b) L`affacturage

Transcription

b) L`affacturage
199
2. L’Affacturage
Toute entreprise , dès lors qu'elle ne réalise la totalité de ses ventes au comptant est confrontée
à un ensemble de contraintes à la gestion des comptes clients. Ces contraintes sont : la
prévention des risques; la gestion des comptes clients; le recouvrement et l'encaissement des
créances; le financement du poste client.
Ces dernières années certains phénomènes ont fait plus particulièrement prendre conscience
aux entreprises de l'importance à accorder à leur poste clients :
- la recrudescence des dépôts de bilan a rendu l'entreprise plus exposée aux risques
d'impayés. Rappelons que plus d'un dépôt de bilan sur 5 est dû à la défaillance d'un client. De
plus, ces défaillances sont de moins en moins prévisibles : selon FactoFrance Heller (FFH), 70
% des impayés graves proviennent de clients réguliers;
- la longueur des délais de paiement en France accentue le risque : toujours selon FFH, le
pourcentage de chance de recouvrement d'une créance est réduit de 25 %, 6 mois après
l'échéance.
- l'importance du poste clients d'une entreprise : les comptes clients d'une entreprise peuvent
représenter jusqu'à 35 voire 40 % du total de l'actif, ce qui nécessite souvent un
financement bancaire à court terme.
De plus, une entreprise assure généralement ses immobilisations et son matériel, qui
représentent 15 à 20 % de son actif et n'assure que très rarement son poste clients.
L'assurance-crédit, l'utilisation de sociétés de renseignements de notoriété, de cabinets de
recouvrement peuvent apporter des solutions efficaces mais celles-ci restent fragmentaires.
L'affacturage s'est alors imposé comme une réponse globale à ces problèmes.
2.1. Historique
L'affacturage n'est pas une création du monde financier moderne puisqu'il trouve ses origines
dans l'Antiquité romaine et fut développé pendant le Moyen Âge. Le "facteur" était alors un
commerçant itinérant auquel on confiait des marchandises destinées à être vendues. Au XVIIè
siècle, avec le développement des nouvelles colonies, les "facteurs" devinrent plus nombreux,
en particulier en Grande-Bretagne, où fut créée, à Londres, la maison des factors (House of
factors). Ils acquirent un statut de dépositaires et assumèrent, dès lors, les risques de nonpaiement et financèrent par des prêts et des avances les marchandises de leurs commettants.
L'affacturage se développa réellement, dans sa forme moderne, à la fin du siècle dernier, aux
États-Unis
où
développement
disparition
naissent
les
premières
considérable
progressive
du
des
rôle
de
Elle
spécialisée,
la
voit
le
Société
jour
en
Europe
France,
Française
de
communications
dépositaire
technique de financement réapparut en
Bretagne.
sociétés
de
en
au
factoring
que
profit
Factoring
connaît
de
seulement
1964,
la
le
début
création
Le
XXè
fonction
la
:
secteur
le
seule
au
avec
(SFF)
dans
des
groupe
constitué à l'initiative d'un important factor des États-Unis recherchait
la
textile.
siècle
amena
financière.
années
de
du
60,
en
première
International
en
France
un
Le
la
Cette
Grandesociété
Factors,
partenaire
200
susceptible
d'offrir,
à
des
fournisseurs
étrangers,
une
garantie
sur
des
importateurs
français
et
capable de gérer et recouvrer les créances correspondantes.
Cette
intervention
limitée
aux
opérations
de
commerce
international
s'est
immédiatement
étendue au domaine national et, aujourd'hui, cette technique qui avait été conçue pour faciliter
les échanges internationaux, a pour champ d'application principal le marché domestique.
A l'origine, les difficultés n'ont pas manqué :
• Difficultés d'ordre juridique
L'économie du contrat imposait la recherche d'une technique juridique permettant le transfert
au factor des créances de son adhérent. Mais pour répondre aux nécessités commerciales, ce
transfert devait être simple et peu onéreux. La cession des créances était inadaptée en raison
des formalités exigées par l'article 1690 du Code Civil, à savoir la signification par acte
extrajudiciaire dont le coût et la lenteur auraient privé l'opération de tout intérêt.
Les juristes qui se sont penchés, à l'époque, sur le problème du factoring pour lui trouver un
fondement juridique, l'ont élégamment résolu par l'adoption de la technique de la "subrogation
conventionnelle" (articles 1249 et suivants du Code Civil). Une jurisprudence unanime a
consacré la justesse de leur construction.
• Difficultés d'ordre économique ou concurrentiel
- D'une part, avec l'escompte commercial qui jouait et joue toujours un rôle que l'on ne peut
lui contester en matière de financement des créances.
- D'autre part, dès 1981, avec la procédure de cession des créances dite "Loi Dailly" qui devait
apporter la solution au problème du financement à court terme. Devant les risques encourus,
les banquiers après avoir largement utilisé la loi Dailly ont ralenti son usage.
• Difficultés d'ordre psychologique
Les
chefs
d'entreprises
considérée
comme
une
petites
et
preuve
de
moyennes
mauvaise
craignaient
santé
que
financière
l'intervention
ou
encore
du
que
factor
cette
ne
soit
intervention
soit faite sans ménagement vis-à-vis de la clientèle. Aujourd'hui ces préjugés sont effacés.
2.2. Définition
L'opération d'affacturage consiste en un transfert de créances commerciales (dès leur naissance,
domestiques ou export) de leur titulaire à un
et
qui
en
débiteur.
garantit
Le
la
factor
bonne
peut
fin,
même
régler
par
en
factor
cas
de
anticipation
qui
se
charge
défaillance
tout
ou
d'en
opérer
momentanée
partie
du
le
ou
recouvrement
permanente
montant
des
du
créances
transférées.
Telle est la définition qu'en donne la Banque de France qui poursuit : l'affacturage est donc à la
fois
un
procédé
de
recouvrement,
une
un moyen de financement des créances.
technique
de
garantie
des
risques
et
-
éventuellement
-
201
Le factor propose donc à ses clients (appelés "adhérents") ces trois services conjointement
(affacturage traditionnel) ou sélectivement (affacturage "à la carte" - 2 modules minimum) en
fonction de leurs besoins propres.
L'affacturage est une technique de gestion de bas de bilan assortie de variantes de produits
adjacents: "c'est un package modulable, qui répond aux besoins exprimés par les entreprises
en fonction de leur demande".
Ph. Pencrec'h et Alfred Allouche - Slifac (groupe Crédit Lyonnais)
2.3. Les différentes formes de contrat
a) Examinons les services d'affacturage traditionnel proposés par les sociétés françaises:
n La garantie des créances commerciales
L'évolution
du
nombre
de
défaillances
d'entreprises
ces
dernières
années
fait
de
la
garantie
insolvabilité un service particulièrement d'actualité.
• Avant la vente : la prévention
Le
factor
procède
aux
enquêtes
indispensables
sur
la
moralité
et
la
surface
financière
(solvabilité) de tout nouveau client et permet ainsi la sélection rapide de la clientèle. Il est alors
possible
pour
pour
chacun
le
des
factor
de
clients,
donner
la
son
gestion
approbation
portant
sur
la
en
fixant
totalité
des
l'encours
de
crédit
qu'il
créances.
L'entreprise
garantit
peut
alors
en toute sécurité entraîner sa négociation commerciale auprès du client.
• Après la vente : la surveillance et la garantie à 100 %
Le
factor
adhérent
exerce
(en
une
surveillance
interrogeant
ses
permanente
sources
de
privilégiées
/
la
qualité
cf.
encart
du
portefeuille
ci-dessous)
et
clients
de
l'informe
son
aussitôt
de toute évolution constatée dans la situation financière de la clientèle.
FactoFrance
une
cote
point,
dans
de
qui
la
Heller
crédit
permet
limite
(Groupe
est
de
d'un
Heller)
attribuée
donner
montant
à
une
dispose
chacune
réponse
maximal
de
d'un
d'entre
fichier
elles
instantanée
250.000
et
par
francs,
de
un
plus
Minitel
dès
d'1,8
système
lors
à
une
que
millions
de
le
d'entreprises;
scoring
a
demande
débiteur
été
de
mis
au
garantie,
existe
dans
le
fichier de base. Par ailleurs, en tant que sociétés financières, les factors ont accès en temps réel
au fichier central de la Banque de France.
Cofacrédit,
TOM,
la
filiale
seule
du
entité
groupe
française
spécialisée
FactoFrance
Heller
dans
(FFH)
l'affacturage
et
de
la
à
l'export
Coface,
a
et
sur
accès
les
aux
DOM-
450.000
entreprises répertoriées dans le monde par la Coface.
De façon plus modeste mais adaptée à sa spécificité (les PME réalisant en moyenne 20 millions
de francs de chiffre d'affaires), Factorem a constitué son propre fichier de 130.000 entreprises.
Quant
à
la
SFF,
elle
profite
du
fichier
de
plus
de
850.000
entreprises
de
son
principal
202
actionnaire : la SFAC, mais également de ceux du Groupe International Factors dans le monde.
Mais le rôle du factor ne se limite pas à celui d'un département crédit. Son intervention va bien
au-delà car il garantit à 100 % les créances commerciales sur un débiteur défaillant dans la
limite de l'encours qu'il a fixé. Le montant de cette limite peut être réactualisé.
La sécurité du poste clients qu'offre l'affacturage est un élément essentiel pour tout chef
d'entreprise qui entend poursuivre une politique d'expansion et, à cette fin, rechercher une
nouvelle clientèle.
o La gestion des comptes clients
• Les enjeux pour l'entreprise d'une bonne gestion
Cet aspect de la technique de l'affacturage
sa juste valeur. Les comptes clients d'une
n'est
pas
toujours,
entreprise
sont
un
dès
actif
le
au même titre que des stocks ou des immobilisations. Une attention
sur
ces
comptes
l'entreprise.
estime,
de
à
l'âge
dont
Trop
tort,
sont
que
de
l'âge,
souvent
son
plus
but
en
le
ces
est
plus
volume
éléments
atteint
et
la
sont,
lorsqu'il
difficiles
à
rotation
en
a
effet,
et
et
par
vendu.
abord,
qu'il
constante
partie
négligés
fabriqué
récupérer
font
premier
périssable
du
le
Des
l'immobilisation
doit
tableau
chef
en
être
de
portée
bord
qui
résulte
à
protéger
d'entreprise
créances
qui
apprécié
faut
de
qui
prennent
peut
être
lourde de conséquences pour la trésorerie de l'entreprise.
• Le rôle du factor
Les adhérents facturent leurs clients et en adressent un double au factor. Ce dernier prend alors
en charge l'ensemble des opérations consécutives à la facturation :
- l'enregistrement des factures;
- la surveillance des encaissements et leur comptabilisation;
- la détection et l'origine des litiges commerciaux par la relance personnalisée et
systématique des débiteurs en cas de
retard
de
paiement
ou
de
non
retour
des
traites
à
l'acceptation;
-
la
remise
en
amélioration
banque
de
la
des
chèques
rotation
du
et
des
poste
traites
clients
au
jour
par
une
le
jour
permettant
réduction
des
une
délais
d'encaissement;
- si nécessaire, les démarches précontentieuses puis contentieuses de recouvrement
des créances assurées par le factor, offrant une logistique et une force de persuasion
sans commune mesure avec celles des entreprises.
• Les relations commerciales préservées
L'adhérent,
en
confiant
à
un
factor
la
gestion
de
ces
comptes
clients,
garde
cependant
la
maîtrise de ses relations commerciales et reste en contact avec sa clientèle.
Ainsi,
lorsqu'un
litige
intervient
sur
la
réalisation
d'un
contrat
commercial
paiement, le factor en informera son adhérent, pour qu'ils conviennent
prendre pour y remédier.
en
et
direct
en
empêche
des
mesures
le
à
203
p Le financement des créances
Trop
souvent,
financement
l'affacturage
des
créances
a
à
été
court
présenté
terme.
Si
ou
est
cette
apparu
seulement
présomption
est
un
comme
peu
un
hâtive,
moyen
il
n'en
de
reste
pas moins vrai que cet aspect est essentiel pour nombre d'adhérents.
• Financement immédiat
Les créances nées transférées au factor peuvent immédiatement, progressivement ou même à
l'échéance, faire l'objet d'un financement sur simple demande de l'adhérent. Ainsi, la quasitotalité du poste clients peut ainsi être mobilisée sous 48 heures ou à une date choisie par
l'entreprise! En contrepartie, le factor demande le dépôt d'un fonds de garantie (de 5 à 15 % de
l'encours clients) qui reste bloqué jusque la fin du contrat et est naturellement restitué à
l'adhérent. Ce fonds sert de couverture aux montants débiteurs que le factor pourraient subir
(déductions, avoirs, litiges, escompte, double facturation, compensation...).
A la différence du banquier, le factor lorsqu'il finance son client, s'attache davantage à la qualité
des créances qui lui sont transmises qu'à la situation financière de l'entreprise cédante. Les
avances de fonds qu'il consent suivent l'évolution des ventes et ne sont pas plafonnées comme
peuvent l'être une ligne d'escompte ou une autorisation de découvert. Cette particularité est
appréciable pour des sociétés qui connaissent des pointes d'activité saisonnières ou une forte
croissance qu'un banquier, déjà engagé sur d'autres types de crédit, ne saurait raisonnablement
accompagner. L'entreprise est par ailleurs assurée de la permanence des concours du factor.
Celui-ci s'est engagé par contrat à assurer le financement intégral des factures qui lui sont
cédées et il ne peut mettre un terme à ses concours sans respecter le délai de préavis stipulé au
contrat.
• Formes du financement
En France, ce financement se réalise :
-
soit
par
le
factor
seul
qui
remet
alors
un
chèque
à
l'adhérent
ou
effectue
un
virement sur son compte,
- soit par billet à ordre (BAO) émis par le factor à l'échéance moyenne des
créances clients.
Cette
seconde
conserve
signature
la
formule
trésorerie
d'un
permet
de
à
l'adhérent
l'opération.
établissement
En
financier,
de
effet,
peut
préserver
le
ainsi
ses
banquier
en
augmenter
relations
avec
escomptant
le
volume
le
de
son
banquier
BAO
ses
qui
qui
porte
la
encours,
tout
en
pratiqué
par
les
gestion
et
diminuant son risque.
b) L'affacturage "à la carte"
L'affacturage
sociétés
tel
que
françaises
nous
venons
comprenant
de
le
décrire
obligatoirement
est
les
le
old line factoring
trois
aspects
:
garantie,
financement.
Cependant,
à
l'instar
de
ce
qui
existe
aux
États-Unis
et
dans
le
reste
des
pays
européens,
nouvelles façons de pratiquer le factoring sont apparues en France depuis quelques années
de
:
la
crise grevant les budgets de tous, adhérents comme factors, ces derniers ont cherché à tenter
204
les clients potentiels en proposant des produits moins onéreux, des packages modulables ou
contrats "à la carte"; ils s'inscrivent dans l'appellation new line factoring;
Citons les principales formules de contrats :
• Factoring "with recourse" ou sans garantie
Sous
cette
forme,
seuls
les
aspects
gestion
et
financement
sont
conservés.
La
garantie
des
créances n'est pas assurée par le factor qui se réserve la possibilité d'exercer son recours vis-àvis
de
de
la
son
adhérent
clientèle
d'approbation
factures
en
cas
disparaît
pour
d'impayé
et,
avec
chaque
régulièrement
au
client
factor
des
elle,
la
débiteurs.
nécessité
devant
qui
les
être
gère
Cela
pour
factoré.
et
les
implique,
l'adhérent
en
de
L'adhérent,
finance
aux
général,
que
transmettre
en
la
sélection
une
demande
revanche,
conditions
transmet
convenues,
ses
comme
pour le factoring traditionnel.
• "Agency factoring" ou factoring sans gestion
Sous cette appellation, seuls les aspects garantie et financement sont proposés. La gestion des
créances et la tenue des comptes clients sont laissés à l'adhérent. Cela suppose que celui-ci soit
déjà bien équipé sur ce plan et qu'il puisse fournir au factor régulièrement l'état des règlements
enregistrés. Le factor finance les factures à 85 % (voire 100 % parfois) dès leur émission et
garantit le paiement en cas d'insolvabilité du débiteur. Cela implique une grande confiance dans
l'adhérent.
• Contrat "pay as paid" ou sans financement
Ce
contrat
prévoit
gestion
naissance à l'adhérent,
insolvable).
Dans
ce
ne
cas,
et
lui
le
garantie
est
payée
factor
mais
aucun
qu'après
paie
en
lieu
paiement
et
place
carence). Ce type de contrat est souvent retenu par
leur
financement,
mais
qui
confient
à
un
factor
financement.
des
français
par
du
le
créance,
débiteur
débiteur
sociétés
la
La
(à
(après
étrangères
gestion,
le
achetée
moins
un
qu'il
certain
qui
se
dès
ne
sa
soit
délai
de
chargent
de
recouvrement
et
le
suivi
du risque client.
• "Maturity factoring" ou factoring à maturité (sans préfinancement)
Dans
des
cette
formule,
débiteurs.
le
factor
Cependant,
la
gère
les
créance,
comptes
achetée
clients
dès
sa
tout
en
assurant
naissance
à
le
risque
l'adhérent,
ne
d'insolvabilité
lui
payée
qu'à
l'échéance prévue. Il n'existe donc pas de préfinancement, mais éventuellement un financement
entre
la
contrat
date
est
d'échéance
souvent
et
retenu
la
par
date
les
réelle
sociétés
de
paiement
qui
si
souhaitent
cette
dernière
connaître
très
diffère.
Ce
précisément
type
les
de
flux
monétaires pour leur gestion de trésorerie.
N.B: Il faut préciser que certaines sociétés de factoring (Slifac, FMN...) distinguent 4 services :
- la tenue des comptes clients
- le suivi de l'encaissement et le recouvrement
- la garantie du risque de non-paiement
- le financement.
205
Elles proposent donc à leur clients des packages modulables comportant au minimum deux des
quatre services cités.
• Contrat sur mesure ou personnalisé
L'affacturage moderne offre aujourd'hui, nous venons de le voir, une souplesse d'utilisation à
l'entreprise où celle-ci choisit la combinaison des services adaptés à ses besoins. En outre, la
connaissance par le factor des secteurs d'activité lui permet de proposer des contrats "sur
mesure" répondant aux contraintes des différents métiers.
• Contrat d'affacturage partiel
Contrairement
au
contrat
d'affacturage
classique
dans
lequel
le
factor
prend
en
charge
l'intégralité du poste client (affacturage global), cette formule permet de ne gérer qu'une partie
du
chiffre
d'affaires;
dans
le
cas
d'adhérents
de
taille
importante,
on
peut
envisager
de
ne
factorer qu'une division.
Conclusion :
Il faut préciser que la plupart des factors sont réticents à diffuser de tels « produits de crise »,
dangereux pour leur fonds de commerce. Ainsi, par exemple, chez Factorem, 80 % des
contrats sont globaux (old line Factoring).
Factor et Banques : concurrence ou complémentarité ?
Le factor n'est pas un concurrent de la banque. Il ne la remplace pas. Son rôle est
complémentaire.
Les métiers sont différents. Le financement du factor n'est pas globalement plafonné. Il ne
s'apprécie pas selon les critères bancaires classiques - le risque tireur - c'est-à-dire
essentiellement la structure financière de l'entreprise, mais selon la qualité des clients - le risque
tiré dont le factor a une bonne connaissance.
En outre, les factors disposent d'une bonne maîtrise de la créance puisqu'il la gèrent. Aussi
acceptent-ils parfois d'aller là où les banquiers ne le souhaitent pas.
Le banquier escompte les billets émis par le factor. Dans la plupart des cas, les financements se
font par billets à ordre, ce qui laisse à la banque un rôle intact, le volume d'escompte est au
moins égal à celui que pratique le banquier sans l'intervention du factor. Alors qu'escompte et
découvert sont toujours plafonnés, l'escompte des billets à ordre émis par le factor ne l'est pas :
- le risque est nul pour le banquier qui peut augmenter à loisir son encours d'escompte.
- la gestion du banquier est simplifiée : le billet tiré sur le factor regroupe de nombreuses
factures. L'entreprise peut en conséquence négocier de meilleures conditions de financement à
court terme.
- le factor "allège" les bilans et peut faciliter l'octroi de crédits de "haut de bilan", en raison de
la diminution des besoins en Fonds de Roulement.
206
c) L'affacturage International
L’Affacturage international représente encore moins de 7 % du chiffre d’affaires de la
proffessionn. Mais on taux de croissance est nettement plus élevé que celui de l’activité
nationale (37 % sur le seul premier semestre 1994).
Il existe tant pour les ventes domestiques (à partir d’une filiale étrangère) que pour les
exportations. Sant qu’il soit possible de scinder la part du chiffre d’affaires imputable aux deux
segments du marché (les statistiques de l’ASF ne font pas la distinction), il semble pourtant
que l’affacturage export soit le plus développé (Selon Antoine Bauche, Directeur Finances
Slifac, les créances concernées par l’affacturage à l’export sont de 5 milliards environ, en 1994,
pour une activité totale des factors français de près de 120 milliards).
L’affacturage export
offre les mêmes services que sur le marché intérieur, mais deux de ces
services prennent une importance toute particulière :
n La prévention et la garantie
L'exportateur peut bénéficier des renseignements dont dispose le factor sur d'éventuels
acheteurs étrangers. De plus, en cas d'impayés il est couvert à 100 % sans risque résiduel à sa
charge, comme c'est l'usage chez les compagnies d'assurance-crédit. Le factor règle l'entreprise
avant que le sinistre apparaisse. Cette garantie est donc particulièrement appréciable et assure
au chef d'entreprise une grande disponibilité d'esprit lui permettant de consacrer tous ses
efforts aux seuls objectifs de prospection et de mise en œuvre de la politique commerciale.
o La gestion et le recouvrement
Le
factor
l'adhérent
permet
des
un
contrôle
documents
permanent
gestion
de
des
tels
que
comptes
:
clients
en
compte-vendeur,
mettant
à
la
disposition
compte-acheteurs,
de
monnaie
par monnaie et pays par pays avec l'état des retards et des litiges.
L’entreprise
factorée
peut
ainsi
octroyer
sereinement
des
paiements
à
terme
à
ses
débiteurs,
éviter les délais de négociation des crédits documentaires ou la gestion comptable des devises.
En
matière
fréquent
de
pour
recouvrement,
la
plupart
des
installé sur place qui connaît
l'infrastructure
factors)
mieux
permet
qu'une
à
d'un
réseau
international
l'exportateur
société
parisienne
de
les
bénéficier
usages
et
(comme
d'un
les
cela
factor
actions
à
est
local
mener
pour être payé le plus rapidement.
Affacturage à l'exportation, principales caractéristiques :
- Garantie sur presque tous les pays
-
Garantie
des
risques
commerciaux
et
politiques
(catastrophiques
et
de
non
-transfert)
- Couverture du risque de change
- Totalité du chiffre d'affaires export
- Aide à la prévention grâce à l'octroi de limites de crédit
L'affacturage
à
l'exportation
permet
donc
insurmontables par de modestes entreprises.
de
résoudre
de
réels
problèmes
jugés
parfois
207
Le factor apparaît comme le partenaire efficace sans lequel
s'aventurer
sur
des
marchés
extérieurs
limitant
par
là
leur
bien
des
PME/PMI
développement
et
n'oseraient
leur
pas
expansion.
C'est la raison pour laquelle l'affacturage à l'exportation s'applique de manière très souple. Il est
possible
pour
une
entreprise
de
signer
un
contrat
ne
s'appliquant
qu'aux
opérations
à
Mais ajoutons toutefois, qu’à l’exception de FactoFrance Heller, qui a créé conjointement avec
la COFACE, une filiale spécialisée à l’export (CofaCrédit), les factors considèrent
généralement l’affacturage international comme un produit de complément de gamme et
travaillent assez peu à l’export comme à l’import; la plupart se limitent de plus à l’Europe,
destination privilégiée à 80 % par leurs clients, soit parce que leur couverture géographique est
insuffisante - elle est, par exemple, quasiment inexistante en Afrique -, soit parce que la culture
du Crédit Documentaire est plus forte.
l'exportation.
Affacturage international, principaux avantages :
•
Il permet aux exportateurs d':
-
augmenter
leurs
ventes
à
l'export
en
offrant
des
conditions
compétitives
et
des
délais de paiement.
- octroyer à l'importateur un paiement à terme habituellement de 30 à 90 jours.
- être couvert contre l'insolvabilité des importateurs.
- éviter les délais afférents à la négociation des crédits documentaires.
-
améliorer
la
trésorerie
par
un
recouvrement
rapide
et
diminuer
ses
coûts
administratifs.
- s'assurer une source flexible de financement à l'export.
- éviter la gestion comptable des devises étrangères.
•
Il permet aux importateurs d':
- augmenter leur potentiel d'approvisionnement sans utiliser leur crédit bancaire.
-
s'approvisionner
sans
les
délais
et
complications
liés
à
l'ouverture
des
crédits
documentaires.
- générer de nouvelles sources d'approvisionnement.
2.4. Le coût de l'affacturage
Le coût de l'affacturage est proportionnel au volume d'affaires traitées. Il comprend deux types
de commission :
a) La commission d'affacturage
Elle
couvre
la
sélection
de
la
clientèle,
la
garantie
et
la
gestion
des
créances.
Ses
critères
principaux de détermination sont :
• le chiffre d'affaires que l'entreprise confie au factor;
• le secteur d'activité et la qualité de l'adhérent;
• la nature et l'importance des risques pris sur la clientèle;
•
le
nombre
gestion...).
de
clients,
le
nombre
de
factures
et
leur
valeur
moyenne
(travail
administratif
de
208
Elle peut être révisée en fonction de l'évolution de ces différents paramètres selon les modalités
prévues au contrat.
Son taux se situe entre 0,5 % et 2,0 %, plus généralement entre 1 et 1,2 % du chiffre d'affaires
(TTC) remis (la moyenne en France, en 1994, a été de 1,1 %). Ce taux est naturellement plus
élevé pour des créances sur des débiteurs situés à l'étranger.
b)
La commission de financement
Elle n'est prélevée que si l'entreprise désire un paiement anticipé de ses créances.
Deux solutions sont proposées à l'entreprise :
• Commission spéciale
Soit
le
factor
virement).
période
Il
assure
lui-même
décomptera
d'anticipation
alors
(sur
le
le
préfinancement
une
commission
montant
des
des
dite
avances
pratiqués par les banques pour les avances à court
créances
spéciale,
qu'il
consenties)
terme
achète
calculée
(elle
à
peut,
(par
prorata
un
par
taux
chèque
ou
temporis
proche
exemple,
de
être
par
sur
la
ceux
adossée
sur le TMM ou le Pibor, majorés de 1,2 ou 3 points).
• Commission d'intervention
Soit l'entreprise souhaite conserver des relations privilégiées avec ses banques habituelles à qui
elle demandera d'assurer le financement effectif. Dans ce cas, le factor émet un billet à ordre et
il ne prélèvera qu'une commission d'intervention dont le taux se situe autour de 1% l'an prorata
temporis. L'entreprise escompte ce billet auprès de sa banque aux conditions usuelles, mais
bénéficie généralement de conditions préférentielles, le banquier ayant en ses mains un billet
tiré sur un débiteur de tout premier ordre, comme une société financière ou une banque : le
factor.
La gestion est simplifiée car le billet regroupe de nombreuses créances primaires.
2.5. Récapitulatif des principaux avantages procurés par le factor et économie du
contrat :
a) La garantie d'insolvabilité
Le
factor
entreprise
donne
rapidement
pratiquant
la
des
garantie
garanties
car,
outre
d'insolvabilité,
le
les
factor
informations
dispose
de
dont
deux
dispose
autres
toute
sources
privilégiées :
- en tant que société financière, il a accès au réseau bancaire et en particulier au fichier central
de la Banque de France (consultation en temps réel);
-
par
ailleurs,
en
tant
que
détenteur
de
créances,
le
factor
connaît
le
comportement
des
débiteurs à l'occasion du recouvrement.
Ces
sources
internes
pour une large
part
à
aussi
une
bien
qu'externes
meilleure
sont
appréciation
des
du
éléments
risque
déterminants
encouru.
Il
est
qui
évident
contribuent
que
le
refus
209
de couverture doit être pris en compte par l'adhérent lors de l'approche commerciale. Il doit
alors se demander s'il peut prendre le risque de "livrer". Une communication étroite entre le
factor et l'adhérent aidera grandement ce dernier dans sa décision.
Le factor recouvrant les créances qu'il rachète, l'adhérent est soulagé des relances écrites
comme téléphoniques.
La garantie est totale pour le client qui n'a donc pas de franchise à sa charge, à la différence de
l'assurance-crédit. Le délai de carence n'existe pas non plus.
Ainsi, l'existence d'un intermédiaire entre l'adhérent et ses clients permet, en cas de difficultés
de paiement, de poursuivre les relations commerciales tout en laissant agir le factor.
Enfin, l'adhérent est débarrassé du contentieux client qui est pris en charge par le factor qui
agit avec tout le pouvoir que lui confère son statut de société financière.
Cette prise en charge du recouvrement par des professionnels permet une accélération de la
rotation du compte (en général de l'ordre d'une dizaine de jours) et par conséquent une
réduction corrélative des charges financières (estimées à 2,25 % du CA, selon une étude de la
SOFRES de 1994).
b) Gestion des créances et impact sur les comptes de l'entreprise
En cédant ces créances à un factor, l'entreprise va solder son poste clients par le débit du
compte "Société d'affacturage", par lequel transiteront toutes les écritures relatives aux
opérations réalisées avec le factor. Elle ne va pas pour autant être déchargée de tous travaux
comptables. Elle est toujours tenue d'établir son journal des ventes, pour ses déclarations
fiscales notamment, et sa comptabilité générale ne sera que peu affectée par l'intervention du
factor.
Toutefois, la présence du factor permet d'alléger les tâches de comptabilité auxiliaire. Il ne sera
plus nécessaire d'émettre des traites, de les envoyer à l'acceptation et d'en surveiller le retour
pour enfin les remettre à l'escompte... La trésorerie n'enregistrera plus que les règlements du
factor et non ceux des clients. La surveillance de son poste clients lui sera facilitée par l'analyse
des documents périodiques que le factor établit, l'informant de la situation des comptes, client
par client, facture par facture, des retards de paiement constatés, des litiges. Elle aura en main
des outils qui l'aideront dans sa gestion et l'orientation de sa politique commerciale.
c) Financement et impact sur le bilan
L'impact
de
l'affacturage
sur
la
physionomie
du
bilan
est,
en
revanche,
très
important
lorsque
l'entreprise décide de recourir au financement effectif de ses créances. En vendant au comptant
ses
créances,
immédiates.
bancaires
de
elle
fera
disparaître
Parallèlement,
qui
roulement
peuvent
de
seront
représenter
l'entreprise
ne
un
réalisable
remboursés
un
s'en
actif
passif
les
facilités
bloquant
trouvera
pas
qui
le
fera
de
crédit
modifié,
place
caisse
normal
mais
la
à
des
ou
de
disponibilités
autres
découverts
l'entreprise.
nouvelle
structure
Le
fonds
bilantielle
fera apparaître, aux yeux des banquiers notamment, une plus grande autonomie financière.
De
plus,
la
mobilisation
complète
du
poste
clients
procure
une
aisance
soudaine
pour
la
trésorerie de l'entreprise. Celle-ci pourra l'utiliser pour régler au comptant certains fournisseurs
et
bénéficier
d'escomptes
développement.
ou
profiter
d'opportunités
commerciales
qui
conforteront
son
210
Notons que de plus en plus d'entreprises de grande taille font aujourd'hui appel à l'affacturage.
Ces
dernières
qui
réalisent
un
chiffre
d'affaires
compris
utilisent le financement du factor dans le cadre global
entre
de
leur
70
et
500
millions
de
de
trésorerie
et
politique
francs,
de
leur
pool bancaire.
d) Mieux évaluer le coût de gestion de son poste clients
En
confiant
la
gestion
de
son
poste
clients
à
un
factor,
variables à un ensemble de coûts fixes tels que frais de
création
d'un
service
tâches quotidiennes
contentieux.
l'entreprise.
aisément
pour
Ces
En
être
mieux
crédit
et/ou
frais
des
sont
revanche,
budgété
planifier
le
ou
pointes
souvent
le
en
comptabilité
coût
saisonnières
mal
du
fonction
clients
de
de
personnel
le
service
est
car
basé
l'évolution
développement
et
identifiés
factor,
/
des
le
(le
de
Certes,
se
les
les
frais
évite
déchargé
un
intérêt
fixes
de
services
cédées,
ne
la
des
d'assurance,
différents
coûts
des
factor
créances
présente
tous
au
trouve
téléphone,
des
Cela
substituer
recours
entre
volume
ventes.
va
crédit
allégé),
répartis
sur
l'entreprise.
l'entreprise
de
peut
certain
sont
pas
annihilés par l'intervention du factor, mais des économies appréciables peuvent être réalisées.
L'entreprise
doit
l'affacturage.
chiffrer
Bien
ces
souvent,
économies
elle
réalisera
avec
que
précision
le
tenace
pour
le coût réel de
appréhender
préjugé
selon
lequel
l'affacturage
est
onéreux est sans fondement véritable.
Économie du contrat
Pour
apprécier
le
coût
réel
de
l'affacturage,
il
convient
de
tenir
compte
des
économies
suivantes qu'il permet de réaliser :
•
le
fait
comptes
pour
la
clients
société
d'où
des
affacturée
économies
de
en
ne
pas
avoir
personnel,
à
entretenir
matériel,
un
locaux,
service
frais
de
divers
gestion
(relances,
des
frais
de contentieux qui peuvent être très onéreux);
•
le
fait
pour
l'entreprise
de
ne
pas
avoir
à
souscrire
une
police
d'assurance
crédit
puisque
le
factoring en tient lieu tout en apportant des services plus larges à cet égard;
•
grâce
à
une
trésorerie
régulièrement
alimentée
par
le
factor,
l'entrepreneur
peut
payer
comptant ses fournisseurs et bénéficier ainsi de l'escompte en usage dans la profession, avec les
avantages qui en résultent;
•
l'intervention
du
factor
permet
de
diminuer
la
durée
moyenne
de
L'accélération du cycle de rotation du portefeuille est un phénomène
règlement
appréciable,
des
factures.
surtout
dans
des périodes de taux élevés;
• la suppression du découvert bancaire et la réduction du
taux
d'escompte
des banquiers permettent, là encore, des économies substantielles.
des
BAO
de
la
part
211
Enquête de la Revue Fiduciaire et Comptable (n° 266 - Avril 1995) :
_________________________________________________________
La R.F.C. :
« Pourquoi dites-vous que vous réduisez aujourd’hui les coûts internes des entreprises par
l’affacturage ? »
Antoine Bauche (Directeur Finances et développement Slifac) :
Nous disons que nous sommes capables de réduire autant le coût financier que le coût de
gestion. Il nous faut être moins cher ou, au plus, au même prix que le coût interne. A ce titre,
nous avons interrogé un panel de PME à propos de leurs coûts de financement, de leurs coûts
de gestion des comptes clients. Après chiffrage, nous nous sommes aperçus qu’en tant que
factor, nous pouvions diminuer de 1 % du CA le coût de gestion du compte clients des
entreprises.
Lors de notre première intervention dans une entreprise, notre premier travail consiste en un
diagnostic de la gestion du compte client. Le chef d’entreprise évalue généralement entre 0,5 et
1 %, c’est classique. Mais lorsque nous le calculons, avec le contrôleur de gestion, on constate
que c’est beaucoup plus, de 1,5 à 2 % parfois. Ce sont des coûts à révéler.
Jacques
Andrès
(Président
Communication,
Conseil
Sup.,
Ordre
des
Experts
Comptables) :
Quand une entreprise grandit et que l’on s’apprête à engager du personnel pour des fonctions
de
recouvrement
ou
de
relance,
peut-être
faudrait-il
effectivement
poser
ce
diagnostic
préalable. Mais lorsque la structure est déjà en place et que l’on démontre que l’on va faire des
économies, les choses sont plus difficiles vis-à-vis des personnes en place.
Conclusion :
Le coût de la prestation du factor est en baisse sensible depuis le milieu des années 80, où la
commission de service s’affichait plus communément autour de 1,5 - 2,5 % (contre une
fourchette de 0,5 à 2 % en 1995). Cette diminution rendue possible grâce aux efforts de
productivité déployés par les sociétés d’affacturage (investissements informatiques notamment)
et au jeu de la concurrence, permet à ces sociétés de comparer en toute sérénité leurs tarifs au
coût du traitement interne du poste client. Une étude réalisée en septembre 1994 par la Slifac,
en collaboration avec la SOFRES, démontre que les entreprises de moins de 1.000 salariés y
consacrent en moyenne 1,4 % de leur chiffre d’affaires (0,6 % au titre des impayés, 0,8 % au
titre de la gestion). L’affacturage serait donc la panacée du risque-client ?
212
2.6. Le profil de l'adhérent
Le
factor
ne
s'adresse
qu'à
des
entreprises
commerciales
ou
industrielles.
Traditionnellement
réservé aux PMI-PME, l'affacturage peut aussi concerner de grandes entreprises, l'intervention
des factors pouvant se faire en France ou à l'étranger.
On
peut
distinguer
un
certain
nombre
de
caractéristiques
générales
qui
précisent
en
quelque
sorte le portrait robot de l'entreprise affacturée (l'adhérent) et des motivations particulières qui
peuvent amener une entreprise à l'affacturage.
a) Caractéristiques générales
• Importance du chiffre d'affaires
Traditionnellement,
l'entreprise
affacturée
est
d'affaires se situe entre 8 et 100 millions de
une
intervention
du
factor
ne
se
justifie
une
francs
pas,
entreprise
par
sauf
an.
en
de
taille
moyenne
En-dessous
cas
de
du
seuil
perspectives
dont
de
le
7-8
chiffre
millions
prometteuses
de
développement. La plupart des adhérents en France ont un chiffre d'affaires compris entre 15 et
25 millions. Sont donc a priori exclues aussi bien les entreprises trop petites que celles qui sont
trop grandes,
encore
que
la
tendance
actuelle
montre
que
de
très
grosses
sociétés
ont
recours
au factoring.
• Clientèle de l'entreprise
Elle peut être de nature commerciale ou publique, seuls les particuliers sont exclus.
De préférence, la clientèle doit être diversifiée (c'est sur elle que le factor prend des risques). Il
est souhaitable qu'elle soit fidèle, c'est-à-dire qu'elle soit répétitive.
Ainsi,
chaque
incidence
client
fâcheuse
l'enquête
préalable
enregistrera
sur
du
le
taux
factor,
un
de
à
chiffre
la
d'affaires
commission
l'ouverture
du
minimum
pour
d'affacturage,
compte
et
Un trop grand nombre de factures augmente les charges
de
à
la
permettre
différents
d'amortir,
frais
surveillance
sans
inhérents
permanente
à
des
risques.
• Facturation
montant
de
la
facture
moyenne
(rapport
du
chiffre
gestion
d'affaires
et
sur
il
est
le
souhaitable
nombre
de
que
le
factures
correspondantes) soit d'au moins 5.000 francs.
Les
conditions
de
paiement
de
la
clientèle
doivent
correspondre
aux
usances
de
la
Banque
de
France, avec un maximum de 90 jours fin de mois.
• Situation financière
Les
risques
financière
encourus
de
par
l'entreprise.
le
banquier
En
effet,
l'adhérent, tandis que le factor
voulu
les
factures
dont
ils
prend
sont
et
le
par
le
factor
banquier
un
risque
redevables.
sont
prend
sur
De
la
ce
un
différents
risque
capacité
fait,
le
sur
des
pour
le
juger
acheteurs
factor
de
la
bénéficiaire
peut
à
régler
intervenir
situation
du
en
crédit,
temps
dans
des
situations où le banquier serait plus réservé, notamment, si l'endettement peut paraître excessif.
213
Une société disposant de peu de fonds propres peut tirer parti de l'affacturage sous réserve que
son exploitation soit bénéficiaire et que son marché soit porteur.
• Type d'entreprise
L'affacturage
biens
de
s'adapte
tout
consommation
généralement
ressources
à
des
leur
particulièrement
courante
entreprises
en
forte
développement
à
plutôt
en
des
sociétés
que
des
expansion
qui
sous-traitant
fabriquant
biens
souhaitent
les
ou
commercialisant
d'équipement
besoins
consacrer
consécutifs
lourd.
Ce
l'essentiel
à
de
des
sont
leurs
l'augmentation
du
poste client.
Les branches d'activité peuvent être variées :
• Ameublement,
• Composants électroniques,
• Informatique,
• Mécanique,
• Prestataires de services,
• Textile-habillement,
• Transformation des métaux.
• Etc.
La description des caractéristiques générales de l'entreprise affacturée ne doit pas laisser penser
que
tous
ces
critères
s'imposent
sans
nuance.
En
réalité,
le
profil
de
l'adhérent
idéal
n'a
jamais
été rencontré et pour chaque affaire il s'agit d'un cas particulier. Il n'en demeure pas moins que
le type de clientèle du factor se trouve plutôt dans les services, chez les sous-traitants, chez les
importateurs et grossistes, chez les fabricants de biens de consommation courante ou de
petits
équipements.
b) Motivations particulières
• Les entreprises intervenant dans des activités saisonnières
Elles se prêtent parfaitement à l'affacturage qui peut leur assurer une trésorerie en rapport avec
leur
niveau
ventes.
d'activité.
L'entretien
De
d'un
plus,
service
le
de
factor
absorbe
gestion
des
le
surcroît
comptes
d'écritures
clients
est
comptables
particulièrement
liées
lourd
aux
pour
ces entreprises.
• Les entreprises dont la création est récente
Elles
sont
ont
pas
surcroît,
besoin
de
mobiliser
suffisamment
elles
doivent
très
solides
sur
rapidement
le
plan
impérativement
se
les
fonds
financier
protéger
nécessaires
pour
contre
bénéficier
les
à
leur
de
risques
expansion.
crédits
Elles
importants.
d'impayés
de
la
part
ne
De
de
leur clientèle.
• Les entreprises qui travaillent pour des administrations et des collectivités locales
Nul
n'ignore
les
problèmes
posés
à
certaines
entreprises
par
les
délais
de
paiements
souvent
214
long de cette clientèle.
• Les entreprises qui ont les grandes surfaces comme clients
Le risque d'impayé est faible
mais
le
fournisseur
a
souvent
des
difficultés
pour
obtenir
un
titre
de paiement susceptible d'être négocié auprès du banquier . La facilité d'escompte est inutile et
le découvert cher et limité.
• Les entreprises de prestations de services
La nature de leur activité ne nécessite pas des capitaux importants, leur structure est faible et
les banquiers ne trouvent pas chez elles les garanties auxquelles ils sont habitués.
• Les entreprises qui attaquent de nouveaux marchés dont la clientèle ne leur est pas
familière
Elles
apprécient
le
service
de
renseignements
que
leur
apporte
le
factor
et
la
garantie
du
paiement qu'il leur assure. Cela est particulièrement le cas pour les entreprises qui exportent.
2.7. Un marché en expansion
En dix ans, de 1982 à 1992, l'activité mondiale d'affacturage a été multipliée par 4 pour
atteindre, en 1992, 275 milliards de USD, soit environ 1.300 milliards de francs, selon Factors
Chain
issus
International,
de
41
pays
l’organisme
(données
international
1995).
Depuis
regroupant
1991,
en
115
dépit
professionnels
d'un
de
environnement
l’affacturage
économique
: il a crû de 13 %, en 1994, pour s’établir à 295 milliards de dollars. Une croissance qui
s’appuie essentiellement sur l’expansion des marchés britanniques (+ 42 %), français (+ 24 %)
et scandinaves (+ 55 %), ainsi que sur le développement de l’affacturage dans la plupart des
pays de l’Est asiatique (+ 26 % en moyenne). En outre l’ouverture de marchés tels que la
Chine, l’Inde ou la Russie, laisse augurer un avenir prometteur.
Quant au strict marché français, son taux de croissance était, depuis 1987, de 20 % par an;
puis, il est passé à 14 % en 1991, et en 1993, il a crevé le plancher des 10 %. La plupart des
sociétés d'affacturage enregistraient toutefois une progression de leur activité. Avec 24 %, elle
a été très significative chez Factorem (filiale d'affacturage du groupe des Banques Populaires).
En 1994, le marché a enfin renoué avec une croissance à deux chiffres (+ 24 %), grâce au
développement de nouveaux produits, tels que des formules allégées pour les petites
entreprises de 2 à 7 millions de francs de chiffre d’affaires ou l’affacturage à l’exportation.
Mais on peut déplorer qu’en cette fin d’année 1995 ce dernier produit n’intéresse qu’un peu
plus de 600 entreprises françaises exportatrices.
Plus largement, l'affacturage international ne représente que 7 % du chiffre d’affaires global
des factors, mais il connaît cependant depuis 5 ans une croissance supérieure à celle de
l'affacturage domestique.
Le marché français de l'affacturage est dominé par deux sociétés : FactoFrance Heller (FFH) et
la SFF, qui, à elles seules couvrent plus de 50 % du marché. FFH (sociétés fondatrices Heller
Overseas USA, 50 %, CIC, 16 % et la compagnie Financière de Suez, 34 %) occupe la
défavorable, le volume de créances confiées aux factors dans le monde a continué à augmenter
215
première place en France avec 33,2 % du marché en 1994, suivi par la SFF (18 %). Ces deux
sociétés sont les plus anciennes et elles présentent la particularité de n'être pas liées à des
groupes bancaires à réseau.
Les autres sociétés sont généralement des filiales de grands groupes bancaires. Elles arrivent
loin derrière les "Big Two", mais il faut préciser que se sont elles qui connaissent les plus belles
progressions de leur part de marché. Slifac (Crédit Lyonnais) arrive en tête, avec 9,2 % du
marché en 1994, suivi de Factorem (8,5 %), de Sofirec (6,4 %), CGA (Compagnie Générale
d’Affacturage de la Société Générale) (6,1 %), BNP Factor (4,7 %), UFB-Locabail (la
Compagnie Bancaire - 2,5 %).
Ces factors sont, dans leur intérêt, affiliés à des réseaux internationaux :
• Heller et donc FFH et Cofacrédit, Factorem, Sofirec et le Crédit Universel sont, par exemple,
membres de FCI (Factor Chain International, déjà cité), qui représentait, en 1993, plus de 45
% du volume d'activité du factoring dans le monde.
• La SFF et Slifac sont, eux, adhérents de l'International Factor Group (IF), qui représentait, en
1993, 35 % du volume mondial et comptait 42 membres dans 27 pays.
Une telle affiliation permet de travailler dans le "two factors system"
et
correspondants
dans
le
monde
entier,
auxquels
la
société
d'affacturage
en
de
France
disposer
peut
de
confier
la couverture des risques et le recouvrement.
C’est
ainsi
bénéficier
que
la
SFF
facilement
a
et
pu
conclure,
en
juin
conjointement
de
1994,
la
un
accord
couvrerture
permettant
Coface
et
à
ses
adhérents
de
de
l’affacturage
international.
Les deux réseaux cités (surtout IF) souffrent toutefois d’une concentration sur les pays OCDE
(pas de couverture en Afrique et dans les pays de l’Est), malgré de timides avancées vers les
pays asiatiques.
UFB Locabail développe son propre réseau européen, de même que la Slifac. D’ailleurs, à
cette dernière exception près, les factors des grandes banques à réseaux n’ont pas encore tenté
d’exploiter l’implantation internationale de leurs maisons mères.
216
Les principaux Factors
CA traité 94
PdM
Remarques
Estim. en Md
F
FactoFrance
Heller
(FFH)
42,8
SFF (filiale SFAC 38 %)
23,2
Slifac (Crédit Lyonnais)
11,8
(gr. Banques
11,0
Sofirec
(Banque
Rotschild)
CGA (Société Générale)
8,3
BNP Factor SA
7,9
6,1
UFB Locabail
3,3
Factorem
Pop.)
33,2 % Pionnier du métier en France, filiale
de Suez et de l’américain Heller
(contrôlé par Fuji Bank)
18,0 % Coleader du marché, la SFF profite
du puissant service de
renseignements
(900.000
entreprises) de la SFAC.
9,2 % Le Factor du Lyonnais est le premier
factor bancaire.
8,5 % Factorem bénéficie de la clientèle des
PME de sa maison mère. Introduite
au SM l’an en 1994.
6,4 % Cotée au Second Marché
6,1 % Factor de la Société Générale
4,7 % Filiale de la BNP, elle profite de son
réseau d’agences. Née de la fusion
au 1er janvier 1994 de BNP Factor
et de Universal Factoring.
2,5 % Filiale du gr. Compagnie Bancaire
217
C’est à titre de comparaison de l’évolution relative des différents factors que nous fournissons
les chiffres suivants :
Le marché français de l'affacturage (en millions de francs)
Date de
Création
Factofrance
SFF
UFB Locabail
Factorem
Sofirec
Universal Factor
Sogefactoring
Slifac
FMN France
Crédit
France
Factor
DLL
BNP Factoring
TOTAL
1965
1964
1984
1984
1969
1967
1970
1971
1928
Volume des opérations traitées
1990
26.660
16.810
6.000
5.069
4.600
3.030
3.800
3.600
1.100
72.200
1991
27.450
18.600
5.900
6.050
5.400
3.800
4.270
5.600
1.000
1.000
900
850
81.710
1992
30.386
19.123
3.040
7.430
5.876
4.850
4.348
9.820
900
1.800
1.700
1.700
90.976
Part de
marché 1992
33,4 %
21,0 %
3,3 %
8,2 %
6,5 %
5,3 %
4,8 %
10,8 %
1,0 %
2,0 %
1,9 %
1,9 %
100,0 %
Source : FCI Market Survey et Presse
218
L’évolution des principaux acteurs ces dernières années
Volume en Mio de F
1992
30.386
e
19.123
SFF
9.823
Slifac
7.430
Factorem
5.876
Sofirec
4.348
Sogexter
4.850
CUM
BNP Factor 1.700
3.040
UFB
Locabail
8.214
Autres
Taux de croissance
1993
1994
1992
32.292
20.700
10.400
9.100
6.600
4.700
5.100
1.850
2.700
10.353
42.838
23.000
11.884
11.050
8.360
7.894
0
6.100
3.342
14.242
10,28
%
2,80 %
75,41
%
22,81
%
9,81 %
1,83 %
27,63
%
ND
-48,47
%
ND
1993
8,35 %
8,25 %
5,87 %
22,48
%
12,32
%
8,10 %
5,15 %
8,82 %
-11,18
%
26,04
%
94.790 104.42 128.71 15,28 10,16
TOTAL
5
0
%
%
ND : Non Déterminé
NS : Non Significatif
FactoFranc
La France ne constitue pas, et de loin, le premier
financière
:
en
1992,
selon
les
chiffres
et
Part de marché
1994
1992
1993
30,12
%
11,11
%
14,27
%
21,43
%
26,67
%
67,96
%
NS
-12,23
%
23,78
%
37,56
%
23,25
%
32,06
%
20,17
%
10,36
%
7,84 %
6,20 %
4,59 %
5,12 %
1,79 %
3,21 %
8,67 %
31,53
%
19,82
%
9,96 %
8,71 %
6,32 %
4,50 %
4,88 %
1,77 %
2,59 %
9,91 %
33,28
%
17,87
%
9,23 %
8,59 %
6,50 %
6,13 %
NS
4,74 %
2,60 %
11,07
%
100 % 100 % 100 %
Source ASF
gisement européen
comparaisons
1994
effectuées
pour
cette
par
technique
Factors
Chain
de USD (environ 91 milliards de francs, 15,7 milliards de USD en 1991, soit un taux de
progression de 11,3 % largement supérieur au taux de croissance de l'économie), contre 64,6
milliards de dollars en Italie (75 en 1991) et 24 milliards en Grande-Bretagne (28,3 en 1991).
Pour ces trois pays, l'affacturage à l'export est encore très marginal par rapport à l'affacturage
domestique.
International, le chiffre d'affaires traité en affacturage y a représenté globalement 17,6 milliards
Au niveau mondial
,
milliards
de
USD
en
deux
faits
1992,
et
intéressants
le
Mexique
:
les
États-Unis
devance
la
restent
France,
avec
derrière
l'Italie,
toujours
en
avec
1992,
53
22,5
milliards. Le Japon, la Corée et Singapour constituent également des marchés importants et la
Chine serait prometteuse.
219
Les chiffres suivants, quoique déjà anciens, nous permettent de mieux cerner le découpage du
marché du Factoring :
Nombre de pays
Nbre de Sociétés
Vol. traité (mds
USD)
Europe
20
237
160
Amérique
7
131
58,6
Asie
9
109
21,5
Australie
2
23
3,6
Afrique
2
7
0,6
Chiffres 1990
Pays
Nombre de Sociétés
Vol. traité (Mds US $)
Italie
80
71,3
États-Unis
17
49,0
Royaume-Uni
34
29,2
Japon
43
14,8
France
17
14,3
Allemagne
14
10,3
6
10,0
Pays-Bas
Chiffres 1990
Conclusion
L'assurance-crédit, le recours à des sociétés de renseignements de notoriété, de cabinets
de
recouvrement
peuvent
apporter,
individuellement,
des
solutions
efficaces,
mais
fragmentaires à l'entreprise, tandis que le factoring s'impose comme une technique de
gestion de bas de bilan, qui apporte des solutions globales à l'entreprise et un instrument
de crédit management. Elle revient à transformer un poste clients en disponibilités et, ce
faisant, permet à une entreprise de se libérer de ses tâches comptables et administratives
pour
se
concentrer
sur
son
métier
de
base,
tout
en
obtenant
de
son
factor
une
amélioration de la rotation de son poste clients et le financement de ses créances nées;
elle dégage ainsi immédiatement de la trésorerie, ce qui est appréciable dans le contexte
actuel que nous connaissons en France des délais de paiement les plus longs de toute
l'Europe.
L'affacturage est particulièrement approprié pour les petites et moyennes entreprises à
forte croissance ou à activité saisonnière marquée.
220
L’assurance-crédit
apporte
aux
entreprises
une
garantie
de
règlement
de
leurs
factures;
représente une réponse plus globale aux problèmes inhérents à la gestion du
crédit client : en effet, en plus de la prévention, du recouvrement et de la garantie (à 100 %
cette fois, sans quotité), le factor se charge de la gestion des comptes et assure à la fois le
financement, voire le préfinancement des créances.
l’affacturage
D’autres techniques
, plus ou moins récentes,
alliant financement et garantie de règlement et
essentiellement réservées aux exportateurs pour des opérations isolées, peuvent cependant
s’afficher comme solutions intermédiaires.
Le forfaitage
est l’une d’entre elle mais est toutefois
encore peu vulgarisée, aussi accorderons-nous quelques pages à sa présentation; d’autres, tels
que
le crédit documentaire
courante,
aussi
nous
et la confirmation de commande, sont d’utilisation beaucoup plus
contenterons-nous
de
rappeler
très
brièvement
les
principales
caractéristiques du crédit documentaire, technique plus appropriée aux opérations à court
terme que la confirmation de commandes.

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