Helios, Guebwiller
Plurielles, Strasbourg
« Ma jeunesse et mon cœur »
Alain D., David H., Eric M.,
Hervé L., Philippe S., Stéphane S.
Fillette
Brigitte BOIDOT
Centre social et culturel Val d’Argent,
Sainte-Marie-aux-Mines
« Travail de vannier »
« La maison rouge »
Association Lupovino, Strasbourg
L’Atelier, Sélestat
Faby
Chantal GENG
Mimouna FARIS
« Les dix commandements
du patron modèle »
« Je suis une femme un peu différente… »
« Monsieur travail »
Association Lupovino, Strasbourg
Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller
Centre Social et Familial Victor Hugo, Strasbourg
Laëtitia L.
Thomas F.
« Recette pour construire
la Maison du Bonheur »
« Mon alphabet évolutif à moi… »
« L’amour - la nourriture de la vie »
Atelier d’écriture, Maison Centrale d’Ensisheim
Eric M.
« Luth »
Atelier d’écriture, Maison Centrale d’Ensisheim
Hôpital de jour, Haguenau
La SAJH, Strasbourg
Qindi SHAO
« Métier : cuisinier des mots »
David H.
« Remonter ses manches »
Marie PETIT
« Mamy Marguerite »
Atelier d’écriture, Maison Centrale d’Ensisheim
Centre social et culturel Val d’Argent,
Sainte-Marie-aux-Mines
Gullü ISIK
Ghayas ROUSTOM
« Sans salaire »
Centre Social et Familial Victor Hugo, Strasbourg
Centre Social et Familial Victor Hugo, Strasbourg
Astrid ZANUTTINI
Association Adèle de Glaubitz,
ESAT Saint-André, Cernay
Association Contact et Promotion, Strasbourg
Cristina MIHAI
« L’enfance perdue »
Association Contact et Promotion, Strasbourg
Vladimir SANIER
« La couleur rouge »
« Goutte à goutte, l’eau creuse la pierre »
Proverbe Français
Centre SocioCulturel Montagne Verte, Strasbourg
272
273
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
ANNEXES
Membres du Comité de lecture régional
Martin ADAMIEC
Comédien
Isabelle FOREAU
Ecrivain-biographe, ateliers d’écriture, L’être en lettres
Nassiba GOZLAN
Déléguée aux Relations Territoriales Bas Rhin, Délégation Régionale du Groupe La Poste
Marie-Hélène HELLERINGER
Coordinatrice Pôle Livre, Association Tôt ou t’art
Caroline KERLAN
Professeur de français, Lycée Emile Mathis
Arnaud KERN
Responsable de formation, CUS
Muriel MARSEGLIA
Coordinatrice, APP de Strasbourg Lingolsheim
Corinne PAULUS
Animatrice ateliers d’écriture, Maison d’arrêt de Mulhouse
Carine PERON
Coordinatrice secteur famille et adulte, Centre socio-culturel Sainte Marie aux Mines
274
275
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
ANNEXES
Organismes participant
au Plaisir d’écrire 2010
et animateurs d’ateliers d’écriture
ADAPEI du Bas Rhin
Association Espoir
Département d'Intégration
Sociale et Professionnelle
24 rue du Château
67380 Lingolsheim
78a avenue de la République
68000 Colmar
Isabelle CLAUS
Association HELIOS
APP Re.Form.E
Maison des associations
1 rue de la République
68500 Guebwiller
6 rue des Francs-Bourgeois
67000 Strasbourg
Monique GAZAGNES-SITTLER
Françoise ABELA-KELLER
Marie-Christine BURGER
Annette FISCHER
Françoise GRAILHE
Mariette HOSSENLOP
Association Adèle de Glaubitz
ESAT Saint-André
Association L’Atelier
Etablissement et Service d’Aide
par le Travail
43 route d’Aspach
68702 Cernay
Sylviane FERNBACH
Association Contact et Promotion
22 place Flaubert
67200 Strasbourg
Bernadette ROUSSEL
Association GEM - AUBE
Groupe d’entraide Mutuelle
Aide et Union aux Blessés de l’Existence
42 rue de la première armée
67000 Strasbourg
Babette REZICINER
276
Marguerite RODENSTEIN
Ateliers de redynamisation
Ateliers de Développement
des Compétences
2 rue de la Brigade Alsace Lorraine
67600 Sélestat
Cécile FORTUNE
Association LUPOVINO
LUtte POur une VIe NOrmale
45 rue de l’Aéropostale
67100 Strasbourg
Anne HERIN
Association Parole et Soleil
39 rue Gambetta
68400 Riedisheim
Anne LAYANI
Marie-Françoise TESTA
Association Trampoline
1 chemin de Dorlisheim
67120 Molsheim
Denise BOTTEMER
Anne-Marie BURGER
Sylvianne COUTELLE
Michèle GENEVAUX
Catherine GILLMANN
Dany GOUDAIN
Dany SCHITTER
Marthe TOURNOU
Association Tremplins
2 rue Saint Léonard
67600 Sélestat
Yéni KAYA
Association Foyer Notre Dame
CADA Nord
Centre d'Accueil
de Demandeurs d'Asile
4 rue des Alpes
67205 Oberhausbergen
Anne-Marie SIRNA
Centre de Réadaptation
57 rue Albert Camus
68200 Mulhouse
Centre Social et Familial
Victor Hugo
4 rue Victor Hugo
67306 Strasbourg-Schiltigheim
Habiba AALA
Déborah BABILON
Fabienne HELFER
Centre SocioCulturel
Camille Claus - JSK
41 rue Virgile
67200 Strasbourg-Koenigshoffen
Anne BIRGY
Centre SocioCulturel
du Phare de l'Ill
29, rue du Général Libermann
67400 Illkirch-Graffenstaden
Laure COULIBALY
Danielle KEMPF
Centre SocioCulturel
du Val d’Argent
1 carrefour de Ribeauvillé
68160 Sainte Marie-aux-Mines
Nathalie ROUSSEL
Bénédicte KEIFLIN
Centre SocioCulturel
Montagne Verte
CPCV Est
1 quai Flassmatt
67200 Strasbourg
13 rue de la République
67800 Hoenheim
Isabelle MAZY
Centre Social AFSCO
Association Familiale et Sociale
« Les Côteaux »
10, rue Pierre Loti
68200 Mulhouse
Laure FIMBEL
Fabienne HELFER
Mina CANTARINI
Habiba AALA
Centre SocioCulturel
Victor Schoelcher
56 rue du Rieth
67200 Strasbourg-Cronenbourg
Christine DAVIDSON
Christine RAKIC
277
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
ANNEXES
CREAFOP Mulhouse-Strasbourg
Hôpital de jour de Molsheim
Conseil Recherche Evaluation
Actions de Formation et
d’Orientation Professionnelle
1 rue Thiers
90000 Belfort
11 rue Schweissguth
67120 Molsheim
Mouloud BESBISS
IMPRO La Ganzau
ESAT Soultz Papillons Blancs
Institut Médico Professionnel
de la Ganzau
118, rue de la Ganzau
67100 Strasbourg
Etablissement et Services d’Aide
pour le Travail
32, route d'Issenheim
68360 Soultz
Bernard HABERER
Karine THOMAS
ESAT Saint-André,
Les Ateliers du Steinkreuz
1 Faubourg des Vosges
68920 Wintzenheim
Danielle DIDIER
Foyer d’Accueil Spécialisé G. Sticker
Fondation protestante Sonnenhof
Bernard LECAILLON
Odile PONET
Sonia RÊTE
Maison Centrale d’Ensisheim
49 rue de la 1ère Armée
68190 Ensisheim
Hélène TRZEBIATOWSKI
Plurielles
1 boulevard de Nancy
67000 Strasbourg
Anne LAYANI
Marie-Françoise TESTA
ReFormE
22, rue Oberhoffen
67240 Bischwiller
7 Bis rue des Prés
67380 Lingolsheim
Delphine KADA
Véronique PENOT
Marie-Claude QUENNEDEY
Route Nouvelle Alsace
GIP FI
Gestion Initiatives Professionnelles
Formations Individualisées
12, rue d'Altkirch
67100 Strasbourg
Rachida LOUALI
Nathalie L'HOMMEDET
SAJH - Strasbourg
4 Place Schumann
67500 Haguenau
Structure d'Activités de Jour
et d'Hébergement (AAPEI)
5, rue Jean Monnet
67300 Schiltigheim
Christine BOUCHER
Anne SCHORCH
Christine BAUDOIN
Marie-Christine STREICHER
Hôpital de jour de Haguenau
278
SIMOT - Service d'Insertion
en Milieu Ordinaire de Travail
7 allée du Maire Knoll
67600 Sélestat
Remerciements
à Martin Adamiec
pour sa créativité et son enthousiasme dans la mise en voix
des textes coups de cœur
à Emmanuelle Amann et Marie Van Gysel
pour avoir fait découvrir la typographie à des participants du
Plaisir d’écrire, pour leur réactivité et leur inventivité
dans la production des visuels
à Jacques Goorma
pour son engagement et son appui régulier depuis
l’origine du Plaisir d’écrire
à Nassiba Gozlan et au groupe La Poste
en faveur de leur engagement prolongé dans la durée
et l’appui vers une communication élargie
à Anne-Marie Nicole et Solange Désert
pour tout le travail de suivi essentiel qu’elles ont fourni autour
du Plaisir d’écrire, pour leurs qualités d’organisation, de rigueur
et de synthèse, pour leur disponibilité
à l’équipe du service des musées de la ville de Strasbourg
pour l’engagement et le soutien organisationnel de la cérémonie
à l’équipe de Tôt ou T’art
pour leur engagement à nos côtés lors de l’organisation
de la cérémonie, pour leur dynamisme et le fait qu’ils
soient porteurs d’idées et de grands projets
aux membres du comité de lecture
pour leur implication dans ce projet,
leurs échanges enthousiastes et animés
279
■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010
CRAPT CARRLI / GIP FCIP Alsace
Centre Régional d’Appui Pédagogique et Technique
Centre d’Appui et de Ressources Régional de
Lutte contre l’Illettrisme
4, rue de Sarrelouis
67000 Strasbourg
Personnes à contacter :
Guillaume BAUCHET
Coordinateur du centre de ressources
Tél. 03 88 23 83 22
Courriel : [email protected]
Cynthia WOLF
Lutte contre l’illettrisme, développement des compétences de base
Tél. 03 88 23 83 25
Courriel : [email protected]
Danielle RYBIENIK et Patricia LEJEUNE
Coordination du Plaisir d’écrire,
appui au réseau linguistique et aux nouveaux formateurs
Tél. 03 90 23 53 60
Courriel : [email protected]
Direction de la publication
Élisabeth ESCHENLOHR
GIP FCIP Alsace
Suivi de la publication
Guillaume BAUCHET, Danielle RYBIENIK, Patricia LEJEUNE
CRAPT CARRLI / GIP FCIP Alsace
Atelier Typographique
Papier Gâchette
Création graphique, mise en page
arborescence
Impression
Valblor
Dépôt légal : 3e trimestre 2010
n° ISBN 13 : 978-2-9522209-3-4
© GIP FCIP Alsace
280