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Les femmes ménopausées sont-elles des femmes sèches ? Sylvain Mimoun Gynécologue et Psychiatre Diplôme Universitaire de Gynécologie Psychosomatique Faculté de Médecine Lariboisière Saint-Louis, Paris 7 Sécheresse vaginale Epidémiologie Symptômes de sécheresse vaginale 25% des femmes en pré-ménopause 30% à 55% des femmes en post-ménopause (1,2,3) Sécheresse vaginale sous THS : 40% des femmes(3) (1) Mac Bride et al. Vulvovaginal atrophy. Mayo Clin Proc. 2010 Jan;85(1):87-94 (2) Grady D. Management of menopausal symptoms. N Engl j Med 2006; 355; 22 (3) Johnston SJ. et al. The detection and management of vaginal atrophy (SOGC clinical practice guidelines) J Obstet Gynaecol Can 2004;26 (5): 503-8 Sécheresse vaginale Autres données épidémiologiques : Les dyspareunies • Concernent toutes les femmes • Avec une fréquence variable, selon l’âge à 20% 10% 20 ans 32% 30-40 ans % de femmes présentant des dyspareunies régulières ou fréquentes 41% 50 ans : Péri et post-ménopause La sécheresse Perception subjective de la patiente, le plus souvent corrélée à un aspect pâle et atrophique de la muqueuse vulvaire et vaginale, une perte de l’élasticité, des sécrétions vaginales faibles lors de l’examen gynécologique La lubrification vaginale La femme n’a pas toujours une conscience exacte de son niveau de lubrification, les femmes vont plutôt se plaindre d’inconfort vulvo-vaginale chronique. La lubrification vaginale Pour qu’un rapport sexuel se passe bien il faut du côté de la femme une bonne écologie vaginale, c’est-à-dire des glandes endocervicales, des glandes vulvaires (Bartholin, Skene…), de la transsudation du plexus veineux antérieur La lubrification vaginale • il faut aussi tenir compte de l’excitation sexuelle féminine qui comporte : • - Une composante subjective avec pensées érotiques, fantasmes, sensations de « chaud », fourmillements… • - Une composante physique dont la principale manifestation est la lubrification vaginale La lubrification vaginale C’est une des composantes physiques de l’excitation féminine, avec la tumescence clitoridienne, et la vasodilatation responsable de la transsudation créant la lubrification : principal moteur de la lubrification lors des rapports sexuels La lubrification vaginale Rappelons que la lubrification résulte d'une transsudation à travers les parois de la muqueuse vaginale, à partir de la stimulation érotique physique ou psychique. Il s'agit en fait d'un processus vaso-congestif intéressant le plexus veineux, péri-vaginaux, périutérins. La lubrification vaginale Le phénomène d’hydratation et surtout de lubrification vaginale dépend de conditions physiologiques adéquates mais aussi et en même temps, d'un contexte psychologique favorable, c'est à dire un contexte qui permette une détente et un laisser-aller, tout en autorisant une stimulation érotique suffisante. La lubrification vaginale • Si ces conditions font défaut, la lubrification sera insuffisante ou absente et de ce fait la qualité de la réponse sexuelle sera altérée et peut engendrer inquiétude, frustration, sentiment d'échec, appréhension vis à vis des rapports ultérieurs, et des douleurs. • Enfin, n'oublions pas qu'un certain nombre de frustrations sexuelles féminines sont induites par un trouble sexuel masculin comme l'éjaculation prématurée ou les troubles de l'érection par exemple. La lubrification vaginale • Le soignant devra d’abord : détecter le problème, oser poser la question, préciser la gêne (occasionnelle, systématique, intensité des douleurs) et expliquer le phénomène de la lubrification • Enfin il faudrait donner des repères aux femmes ménopausées: la ménopause n’est pas un couperet. Faire le parallèle avec une panne d’érection chez l’homme= ce n’est pas la fin de sa sexualité! La lubrification vaginale • La majorité des femmes ménopausées conservent leur capacité de réponse génitale si la stimulation sexuelle est suffisante • Insistons sur le versant émotionnel: une faible lubrification n’est pas forcément une gêne si le plaisir est là • Le rôle du partenaire (désirant ou non, ou avec ses éventuelles propres difficultés…). Les préliminaires doivent être suffisamment longs et efficaces (20 minutes?), faire l’amour régulièrement entretient la cascade de réactions nécessaires à une bonne lubrification, le partenaire peut ne pas accepter les traitements locaux, comme la femme peut refuser une érection « chimique » La lubrification vaginale • Les prescriptions peuvent être des aides pour sortir de l’impasse. Elles doivent toujours être accompagnées d’une explication physiologique et d’une prise en compte psychologique • Les estrogènes locaux (trophigil, trophycrème, colpotrophine, Gydrelle, ou par voie générale) ont une action lente, parfois mal tolérés, parfois contre indiqués. • Les traitements non hormonaux (vendus sans ordonnance) par voie locale geliophyl, cicatridine, replens, ou par voie orale: Menophytea hydratation intime, donalis, voire Ménophythéa désir… • Les lubrifiants aqueux et hydratants Monasens, Mucogyn, Saugella gel,… Etiologie • Tabac • Hypersensibilité aux cosmétiques locaux – Douches , savons ,détergents, déodorants parfums • Arrét d’activité sexuelle Physiologie • La paroi vaginale est plissée et répond cycliquement aux variations hormonales • Pas de glandes • Lubrification : transudation à partir des vaisseaux sanguins et origine endocervicale + glandes de Bartholin 1. Anatomie du vagin & physiologie de la lubrification • 3 actions conjuguées : • • Sécrétion onctueuse et blanchâtre des cellules de la muqueuse vaginale Glaire cervicale Production des glandes de Bartholin (à l’entrée du vagin) et des glandes de Skène (autour de l’urètre) pendant l’acte sexuel Sous dépendance hormonale, en particulier des estrogènes Flore vaginale protectrice, maintenant un pH acide 2. Sécheresse vaginale Définition: Humidification insuffisante de la paroi vaginale Conséquences : Irritations Sensation d’inconfort Dyspareunies Démangeaison Une affection complexe dans son expression et sa prise en charge Première difficulté : confusion fréquente entre lubrification et humidification vaginale erreurs de comportement des femmes et parfois des médecins. Sécheresse vaginale Cause principale de la sécheresse : Carence estrogénique Ménopause naturelle Ménopause artificielle : - Hystérectomie - Radiothérapie et/ou chimiothérapie anticancéreuses Une prise en charge souvent tardive (1) Les plaintes peuvent aller du simple inconfort jusqu’à une véritable obsession. Elles dépendent du stade d’atrophie vaginale, du seuil de tolérance des symptômes. Lors des premiers signes de sécheresse vaginale – souvent hygiène excessif – automédication : lubrifiants qui vont soulager temporairement avec perte de la spontanéité des rapports sexuels – consultation tardive Ce qui amène les femmes à consulter La motivation amoureuse est une raison de consultation beaucoup plus fréquente que l’âge Mais Certaines femmes vont attribuer leurs symptômes à la baisse de leur propre désir alors que c’est souvent le phénomène physiologique qui entraîne la baisse du désir D’autres femmes peuvent ne pas consulter pendant des mois et supporter des symptômes qu’elles diront pourtant gênants puis venir consulter parce qu’elles ont rencontré un partenaire Un traitement de fond indispensable à l’équilibre psychosomatique des femmes • Dès les premiers symptômes, il est important de prescrire, le traitement de fond – Hydratant de référence = un gel à base de polycarbophile – Rééquilibre progressif de l’humidification de la cavité vaginale et restaurer sa trophicité. Les différents traitements Utilisation pratique • Traitements locaux non hormonaux : - pas de contre-indications - utilisables avec THS - posologie (donc praticité d’utilisation) variable : 1/J à 3/sem. - Non remboursés Traitements locaux hormonaux : - contre-indications : tumeurs malignes du sein et de l’utérus, métrorragies, accidents thrombo-emboliques veineux avec THS - posologie : 1 à 2/J pendant 20 J par mois - remboursés à 35% Que peut faire le soignant? • 1) détecter le problème, oser poser la question, faire cesser les éventuelles automédications contre une « mycose » par exemple. • 2) préciser la gêne (occasionnelle, systématique, intensité des douleurs) • 3) expliquer le phénomène de la lubrification • 4) Donner des repères aux femme concernées: Faire le parallèle avec une panne d’érection chez l’homme= ce n’est pas la fin de sa sexualité! • 5) La majorité des femmes ménopausées par exemple, conservent leur capacité de réponse génitale si la stimulation sexuelle est suffisante • 6) insister sur le versant émotionnel: une faible lubrification n’est pas forcément une gêne si l’excitation est là Replacer le problème à sa juste place • Tout est fonction de la trajectoire du couple. • Si la sexualité a été épanouie auparavant traiter le problème de la lubrification permet qu’elle reprenne son envol • Ne pas minimiser le phénomène • Rôle du partenaire (désirant ou non, ses propres difficultés…) Conseils pratiques • 1) les préliminaires doivent être suffisamment longs et efficaces (20 minutes?) • 2) faire l’amour régulièrement entretient la cascade de réactions nécessaires à une bonne lubrification • 3) le partenaire peut ne pas accepter les traitements locaux, comme la femme peut refuser une érection « chimique » 4 catégories de prescriptions • Les oestrogènes: locaux ou par voie générale • Les traitement pour traiter la sécheresse vaginale ou réquilibrer la flore vaginale: par voie locale replens, cicatridine, ou par voie orale: Menophythea hydratation intime • Les lubrifiants au moment des rapports: monasens, Mucogyn, Saugella gel, sensilube, • Les conseils en ce qui concerne la sexualité: préliminaires plus longs, rapports réguliers, apprendre à se détendre (hypnose, relaxation) conclusion • Il est nécessaire que la femme comprenne la physiologie • Le soignant doit la guider pour qu’elle puisse s’approprier le traitement • Le produit peut être porteur d'un soutien qui va aider à la guérison.