Untitled - GIP FCIP Alsace
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LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 ■ Cet ouvrage a pu être réalisé grâce à la participation de 296 personnes qui, apprenant la langue française ou (re)découvrant le plaisir d’écrire, nous ont fait part de ces textes écrits pour la plupart dans le cadre d’ateliers d’écriture en Alsace. Ce recueil rassemble 294 textes. Il ne saurait exister sans la contribution des formateurs, animateurs d’ateliers, éducateurs et autres passeurs de mots qui, convaincus de l’importance de l’écrit et soucieux de la parole d’autrui, ont accompagné la rédaction de ces textes. Nous remercions tous les partenaires investis dans ce projet et tout particulièrement ceux qui ont pu apporter leur soutien financier à cette action : LA PRÉFECTURE DU BAS-RHIN, LA PRÉFECTURE DU HAUT-RHIN, LA DIRECTION RÉGIONALE DES ENTREPRISES, DE LA CONCURRENCE, DE LA CONSOMMATION, DU TRAVAIL ET DE L’EMPLOI, LA DIRECTION RÉGIONALE DE LA JEUNESSE, DES SPORTS ET DE LA COHESION SOCIALE, LA DIRECTION RÉGIONALE DES AFFAIRES CULTURELLES, LA RÉGION ALSACE, LA VILLE DE STRASBOURG, LE CONSEIL GÉNÉRAL DU BAS-RHIN, LA FONDATION D’ENTREPRISE LA POSTE, LA FONDATION DU CRÉDIT MUTUEL POUR LA LECTURE, Nous remercions également ceux qui ont pu apporter un appui humain et logistique : L’ASSOCIATION TÔT OU T’ART LE SERVICE DES MUSÉES DE LA VILLE DE STRASBOURG LE MUSÉE D’ART MODERNE ET CONTEMPORAIN DE STRASBOURG LA MÉDIATHEQUE DE LA VILLE ET DE LA COMMUNAUTE URBAINE DE STRASBOURG Nos remerciements s’adressent également à toutes les personnes investies à un moment ou à un autre dans l’organisation des différentes étapes du projet « Plaisir d’écrire » : bénévoles, formateurs, animateurs, éducateurs, écrivains, artistes, journalistes, chargés de projets, institutionnels, membres du comité de lecture régional ainsi qu’à toutes les institutions, entreprises et structures soutenant ce projet. LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 ■ Depuis 1998, le centre de ressources CRAPT CARRLI1 coordonne et organise le « Plaisir d’écrire » en collaboration avec des structures et des associations travaillant pour la cohésion sociale, l’acquisition de la langue française et l’insertion professionnelle (associations de quartier, centres socioculturels, organismes de formation, structures du handicap, service éducation des maisons d’arrêt…) Ce projet régional propose des accès diversifiés à l’écrit et encourage les pratiques d’écriture et de lecture auprès de personnes en insertion. Tout au long de l’année, le CRAPT CARRLI propose aux formateurs, animateurs et acteurs de l’insertion diverses ressources pour se professionnaliser dans le champ de la formation pour adultes et notamment dans le domaine des ateliers d’écriture. Afin d’impulser une dynamique autour de l’accès à l’écrit pour tous, différentes actions sont mises à l’œuvre (thématiques d’écriture, appel à textes pour le concours régional d’écriture, ateliers avec des écrivains, projets en lien avec des artistes, publications…). Ces démarches visent à la fois à accompagner les acteurs de terrain dans leur travail d’enseignement du français que ce soit à l’oral ou à l’écrit, à proposer des ouvertures culturelles, mais également à favoriser une réflexion commune sur les problématiques liées à l’écrit. L’équipe du CRAPT CARRLI/GIP-FCIP Alsace 1- Le Centre Régional d’Appui Pédagogique et Technique / Centre d’Appui et de Ressources Régional de Lutte contre l’Illettrisme est un département du Groupement d’Intérêt Public / Formation Continue Insertion Professionnelle d’Alsace 3 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 ■ Sommaire Introduction Lire et faire lire, tout un programme ! Pourquoi écrire ? page 6 page 8 Témoignages « Personne ne devient jamais maître dans un domaine où il n’a pas connu l’impuissance, et qui souscrit à cela saura aussi que cette impuissance ne se trouve ni au début, ni avant l’effort entrepris, mais en son centre. » Lire - écrire, couple indissociable La typographie Le besoin d’écrire page 13 page 14 page 16 Textes individuels page 18 Walter Benjamin Textes collectifs page 248 Annexes Index alphabétique Textes « Coups de cœur » Comité de lecture Organismes participants et animateurs Remerciements Contacts 4 page 268 page 272 page 275 page 276 page 279 page 280 5 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 INTRODUCTION Lire et faire lire, tout un programme ! Notre mission est de donner accès à l’écriture et à la lecture au plus grand nombre en développant le réseau régional des ateliers d’écriture pour toucher au plus près les personnes qui n’ont pas encore acquis la maîtrise du langage. C’est une mission à la fois exaltante et exigeante car elle demande de la part des animateurs d’ateliers une posture juste faite de professionnalisme et de respect. S’agissant d’adultes, il est hors de question de guider trop étroitement leurs travaux pour viser une production conforme à un thème ou de les replacer dans des situations infantilisantes. Il importe de pouvoir faire naître leur envie d’écrire et de développer leurs compétences pour les rendre plus autonomes dans leur vie quotidienne en famille, au travail, dans leur vie sociale et leur ouvrir ainsi un chemin de liberté. Nous voyons chaque année à quel point se révèlent des vies par ce simple accès à la forme écrite et tous les parcours qu’elles décrivent, il suffirait d’un rien pour que d’autres écrits prennent corps : un rien fait d’un minimum d’estime de soi reconquise, d’un minimum de considération reçue et d’un appui subtil pour que bien d’autres adultes accèdent au plaisir d’écrire où qu’ils soient et quelles que soient les situations qu’ils connaissent. Notre ambition est que chaque année d’autres adultes découvrent ces activités et s’accordent assez de confiance pour devenir à leur tour des auteurs ; que d’autres animateurs d’ateliers se sentent pousser des ailes pour démultiplier ces activités partout où c’est encore nécessaire et les besoins sont nombreux . Puisse le Plaisir d’écrire 2010 susciter à la fois le bonheur de lire, l’envie d’écrire, l’envie de faire écrire et de donner à voir au plus grand nombre. Merci à tous les partenaires qui nous font confiance et appuient notre action pour la rendre possible. Élisabeth ESCHENLOHR DéléguéeAcadémique à la Formation Continue Directrice du GIP FCIP Alsace 6 7 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Pourquoi écrire ? D’où vient cette envie tenace de se retrouver un stylo à la main, au milieu d’un groupe familier, pour se lancer à l’aventure sur la page blanche ? Pourquoi ce besoin, toujours réitéré, d’écrire seul ou accompagné ? Cette année, malgré des conditions de fonctionnement particulières - fermeture du centre de ressources Papyrus à Mulhouse et temps de coordination réduit au CRAPT CARRLI - le réseau du Plaisir d’écrire a montré sa volonté de maintenir et de poursuivre ce projet ambitieux et nécessaire qu’est le concours régional d’écriture. En effet, cette année encore le Plaisir d’écrire a touché son public et a réuni autant de participants que d’habitude : 279 textes individuels et 15 textes collectifs. C’est une des questions fondamentales que se posent dès le départ les participants à un atelier d’écriture. Qu’est-ce que je fais là ? Est-ce bien ma place ? Et bien oui, car il faut le savoir, tout le monde est capable d’écrire, de créer, de donner naissance à un texte personnel. Pourquoi j’écris ? Témoignages après quelques séances : pour m’évader, libérer, émouvoir, apaiser, partager. Pour faire rire, exprimer, m’indigner, soulager. Pour instruire, toucher, crier, guérir, oublier… Et j’en oublie… 2010 a également vu le renforcement de partenariats initiés les années précédentes avec des associations culturelles locales : Tôt ou T’art (association ayant pour vocation de favoriser l'accès à la Culture des personnes en parcours d'insertion sociale et professionnelle) et Papier Gâchette (maison d’édition associative, atelier de sérigraphie, typographie et gravure). En outre, des collaborations fructueuses ont vu le jour autour d’ateliers d’écriture avec U.Bic slam, Strasbourg Initiation nature Environnement et l’Union régionale des Structures d’Insertion par l’Activité Economique Ecrire en atelier est porteur de bien des sens. Au niveau personnel, l’écrivant devenu auteur restaure sa confiance en lui et sa motivation dans l’apprentissage ou la maîtrise de la langue. Par l’écoute positive et le respect des autres, il s’inscrit et s’implique dans la vie d’un groupe. C’est donc aussi un moyen d’aborder l’apprentissage du vivre-ensemble et de renforcer le lien social. Enfin, par le biais des lectures, de la découverte d’auteurs ou d’artistes, un atelier d’écriture représente une ouverture littéraire et culturelle sur le monde d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Le Plaisir d’écrire participe depuis 1998 au développement des ateliers d’écriture et à la professionnalisation des acteurs (animateurs, formateurs, éducateurs) oeuvrant dans des structures d’insertion, du handicap ou de la formation linguistique, pour soutenir l’accès à l’écrit et à la lecture pour tous. 8 INTRODUCTION Le choix du thème « De l’autre côté du travail » s’inscrit dans une volonté de prendre au mot la question du travail et de la lier aux projets professionnels des participants : comment peut-on penser la question du travail dans sa famille, dans son environnement, dans sa culture ? Comment également questionner sa place et la manière de la construire, comment se perçoit une histoire professionnelle, son évolution et son inscription dans un devenir possible ? Autant de perspectives pour s’interroger et arriver à dire, avec l’un de nos écrivants : Il était une fois Monsieur Travail / C’était quelqu’un de génial / Patricia LEJEUNE Animatrice du Plaisir d’écrire 9 Témoignages ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TÉMOIGNAGES Lire - écrire, couple indissociable de mon travail artistique.... Ils se nourrissent l’un l’autre et depuis plus de trente ans je cherche dans la respiration des textes que j’interprète ce qui va donner vie aux mots... Lire ou dire met le corps du texte et le corps de l’acteur en mouvement. Page à page se construit le vivant du livre... En s’ouvrant à une voix, la lecture met en mouvement le corps entier de l’auditeur dans l’intimité d’une écoute partagée... Chaque fois que j’ouvre un livre pour la première fois, et aussi loin que je remonte dans le temps, je m’assoupis et le livre glisse sur mon corps dans un sommeil léger. Le texte travaille déjà à mon insu, je ne résiste en rien, n’y mets encore aucune volonté, aucune énergie de lecture. Il me fatigue et me délasse et me laisse sans défense. Je vais à la rencontre du texte avec une bien grande nonchalance, en promenade, mais il a déjà commencé à s’imprimer en moi. Martin Adamiec Comédien 12 13 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Dans notre travail quotidien, nous avons choisi d’utiliser la typographie, car cette technique constitue une passerelle entre deux dimensions trop souvent séparées, le « manuel » et l’ « intellectuel ». C’est cette passerelle que nous proposons au travers de nos interventions, pour soumettre aux personnes apprenant le Français une autre approche de l’écriture. Dans les ateliers menés auprès de Lupovino, Trampoline, ReFormE et du Phare de l’Ill, nous avons proposé aux participants différents outils pour créer des visuels à partir des phrases extraites de leurs textes : une machine à écrire électrique, des Letraset, des journaux et des pages de caractères à découper, ainsi que du matériel de typographie (caractères en bois et en plomb, presse, encres). Il s’agit de manipuler les caractères typographiques, de déterminer leurs dispositions dans l’espace, de choisir leurs tailles, jouer avec leurs superpositions, leurs transparences pour créer une image. Paradoxalement, la composition de phrases à partir de ces procédés est à la fois plus ludique et plus laborieuse que l’écriture manuelle. Cela a pour effet d’écarter les appréhensions à écrire, en concentrant l’auteur sur la manipulation. 14 TÉMOIGNAGES L’accent n’est plus mis sur l’orthographe ou la syntaxe, mais sur le sens que l’auteur veut donner au mot et à la phrase par sa matérialité. Le but de ce travail est aussi de restituer à l’écriture sa part d’oralité, en y introduisant du rythme. La mise en forme du texte peut, dans certains cas, devenir un commentaire du texte, marquant les intentions de l’auteur, la volonté de souligner un mot le plus souvent, mais aussi parfois faire correspondre visuellement des mots que rien ne distingue dans le corps du texte. La typographie est une expérience riche en phase d’alphabétisation. Chaque lettre, chaque espace est matérialisé ; il faut bien observer le tracé de la lettre pour pouvoir la reconnaître à l’envers. Malgré cela, on constate que la typographie est réellement à la portée de chacun, et que le résultat obtenu est valorisant quel que soit le niveau de français du participant. Papier Gâchette Maison d’édition associative, Atelier de sérigraphie, typographie et gravure 15 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TÉMOIGNAGES Témoignage sur un atelier d’écriture Le besoin d’écrire Mai 2010 : dans le TGV pour Paris. Je relis mes très sérieuses et très précieuses fiches-méthode proposées lors de la formation Ecrire pour se Construire au CRAPT CARRLI. Elles me rassurent - ce doit être une bonne vieille habitude d’enseignante qui n’arrivait pas en classe sans une rigoureuse organisation -, même si, dans la réalité vécue du cours comme de l’atelier, je sais que les choses ne se passent jamais comme on les avait prévues, et c’est tant mieux ! Première confrontation face à cette question de la consigne/contrainte… N’est-ce pas grâce à ce travail préalable rigoureux et exigeant que les idées abondent et que je me sens prête et accessible pour l’inconnu, le mien comme celui des participants ? Le thème imposé est « Regards Croisés ». Bien sûr, j’étais libre d’en choisir un autre mais j’ai profité de l’occasion qui m’était donnée de vivre cette notion de consigne/contrainte de l’intérieur. A mon tour de m’y plier, pour permettre à mon imagination de forcer ma porte. Au mois de février avait déjà eu lieu une semaine-photo sur ce même thème. Est-ce que les participants seront les mêmes ? Quel était le contenu de leur semaine ? Quelles ont été les productions ? Peut-être pourra-t-on faire des liens… il y a de l’exposition dans l’air… ? Et puis, ce n’est pas un public habituel, pour moi c’est même la première fois. Dans le RER direction Evry, une petite tension et beaucoup de questions. C’est la première fois que j’anime un atelier thématique de trois jours, dans un lieu et avec des participants inconnus ou presque. Le clavier va remplacer le stylo et les ordinateurs en réseau sont disposés comme dans une salle de classe… On verra bien… 10h30 : Bernard, responsable de ces semaines Passion du DRAC* me rassure. Difficile de respecter des horaires quand chaque déplacement tient de l’expédition. Effectivement, quelques minutes plus tard, tout le monde arrive. Premières émotions, on met un visage sur une voix car le groupe a pu échanger, chacun dans son fauteuil, chez soi, grâce à une conférence téléphonique via Skype, quelques semaines auparavant. Histoire de parler du projet de l’atelier et surtout pour désamorcer cette appréhension face à l’écriture qui intrigue et attire autant qu’elle inquiète. 16 « Je n’ai jamais écrit », « j’ai tenu un journal quand j’étais jeune mais j’ai dû arrêter », « moi, les rédactions à l’école, tu sais… » Mais alors, pourquoi sont-elles venues (il n’y a que des femmes) des quatre coins de la France ? L’ENVIE D’ECRIRE avait été la plus forte… Difficile de résumer ces trois jours magiques, trop à dire, tout à dire… Dans le TGV qui me ramène à Strasbourg, je découvre, dans les grilles de mots croisés qui ont servi d’évaluation, les mots qui sont venus spontanément conclure l’expérience : vibration - humanité - partage - émotion - imagination - ange - libre - chant âme - sésame - soi - être - vrai - ravie - amie - nourrir - ouverture - valeur force - inouï - cœur - détonnant - clef - immortel - énorme - luire - foi - toi lien - fou - zen - tournis - calumet… Je me sens en paix, enrichie de cette rencontre « inouïe » à la croisée des regards et des mots, avec l’envie d’aller plus loin. Rendez-vous est pris pour un atelier en ligne mensuel via Skype. « Entrez, c’est tout vers… » sera notre porte ouverte sur l’avenir. Je réalise combien l’écriture « est un produit de haute nécessité » (O. et M. Neumayer) et combien, sous « le goût des mots » pousse le goût de Vivre. J’ai devant moi les visages de Catherine, Maryvonne, Yvette, Françoise et les autres, leurs yeux qui brillent et leurs exclamations, j’ai oublié leurs fauteuils, leur raideur, leur épuisement heureux en fin de journée… J’entends surtout la petite voix de Sylvie venue dire merci pour cette expérience « énorme qui lui a donné l’envie et la force de vivre jusqu’à cent ans » malgré la myopathie qui la cloue dans son fauteuil, lui laissant son sourire et son index pour se tenir fermement au fil de la vie. L’envie d’écrire est devenu BESOIN D’ECRIRE et un livre prend forme dans la tête de Sylvie… Tu as trouvé le mot juste, Sylvie, c’était énorme, pour moi aussi ! Isabelle FOREAU Ecrivain-Biographe Ateliers d’écriture Papiers de Soi * DRAC : Département de Recherche d'Activités de Communication de l'AFM (l'Association Française contre les Myopathies est une association loi de 1901 dont l'objectif est de vaincre les maladies neuromusculaires. 17 Textes individuels ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Le chômage Préparateur dans une usine de fromage, Je souhaite une belle vie pour toi. Je souhaite que le soleil ne se couche pas quand je suis avec toi. Je souhaite le bonheur du printemps toujours autour de toi. Je souhaite que mes doigts fassent comme des flammes pour allumer ton chemin Je souhaite que quand le vent passe il te donne tout ce en quoi tu crois. Je souhaite que quand tu vas grandir tu ne m'oublies pas. Je souhaite mon fils que tout le temps qui passe sans toi n'existe pas. Einas ABOU DALAL Plurielles, Strasbourg son patron ayant subi l’outrage, il s’est retrouvé au chômage. Dans sa vie c’est un ravage, il se sent comme dans une cage, tel un bateau faisant naufrage. A C’est alors qu’il eut la rage, Je me réveille le matin à 6 heures. En premier mon fils part, après c’est ma fille. Mon mari ne travaille pas, il est en arrêt longue maladie. essayant une formation en apprentissage, sous forme de stage de recyclage, où il se rend en co-voiturage. Cette année il y a beaucoup Reviennent la confiance et le courage, de neige devant la maison. espérant une longue période sans orages. Cette année je peux pas partir en Turquie mais toute la famille me manque. Yasmina ABRIKOUS Centre SocioCulturel Phare de l’Ill, Illkirch-Graffenstaden Zeynep A. Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines 20 21 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Ma famille Je m’appelle Nursel Adam. Je suis turque. La Turquie me manque, c’est joli la Turquie. Et ma famille me manque beaucoup. Nous sommes quatre enfants, trois filles et un garçon. Mon père, il travaille. Ma mère est femme au foyer. Je suis mariée. Mon frère est militaire et le 16 mai il sera de retour à la maison. Il est coiffeur pour homme. Il a 21 ans. Ma petite sœur est en première année de comptabilité à l’université, elle a 19 ans. Et ma dernière petite sœur a 10 ans et elle est en CM2. J’aime ma famille et en juillet 2010 je vais en vacances en Turquie. Nursel ADAM Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines La semaine de mon mari Mon mari travaille, il part le matin à 7h00, il revient le soir à 18h00, il travaille toute la semaine : 5 jours. Il se lève le samedi matin à 9h30 après nous faisons des courses dans le magasin après on prend le petit déjeuner. Ensuite il sort en ville ; tout le jour en ville… Moi tout le jour à la maison. Au travail Je cours prendre le bus, Sevinç AKARSU Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines A Je traverse la ville, Je fais les courses, Je rentre chez moi, Je range, je téléphone, J’allume la télé, Je lis mon courrier, Je prépare à manger, Je mange, je fais la vaisselle, Je prends ma douche 22 J’ai travaillé pendant six mois dans une usine de préparation de saumon à Wisches. Ce travail me plaisait beaucoup et il y avait une bonne ambiance. Mais ce que j’aimais par-dessus tout c’était le trajet de Molsheim à Wisches. Sur ce trajet, je voyais les belles rangées de vignes sur le flanc des montagnes, le village de Heiligenberg perché sur la montagne, la scierie avec ses odeurs de bois. Et enfin je me couche… Cette nature si belle me rendait heureux car elle ressemblait à mon pays, la Tchetchénie. Nicole ADOLF ESAT Saint-André, Les Ateliers du Steinkreuz, Wintzenheim Ivan ADUYEV Association Trampoline, Molsheim 23 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Je suis très importante pour les gens, tous les matins les gens doivent me regarder pour arriver juste à l’heure au travail, à l’école. Je suis très importante pour toutes les activités et aussi je suis dans toutes les maisons et sur les bras. Je suis très heureuse parce que les gens m’apprécient, les enfants aussi veulent apprendre l’heure et ils veulent me porter. Mais je suis triste juste pour une chose : mon temps passe vite, TEXTES INDIVIDUELS Le cuisinier Et le dentiste Travaillent Avec une casserole. Ils prennent le train Pour aller à la bibliothèque. Quand ils arrivent, ils voient une vache Noire et blanche En train de dessiner. Le menuisier Et la pâtissière Mangent des tomates Dans le lit. Ils prennent le bus Pour aller à Paris. Quand ils arrivent, ils voient un mouton Vert En train de boire de l’eau. A Elena ALAVERGIAN Association Parole et Soleil, Riedisheim je voudrais l’arrêter quand les gens sont très heureux. Je suis une montre. Demet AKTAS Plurielles, Strasbourg Un docteur Et une chanteuse Préparent Un balai. Ils prennent un bateau Pour aller à la piscine. Quand ils arrivent, ils voient un cheval Brun En train de marcher. Zohra ALLAOUI-MAALEM Association Parole et Soleil, Riedisheim 24 25 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS C’est une utopie… Etre en vacances tout le temps C’est une utopie La valeur du travail Gagner beaucoup d’argent C’est une utopie Travaillez, prenez votre part de labeur C’est le lot de chacun Ne pas se lever quand le réveil sonne C’est une utopie Un riche propriétaire terrien fit venir à sa ferme un jeune moine. Garçon, lui dit le vieil homme que nous ont laissé nos ancêtres ? Un trésor est dissimulé sur notre domaine. Je ne sais pas s’il ne s’agit là que d’une légende mais vous le chercherez ! Remuez votre carcasse, remuez le sol, la terre, le ciel ! Creusez, fouillez, suez sang et eau, n’aillez plus de repos. Où qu’il se cache, trouvez-le ! C’est la tradition qui le veut. Le père de mon père, et le sien avant lui ont pris bien soin de cacher, d’enfouir dans un endroit secret le trésor familial si bien qu’au fil des générations, quelques parts ont disparu. Il en ravirait plus d’un de mettre la main sur un tel monceau d’argent. Vivre sur une île déserte et inconnue C’est une utopie Collectionner les beaux camions C’est une utopie C’est une utopie parce que je n’ai pas le fric Mais c’est pourtant mon Rêve… Pierre ALLENBACH Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller Ma fille, Ela Le jour où j’ai appris que j’attendais un bébé je n’y croyais pas. Le jour où j’ai su que c’était une fille je n’y croyais pas. 26 A Mais l’intérêt primordial était pour le jeune homme de leur enseigner que le travail fournit pour le trouver avait autant valeur de trésor. Jérôme APFFEL Tremplins, Sélestat Les enfants de la rue Le jour de sa naissance quand j’ai senti sa chaleur sur mon corps j’étais la mère la plus heureuse. Elle est où maman ? Il est où papa ? Je ne suis pas né juste comme ça. J’ai le droit d’avoir un toit avec papa et maman. J’ai besoin d’aller à l’école. J’ai le droit d’avoir une vie familiale pleine d’amour. J’ai le droit de jouer avec mes frères et sœurs. J’ai besoin de manger un repas chaud. J’ai besoin de vivre bien comme tous les enfants du monde. Hava ARAMA ReFormE, Lingolsheim Sabrina A. Centre Social AFSCO, Mulhouse 27 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Mon rêve, ma réalité Quand j’étais petit je voulais être Pasteur car je crois en Dieu. Que c’est beau la vie Je me suis mis à chanter Maintenant je suis grand je veux devenir un travailleur en E.S.A.T. car le milieu ordinaire, trop difficile pour moi. Que c'est beau la vie. Je me suis mis à danser J’ai toujours rêvé d’être chauffeur de tram aujourd’hui je suis grand et peureux trop peureux pour faire ce métier. Sous une fine pluie. Je me suis mis à jouer A chaque petit instant. Je souhaite de ne pas être chômeur car je ne veux pas me décevoir moi-même ! Je me suis mis à rire Je suis grand, je veux un emploi car je ne veux pas être à la rue. J’ai le droit d’avoir un logement et de l’argent car j’adore faire des cadeaux. Même si le travail c’est de l’effort grâce à lui on peut partir en vacances… Alors, disons-le, l’effort c’est du plaisir ! Tellement j'étais content. Sur le passé j'ai tiré un trait Au moins c'est la paix. J'ai longtemps cherché la voie A Alexandre ARBOGAST I.M.PRO La Ganzau, Strasbourg Mais maintenant c'est la joie. C'est sur une note d'humeur Mais le cœur rempli d'amour. Que je finis par l'accepter Merci la vie, à la santé. Djaffar ARBIOUÈNE Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg 28 Mes vacances Je pars en Turquie pour les vacances avec ma fille. Je visite Istanbul, je reste une semaine chez mon frère, après je pars à Çorum voir Papa et Maman. Je fais beaucoup de visites. Je reviens : l’école, les magasins, faire la cuisine, boire le thé avec ma voisine… Ayse Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines 29 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Mon mari, il travaille Le matin, il part à 5h30, le soir, il revient à 17h30. Tous les vendredis matin, il part à 5h30 et l’après midi, à 14h, quand il revient, il fait les factures. Le samedi, il fait les courses au magasin, l’après-midi on part chez ma belle-mère avec mon mari et on dîne là-bas. Tous les dimanches on regarde des DVD et on sort pour faire des visites chez des copains. Mon mari est, tous les jours, fatigué. Muhsine ASIKOGLU Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines TEXTES INDIVIDUELS Je travaille comme hôtesse de caisse dans une grande surface. Assise derrière une caisse enregistreuse, je reçois jusqu’à trente clients par heure. J’enregistre les prix des produits que les clients achètent et j’encaisse les paiements. Aliments, vidéos, vêtements, outils - tous les produits de consommation arrivent entre mes mains. La lecture automatique des prix a considérablement fait évoluer ce métier. Nos caisses enregistreuses sont équipées de lecteurs automatiques de codes barres. Je peux passer jusqu’à vingt-sept articles à la minute. J’encaisse le montant total des achats, payés par carte bancaire, par chèque ou en espèces. Je me déplace pour mes pauses. A la fin de mon service, je compte les versements contenus dans ma caisse. Je vérifie que les montants enregistrés et encaissés sont identiques, avant de déposer l’argent à la comptabilité. Je remplis les documents que je remets à la comptabilité. J’envoie l’argent en billets automatiquement et je porte la monnaie au service comptable. A En travaillant, je dois être toujours attentive, rester vigilante afin d’éviter les erreurs de caisse. Je ne peux pas avoir à rembourser de ma poche les recettes manquantes. Je dois être méthodique. Rythme soutenu et organisation me permettent d’éviter trop d’attente aux caisses. Une page de ma vie Ma vie est très simple elle n’a rien d’exceptionnel, c’est tous les jours la même chose, la routine. J’aimerais changer, mais je ne sais pas par quoi commencer. Quelque fois je prends la décision de changer mais après je me retrouve dans le même cercle : les enfants, le ménage, la cuisine, les trajets d’école à des heures précises, la télé, et chaque jour cela recommence. Je voudrais savoir, est-ce que toutes les femmes ressentent cette routine, qu’elles travaillent ou non, ou juste moi ? Même quand je change quelque chose, après quelque temps je retombe dans la même routine. Alors la routine me suivra-t-elle toujours ? Je dois être soignée. L’apparence physique est très importante pour exercer ce métier. Je dois être impeccable et souriante pour accueillir la clientèle. Je dois être disponible. Mes horaires sont souvent irréguliers, tôt le matin ou tard le soir. Dans la journée, je peux travailler quelques heures dans la matinée, ou un autre jour, je peux prendre le travail seulement en début de soirée. Avant de commencer à travailler dans ce supermarché, j’ai suivi une formation payée par la chaîne du magasin, d’une durée d’une semaine. Elena AUBERT Association Trampoline, Molsheim Siham ATOUIL Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg 30 31 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Le pain, c’est la vie J’ai vu le boulanger Tirer parti du pain J’ai vu le boulanger Faire du pain artisanal J’ai vu le boulanger Pétrir la pâte J’ai vu le boulanger Peser sur la balance J’ai vu le boulanger Signer de son nom le pain J’ai vu le boulanger Chauffer le four au bois J’ai vu le boulanger Le pain cuit au four J’ai vu le boulanger Sentir le pain J’ai vu le boulanger Goûter le pain Moi, j’assemble des mots Et c’est un peu pareil. Lydia AYROUMYAN Association Foyer Notre Dame - CADA Nord, Oberhausbergen 32 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Dans un ESAT Victor, l’itinéraire d’un enfant blessé Il était une fois, un bébé appelé Victor. Né en France à Fontainebleau, à l’âge de 6 ans il a dû quitter son pays avec ses parents. Ils se sont rendus en Afrique au Sénégal. Le père, Hamed ainsi que sa mère Nicole vivaient à Dakar avec ses deux frères et sa sœur. Nicole s’est séparée de Hamed et est retournée en France en laissant ses 4 enfants avec leur père. Hamed s’est remarié avec une autre femme, une Sénégalaise. Elle maltraitait tout le temps Victor. Le jeune enfant n’osait pas le dire à son père par peur de représailles. Un jour, le père a surpris sa femme maltraitant Victor. Le père trop faible n’a rien dit mais a écarté Victor du foyer. Victor s’est retrouvé à Saint Louis du Sénégal chez un proche ami de son père appelé Laurent. Ce dernier avait deux femmes et cinq enfants, dont un du même âge que Victor. Pour Victor une nouvelle vie commence pleine d’espoir… Victor avait 10 ans. Daouda BA Association Adèle de Glaubitz, ESAT Saint-André, Cernay L’année dernière j’ai fait un stage. J’ai commencé en septembre 2009 jusqu’en janvier 2010. J’étais très contente parce que j’ai connu beaucoup de copines très gentilles. J’ai travaillé et j’ai appris le français. Je ne suis pas contente parce qu’on a terminé vite. Quand on a fini le stage, on a fait une fête avec l’équipe. Maintenant je cherche un travail je ne trouve rien. Pour moi c’est très important de travailler parce qu’on avance pour parler, pour le contact… Ermira BAJRAMI Centre Social AFSCO, Mulhouse 34 Je me présente, je m’appelle Marie-Madeleine. Je travaille dans un ESAT, qui est bien situé, dans la Zone Industrielle de Hœrdt. Nous leurs avons donné un joli nom à nos chers ateliers. Ils s’appellent « la Clairière du Ried ». Les gens de mon village pensent que le Sonnenhof est un endroit pour les fous. Mais ce n’est pas du tout ça. C’est un endroit où l’on aide les personnes en difficulté. Mon ESAT est comme une entreprise normale, sauf qu’on travaille à un autre rythme, ce n’est pas la chaîne et le travail est adapté à mes capacités. Nous avons des pauses, des horaires stricts et des marchandises à sortir. Je suis une jeune femme qui vient au travail bien habillée, toujours avec des bijoux, joyeuse, et coquette. Tous les jours c’est la même histoire. Nous sommes contents de nous retrouver, nos chers collègues et moniteurs. Mais nous devons respecter certaines règles, comme par exemple mettre nos blouses et nos chaussures de sécurité. Quand nous arrivons dans l’atelier, la première des choses à faire c’est d’allumer les lumières, d’ouvrir les portes et les volets, et de mettre le compresseur en marche. Une fois que tout est mis en route, les machines fonctionnent, le travail démarre. Dans mon atelier de sérigraphie, on marque des tee-shirts, des sacs en coton, des parapluies, des porte-documents. Nous faisons différentes techniques de marquage, du transfert laser, du transfert sérigraphie ou en direct. B Je me sens bien dans l’atelier, ce n’est pas trop stressant, c’est même cool ! Je m’occupe de la présentation de la marchandise qu’on doit marquer. Je donne parfois des coups de main à ceux qui ne suivent pas. Je trie aussi la marchandise, ce qui est pour la tampographie ou pour la sérigraphie. Je fais surtout de la préparation, de l’emballage, du pliage et des colis. Je ne m’intéresse pas trop aux machines, j’ai plutôt peur de me tromper et de ne pas y arriver. Comme j’étais dans la restauration avant, j’ai beaucoup appris dans cet atelier. La journée est terminée, nos moniteurs sont contents de nous, on a bien travaillé. Tous les collègues sont fatigués. Il est l’heure d’éteindre les lumières, le compresseur, de fermer les portes, puis les volets, et le stockage. Vive le travail ! Car il y a beaucoup de chômeurs, et je suis fière d’en avoir un. Marie-Madeleine BACHER Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller 35 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Une chanson poème J’adore travailler ! Si j’étais pâtissière, je ferais danser et bouger fouets, cuillères, rouleaux, moules, saladiers. Je mélangerais, secouerais farine, sucre, œufs, lait ! Je fabriquerais un gâteau « Forêt Noire » bien sucré. Je cuisinerais une « île flottante » bien vanillée ! Je confectionnerais un « Tiramisu » italien au goût de café crémeux ! Je les mettrais dans une vitrine. Les gens pourraient venir les acheter ! Ils inviteraient leurs amis pour manger ces bonnes pâtisseries, autour d’une jolie table bien fleurie, sur une nappe décorée de motifs alsaciens. J’adore travailler ! De l’autre côté du travail, j’ai rencontré Aladin. C’était un pauvre bambin qui traînait dans les rues tous les matins. Il était généreux et coquin et beau ! Il avait un turban blanc ! J’étais émerveillée par la musique et le chant. J’ai eu peur des tapis volants à cause de la fumée. Le déguisement était noir pour les méchants et pour les gentils, il était blanc. Aladin et Badroulboudour se sont mariés pour vivre ensemble ! Aladin lui a mis la bague au doigt, elle avait des fleurs dans la main. C’était merveilleux, fabuleux ! Il n’y a pas que le travail dans la Vie ! Christiane BALTZER La SAJH, Strasbourg Une petite fille n'aime pas être méchante. Mais elle n'écoute pas, n'est pas obéissante. Une petite souris n'est pas réfléchissante. Elle se laisse attraper par la petite fille caressante. Un petit garçon n'arriva pas à être croissant. Il n'aime pas être puissant. Le petit bébé n'est pas encore vivant. Un prince n'est pas insuffisant. Il adore être amusant, apaisant. Une princesse n'est pas motivante. Elle n'aime pas être vieillissante. Un roi n'aime pas être servant. Une reine déteste être suivante par une autre personne complaisante. José Antonio BAREA Association GEM Aube, Strasbourg B Je travaille chez Millipore Je fais le ménage J’aime bien mon travail. Je préfère le travail l’après-midi car c’est plus facile. Je passe le chiffon mouillé sur les sols. Le matin, c’est plus difficile car je dois passer l’aspirateur, ce qui me fait mal à l’épaule. J’aime les contacts avec le personnel de l’entreprise et mon chef. J’aimerais m’occuper des enfants mais je n’ai pas pu faire les études pour y arriver. Salima BARRAHOU Association Trampoline, Molsheim 36 37 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS L'insensé métier de vivre Ça fait cinquante-sept ans que nous exerçons ce métier, que nous avons commencé à lutter et cela va continuer pour autant que notre volonté personnelle se trouvera en accord avec la volonté d'une puissance supérieure capable de lui gérer des limites. Une telle entité existe forcément sous une forme ou une autre, il n'est pas question de le mettre en doute, mais pour notre part nous en limiterons l'énonciation : LA VIE. C'est un mouvement global et circonscrivant le trajet de nos destinées individuelles dont elle infléchit l'évolution. La vie c'est tout à la fois mon métier, mon combat, mon chantier, mon employeur, mon outil de travail, ma compétence, ma performance. C'est mon terrassement et ma jubilation. C'est mon salaire, souvent le salaire de la peur, quelquefois le salaire du labeur. C'est mon employeur puisque c'est elle qui tous les matins me harcèle pour que je m'étire et me tire de mon inertie naturelle. Même si je suis sans rien à faire la journée entière, il faut que je bouge, que je bricole comme si. Pour quoi faire? Je n'en sais fichtre rien. J'improvise. Jour après jour, heure après heure, seconde après seconde. J'ai quelques instruments de travail qui traînaillent dans les décombres de mon chantier. Tiens, une casserole, par exemple. Remplie d'eau chaude, elle pourra me servir à confectionner un café soluble potable. Par exemple. Et une fois installé devant mon bol (s'il n'y a pas manque de bol) je m'interroge à loisir : que vais-je faire de ma vie aujourd'hui ? L'insensé chantier vient de commencer. Je suis de retour sur mon lieu de travail et mon employeur sans rien me demander me dit de me mettre à bosser sa foutue question sans autre outil que mon corps et mon crâne. Et mes nerfs. C'est ça ma vie, tous les jours, tous les matins ça recommence. Il n'y a ni vacances ni retraite. Les joies de la vie d'artiste. Rire jaune dans la solitude et l'incompréhension générale pour ne pas être surpris à pleurer aux cimetières avec les autres est bien dur métier. Il est 2 heures 48 du mat. L'Alsace dort la nuit car l'Alsace travaille le jour. Tout est dit. Qu'on me claque au nez les guichets, je n'irai pas me faire trancher le lard. Chômeur patenté, poète bancal, hérisson ou amoureux transi, qu'importe, je suis un étranger qui se morfond de n'avoir pas les ailes de m'envoler. La destinée, j'ai déjà tout donné. Il ne me reste que les restes, ce peu avec quoi j'accommode si bien le tout, tu sais. B J'écoute une de mes ultimes musiques pour paumés centre nuit : Keith Jarrett et son piano noyés dans une nuit d'où montent à moi des souvenirs moroses car les portes de ce parc sont closes, et envolés les oiseaux musiciens (nous) dont il bruissait parfois. Et presque chaque jour ma tristesse, tel un vieil oiseau à la mémoire juste, se prend et s'éprend à méditer son envol vers ces compagnons de temps forclos dont je chérissais la mémoire en m'effarouchant de risquer les réveiller brusquement du sommeil du passé à penser trop haut ces deux syllabes niaises et superbes : « amis ». François BARTH Association GEM Aube, Strasbourg 38 39 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Tous les samedis, je fais du cheval avec Léa. On fait du pas, du trot et du galop avec Elodéa. Elodéa est brune avec le museau un peu blanc. Elle est calme. Au début, elle dort un peu mais avec un petit coup de cravache, Elle m’écoute mieux. J’aimerais bien un jour, faire du saut d’obstacles. Quand je peux, je regarde le cours du niveau au-dessus Qui en fait. Ensuite, je reprends le bus jusqu’à Koenigshoffen Pour rejoindre ma mère et mes sœurs. Ma deuxième sœur est enceinte et elle a déménagé. Moi, pour l’instant, je reste à la maison. Gaëlle BECHU ADAPEI du Bas-Rhin, ESAT Duttlenheim TEXTES INDIVIDUELS A la maison Quand je rentre à la maison, je rencontre beaucoup de monde car je passe toujours par le même chemin. Il y a même parfois une personne qui m’invite à prendre le goûter chez elle. Quand je rentre à la maison, j’oublie tous mes soucis que j’ai eus au travail et je me repose. Quand je rentre à la maison, soit je regarde la télé, soit je joue à l’ordinateur car j’aime ça. Et quand je suis devant mon ordinateur, je fais des jeux ou des exercices et je vais voir mes mails. B Anne BECKER ESAT Papillons Blancs, Soultz Le travail en milieu carcéral Le travail n’est plus obligatoire dans les prisons françaises, mais reste une nécessité non seulement pour arrondir ses fins de mois, mais aussi et surtout pour avoir une occupation. En général, le travail est très mal rémunéré, il est souvent répétitif et ne demande absolument aucun niveau d’étude. Tout le monde y trouve son compte, à commencer par les divers concessionnaires, l’administration qui, de ce fait, s’achète la tranquillité et bien entendu le détenu. Une main d’œuvre à bas prix aussi abondante reste une aubaine pour tous ces petits intermédiaires. La demande est très supérieure à l’offre, ce qui rend la sélection cruelle et les délais d’attente interminables. C’est cela, le travail en milieu carcéral. Aziz B. Association Espoir, Maison d’arrêt de Colmar 40 Je voudrais goûter le miel naturel Je voudrais entendre la mer et le bruit des hirondelles Je voudrais toucher le ciel en voyant le soleil Je voudrais voir la chapelle qui illumine le ciel Je voudrais sentir mes ancêtres à l’extérieur de cet archipel Héléna BEEJADHUR APP Re.Form.E, Strasbourg 41 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Le chevalier, le dragon et la princesse Il était une fois une histoire à dormir debout Une histoire grotesque, une histoire de fou. Une histoire de princesse esseulée au plus haut d’une tour Qui attend fébrilement qu’un prince charmant vienne lui faire la cour Le dragon lui, était parti vers d’autres cieux Pour monter la garde il se sentait trop vieux Et puis après tout elle était assez grande Pour suivre sa route sans que personne ne la commande Le prince charmant en question, qui ne l’était pas plus que moi Après avoir bravé mille dangers, enfin pas tant que ça Finit par arriver au château de la belle esseulée A cheval, à vélo et même à pied Le chevalier avec son pantalon mouillé Etait toujours dans le donjon pétrifié La princesse en le voyant se mit à courir vers lui Il était là celui qui allait combler ses nuits Là un pauvre dragon un tantinet efféminé Qui ne demandait qu’une chose, être pour une fois écouté Montait une garde qui ne faisait que le barber Ne souhaitant rien d’autre si ce n’est de partir s’éclater Mais très vite elle déchanta En voyant le résultat De chevalier il n’en n’avait même plus l’armure Juste une trace qui tapissait le mur Le prince au courage vertigineux d’un bulot En voyant le dragon en perdit son mégot Pendant ce temps au plus haut de la tour La princesse elle, attendait toujours Déçue elle remonta en haut de la tour Et mit fin à son rêve de grand amour Elle se jeta du haut de son balcon Mais tomba sur le dragon Qui prit de frayeur La mangea pour son quatre heures Qu’en était-il de ce vaillant chevalier Celui-là même qui était censé la délivrer Après avoir fait dans son pantalon, Partit se cacher dans le premier donjon Il avait complètement oublié la princesse Mais après tout plus rien ne presse Il avait eu beau serrer les fesses Le long de ses jambes cela coulait sans cesse En haut la princesse se languissait d’amour Imaginant déjà ce que seraient leurs ébats Et ne voulant plus attendre en haut de cette tour Les marches, c’est quatre à quatre qu’elle les dévala 42 B Voilà et comme je l’ai dit au début Ceci est une histoire de fou Et si vous y avez cru C’est que vous aussi, vous l’êtes. Fou ! Quant au chevalier, il est chez les fadas Vous vous verrez sûrement là-bas Sinon passez donc me voir demain Je suis avec le dragon et il a toujours faim William BEHR Centre de Réadaptation, Mulhouse 43 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Les petites annonces Ma jeunesse et mon cœur Hemama, 71 ans, cherche une personne pour faire les vitres dans la maison, laver le parquet, préparer les repas pour midi, faire les courses pendant les vacances. De préférence, personne marrante pour me faire rigoler. J’avais déjà une quinzaine d’années et c’était à moi d’aider mes parents. Je devais aussi penser à mon avenir, car autour de ma personne beaucoup de gens étaient au chômage, dans un avenir sombre et bien noir tout de même. Hemama BEKRAR Centre SocioCulturel JSK Camille Claus, Strasbourg Car chaque mois, cela était encore plus incertain, voire même insupportable, sans pouvoir sortir la tête de l’eau. Mon pays C’est la chaleur des orangers et des oliviers La mer calme comme de l’huile sur l’eau Le sable brûlant C’était vraiment sans fond, cette population faisait pour le mieux ; mais sans résultat. La vie s’écoulait, comme dans un sable mouvant ; à chaque petite difficulté l’existence se refermait dans une toile d’araignée. Pourquoi se débattre, alors que le ciel ne brille plus pour nous ; citoyens malchanceux ? Quelle direction prendre, quand on a de mauvaises chaussures aux pieds ? Les gens chaleureux et accueillants Il nous reste que nos beaux yeux pour pleurer dans le futur ; malgré tout cela, d’autres ont eu une bouilloire bien chaude, des couverts au bout des doigts, des lunettes pour mieux voir, leurs gros billets dans leur tiroir. Bref un monde bleu et l’autre gris noir, allez savoir pourquoi la vie est ainsi. Le verre de thé et le couscous Qui peut le dire et répondre à cette définition authentique de nos jours ? Le désert qui donne envie de s’évader Michel BLANCHEGELEY Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines Les cris des chameaux Qui donnent envie de faire des balades B L’horizon infini Mon pays qui se développe Qui est l’Algérie Mohamed BENYOUB APP Re.Form.E, Strasbourg 44 45 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Le spectacle Les doigts dansent sur des pailles, le pouce contre le pouce, l’index sur le pouce qui passe sur un des autres doigts. Sur les doigts, danseurs bruns, rouges, oranges clairs, il y a des points rouges qui dansent et volent comme des coccinelles ; le soleil tape sur les danseurs ; il donne des couleurs chocolat au lait. Un bracelet bleu monte et descend pour voir le spectacle. Je vois une corde longue tissée en formant des V ou des zigzags. Je suis… je suis… je suis ? Un début de chapeau de paille ou de ceinture de paille ou la bandoulière d’un sac que les mains tressent. Selma BOCU Association Helios, Guebwiller Les mains d’une fille Ses mains sont petites. Elle joue avec ses doigts. Sur les ongles il y a du henné. La main droite est fermée, sauf le pouce qui est ouvert. La main gauche est ouverte. Elle touche l’annuaire de la main gauche avec le pouce de la main droite. Peut-être que les mains servent à compter sur les doigts ou elles montrent que la fille est nerveuse, stressée ou gênée. Sule BOCU Association Helios, Guebwiller 46 TEXTES INDIVIDUELS La maison rouge J’étais bien dans ma maison rouge… J’étais tout seul, tranquille… Au début, j’étais minuscule, un petit point, un petit pois, puis j’ai grandi, grandi… Pas de jour, pas de nuit dans ma maison rouge… Je mange, je bois, je dors, je fais de la gym, je m’étire, je donne des coups de pied, des coups de poing… J’entends des bruits feutrés au loin, et puis des bruits plus proches, comme des glouglous étranges… Moi, j’ai grandi, beaucoup grandi ; au début, ma maison rouge a grandi avec moi, j’avais de la place pour évoluer, mais maintenant, je me cogne aux murs, je peux à peine bouger bras et jambes… Et puis je commence à m’ennuyer tout seul, peut-être qu’à l’extérieur de ma maison rouge, il y a d’autres créatures comme moi… Peut-être qu’il existe un univers au-delà de mon petit univers… Depuis quelques temps, ma maison semble étrange, il y a comme une lueur au bout du couloir… J’entends des bruits plus forts que d’habitude. Je suis curieux, je vais essayer de passer par son couloir étrange, mais il est si étroit, et ma tête est si grosse maintenant. Ma maison commence à bouger rythmiquement, elle semble me pousser vers l’extérieur, elle m’aide à sa façon… B Voici des heures maintenant que j’essaie de faire glisser mon corps vers la lumière. J’ai l’impression que de l’autre côté du couloir, des créatures s’activent pour m’encourager à continuer ma périlleuse progression… Leurs voix m’appellent. Une voix que je connais depuis le début de mon arrivée à la maison, à la maison rouge, gémit ; cette créature me semble protectrice et bienveillante, je sais qu’elle m’attend depuis longtemps. Je veux la rencontrer, la voir, la toucher… Elle travaille de tout son être pour m’expulser de la maison rouge et elle semble souffrir énormément… Ça y est ! … Je sens que la porte du couloir s’ouvre béante pour mon petit corps. Je pousse une ultime fois vers la lumière, cette lumière crue et violente me surprend. Mes poumons s’ouvrent, l’air s’engouffre dedans et je pousse un grand cri, mon premier cri ! Brigitte BOIDOT L’Atelier, Sélestat 47 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Au travail Mon esprit s’évade, Je m’envole au paradis Et je rêve d’être une étoile filante Dans le village des femmes Et de voir la lune. Dans le village des femmes, Mais voilà, mon rêve se termine La vie est très chargée, Car je dois reprendre le travail. Et pleine d’amour. Sandra BONANI ESAT Saint-André, Les Ateliers du Steinkreuz, Wintzenheim Il y a Des femmes enseignantes, Hommaghommes Derrière la pierre, une peau tendre Tailleur de marbre de velours Contre le bois, un cœur à fendre Menuisier avec pleurs lourds Sous le béton, un homme à prendre Maçon aux vœux d’amour Derrière la faux, un sang rose tendre Paysan au souffle court 48 Des femmes médecins, Des femmes couturières, B Des femmes fermières, Des femmes au foyer Qui cuisinent, font du pain, lavent le linge. A la fin de la journée, Toutes ces femmes se réunissent pour se reposer, Sous des dehors un peu austères Muscles tendus, à leur affaire Hommes animaux, un peu artistes Travaillent le fer ou la pierre Cette petite lueur dans les yeux Qui pour à jamais fera d’eux Les plus humains gais ou tristes Des travailleurs universalistes Sous l’ombre des arbres Corinne BONGEOT-MINET L’Atelier, Sélestat Sabiha BOUKRAA Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg Elles partagent leurs secrets, leurs chants et leurs histoires. Elles s’amusent beaucoup. 49 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Le but du travail Travaillez, prenez le métier et gagnez de l’argent ! C’est le plus important pour moi. Un riche homme fit venir à bout tout ce qui est difficile. Pour garantir la belle vie que nous avons laissé toujours vivante. Un trésor plein d’argent est caché je ne sais pas où et ce que je fais. Vous le donner pour bien l’utiliser. Remuez votre trésor personnel creusez, fouillez à l’intérieur. Où est-il ? Notre père a gagné des expériences de son travail Si bien que je travaille Il m’en ramène de la joie et des pièces d’argent Et de leur montrer que le travail C’est l’essentiel pour tout le monde. Le travail ne me dit rien qui vaille. Ranger la pagaille, je soupire aïe. Le chef, cet épouvantail, nous prend pour du bétail. De mon orgueil je fais le deuil Aldjia BRAHMIA Tremplins, Sélestat Et je rêve à la mer de corail, B tranquille dans un fauteuil entouré de chèvrefeuille, à la main, un éventail. A la manière d’Eugène Guillevic… J’ai vu les pompiers qui éteignent les incendies. J’ai vu le bûcheron qui abat les arbres en forêt. J’ai vu le plombier qui construit des maisons. J’ai vu le magasinier qui prépare la marchandise. J’ai vu le boulanger qui pétrit la pâte pour faire du pain. J’ai vu le carrossier qui peint les voitures. J’ai vu le pâtissier qui fabrique des gâteaux au chocolat. J’ai vu l’infirmière qui fait des piqûres. Et moi, je fabrique des robinets. Je suis content et fier de travailler. Le portefeuille qui de feuille en feuille s'effeuille de mon rêve est le cercueil. Jean-Louis BRINGOLF Association GEM Aube, Strasbourg Denis BRAND Association Trampoline, Molsheim 50 51 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Au-delà du travail Ciel, le travail existe, quelqu'un l'aurait rencontré : il existerait vraiment, la rumeur se répandrait comme une traînée de poudre. Mais à quoi ressemble-t-il s'il existe ? La rumeur prend une forme diabolique, le travail est difficilement cernable, le pouvoir s'en empare pour éviter des émeutes. On est à deux doigts d'une crise. Mais la rumeur enfle de plus en plus, le travail existerait bien. Après mûre réflexion, il fût décidé de créer un groupe de travail, j'ai dit sans rire, qu'il s'agissait d'un vrai groupe de travail, un comble, une sorte de détail, un épouvantail, bref une pagaille. La forêt de l’automne Cette nature A plein de verdure En route pour l’aventure Je fais une randonnée Dès le départ on décida de consulter les quelques vieux qu'on pût trouver car ils se faisaient bien rares. On leur demanda de parler de leur travail, de leur télétravail, des écueils qui furent les leurs. Ils en parlaient avec une certaine nostalgie, tel du bétail qui défaille. En y réfléchissant les malheurs qu'ils laissent percevoir ne sont pas si négatifs. Si nous réinventons le travail, pourquoi le faire comme un cobaye avec un médaillon au cou ? Jusqu’au pays des fées Un gros boulot fut entrepris, on alla très loin, jusque dans la moindre faille visible. Ce fût extraordinaire, un portail s'ouvrait face à nous, nous étions très fiers de nous, nous avions vaincu, certes avec la rigueur du trompe l'œil. L’automne m’accueille Certes nous avons vaincu, mais à quel prix ! Est-ce-que cela en valait la peine ? Nous ne le savons pas encore. Quelle misère, peut-être nous ne le saurons jamais. Finalement nous avons réveillé un monstre. Paix à son âme. Dans un monde féerique B A la douce musique L’automne garde ses feuilles L’automne me recueille Vive la magie de la vie imaginaire Marie-Elodie BUSCH ADAPEI du Bas-Rhin, ESAT Benfeld Jean B. Association GEM Aube, Strasbourg 52 53 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Visite de la Bibliothèque André Malraux Ce mardi 15 décembre 2009, nous nous sommes rendus vers 13 heures à la bibliothèque. La visite a débuté vers 14 heures. Madame X a servi de guide. Elle nous rappelle l’historique de ce bâtiment. Je vois des gens qui discutent ensemble, La curiosité est un vilain défaut. Alors mon regard va vers le chat, il miaule devant ma porte, il a faim, je le caresse, il est doux comme un agneau. Je lui donne à manger, c’est que du bonheur. Frédéric BUSSER Association Adèle de Glaubitz, ESAT Saint-André, Cernay Tout d’abord il faut savoir que ce site était une zone industrielle qui appartenait en partie au port de Strasbourg. Il y avait un ensemble de bâtiments, d’entrepôts de marchandises. Ces marchandises pouvaient être acheminées par péniches. Le déchargement se faisait à l’aide de grues ; un bassin étant prévu pour cela. L’un de ces bâtiments est un ancien entrepôt à grains de la société Seegmuller. La bibliothèque actuelle. Les autres bâtiments sont toujours à l’abandon. L’architecte a sauvegardé toute la structure du bâtiment de base. La seule modification assez importante est la façade de verre. La première partie est mobile, la seconde fixe, teintée pour un effet thermique. Le bâtiment a été prolongé d’un seul côté. B Au rez-de-chaussée, l’accueil est en plusieurs parties : sur les côtés, les comptoirs de présentation, les bornes automatiques pour rendre les divers emprunts, au centre de la salle, les points de presse, le point cafétéria, l’emplacement télévision. Le sol est rouge et gris ainsi que les murs et une partie des grosses colonnes. Tout au long des murs du bâtiment, diverses inscriptions de textes d’auteurs. A chaque étage, le même thème de couleurs mais traité d’une manière légèrement différente. A l’étage des jeunes, des livres d’enfants sont classés par catégories d’âge et par taille, près d’un coin de travail avec tables et chaises. Nous poursuivîmes notre visite par l’étage documentation sur la science, la culture, l’environnement et par l’étage musique, documentation sur les différents compositeurs et points d’écoute, avant de terminer par l’étage des recherches comme les matières scientifiques, environnement et documentation, disposés sur deux salles de travail avec un équipement différent. Jules B. ReFormE, Lingolsheim 54 55 « Et j’ai fait le vide en moi, le vide… Pour capter d’autres plénitudes, Pour m’incorporer à toute vie » Maryse Elot ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS J’aime faire le jardin Devinettes - J’aide les enfants à devenir curieux, en leur montrant le sport, la musique, le bricolage. - Je parle calmement et je dois être patient car les enfants n’ont pas toujours envie de travailler - Je leur apprends beaucoup de choses : mathématiques, histoire ou lecture. Qui suis-je ? Le professeur - Je sais très bien dessiner. - Je dessine le plus souvent des maisons, des ponts, des immeubles et des places. - Mes dessins doivent être précis car ils sont des plans pour les personnes qui fabriquent ces bâtiments. Qui suis-je ? L’architecte - Je connais bien les matières, les couleurs et la mode. - J’utilise du fil et des aiguilles. - Je dois être adroite pour réussir mon travail. Qui suis-je ? La couturière - Je suis un commerçant - Je dois déchiffrer toutes les écritures - Beaucoup de gens viennent me voir pour guérir. Qui suis-je ? Le pharmacien Songül CAN Centre SocioCulturel Phare de l’Ill, Illkirch-Graffenstaden 58 Planter des fleurs, des poivrons, des tomates… Pour moi, c’est un plaisir, même si après je suis fatiguée. J’aime. Je suis très contente en février quand on recommence à mettre les semences. Après quelques jours, je vois la petite tige qui commence à sortir, je suis impatiente de voir pousser trois feuilles. C’est le moment de les repiquer dans un petit pot. J’aime le mois de mai. On regarde le paysage. Il y a des couleurs différentes partout. J’aime beaucoup sortir dans le jardin. C’est le moment de bêcher la terre, de faucher, de ratisser et surtout de mettre du fumier si après on veut avoir de bons légumes. Je ne peux pas oublier mon jardin fleuri. Il faut désherber, pailler, mettre de l’engrais et faire de petites allées. Juana CAUTILLO Association Helios, Guebwiller C Raisons de vie Croissance, c’est grandir Heureux, c’est le bonheur Odeur, c’est la rose de la nature C’est difficile de vivre Ouvrir une partie de mon cœur Lumière, c’est le soleil du matin Amour d’une mère Tendresse d’un enfant Terrasse du jardin Racines de mon pays Arroser mes fleurs Visage souriant ça change Ambiance, c’est la fête Interdire de boire Levé du soleil. Tania C. ReFormE, Lingolsheim 59 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS La vie Du haut de l’arbre, du bout de sa branche La feuille vit grâce à sa branche. Elle prend naissance au printemps Jour après jour elle grandit comme un enfant avec l’aide de son arbre. Elle grandit parmi tant d’autres comme dans une famille. Elle voit les jours et pousse avec le soleil levant au sein de l’arbre qui l’abrite. La nuit, elle observe le ciel étoilé. Elle est à la fois solitaire et solidaire à son arbre. Une feuille parmi d’autres qui se ressemblent tant, mais qui reste néanmoins unique et singulière. L’été arrive, elle grandit, elle passe tant d’obstacles accrochée à l’arbre. Elle brave les tempêtes de pluie, la grêle, la sécheresse, mais elle tient le coup grâce à la force de l’arbre. Une vie récompensée quand l’automne arrive au pied de l’arbre. Là elle se rend compte qu’elle a eu de la chance. Cette chance que l’arbre lui a donné en tenant sa vie par une tige. La tige qui est maintenue par la branche qui elle-même existe à l’aide de l’arbre. Une vie entièrement remplie et qui s’achève devant l’hiver. Une vie de famille qui ne représente qu’un an de vie d’un être humain. A nous d’en préserver les vies. Protégeons les arbres de notre belle planète pour que la vie continue. Öznur CELEBI CREAFOP, Altkirch J’aime le travail. On doit travailler pour gagner notre vie. J’aime travailler dans un bureau. J’aime mon métier. Rêve de petit enfant Petit enfant, j’ai toujours rêvé d’être musicien. En voyant tous les instruments de musique de mon père, je devenais fou à force de les toucher. J’étais fasciné lorsque mon père, saxophoniste, s’exerçait et répétait. Il m’a souvent proposé d’essayer, mais j’étais trop timide et n’osais me lancer. Un jour, je devais avoir environ 15-16 ans, mon père étant sorti, je me suis jeté à l’eau pour essayer. J’ai pianoté sur l’accordéon et très rapidement j’ai su jouer une chanson, sans savoir que mon père était de retour et m’entendait derrière la porte. Il croyait que c’était son ami qui était venu avec de l’avance. Il est rentré dans la pièce et à sa vue je me suis arrêté net. Il m’a dit : « Je savais que tu étais doué et que tu avais du talent, depuis le temps que tu m’observais ! » C Pendant deux ans j’ai donc joué de l’accordéon, mais le roi des instruments pour moi était le saxophone. Mon père et son ami me guidaient, me donnant des conseils en m’encourageant. Un jour j’ai annoncé que je ne voulais plus jouer de l’accordéon, mais du saxophone. J’ai expliqué que c’était mon souhait de toujours. J’ai ainsi joué à la maison jusqu’à l’âge de 22 ans, puis j’ai commencé à animer des soirées de mariage et autres. Je jouais souvent avec mon père, mais alors qu’il jouait de la musique traditionnelle, moi j’excellais en plus dans le rock, le jazz et la musique moderne, ce que le public appréciait beaucoup. Vers 2004, on m’a proposé de jouer dans un orchestre d’une école de musique, moi qui n’y avais jamais mis les pieds auparavant. C’est là que j’ai rencontré une chanteuse hors pair et que je ne l’ai plus quitté des yeux. Elle est devenue ma copine puis ma femme. Le succès auprès du public fut garanti, avec la création d’un orchestre et tous les spectacles que nous avons donnés. Ciprian C. Association Espoir, Maison d’arrêt de Colmar Gülbeden CELEBI CREAFOP, Altkirch 60 61 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS La main travaille TRAVAIL - Connait-on réellement le sens du mot travail ? Il y a très longtemps, à son origine, en grec ou en latin il signifiait « esclavage » ou quelque chose comme ça, de très pénible. Mais quel nom pouvait-on bien donner alors à tout ce que nous qualifions de « travail » aujourd’hui et depuis que ce nom n’a plus la qualification première ? L’humain devait avoir une vision bien différente de la vie et certainement que, ce que travail veut dire aujourd’hui, n’était pas du tout la même chose non plus. Dans le miroir de ma vie, l’image du travail ne s’est jamais reflétée. Le travail scolaire, le travail quotidien du ménage, celui des entreprises et de « la foule des hommes penchés sur le travail » (comme le disait un cantique de la messe du temps de mon enfance) le travail et son contraire, les vacances, le repos, les loisirs, le chômage, l’inactivité, la retraite, tout cela ne sont que des mots que nous attribuons à nos tâches, nos activités, nos inactivités. Tous ces états sont parties indissociables de nos vies, de l’enfance à la vieillesse. Nous y puisons, nous les choisissons, nous les distribuons ou les subissons de manière égale ou inégale, juste ou injuste. Et comme toutes choses, elles devraient en être équilibre, harmonie et satisfaction pour que chacun de nos miroirs reste étincelant et invite à nous y mirer avec joie. A nous d’y travailler ! Marie Y. CHACON L’Atelier, Sélestat Tout juste à l’aube, la marche des robots Travail laborieux, travailleurs sérieux, Trimeurs au labour, cueilleurs verveux. Au tracteur agriculteur, la nourriture sera somptueuse ! Les clés au trousseau, le tablier sur dos, Nettoyés et brillants sont les sols Le regard hagard, les cheveux hirsutes, les gestes mécaniques. Mais ses poches sont pauvres et elles sont vertueuses. La voix harmonieuse, la diction parfaite Le tableau gribouillé, compétent dans sa matière, Le professeur transmet son savoir avec générosité, Rend les élèves brillants et surprenants. La tête de l’ingénieur, riche et avide de savoirs, Obtenus sans doute par de longues nuits de travail, Obligé de réinventer des formules économiques, Pour dominer le monde à vitesse TGV. C Les dirigeants sont intelligents, Ils détournent toute chose à leur avantage, Ils appuient sur une palette et joie, peine ou colère apparaît, Leur cœur semble atrophié par tant de verbiage. Au ciel tempétueux, la brise emporte quelques ardeurs, Traversé par ce méandre, marqué sur nos mémentos. Les travailleurs blacks, blancs, beurs sont les héros. Ils ont embelli nos communes et gonflé nos capitaux. Pour avoir une société merveilleuse, Il faut compter les mains valeureuses, Grâce au legs de nos aînés, à leur valeur de cœur, Point de vanité et point de fourberie, Place au travail heureux, au travail courageux ! Kien-Huy CHANG Centre SocioCulturel Montagne Verte, Strasbourg 62 63 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Saison d’été Devenir Après l'effort, le réconfort après dix mois de dur labeur enfin les mille et une saveurs ! C'est le début de l'été je pars pour un paysage ensoleillé je pars pour l'Est marocain oubliant pour quelques temps le quotidien l'été sera chaud sur la plage crème solaire, sable et coquillage, pas question de nager j'ai trop peur de me noyer pas question de penser au retour et à la rentrée pour l'instant je dois me reposer. Sur l’image de ce visage déformé J’ai regardé la lune, j’ai vu l’écume. Des reflets de sensations qui s’épanouissent. Le chant des miroirs de l’au-delà résonne, Le chant de myriade d’inconnus s’immobilise Sur une plaine d’argent où un corps gît. Reste d’homme, reste encore dans mes bras, Pleure sur mon corps, mon cœur invisible, timide. Noria CHAOUAHI Centre SocioCulturel Montagne Verte, Strasbourg Je veux vivre Dans la conjoncture actuelle, trouver un travail stable et qui me plait est extrêmement difficile. Sans même avoir ces exigences, tout travail est difficile à obtenir, ce qui est mon problème depuis environ deux ans. Pourtant, je suis plein de bonne volonté, je n’ai pas « deux mains gauches », comme on dit facilement pour ceux qui sont dans mon type de situation. En plus, je ne suis pas bête, pourtant on ne me fait pas confiance pour me donner le moindre travail. Même les agences de travail par intérim refusent mon CV. 64 Sur l’image d’une image en émoi, J’ai parlé avec toi au centre du froid. Paroles gelées par le vent et la pluie colorée Qui soufflent sur nos âmes, retour passager. Heures immobiles regardant le seuil de l’aurore, Des silences infinis hurlant à l’intérieur du monde Comme des lames rougies transperçant l’agonie. Un vol d’hirondelle qui part vers le bleu du ciel, Le bleu de l’azur, le noir de l’amour. C Sur l’image d’une note de musique transparente, Je joue un accord avec le maître de la solitude, Une simple promenade dans un jardin d’ombres, Une petite balade au milieu d’une ronde, tombe. Des gouttes de rosée qui perlent sur l’errance, Des pages d’encre blanche sur des cahiers d’attente Où des arcs-en-ciel s’amusent avec l’ouragan. Petite larme perdue dans le coin de tes yeux Coule lentement jusqu’au creux de mes lèvres. Bois la saveur de ces nuits symphoniques, Une note angélique apporte le reste du jour. Alors, ma question, ma grande question est : POURQUOI ? Sur l’image de ce visage en beauté, J’ai vu la lune me sourire et partir. Rien, pourtant, n’est écrit sur mon visage, mais la déprime me gagne à force de n’avoir que des refus. Moi aussi je veux vivre ! Sur l’image que je vois dans la glace, Un sourire m’a dit de venir, devenir. Gaël C. Association Espoir, Maison d’arrêt de Colmar Jean-Pierre CHASSAGNOL Centre de Réadaptation, Mulhouse 65 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS La nature La nature est beauté. Tout le monde s’entend pour le dire. Notre terre est faite de beaux paysages, de plantes magnifiques, d’animaux de toute beauté. La nature recèle des trésors inimaginables. Elle est tout à la fois force et faiblesse. Elle peut nous apporter des bienfaits immenses mais également nous montrer notre petitesse. Une chute d’eau est un spectacle grandiose mais une inondation est une désolation pour les populations environnantes. Cependant les mêmes inondations apportent à la terre qu’elle envahit des nutriments qui lui sont essentiels pour notre survie. Les plantes qui nous entourent, si elle nous sont connues, peuvent nous faire retrouver la santé mais pour un esprit mesquin, elles sont des armes de destruction. De même, si nous connaissons les animaux qui nous entourent, nous ne pouvons ignorer en quoi ils peuvent nous aider. Cependant, mal connus, ils peuvent être le pire danger pour l’homme. 66 Le boulanger J’ai vu le boulanger Verser de l’eau et de la farine J’ai vu le boulanger Ajouter du sel J’ai vu le boulanger Pétrir et faire lever la pâte J’ai vu le boulanger Fabriquer la pâte Christiane ReFormE, Lingolsheim J’ai vu le boulanger Peser et donner la forme Auxiliaire de vie J’ai vu le boulanger Avec plaisir faire un signe sur la pâte Auxiliaire de vie, auxiliaire de vie, cela dépend de tout ce que vous mettez derrière ces mots ! On peut le voir comme un simple travail de quoi gagner sa croute, ou comme une activité quelconque ou encore pour mieux connaître les autres, se faire du bien en faisant du bien à son prochain. Cela peut être une personne âgée, handicapée ou malade, bref, une personne dépendante qui a besoin d’aide, de compassion et d’amitié. Auxiliaire de vie n’est pas un travail que l’on fait juste pour l’argent. Quoi que l’on fasse comme travail, cela devrait toujours être un plaisir, parfois de la patience pour s’épanouir néanmoins. Je trouve le monde du travail un peu farfelu en ce moment. Comment parler de plaisir et d’épanouissement dans un travail à l’usine, à la chaîne où il n’y a aucun contact humain ? Je vais démarrer une formation d’auxiliaire de vie, au moins je sais que je vais servir à quelqu’un et à quelque chose ! J’ai vu le boulanger Faire cuire la pâte au four Rui C. Association Espoir, Maison d’arrêt de Colmar Lirije COCJA Association Foyer Notre Dame - CADA Nord, Oberhausbergen C J’ai vu le boulanger Frapper le pain avec un doigt J’ai vu le boulanger Goûter son pain J’ai vu le boulanger Sourire et sourire Je garde ton image Et j’assemble des mots Et c’est un peu pareil. 67 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Le dieu du travail, annonça aux travailleurs, les dix commandements du travail : er 1 commandement : Mon cher travailleur, ton devoir sera de te lever tôt pour aller à ton travail avec le sourire. 2ème commandement : N’oublie pas d’être tous les jours à l’heure sans discuter, comme un bon petit pigeon. 3ème commandement : Tu devras bien écouter tes boss, qui bien sûr savent tout mieux que les autres. 4ème commandement : Tu t’acharneras au travail et à ton rendement, parce que tu le vaux bien et par-dessus tout. 5ème commandement : Tu pourras faire des pauses quand tu l’auras mérité, pour fumer des cigarettes et pour le bien du patron. 6ème commandement : Tu devras respecter tes collègues, même s’ils sont navrants. 7ème commandement : Tu devras faire ton travail correctement, si non pan-pan cul-cul. TEXTES INDIVIDUELS Quelques réflexions sur Les Temps Modernes Dans le cours de français le professeur nous a montré le film de Charlie Chaplin Les Temps Modernes que tout le monde connaît. Le film montrait comment le travail était dur et stressant. L’ouvrier doit travailler toujours plus vite et il a l’air d’un fou. Il ne peut pas arrêter ses mouvements et il a l’air comme drogué par le travail. Plus tard, il est en train de visser les boulons de la chaîne et il continue à visser les boulons comme un robot et même les boutons de la secrétaire qui passe par là. Il est tellement distrait par le stress du travail qu’il finit dans les engrenages de la machine. Le film montre aussi comment le directeur surveille toutes les activités des ouvriers même dans les toilettes. A un autre moment Charlie prend une pause et allume une cigarette dans le couloir des toilettes. Mais le directeur qui surveille sur un grand écran avec des caméras placées partout, le regarde et lui donne l’ordre de retourner tout de suite à son poste de travail. Il le menace et s’il répète cet acte, il sera viré. Charlie joue de façon comique le rôle de l’ouvrier même quand c’est tragique. C Le film nous fait penser que le travail stressant et l’exploitation effrénée sans scrupules transforment les gens des temps modernes en des esclaves modernes. C’est pour ça qu’au début du film, les ouvriers sont présentés comme des animaux par le metteur en scène. Basri C. Association Foyer Notre Dame - CADA Nord, Oberhausbergen 8ème commandement : Tu gagneras ta vie, mais pas les 20 000 € par mois que tu espères. 9ème commandement : Tu auras des congés, pour souffler de ta dépression liée au stress du travail. 10ème commandement : Tu ne seras pas jaloux envers les privilèges du chef, de sa Lamborghini avec chauffeur de service, de son parachute doré, des repas d’affaires sur les Champs Elysées… Nicolas COLBE Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller 68 Moi je suis venue en 1990 en France et je me suis mariée et j’ai deux enfants : j’ai une fille et un garçon. Mon fils, il a 14 ans et ma fille a 9 ans. Mon mari, il travaille en équipe le matin, l’après-midi ou la nuit. Le matin, il part à 4h30, il commence à 5h, il revient à 13h. Je travaille le soir. J’aime bien les vacances ! J’aime bien le soleil ! S. C. Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines 69 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Le travail c’est la santé Dur ou facile, le travail est une formidable source d’énergie vitale. En fonction du salaire récolté, celui-ci nous classe automatiquement soit dans la haute société, soit en seconde zone, et encore ! Certains métiers sont bien plus pénibles que d’autres, mais le salaire n’est pas forcément proportionnel à la pénibilité, loin de là. Généralement, c’est juste l’inverse. Je cite en exemple le travail d’un bûcheron ou dans la mine, ou au marteau piqueur, comparé à celui d’un bureaucrate ou encore à un berger ! Nous sommes dans les extrêmes. Pourtant, on a besoin de tous les métiers, on a besoin de tout pour faire un monde. Sauf que certains sont dominants, d’autres dominés. Le chef d’entreprise pense dominer ses ouvriers et se classe forcément au-dessus de la masse, mais est-ce vraiment la réalité ? Cette supériorité n’est qu’illusoire. De même si on donne la possibilité à chacun de s’instruire, de faire des études, d’accéder soi-disant à tous les métiers, les chances ne sont pas égales. Comme disait Coluche, nous sommes tous égaux, mais plus ou moins égaux. Pour terminer, j’ajouterais : « Le travail c’est la santé, certes, mais ne rien faire c’est la conserver ! » Enrico C. Association Espoir, Maison d’arrêt de Colmar La journée de ma femme Ma femme, le matin, elle se lève à 9h30 Elle prépare le petit déjeuner, elle fait un thé et à 10h00 j’arrive du travail, nous prenons ensemble le petit déjeuner. Après ma fille a faim et ma femme la fait téter. A midi elle fait le ménage, après elle fait la cuisine pour le dîner. Après le repas elle écoute de la musique sur l’ordinateur. Mehmet COSKUN Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines 70 « Le travail acharné n’est que le refuge des gens qui n’ont rien d’autre à faire » Oscar Wilde ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS J’ai envie de partir ! J’aime beaucoup les filles Dès que je vais trouver un emploi je partirai à Marseille. Dans cette ville il y a l’OM, mon club de football préféré. Pour y aller je vais prendre le train, là-bas je dormirai dans une auberge de jeunesse, c’est mieux qu’un hôtel, on rencontre plein de jeunes et ça coûte moins cher ! Ce voyage va m’apporter de la joie, il va permettre de quitter ma vie de tous les jours. Bien sûr j’ai prévu de visiter le stade, le vélodrome, je vais peut être avoir la chance d’y voir un match. J’irai aussi à la plage ! Comme il va faire chaud ma valise sera légère alors je pourrai ramener plein de souvenirs de l’OM. J’aime beaucoup aller à l’école Les vacances c’est le plus génial quand on travaille ! J’aime me promener au centre ville Je n’aime pas fumer Je n’aime pas l’alcool Je n’aime pas rester à la maison J’aime beaucoup le sport Je n’aime pas quand j’ai mal à la tête J’aime être en forme Sébastien DESFORGE I.M.PRO La Ganzau, Strasbourg J’aime beaucoup parler en français D Magomed DADAEV APP Re.Form.E, Strasbourg Le sculpteur J’aime les contacts, parler, discuter avec elles, aussi les écouter. J’ai vu le sculpteur abattre le bois J’ai vu le sculpteur admirer le bois J’ai vu le sculpteur le couper en lamelles de la plus grande à la plus petite J’ai vu le sculpteur chercher à distinguer le son de chaque lamelle J’ai vu le sculpteur cueillir des fruits que l’on appelle calebasse Tu chantais sculpteur en assemblant les lamelles et les calebasses vides Je garde ton image Avec le son de cet instrument qu’est le balafon Moi j’assemble des mots Et c’est un peu pareil Lydia DE BERTIN D’AVESNES Association Trampoline, Molsheim Adama DIARRA CPCV Est, Hoenheim Le travail c’est bien parce que cela donne des revenus, cela permet de devenir plus indépendant. On peut acheter ce dont on a besoin, partir en vacances, passer le permis de conduire. J’aime bien travailler à l’hôpital ou dans la maison de retraite. J’aime m’occuper des personnes malades ou âgées, faire les toilettes, donner les repas, les aider à s’habiller. 72 73 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS J’aime bien jardiner Cause masculine Lettre d’un homme à sa femme Tu ne t’inquiéteras pas quand je ne suis pas là. Tu ne feras pas de commérages. Au printemps, quand la nature se réveille, je ne peux pas rester à la maison. Le soleil me mène dehors. La terre est déjà prête à accueillir les nouvelles plantes. Moi, je plante les fleurs, car je n’ai pas beaucoup de place. Je les soigne toute l’année jusqu’en automne quand elles commencent à mourir. J’adore regarder quand elles fleurissent, quand poussent de nouvelles branches et des fleurs de différentes couleurs. C’est magnifique. Tu ne fumeras pas. Tu n’utiliseras pas beaucoup de parfum. Galina DIMAURO Association Helios, Guebwiller Tu ne parleras pas aux autres hommes. Tu regarderas les films avec moi. Tu resteras à la maison quand mes parents sont là. Tu apprendras le français. Tu partiras toute seule chez le médecin quand tu es malade. Tu ne regarderas pas la chaîne turque. Tu feras du ménage toute la matinée. Tu ne feras pas de shopping toute seule. Tu ne téléphoneras pas toute la journée. Tu ne partiras pas en vacances toute seule. Tu patienteras toujours. Tu ne pleureras pas quand on se dispute. Droit dans ses bottes Il vaut mieux être droit dans ses bottes que de ne pas y être du tout. Il suffit pour cela de bien être en harmonie avec soi-même et d’avoir des buts précis dans la vie pour toujours aller de l’avant dans une direction bien définie. D Jean-Pierre D. Hôpital de jour, Haguenau Tu écouteras quand je parle avec toi. Tu seras toujours aimable. Tu m’aideras quand je fais quelque chose. Tu m’aimeras jusqu’à la fin de nos jours. Aysegül DILBER Plurielles, Strasbourg Lorsque j'ai fini mes études en Bulgarie, j'étais serveuse dans un restaurant pendant un an puis j'ai travaillé dans une usine. Je fabriquais des machines à coudre. Depuis que je suis en France je ne travaille pas. Pourquoi ? Parce que je ne parle pas assez bien le français. Boryana DIMITROVA Centre SocioCulturel Montagne Verte, Strasbourg 74 75 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 J’aimerais bien devenir aide-soignante ou infirmière. J’aime bien aider les gens qui ont besoin d’aide. Moi je n’aime pas rester à la maison toute la journée. En France je ne travaille pas, mais j’ai fait un stage de 15 jours à la compagnie de fromages à Vire dans le Calvados. Ça ma donné de la force. Maintenant, je cherche toujours un travail. Ce n’est pas facile en ce moment. J’espère trouver un travail bientôt. Je voudrais travailler en équipe, parce que j’aime parler avec les gens, connaître la culture, l’histoire. Ariunjargal D. Centre Social AFSCO, Mulhouse TEXTES INDIVIDUELS Le travail dur, c’est pas l’épanouissement, Faire avec, c’est l’asservissement Le travail engendre du stress, Pour l’éviter, c’est la décompresse Travailler, c’est pour gagner de l’argent, Pour le dépenser, t’as tout ton temps Les ordres sont donnés par la direction, Et exécutés par subordination Les bailleurs de fonds sont actionnaires, Les prolos ne sont pas les bénéficiaires Forcer les cadences pour le profit, Une pause supplémentaire aurait suffi Mes plus belles vacances Nous avons pris le bus pour partir en vacances, à Bellaria, en Italie. Nous nous sommes arrêtés plusieurs fois pour faire une pause et nous détendre un peu. Nous avons discuté avec d’autres personnes. Nous avons dû retourner car le chauffeur avait oublié une personne à la station. Nous avons perdu du temps. 76 Quelques centimes de plus, c’est bon pour les ménages Sans barrières douanières, c’est la mondialisation, Attention à la surconsommation Produire à bas coût, c’est la délocalisation, Après nous sommes arrivés à l’hôtel. C’était bien. C’était tranquille. Nous avons visité tout l’hôtel. Nous avons bien mangé. Le matin, nous avons attendu d’avoir la chambre. L’après-midi, nous sommes allés à la plage pour nous baigner, nous reposer. Je me souviens quand nous avons ramassé des coquillages avec ma tante, c’était pour faire un cadeau à une amie. Le soir, nous sommes allés nous promener dans les rues. Nous avons fait les magasins. Il y avait aussi de la musique sur la plage. Il y avait aussi des bateaux illuminés. Nous avons vu le feu d’artifice. C’était vraiment bien. Ne pas la subir, c’est la révolution J’aimerais bien y retourner… Ça m’a fait du bien de voir autre chose que le travail. Au Pôle emploi, c’est les fins de droits, Romy DIPPERT ESAT Papillons Blancs, Soultz D L’exploiteur n’aime pas le partage, Produire cher, c’est la fermeture, Pour les ouvriers, c’est la déconfiture Les ouvriers sont au chômage, Les syndicats n’ont plus de langage Lutter, ou croiser les bras, c’est votre choix… Alain D. Atelier d’écriture, Maison Centrale d’Ensisheim 77 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 La blessure du cœur Après une dispute, je ne ressens pas le besoin de pardonner à celui qui m’a fait du mal. C’est une blessure qui est trop profonde. Cela vient du cœur, où la guérison est difficile. Comment pardonner ? Cela reste à l’intérieur de moi, il faut libérer son cœur. Pouvoir dialoguer pour que la blessure se referme. Savoir oublier ce qui m’a fait mal. Ouvrir son cœur, avoir confiance l’un à l’autre. René DORSCHNER Association Adèle de Glaubitz, ESAT Saint-André, Cernay Mon loisir en dehors de mon travail : j'aime me promener dans les forêts car la nature me fait plaisir. Les oiseaux chantent très bien, le soleil brille. Je m'intéresse à l'histoire de Strasbourg car je vis dans cette ville depuis 20 ans. Je ne savais pas que cette ville a été un très important centre marchand, avec toutes les marchandises : vin, viande, tableaux et chevaux ainsi que bateaux. Tout s'achetait et aussi tout se vendait. J'ai travaillé comme chauffeur. Chaque jour passe en prison sans que je pense à mes loisirs : sport, vélo, marche dans les forêts et les visites des sites historiques de Strasbourg. C. D. GIP FI, Maison d'arrêt Elsau, Strasbourg 78 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Réalité parallèle ou mode de vie éphémère, de l’autre côté du travail peut représenter à nos yeux : le retour au foyer, retrouver nos addictions que rien ni personne ne pourra ébranler. Les mains sont blanches et jolies, les ongles sont très beaux. Les mains cousent un tissu de soie bordé de rouge. Le pouce et l’index tiennent l’aiguille et la main gauche tient le tissu. Le majeur pousse l’aiguille dans le tissu. Nawal EL KORCHI Association Helios, Guebwiller Le confort, c’est… tout simplement Autrefois, les gens vivaient avec aucun confort, mais ils étaient simples et plus heureux. Aujourd’hui les gens veulent toujours plus et plus de confort. Mais pour cela ils sont de loin très malheureux. Vivre normalement avec un minimum de confort, être simple et surtout être heureux avec peu de choses. On pourrait en dire long, mais ce ne serait que des spirales controversées, comme un nuage que l’on ne cesse de contempler sans pouvoir s’en approcher. La continuité va de fin en fin sans vraiment commencer, affirmer ne plus rien avoir à faire est le début d’une occupation sans conviction. Arrêtons avec ces simagrées qui vont de philosophie de pacotille en démagogie mal comprise. De l’autre côté du travail, se trouve une boucle minuscule qui se répète à l’infini. Une mère qui conduit son enfant à l’école, aura comme seule obsession le bien-être de sa maison. Un père qui va au travail, aura comme envie de retrouver l’attention de sa femme, la tendresse de son enfant et la douceur de son lit. Ces métaphores ne seront que les images de ce qui nous rend forts. La réalité se termine lorsque les obligations commencent « loyer, factures, promesse », que des banalités qui nous font adopter le mot « stresser ». Courses interminables, obstacles insurmontables, de déraison à obsession voilà un passe pour le service de dépression. Mais cette finalité n’est pas une banalité, pour qui aime gagner. Vacances, voyages, week-end, que des mots qui nous font voler au dessus de notre réalité submergée par une illusion de fatalité. De l’autre côté du travail, pourrait représenter une idylle entre désir et réalité. E Mais, rien de ce que l’on pourrait expliquer ne serait une éventualité, car la vie même est un travail sans fin. Lorsqu’un travail se termine un autre recommence, bien évidemment une anecdote serait de bon augure, mais aucune ne pourrait sortir du contexte de l’ordinaire. Pour ma part, l’intitulé choisi ne serait que la fin de mon récit, car dès le moment où l’on s’exprime, il est important de pouvoir ne pas dénaturer les fondements ainsi sollicités. N’ayant plus d’inspiration, je vais vous laisser vous exprimer sur mes écrits ainsi cités. Firat ELMASULU L’Atelier, Sélestat Marie-Thérèse E. Hôpital de jour, Haguenau 80 81 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Le travail d’antan 7 juin 1869, à Reichshoffen : L’Alsace est encore Française. Nous sommes au restaurant chez la tante Irma et l’oncle Paul. Irma est la patronne et l’oncle Paul travaille chez De Dietrich où il est forgeron avec son collègue Jean-Luc qui a 18 ans. Marie, la belle blonde, est serveuse au restaurant, elle s’occupe du service et des clients. Irma gère les comptes, les taxes, les salaires. Quand l’oncle Paul rentre chez lui après le travail, il s’occupe des volailles, des lapins, des moutons et des vaches qui seront servis au restaurant de la tante Irma. Jean-Luc est célibataire et quand il rentre chez ses parents, c’est pour les aider à la ferme. Ils ont un élevage de vaches. 8 juin 1869, c’est dimanche : La tante Irma et l’oncle Paul sont réveillés à 6 heures par le chant du coq ; aujourd’hui Marie ira cueillir les cerises sur l’arbre de son verger. Elle en fera des tartes pour le restaurant et pour sa famille. Elle en mettra d’autres en bocaux pour l’hiver. Le 9 juin 1869 : Napoléon III vient en visite au château De Dietrich. A l’occasion de sa visite, des peupliers seront plantés en sa mémoire. Aujourd’hui c’est la route des peupliers. C’est ce jour aussi que Jean-Luc, conscrit, rejoint l’armée des cuirassiers de Reichshoffen. Le 11 juin 1869 : Aujourd’hui l’oncle Paul doit fabriquer un four pour la mairie de Reichshoffen. Il se lève à 6 heures pour se rendre à l’usine. C’est ce jour aussi où la tante Irma reçoit le comte Henri. Elle lui prépare un repas traditionnel alsacien : de la tarte flambée. Le comte qui apprécie cette spécialité, félicite la tante Irma pour le délicieux repas. Georges, le fils de la tante Irma et de l’oncle Paul, revient de son service militaire. Le 9 juillet 1869 : Marie se marie avec Georges. L’oncle Paul est content que son fils ait choisi Marie pour épouse. Les mariés auront pleins d’enfants. Et la vie continue… E Pascal ENGEL Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller Si la mer était un encrier Si la mer était un encrier, et la terre un calepin, Je n'aurais jamais assez de place Pour t'écrire, je t'aime Emma GIP FI, Maison d'arrêt Elsau, Strasbourg 82 83 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Mon père C’était un marin sur un bateau de pêche. Il savait bien faire son travail. Il avait du courage et de la force. Si je fais remonter mes souvenirs avec mon père, ils sont très nombreux. J’étais fille unique. Mon père me prenait avec lui sur sa moto au port de pêche à MDIQ au Maroc, chaque week-end. Quand il faisait beau et que la mer était calme, mon père voyageait sur son bateau avec ses pêcheurs vers les régions de la Méditerranée. Mon père ramenait beaucoup de poissons ; j’aimais surtout le calamar frais, c’était bon. Notre frigo était toujours plein de poissons de différentes sortes. Mais quand il faisait mauvais temps, c’était dangereux de naviguer. Alors mon père restait à la maison avec moi et ma mère, nous racontait les histoires de sa jeunesse. J’aimerais bien que ces jours reviennent. Mais notre joie n’a pas duré longtemps. Mon père est tombé malade, il ne travaillait plus comme avant. Il souffrait beaucoup. La tristesse a touché tous les membres de la famille surtout ma mère et moi. Nous avons beaucoup pleuré et quant mon père s’est fait opérer, nous avions l’espoir qu’il guérisse. Mais son destin était la mort. Mon père est mort. C’est terrible. Tout le monde regrette sa mort. Je n’arrive pas à croire que je ne verrai plus mon père rentrer de son travail avec ses vêtements de pêcheur et ses bottes vertes. C’est la vie et tout cela est fini. Zoulikha ERREBBOUKH Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg 84 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Les dix commandements du patron modèle 1 Un grand-père discute avec deux jeunes. L’un qui s’appelle Frédéric, qui a 20 ans et l’autre Sébastien qui a 26 ans. Le grand-père leur pose une question fatidique : « Que pensez-vous du travail ? Cela vous inspire quoi ? » Les deux jeunes garçons se mettent à réfléchir et disent : « Pour moi, dit Frédéric, c’est avant tout un métier qui nous sert à gagner de l’argent, surtout si on est motivé. A la base, le travail c’est une activité. » Sébastien dit : « Ah, non ! C’est une obligation. » Frédéric : « Ah, non ! C’est une passion, un plaisir. Travailler, c’est la santé. Ça aide au développement. Et on peut obtenir un contrat. » Sébastien dit : « Oui, oui… Pour moi, c’est un passe-temps. » Le grand-père dit : « Ok, les jeunes, bon courage pour votre avenir professionnel. » Le matin avec un sourire de velours, un café et des croissants tu me recevras 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Magnifique, brun et bronzé dans ton tablier sexy tu seras 11 Et le onzième spécialement pour moi : Si tu veux me faire travailler à genoux tu m’imploreras Avec bonne humeur, mon travail tu partageras A des moments de dur labeur tu me soutiendras Dans les mauvais jours avec tes bras tu me réconforteras Des pauses souvent tu me donneras Dans l’adversité tu me défendras Pour mes congés un voyage en Egypte tu me payeras Tous les soirs à la fermeture des victuailles tu me remettras Grosse rémunération sans discuter tu m’offriras F Faby Association Lupovino, Strasbourg Jennifer FABRE ReFormE, Lingolsheim Ces mains sont artistes, elles expriment des sentiments. Elles peuvent transmettre beaucoup de choses. Elles font des portraits. La main gauche dessine un visage de garçon. Le pouce, l’index et le majeur tiennent le crayon et la main droite tient la feuille et deux autres crayons. On dirait que ces deux mains parlent au visage qui vient de naître. Maria-Angeles FAMILIAR Association Helios, Guebwiller 86 87 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Ephémère Au printemps de ma vie J’ai vu le jour au mois de juin Petit garçon j’étais épanoui Dans la cour de récré, j’ai souvent serré les poings Non de colère mais de peur Anxieux j’étais Mes premiers émois amoureux n’étaient pas des leurres Car ma petite copine avait les yeux clairs comme l’été Arrivé en été J’étais grand à volonté Mais petit dans mon esprit Lorsque je rencontrais Sylvie Premiers rapports sans conviction très fort Premiers secrets pour consolider nos câlins Et gros chagrins au petit matin Ainsi vont les choses dans un destin éphémère Balayé sur le chemin de la vie comme une chimère Jusqu’au prochain amour Aimé un temps Disparaissant sous la coupe du vent Apparaissant le véritable grand amour Concrétisé par le voile blanc Et les promesses éternelles D’une vie charnelle et belle Empreinte sur empreinte sans gants L’arbre des ancêtres se voit pousser des branches Et les merveilleux bourgeons éclatent Telle la rose usée par le temps Les pétales tombent sur le banc Emportés par la brise d’un amour fini Telle tourne l’horloge à l’infini Et nous ramène en automne TEXTES INDIVIDUELS Automne, seul et cruel Emprunté le chemin des cœurs brisés Pour espérer une rose belle Recommencer à panser ses plaies Stigmatisé pour de vrai Eclore à nouveau Pour retrouver le renouveau L’hiver est au pied de la porte Les sentiments de toute une vie Souvenirs de toutes sortes Ainsi pour toujours C’est peut-être ça… l’AMOUR Didier F. L’Atelier, Sélestat F Les mains Deux mains bougent doucement sur la nuque, sur les épaules rondes nues. Elles palpent le dos, touchent avec force. Elles glissent de haut en bas, sentent la chaleur de la peau, s’ouvrent et se ferment. Elles sont blanches et douces comme les ailes d’un ange. Quand les mains me touchent, je me relaxe, je rêve, je m’endors. Mariana FISCHER Association Helios, Guebwiller 88 89 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Monsieur Travail Il était une fois Monsieur Travail C'était quelqu'un de génial. Je serais président… Il pouvait être agréable Si j’étais premier ministre, je proposerais des lois qui soient justes et qui améliorent la vie des gens. Par moment, il pouvait être pénible et insupportable. Si j’étais premier ministre, je prendrais des décisions rapides et efficaces. On lui tendait la main Si j’étais premier ministre, j’irais voir Monsieur Sarkozy pour lui dire « Bonjour Monsieur le Président… enchanté de faire votre connaissance ». que pour lui remettre notre CV, de cette manière il nous reconnaissait J’aurais des gardes du corps et des motards qui me protègeraient. formation, passe-temps, études, adresse, tout y était. J’aurais une belle maison blanche et immense, un jardin, un chien et une horloge. Grâce à ça, on décroche ou pas un travail. Je me lèverais toujours à sept heures. Et le salaire en dépend aussi. Je ferais fabriquer des jouets et des peluches pour les enfants. Je donnerais une prime aux travailleurs. Il était une fois Monsieur Travail Une fois qu'on le connaît, il ne veut plus nous quitter, F Je serais un jour Président de la France. Gweltaz FELDKIRCHNER Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller par moment c'est presque une corvée de se plier à ses quatre volontés. J'ai même entendu que des gens sont morts au travail. je dirais même pour une passion... J’aime bien tricoter et coudre, faire le ménage mais maintenant j’aime pas faire ça parce que je suis vieille. Je sais pas faire le jardin, le jardin c’est difficile. Avant j’arrachais les herbes. C’est comme ça ! Mimouna FARIS Centre Social et Familial Victor Hugo, Strasbourg Zoubida FERRAOUN Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines Et figurez-vous que d'autres, ont pris leur travail pour du plaisir, 90 91 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Les petites annonces Mon alphabet évolutif à moi… Claudine, 50 ans, cherche une aide-maman repasseuse qui chante et danse bien. Arriver tout petit du néant Brûler à la flamme d’un amour trop fort Crier dans le vide Douleur de vivre, joie de renaître Ecouter plutôt que parler Franchir les limites du simplement visible Grandir plus fort de mes erreurs Hâler sous un soleil nouveau Imprégner mon âme de renouveau J’ai lancé une mécanique Kilomètres franchis dans la fierté Lancer mes idées et les réaliser Mûrir plus vite de par mon passé Ne jamais dire jamais à l’avenir Oublier soucis et tracas Positiver même quand cela semble impossible Quitter la spirale des idées noires Rester sur le chemin que je me suis tracé Sourire et être digne en tout moment Tenter l’impossible, toujours Utiliser toutes mes capacités au maximum Valoriser plutôt que dénigrer Wagon fonçant dans la brume X Y comme au scrabble l’évolution s’arrête à ces trois lettres Z Christophe, 70 ans, cherche une personne qui sorte mon chien quand il fait beau et qui le dynamise en courant avec lui. Caroline, 37 ans, écrivain public, rédactrice du courrier du cœur, chauffeur de bus, cherche un emploi de chauffeur accompagnatrice d’enfants pour les emmener au jardin d’amour. Oum Kaltoum FIEFFEL Centre SocioCulturel JSK Camille Claus, Strasbourg J’aime bien garder les enfants Eux sont gentils, rigolent, ne pensent pas à toutes ces choses mauvaises qui se passent en notre monde, ils nous permettent de rester tranquilles avec eux. On peut même jouer, oublier un peu les choses de notre quotidien. Eux sont transparents. Ils sont le futur de notre monde. J’adore les petits de tout mon cœur. Quand je suis avec eux, j’oublie que je suis maman et je me rappelle mon temps d’enfance. Ah mais ! Ah ! Une chose que je n’aime pas, c’est de me réveiller le matin, parce que tout le matin, je suis presque plus fatiguée qu’à la fin de la journée ; et juste de penser que tout commence encore une fois, qu’une grande journée m’attend, alors là j’ai envie de dormir encore toute la journée. Lidiane FERREIRA Association Helios, Guebwiller 92 TEXTES INDIVIDUELS F Thomas F. Hôpital de jour, Haguenau 93 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Travail de vannier Dans les fossés, au bord des rivières L’hiver comme l’été Du saule pourpre on coupait l’osier. On préparait l’osier Au couteau. Pour gagner notre pain. On s’arrêtait sur une place désignée En hiver quand le froid faisait mal aux mains Pour éplucher l’osier. C’était plus dur qu’au printemps On pliait en deux un morceau d’osier Et différent. Pour former un épluchoir. On formait de gros fagots avec l’osier. On coinçait le rameau entre les deux mâchoires, On prenait une bassine assez haute, On tirait On plaçait les rameaux debout. Et il ressortait une branche On ajoutait de l’eau. Toute blanche. On enveloppait la bassine avec une couverture, On mettait les branches au soleil On fermait le haut avec de la paille. Pendant trois ou quatre heures On allumait un feu pour faire bouillir l’ensemble. Pour qu’elles sèchent. Et on épluchait l’osier. F Avant de travailler l’osier, Pour faire un travail parfait, Vous ne me croyez pas ? On le mettait à tremper dans la rivière Pourtant c’est la vérité. Une pierre posée au-dessus. C’est le travail qu’on faisait Pour gagner notre vie Comme tous les gens du voyage. Fillette Association Lupovino, Strasbourg 94 95 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 A l’usine Pour moi le travail c’est d’abord de gagner de l’argent, de faire des rencontres et de me faire des copains. J’aime travailler dans une usine. C’est très facile pour moi parce que je travaille à l’intérieur. J’aime travailler sur des machines de production ; je ne suis jamais fatigué. En plus, on nous paie le 13ème mois. Le travail est toujours bien organisé. On commence tous les jours à la même heure et on nous fournit des équipements. J’ai fait mon apprentissage dans un IMPRO, en photo, PAO, conditionnement et soudure. Aujourd’hui je suis dans un atelier de tampographie. Dans un ESAT. Je ne connaissais pas ça il y a trois ans en arrivant. Il faut apprendre. Mon travail consiste à déballer et emballer en tampographie les dossiers des clients. Je voudrais aussi aller sur la machine, mais ce n’est pas possible. Kémal FIRAT CREAFOP, Altkirch La vie trépidante d’une femme au foyer Etre une femme au foyer est un travail à plein temps et même plus ! Les heures supplémentaires sont journalières et non payées. Cela demande une sacrée organisation ! Tout est planifié dans les moindres détails. La journée commence très tôt et se termine souvent très tard. Il faut s’armer d’une patience d’ange. Avec les moniteurs, il y a une bonne relation de travail et il y a une bonne relation avec les collègues. On rigole tous dans l’atelier tous les jours. Je n’arrive pas à trop à suivre pendant la saison parce qu’il faut aller très vite pour les cadeaux de Noël. Mes projets professionnels sont de faire un stage dans l’atelier de conditionnement et montage. Si ça marche, je reste dans l’atelier et je fais un peu autre chose que de la tampographie. Et c’est bien de faire autre chose et d’apprendre. Par contre, si ça ne marche pas ce n’est pas très grave. Je retournerais en tampographie. Et pourquoi pas faire un autre stage dans un autre atelier. F A l’époque, quand je suis arrivé à l’ESAT, j’ai pu intégrer un foyer d’hébergement pour travailleurs handicapés. J’ai pu réaliser mon souhait d’être indépendant et de quitter la famille pour la semaine. J’y retourne certains week-end. Je suis content de rentrer le soir après une journée de travail pour faire mes activités. Pour voir mes copains, pour me détendre devant la télé, pour me promener, pour aller voir un concert, pour aller à la piscine, pour aller faire du sport (ping-pong, tir à l’arc), pour aller au restaurant, pour aller voir une course de voiture de F1 (Mickael Schumacher) pour faire de la console de jeu. Je suis l’épaule sur laquelle tous peuvent s’épancher et leur confidente privilégiée. Tout ce que je fais est normal mais parfois j’aimerais aussi que l’on s’occupe un peu de moi. Etre femme au foyer est plus qu’un simple travail ! Passer de bons moments, voir mes parents, de temps en temps ils me manquent, pour voir mon chien, pour aller voir ma sœur, son mari et ses enfants, pour fêter les anniversaires, pour partir en vacances tous ensemble. Pour fêter Noël tous ensemble, parce que comme ça je vois tout le monde (mes frères et sœurs, oncles et tantes), pour aller voir mon papy. Cathie F. Association Lupovino, Strasbourg Bruno FONTENAU Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller En fait, je n’ai vraiment pas de temps pour moi ! 96 TEXTES INDIVIDUELS 97 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 C'est la misère dans ce monde sans travail. On survit avec ces pouvoirs d'achat toujours en baisse. La vie est devenue chère. Les fins du mois sont de plus en plus dures. Il y a des personnes qui se suicident. On manque de travail et d'argent pour subvenir aux besoins de sa famille. Sans travail, on est perdu dans la vie. Donc, on perd confiance. La santé ne suit plus. On se dit que c'est la fin du monde. Si on n'arrive pas à trouver du travail, on est amené à vendre ses affaires ou même à se vendre. On perd sa famille, tous les gens que l'on aime. On devient avec le temps SDF. Puis, on est obligé de voler pour survivre, voire dans le pire des cas, devenir gangster. Après c'est la prison ou le cimetière. Dans la vie il faut se battre pour vivre dans ce monde, quoiqu'il arrive dans la vie, il faut garder la tête haute et ne pas perdre espoir. Mohamed F. GIP FI, Maison d'arrêt Elsau, Strasbourg Si j’étais monitrice… J’ai toujours eu des moniteurs autour de moi et ils m’ont beaucoup aidé dans mon parcours. J’aurais aimé être, moi aussi… M Le métier de mes rêves, mieux que professeur O M’occuper des personnes en difficulté, organiser mon travail N Nécessité pour moi d’aider les autres I Instruire et donner des cours d’informatique T Travailler avec des adolescents R Ressentir de la volonté et de la fierté I M’investir dans mon travail C Conseiller, comprendre, être au courant et avoir des collègues E M’exprimer dans mon équipe Cindy FUSS Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller 98 « Le treizième travail d’Hercule : trouver un emploi » Roland Topor ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Chose gênantes Un nouveau né qui pleure plusieurs fois pendant la nuit. Quelqu’un qui parle beaucoup avec moi dans la rue quand j’ai un rendez-vous et que je suis en retard. Une nouvelle recette qui donne un mauvais résultat. Quelqu’un qui arrive après moi chez le docteur et qui entre avant moi alors que c’était l’heure de mon rendez-vous. Un film qui finit tristement quelqu’un qui a tout le temps la poisse. Choses splendides Un séjour dans un hôtel cinq étoiles. Une fête d’anniversaire sur une croisière. Une belle maison sur la mer. Faire le tour de Paris en voiture limousine. Un beau dîner avec toute ma famille. Choses effrayantes Le noir pour les petits enfants. La police pour les voleurs. L’accouchement pour une femme enceinte. La piqure pour les enfants. Choses qui disparaissent lorsque j’en ai besoin Les clés quand je voudrais ouvrir la porte de ma maison. Le stylo quand je révise le français. La télécommande quand je veux regarder ma série préférée. Les lunettes de la formatrice quand elle doit lire mon texte. Demiana GADALLA Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg 100 Rêveries Sur mes volutes de fumée dansent fougueuses gitanes. Des apôtres se prosternent devant des crucifix d’argent. Des anges déchus vomissent des injures sur les citadins affairés. Les temples bouddhistes résistent à des tempêtes glacées. Des moines fous caracolent sur de vieux canassons fourbus. Des vierges éplorées font cercle autour des talismans. Une armée de prophètes fourbit leurs épées avant d’assaillir la Jérusalem céleste. Des poètes, cheveux au vent, déclament des vers improbables au seuil des félicités suprêmes. De jeunes vestales dansaient des bacchanales endiablées. Des bardes chantaient de vieilles balades celtiques. Des lys violacés s’entrelaçaient aux dorures des palais. G Les nénuphars rouges poussaient leurs odeurs pestilentielles jusque sur les niches des nécropoles abîmées. Les vieillards grelottaient sous les givres hivernaux et les marmots pleuraient sur leur soupe froide. Les violoncelles des orphelins jouaient Vivaldi et la foule hurlait à la mort. Les vieilles veuves dansaient, dénudées dans les souterrains aquatiques, je jure sur Dieu qu’on n’en vit jamais de plus belles au firmament de ma pensée. Des soleils maudits crachaient leur feu jusqu’au sommet des Olympes noires. De vieilles barques moussues et pourries dérivaient sur un océan déchaîné. Les reflets des astres me transfiguraient d’élans mystiques. Que faire, que dire, je ne le sais mais l’aurore empourprait déjà la vanité de mes songes. Je fumais ma vieille pipe d’écume sur les tombeaux du Père-Lachaise. Arnaud G. Hôpital de jour, Molsheim 101 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Le travail c’est comme l’alphabet, toujours pareil, des lettres qu’on peut décliner sous plusieurs formes, qui donnent des idées drôles, tristes, angoissantes ou originales : A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z Amitiés entre collègues. Assurance dans le travail. Boulot très bruyant. Contraintes chaque matin. Ne pas dormir dans mes cartons. Ne pas dépenser d’argent quand ce n’est pas nécessaire. Mon équipe plutôt sympathique mais pas toujours énergique. Formation continue pour être opérationnel. Gagner son argent ; gérer son budget. Horaires stables ou en poste. Prendre en compte le handicap de chaque personne. Intéressement : ça nous on en a pas. Les impôts : pour l’instant je n’en paie pas. Jackpot ! Fini le chômage. Les kilos et les tonnes de sacs que je remplis et les kilomètres que je parcours. Les loisirs qui m’impatientent. Manipulation du tir palette manuel ou électrique. Négociation avec le moniteur pour un salaire plus élevé. Nécessité de communiquer avec les autres. Ouvrier d’usine en manque d’oxygène et opérationnel dans son travail. Paie du mois : ouf ! Qualité et quantité exercées pendant toute la durée du travail. Rentrée d’argent obtenue grâce au travail accompli. Survivre à la routine quotidienne, sauvegarder les emplois. Tenue de travail obligatoire. Unanimité. Vacances bien méritées et vive les sorties et les loisirs. Enfin le week-end tant attendu. Xénophilie ou amitié envers les étrangers. Yoga pour récupérer le soir quand je suis stressé. Il faut avoir du zèle mais surtout rester zen. Eric GANGLOFF Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller 102 TEXTES INDIVIDUELS J’aime rêver Je n’aime pas avoir mal J’aime penser Je n’aime pas souffrir J’aime dormir Je n’aime pas être terrible J’aime être forte Je n’aime pas me faire arracher une dent J’aime être joyeuse Je n’aime pas être triste J’aime travailler. Florence GASSER Association Adèle de Glaubitz, ESAT Saint-André, Cernay Le travail du samouraï La bataille faisait rage G Les ennemis tels des épouvantails Sur tout le pays thaï Bye-bye les champs pleins de bonsaïs. Dans le brouhaha intense Le travail ingrat des samouraïs Est de tuer tel des cobayes Le plus de guerriers en chandails Et de trouver la faille En leur chef lesté de ses médailles Avec son chapelet de dents blanches émail. Olivier G. Association GEM Aube, Strasbourg 103 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Je suis une femme un peu différente… Souvenirs d’enfance Je suis une femme un peu différente, Avec quelques difficultés qui ont fait Qu’aujourd’hui, je travaille dans un ESAT. Quand j’étais une jeune fille, Sortant de l’IMPRO où je m’étais formée aux animaux, Dans le mini zoo de la fondation Sonnenhof, Je rêvais de travailler toute ma vie dans ce domaine. J’ai fait mon premier stage dans un centre Hippique pendant 3 mois. C’était formidable, mais ils n’ont pas pu me garder, ni me payer Alors je n’ai pas eu le choix et je suis allée au CAT. Il faut bien gagner son pain. Mais je rêve toujours à ma passion, les chevaux, Et au métier de palefrenière. Quand j’étais petit, je voulais être mécanicien. J’habitais à Buhl. Un jour mon grand père m’a ramené un jouet, c’était un autobus. Il manquait une roue à l’arrière. Mon grand père a réparé le jouet. Il y avait une petite poupée je l’ai donné à ma sœur. Quand j’étais plus grand on a déménagé et habité à côté du P.M.U. Un jour j’ai joué au tiercé et j’ai gagné avec mon père. A la maison je regarde des DVD, j’écoute des CD. Le soir je me promène, je vais boire un café chez Helfter. Pour moi c’est : P A L E F R E N I E R comme Parler, Promener, Penser comme Aimer, Animaux, Aider, Avoine comme Liberté, Loisir, Longe, Licol comme Elevage, Exposition, Etrier comme Fierté, Fascination, Famille, Foin, Fers comme Ranch, Rodéo, Respect, Risques comme Etre présente, Entretenir, Ecuries, Ecrire des poèmes comme Nourrir, Nettoyer, Naseaux, Nature comme Informer, Important, Intelligent comme Extraordinaire, Evident comme Rester près d’eux Et heureusement, c’est une passion que je peux vivre de l’autre côté du travail. Chantal GENG Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller Antoine GENTILUOMO ESAT Papillons Blancs, Soultz G Les week-ends J’aime bien aller chez mon chéri le samedi et le dimanche. Je fais le repassage, Manu et moi faisons la cuisine. Mon chéri et moi, nous nous sommes promenés à Guebwiller pour prendre le café. J’aime aussi m’occuper du chat et lui donner à manger. Il est très gentil Manu me téléphone tous les soirs. Quand mon chéri est avec moi je suis contente. Je l’aime… Santina GENTILUOMO ESAT Papillons Blancs, Soultz 104 105 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS De l’autre côté du travail, ça me fait penser aux loisirs et aux vacances… Mon rêve Cet été j’ai envie de m’envoler et qui dit s’envoler dit aller loin. Ce loin pour moi c’est Washington, chez Mr. Obama. Certes il va falloir prendre l’avion et faire attention à ne pas dépasser les 20 kg autorisés pour les valises ! Je vais réserver un hôtel à côté de la Maison Blanche. Une fois ma visite terminée je vais reprendre l’avion pour atterrir à New-York. Là je ferai un tour pour voir la statue de la liberté. Après je ferai une promenade à Manhattan. Je vais quitter New-York direction Miami, là-bas je vais rencontrer « les experts » dans leur studio. Comme il fait toujours beau dans cette ville je profiterai pour bronzer. Après ce sera l’heure du retour. Pour réaliser mon rêve soit je trouve un travail, soit je gagne au loto ! Guillaume GEORGENTHUM I.M.PRO La Ganzau, Strasbourg Toute l’année j’économise sur mon livret. En fonction de mes économies, je choisis ma destination. Parfois je décide de ne pas partir pour m’offrir autre chose qui me fait plaisir, comme mon scooter. Mes dernières vacances c’était en Italie, il y a trois ans. J’aime voir comment vivent les gens, leur culture, la nourriture, les habitations, les paysages, les plages, les bateaux dans le coucher du soleil. Je rêve d’aller au Maroc, mais j’hésite. Il faut faire des choix entre un achat important, tout aussi plaisant et utile et des vacances coûteuses qui laissent de bons souvenirs. Certains de mes amis sont des collègues de travail. D’autres non. Avec eux, je partage mes idées, mes projets, mes inquiétudes et mes plaisirs. En soirée, mais surtout le week-end, on part en scooter, on fait des sorties, on partage des repas au resto. Le travail, c’est ma machine dans l’atelier de tampographie de mon ESAT. Je tamponne des stylos que mes collègues déballent et emballent. Je fais le réglage de la machine, je prépare le cliché et l’encre, je fais le calage. Ma journée est rythmée par des moments de travail et de pauses qui me permettent de discuter avec mes collègues. C’est un moment agréable et convivial. C’est un travail d’équipe. G C’est bien que le CAT ait encore du travail, surtout en cette période de crise. C’est bien de pouvoir travailler, c’est rassurant. J’ai eu peur un moment d’être sans travail, ça va un temps, mais les journées sont longues. J’aime ce que je fais et je préfère les journées bien pleines et qui passent vite. Etre sans travail, c’est ne pas avoir de salaire et pour vivre comme ça c’est dur. Il faut travailler pour vivre, pour partir en vacances, pour les plaisirs de la vie, ce que chacun aime faire, les rencontres, les achats… Quand je rentre chez moi, je fais les courses, le ménage, mes papiers administratifs. Ce sont des obligations. Rencontrer mes copains, avoir des loisirs, ça c’est du plaisir. Christophe GEYER Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller 106 107 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS A la manière d’Eugène Guillevic… J’ai vu le charcutier qui fabrique des boudins. J’ai vu le chef de gare qui donne le départ au train. J’ai vu le contrôleur qui contrôle les billets de la SNCF. J’ai vu le gendarme qui contrôle si les chauffeurs ont la ceinture de sécurité. J’ai vu les infirmiers qui s’occupent des pauvres gens. J’ai vu le menuisier qui fabrique des meubles. J’ai vu la dactylo qui met les lettres dans les enveloppes. J’ai vu le ramoneur qui nettoie les cheminées. Et moi, je serai bientôt à la retraite et je partirai en voyage avec ma copine pour voir les montagnes et la mer… Fernand GRIEBEL Association Trampoline, Molsheim Au bonheur des Dames Madame la directrice, J’ai lu à plusieurs reprises vos petites annonces dans les journaux et il m’est venu à l’idée de vous proposer mes humbles services au sein de votre entreprise louable et généreuse. Je crois être capable d’apporter beaucoup au succès de votre établissement, à sa notoriété et à sa réussite. Votre démarche est identique à la mienne, puisque tous les deux nous souhaitons apporter de l’amour et de la tendresse à ces jeunes femmes en souffrance. Etant apprécié dans ce domaine, puisque j’ai à mon actif laissé dans les nuages du bonheur de très nombreuses dames, je me propose de m’occuper de vos clientes qui le souhaitent et de leur offrir amour et tendresse qu’elles attendent avec impatience. G Je suis prêt également à travailler gratuitement pour vous puisque je serai rémunéré en nature par ces charmantes dames. Seuls les frais de confort seront à votre charge. Dans l’attente d’une réponse de votre part, permettez-moi de déposer à vos pieds un bouquet de pensées tendres et respectueuses. Portrait Henry GRIFFRATE Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines Si j’étais un objet, je serais une télé. Si j’étais un plat, je serais un couscous Si j’étais un animal, je serais un poulet. Si j’étais une chanson, je serais une chanson de Lassana. Si j’étais un film, je serais les feux de l’amour. Si j’étais un endroit je serais Komolou. Je rêve de prendre l’avion, de rentrer chez moi et de voir ma fille. Camara GUNDO Centre SocioCulturel Phare de l’Ill, Illkirch-Graffenstaden 108 109 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 A force de m’écrire, Je trouve la vie difficile pour les femmes. La femme travaille plus que l’homme, elle dirige tout. Elle n’a pas besoin de l’homme pour lui expliquer ce qu’elle doit faire. La femme est courageuse. Les droits de l’Homme Que le printemps est beau, surtout le printemps méditerranéen et en particulier à Alger. Il y fait beau toute l’année, surtout à la côte qui s’étale sur 1 200 km de dunes vierges. En mars 2005, j’habitais à Alger, la capitale de l’Algérie. Un jour où il faisait particulièrement beau, je suis allé à la plage avec mes copains pour qu’on s’amuse. Nous avons passé un bon après-midi. Au moment où le soleil se couchait, nous avons ramassé nos affaires pour rentrer chez nous. Quelle image inoubliable que ce coucher de soleil, un peu comme une boule de feu qui se noie dans la mer ! Je connais beaucoup d’autres régions en Europe ou en Russie, avec du -0°, mais dans cette région il fait toujours beau et la chaleur atteint un minimum de 24°. Elle ne se plaint jamais. Moi je ne comprends pas : mon pays est beau, riche, grand, il possède tous les atouts tel que le pétrole, gaz, fer, phosphate et que sais-je, pourtant nous sommes nombreux à vouloir le quitter, fuir cet endroit de rêve. La plupart des immigrés algériens préfèrent rester en France plutôt que dans leur pays d’origine, même si les conditions matérielles ne sont pas le nirvana ! Elle est le pilier de la maison. Mais que nous manque-t-il donc d’essentiel et de façon aussi cruelle, si ce n’est le respect des droits de l’Homme ? Elle supporte beaucoup de choses : La fatigue, le travail dur, l’éducation des enfants. Fatiha GRIOUANI Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg 110 TEXTES INDIVIDUELS G Saïd G. Association Espoir, Maison d’arrêt de Colmar 111 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Je suis un sac à main Le premier métier du monde Le premier métier du monde existe toujours de nos jours. C'est encore et toujours le premier métier pour tous les êtres vivants. Il s'agit de naître. Vaste programme qui demande beaucoup de qualités. C'est un métier épuisant qui laisse les êtres fatigués pour tout le reste de leur vie. On commence seulement à découvrir les facettes de ce métier passionnant, et certains curieux, voulant savoir comment ils ont fait pour accomplir leur premier travail sans s'en souvenir, observent sous leurs loupes des êtres se démener pour naître. Pour naître, on sait qu'il y a un début plutôt plaisant, mais après on ne sait pas exactement quelle convention collective s'applique. En général, les individus de la même espèce font le travail dans le même laps de temps, dans des locaux similaires, seuls ou en équipe, comme dans un autre travail. On sait aussi qu'une fois que les êtres ont fini de naître commence alors leur deuxième boulot : Vivre... et celui-là, il est pas vraiment plus facile. Christian HAMMANN Association GEM Aube, Strasbourg Ma vie est très difficile. Pourquoi ? Parce que je suis responsable de tout ce qu’il y a dedans. J’ai ici un stylo, des clés, des bonbons, un rouge à lèvres, un miroir, un portefeuille avec des cartes, des mouchoirs en papier, etc… Et aussi un portable qui sonne souvent et qui me fait avoir peur ! C’est lui qui m’énerve, c’est lui qui fait beaucoup de bruit… Il y a du désordre partout. Quand Anne va-t-elle ranger ? Elle ne fume pas mais il y a des cigarettes et des allumettes qui sont sorties de leur boîte. Et il y a des papiers de bonbons aussi… Je rêve de mes vacances quand Anne va partir en vacances cet été et qu’elle va prendre son portable. Après je vais être calme et content. Je suis un vieux sac mais je sais qu’Anne m’aime. Lyudmila HASSELMANN Plurielles, Strasbourg H De l'autre côté du travail, il y a tellement de choses : par exemple, les loisirs sportifs, chercher son enfant à l'école et l'aider à faire ses devoirs. Sinon, il y a beaucoup d'autres activités à faire comme, faire du sport individuel ou collectif pour bien se fatiguer et bien dormir, des activités culturelles ou associatives pour aider des personnes en difficulté. Mais aussi partir en vacances et prendre du bon temps avec sa famille et ses amis pour oublier le monde du travail et ainsi déstresser, penser à autre chose. Cependant, si on ne trouve pas de travail, et afin de faire vivre sa famille, on est amené à franchir la frontière de l'illégalité, faire partie d'une bande de voyous ou de gangsters qui vous entraîne à voler, piller, braquer, frauder, falsifier. Dans le pire des cas agresser avec violence des personnes vulnérables comme les personnes âgées, handicapées qui ne peuvent se défendre et qui sont des proies faciles à manipuler. Hassan GIP FI, Maison d'arrêt Elsau, Strasbourg 114 115 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 L’alphabet du travail A comme apprentissage d’un métier B comme boucher qui coupe de la viande C comme conditionnement : c’est un boulot manuel pour emballer les marchandises D comme dentiste qui contrôle si les dents sont propres E comme étiquettes que je colle sur les enveloppes en atelier F comme les fleurs que j’arrose avec Claudia G comme le gazon qu’il faut tondre H comme quand je travaillais en horticulture à l’IMPRO I comme IMPRO où j’ai appris des métiers avec André J comme les jongleurs du cirque sur France 3 K comme les kiwis du marchand de fruits et légumes L comme laveur de vitre avec l’Ajax M comme Moniteur d’atelier pour aider les travailleurs N comme nageur qui fait de la natation O comme l’opticien qui vend mes lunettes P comme le pâtissier qui vend des bons gâteaux Q comme le quincaillier R comme un animateur Radio qui parle S comme le soudeur de l’atelier mécanique T comme la tronçonneuse du bûcheron U comme être utile V comme le vendeur de voiture Volvo et de vélos violets W comme Monsieur Wolter le directeur du Foyer X comme Xavier le psychologue Y comme le yaourt fabriqué chez Yoplait Z comme Zorro le justicier Christian HEINI Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller TEXTES INDIVIDUELS Les couleurs du travail Rouge Noir comme le sang qui coule quand je me coupe avec le cutter. comme le tableau dans la salle de classe de mon école quand j’étais petite. Vert comme la colère quand je m’énerve à cause de mes soucis. Jaune comme le soleil qui brille à travers la fenêtre de mon atelier. Marron comme les noisettes dans les arbres quand elles sont bonnes à ramasser. Orange comme la clémentine que je mange à la cantine. Rose comme les fleurs dans les jardinières de la salle de réunion. Bleu comme le ciel le soir après le travail. Violet comme les jolies lunettes qui m’aident à voir ce que je fais. Gris comme les oiseaux gris dans la cage. Blanc comme la neige à Noël. H Vanessa HEITZ Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller Je vois une main qui caresse un ventre. Les doigts sont allongés et bougent tranquillement. Parfois ils s’arrêtent pour sentir le mouvement à l’intérieur. Le bébé, bien au chaud, sent-il cette caresse ? Nadia HICHRI Association Helios, Guebwiller 116 117 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Avant Mon frère Clément, A toi, vont apparaître de nombreuses demoiselles, toutes sont cousines ou jumelles, au fond de ton cœur, elles y feront leur demeure. La première s'appelle innocence, elle n'a qu'une courte existence, d'autres viendront la remplacer, et ne voudront être déplacées. Mesdemoiselles, pudeur et vertu, sont toutes nues, insouciance et paresse, ne sont pas avares de caresses. Les jumelles, cruauté et tendresse, voudront être tes maîtresses, l'une répand la peur, et l'autre le bonheur. Les sœurs, jalousie et envie, peuvent détruire ta vie, sans doute, la plus fidèle de toutes ces demoiselles. S'appelle l'imbécillité, combats-la avec férocité. Quand j'ai commencé mon apprentissage C'était le bonheur de se lever le matin Pour apprendre de nouvelles choses De façonner différents matériaux Le plaisir de voir mes collègues avec le sourire Et tout simplement le plaisir de rire Les clients nous accueillaient avec du café et des gâteaux Et toujours satisfaits du travail accompli Aujourd’hui Les clients sons devenus râleurs et exigeants Le patron toujours de mauvaise humeur Travailler 40 h pour être payé 35 h J'ai vu partir des collègues qui se sont faits licencier Des familles qui se sont déchirées C'est pourquoi aujourd'hui Je n'ai plus de plaisir de me lever Pour aller travailler H Sébastien H. GIP FI, Maison d'arrêt, Strasbourg Compassion et douceur, peuvent enrichir ton cœur, mais sache que si tu veux aimer, tu dois savoir souffrir en cachette, souvent en pleurs, en public, toujours sourire. D'autres encore, voudront faire de toi, le meilleur ou le pire qu'il soit, à toi donc de bien choisir, c'est mon plus cher désir. Ton grand frère Adrien H. GIP FI, Maison d'arrêt Elsau, Strasbourg C’est une tasse qui a une forme de mug. Elle mesure douze centimètres cinq de hauteur et neuf centimètres de largeur. Elle possède une poignée. A l’arrière plan, elle est de couleur brune. Il y a deux chats à l’extérieur : un de couleur noir et blanc et le deuxième avec un peu de brun, de roux et de blanc. L’intérieur est blanc avec la tête de deux chats. Cette tasse irait bien à un gros buveur de café car elle est bien grande. De plus, il y a une très belle image de deux chats. En regardant ces deux chats, je me sens apaisée et j’ai hâte de rentrer chez moi pour retrouver mon chat qui m’attend sagement. Nadine HILL ReFormE, Lingolsheim 118 119 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Remonter ses manches Les petites annonces 2 Remonter ses manches avant d’entrer dans ces 9 m Marguerite, 62 ans, cherche une personne pour l’aider à ouvrir la porte de mon ascenseur qui est toujours bloquée quand je descends pour aller au cours de français. Pour la première fois, nettoyer le sol des dizaines de fois Pour y voir sa couleur d’origine. Frotter les murs à l’éponge, Marguerite HOUSSEIN Centre SocioCulturel JSK Camille Claus, Strasbourg Si fort que des gouttes de transpiration Dégringolent sur le carrelage tout humide. Grimper sur la chaise Pour que cette haute fenêtre soit propre, L’internat Que le soleil puisse y entrer en toute tranquillité. Toute petite, j’étais timide, pas en bonne santé, fragile, mes parents avaient quatre autres enfants, une fille et trois garçons. Maman était femme au foyer et papa sans emploi, et peu de ressources, donc il n’arrivait pas à subvenir à nos besoins. Et au niveau de la loi la décision a été de placer les deux filles par la DASS (la direction des affaires sanitaires et sociales) au foyer des sœurs à Ebersmunster. Des heures, des jours, A transformer toute cette crasse en une cellule nickel ! Pouvoir enfin réviser ses cours, Se forger un physique dans le sport, Se mitonner sa petite cuisine Qui sera bien meilleure que l’autre… Apprendre à faire une lessive Sans trop endommager le linge, A travailler dans le plaisir, Comme travailler dans un quotidien Sans ordres… David H. Atelier d’écriture, Maison Centrale d’Ensisheim 120 H On a trouvé ça injuste que ce soit nous qui devions partir de la maison et pas les garçons. Au foyer on n’apprenait pas beaucoup au niveau des cours mais juste à lire et à écrire, le plus simple, sans trop de français ou de maths. Et on était plus éduquées pour les travaux de couture, de cuisine ou de ménage… Néanmoins ça nous plaisait, on nageait dans le bonheur, enfin moi surtout, pas de devoirs le soir que des loisirs avant d’aller au lit à 20 heures. On avait même la satisfaction de pouvoir faire des spectacles pour la kermesse annuelle de fin d’année ou pour la fête de Noël. Là on était récompensées pour nos efforts par un colis de chocolat, de bonbons avec un cadeau en plus. Et moi-même toute petite j’étais souvent furieuse et rebelle, un vrai garçon manqué, toujours à courir et à faire courir les sœurs, coléreuse et enragée de ne pas pouvoir voir mes parents et mes frères tous les jours. Par contre j’étais toute heureuse de pouvoir rentrer le week-end et retrouver mes frères qui étaient impatients de nous voir arriver pour faire des bêtises ensemble. Sylvie HUCHELMANN Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines 121 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 L’enfant est une personne L'enfant, petit être innocent, insouciant L'enfant, petit être que l'on aime choyer, dorloter L'enfant, symbole de la vie, du renouveau, Petit bout de chou si fragile, que l'on aime protéger L'enfant ne doit pas être au cœur des conflits Mais, prendre sa place au cœur de notre amour, de notre considération et de notre respect. Laissons-le grandir, s'épanouir Laissons-le s'exprimer, devenir l'avenir de demain. Heck GIP FI, Maison d'arrêt Elsau, Strasbourg Mes enfants Vous qui êtes toute ma vie Vous qui hypnotisez mon esprit Vous qui me donnez l'envie de vivre Vous qui avez découvert la clé de mon cœur Vous qui venez effacer mes pleurs Vous qui avez su m'aimer et me chérir Si vos yeux pleurent, mon cœur triste ne cesse de pleurer Moi qui veut votre bonheur Je ne cesserai jamais de vous aimer Vous qui êtes mon plus beau trésor Auprès de vous, je resterai jusqu'à ma mort Votre papa qui vous aime Seppy H. GIP FI, Maison d'arrêt Elsau, Strasbourg 122 « J’aime le travail ; il me fascine et je peux rester des heures à le considérer » Jérome K. Jérome ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Tous les matins Pour bien vivre, il faut travailler dans la vie, Dans un bureau ou dans une usine ! Si c’est un métier ou un domaine qu’on aime, On peut se réveiller facilement tous les matins ! Le réveil sonne, ensuite c’est toujours les mêmes gestes quotidiens : Se lever, se laver et s’habiller. Et puis prendre la route pour aller travailler ! Voilà, c’est le même cinéma tous les matins ! Meral ILHAN CREAFOP, Altkirch Sans salaire Volontaire, Je fais le ménage, je fais la cuisine, Avec savoir-faire mais sans salaire, Parce que… Je suis une femme au foyer. Volontaire, J’aménage, je décore la maison, Avec savoir-faire mais sans salaire, Parce que… Je suis une femme d’intérieur. Volontaire, Je travaille au potager et aux champs, Avec savoir-faire mais sans salaire, Parce que… Je suis épouse de paysan. Volontaire, Je soigne et j’éduque les enfants, Avec savoir-faire mais sans salaire, Parce que… Je suis une maman ! Gullü ISIK Association Contact et Promotion, Strasbourg 124 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Mes vacances… En été, je pars en vacances au chalet avec ma mère et « Pilane ». « Pilane », c’est mon chien. Il me lèche avec la langue… là sur mon nez. Il s’amuse aussi avec ma mère. Parfois on va se balader avec ma mère. Elle prépare un bon repas. Parfois, je regarde la télé… et mon chien me regarde. Parfois, il y a des courses à faire au village à Grendelbruch. Parfois, on prend le petit déjeuner avec du café au lait, de la confiture et du pâté aussi. On revient le dimanche après-midi en voiture bleue avec la remorque. C’était bien ! TEXTES INDIVIDUELS Ma vie avec toi Toute la journée au travail, je pense à toi A midi, je pense à toi A la pause, je pense à toi Enfin le soir, je te retrouve, heureuse, Prête à tout partager, Nos folies, nos colères, nos loisirs, Nos hauts et nos bas, Patrick JOERGER Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller Notre quotidien. J Jour et nuit je pense à toi. Martine JOOS ESAT Saint-André, Les Ateliers du Steinkreuz, Wintzenheim 126 Debout la nuit, minuit et demi Un expresso et c’est parti Je descends au rez-de-chaussée et j’y suis Dans ma petite boulangerie J’allume le four et le pain cuit Il est cinq heures premier client Odeur de pain plus qu’enivrante Enfin midi, ma femme est là Pour qu’on partage un bon repas Petite boulangerie dans un village Histoire de faire vivre un peu l’entourage Quand je suis en week-end, je me promène avec ma femme et mes enfants au parc. On fait les magasins. Je fais aussi du sport. J'invite chez moi des amis à manger. On passe une très bonne soirée. Lorsqu'il fait beau, je vais à la piscine avec mes enfants. On passe une très bonne journée. On s'amuse très bien. Et après, on rentre pour manger, puis on regarde la télévision. Raphaël JENOUVRIER APP Re.Form.E, Strasbourg Joël GIP FI, Maison d'arrêt Elsau, Strasbourg 127 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Quand j’étais petite… Moi et ma sœur jumelle étions les cadettes d’une famille de six enfants. Nous vivions très heureux malgré la mort brutale de notre père dont je n’ai aucun souvenir. Comme nous étions tous encore petits, ma mère été obligée de travailler. Elle a commencé à nettoyer des bureaux le soir mais rapidement, à cause de la méchanceté du voisinage, elle a dû s’arrêter. Les gens disaient qu’elle faisait « le plus vieux métier du monde ». Par la suite, elle a été embauchée à proximité de son domicile, dans une crèche, où elle a effectué plusieurs tâches : la lessive, le repassage, la cuisine et s’occuper des enfants. Il ne lui manquait plus que le poste de directrice ! Quand j’étais petite, je me disais que plus tard je serais puéricultrice, comme ma mère. Finalement, les années ont passé et je n’ai pas pu réaliser ce souhait. A la place, j’ai élevé mes sept enfants, ce qui revenait un peu au même. A l’âge de quarante-sept ans j’ai eu la chance de réaliser mon rêve de gamine : travailler avec des enfants, issus de la communauté des gens du voyage, pour une association du quartier du Polygone à Strasbourg. 128 Robert Lassus « Je travaille à être heureux... » Josiane Association Lupovino Strasbourg ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Mon travail Nous sommes le monde Nous sommes le monde… oui les enfants sont le trésor du monde. Ils sont le futur du monde. Ils sont la joie de notre vie. Nous sommes toujours proches d’eux pour découvrir les caractères et les professions qu’ils aiment pour pouvoir avancer dans le monde. Imaginer un monde sans enfants. La terre c’est la mort. Pour vivre, la terre doit préparer les bonnes générations dont le futur a besoin pour avoir des idées lumineuses, la science, la politique et l’économie… Suela KALI Centre Social AFSCO, Mulhouse Si j’étais un métier, je serais pompier ou médecin urgentiste Si j’étais une couleur, je serais bleu ou gris Si j’étais un instrument de musique, je serais une guitare Si j’étais un titre de film, je serais Sherlock Holmes ou Fantômas Si j’étais un jeu, je serais un jeu de société Si j’étais une boisson, je serais du thé Si j’étais une voiture, je serais une Jeep ou une Ferrari Si j’étais un animal, je serais un oiseau ou un dauphin Si j’étais un sport, je serais le judo ou la moto Si j’étais un livre, je serais un livre de Jack London Si j’étais une ville, je serais Strasbourg ou Monaco Si j’étais une fleur, je serais du lilas Si j’étais une fête, je serais le nouvel an ou un anniversaire ou le ramadan Kameta APP Re.Form.E, Strasbourg 130 Un jour, je cherchais un travail. Mon mari avait un emploi dans une usine à Wiches. Moi aussi, j’ai commencé, dans la même usine, comme intérimaire. A ce moment-là, je ne savais pas parler français. La responsable m’a regardé travailler. Elle m’a dit que c’était très bien : j’ai été embauchée. Dans cette usine, on tranche, pèse et emballe le poisson congelé. Il y fait très froid ! Je suis restée parce que j’avais besoin d’argent. J’ai occupé chacun des postes. J’ai gagné de l’argent et j’ai pu passer mon permis de conduire. Mon mari est parti de l’usine et je suis restée toute seule. Il n’est plus là pour parler français à ma place. Je suis donc obligée de parler français. Cela fait dix ans que j’y suis. Je n’aime toujours pas ce travail à cause du froid. K Sevda KARA Association Trampoline, Molsheim Mon père, cet agriculteur Quand j’étais petite, mon père était agriculteur, c'est-à-dire paysan. Il cultivait du blé, des raisins, des pommes de terre, des tournesols, des betteraves etc… Il donnait un peu de tout à la corporation mais il prenait un peu de blé pour l’année suivante pour faire de la farine, un peu de betteraves aussi. Il gardait pour la famille, une moitié des raisins pour faire du concentré et on mangeait le reste. Il gardait au moins 100 kilos de tournesol, le reste, il le vendait mais il ne vendait pas les pommes de terre. On avait aussi quatre vaches. Il ne fait plus ce travail ; il est à la retraite et se repose avec ma maman. Güzel KARADUMAN Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg 131 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Quand j’étais petite, je travaillais avec mon père dans le jardin. Mon père était content de moi, dans la journée je jouais dans la rivière. Après je me suis mariée, je suis venue en France avec mon mari, mon rêve c’était d’aller travailler pour acheter une maison ici en France, mais mon mari ne voulait pas. Après j’ai arrêté de travailler j’ai commencé à faire mon permis et après j’ai acheté la voiture, après je suis venue à l’école. Zohra KHIREDDINE Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines Les petites annonces Elisa, 32 ans, cherche une accompagnatrice pour ramener ses enfants de 10 et 9 ans de l’école à la maison, en faisant très attention parce que ses deux garçons sont très turbulents. Elisa KHASSINOVA Centre SocioCulturel JSK Camille Claus, Strasbourg Une journée de travail idéale J’aimerais travailler à 5 heures 30 du matin, en arrivant avec la Limousine du patron, travailler sur des machines silencieuses et bien nettoyées, dans un grand atelier. Et nous aurions des pauses quand on le souhaite. On ne serait pas dérangé en plein travail. On arrêterait à midi. Je mangerais avec tous les ouvriers, y compris le patron et la patronne. On recommencerait à travailler jusqu’à 9 heures pour faire le point le matin. Jean-Marc KIEFFER ReFormE, Lingolsheim 132 Quand je suis au foyer Au foyer il y a une bonne ambiance avec les jeunes et tous les éducateurs. Le soir, après le travail je fais plein de choses. Je vais regarder la télévision avec le groupe. Je vais boire le café chez une amie. Certaines fois je joue au Uno avec des amis et des éducateurs. Le samedi je vais faire de la marche. Le dimanche je sors en ville. Plus tard j’irai à la piscine et aussi faire de la poterie. Bientôt je vais visiter Paris avec mes copains copines et les éducateurs. J’aime le travail et j’aime être au foyer. Sonia KLEIN ESAT Papillons Blancs, Soultz K Le travail est utile. Qu’est-ce que je ferais si je ne travaillais pas ? Il nous donne d’autres choix Que la vie de tous les jours. Je travaille avec d’autres gens que j’aime bien, Je parle avec eux pour que les moniteurs Nous donnent « des questions » pour nous répondre. Après, ils nous donnent le travail à faire. Il y a aussi des choses à faire à la maison que j’aime bien. J’aime bien avec mon mari, préparer des repas Pour manger tous les deux. Mon mari et moi, Quand on travaille, On apprend plus de choses tous les jours. Nadège KNAUER ADAPEI du Bas-Rhin, ESAT Benfeld 133 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Le travail des mots J’ai vu le cuisinier Laver ses légumes J’ai vu le cuisinier Eplucher et couper ses pommes de terre J’ai vu le cuisinier Faire bouillir ses légumes J’ai vu le cuisinier Loisirs à vélo Je pédale à vélo, Je fais du vélo dans la rue de Wissembourg. Quand je fais du vélo, je vois des panneaux. Dans la ville, je vois des fleurs à Wissembourg. En vélo, je regarde les magasins. Je voudrais acheter des habits, pulls et pantalons, Et des chaussures noires. Je rentre à la maison : Nettoyage de salle de bains, et le grand salon, Et ranger les chambres. Donner du bon goût Je voudrais faire du vélo chez ma tante. Je fais du vélo chez mon frère Pour voir les petits de mon frère. J’ai vu le cuisinier Magali KRAEMER ADAPEI du Bas-Rhin, ESAT Wissembourg K Laisser cuire une bonne demi-heure Tu chantais, cuisinier En rajoutant tes épices et un peu d’amour Je garde ton image Avec l’odeur de tes bons plats Moi, j’assemble des mots 134 La vie dans 40 ans Je pense que dans 40 ans on ne mangera pas la même chose que maintenant, car on ne trouvera pas tout ce qu’on a maintenant comme le lait, les légumes, les légumineuses, les poissons. Mais je ne pense pas que l’on aura encore de la viande pour tout le monde. Pour nous les musulmans on ne peut pas faire l’Aïd sans viande. Et c’est un peu pareil. Je crois que dans le futur, je vois surtout les plats qui se préparent très vite, on va prendre des gélules pour remplacer tout ce qu’on mange. Je pense qu’on va manger comme nos grands-parents. Özgul KOSANAK CREAFOP, Altkirch Noura K. Centre Social AFSCO, Mulhouse 135 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Guerre au Kosovo En 1999, la guerre est finie au Kosovo. Ce pays n’était plus sûr pour ma famille. Nous avons perdu notre maison et notre ferme : les bâtiments ont été brûlés et les animaux tués. Mon mari ne trouva pas de travail dans les cinq années qui ont suivies. Nous avons vécu deux ans dans une tente et finalement grâce à l’action humanitaire (les Kfor) nous avons reçu une toute petite maison de deux pièces. En 2004, face à ces difficultés nous avons décidé de quitter le pays pour la France. Nous avons vendu la maison, avec une seule valise pour mes trois enfants, mon mari et moi, nous avons rejoint l’Albanie, puis la France… Arrivés en septembre 2004 à Strasbourg, nous n’avions nulle part où dormir. L’association CARITAS nous a donné deux tentes et de quoi manger durant deux mois. En novembre, alors que l’hiver arrivait, l’association CADA nous a donné une maison à Mertzwiller. Ce village était loin de tout magasin. Pour acheter à manger, je devais prendre le train pendant 30 minutes. Nous sommes restés la-bas durant six mois avant de déménager à Haguenau dans un logement social. En 2005, nous avons été convoqués à Paris pour des entretiens avec l’OFPRA (Office Français de protection des réfugiés et apatrides), pour obtenir le statut de réfugié. Chaque membre de la famille a reçu une carte de 10 ans. Enfin nous avons emménagé à Illkirch où nous vivons toujours. L’association CADA nous a beaucoup aidé pour trouver le logement ou pour inscrire les enfants à l’école, parce que nous ne comprenions pas du tout le français. Ces choses simples pour d’autres étaient compliquées pour nous. L’OMI m’a envoyé apprendre le français. Je me suis retrouvée dans une classe de quarante personnes. Nous étions trop nombreux et je n’ai rien pu apprendre. Mon mari a cherché du travail longtemps. Durant trois ans nous avons vécu du Revenu Minimum d’Insertion. Maintenant il travaille dans un grand magasin. Il est responsable du rayon fruits et légumes. Il gagne le SMIC. Pour certains ce n’est pas grand chose. Mais pour nous ça a tout changé et je suis contente. Depuis 2006, je viens au Phare de l’Ill, je viens régulièrement pour les cours de français, de couture ou de cuisine. Ça me permet de rencontrer des gens, de discuter et rigoler. Ajmone KRASNIQI Centre SocioCulturel Phare de l’Ill, Illkirch-Graffenstaden 136 « Dans notre système, nous ne demandons pas aux hommes d’avoir de l’initiative. Nous ne voulons aucune initiative. Tout ce que nous voulons c’est qu’ils obéissent aux ordres que nous leur donnons, et qu’ils le fassent, vite. » Frederick Taylor ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Le peuple Je ne suis qu’un homme. J’ai un secret. Je ne le dirai pas. Je partirai Avec mon secret. Peut-être qu’un jour, Je vous le dévoilerai. Mais avoir confiance m’aiderait. Cette nation qui est la mienne. Mon respect Ma rage Ma haine. TEXTES INDIVIDUELS Le plus beau métier du monde Je trouve que le plus beau métier du monde c’est d’être chirurgien, parce qu’il peut sauver la vie des gens. A mon avis, sans le chirurgien, les gens meurent plus vite. Pour être chirurgien, il faut être fort dans sa tête, quand il nous ouvre notre ventre, il voit nos organes, le cœur, le poumon, l’estomac… Pendant l’opération, il a une responsabilité qui est lourde sur son épaule, et c’est un miracle quand l’opération s’est bien passée, puis il se pose des questions : « Est-ce que le malade va se réveiller après l’opération ? Est-ce que le malade va guérir après l’opération ? » Une fois, j’ai été opérée, j’ai eu envie de savoir comment on fait pour endormir les gens ? On m’a emmenée dans la salle d’opération, ensuite, on m’a fait une piqûre sur mon bras gauche, tout à coup, j’ai eu envie de dormir profondément. Le lendemain matin, le chirurgien est venu me voir. Il m’a dit : « Bonjour madame, c’est moi qui vous ai opéré ». Je lui ai dit : « Merci beaucoup docteur, vous m’avez sauvé la vie ». Une fois par jour, le médecin est passé voir les malades. Il m’a demandé : « Comment ça va aujourd’hui ? » Je lui ai répondu : « Chaque jour ça va de mieux en mieux ». Il était content de ma réponse. L Ravy LENOBLE Centre SocioCulturel JSK Camille Claus, Strasbourg Tout ce peuple qui recherche le bonheur. Le sourire La joie Le pardon. Philippe LEITHEIM Association Adèle de Glaubitz, ESAT Saint-André, Cernay 138 139 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Le travail c’est l’argent Comme travail, j’ai fait de la vente en libre service. Ce fut mon tout premier. J’ai ensuite fait de la mécanique automobile pendant mes années de lycée. Travaillez, prenez les armes Je ne voudrais pas faire de la comptabilité parce que je n’aime pas les mathématiques. Je n’aimerais pas travailler dans un restaurant ou un hôtel à cause des horaires à tomber par terre. Je ne voudrais pas être enseignant pour ne pas avoir de dépression nerveuse (même s’ils ont plein de vacances). Je ne voudrais pas être avocat parce que je ne suis pas un orateur. C’est le combat de votre vie Un riche avenir Fit venir des enfants Garçon, fille, Que nous a donné le ciel Un trésor n’est jamais trop loin. Je ne sais pas, c’est sorti comme ça. Remuez votre esprit Creusez, fouillez, cherchez Je voudrais faire historien sur le terrain car j’adore l’histoire mais c’est trop tard et je déteste étudier. Je voudrais être pilote d’avion mais je n’ai pas d’argent pour prendre des cours de pilotage. Je voudrais être président parce qu’ils sont super bien payés mais je déteste étudier. Je voudrais être astronaute pour voir des extraterrestres mais je n’ai pas la condition physique. Mais par-dessus tout, je voudrais être multimilliardaire pour ne plus avoir à travailler. Michaël LINDECKER APP Re.Form.E, Strasbourg L Où se trouvent le bien et le mal Le père ne nous a pas mis ici pour rien ! De père en fils Si bien qu’un jour on s’est retrouvé des milliards Il en ramassera de la haine et de l’amour. De l’argent il devra se méfier De leur montrer la bonne voie Que le travail peut leur amener de l’argent, Et je l’espère du bonheur. Aurore LEROY Tremplins, Sélestat 140 A la manière d’Eugène Guillevic… J’ai vu le garagiste qui répare les moteurs. J’ai vu le dentiste qui soigne les dents. J’ai vu le coiffeur qui coupe les cheveux. J’ai vu le peintre qui arrache le papier et colorie les murs. J’ai vu les pompiers qui éteignent le feu et sauvent les gens en danger. J’ai vu le technicien qui répare la télévision. J’ai vu le docteur qui soigne les malades. J’ai vu le boulanger qui cuit le pain. J’ai vu le facteur qui trie le courrier et le distribue. Et moi, je suis retraité et j’aime regarder les gens qui travaillent ! Yves LEVY Association Trampoline, Molsheim 141 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 J’aimerais me marier avec un homme Qui a le même âge que moi, Faire un banquet pour le mariage Et la réception du soir. J’aimerais faire la boum jusqu’au bout de la nuit Et partir en voyage de noces A un endroit rêvé à la Martinique avec lui. Je rentrerai avec mon mari, Juste à l’heure du dîner du soir en famille Pour manger de la tarte flambée Et des pizzas avec du fromage de Suisse Que j’aime beaucoup avec mon mari. Mais aussi une chose : Je ne peux pas faire d’enfants. Moi, ce que je veux : Me marier en plein air Comme dans un rêve de conte de fées. TEXTES INDIVIDUELS J’aime bien travailler parce que j’ai de gentils collègues de travail sympathiques, que je gagne de l’argent pour m’acheter ce que j’ai envie et aussi pour partir en vacances. Avec mes premiers salaires, je me suis achetée une jolie chambre à coucher. Maintenant que j’ai fini de la payer, je mets des sous de côté pour les vacances. Je m’achète des habits d’été que je porterai en vacances, mais que je mets dans ma valise en attendant. Le premier jour de vacances avec mes parents, nous mettons les valises dans la voiture et on part le matin très tôt pour faire tous les kilomètres jusqu’à La Rochelle. On part à 5 heures du matin et mes parents roulent presque toute la journée, on pique-nique en chemin et on arrive à la maison de La Rochelle vers 4 heures de l’après midi. Ça nous arrive aussi de nous arrêter en chemin pour visiter le Futuroscope à Poitiers. Le soir, on va au lit de bonne heure, car on est très fatigué, et le lendemain matin, on va faire les courses pour manger, on téléphone aux cousins et aux cousines pour dire qu’on est bien arrivé. On se raconte plein de choses, d’Alsace et de chez eux, et on organise nos vacances avec eux. On décide si on va aller à la piscine, à la plage, ramasser des coquillages, aller à Ford Boyard, à Chatellaillon-sur-Plage, au port de La Rochelle et aux Iles de Ré, d’Oléron, et de Noirmoutier… On parle aussi de visiter la Corderie Royale à Rochefort-sur-Mer, et du Zoo de la Palmyre à Royan. L Je me rappelle aussi qu’on a été en vacances au Cap d’Agde et à Monaco dans un appartement de vacances. On a été à la plage et on a visité un aquarium géant de poissons de toutes sortes. On a été aussi au restaurant, et ça nous a beaucoup plu. J’aimerais bien y retourner, car c’était de bons souvenirs, et on s’amusait beaucoup. Comme le film le samedi soir Qui s’appelle « les frères Scott ». Laëtitia LOTTE ESAT Papillons Blancs, Soultz Aline LOEFFLER ADAPEI du Bas-Rhin, ESAT Wissembourg 142 143 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Le garçon de mes rêves les plus fous ! De l’autre côté du travail, du côté de l’Opéra, j’ai rencontré Aladin ! Il était sexy, beau gosse et mignon comme Mickaël Vendetta, avec une belle voix et de beaux yeux ! Il m’a fait penser à mon petit copain que j’ai envie d’épouser ! Aladin est un pauvre jeune homme, un peu voleur ! Il est le héros de l’histoire, un prince fidèle à sa princesse. Le décor est magique et féerique ! J’ai vu des tapis merveilleux, une table à repasser adorable, un livre « canon » qui s’ouvrait comme par enchantement, une fleur cueillie par Aladin sur le tapis pour sa princesse, le blanc comme la neige pour les mariés, le noir comme la nuit pour les méchants ! Les génies sont drôles quand ils font l’éléphant et les fous ! Le spectacle était plein de magie avec des effets spéciaux qui m’ont émerveillée ! J’ai adoré et été émue par le mariage, ce rêve fou ! Emmanuelle LOUYOT La SAJH, Strasbourg L’amitié L'amitié, cela se cultive L'amitié, cela s'entretient Si tu désires que cela vive, il faut y mettre du tien Partager tes idées Partager tes amitiés Laisse parler ton cœur, Toujours ensoleillé, journées ennuagées Regarde autour de toi Regarde et tu me verras Tel le reflet d'un miroir, toujours à tes côtés Mon amitié n'a pas de frontière Mon amitié est sincère. Un atelier d’écriture Ce n’est qu’ici que j’ai découvert le plaisir d’écrire car en quelque sorte c’est une création, quelque chose de nouveau, de mystérieux, d’inconnu. C’est un plongeon dans le monde où on peut rire aux larmes, aimer à la folie, détester, mépriser et ainsi de suite. Cela m’intéresse, cela m’attire. Quelqu’un peut me répliquer que ce n’est pas la peine de perdre son temps. Il y a des écrivains qui consacrent toute leur vie à cela. Certes, je ne suis pas écrivain. C’est un talent qui ne peut pas être donné à tous mais tout de même je désire être dans ce rôle. Pourquoi pas ? L Dans l’écrit, je mets mon âme à nu ; je dépose mon humeur, mon amour, mon point de vue, mes émotions. Quand je termine mon travail d’écriture et que je parle en toute confiance je suis tout à fait satisfaite, cela me donne des forces pour continuer. En même temps en écrivant, j’améliore mon français donc je fais d’une pierre deux coups. Pour finir je m’adresse à ceux qui n’ont pas éprouvé la joie d’écrire. Dépêchez-vous ! Créez ! On peut toujours essayer. Marché conclu ? Bonne chance ! Alla LOVITON Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg Lucas GIP FI, Maison d’arrêt Elsau, Strasbourg 144 145 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Le bonheur d’écrire et lire, c’est… quoi ? Le bonheur d’écrire et lire, c’est… quoi ? Le bonheur d’écrire et lire, c’est… ! Ce n’est pas un hasard. Ce n’est pas un miracle. Ce n’est pas une marchandise. Ce n’est pas à acheter. Ce n’est pas aléa. Ce n’est pas un secret. Ce n’est pas un sacre. Ce n’est pas un jeu. Ce n’est pas un rêve. Il n’y a pas d’âge. Il n’y a pas de saison. Il n’y a pas d’heure. Ce n’est pas le droit de chacun. Le droit de chacun, c’est d’écrire et lire tous les jours. La merveilleuse solution, c’est quoi ? - C’est le combat de tous les jours, toutes les semaines, tous les mois et toute l’année, - Le bonheur, c’est plutôt l’envie d’avoir du temps à se consacrer, à la lecture et à l’écriture, pour se donner les moyens du savoir. Je dédie ce texte à toutes les personnes qui apprennent à écrire, à lire et à parler la langue française. Ne perdez jamais espoir, ne pas chagriner, accrochez-vous à la vie avec force. La France, c’est le pays social et dans toutes les villes, tous les villages, tous les quartiers, il y a des centres sociaux et des bibliothèques qui soutiennent les étrangers. Grâce au Centre Social et Culturel Victor Schœlcher et la Bibliothèque de Cronenbourg, je suis capable d’écrire et lire le français et parler de beaucoup de choses de la vie actuelle en France. C’est merveilleux ! Je les remercie. Pour moi, lire et écrire et parler la langue française, c’est le commencement de la joie. Egypte : Terre des pharaons ! Le Nil coule du Nord au Sud dans ce pays riche en histoires. Ses abords sont bordés de verdure. Les Egyptiens vivent, travaillent en cultivant leurs champs. Le sable est comme posé aux alentours. Le nord du pays : la ville du Caire, très peuplée avec ses quartiers riches et ses bidonvilles, tous entassés les uns sur les autres. La crème c’est le musée du Caire où on trouve le masque de Toutankhamon tout en or et bien d’autres richesses. Il y a aussi les pyramides de Gizeh qui se dressent, majestueuses, sur une petite colline. La vallée des rois où les pharaons et leurs familles sont couchés dans les tombeaux. Les dessins et les hiéroglyphes nous en donnent plein la vue. Le site de Karnak est grandiose. Les sons et lumières de Philae sont inoubliables ainsi que la traversée d’une partie du désert pour atteindre le site d’Abou Simbel où Ramsès II est embaumé. Un dernier petit tour à Assouan, au souk, au barrage… L Une image éblouissante et chaleureuse est restée dans mon cœur : le lever du soleil vu de l’avion qui me ramène dans notre pays froid. Blandine LUDWIG ReFormE, Lingolsheim Somdeth LUANGPRASEUTH Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg 146 147 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Recette pour construire la Maison du Bonheur L’échappée Mon travail consiste à vendre des DVD et des CD sur Priceminister. J’ai un compte sur Priceminister. J’imprime les adresses des destinataires… Un jour, de l’autre côté du travail, j’ai rencontré Aladin. Il était mignon, habillé en blanc avec un turban. Au début du spectacle, il était juste Aladin, un pauvre gamin. Puis il devint un homme important qui ne perdait pas son temps. Il était courageux, brave, souriant et charmant. J’ai rencontré Aladin dans un décor de rêve : sublime, extraordinaire, magnifique, mirifique ! Il y avait plein de tapis qui faisaient penser aux tapis volants ! Il y avait un livre géant qui s’ouvrait, se transformait ! Il y avait une valise rouge avec une lampe magique ! Il y avait un décor bleu avec des musiciens heureux ! Il y avait un cœur, comme une lumière d’aurore sur le décor ! J’ai rencontré Aladin, j’en étais toute tourneboulée et émerveillée ! J’ai aimé, adoré le mariage de la princesse avec Aladin ! C’était super génial ! Stéphanie LUTZ La SAJH, Strasbourg Pour construire ma Maison, j’ai besoin : D’1 mètre d’architecte pour les plans ! De 2 kilos de maçons pour monter les briques ! De 3 stères de charpentiers pour poser la toiture ! De 4 litres de plombiers pour installer des tuyaux ! De 5 kilos watts d’électriciens pour poser les câbles ! De 6 mètres carrés de carreleurs pour la salle de bain et la cuisine ! Pour vivre dans la Maison du Bonheur : 1 Saupoudrer la maison avec des chansons ! 2 Ajouter de la musique ! 3 Secouer de la joie ! 4 Mélanger de rires ! 5 Parsemer de décos et de couleurs ! 6 Joindre confort et chaleur ! Consommer sans modération, avec bonheur ! L Laëtitia L. La SAJH, Strasbourg Michael Jackson n’est pas mort Alysson Jackson dans mes pensées, Michael Jackson n'est pas mort. Moi dans mes pensées je suis mariée avec Michael Jackson depuis le 5 décembre 2009. Dans mes pensées, je m'appelle Alysson Jackson. Et nous avons eu un bébé ensemble le 29 novembre 2009. Une fille, elle s'appelle Michaela. J'aime très fort Michael Jackson et lui aussi il m'aime très fort. Il ne me déçoit jamais, il est gentil, intelligent et très beau. Ses enfants, Paris, Blanket et Prince sont adorables. Paris a dit que Michael est le meilleur père qu'on puisse imaginer, et c'est vrai. Michael Jackson est le roi de la pop musique, aucun autre chanteur ne sera le roi de la pop. C'est uniquement Michael. Michael adore les chips, le chocolat, le potage aux légumes, le poulet et les frites, et ses enfants aussi. Alysson LUX Association GEM Aube, Strasbourg 148 149 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Le menuisier Un petit atelier dans un grenier rue des Prés. Un petit homme carré, un banc de menuisier posé sur un trépied sur lequel on pouvait raboter, assembler, jointer, graver. Quelquefois il fabriquait de magnifiques armoires à trois panneaux sculptés. Il était heureux comme un roi, chantait à longueur de journée. Le commerce prospérait, les commandes affluaient. Sans s’arrêter, il travaillait. Toutes ces années à confectionner, réparer, retoucher, patiner les meubles qu’il avait créés. La sciure parsemait le plancher, l’odeur vous chatouillait le nez. Maintenant, l’atelier est fermé, l’homme est retraité, il a tout arrêté, dommage, car il exerçait le plus beau des métiers… Hervé L. Atelier d’écriture, Maison Centrale d’Ensisheim 150 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Une femme cent professions Je ne suis pas une femme sans profession mais une femme avec cent professions ! Je suis doctoresse, psychologue, infirmière, cuisinière, repasseuse, coiffeuse, conseillère en image, diététicienne, maîtresse d’école, pasteur et chanteuse à toutes heures du jour et de la nuit. Par contre, lorsqu’il m’arrive de demander un service à mes enfants, ils me répondent systématiquement : « Tu me donnes quoi en échange ? ». J’ai envie de leur dire : « Mais je vous consacre déjà toute ma vie, ingrats que vous êtes ! Tout ce que je fais pour vous est gratuit et guidé par l’amour ». Vivement qu’ils volent tous de leurs propres ailes pour que maman poule puisse elle aussi sortir du nid familial et s’occuper de son plumage. Allez, plus que vingt ans à tenir ! Mami Bloue Association Lupovino, Strasbourg Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre Pour moi, si le travail plaît, il cesse d’être du travail ! Je pense que le travail dépend du caractère de chacun. Parfois, il y a des périodes d’interruption pour des raisons familiales, d’émigration ou de santé. Aujourd’hui, je suis maman en France ; hier, j’étais professeur en Ukraine ; demain, je serai… Les femmes comprennent ce que je veux dire quand on parle du travail ou d’être mère au foyer. En effet, être maman ce n’est pas pour une courte durée, c’est pour toujours. Nous apprenons la vie à nos enfants, nous les élevons, nous nous faisons du souci pour eux, nous leur ouvrons tous les secrets du monde et pour comprendre mieux nos enfants, il faut se mettre à leur place et c’est suffisamment fatigant. Je crois que chaque personne a un talent et un don et des capacités. Je ne veux pas parler seulement de ce qu’on a appris ou de ce qu’on connaît déjà mais du plaisir que peut apporter le travail. en tête, tu mènes le cortège avec ton chapeau blanc de neige ouvre le bal au printemps danse avec le vent tu fais ce qui te plait c’est ton anniversaire et je le sais c’est déjà la mi-saison les vacances c’est la passion pour qui ton cœur s’est-il épris ? c’est le brouillard et tu rentres à Paris une pensée pour nos chers évadés c’est Noël et on va fêter la nouvelle année Et douze mois de plus Ma fille, Pour te dire que tu me manques. M Si nous travaillons, nous avons de nouveaux amis, de nouveaux regards sur la vie mais dès le moment où l’on s’arrête, on se perd, on perd des contacts, les occasions de sortir, de s’habiller, de faire des rencontres mais le temps passe et personne ne peut le retenir ou en offrir comme cadeau. Un jour, nous pourrons nous réveiller et nous poser la question : qu’est-ce que j’ai fait dans la vie ? Comment mes connaissances peuvent m’être utiles ou me servir à prendre des initiatives ? Je voudrais que mes parents soient fiers de moi ainsi que ma famille et mes amis. Donc, on choisit son travail en fonction de ses désirs. Je trouve que c’est un grand plaisir quand les enfants admirent leurs parents et apprécient leur profession mais c’est important de passer beaucoup de temps avec nos enfants en étant en même temps leurs parents et leurs amis. Tetyana MARINEAC Association Trampoline, Molsheim Gabrielle M. ReFormE, Lingolsheim 152 153 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Après le travail Quand on rentre à la maison. J’aime être tranquille et me reposer. J’aime écouter la musique, dessiner, lire des beaux livres. Après le repas, je regarde la télé, les informations, la météo et je regarde un beau film, et parfois j’aime aller au cinéma. Les week-ends. Les quatre jours à la maison. Vendredi, nous allons faire les courses avec ma maman et ma belle-sœur. Parfois pour me faire plaisir, maman m’achète une bricole. Samedi, j’aime sortir et me promener dans les magasins et en ville, pour regarder les belles choses. Parfois, je vais à la piscine pour l’aqua fitness. Dimanche matin, je vais à la messe. L’aprèsmidi, nous allons nous promener en famille et parfois je vais faire du vélo ou de la marche. Souvent nous prenons le café en famille. Lundi, j’aime encore me reposer. Je prépare mes affaires. Le soir, je lis beaucoup les livres sur Grand Galop, j’aime beaucoup faire des jeux de société en famille. Tous les matins, j’aime écouter la radio dans mon lit. Le premier mercredi du mois, j’aime aller à la bibliothèque. Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre pour te dire bonne année pour te souhaiter bonne fête mon cœur pour que l’hiver laisse sa place au printemps attention ne te découvre pas d’un fil voilà les premiers brins de muguet enfin une année scolaire terminée bientôt les vacances enfin rendez-vous à la mer et voilà la rentrée reprend c’est le temps des vendanges économisez pour les cadeaux de Noël joyeux anniversaire mon petit fils Sylvia MAZZOTTA ReFormE, Lingolsheim M Marie-Rose MARSEILLE ESAT Papillons Blancs, Soultz Un homme qui marchait vers la gare Travaillez, préparez, c’est le métier ! J’habite une petite ville en France. Derrière la montagne, derrière la forêt. Une belle région - L’Alsace. Je ne parle pas encore la langue française. Deux jours par semaine je vais au cours. Je travaille à la pizzeria. Tous les jours tous les soirs sauf le lundi je dois aller au travail. Je travaille avec plaisir - grand plaisir. J’aime beaucoup la cuisine polonaise. J’ai la passion de la cuisine. Grazyna M. Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines 154 Un riche héritier nous fit venir à la gare de Colmar. Que nous avons marché ! Un trésor est trouvé je ne sais pas comment le ramener. Vous le roulez ! Remuez votre purée creusez, fouillez dans un livre où il était. Le père de Delphine que je connais si bien qu’il en râle à chaque fois que je parle d’argent. Il me dit de leur montrer mes motivations pour que le travail soit bien fait. Frédéric MAZZOTTA Tremplins, Sélestat 155 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Mon premier travail Ma chance Un jour l’agence m’a appelée. Quand elle m’a appelée j’étais dehors avec la fille de mon beau-frère pour donner les cartons de mariage de ma belle sœur. Mon téléphone a sonné, c’était l’agence, la dame m’a dit : « il faut que tu viennes maintenant à Sélestat pour t’inscrire. » Moi j’ai eu peur. Alors je suis allée à la maison pour prendre les papiers et je suis partie à temps et j’ai rempli le dossier. Elle m’a dit qu’il faut que je commence le travail demain à 5h30 du matin. Le soir j’ai pas bien dormi. Je pense beaucoup à comment est le travail parce que c’est mon premier travail. Je me suis réveillée à 4h30 et à 5h05 mon mari m’a emmenée jusqu’à la porte. Je lui ai dit « tu viens avec moi » et heureusement il y a une femme, je suis entrée avec elle. Elle m’a montré où il y a les habits et comment ça marche. On a commencé le travail, j’ai été à l’emballage avec la chef. Je fais comme elle dit. A 13h j’étais trop fatiguée mais après 3 jours j’ai pris l’habitude. Avec mes collègues on rigole en parlant de tout. Je vais me battre jusqu’au dernier jour de ma vie. Je dis qu’il faut avancer, ne pas aller en arrière parce que la vie est dure. Si tu ne bouges pas, le bonheur ne vient pas devant la porte. Si quelqu’un est paresseux il dit bonjour au malheur. Je donne le conseil à tout le monde qui fait des cours de français de pas laisser tomber à cause des enfants qui comptent plus mais un jour les enfants sont partis. Les enfants : chacun sa vie et après tu pleures et tu regrettes parce que c’est trop tard pour apprendre et nous petit à petit, on vieillit. Je te souhaite bonne chance et bon courage avant de dire que c’est trop tard. Nafissa MENNADI Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines M Amira MEFAREDJ Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines Pour moi le travail de gardienne de bébés est trop difficile, trop dur. Le travail ce n’est pas facile, mais je ne veux pas être chômeuse. Je veux gagner des salaires, comme chômeuse on ne gagne rien du tout. Sans argent on se tourne les pouces, on va nulle part. J’ai envie de prendre l’avion pour voir la Terre autrement. J’ai envie de me marier. J’ai envie d’être maman, c’est aussi du travail que j’espère réussir. Je n’attends que ce moment. La journée de travail idéale serait une journée qui commence quand on veut. En arrivant sur le lieu de travail, mon chef vient me voir et me dit qu’il n’y a rien à faire donc, pour passer le temps, entre collègues, on se raconte des histoires, on boit des cafés, on passe des coups de téléphone et on rallonge la pause déjeuner selon notre désir. Même scénario pour l’après-midi sauf que le chef nous informe que l’on peut rentrer plus tôt et que notre journée serait payée en totalité. En rentrant à la maison, un bon bain bien chaud est coulé, suivi d’un bon repas avec pour terminer cette journée idéale, un film dans mon lit bien douillet. Nassima MENECEUR I.M.PRO La Ganzau, Strasbourg Christopher MERKEL ReFormE, Lingolsheim Ce que je veux 156 157 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Voyage vers la liberté L’été dernier je me suis évadé de la prison pour rentrer chez moi. Trop envie de revoir ma famille. Vite j’ai organisé ma cavale, j’ai réservé une couchette dans un train de nuit pour partir à Toulon. Avant de partir j’ai récupéré certaines affaires chez mes parents, une fois la valise pleine, j’ai pris le train de nuit pour Toulon. Là-bas pas besoin d’hôtel, je vais dormir chez les militaires au MESS. La police ne me retrouvera pas, pourtant je ferai plein de choses une fois là-bas. J’irai à la plage, j’irai à la piscine. Et la police ne me retrouvera pas, j’en suis sûr. Vive la liberté ! Jordan MEYER I.M.PRO La Ganzau, Strasbourg Luth A l’écoute de son cœur Qui vibre jusqu’au bout des doigts Il ressent cette chaleur Que lui transmet le bois Il transforme l’essence Pour donner naissance A l’harmonie de tous les sens Ma FLEUR, Après le travail, je suis tout content, car je vais voir ma FLEUR, je vais la retrouver après une longue journée de travail. Ma fleur m’a-t-elle attendu ? 158 M Pour une portée, existence Elle lui parle de l’ouïe Des accords à l’infini L’insolence des sons d’accord, d’esprit, Dont l’archet se joue, inassouvi Vite j’ouvre la porte Elle lui compose des lendemains et je la retrouve MA FLEUR. En mélodies joies et chagrins Belle, rose, superbe, impatiente, En virtuose il lui prête main Je l’aime ma FLEUR… Baiser coquin, amour, destin… Antoine MEYER ESAT Saint-André, Les Ateliers du Steinkreuz, Wintzenheim Eric M. Atelier d’écriture, Maison Centrale d’Ensisheim 159 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS L’enfance perdue Trop de travail, Vaille que vaille, Pour ces enfants De petite taille. Trop de problèmes, Trop de fatigues, Pour ces enfants Qui veulent vivre. Où sont leurs droits ? Où sont leurs rêves ? J’ai vu le brodeur J’ai vu le brodeur trier les plus beaux tissus J’ai vu le brodeur comparer plusieurs fils J’ai vu le brodeur piquer avec une grande tendresse J’ai vu le brodeur faire la plus belle fleur J’ai vu le brodeur assembler les plus belles couleurs Tu chantais et brodais en piquant le tissu avec un petite aiguille Je garde ton image Avec ton sourire aux lèvres Moi j’assemble des mots Et c’est un peu pareil Dina MONTEIRO CPCV Est, Hoenheim M Où est leur enfance ? Pourquoi ils triment ? On doit les respecter, Laissez-leur la joie de vivre ! Dans le travail, il n'y a pas de grandes différences. En général toutes sortes de travail augmentent l'intelligence morale et physique mais il existe des travaux idéals qui dépendent de la pensée et de la capacité physique. Pour moi le travail idéal, c'est un travail manuel, bien équilibré c'est à dire un peu physique et un peu intellectuel. Ces deux aspects donneront la santé parfaite. Si on passe le temps sans réfléchir ou sans agitation du corps, on est imparfait et c'est pas optimal. Aussi, il faut chercher du travail, avoir un travail et le fruit de ce travail est récompensé par la rémunération. Ça donne la forme : « le travail c'est la santé » et il augmente l'intelligence. Et je ne demande qu'une chose, pouvoir continuer en atelier d'écriture, pour rester en forme. Cristina MIHAI Association Contact et Promotion, Strasbourg Noël MOUTTOU Centre Social et Familial Victor Hugo, Strasbourg On doit les protéger, On doit les aimer. Un enfant, c’est sacré ! C’est leur temps Pour courir et jouer Pour rire et chanter. 160 161 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Je rêvais d’un uniforme ! Le travail c’est … Quand j’étais petite, je faisais du scoutisme. J’aimais porter l’uniforme. D’abord j’étais scoute de France, après scoute d’Europe. … produire beaucoup en un temps limité J’adorais porter l’ensemble : On avait : un chapeau canadien un foulard bleu et blanc une chemise bleu ciel une jupe culotte bleu marine des chaussures de marche. Et un sac à dos pour les sorties dans la nature, les forêts… … respecter les conditions de travail Pour mon métier, j’aurais aimé être gendarme pour porter le képi et l’uniforme, j’aurais aimé être pompier pour porter le casque, éteindre le feu et sauver des vies, j’aurais aimé être cuisinière pour porter la toque blanche et préparer des petits plats, j’aurais aimé être hôtesse de l’air pour porter le petit chapeau et des hauts talons et aller dans les îles. Mon travail c’est du conditionnement de produits commerciaux. Mais je suis devenue blanchisseuse et je porte une blouse blanche ; je lave et je repasse le linge des foyers et des restaurants. Je suis heureuse. Alexandra MULLER Association Trampoline, Molsheim … respecter les horaires imposés … gagner de l’argent intelligemment … occuper ses journées, faire quelque chose … avoir un salaire à la fin du mois Si j’étais très riche, je ne sais pas si j’aurais estimé nécessaire de travailler. J’aurais pu faire tout ce que je veux tout au long de mes journées, voire tout au long de ma vie. M Si j’étais valide, comme les autres, je serais plus autonome dans mes déplacements. J’irais à Marseille rendre visite à ma petite amie. Je pourrais également passer mes journées devant l’ordinateur. Je surferais sur le web pendant des heures. Je travaillerais peut-être ailleurs en France ou dans le monde. Je vivrais une vie de valide, normalement, sans contraintes et sans préjugés. Si j’étais encore valide, je pense que j’aurais été traducteur franco-allemand. Je gagnerais bien ma vie et je vivrais par mes propres moyens. J’aurais mon logement, j’irais seul en vacances où je veux et quand je veux. Sébastien MULLER ESAT Fondation Sonnenhof, Bischwiller 162 163 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 En gris rouge et or Ce mardi de décembre nous sommes allés visiter la bibliothèque André Malraux. D’un côté du bâtiment se trouve un canal longé par le quai des Belges, de l’autre une zone de magasins appelée Rivetoile. A l’entrée de la bibliothèque se présente, à l’extérieur, deux grues qui appartiennent à cette ancienne industrie et témoignent de l’histoire du bâtiment. De grandes baies vitrées assurent un bel éclairage. Accompagnés d’un guide nous visitons ce lieu. L’entrée, peinte au sol d’un tapis rouge, se présente sur trois niveaux. Au rez-de-chaussée : accueil avec un petit bar, aménagé comme un salon, lectures en tous genres, revues, journaux. Le bâtiment est recouvert d’une peinture grise avec des bandes rouges, accompagnées de bandes fluorescentes constituées de lettres, et d’un traçage au sol. Les étages sont structurés par catégories : enfants, adolescents et adultes. On y découvre des livres de toutes spécialités : écologie, médecine, arts… Des appareils informatiques et des téléviseurs sont disponibles à tous les étages. En sortant de la bibliothèque, lieu convivial, chic et agréable, où l’on aime se poser, on garde une image bien conçue et structurée d’un lieu de culture qui incite à revenir. Tandis que dehors tout invite à faire l’école buissonnière, à flâner sur les passerelles au bord de l’eau du canal bordé d’arbres où voguent des cygnes et à rêver sur les bancs ensoleillés. Christian MURER ReFormE, Lingolsheim 164 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Choses agréables Les couleurs des fleurs au printemps Mes loisirs Un lapin qui reste vert en hiver De l’autre côté du travail, j’ai des passions. Le dessinateur qui dessine un tableau L’arc-en-ciel Le cinéma, le dernier film que j’ai vu c’était « Avatar » au cinéma de Guebwiller. J’aime aussi les sorties de marche que je fais avec L’ASCETH. Je regarde beaucoup la télé, ça me détend, c’est mon passe-temps. J’ai beaucoup de DVD des films d’action, policier, fiction et fantastique. J’écoute beaucoup de musique sur l’ordinateur, j’aime bien Céline Dion et Shakira. Les plantes dans le désert La nuit je dors… Une personne qui obtient le prix Nobel Un enfant qui creuse la terre avec ses petites mains et met des graines dans la terre Amani NABEIH FAKHORI Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg Femme de ménage N Un amour partagé C’est un métier un peu difficile, parce que souvent il faut faire vite et bien. Ça fait mal au dos parce qu’il faut se pencher. Mais c’est bien parce que c’est une activité, donc c’est bon pour le moral et pour la vie, pour gagner de l’argent. Il faut savoir ranger, être ordonné et organisé. Par exemple quand quelqu’un est dans un bureau, il faut nettoyer un autre endroit en attendant. On regarde, si la personne est encore occupée, on attend toujours. Quand le bureau est enfin libre, il faut se dépêcher. Il faut encore courir pour avoir le bus, ça donne mal au ventre. Je vous aime de tout mon cœur, ma fidèle amie, ce soir vous êtes douce. J’aimerais vous serrer dans mes bras, que j’ouvre avec émotion. Vous n’êtes plus triste, ni inquiète, je ressens notre joie qui est comme un secret, un trésor. Vous dévoiler mon Amour. Je lis dans vos yeux amoureux, comme l’écriture qui éblouit mon cœur. Vous découvrir. Ce soleil qui brille dans nos visages, illumine les étoiles. Vos cheveux volent à vive voix. Vous êtes belle comme le jour. Vous venez nous dire bonsoir, Merci, au revoir. Mary-Agnès NAVARATNAM Centre SocioCulturel Phare de l’Ill, Illkirch-Graffenstaden Renée NIEDERGANG Association Adèle de Glaubitz, ESAT Saint-André, Cernay Elle lave les bureaux, elle range, nettoie, elle passe l’aspirateur, lave les wc, change le papier, le savon, lave les poignées de la porte… Elle rencontre des personnes. Elle vide l’aspirateur quand il marche, sinon il faut demander un autre aspirateur à la collègue. 166 Jean-Luc NIASSY ESAT Papillons Blancs, Soultz 167 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS De l’autre côté du travail… Aucun homme ne peut vivre seul. Il a besoin de la rencontre avec le monde, y compris aussi avec autrui. Chacun d’entre nous communique par l’intermédiaire des différents moyens. Nous utilisons notre langue, notre chair, nos activités et notre repos dans le but d’exprimer ce qui se cache dans notre intériorité. La langue et la chair créent la base de la communication ici et maintenant, tandis que notre travail nous offre une chance de parler au-delà du temps et du lieu. Le travail est l’un des premiers chemins pour entrer dans la relation avec ce monde et même le dépasser. Par cette relation, l’homme commence à dialoguer avec ce qu’il trouve de l’autre côté du travail… Mais qu’est-ce qu’il y trouve ? Qu’est-ce que rencontre l’homme grâce à la relation au travail ? … se trouvent le monde et l’homme Il est bien de montrer les trois catégories dans lesquelles nous mettons tous les êtres rencontrés grâce au travail. Le travail signifie d’abord la collaboration avec le monde, « le matériel », puis il se réfère aux autres et enfin il nous permet de nous découvrir nousmêmes dans une lumière nouvelle. Les trois processus qui accompagnent toujours le travail sont les suivants : le progrès, l’action extérieure ou intérieure et le repos. Si le premier concerne le travail en soi-même, le deuxième consiste en l’effort humain. Par contre, le repos qui se situe aussi de l’autre côté du travail devient son élément et sa condition nécessaire. … sont les produits du travail Par contre, nous oublions le travail intellectuel et spirituel qui est issu de la condition humaine et qui a lieu avant de démarrer d’autres activités. L’homme rencontre le monde de l’autre côté du travail, y compris son monde intérieur, le monde d’autrui ou encore le monde où il vit. L’homme transforme ce monde et est également transformé par lui. … on voit les valeurs C’est en fait cette ouverture au monde et cette capacité à entrer dans la relation qui font la valeur du travail. Dans la litanie des valeurs, on peut mettre parmi beaucoup d’autres : la responsabilité (qui est une condition indispensable de la maturité), la connaissance de soi-même (qui permet de se développer proprement) et la liberté (sans laquelle l’autonomie de la personne n’existe plus). N Mais la valeur la plus noble et la plus grande qui résume toutes les valeurs par rapport à autrui et qui peut être pratiquée seulement par rapport à autrui est l’amour. Le travail bien fait exprime l’amour et le transmet. « Le travail est un don quand il aide à comprendre ce que nous faisons mais il peut être une malédiction quand il devient une fuite à la question du sens de la vie ». Paul Coelho Wotciech NIEMCZEWSKI Association Trampoline, Molsheim Le travail demande une étoffe c’est-à-dire le monde. Ce monde n’est pas seulement la matière mais aussi l’homme lui-même ou son prochain. On trouve le travail visible, celui qui permet de transmettre la culture et le savoir du passé au futur, le plus facile à évaluer et à estimer. 168 169 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Travailler est primordial, mais ça tue la santé. On a beau travailler, le salaire reste le même. On nous répète souvent : J’aurais voulu… « Travailler plus, pour gagner plus ». J’aurais voulu être poète, Pour ouvrir des chemins de rêves, Pour être la voix de tous les espoirs permis, Pour être le chant de la beauté de la Terre. En fin de compte, on nous exploite. J’aurais voulu être peintre, même maudit, Pour dessiner les mots interdits, Pour donner des couleurs à mes pensées, Pour, sur la toile, faire triompher la liberté. pour subvenir à nos besoins et J’aurais voulu être jardinier, Pour arroser les espaces et les cœurs assoiffés, Pour soigner les lèvres gercées de la Terre, Pour semer des graines d’espoir. C'est le moment où on décompresse, J’aurais voulu être Amour, enfin, Pour couler dans le cœur des humains, Pour éteindre les colères et les armes, Pour accueillir et sécher toutes les larmes. Ceux qui s'enrichissent les poches, ce sont les patrons. Mais, on est bien obligé de se lever le matin aux besoins de notre famille. Et, on a tous droit à des vacances. N après des mois d'effort au boulot et des coups de pression que l'on encaisse tout au long de l'année. Si j'ai l'occasion de gagner au loto, je ne travaillerais plus, je me referais une santé et je changerais de vie. Zeynep NG Association Contact et Promotion, Strasbourg Chercher un travail n'est pas facile. Sans expérience ni qualification, on ne vous donne pas de travail. C. N. GIP FI, Maison d’arrêt Elsau, Strasbourg 170 171 « Ils ont dansé Ils ont dansé autour des granges Où le blé était enfermé Où le blé était enfermé Moulu fourbu vaincu battu » Jacques Prévert ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Mes rêves Cause féminine Pour toi chéri Tu ne porteras pas de vêtements d’occasion. Tu ne sortiras pas faire du shopping tout seul. Tu ne parleras pas longtemps aux autres filles. Tu seras content quand je rentre à la maison. Tu ne porteras pas la barbe. Tu n’iras pas au restaurant tout seul. C’est d’aller sur un bateau Croisière d’Alsace avec mes parents, ma famille et mon copain. Visiter les villes dans lesquelles on fera le réveillon. On verra deux fleuves : la vallée du Rhin romantique et la Moselle pittoresque. Le départ de 8 h : arrivée dans les cabines. Départ en croisière, visite du bateau, visite de la cuisine. Repas à midi avec un super bon repas. Buffet froid et chaud avec danse et réveillon jusqu’à 3 heures du matin, et on se remet au lit. Puis on fait des sorties dans les villes pour faire du lèche vitrine, ou une promenade pour acheter des souvenirs. Catherine OBERNESSER ADAPEI du Bas-Rhin, ESAT Wissembourg Tu ne sortiras pas le samedi O parce que nous faisons le ménage ensemble. Tu ne resteras pas en ville la nuit. Tu seras sympa avec les gens. Tu seras au lit avec moi en même temps Tu porteras notre bébé quand je suis dans la cuisine. Tu penseras à ma famille. Tu ne seras pas jaloux quand je sors de la maison. Mary O. Plurielles, Strasbourg Le travail et moi Je veux écrire mais je ne sais pas quoi écrire ! Ecrire pour moi ce sont des mots, des phrases qui font du mal à mon cœur. Ceux qui écrivent sur moi font encore plus mal, ceux qui écrivent lors de mes synthèses ils disent, ils parlent de moi, mais ce n’est jamais juste. Ils disent de moi des choses que je ne veux pas entendre. Ce que je voudrais qu’ils écrivent c’est que le travail c’est dur pour moi, qu’ils disent aussi que je suis une fille gentille qui essaie de faire de son mieux. Il faut qu’ils sachent que je ne serai jamais peintre d’art et qu’ils voient ce que je suis ; une femme adulte qui veut un travail tranquille, qui attend l’homme parfait. Charlotte OSTER I.M.PRO La Ganzau, Strasbourg 174 175 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Le menuisier J’ai vu le menuisier Choisir les barres d’aluminium de 6 mètres J’ai vu le menuisier Débiter les barres d’aluminium J’ai vu le menuisier Assembler les morceaux J’ai vu le menuisier Mettre les points dans les équerres J’ai vu le menuisier Visser les goupilles Tu chantais menuisier la tête tournée à gauche et à droite en balayant la porte pour éviter de l’abîmer. Je garde ton image Avec plaisir Moi j’assemble les mots Et c’est un peu pareil. John O. CPCV Est, Hoenheim Toutes les femmes Une femme est très importante pour la vie. C’est elle qui fait tourner la famille. Elle accouche les enfants, elle les fait grandir, elle travaille à la maison et dehors, alors il faut la respecter. Aujourd’hui la femme se fait attraper, elle est maltraitée et à part quelques associations, personne ne fait rien. Fatma ÖZGÜN Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg 176 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Fidèle Le règlement au travail selon moi… Je vois l’amour entre l’homme et la moto, Ça sert à ne pas faire n’importe quoi : moi ça m’énerve les gens qui font comme bon leur semble. Y’a un minimum à respecter, même à l’ESAT : Je vois les filles et les garçons, - Etre à l’heure - Mettre sa blouse et ses chaussures de sécurité - Aller à son poste de travail - Etre soigneux et sérieux - Ne pas se promener - Ne pas grignoter à son poste - Rester concentré, ne pas embêter les collègues - Respecter le client et la marchandise - Etre poli et respectueux avec les moniteurs et avec les collègues - Faire la pause quand c’est l’heure et pas n’importe quand - Venir propre au travail - Avoir une tenue respectable et adaptée C’est important pour moi, et même quand on travaille en milieu ordinaire, c’est pareil. Il y a des règles partout ! Audrey PARADIS ESAT Fondation Sonnenhof, Bischwiller la vie entre la famille, la copine. Ma mère est une femme. Mon père est un homme. Ma mère a un mari. Je voudrais de la musique. Je suis malheureux pour toi Grégory. Je suis fidèle à toi comme l’amour. P Je suis fidèle à toi comme ami. Je suis fidèle à toi comme chanteur. Je suis fidèle à toi comme les motos. Je suis fidèle à toi. Je suis fidèle, tu es fidèle… La joie, et le bonheur, Que ton association m’apporte. Je suis fidèle à ton souvenir. Je m'appelle Elena. J'habite à Strasbourg. Je suis en France depuis 3 ans. Je suis russe, j'apprends le français. A ta mémoire, Grégory Lemarchal. Cédric PARMENTIER Association Adèle de Glaubitz, ESAT Saint-André, Cernay Elena PATCHGUINA Centre SocioCulturel Montagne Verte, Strasbourg 178 179 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Si j’étais un effaceur … Ma fille Si j’étais un effaceur, J’effacerais le négatif. J’effacerais la haine. J’effacerais les personnes qui font le mal ! ! J’effacerais les bas salaires et les mauvais patrons qui abusent de la naïveté et de la gentillesse des gens. J’effacerais toutes les taxes, les impôts et les charges trop élevées. Mon mari travaille 6 jours d’affilée après il est 4 jours à la maison. Je suis femme au foyer, j’ai trois enfants : deux garçons, une fille. Mon nouveau bébé est une petite fille, elle est intéressée par les enfants. Quand le travail est fini je pars en Turquie j’attends ça avec impatience, le soleil de Turquie me manque. Je suis impatiente de présenter ma fille à ma famille mais j’aime la France. Et pour finir … J’effacerais mes collègues de formation : Fabienne, tu es trop talentueuse en cuisine et tu risques de me voler la vedette. Laëtitia, je ne veux plus t’entendre dire : « Je vais tuer ton frère » ! Cathie, parle-moi d’autres choses que des travaux à faire dans ta maison. Minnie, pour l’amour de Dieu, arrête de dire : « Oh, seigneur, j’en ai marre de ma vie ! » Mamie tu es gentille, mais tu me saoules avec tes cakes, tes chocolats et la limonade que tu caches consciencieusement sous ton lit la nuit. Josiane, dire sans arrêt : « Houlala, j’en ai marre d’Alponse » n’est pas une solution ! Touroute, arrête de toujours chercher fébrilement 2 euros pour ton casino ! Sylviane, tu t’es effacée toi-même alors à bientôt ! Maria, quand vas-tu cesser de rouspéter à cause de ta voiture ? Tafouya, ce n’est pas la peine de faire des grillades si c’est pour ne pas inviter tes voisins d’en face ! Mais toi, Anne, je ne t’effacerais pas pour que tu continues à me former toute seule ! Parce que je suis une femme absolument parfaite ! Patio Association Lupovino, Strasbourg Filiz PAYAT Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines P Moi, j’aimerais bien trouver un travail parce que c’est important à mon âge de travailler. Sortir plus et s’amuser. Avoir plus de contact avec mes proches, me faire plaisir en écoutant de la musique. Aller pêcher avec mon père. Etre heureux. Pouvoir me débrouiller dans un appartement. Faire du vélo quand les beaux jours arrivent. Jean-Yves P. Hôpital de jour, Haguenau 180 181 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS De l’autre côté du travail S’il y a bien une chose qui reste inconnue, c’est bien la relation des gens quand ils sont de l’autre côté du miroir (du travail). A celui qui le veut et qui ne l’a pas, c’est bien là, la dureté des gens qui cherchent et ne trouvent pas. Eh bien ! Plus d’inquiétude, un mouvement de société montre la voie à entreprendre. Ce sont les créations d’entreprises individuelles. Il ne s’agit plus de savoir faire quelque chose. Il suffit de l’entreprendre sans crainte de se retrouver démuni de tout le lendemain. Le statut d’auto-entrepreneur favorise la prise de risque mais attention, il s’agit de trouver une activité où l’investissement ne doit pas être trop lourd. Parce qu’aujourd’hui qu’est-ce que cultive une personne qui est à la recherche d’une activité professionnelle. Nul doute, une carence à la reconnaissance sociale. Avant même qu’il puisse dire qu’il est capable, compétent et formé, on lui explique, au café du commerce sa fainéantise, du dégoût et surtout du mépris, en souvenir, si l’individu l’a, lui-même, exprimé à l’époque où il travaillait. Cette découverte n’est pas la seule, il rencontrera régulièrement, les gens qui le suivent à Pôle Emploi qui n’auront qu’un seul objectif : le faire sortir des demandeurs d’emploi sans jamais s’occuper du caractère sociétal de la dite personne. Cette fonction ne peut pas toujours être excusée, par la surcharge de travail qu’ont les gens qui conduisent les chômeurs. Ne parlons pas de sa vie de famille qui ressemble bien souvent à un chantier à Haïti après un tremblement de terre. Il ne lui reste plus que la compassion d’un chargé d’insertion, d’une éventuelle association, qui le suit pour panser et épancher ses blessures mentales. Certains devraient avoir le Prix Nobel de la paix pour éviter l’explosion sociale qui guette à force de calmer la hargne, de certains à retrouver une activité. Ah, je ne passerai pas mon temps à vous dire que ceux qui travaillent eux, n’ont aucune compassion pour les autres. Seul l’égoïsme règne, ils veulent surtout ne pas se retrouver dehors de leur chère entreprise. Ils ne s’imaginent même pas la souffrance que cela apporte. Aucun reporter, s’est mis au chômage et a objectivement expliqué toutes les absurdités du système. P Oui à mon avis, la société des gens qui cherchent doit changer. Les systèmes ont fait preuves d’incapacité ! Il ne suffit plus de pleurer sur son sort dévolu. Il faut créer son monde, celui de trouver son axe. Il doit être original en profitant de cette possibilité d’être indépendant. Indépendant, le chercheur d’emploi, il l’est. Il a été tellement refoulé que ça devrait lui conférer quelques compétences. Oui, ne soyez plus dans l’attente de recevoir un nouveau coup de bâton. Tendez la main à celui qui sera le plus médisant. Expliquez-lui que vous débordez de courage et que rien ne vous arrêtera et surtout faites-le. Vous verrez avec quelle envie certains salariés vous regarderont comme une glace parfumée, en plein été. Oui, il vaut mieux susciter l’envie ; la pitié il faut s’en relever et s’en faire un souvenir des jours malheureux que vous savez être votre existence. Oui, le travail c’est aussi être en guerre. Alain PELLIZZONI SIMOT, Route Nouvelle Alsace, Sélestat 182 183 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Mamy Marguerite Quand j'étais petite, à l'âge de 10 ans, je travaillais dans les rizières. Je plantais du riz et j'attrapais les poissons dans la rizière pour les donner à maman. A l'âge de 25 ans, pendant le régime des Khmers Rouges, j'ai été évacuée de Phnom Penh et je suis partie dans la forêt. Je n'ai pas revu ma famille parce que nous étions séparés pendant notre évacuation. Ly PEN Centre SocioCulturel Montagne Verte, Strasbourg Mon meilleur souvenir est la naissance de mon petit neveu. J’étais à la rue et j’ai fait 40 kilomètres en stop pour voir mon neveu et je suis rentré le soir à pied. Ma mère s’est toujours très bien occupée de moi ; étant petit, je faisais pas mal de bêtises et ma mère très calme ne me grondait presque jamais. En grandissant, mes rapports avec ma mère ont un peu changé, maintenant c’est plus une copine qu’une mère. Jimmy P. Hôpital de jour, Haguenau 184 Voilà j’ai trouvé un travail. Formidable ! Maintenant que je l’ai, je suis contente. J’ai eu de la chance, sans mon expérience, je serais peut-être passée à côté de cette opportunité. Mais non, mon obstination et mon entêtement ont porté des fruits. Je vais maintenant gagner de l’argent, pas beaucoup mais quelle importance. Ce travail va m’apporter beaucoup : amour à partager, chaleur à donner à cette grand-mère dont je dois m’occuper. Discussions, petites histoires à raconter… La personne que j’ai maintenant est très contente, elle m’attend le soir assise dans son fauteuil, me guettant derrière ses rideaux. J’ouvre la porte, elle a toujours son sourire quand elle me voit. Je m’assois sur le bord de son lit, elle me parle de sa journée, me demande des nouvelles des enfants. On regarde la télé et toutes les deux on a l’impression d’être en famille. Bientôt vient l’heure de la toilette, mais avant, elle me demande « Plus belle la vie » c’est sur quelle chaîne ? Je lui dis « La 3 » alors elle change et nous regardons ensemble son feuilleton préféré. Voilà l’heure est venue, je dois rentrer à la maison. Je lui dis « au-revoir » elle me dit « à bientôt. Vous revenez quand ? » et je lui réponds « demain ! » P Marie PETIT Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines Moi Alexandre Je ne veux pas être chômeur car je veux gagner de l’argent, acheter une maison, faire des formations. Je ne veux pas qu’on me dise des choses compliquées. Je ne veux pas rester toute la journée à la maison, le temps est trop long. Sans argent pas de liberté ! Alexandre PEREA I.M.PRO La Ganzau, Strasbourg 185 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Travail et curieuses vacances A l’âge de 14 ans, alors que j’étais encore à l’école en Roumanie, j’ai commencé à réfléchir sérieusement à mon avenir, pour savoir notamment à quel lycée je devais m’inscrire en fonction d’un certain choix. Le week-end chez mes parents Les week-ends, quand je rentre chez mes parents, j’aime m’amuser avec mon petit neveu, ma petite nièce. Et je sors avec mes parents dans le jardin. Et j’aide mon père à couper du bois à la tronçonneuse pour le brûler. Et je l’aide à réparer la voiture. Et je range le garage pour la voiture. Je travaille. Je suis allé à la déchetterie avec mon père pour jeter des vieilles choses de la remorque et de la voiture. Et j’ai mangé des grillades, de la salade de maïs chez mes parents. Et je regarde la télévision. Et je dors. Et dimanche soir, je suis rentré chez moi, rue du Canal. Patrice POMMIEZ ESAT Papillons Blancs, Soultz Comme j’étais dans une situation matérielle modeste, j’ai grandi avec une mère seule, dès l’âge de 9 ans j’ai été poussé à choisir un métier capable de subvenir aux besoins de ma mère et moi-même. J’ai donc opté pour la théologie orthodoxe. Je savais que la théologie n’était pas un métier, mais une vocation, mais j’avais l’intuition que j’allais réussir dans cette voie et que j’y étais appelé. J’ai ainsi préparé le dossier nécessaire pour entrer au séminaire. J’avais toutes les capacités intellectuelles nécessaires et je savais que je devais me donner à fond pour obtenir un bon classement et pour réussir. Il fallait aussi de bons professeurs pour obtenir de bonnes appréciations et puis il fallait également savoir bien chanter. Ensuite, les recommandations du prêtre qui m’avait baptisé étaient indispensables. Mais tout ceci n’était pas un obstacle pour moi et j’ai réussi le concours d’entrée avec brio. P C’est ainsi qu’en automne j’ai commencé le séminaire. J’y ai passé cinq belles années en y nouant de solides amitiés. J’ai gardé des souvenirs très précis des cérémonies auxquelles j’avais participé. A chaque participation, le curé me donnait un peu d’argent en échange. Après les cinq ans de séminaire, le moment de passer le bac était venu et je l’ai obtenu avec succès. C’est à ce moment là que j’aurais dû entrer en faculté pour y effectuer trois années d’étude pour devenir prêtre. Mais pour devenir prêtre, il y avait une obligation de mariage et la vie de célibataire me convenait encore mieux à ce moment là. Alors je suis parti à Londres où cette obligation n’était pas en vigueur et où le salaire était plus à même de faire vivre toute ma famille. J’y ai travaillé durant deux ans puis, mon contrat terminé, je voulais retourner dans mon pays. Avec une partie de mes économies, j’ai décidé de faire un crochet et partir en vacances en France et c’est ainsi que je suis arrivé en Alsace. A présent, me voilà accusé, à ma grande surprise et sans fondement, d’escroquerie bancaire et incarcéré pour éclaircir ma situation et mettre en évidence mon innocence. Samuel P. B. Association Espoir, Maison d’arrêt de Colmar 186 187 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Le boulanger J’ai vu le boulanger Tirer partie du pain J’ai vu le boulanger Qui versait de l’eau Faire tomber la farine Peser la pâte, frapper la miche Ajouter le sel, Sentir, goûter, Chauffer le four Et y mettre le pain J’ai vu le boulanger Qui travaillait avec plaisir. Sacita POZDEEVA Association Foyer Notre Dame - CADA Nord, Oberhausbergen 188 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Le trésor Une petite histoire de travail Travaillez, prenez Je travaillais dans un magasin. Je vendais des fruits. Je travaillais 6 jours par semaine. Je travaillais très vite, beaucoup de clients venaient acheter dans le magasin. Je travaillais 12 heures par jour pour 170€ par mois. C’était pas beaucoup pour ma famille parce que ma fille était malade et je pouvais pas payer les médicaments. C’était très énervant. Je changeais souvent de maison, j’étais fatigué. C’est le métier. Un riche après son travail Fit venir avec lui Un garçon Qui nous ont pris Un trésor est donc caché. Je ne sais pas quand vous le trouvez Naser REXHEPI Association Foyer Notre Dame - CADA Nord, Oberhausbergen R Remuez votre portefeuille Creusez, fouillez, réfléchissez Où vous pourriez le trouver. Le père m’a dit De partir du bon pied pour que je puisse Bien travailler tout en ramenant L’argent à la maison et De leur montrer ce que c’est : Que le travail est difficile Valérie REINLING Tremplins, Sélestat Le renard Le renard roux chasse dans la forêt. Le renard n'a rien à rire parce qu'il est chassé par les chasseurs habillés en rouge et vert. Certains renards ont la rage mais pas tous. Ils viennent chasser dans les fermes là où il y a des poules. Ça fait des remous ! Michel R. Hôpital de jour, Molsheim 190 191 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Mes premières vacances aux Baléares Marmiton Quand j’ai pris l’avion la première fois Je n’étais pas tranquille. Quand l’avion a décollé, ça allait. Parler travail, en prison Dans ces pays-là, il y a beaucoup de gens de couleur. Les gens sont plus sympas et plus gentils. Les marchés étaient moins chers. Quelle dérision ! Les petits déjeuners le matin c’était super car on peut choisir ce qu’on veut. A midi c’est un buffet. Un petit truc par là, J’aime les vacances pour profiter de la mer, du temps et manger. J’aime me promener le long de la plage. Il faudrait une vraie formation J’ai fait un tour en bateau dont le fond était en verre, on voyait les poissons et les dauphins. C’est une île où on peut rester toute l’année ou alors que pour les vacances. J’aime l’air de là-bas. Nicolas RIBEYRON ESAT Papillons Blancs, Soultz On se moque de qui ? Un petit truc par-ci Ça fait juste passer le temps et basta ! Pour préparer la sortie de prison. R En attendant, je fais le marmiton. Parmi tous les travaux proposés C’est sûrement un des plus convoités Même si c’est peu rémunéré, Et puis cela fait passer le temps Plonger ses soucis dans les marmites en tournant ! En plus j’aime faire la cuisine, Innover, étonner, mijoter, pardieu, Essayer - mais pas ici - des recettes fines, Pour le plaisir du palet et des yeux ! Jonathan R. Association Espoir, Maison d’arrêt de Colmar 192 193 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Aladin et l’archéologue De l’autre côté du travail, à l’Opéra, j’ai rencontré Aladin. Il était très beau. Il était petit. Il avait un pantalon et un turban blanc. Il était pieds-nus ! C’est un pauvre enfant qui errait dans les rues. Aladin était gentil et généreux ! Le décor était merveilleux et astucieux, avec des musiciens… Je suis entrée dans la grotte magique avec Aladin. Pendant ce temps, il se remplit les poches de trésors. Moi, l’archéologue passionnée, j’observais : les stalactites qui descendent, les stalagmites qui montent, au milieu des toiles d’araignée. Je voyais des chauves-souris voler au-dessus d’une rivière souterraine… A la lumière de la lampe magique, je découvre des bijoux étincelants, des murs peints de splendides fresques, des pots, des vases très anciens, des statuettes et de vieux outils, des boucliers, des épées, des haches, des morceaux de bateau, des amphores, des sépultures avec des squelettes, des armures, des lances, des assiettes, des couverts, des mosaïques, des restes d’animaux, des pièces de monnaie ! Comment s’échapper et emporter tous ces trésors ? C’est grâce aux chauves-souris que nous avons trouvé le chemin de la sortie. Avec ses richesses, Aladin a rendu heureuses sa mère et sa fiancée Badroulboudour ! Moi, l’archéologue passionnée, je suis devenue célèbre dans le monde entier... Myriam RO’CH La SAJH, Strasbourg TEXTES INDIVIDUELS J’aimerais bien me promener Dans les forêts de sapins avec un ciel étoilé. J’aimerais bien prendre une initiative pour partir seul, En Egypte pour voir les pyramides et les musées, Des hiéroglyphes, des momies, des statuettes, Des Pharaons et des dieux en forme d’animal, de chat. Partir aussi au Congo pour voir les forêts tropicales Et les tribus. J’aimerais bien me coucher R Et faire des rêves multicolores Ou aller dans un endroit multicolore, Avec un beau coucher de soleil rouge orangé et mauve Et avec un ciel étoilé après dans la nuit, Avec un ciel noir d’encre. Stéphane ROTHENBACHER ADAPEI du Bas-Rhin, ESAT Duttlenheim 194 195 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Il faudra réécrire une nouvelle page. Il faudra apprendre un autre langage. Tout change, d'ici et de là pour un nouvel âge. Jadis prometteurs, les métiers ne garantissent désormais plus le travail sans chômage ! Mon métier à moi était une illusion habillée de mémoires avec blocage. C'était un rêve pour construire mon paysage sans péages ! C'était le pavé pour un travail de goût, un travail mental sans charges. Mais ce rêve n'a pas franchi la nuit et la nuit n'a connu que des nuages. Désespéré, je suis condamné pour l'éternité à rechercher un autre métier avec courage ! Ambitieux pour une nouvelle version de reconnaissance, je reprendrai mon chemin de voyage. En me formant à un autre métier, je changerai d'horizon pour que mes jours soient mon rouage. Ainsi condamné à recommencer et recommencer, je retrouverai ma destinée sans barrage. Mais au passage, par ce virage assumé serais-je dans un camouflage ? Ou dans la peau d’un lézard qui change ? Ghayas ROUSTOM Centre Social et Familial Victor Hugo, Strasbourg 196 « On devient plutôt bossu que riche en travaillant » Proverbe Russe ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Femme Choses qui me déçoivent La guerre Les différences entre les pauvres et les riches Les relations familiales qui se distendent La dévalorisation des valeurs Les discriminations dans le monde Être toujours une immigrée Se sentir inutile Se taire et supporter la cruauté Voir à la même table la tristesse et la joie La séparation des couples Rester suspendue et ne pas savoir choisir entre deux chemins J'ai beaucoup de travail en ce moment, ma belle-mère est partie en Turquie et je dois m'occuper de son jardin. Mes enfants et moi, nous devons retourner la terre, planter des piments, des haricots, des tomates, des oignons verts et des fleurs. Je vais aussi changer ma cuisine et il ne faut pas oublier de déposer les enfants à l'école ou à la Mosquée, faire la cuisine, aider les enfants aux devoirs, bref le travail d'une femme ! Cahide SAGLAMER Centre SocioCulturel Montagne Verte, Strasbourg Choses agréables La couleur rouge La paix dans le monde Etudier et toujours apprendre L’égalité des droits entre les femmes et les hommes Avoir confiance l’un envers l’autre Ecouter la musique de la nature S’allonger sur l’herbe et voir danser les feuilles sous un vent doux S’abriter du soleil, à l’ombre des arbres en été Se sentir unique au monde Voir un beau sourire malgré la montagne de problèmes cachés Voir des personnes très actives qui me donnent de l’énergie Croire à la vie après la mort La couleur rouge c’est la couleur de l’alerte ! La situation de l’homme qui cherche du travail est aussi alarmante que le ciel devenant rouge feu, au crépuscule parce qu’elle est sans issue, sans solution. Comme disait le célèbre Darwin : le travail a fait évoluer le singe en homme. Les grands de ce monde devraient voir les difficultés des gens à la recherche d’un emploi, ces malheureux qui demandent leur aide. Sinon le monde reviendra à son état originel, à l’ère des primates. Je cherche du travail maintenant et je ne voudrai pas rester un singe ! Donnez-moi donc du travail ! Même cueillir des bananes est un bon travail pour rester humain. Je suis étranger et c’est un grand problème de se trouver étranger et à la recherche d’un travail dans ce pays. Donnez-nous du travail ! Sans boulot, nos mains sont angoissées… Aziza SAFARI Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg S Vladimir SANIER Centre SocioCulturel Montagne Verte, Strasbourg 198 199 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Changement de cap Le pâtissier Depuis la fin de l’année, je me retrouve au bout de mon parcours professionnel et maintenant je savoure à longueur de journée de ne plus avoir de contraintes d’horaire et d’organisation liées aux déplacements, à l’emploi du temps, aux tâches quotidiennes. J’ai vu le pâtissier Sortir ses ingrédients Pour l’instant, la France est encore un pays privilégié par rapport à l’âge de la retraite et c’est ainsi que j’ai pu profiter des dispositions actuelles de la loi pour faire de moi un jeune retraité. Je fais les choses que j’ai envie de faire avec une liberté totale pour mes horaires et cela me permet de les adapter davantage à mon rythme biologique. Cela ne m’empêche pas de toujours pouvoir me consacrer à mon métier de menuisier et de faire ce qu’il me plaît. L’autre chance est de me retrouver avec mon épouse, elle aussi à la retraite, et de pouvoir réaliser nos projets communs : voyager et surtout voir plus souvent les enfants. Cependant, le changement de statut ne m’empêche pas de penser avec nostalgie au temps révolu. Il me reste la satisfaction du travail effectué pendant plus de vingt-cinq ans. Les horaires réguliers sans la pénibilité du travail de nuit me convenaient parfaitement. En plus, j’ai eu la chance de faire le métier que j’aime pendant tout ce temps. Dans ma nouvelle vie, j’ai bien l’intention de garder le contact avec certains collègues que j’ai appréciés afin de pouvoir discuter du temps passé pour nous en remémorer les meilleurs moments. Antoine SCHMICH Association Trampoline, Molsheim 200 TEXTES INDIVIDUELS J’ai vu le pâtissier Comparer le meilleur J’ai vu le pâtissier Imaginer la plus belle pièce J’ai vu le pâtissier Devant sa pâte onctueuse S J’ai vu le pâtissier Assembler et décorer Je garde ton image avec l’odeur du chocolat Et moi j’assemble les mots et c’est un peu pareil Khedidja SCHMIDT CPCV Est, Hoenheim 201 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Un tirage de bière Intimité Fuir la réalité, Les personnes et leur secret, L’objectif est-il de dire la vérité ? De rester neutre ? L’intime, Deux personnes, des hommes… Ils s’aiment et dévoilent leur amour Peut-on aimer ? Etre différent, s’ouvrir, se dévoiler, ce n’est pas du théâtre. Mais la vie. Je suis un tirage de bière et j’ai la forme d’une petite colonne en laiton doré. Régulièrement astiqué par ma maîtresse, je brille de mille feux alentour. Je suis toujours très entouré et noyé dans un flot de paroles, de discussions, de rires, de gaieté et j’aime ça ! J’éprouve beaucoup de plaisir quand je me sens monter et jaillir par mes robinets, ce liquide ambré et délicieusement parfumé. Ma joie est profonde quand j’entends les soupirs de satisfaction autour de moi, après les premières gorgées. Et si je pouvais m’exprimer, je vous dirais à tous, Merci, merci, merci… Marie-Claude SCHMITT Association Adèle de Glaubitz, ESAT Saint-André, Cernay Simone SCHNORR Centre SocioCulturel Montagne Verte, Strasbourg S Homme, si tu m’aimes Ploemeur En août 1999, je me suis rendu A Ploemeur, en Bretagne avec mon oncle, Où j’ai fait plusieurs promenades, Dont notamment sur la plage, Où le sable était fin. Il y avait aussi des coquillages. La mer était calme et presque transparente. Ça m’avait plu, car c’était sympa. J’ai pu faire quelques sorties. J’ai visité Lorient où je suis allé en salle de gym, J’ai visité aussi une exposition de peintures. Je suis allé à quelques terrasses. J’ai passé un bon séjour. Julien SCHNITZLER ADAPEI du Bas-Rhin, ESAT Benfeld 202 Arrête la désertification ! Arrête la pollution ! Arrête ta stupidité ! Arrête ta méchanceté ! Arrête ton business ! Reviens sur terre, avant qu’il soit trop tard ! Car moi je craque… La terre Shériff ReFormE, Lingolsheim 203 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Qu’est ce qu’il faut apprendre ou réapprendre ? Mes années d’usine J’ai travaillé à l’âge de 16 ans dans une usine qui confectionnait des collants, bas et chaussettes. Nous étions une équipe qui s’entendait bien, on travaillait 8 heures en équipe, une fois le matin, une fois l’après-midi, c’était de la production, le chef-mécanicien se fâchait souvent car on cassait les aiguilles des machines à tricoter, notre contrôleuse Rita était satisfaite de notre travail bien fait. A la pause café, j’adorais cet instant, car on prenait le casse-croûte et on se racontait des blagues. Quand arrivait Noël, nous faisions une grande fête avec les copines et les copains. Quand notre usine a fermé ses portes, ça a été un grand déchirement de cœur. Il a fallu des mois et des mois pour que l’on se remette du choc. Nous étions quand même vingt ans ensemble, ce n’est pas rien. Beaucoup de personnes ont trouvé du travail, moi je suis restée à la maison pour élever mes trois filles. Je revois souvent Madame Bertrand, ma chef de production, elle me fait un grand sourire avec ses yeux bleus comme le ciel, me demande si ça va, je lui réponds : « On fait aller. » Olga SCHUB Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines Apprendre à aimer, apprendre à respecter Apprendre à tout âge, par exemple faire la cuisine Apprendre à dépenser de l’argent convenablement, apprendre à ne pas manger n’importe quoi. On apprend vite à devenir quelqu’un, Mais ce quelqu’un ne reste pas toujours le même, vers qui se tourner alors. Nos parents nous apprennent tant de choses quand on est petit. Mais personnellement je ne me souviens que de l’essentiel. Isabelle S. Hôpital de jour, Haguenau S Femme : bonne résistance Toutes les femmes ont une bonne résistance, par exemple : dans ma vie, j’en ai connu pas mal, malheur, bonheur, richesses, gloires… Certaines avaient du mal au début par la suite elles ont tout de même montré leur bonne résistance. Mon cas est celui-ci. J’ai perdu mon compagnon suite à un suicide il y a neuf ans. J’ai passé des moments vraiment durs, alcool, suicide, malpropreté, je restais chez moi volets clos. Il y a trois ans, j’ai fait la connaissance d’un médecin tout à fait charmant, qui, par ses paroles et sa bonne humeur m’a fait remonter la pente. Aujourd’hui, je me sens mieux grâce à ce médecin et les gens que j’ai connu à l’hôpital de jour et je commence à avoir une bonne résistance. Gisèle S. Hôpital de jour, Haguenau 204 205 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS L’amour - la nourriture de la vie Un petit garçon croit qu'il est un infortuné dans ce monde. Il a une patte folle et les dents saillantes à cause de séquelles de la poliomyélite. Donc, il est taciturne et triste. Elle et lui Il y a celle qui répare mon vélo Il y a celui qui dessine Il y a celle qui pétrit le pain Il y a celui qui pend son linge Il y a celle qui prend sa truelle pour faire son mur Il y a celui qui bavarde Il y a celle qui nous montre des tours de magie Il y a celui qui fait son ménage Il y a celle qui nous soigne les dents Il y a celui qui réconforte ses enfants quand ils sont malades Il y a celle qui règle nos lunettes Il y a celui qui s'occupe de sa maisonnée Il y a celui et celle qui s'embrassent avec tendresse. Magali S. Hôpital de jour, Molsheim L'autre jour, son père a trouvé quelques jeunes arbres et a demandé à ses enfants de les planter. Le père leur a dit qu’il va acheter un cadeau à celui qui cultive le mieux son arbre. Le petit garçon a envie de gagner le cadeau aussi. Mais quand il voit la forme de ses frères et sœurs qui arrosent allègrement, il devient malheureux parce qu'au fond de son cœur, il sait que son arbre ne peut survivre avec lui. Donc, il ne se soucie plus de son arbre qu'il n'a arrosé qu'une seule fois. Après quelques jours, quand le petit garçon revoit son arbre, il le trouve curieusement en bonne santé et en plus avec quelques nouvelles feuilles. Son arbre est plus vert et plus prospère que les autres. Le père a tenu sa promesse et a acheté un cadeau de prédilection pour ce petit garçon. Avec ça, son père se dit qu’il va devenir un brillant phytologiste dans un proche avenir. S Depuis, le petit garçon devient actif et optimiste graduellement. Un soir, il ne peut trouver le sommeil et il veut regarder comment va son arbre. En arrivant dans la cour, il trouva son père entrain de l'arroser. Immédiatement, le petit garçon se rend compte que son père a répandu de l'engrais à son arbre en catimini. Le petit garçon rentre dans sa chambre et les larmes jaillissent de ses yeux… Bien des années ont passé, le petit garçon ne devient pas un brillant phytologiste, mais il devient le président de l'Amérique. Son nom est Franklin Roosevelt. Maintenant, on a un petit fils. Il a juste deux mois et il est faible comme un petit arbre. En tant que ses parents, on voudrait lui donner les meilleurs choses. Cet amour désintéressé se transforme en eau et qui va le faire pousser vigoureusement. Cet amour immortel se transforme en engrais et le fait prospérer. L’amour est la nourriture de la vie. On est fermement convaincu que ce « petit arbre » va devenir un grand arbre dans l’avenir proche. Qindi SHAO Centre Social et Familial Victor Hugo, Strasbourg 206 207 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS L’écrivain Le mosaïste En premier, il réfléchit, il prend les lettres de l’alphabet, il les regarde une par une. Il les manipule pour les mettre à leur bonne place, pour former des mots. Il trouve ensuite les phrases, en long comme en large. Il écrit, pour faire un texte, ou une poésie, ou encore un roman ; et cela fera un livre, qui trouvera sa place dans les magasins, pour devenir peut-être une pièce de collection qui se retrouvera dans une bibliothèque… La plaque de granit est cassée avec un marteau En plusieurs petits morceaux Chaque petit morceau est taillé, Avec une tenaille, un par un Selon la forme voulue, désirée, Pour composer, Composer un dessin. Philippe S. Atelier d’écriture, Maison Centrale d’Ensisheim Une fois la colle étalée, S On pose un à un ces morceaux de granit Pour composer une mosaïque. J’adore Je fais du tissage de perles. Quand j’ai fini, je regarde si c’est beau sur la table. Je fais des nappes, des très jolis décors, tout le monde fait ça dans ma famille. C’est une tradition. Quand j’étais petite, une fois, ma sœur était partie à la cuisine pour boire de l’eau moi j’ai profité de son absence et j’ai pris la nappe qu’elle avait commencé et j’ai continué son travail en regardant la porte parce que j’avais peur qu’elle me voit mais après elle m’a tapée parce qu’elle aimait pas que quelqu’un touche à son travail. C’est comme ça que j’ai appris. Après ma maman m’a appris à faire des choses plus compliquées. Lifa SHPATOLLAJ Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines 208 Cette mosaïque… unique, immortelle, Libre de sujet, de couleur et de sentiment, Parce que faite avec le cœur… Maintenant… moi… ma vie mosaïque n’est plus, Cassée, détruite, arrachée Comme ces morceaux de granit Enlevés un à un de la grande composition, Comme racontée à l’envers. Car le début commence par la fin… Stéphane S. Atelier d’écriture, Maison Centrale d’Ensisheim 209 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Où vont tous ces enfants ? Le printemps Le printemps c’est la nature qui se réveille après un hiver si dur, quelle magnifique saison, on entend les oiseaux qui chantent, on oublie le silence du froid et de la neige. On sort pour se promener, on voit la verdure qui revient, les herbes poussent toutes vertes et les arbres reprennent leurs feuilles et les fruits de toutes les couleurs, sur les arbres et au sol sans oublier les jolies fleurs avec leurs magnifiques odeurs. Aicha S.R. Centre Social AFSCO, Mulhouse Où vont tous ces enfants ? Ils s’en vont travailler Dans des endroits très étranges, Dans des ateliers obscurs Ou sur des montagnes d’ordures, Dans des mines profondes et noires, Dans des enfers dans nul espoir. La journée est longue. Travail forcé, pas de pitié. Mains gercées, pieds enflés, Visages pâles, yeux fatigués. S La joie de l’enfance s’est envolée. Pas le temps de jouer. Pas le temps de rêver. Pas le temps de construire. Pas le temps de s’instruire. Mon pays Ils ne connaissent pas les caresses. Ils ne reçoivent pas de tendresse. Un endroit où il fait bon vivre Où les gens savent te recevoir La température est au rendez-vous J’y ai passé une première partie de mon enfance Des paysages agréables C’est un peu de France et d’Espagne Un goût d’océan Atlantique Le grand sud-ouest de la France Mon pays Naître dans la misère. Grandir dans le silence. Ne connaître que le labeur, La sueur et la peur. Pourquoi ? Pourquoi ? Est-ce là le destin d’un individu ? Où porter plainte pour l’injustice vécue ? Où est le salut ? David SOLEMANA APP Re.Form.E, Strasbourg 210 Reihaneh SOLTANI Association Contact et Promotion, Strasbourg 211 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Rêve d’enfance Tout petit déjà, la médecine m’attirait. J’étais très curieux de ce qui se passait dans le corps humain. Chauffeur de bus Je pensais que des petits bonhommes étaient à l’intérieur pour le faire fonctionner. Depuis le jour que j’ai obtenu mon permis de conduire B, c'est-à-dire le 19 novembre 2008, je ne poursuis qu’un rêve : passer le permis D - transports en commun - pour devenir chauffeur de bus. Je me voyais chirurgien en train d’opérer des cas graves et sauver des vies. Malheureusement ce rêve de petit garçon, je ne l’ai pas réalisé… Mais j’ai pu travailler dans le milieu hospitalier ! Tafouya Association Lupovino, Strasbourg Droits des enfants Article 1 Article 2 Article 3 Article 4 Article 5 Article 6 Article 7 Article 8 Article 9 Article 10 Article 11 Tout enfant a le droit à la liberté d’opinion. Tout enfant a le droit de s’exprimer. Tout enfant a le droit d’aller à l’école. Tout enfant a le droit de s’amuser. Tout enfant a le droit d’aller voir ses grands-parents. Tout enfant a le droit de s’habiller correctement. Tout enfant a le droit de manger. Tout enfant a le droit de voir ses ami(e)s. Tout enfant n’a pas le droit de frapper. Tout enfant n’a pas le droit de voler. Tout enfant ne doit pas crier. Avant mon incarcération, j’avais reçu une proposition d’un Centre de Formation ECF pour suivre des stages de conduite d’autocar, mais malheureusement, tout cela est tombé à l’eau vu ma situation. Après ma libération, je pense pouvoir mettre cela en cours très rapidement. Je rêve de transporter des voyageurs dans toute l’Europe et découvrir ainsi, avec eux, de nombreux pays que je ne connais pas, voir des villes et villages différents, découvrir des rites et coutumes autres. Tout cela me passionnerait énormément. Ce métier est plus qu’un travail, car le fait de conduire et de voyager apporte en plus un énorme plaisir. T Alors j’espère vraiment un jour trouver une place dans ce domaine. Je serais aussi heureux que le fameux jour du 19 novembre 2008, lorsque j’ai obtenu le simple permis B ! Je mettrai tout en place pour réussir ce projet, atteindre mon rêve et arriver au but. Je sais que j’y arriverai. Ce n’est qu’une question de temps, de volonté et de mental ! Oui, un jour, je serai chauffeur de bus, rêve qui deviendra un jour réalité ! Alexandre T. Association Espoir, Maison d’arrêt de Colmar Zamzambanou TAHERALY Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg 214 215 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 La vie de famille Quand je rentre à la maison, je suis contente. Car je sais que je vais voir ma maman, ma mamie, mes frères, ma sœur, mes neveux, mes belles-sœurs, mon beau-frère, mes tatas, mes tontons et les animaux et les cousines et les cousins. Quand je rentre à la maison et que j’ai vu ma famille, je monte chez ma grand-mère. Et après j’aide ma maman à la cuisine. Et après quand c’est cuit, on mange et je fais la vaisselle. Et après je regarde la télévision. Et après je monte chez ma grand-mère. Et après je me mets en pyjama et je regarde la télévision et je vais dormir. Le week-end, j’aide ma maman au ménage. Et l’après-midi, je vais aux courses et voir la famille. Quand je rentre à la maison, je suis contente. TEXTES INDIVIDUELS Le boulanger Et la coiffeuse Dorment Avec une bêche. Ils prennent la voiture Pour aller se promener. Quand ils arrivent, ils voient des moutons Marrons En train de manger de l’herbe. Le cuisinier Et la coiffeuse Font la cuisine Avec du poulet. Ils prennent l’avion Pour aller au magasin. Quand ils arrivent, ils voient des vaches Rouges En train de marcher. T Sevgi TEKIN Association Parole et Soleil, Riedisheim Nadia TEDESCO ESAT Papillons Blancs, Soultz Relation entre collègues Ma relation avec les collègues est bien. Je retrouve plein d’amies. Le travail en équipe se passe bien. Pendant la pause on s’amuse, on rigole et on parle entre nous et on se repose. On retrouve parfois son amoureux ou pas. Le matin, on se retrouve, on dit bonjour puis on va travailler. On parle souvent de ce qu’on fait le week-end après le travail. Je vais chez ma mère, je joue avec mon petit frère, on mange et on regarde la télévision et après, on va se coucher. Sabrina THALMANN ADAPEI du Bas-Rhin, ESAT Wissembourg 216 217 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Si je m’écris Le retour du guerrier Le réveil sonne. Début du calvaire pour la femme qui lui prépare ses sandwiches et son café ; il se lève en râlant et il commence déjà à se plaindre. La journée débute dans une ambiance de ras-le-bol. On prend le petit déjeuner ensemble et évitons de parler de sujets trop chauds. Six heures trente c’est l’heure du départ, et là madame sait que le reste de la journée se passera tranquillement. Elle s’attarde sur les travaux quotidiens en sachant que le temps n’a pas d’importance jusqu’au retour du cher et tendre mari qui aura fini sa journée de travail. J’écris une page à propos de mon fils Depuis qu’il est né, j’ai trouvé beaucoup de couleurs dans ma vie Il a trois ans, il est très mignon Je peux sans cesse parler de lui. De temps en temps, je suis fatiguée mais avec lui, je ris beaucoup. Il adore la musique comme moi. Il peut chanter et écouter la musique. Il chante dans la langue vietnamienne ; Il n’a pas encore appris le français C’est vrai il est « ma vie » Si j’avais les jours à compter… Seize heure trente, bonjour l’angoisse, la nervosité s’installe, car elle ne sait jamais dans quel état il va rentrer. Monsieur arrive, il parle de son boulot, ses collègues, son patron, que la journée était bonne. Puis le négatif prend le dessus : « Je suis fatigué, j’ai mal partout ». Ça vous fait la gueule, vous ne savez pas vraiment pourquoi. Il ne faut surtout pas lui demander de faire un petit travail chez lui car là il vous répond : «Tu crois que je n’ai pas assez bossé ! ». Bref, vive le quotidien ! Si j’avais les jours à compter, Je voudrais toujours partir en vacances au Viet Nam J’aimerais être près de ma famille. J’adorerais discuter avec ma mère, ma grand mère, Ma tante et toute ma famille. Je voudrais être une star, une chanteuse. Je pourrais chanter toujours et partout. Parfois je me demande si je ne serais pas mieux toute seule. Pourquoi le mari se sent-il si bien au travail et si malheureux chez lui avec sa petite famille ? Madame va t-elle encore accepter longtemps de faire le larbin ? Dieu Chi TRUONG Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg T Touroute Association Lupovino, Strasbourg Le mois prochain j'ai beaucoup de travail. Je vais faire des travaux à la maison. Je vais peindre, laver, lessiver, déplacer, dépoussiérer, coller et décorer. Mais pour l'instant, je vais me reposer car rien que d'y penser, je suis déjà fatiguée ! Ayse TURHAN Centre SocioCulturel Montagne Verte, Strasbourg 218 219 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 J'ai fini ma journée de travail, je prends mon sac à dos, mes clés, puis je sors du dépôt. Je monte dans ma voiture pour rentrer à la maison après ma dure journée de travail. Je m'arrête au tabac pour acheter des cigarettes et une canette à boire et je reprends ma voiture pour rentrer à la maison. J'arrive à la maison, je sors de ma voiture pour rentrer chez moi. Arrivé à la maison, je laisse mon sac à dos dans la cuisine et je me dirige vers la niche du chien. Je prends la laisse de mon chien et lui passe la muselière. Je fais un petit tour pour qu'il puisse faire ses besoins. De retour à la maison, je donne à manger et à boire au chien. Je vais prendre ma douche, je m'habille et j'allume une cigarette assis devant la télévision en attendant ma copine qui rentre du travail pour que l'on puisse passer à table tous les deux. Il est 18h, ma copine vient de rentrer du travail, on se fait un petit calinou. Après, elle va nous préparer à manger tranquillement. Le dîner prêt, elle m'appelle pour que je mette la table pour que l'on puisse passer à table tous les deux en discutant de notre journée de travail. Une fois mangé, je débarrasse la table puis ma copine fait la vaisselle. Je l'essuie. Une fois tout ça fini, on se pose devant la télévision jusqu'à 20h. Puis on va promener le chien tous les deux en amoureux. Après avoir promené le chien, on rentre. Je ressors pour aller rejoindre des amis au café du coin pour discuter un peu de notre journée de travail et faire quelques parties de cartes avec eux. Vers 21h30, je rentre à la maison, je fais un bisou à ma copine puis je vais refaire un tour avec le chien pour qu'il fasse à nouveau ses besoins. Je me lave les mains et je rejoins ma copine au lit pour nous coucher. Talip GIP FI, Maison d'arrêt Elsau, Strasbourg 220 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Ma confidence Vivre libre J’avais vraiment besoin que tu me remarques Que faire quand les sentiments débarquent Travailler, prévoir, anticiper C’est le travail qui gagne ! Je vais vous en parler L’amour d’une femme vient de m’appeler C’était dans ma période de doutes Qui a parcouru ma route Des simples souvenirs Qu’on n’arrive pas à décrire Je voudrais déclarer ma flamme Pour toi mon amour, ma femme Loin d’un secret inavoué Mon cœur reste secoué Ma tête se pose les questions Mon cœur s’ouvre à toutes les interrogations Sans tes sentiments, je suis mal Sans tes émotions, mon visage reste pâle Un riche industriel Fit venir le reste de l’équipe pour présenter le garçon Que nous avons très bien apprécié en sachant qu’il a trouvé Un trésor, est il vrai ou faux ? Je ne sais pas Vous le ferez expertiser Remuez votre derrière Creusez, fouillez, peut être y en a-t-il un autre Ou bien ? Le père fier de son garçon le félicita De son flair. Si bien qu’il fit une grande fête Il en rapporta plein de bonnes choses mais que L’argent ne fait pas le bonheur et De leur montrer Que le travail reste la seule façon d’être libre. U Valérie UNGER Tremplins, Sélestat Mon avenir à tes côtés va s’épanouir Je n’oublierai jamais ton sourire Je suis amoureux, c’est ma confidence Je vous l’avoue car je vous fais confiance. Je voudrais goûter le goût de la vie, Entendre la musique douce de ton cœur, Pouvoir toucher ton esprit Laurent UHLEN Association Adèle de Glaubitz, ESAT Saint-André, Cernay Voir en ton rêve Et sentir l’odeur de ta peau Clemente URRIETA APP Re.Form.E, Strasbourg 222 223 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Etre nez J’y pense, J’y pense depuis la naissance. Déjà à l’école Je sniffais mon tube de colle, Je reniflais aussi mon poisson rouge dans son bocal, Mais son odeur était loin de ressembler au santal. A l’adolescence, J’adorais aller à la pompe à essence. Dans la cuisine de ma grand-mère J’avais déjà du flair. Même quand je faisais du tir à l’arc J’entendais parler de toutes ces marques : Gucci, Dior, Chanel Y’en avait tout un pannel. Pour moi le plus beau métier du monde C’est celui qui est diffusé à chacune de vos rondes. L’odeur du parfum Qui enlève tous les chagrins, Citronnée, mentholée, boisée, Je la savoure avec volupté. L’eau de toilette que l’on porte Me transporte Le métier de parfumeur Me laisse toujours aussi rêveur. William VINZIA Association GEM Aube, Strasbourg TEXTES INDIVIDUELS J’ai appris à jouer au tennis à l’âge de sept ans. Mon père m’a emmené un jour sur un terrain et depuis je ne le quitte plus. Ma première raquette était celle d’un grand joueur professionnel. J’étais fier de pouvoir jouer avec une raquette comme ça. Petit à petit, je suis devenu un grand joueur et même un joueur professionnel. Grâce à ce sport, je suis arrivé en France où j’habite depuis dix ans. J’ai plein d’amis. J’ai rencontré une personne fantastique et j’ai très envie d’avoir mon diplôme de tennis pour transmettre mon savoir-faire aux autres. Ivan VUKOVIC APP Re.Form.E, Strasbourg V Mes vœux pour la nouvelle année J’aimerais changer de travail pour tout recommencer à zéro et démarrer une nouvelle vie, faire un métier qui me plaise. Plus en usine mais en plein air pour l’entretien des espaces verts car j’aime par-dessus tout le contact avec la nature, la tranquillité, la liberté… J’ai eu la motivation et le courage de me prendre en main et de suivre des cours de lecture et d’écriture. Aujourd’hui, je suis fier de moi parce que je fais des progrès chaque semaine et que je commence à lire et à écrire. G.V. Association Trampoline, Molsheim 226 227 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 J’ai vu le jardinier Je l’ai vu bêcher la terre Je l’ai vu planter des fleurs Je l’ai vu tailler des arbres Je l’ai vu arroser la pelouse Je l’ai vu nettoyer la piscine Il chantait fort en s’occupant du jardin Je garde son image avec amitié Moi j’assemble des mots Et c’est un peu pareil Fabrice V. ReFormE, Lingolsheim 228 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Rêver, dormir Mon père travaillait dans les champs Quand je rentre du travail Je me mets à l’aise Puis je souffle, je m’allonge dans mon lit Et je… m’endors. Chez moi, dans l’île australe de Tubuai, mon père cultivait des légumes : des choux-fleurs, des choux-rouges, des choux blancs, des tomates, des asperges, des carottes, des poireaux, des taros (sorte de patate douce qui pousse dans la boue). Il cultivait aussi des racines comme le manioc pour faire des crêpes-bananes ou pour faire de l’amidon pour repasser le linge. Il récoltait des fruits comme la papaye, cultivait aussi des potirons pour nourrir les cochons. Autour des légumes, il plantait des fleurs que mes sœurs cueillaient pour faire des bouquets pour l’église : des roses, des dahlias ou des plantes pour soigner. Je rêve de ma famille qui part en vadrouille Aller boire un verre. Je rêve d’avoir les dents de travers, Quand je me réveille Je me regarde dans la glace pour voir si tout est normal. Parfois je rêve de revoir ma maman et de revoir ma tante. Mais ce n’est qu’un rêve… Laura WACHENHEIM ESAT Saint-André, Les Ateliers du Steinkreuz, Wintzenheim Janvier Février Mars Avril En mai Juin Juillet Aout Septembre Octobre Novembre Décembre pour souhaiter la bonne année la neige et les routes barrées le chant des oiseaux reprend et les cheveux dans le vent fais ce qu’il te plait et la floraison du genêt vive le temps des vacances et les touristes qui viennent en France et la fin de la natation et ses fruits de toutes les passions et la plantation des fruitiers et les intempéries pour les chantiers Le samedi mon père allait à la pêche pour nourrir sa famille ; quelquefois il ramenait beaucoup de poissons, quelquefois il ne ramenait rien et c’était très difficile. Nous étions sept filles, il n’y avait qu’un garçon et nous aidions mon père dans le jardin. Mes sœurs et moi même nous ramassions le crottin de cheval, nous le mélangions à la terre pour faire de l’engrais. Nous devions nourrir les cochons, les chèvres et les poules avant de courir pendant des kilomètres pour aller à l’école. W Nous manquions souvent l’école car le maître nous fouettait si on arrivait en retard et mes parents aussi ; on se cachait dans la forêt mais ma mère nous attendait avec un bâton. Le soir mon père ne voulait pas qu’on utilise le pétrole pour mettre dans la lampe pour pouvoir apprendre nos leçons Le dimanche, on ne travaillait pas, c’était le jour du Seigneur. Marie WAGEMANN Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg B. W. ReFormE, Lingolsheim 230 231 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Il y a beaucoup de réflexion quand elle regarde le modèle comme il est. Il y a le bruit de la machine et du ciseau quand elle travaille. Il y a la douceur du tissu quand elle dessine le patron, quand elle coupe, quand elle assemble les morceaux de tissu, quand elle coud. Il y a les odeurs de vapeur quand elle repasse les vêtements qui sont finis. Il y a toujours une tasse de café sur la table, parfois elle y goûte. Blanchisseuse C’est une couturière qui aime son travail. Arrivée, je pousse le portillon Puis je charge le camion. Je trie les chemisettes, les serviettes, Je scanne les étiquettes, Je charge les machines, C’est la routine. Chomicha WAHYIANE Plurielles, Strasbourg Je suis en train de rêver… Dans ce rêve, je me trouve en face d’une porte. Une porte ni en bois, ni en plastique et qui ne ressemble d’ailleurs pas du tout à une porte d’entrée. Sa serrure est faite d’or et la poignée est sculptée de manière très fine. Sur cette porte, une pancarte indique que l’accès est interdit à toute personne étrangère au paradis. La curiosité qui m’envahit est alors si forte que je décide malgré tout de l’ouvrir. Je tourne ainsi cette jolie clé dorée dans la serrure et pousse cette porte. Cette porte s’ouvre sur un endroit magnifique : la nature y est luxuriante, les gens ont l’air heureux. Je me rends compte alors que je viens bel et bien d’ouvrir la porte du paradis. C’est alors qu’une personne s’est avancée vers moi…. Sophie W. Hôpital de jour, Haguenau 232 TEXTES INDIVIDUELS Je m’appelle Mélanie Je suis blanchisseuse. Avec mes amies, Chaque matin, Je pars joyeuse Pour la blanchisserie. W Je fais une pause Pour manger, Aussi pour rigoler. L’après-midi Je sors le linge A nouveau je trie, Je plie. La journée se termine. Je reprends le train Avec mes copines. J’arrive au foyer Un peu fatiguée. Mélanie WEBER Association Trampoline, Molsheim 233 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 De l’autre côté du travail, j’ai rêvé ! Pour moi, le travail, c’est rien ! J’ai surtout envie de rêver ! Le spectacle à l’Opéra : « Aladin » m’a emmené dans le monde de l’Amour ! Au début, il y avait un pauvre et beau jeune-homme habillé d’un pantalon bleu avec un turban blanc. Il était timide. Il n’avait pas du tout envie de travailler, c’est pour ça qu’il était misérable ! Pour se nourrir, il se rend au marché et y vole de la nourriture puisqu’il n’a pas d’argent ! C’était un conte des mille et une nuits… Grâce à la lampe magique, Aladin rencontra la princesse Badroulboudour… Lorsque la princesse aperçoit Aladin, elle rougit, tellement elle est timide en voyant son amoureux. Lui non plus n’ose pas s’approcher d’elle pour lui parler. Il hésite et danse sur place… En voyant Aladin sauter dans tous les sens, Badroulboudour éclate de rire, elle qui n’avait jamais ri de sa vie car c’était une princesse triste ! Aladin lui demande : « Veux-tu m’épouser ? » Badroulboudour rougit de plaisir et n’ose pas répondre ! Aladin se met à genoux et la supplie : « Epouse-moi, je t’en prie ! » - « Oui, je le veux ! » répond la princesse. Ce fut une grande fête où se retrouvèrent une foule d’invités ! Il y eut de la musique et des danses ! Mets délicieux, ballons multicolores, tours en calèche, joie, bonne humeur, gaieté marquèrent à jamais toutes les mémoires, surtout celles d’Aladin et de Badroulboudour ! Entre eux, ce sera l’Amour pour toujours ! Valérie WETTLING La SAJH, Strasbourg Après le travail Au travail, je mets des sachets dans des boîtes deux par deux. Parfois, on attend… Et alors, on s’ennuie ! J’aime faire des colliers. J’en fabrique pour le marché de Noël de Dorlisheim. Les gens regardent ce qu’on vend et si ça leur plaît, ils achètent. Les sous, on les garde pour faire des excursions, pour aller au zoo, au cinéma. J’aime beaucoup faire ça, je fais ça depuis très longtemps. Irène WIRRMANN ADAPEI du Bas-Rhin, ESAT Duttlenheim 234 « Devant la porte de l’usine Le travailleur soudain s’arrête Le beau temps l’a tiré par la veste … » Jacques Prévert ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS A propos du travail des enfants au Brésil Tout ce qui concerne les activités professionnelles, avec finalité économique, effectuées par des mineurs peut être considéré comme un travail d’enfant ou, selon le cas, de l’esclavage des enfants. Internationalement, l’OIT (Organisation Internationale du Travail) à travers ses conventions définit les âges minimums pour les travaux « légers » (petites tâches domestiques et d’apprentissage) et les « dangereux » (plusieurs heures de travail par jour, opération sur des machines ou des outils), soit l’âge minimum de 5 ans. D’après ces statistiques, il y a 350 millions d’enfants dans le monde qui travaillent dont 8 millions dans une des pires formes de travail : enfants soldats, prostitution, pornographie, travail forcé, trafics et d’autres activités illicites. Subordonné à l’OIT, l’IPEC (Programme International pour l’Elimination du Travail des Enfants, en anglais) a préparé des rapports à ce sujet. Selon le dernier rapport de l’année 2006, au Brésil, les enfants de moins de 15 ans correspondent à 28,2% de la population brésilienne. De ce total, 0,4% des enfants travaille dans les zones urbaines et 1,6% se retrouve dans les zones rurales voire comme planteurs de canne à sucre et comme charbonniers. Les enfants qui travaillent et étudient en même temps représentent 18,4% dans les zones rurales contre 3,4% dans les zones urbaines. Normalement, ces enfants travaillent pour aider leur famille à survivre. Ceux qui ne travaillent pas et n’étudient pas représentent 10,2% dans les zones rurales et 6,2% dans les zones urbaines. En général, ils n’ont pas de famille organisée, ils habitent dans la rue en commettant de petits délits ou d’autres activités illicites. 236 Selon la législation, le pays permet l’apprentissage dès l’âge de 14 ans et le travail à temps partiel à partir de 16 ans, si celui-ci ne compromet pas la vie étudiante de l’adolescent. La scolarisation est obligatoire soit dans le public ou dans le privé de 6 à 17 ans. Malgré les conditions légales, les mécanismes de contrôle et de défense des enfants sont trop faibles et inefficaces pour couvrir toute l’extension territoriale. Les autorités comptent sur les dénonciations de la société et des médias pour ouvrir des enquêtes. Pour changer la situation, il faut que tout le monde se sente concerné. Que les gouvernements donnent un minimum décent afin que les familles puissent survivre dignement et que les enfants ne soient pas pris en otage pour rapporter de l’argent. X Que la société accepte de prendre en charge ces problèmes, surveille les actions gouvernementales et la distribution des aides pour éviter la corruption des intermédiaires. Que chacun ait conscience qu’il a un rôle à jouer en tant que consommateur dans le plus politiquement correct, choix des biens et des services et même en tant que citoyen dans la dénonciation des abus, dont il est témoin, dans l’exploitation des enfants au travail. Une société qui se voit comme un collectif est une société plus juste dans laquelle ses enfants ont un avenir. Luanda XAVIER Association Trampoline, Molsheim 237 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Mon pays d’évasion Une journée pleine de surprises Iran, terre d’origine de mes parents, terre de mes origines, où il y a ma famille. Une femme s’ennuie en marchant dans le parc. Puis une balle roule devant elle et elle tape dedans. Elle repense à son enfance. Quand elle était petite il n’y avait pas de balle en plastique, elle jouait avec une balle en pelote et des jouets en bois. Mais maintenant elle est trop fatiguée pour jouer à ces jeux parce qu’elle est vieille. C’est toujours une joie de la retrouver à chaque voyage. Pour cela il faut préparer mes valises, prendre l’avion ; le trajet est de cinq heures. Pour les loisirs j’irai me baigner à Ouiche dans un parc aquatique où nager avec les dauphins est leur attraction. C’est agréable ! Pour voyager il faut beaucoup d’argent, sans l’argent on n’est rien, on ne peut rien. Aujourd’hui il faut que je travaille et dans ce monde du chômage, gagner sa vie c’est difficile pour tout le monde et lorsqu’on a un handicap c’est beaucoup plus compliqué ! Pour toi Iran, ma raison de vivre, ma joie, pour toi qui est toujours dans mon cœur, il faut que je travaille pour économiser beaucoup d’argent et payer le voyage ! Travailler c’est aussi se responsabiliser, être indépendante. Je sais que pour mieux réussir mon insertion professionnelle il faut que j’accepte de travailler en ESAT. J’ai pris conscience que travailler en milieu protégé m’aiderai à te retrouver ! Soudain, elle a entendu un bruit bizarre derrière. Elle a regardé derrière et a vu un char de combat qui roulait vers elle. Elle a eu peur et elle a commencé à courir à toute vitesse. Après qu’elle ait quitté le parc, elle respirait très fort. Un vieil homme est passé à côté de cette dame. Il a vu qu’elle a eu peur de quelque chose. Il lui a demandé : « Qu’est-ce qu’il s’est passé Madame ? » La vieille dame a commencé à raconter. L’homme était étonné d’entendre cette histoire. Le cœur de la femme battait très vite et ça s’est aggravé. Le monsieur a appelé tout de suite le Samu pour demander une ambulance. Y Et puis ils sont allés à l’hôpital, les médecins ont guéri la dame. Le monsieur a demandé à la dame : « Est-ce que vous avez des proches pour vous chercher, par exemple votre mari ? » La dame lui a répondu : « Non, je suis toute seule, mon mari est décédé il y a 10 ans, mes enfants ne sont pas là ». Le monsieur était désolé de poser cette question parce que la dame lui avait répondu tristement. Ils sont sortis de l’hôpital ensemble. Après ils ont continué à se voir et ils sont tombés amoureux et ils se sont mariés. Hatice YUKSEL Plurielles, Strasbourg Golmoune YAHYAEI I.M.PRO La Ganzau, Strasbourg 240 241 « Les rêves donnent du travail » Paulo Coelho ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS Lignes d’une poète Un poème sur mon rêve J’ai un rêve qui est très beau, Que j’apprécie avec passion, Voler partout comme l’oiseau, B et b Dans balle il y a bal Dans bûcheron il y a buche Dans boulette il y a boule Dans bonjour, bonsoir, bonne nuit, bonne chance, bon appétit, bonne après-midi, il y a bon D’avoir des ailes en étant humain ! Dans bisou il y a bise Dans becqueter il y a bec Dans besoin il y a soin Dans blouse il y a blouse Dans blanc il y a banc Dans briquette il y a bique Dans brassard il y a bras Dans banquette il y a banc et dedans banque, Dans berger il y a berge Dans bébé boom il y a baby boom Dans bloquer il y a bloc Dans brise il y a bris Et puis dans B il y a Béatrice, Berthe, Bertrand, Bruno, Brigitte, Bernard, Bryan Ainsi, cette profession est admirable ! Carole ZAGALA Centre SocioCulturel Victor Schœlcher, Strasbourg En devenant pilote d’avion ! Traditionnellement dans mon pays, C’est un métier très masculin. « Femme au volant ! » il y a phobie… Je comprends pas pourquoi ! et bien ! Etre pilote, planer sur le monde, Etre toujours sur les chemins Mais également sentir la joie profonde Z On peut s’identifier au rossignol ! Et qu’est ce qui est encore plus agréable Que devenir comme Superman ? Non ! Supergirl ! Elena ZADORINA Centre SocioCulturel Phare de l’Ill, Illkirch-Graffenstaden Les petites annonces Fatima, 34 ans, cherche une personne pour garder ses enfants, à la maison, de préférence musicienne pour s’amuser en musique. Fatima ZAYANI Centre SocioCulturel JSK Camille Claus, Strasbourg 244 245 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES INDIVIDUELS La recherche de travail Chez moi Quand je rentre à la maison maman me dit de venir rincer la vaisselle à l’eau. Des fois je vais faire les courses avec ma maman. Des fois je sors la poubelle à ma maman. Des fois je vais chez ma belle-sœur Nadjet pour l’aider à rentrer les courses à la maison. Parfois et des fois elle m’appelle pour que je lui sorte la poubelle. Des fois maman me dit d’aller chez ma sœur chercher la vaisselle, des assiettes. Des fois je sors le pain dur je le mets dans l’herbe à côté de chez moi. Parfois je plie le linge et le range dans l’armoire de mes parents, de mon frère et la mienne. Hier j’ai fait du linge et j’ai plié les draps et les serviettes blanches. Raouda ZAGHBANI ESAT Papillons Blancs, Soultz Travaillez, prenez, gagnez de l’argent C’est le temps de gagner votre vie. Un riche paysan fit venir pour une embauche un jeune homme - « Gardez ce contrat de six mois Que nous a confié une agence d’intérim ! Un trésor est à partager. Je ne sais pas combien ça vaut. Vous le payerez par mois. Remuez votre savoir faire. Creusez, fouillez ! - Où ? - A Saverne. » Le père et le fils de ce riche paysan réussissent Si bien qu’on en parle toujours. Il en rajoute par heure des heures de travail D’argent. Pour le travail De leur montrer le savoir faire Que le travail est facile ! Lionel ZIMMER Tremplins, Sélestat Z Ma vie privée Derrière cette porte il y a un jardin C’est mon jardin secret. Et devinez ce qu’il y a ? Je ne vous le dirai pas. C’est un vrai mystère, C’est à vous de le trouver. Tout ce que je peux vous dire, C’est que c’est vraiment très beau. Astrid ZANUTTINI Association Adèle de Glaubitz, ESAT Saint-André, Cernay 246 J’aime me promener avec ma sœur en forêt, le dimanche. Toutes les deux, nous allons faire des gâteaux de noël. Nous faisons les soldes ensemble. C’est ma grande sœur Et elle est secrétaire comptable à Dorlisheim. Le samedi et le dimanche, elle vient chez nous à Still. Elle va me tricoter ma grande écharpe violette. Le violet est ma couleur préférée. Parfois, nous parlons du travail quand nous nous promenons. Mais ce n’est pas facile de lui en parler Car j’ai des « hauts et des bas ». Alors je fais des efforts et j’arrête de broyer du noir. Je fais du canevas et de la broderie. Estelle ZORN ADAPEI du Bas-Rhin, ESAT Duttlenheim 247 Textes collectifs ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES COLLECTIFS Nous sommes de ceux Dont le monde parle de plus en plus Nous sommes de ceux Qui ont d’la peine mais nous n’l’avons pas volé Nous sommes de ceux Qui font partie d’un monde délaissé D’un ghetto psychiatrique oublié Nous sommes de ceux Qui font le monde Et nous le parcourons sans cesse de nos pensées Aux âmes scarifiées, aux âmes blessées Anonymes et hommes blessés Un peintre Et un professeur Dorment Dans la voiture. Ils prennent le train Pour aller à l’hôpital. Quand ils arrivent, ils voient un poisson Vert En train de brouter de l’herbe. Le menuisier Et le pilote Font la cuisine Avec une casserole pour faire du riz. Ils prennent le bus Pour aller aux champs. Quand ils arrivent, ils voient un tigre Blanc En train de dormir. Aux hommes détachés Dans un monde trop pressé. Filiz KÖSE, Sultan YILMAZ Association Parole et Soleil, Riedisheim Jean-Pierre D., Thomas F., Sabri O., Bertrand S., Marie-Louise S., Eric W. Hôpital de jour, Haguenau 250 251 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES COLLECTIFS Travailler et vivre Le matin il faut se lever Annonce urgente Association de femmes au foyer libérées Recrutons homme à tout faire pour différents travaux Grand, sexy, élégant Portant bien le string et la cravate Dextérité manuelle exigée Libre à tout moment Heures supplémentaires à prévoir Compétences spécifiques requises : Cuisine épicée, petite plomberie, doué en langues vivantes Amateur ou débutant s’abstenir Présentez-vous ce lundi en tenue de travail au 69 rue de l’Aéropostale Demander Anne Cathie F., Faby, Josiane, Patio, Touroute Association Lupovino, Strasbourg Pour gagner de l’argent en travaillant Le matin il faut se lever Pour se regarder dans le miroir Le matin il faut se lever Pour casser les cailloux Le matin il faut se lever Pour promener les chiens Le matin il faut se lever Pour se regarder et faire des grimaces Le matin il faut se lever Pour coudre des mots d’amour Le matin il faut se lever Pour dire notre joie, notre amour, notre paix Le matin il faut se lever Pour graver notre amour dans le cœur Béatrice DOELL KIEN, Erica H. Association Helios, Guebwiller 252 253 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 Cause masculine Lettre d’un homme à sa femme TEXTES COLLECTIFS La liste des métiers que je ne voudrais pas faire : Grutier parce que j’ai le vertige Tu ne riras pas quand je m’énerve. Tu ne crieras pas quand je suis à la maison Mineur parce que j’ai peur du noir et je suis claustrophobe Faire du marteau-piqueur à cause du bruit Guide de montagne parce que j’ai eu un accident de montagne et surtout quand je parle avec toi. Journaliste en Irak à cause de la guerre Tu ne parleras pas beaucoup au téléphone. Chirurgien parce que je tombe dans les pommes quand je vois du sang Tu seras en forme et contente quand tu es avec moi. Astronaute parce que la terre est trop loin Tu ne parleras pas quand nous regardons la télé. Tu ne resteras pas beaucoup dans la cuisine quand je suis là. Tu ne feras pas le ménage quand je suis à la maison. Dentiste parce que je n’aime pas le sang dans la bouche Plongeur parce que je ne veux pas boire la tasse Toréador parce que c’est dangereux un coup de cornes dans le ventre ! Sevinc AKARSU, Muhsine ASIKOGLU, Mehmet COSKUN Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines Tu seras à la maison quand les enfants et moi nous revenons. Tu ne resteras pas longtemps dans la salle de bains. Tu ne resteras pas toute la journée dans les magasins. Tu ne resteras pas dehors le soir. Tu auras confiance en moi. Demet AKTAS, Malika ALIEVA, Chomicha WAHYIANE Plurielles, Strasbourg L’infirmière Et le coiffeur Partent Avec de la peinture. Ils prennent un vélo Pour aller chez le boulanger. Quand ils arrivent, ils voient un chien Blanc En train de manger un zèbre. Anna K., Sukran TOZLU Association Parole et Soleil, Riedisheim 254 255 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES COLLECTIFS Au royaume du chocolat Je suis avec mes parents, J’aime travailler pour ISRI, Changer de boulot. Mais j’aime mes amis de mon travail : Philippe, Ludovic… Et c’est tout… Et puis je rentre, Je mets la télé, Je fais la cuisine. Des fois, je vais voir ma copine à côté, Et voilà ! Katia KAMMERER, Angèle SUR ADAPEI du Bas-Rhin, ESAT Benfeld 256 Il était une fois, en 1630, à la cour d’Anne d’Autriche, une jeune fille appelée Jeanne, qui rêvait de découvrir le royaume du chocolat. Un beau matin, elle prit un navire en partance pour la Cordillère des Andes. Après un début paisible, la traversée devint tourmentée. De grosses vagues agitaient le navire qui se mit à tanguer dangereusement et s’enfonça doucement dans la mer déchaînée. Jeanne et l’équipage étaient sur le pont. Elle vit au loin un navire marchand qui leur porta secours. Une fois les naufragés secourus, le navire se dirigea vers le port le plus proche. Par chance, c’était le port de leur destination. Jeanne vit un marchand de fèves de cacao ; elle se renseigna pour aller au royaume du chocolat. A l’arrivée, elle rencontra Paolo, le marchand de chocolat chaud. Il lui offrit une coupe de chocolat et lui proposa de lui faire visiter le royaume. Paolo était sous le charme de Jeanne. Ses longs cheveux blonds, bouclés et l’éclat de ses yeux verts l’envoûtaient. Après avoir fait le tour du royaume et dégusté toutes les sortes de chocolat, Paolo invita Jeanne à dîner. Au cours du repas Paolo expliqua à Jeanne la préparation du chocolat, du début de la récolte du fruit du cacaoyer au délicieux breuvage, en passant par le séchage des graines, la réduction en poudre et l’ajout des ingrédients : miel, vanille, piment, poivre, cannelle. Paolo et Jeanne décidèrent de retourner en Europe pour faire découvrir le plaisir du chocolat au peuple. Hava ARAMA, Jules B., Tania C., Joël K. ReFormE, Lingolsheim 257 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES COLLECTIFS Le travail à la maison Après le petit déjeuner, il faut déjà commencer à laver. Le travail idéal Tous les jours, je fais la poussière, Le travail idéal, c’est reporter comme Nicolas Hulot, Parce qu’avec son émission, il voyage dans le monde entier. Et passe la serpillière Je rêve que mon mari et moi Devenions astronautes pour visiter les planètes. Puis je fais la cuisine, J’aimerais que mon mari devienne écrivain, Pour pouvoir lire tout ce qu’il a dans la tête. Le travail idéal c’est président de la république, Parce que même si on est petit tout le monde nous obéit. Le travail idéal c’est professeur de plongée sous-marine, Pour voir l’intérieur de la mer. En grosse quantité comme à l’usine. Après le repas, il faut faire la vaisselle, Pour qu’elle soit belle. Je passe l’aspirateur Le travail idéal c’est capitaine de bateau, Pour voyager sur les océans. Qui fait un bruit de tracteur Le travail idéal c’est chocolatier, Parce qu’il peut manger autant de chocolat qu’il veut. Je lave les habits, Yasmina ABRIKOUS, Ajmone KRASNIQI Centre SocioCulturel Phare de l’Ill, Illkirch-Graffenstaden spaghettis et vache qui rit. Toujours pleins de taches de riz, Je m’occupe du repassage En surveillant mes enfants pas toujours sages. Finalement je vais me coucher, En attendant que commence demain, une nouvelle journée. Songül CAN, Carama GUNDO Centre SocioCulturel Phare de l’Ill, Illkirch-Graffenstaden 258 259 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES COLLECTIFS Petites Annonces Spécialiste du sommeil Vous avez une bonne langue ? Urgent RECHERCHE HOMME OU FEMME AYANT DES CONNAISSANCES EN LANGUE PLANETAIRE. SALAIRE EN CONSEQUENCE ? HORAIRE A DEFINIR TEL. 06/08/08/08/08 Votre avis nous intéresse. Institut d’enquête et de sondage recherche lécheurs de timbres pour participer à une étude. Celle-ci se déroulera à partir du mois de janvier pour plusieurs semaines pendant lesquelles vous testerez des timbres de haute gamme. Boissons fournies pour le re-salivage. Réponse urgente. Educatrice de dormeur professionnel cherche une place pour éduquer des enfants pas trop jeunes et dissipés montrant beaucoup de fatigue. Jeune femme très enthousiaste et très motivée de montrer aux parents le calme qui règne lorsque leurs enfants dorment longtemps. « STOP AU GASPI » Embauche 3 personnes sérieuses, H. ou F. habiles de leurs mains, minutieuses, pour trier et tailler des cure-dents dans des allumettes de RECUPERATION. Personnes non motivées s’abstenir. Annonce N° 3840 Entreprise de récupération et de recyclage de tabac recherche 8 personnes (4 pour le ramassage, 4 pour le recyclage). Jours à convenir, salaire raisonnable. Etre en bonne forme. Souplesse exigée. Non voyant s’abstenir. Ecrire au journal Eplucheuse de bananes Madame, Monsieur, Je sollicite votre bienveillante attention afin de pouvoir vous proposer un emploi digne d’être fait par moi. Auprès des personnes âgées. Les secourir de suite grâce au Bip d’appel au secours. Simple et efficace. Eplucher leur banane, ce qui a sauvé des vies à maintes reprises. Renseignements tous les jours, pour les urgences 06 02 02 02 02 260 Débutants acceptés. Salaire 1000 € net en C.D.I. Entreprise Discret -2 rue du SilenceEn pleine expansion Editeur recherche tourneur de page, motivé, ayant de très bonnes références, expérience souhaitée. Salaire captivant. Recrute F ou H âgé de 18 à 35 ans service médecine du travail, salaire très motivant si capable, avec des oreilles sans fonds et bouchées. Pas sérieux s’abstenir. Téléphone 06.08.08.08.08 Gabrielle BLANCHEGELEY, Michel BLANCHEGELEY, Henry GRIFFRATE, Sylvie HUCHELMANN, Marie PETIT Centre SocioCulturel Val d’Argent, Sainte Marie-aux-Mines 261 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES COLLECTIFS Métier : cuisinier des mots Ingrédients : C’est la vie Il faut travailler et gagner pour vivre Tous les jours on se réveille tôt pour aller au travail on prépare le café, sinon les yeux restent fermés on amène les enfants à l’école on donne à manger aux poules, on parle avec elles et on leur coupe les ailes on arrose les fleurs on coupe les herbes on aide les enfants pour leurs devoirs, on les baigne, on raconte des histoires, on les met au lit, on fait les courses Tous les soirs on discute avec nos maris on regarde les feuilletons d’amour on rêve… Exceptionnel vendredi on écrit des mots, des phrases, on rigole et on s’amuse C’est une petite partie de notre vie Juana CAUTILLO, Galina DIMAURO Association Helios, Guebwiller Une feuille Un stylo Quelques gouttes d’encre Des consonnes, des voyelles Quelques signes de ponctuation Des majuscules, des minuscules Des sourires, de l’amour, de la passion Des épices, des pensées d’ailleurs Recette : Prenez une feuille blanche Munissez-vous d’un stylo Choisissez la couleur Selon votre humeur Mélangez les consonnes et les voyelles De manière à former des mots, En évitant les grumeaux Assemblez-les à votre façon, Avec passion, Aromatisez avec quelques adjectifs Bien choisis, Assaisonnez d’épices et de pensées d’ailleurs, Ponctuez le tout, Selon votre goût, Relisez-vous, puis, Laissez reposer à foison. Vérifiez le temps de cuisson Quand le texte est bon, Lancez l’invitation Pour dévorer sans modération Le récit d’une telle ambition ! Alain D., David H., Hervé L., Eric M., Philippe S., Stéphane S. Atelier d’écriture, Maison Centrale d’Ensisheim 262 263 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 TEXTES COLLECTIFS Les abeilles Interview de Christian, le spécialiste en horticulture, par Eric, Jean-Pierre et Shériff, 3 agents de la Communauté Urbaine de Strasbourg. - Christian, pourquoi les abeilles meurent ? - Parce qu’elles sont contaminées par les produits phytosanitaires. - Qu’appelez-vous produits phytosanitaires ? - Ce sont des produits chimiques destinés à lutter contre les insectes et les maladies des plantes. - Mais qu’est-ce qui provoque la mort des abeilles ? - L’abeille va se poser pour butiner sur les massifs et les arbres fruitiers contaminés par les pesticides. Ensuite, elle retourne dans la ruche contaminer toutes les autres abeilles. - Quand la ruche est-elle détruite ? - Quand la reine meurt, toute la colonie meurt. Parce que la reine pond les larves et les nourrit, elle régularise la vie sociale d’une ruche. - La reine fabrique aussi le miel ? - Non, ce sont les ouvrières qui produisent le miel. - Comment fabrique-t-on le miel ? - Ce sont les abeilles, les butineuses, qui forment une sorte de pâte à partir du pollen. - Pourquoi l’abeille ne meurt-elle pas tout de suite ? - Cela peut arriver. Mais tout dépend de la nocivité et de la quantité de produit et de la résistance de l’abeille. - Alors nous n’aurons plus de miel s’il n’y a pas de changement ? - Oui, il faudrait mettre des amendements écologiques pour sauver l’écosystème. - Pourquoi n’utilise-t-on pas d’autres moyens que les produits chimiques ? - Il existe des luttes écologiques, c'est-à-dire des éléments naturels comme la préparation des sols en utilisant du fumier, des feuilles mortes, des écorces d’arbres, des déchets animaux… - C'est-à-dire ? - C'est-à-dire l’eau, l’air, le sol, les insectes, les animaux et les plantes. Car il ne faut pas oublier que les abeilles permettent la pollinisation et le développement des fruits de l’écosystème. - Pourquoi ne les utilise-t-on pas plus souvent ? C’est une question de coût ? - Oui, mais maintenant, au niveau national, l’utilisation des produits chimiques est interdite, pour protéger les abeilles. - Je ne savais pas que les abeilles pollinisaient les plantes. - Il n’y a pas que les abeilles, il y a aussi les coccinelles, les papillons, les moustiques… enfin, tous les insectes. - Merci Christian, pour toutes ces informations intéressantes. Jean-Pierre CHATELET, Eric FAYARD, Christian MURER, Shériff ReFormE, Lingolsheim 264 265 Annexes « Nous nous forgeons-nous mêmes, Ou bien c’est le temps qui nous forge. Ainsi sommes-nous, Sans cesse changeant… » Maria Banus ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 ANNEXES Index alphabétique des écrivants A A. Zeynep ABOU DALAL Einas ABRIKOUS Yasmina ADAM Nursel ADOLF Nicole ADUYEV Ivan AKARSU Sevinç AKTAS Demet ALAVERGIAN Elena ALIEVA Malika ALLAOUI-MAALEM Zohra ALLENBACH Pierre ARAMA Hava A. Sabrina APFFEL Jérôme ARBIOUENE Djaffar ARBOGAST Alexandre Ayse ASIKOGLU Muhsine ATOUIL Siham AUBERT Elena AYROUMYAN Lydia 20 20 258 - 21 22 22 23 23 - 255 24 - 254 25 254 25 26 26 - 257 27 27 28 29 29 30 - 255 30 31 32 B BA Daouda BAJRAMI Ermira BACHER Marie-Madeleine BALTZER Christiane BAREA José Antonio BARRAHOU Salima BARTH François B. Aziz BECHU Gaëlle BECKER Anne BEEJADHUR Héléna BEHR William BEKRAR Hemama BENYOUB Mohamed BLANCHEGELEY Gabrielle BLANCHEGELEY Michel BOCU Selma 268 34 34 35 36 37 37 38 40 40 41 41 42 44 44 45 - 260 260 46 BOCU Sule BOIDOT Brigitte BONANI Sandra BONGEOT-MINET Corinne BOUKRAA Sabiha BRAHMIA Aldjia BRAND Denis BRINGOLF Jean-Louis B. Jean BUSCH Marie-Elodie BUSSER Frédéric B. Jules 46 47 48 48 49 50 50 51 52 53 54 55 - 257 C CAN Songül C. Tania CAUTILLO Juana CELEBI Gulbeden CELEBI Oznur C. Ciprian CHACON Marie Y. CHANG Kien-Huy C. Gaël CHAOUAHI Noria CHASSAGNOL Jean-Pierre CHATELET Jean-Pierre Christiane C. Rui COCJA Lirije COLBE Nicolas C. Basri C. S. COSKUN Mehmet C. Enrico 58 - 259 59 - 257 59 - 262 60 60 61 62 63 64 64 65 264 66 66 67 68 69 69 255 - 70 70 D DADAEV Magomed DE BERTIN D'AVESNES Lydia DESFORGE Sébastien DIARRA Adama DILBER Aysegul 72 72 73 73 74 DIMAURO Galina D. Jean-Pierre DIMITROVA Boryana DIPPERT Romy D. Ariunjargal D. Alain DOELL-KIEN Béatrice DORSCHNER René D. C. 75 - 262 75 - 250 75 76 76 77 - 263 253 78 78 E E. Marie-Thérèse EL KORCHI Nawal ELMASULU Firat ENGEL Pascal Emma ERREBBOUKH Zoulikha 80 80 81 82 83 84 F FABRE Jennifer Faby FAMILIAR Maria-Angeles F. Didier FISCHER Mariana FARIS Mimouna FAYARD Eric FELDKIRCHNER Gweltaz FERRAOUN Zoubida FERREIRA Lidiane FIEFFEL Oum Kaltoum F. Thomas Fillette FIRAT Kemal F. Cathie FONTENAU Bruno FUSS Cindy F. Mohamed 86 87 - 252 87 88 89 90 264 91 91 92 92 93 - 250 94 96 96 - 252 97 98 98 G G. Saïd GADALLA Demiana 111 100 G. Arnaud GANGLOFF Eric GASSER Florence G. Olivier GENG Chantal GENTILUOMO Antoine GENTILUOMO Santina GEORGENTHUM Guillaume GEYER Christophe GRIEBEL Fernand GRIFFRATE Henry GRIOUANI Fatiha GUNDO Camara 101 102 103 103 104 105 105 106 107 108 109 - 260 110 108 - 259 H HAMMANN Christian Hassan HASSELMANN Lyudmila HEINI Christian HEITZ Vanessa HICHRI Nadia H. Adrien HILL Nadine H. Sébastien HOUSSEIN Marguerite HUCHELMANN Sylvie H. David Heck H. Seppy H. Erica 114 115 115 116 117 117 118 119 119 121 121 - 260 120 - 263 122 122 253 I ISIK Gullu ILHAN Meral 124 124 J JENOUVRIER Raphaël JOERGER Patrick Joël JOOS Martine Josiane 126 126 127 127 128 - 252 269 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 ANNEXES K Kameta KALI Suela KAMMERER Katia KARA Sevda KARADUMAN Güzel KHASSINOVA Elisa KHIREDDINE Zohra KIEFFER Jean-Marc KLEIN Sonia KNAUER Nadège KÖSE Filiz KOZANAK Özgul KRAEMER Magali K. Noura KRASNIQI Ajmone K. Anna K. Joël L LEITHEIM Philippe LENOBLE Ravy LEROY Aurore LEVY Yves LINDECKER Mickaël LOEFFLER Aline LOTTE Laëtitia LOUYOT Emmanuelle Lucas LOVITON Alla LUANGPRASEUTH Somdeth LUDWIG Blandine LUTZ Stéphanie LUX Alysson L. Laëtitia L. Hervé M M. Gabrielle Mami Bloue MARINEAC Tetyana MARSEILLE Marie-Rose M. Grazyna MAZZOTTA Sylvia MAZZOTTA Frédéric MEFAREDJ Amira 270 130 130 256 131 131 132 132 132 133 133 251 134 135 135 136 - 258 255 257 138 139 140 141 141 142 143 144 144 145 146 147 148 149 149 150 - 263 152 152 153 154 154 155 155 156 MENECEUR Nassima MENNADI Nafissa MERKEL Christopher MEYER Antoine MEYER Jordan M. Eric MIHAI Cristina MONTEIRO Dina MOUTTOU Noël MULLER Alexandra MULLER Sébastien MURER Christian N NABEIH FAKHORI Amani NAVARATNAM Mary-Agnès NIASSY Jean-Luc NIEDERGANG Renée NG Zeynep N. C. NIEMCZEWSKI Wotciech O O. Mary OBERNESSER Catherine OSTER Charlotte ÖZGÜN Fatma O. John O. Sabri P PARADIS Audrey PATCHGUINA Elena PARMENTIER Cédric Patio PAYAT Filiz P. Jean-Yves PELLIZZONI Alain PEN Ly P. Jimmy PEREA Alexandre PETIT Marie POMMIEZ Patrice P. B. Samuel POZDEEVA Sacita 156 157 157 158 158 159 - 263 160 161 161 162 163 164 - 264 166 166 167 167 170 171 178 174 175 175 176 176 250 178 178 179 180 181 181 182 184 184 185 185 - 260 186 187 188 R REINLING Valérie REXHEPI Naser R. Michel RIBEYRON Nicolas R. Jonathan RO’CH Myriam ROTHENBACHER Stéphane ROUSTOM Ghayas S SAFARI Aziza SAGLAMER Cahide SANIER Vladimir SCHMICH Antoine SCHMIDT Khedidja SCHMITT Marie-Claude SCHNITZLER Julien SCHNORR Simone Shériff SCHUB Olga S. Gisèle S. Isabelle S. Magali SHAO Qindi SHPATOLLAJ Lifa S. Philippe S. Stéphane S. R. Aicha SOLE MANA David SOLTANI Reihaneh S. Bertrand S. Marie-Louise SUR Angèle T Tafouya TAHERALY Zamzambanou T. Alexandre TEDESCO Nadia TEKIN Sevgi THALMANN Sabrina Touroute TOZLU Sukran TRUONG Dieu Chi TURHAN Ayse Talip 190 191 191 192 193 194 195 196 198 199 199 200 201 202 202 203 203 - 264 204 205 205 206 207 208 208 - 263 209 - 263 210 210 211 250 250 256 214 214 215 216 217 217 218 - 252 255 219 219 220 U UHLEN Laurent UNGER Valérie URRIETA Clemente V VINZIA William VUKOVIC Ivan V. G. V. Fabrice W W. B. WACHENHEIM Laura WAGEMANN Marie W. Sophie WAHYIANE Chomicha WEBER Mélanie WETTLING Valérie WIRRMANN Irène W. Eric X XAVIER Luanda Y YAHYAEI Golmoune YUKSEL Hatice YILMAZ Sultan Z ZADORINA Elena ZAGALA Carole ZAYANI Fatima ZAGHBANI Raouda ZANUTTINI Astrid ZIMMER Lionel ZORN Estelle 222 223 223 226 227 227 228 230 230 231 232 232 - 254 233 234 234 250 236 240 241 251 244 245 245 246 246 247 247 271 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 ANNEXES Textes « Coups de cœur » Écriture débutante Écriture en construction Écriture confirmée Écriture collective Marie-Angeles FAMILIAR Einas ABOU DALAL Michel BLANCHEGELEY Association Helios, Guebwiller Plurielles, Strasbourg « Ma jeunesse et mon cœur » Alain D., David H., Eric M., Hervé L., Philippe S., Stéphane S. Fillette Brigitte BOIDOT Centre social et culturel Val d’Argent, Sainte-Marie-aux-Mines « Travail de vannier » « La maison rouge » Association Lupovino, Strasbourg L’Atelier, Sélestat Faby Chantal GENG Mimouna FARIS « Les dix commandements du patron modèle » « Je suis une femme un peu différente… » « Monsieur travail » Association Lupovino, Strasbourg Foyer d’Accueil Spécialisé G. Stricker, Bischwiller Centre Social et Familial Victor Hugo, Strasbourg Laëtitia L. Thomas F. « Recette pour construire la Maison du Bonheur » « Mon alphabet évolutif à moi… » « L’amour - la nourriture de la vie » Atelier d’écriture, Maison Centrale d’Ensisheim Eric M. « Luth » Atelier d’écriture, Maison Centrale d’Ensisheim Hôpital de jour, Haguenau La SAJH, Strasbourg Qindi SHAO « Métier : cuisinier des mots » David H. « Remonter ses manches » Marie PETIT « Mamy Marguerite » Atelier d’écriture, Maison Centrale d’Ensisheim Centre social et culturel Val d’Argent, Sainte-Marie-aux-Mines Gullü ISIK Ghayas ROUSTOM « Sans salaire » Centre Social et Familial Victor Hugo, Strasbourg Centre Social et Familial Victor Hugo, Strasbourg Astrid ZANUTTINI Association Adèle de Glaubitz, ESAT Saint-André, Cernay Association Contact et Promotion, Strasbourg Cristina MIHAI « L’enfance perdue » Association Contact et Promotion, Strasbourg Vladimir SANIER « La couleur rouge » « Goutte à goutte, l’eau creuse la pierre » Proverbe Français Centre SocioCulturel Montagne Verte, Strasbourg 272 273 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 ANNEXES Membres du Comité de lecture régional Martin ADAMIEC Comédien Isabelle FOREAU Ecrivain-biographe, ateliers d’écriture, L’être en lettres Nassiba GOZLAN Déléguée aux Relations Territoriales Bas Rhin, Délégation Régionale du Groupe La Poste Marie-Hélène HELLERINGER Coordinatrice Pôle Livre, Association Tôt ou t’art Caroline KERLAN Professeur de français, Lycée Emile Mathis Arnaud KERN Responsable de formation, CUS Muriel MARSEGLIA Coordinatrice, APP de Strasbourg Lingolsheim Corinne PAULUS Animatrice ateliers d’écriture, Maison d’arrêt de Mulhouse Carine PERON Coordinatrice secteur famille et adulte, Centre socio-culturel Sainte Marie aux Mines 274 275 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 ANNEXES Organismes participant au Plaisir d’écrire 2010 et animateurs d’ateliers d’écriture ADAPEI du Bas Rhin Association Espoir Département d'Intégration Sociale et Professionnelle 24 rue du Château 67380 Lingolsheim 78a avenue de la République 68000 Colmar Isabelle CLAUS Association HELIOS APP Re.Form.E Maison des associations 1 rue de la République 68500 Guebwiller 6 rue des Francs-Bourgeois 67000 Strasbourg Monique GAZAGNES-SITTLER Françoise ABELA-KELLER Marie-Christine BURGER Annette FISCHER Françoise GRAILHE Mariette HOSSENLOP Association Adèle de Glaubitz ESAT Saint-André Association L’Atelier Etablissement et Service d’Aide par le Travail 43 route d’Aspach 68702 Cernay Sylviane FERNBACH Association Contact et Promotion 22 place Flaubert 67200 Strasbourg Bernadette ROUSSEL Association GEM - AUBE Groupe d’entraide Mutuelle Aide et Union aux Blessés de l’Existence 42 rue de la première armée 67000 Strasbourg Babette REZICINER 276 Marguerite RODENSTEIN Ateliers de redynamisation Ateliers de Développement des Compétences 2 rue de la Brigade Alsace Lorraine 67600 Sélestat Cécile FORTUNE Association LUPOVINO LUtte POur une VIe NOrmale 45 rue de l’Aéropostale 67100 Strasbourg Anne HERIN Association Parole et Soleil 39 rue Gambetta 68400 Riedisheim Anne LAYANI Marie-Françoise TESTA Association Trampoline 1 chemin de Dorlisheim 67120 Molsheim Denise BOTTEMER Anne-Marie BURGER Sylvianne COUTELLE Michèle GENEVAUX Catherine GILLMANN Dany GOUDAIN Dany SCHITTER Marthe TOURNOU Association Tremplins 2 rue Saint Léonard 67600 Sélestat Yéni KAYA Association Foyer Notre Dame CADA Nord Centre d'Accueil de Demandeurs d'Asile 4 rue des Alpes 67205 Oberhausbergen Anne-Marie SIRNA Centre de Réadaptation 57 rue Albert Camus 68200 Mulhouse Centre Social et Familial Victor Hugo 4 rue Victor Hugo 67306 Strasbourg-Schiltigheim Habiba AALA Déborah BABILON Fabienne HELFER Centre SocioCulturel Camille Claus - JSK 41 rue Virgile 67200 Strasbourg-Koenigshoffen Anne BIRGY Centre SocioCulturel du Phare de l'Ill 29, rue du Général Libermann 67400 Illkirch-Graffenstaden Laure COULIBALY Danielle KEMPF Centre SocioCulturel du Val d’Argent 1 carrefour de Ribeauvillé 68160 Sainte Marie-aux-Mines Nathalie ROUSSEL Bénédicte KEIFLIN Centre SocioCulturel Montagne Verte CPCV Est 1 quai Flassmatt 67200 Strasbourg 13 rue de la République 67800 Hoenheim Isabelle MAZY Centre Social AFSCO Association Familiale et Sociale « Les Côteaux » 10, rue Pierre Loti 68200 Mulhouse Laure FIMBEL Fabienne HELFER Mina CANTARINI Habiba AALA Centre SocioCulturel Victor Schoelcher 56 rue du Rieth 67200 Strasbourg-Cronenbourg Christine DAVIDSON Christine RAKIC 277 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 ANNEXES CREAFOP Mulhouse-Strasbourg Hôpital de jour de Molsheim Conseil Recherche Evaluation Actions de Formation et d’Orientation Professionnelle 1 rue Thiers 90000 Belfort 11 rue Schweissguth 67120 Molsheim Mouloud BESBISS IMPRO La Ganzau ESAT Soultz Papillons Blancs Institut Médico Professionnel de la Ganzau 118, rue de la Ganzau 67100 Strasbourg Etablissement et Services d’Aide pour le Travail 32, route d'Issenheim 68360 Soultz Bernard HABERER Karine THOMAS ESAT Saint-André, Les Ateliers du Steinkreuz 1 Faubourg des Vosges 68920 Wintzenheim Danielle DIDIER Foyer d’Accueil Spécialisé G. Sticker Fondation protestante Sonnenhof Bernard LECAILLON Odile PONET Sonia RÊTE Maison Centrale d’Ensisheim 49 rue de la 1ère Armée 68190 Ensisheim Hélène TRZEBIATOWSKI Plurielles 1 boulevard de Nancy 67000 Strasbourg Anne LAYANI Marie-Françoise TESTA ReFormE 22, rue Oberhoffen 67240 Bischwiller 7 Bis rue des Prés 67380 Lingolsheim Delphine KADA Véronique PENOT Marie-Claude QUENNEDEY Route Nouvelle Alsace GIP FI Gestion Initiatives Professionnelles Formations Individualisées 12, rue d'Altkirch 67100 Strasbourg Rachida LOUALI Nathalie L'HOMMEDET SAJH - Strasbourg 4 Place Schumann 67500 Haguenau Structure d'Activités de Jour et d'Hébergement (AAPEI) 5, rue Jean Monnet 67300 Schiltigheim Christine BOUCHER Anne SCHORCH Christine BAUDOIN Marie-Christine STREICHER Hôpital de jour de Haguenau 278 SIMOT - Service d'Insertion en Milieu Ordinaire de Travail 7 allée du Maire Knoll 67600 Sélestat Remerciements à Martin Adamiec pour sa créativité et son enthousiasme dans la mise en voix des textes coups de cœur à Emmanuelle Amann et Marie Van Gysel pour avoir fait découvrir la typographie à des participants du Plaisir d’écrire, pour leur réactivité et leur inventivité dans la production des visuels à Jacques Goorma pour son engagement et son appui régulier depuis l’origine du Plaisir d’écrire à Nassiba Gozlan et au groupe La Poste en faveur de leur engagement prolongé dans la durée et l’appui vers une communication élargie à Anne-Marie Nicole et Solange Désert pour tout le travail de suivi essentiel qu’elles ont fourni autour du Plaisir d’écrire, pour leurs qualités d’organisation, de rigueur et de synthèse, pour leur disponibilité à l’équipe du service des musées de la ville de Strasbourg pour l’engagement et le soutien organisationnel de la cérémonie à l’équipe de Tôt ou T’art pour leur engagement à nos côtés lors de l’organisation de la cérémonie, pour leur dynamisme et le fait qu’ils soient porteurs d’idées et de grands projets aux membres du comité de lecture pour leur implication dans ce projet, leurs échanges enthousiastes et animés 279 ■ LE PLAISIR D’ÉCRIRE ALSACE 2010 CRAPT CARRLI / GIP FCIP Alsace Centre Régional d’Appui Pédagogique et Technique Centre d’Appui et de Ressources Régional de Lutte contre l’Illettrisme 4, rue de Sarrelouis 67000 Strasbourg Personnes à contacter : Guillaume BAUCHET Coordinateur du centre de ressources Tél. 03 88 23 83 22 Courriel : [email protected] Cynthia WOLF Lutte contre l’illettrisme, développement des compétences de base Tél. 03 88 23 83 25 Courriel : [email protected] Danielle RYBIENIK et Patricia LEJEUNE Coordination du Plaisir d’écrire, appui au réseau linguistique et aux nouveaux formateurs Tél. 03 90 23 53 60 Courriel : [email protected] Direction de la publication Élisabeth ESCHENLOHR GIP FCIP Alsace Suivi de la publication Guillaume BAUCHET, Danielle RYBIENIK, Patricia LEJEUNE CRAPT CARRLI / GIP FCIP Alsace Atelier Typographique Papier Gâchette Création graphique, mise en page arborescence Impression Valblor Dépôt légal : 3e trimestre 2010 n° ISBN 13 : 978-2-9522209-3-4 © GIP FCIP Alsace 280