Textile et habillement

Transcription

Textile et habillement
LES PRODUITS DE TEXTILES ET D’HABILLEMENT
Le contexte
Il existe deux grandes familles de textiles : les fibres naturelles
et les fibres synthétiques. L’industrie des textiles acquiert
principalement ses matières premières des producteurs
de fibres naturelles, artificielles et synthétiques, soit des
entreprises œuvrant dans les industries chimiques et
agricoles. Les matériaux de cette industrie sont destinés à
diverses applications, notamment la confection de vêtements,
la production de chaussures, la fabrication de papier, de
matériel de transport, de meubles, de fournitures médicales
et d’articles de sport.1
L’industrie de l’habillement au Québec génère plus de 46 000
emplois directs, dont 85 % sont en production. Il s’agit du
troisième employeur manufacturier en importance, après
les secteurs de la fabrication d’aliments et de matériel de
transport. À l’échelle canadienne, le Québec détient 55 % des
emplois du secteur industriel de l’habillement. Montréal,
où est concentrée une très forte proportion de l’industrie,
constitue le troisième centre de production vestimentaire en
importance à l’échelle nord-américaine, après Los Angeles
et New York.2
D’ailleurs, les commerces de détail ont vendu pour 5,5 milliards
de dollars d’articles vestimentaires au Québec seulement et
près de 29 milliards pour l’ensemble du pays.3
La problématique environnementale
Les matières textiles sont des matériaux fibreux
qui requièrent de nombreuses opérations successives de
transformation avant leur forme définitive en produit de
consommation : cueillette, séparation, nettoyage, extrusion,
filature, coloration, construction en étoffe, finition, coupe,
assemblage, emballage, etc. Ces opérations sont souvent
effectuées dans des lieux géographiquement éloignés et
entraînent des impacts environnementaux liés notamment au
transport et à l’emballage.
Des études sur le cycle de vie font état d’impacts environnementaux significatifs liés à la production et à la consommation des différents produits de textiles en termes d’énergie
utilisée, de consommation de ressources et d’émission de gaz
à effet de serre. Or, l’entretien des textiles aurait un impact
aussi important, sinon plus, que la production des textiles,
compte tenu de l’énergie, des quantités d’eau et des produits
utilisés.4
Malgré leur caractère naturel, la production de certaines
fibres, comme le coton, a des répercussions environnementales
non négligeables. À titre d’exemple, la culture du coton exige
d’énormes quantités d’eau et de pesticides.
Les fibres naturelles, comme la laine et le coton, sont de
moins en moins utilisées par les fabricants de vêtements. Les
fibres composées de produits dérivés du pétrole, comme le
lycra, le polyester, le polar et le nylon, occupent la plus importante part du marché. En conséquence, près de 80 % des textiles éliminés sont constitués de fibres synthétiques et 20 %
de fibres naturelles. Bien qu’elles prennent du temps à se
décomposer, les fibres naturelles sont biodégradables,
comparativement aux fibres artificielles.
En général, les textiles produisent peu de lixiviat (le liquide
toxique qui s’échappe des lieux d’enfouissement) et de
biogaz. Leur incinération, réalisée dans certains cas à des fins
énergétiques, comporte peu de risques.
Enfin, l’enfouissement des textiles réduit la capacité des lieux
d’enfouissement. Les tissus qui s’y retrouvent prennent en
quelque sorte la place d’autres matières ne pouvant être
réutilisées ou recyclées. L’élimination devrait être une solution de tout dernier recours.
La mise en valeur des produits
résiduels de textiles et de l’habillement
La mise en valeur des produits résiduels de textiles et de
l’habillement se concrétise par l’application du principe de la
hiérarchie des 3RV (réduction à la source, réemploi, recyclage
et valorisation).
Les objectifs de la Politique québécoise
de gestion des matières résiduelles
1998-2008
La Politique québécoise de gestion des matières résiduelles
1998-2008 vise à récupérer d’ici 2008 :
50 % des résidus textiles du secteur municipal;
70 % des résidus textiles du secteur industriel,
commercial et institutionnel (ICI).
1 Ministère du Développement économique et régional (2003). La filière industrielle des textiles au Québec.
2 Ministère du Développement économique et régional (2003). La filière industrielle de l’habillement au Québec.
3 Statistique Canada (2007).
4 ADEME (2006). L’éco-profil d’un pantalon en jean.
1
Les résultats
Deux approches sont actuellement utilisées pour évaluer la
performance de récupération des produits de textiles et
d’habillement : la première s’appuie sur les quantités consommées
et la seconde sur les quantités récupérées et éliminées.
Évaluation des résultats sous l’angle
de la consommation
Cette première méthode s’appuie sur des statistiques de
vente au détail de produits de textiles et d’habillement.
Toutefois, elle pourrait possiblement surestimer les quantités
véritablement consommées par personne.
Cette évaluation pose l’hypothèse qu’à chaque année, une
quantité équivalente de produits de textiles et d’habillement
achetée est aussi mise au rebut par les ménages, en supposant
que la capacité d’entreposage par les ménages (garde-robe)
reste constante (voir tableau 1).
Secteur municipal
Selon une évaluation5 appuyée par des intervenants clés de la
filière sur les produits de textiles et d’habillement, en 2004, un
Québécois se procurait, en moyenne, pour 27 kg de vêtements
et de textiles de maison, ce qui correspond en 2006 à environ
200 000 tonnes de produits textiles acquis par l’ensemble des
Québécois.
En considérant une perte de masse de 10% à cause de l’entretien,
180 000 tonnes de produits de textiles et d’habillement
seraient mises au rebut par les ménages québécois. Comme
une certaine perte est également assumée par les récupérateurs et les recycleurs, c’est 67 000 tonnes de produits de
textiles et d’habillement qui sont valorisées en fin de vie utile,
pour un taux de mise en valeur estimé à 37 %.
Secteur ICI
Le secteur ICI produit également des résidus de textiles, mais
les quantités précises ne sont pas connues. Vu la qualité et la
rareté croissante des rebuts de textiles postindustriels,
les membres de la filière sur les produits de textiles et
d’habillement estiment que le taux de mise en valeur du
secteur ICI est d’au moins 75 %.
Évaluation des résultats sous l’angle
de la récupération et de l’élimination
Cette méthode repose sur des déclarations volontaires des
récupérateurs. Il se peut donc qu’une partie des quantités
potentielles et des quantités récupérées soit sous-estimée.
Depuis 1992, les quantités totales de produits de textiles
récupérées, tant par le secteur résidentiel que celui des industries, des commerces et des institutions (ICI), ont constamment progressé, particulièrement depuis 1998, pour atteindre
41 000 tonnes en 2006 (voir tableau 2).
Secteur municipal
Une récente étude de caractérisation6, indique que chaque
Québécois se départit de 13 kg de textiles par année, ce qui
représente 3% de l’ensemble des résidus générés par personne
pour le secteur municipal (404 kg). Cette portion de 3 % ne
tient cependant pas compte de toutes les quantités de
produits de textiles et d’habillement qui circulent, notamment
par des dons à des particuliers ou à des organismes de charité,
des friperies et des bazars paroissiaux, et qui n’ont pu être
considérées lors de l’étude de caractérisation.
Tableau 1 : Vêtements et textiles de maison mis en valeur au
Québec en 2006.
Vêtements et textiles de maison
Quantité consommée par les ménages
Moins – Quantité perdue due à l’usage
et à l’entretien (estimée à 10 %)
Total (tonnes)
200 000
(20 000)
Quantité rebutée par les ménages
(destinée à la récupération ou à l’élimination)
Moins – Quantité mise aux déchets
par les ménages
Quantité destinée au réemploi et au recyclage
Moins – Quantité mise aux déchets par
les organismes de 1ère ligne
Quantité mise en valeur
180 000
(68 000)*
112 000
(45 000)
67 000
Taux de mise en valeur (65 000 / 180 000)
37 %
* Actualisé en fonction des résultats de la caractérisation 2006-2007
5 RECYC-QUÉBEC (2006). Plan d’action de la filière sur les produits de textile et d’habillement.
6 RECYC-QUÉBEC (2007). Caractérisation des matières résiduelles du secteur résidentiel au Québec 2006-2007.
2
Fondation québécoise de la déficience intellectuelle (FQDI)
Les résultats montrent que les quantités récupérées de textiles
dans le secteur municipal se maintiennent à 26 000 tonnes
depuis 2004, pour un taux de récupération et de mise en
valeur atteignant 32 % en 2006.
Sachant que le tonnage récupéré reste constant depuis 2004,
la hausse de 3 % du taux de récupération par rapport à 2004
s’explique par une révision à la baisse des quantités potentielles.
Cette baisse est attribuable à la méthode de calcul qui, en
2006, n’introduit pas la population hors résidence (institutions),
contrairement aux années précédentes.
Tableau 2 : Quantité totale de matières textiles résiduelles récupérées de 1992 à 2006 (en tonnes métriques)
Secteurs
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
Municipal
n/d
20 000
10 000
10 000
14 000
21 000
26 000
26 000
ICI
22 000
n/d
17 000
11 000
17 000
16 000
12 000
15 000
TOTAL
22 000
20 000
27 000
21 000
31 000
37 000
38 000
41 000
Tableau 3 : Bilan sur les textiles pour 2006 (en tonnes métriques)
Secteurs
Quantité
potentielle
Objectifs
pour 2008
Quantité
visée
Municipal
82 000 A
50 %
41 000
26 000
32 %
70 %
Ind. C
15 000
Ind. B
–
Ind. C
41 000
Ind.B
ICI
Total
15 000
97 000
B
Quantité
récupérée D
Taux
de récupération
Secteur ICI
Le réemploi
En ce qui a trait au secteur ICI, les quantités de textiles
récupérées sont connues, contrairement aux quantités produites.
La quantité de textiles récupérée dans le secteur ICI s’est
accrue de 3 000 tonnes par rapport à 2004, pour atteindre
15 000 tonnes en 2006.
Les Québécois ont des critères vestimentaires élevés, même
pour des vêtements d’occasion et, de plus, l’offre est abondante
et diversifiée.
Malgré le manque de données précises disponibles, il est probable
que l’objectif de récupération du secteur ICI soit atteint ou
même dépassé.
Les acteurs de la mise en valeur des
produits de textiles et d’habillement
Une centaine de récupérateurs et de recycleurs répartis dans
15 des 17 régions administratives du Québec sont inscrits
dans le Répertoire québécois des récupérateurs, recycleurs et
valorisateurs de RECYC-QUÉBEC. La majorité de ces organismes
(90 %) effectue la récupération des textiles pour la revente
locale et internationale. Les 10 % restant sont des recycleurs.
En conséquence, avant d’être remis sur le marché, les vêtements
usagés doivent réussir un examen de passage sévère : les
vêtements troués, tachés ou trop endommagés ne peuvent
êtres revendus. Aussi, pour éviter leur contamination, la
récupération des textiles doit éviter le contact avec l’humidité,
les matières compostables et autres agents contaminants.
Actuellement, la récupération pour la revente (réemploi) est
l’activité principale de mise en valeur des vêtements usagés.
Les récupérateurs utilisent principalement trois méthodes :
l’apport volontaire directement sur les lieux du récupérateur,
l’apport volontaire par l’intermédiaire de boîtes de dépôt et la
collecte à domicile par sollicitation téléphonique. Certaines
municipalités participent également à l’effort de collecte,
notamment au moyen d’écocentres et d’outils d’information
et de promotion liés au réemploi.
A Évalué à partir de la quantité de textiles pouvant être mise en valeur, issue des ménages (56 000 tonnes selon l’étude de caractérisation
2006-2007) en ajoutant la quantité récupérée (26 000 tonnes). La population utilisée est de 7 400 567 personnes et exclut la population
« hors résidence ». La portion de produits de textiles et d’habillement destinée au réemploi (incluant les chaussures) n’est pas comptabilisée.
B Cette valeur n’est pas déterminée, mais elle est au moins égale à la quantité récupérée.
C Indéterminé en raison de la valeur en B.
D Cette valeur tient compte de déclarations volontaires de récupérateurs et de recycleurs et ne tient pas compte d’activités de réemploi.
3
Le recyclage
Les recycleurs de textiles s’approvisionnent de deux sources
principales : auprès des récupérateurs s’étant préalablement
chargés de la collecte, ou encore directement de manufacturiers.
Les produits du recyclage consistent essentiellement en des
chiffons d’essuyage ou de l’effiloché pour produire du feutre,
des matériaux isolants et insonorisants. Les recycleurs de
textiles recherchent surtout l’homogénéité de leurs intrants,
une caractéristique que possèdent les résidus de textiles
postindustriels.
Les enjeux
La consommation responsable
La qualité décroissante des vêtements (baisse de solidité et de
durabilité, usage plus fréquent de matières synthétiques,
combinaison de fibres différentes, etc.) occasionne un impact
négatif dans les marchés de mise en valeur, tant du réemploi
que du recyclage. L’arrivée massive de textiles en provenance
d’Asie, depuis la levée des derniers quotas commerciaux avec
la Chine, n’est pas étrangère à cette situation.
Il y a lieu de repenser la manière de répondre aux besoins de
se vêtir. À cette fin, une quantité importante d’information
existe afin d’éclairer les consommateurs, dont le Guide du
vêtement responsable publié par Équiterre. On y trouve
plusieurs références à des produits d’habillement intégrant
une préoccupation prépondérante aux dimensions environnementales et sociales.
Dons de vêtements en fin de vie
Les donateurs ne sont pas toujours bien informés de la
destination réelle de leurs vêtements.
Ainsi, la Fédération internationale des travailleurs du textile,
de l’habillement et du cuir (FITTHC) affirme que certains
récupérateurs européens et nord-américains exportent les
vêtements usagés dans les pays en voie de développement
pour les vendre et non pour les donner aux plus démunis dans
le cadre d’œuvres caritatives. Les fripes sont parfois revendues
à des montants beaucoup plus élevés que ce que l’exportateur
a déboursé pour se procurer les vêtements usagés, au lieu
d’être liquidés à prix modiques.
Enfin, malgré que l’ensemble des récupérateurs de vêtements
usagés affiche une croissance des quantités récupérées et
revendues, il en résulte en proportion une croissance des
quantités qui ne trouvent pas de débouchés de mise en valeur.
Recherche de nouveaux débouchés de mise
en valeur
Les vêtements en fin de vie utile peuvent prendre diverses
formes insoupçonnées et les recherches se poursuivent afin
de multiplier les débouchés de mise en valeur. Par exemple,
une entreprise française a mis au point un isolant thermique
fait à partir de textiles effilochés, qui serait aussi efficace,
sinon plus, que la fibre de verre.7
L’éco-conception
Des fabricants et commerçants comme Patagonia et
Mountain Equipment Co-op (MEC) proposent à leurs clients de
reprendre les vêtements en polyester afin de les recycler en
de nouveaux vêtements8. Chez MEC, une partie des vêtements
portables recueillie est offerte à des organismes de charité et
la portion recyclable est envoyée au Japon, dans une usine de
recyclage de vêtements.9 Le procédé de transformation utilisé
est appelé Eco Circle et consiste à réduire les vêtements en
granules pour les réintroduire dans un procédé de fabrication
de vêtements, au même titre que de la matière neuve.
La filière sur les produits de textiles
et d’habillement
Depuis septembre 2003, RECYC-QUÉBEC, en collaboration avec
une vingtaine d’acteurs diversifiés, discute de la problématique
de la mise en valeur des produits de textiles et d’habillement.
Parmi la vingtaine de participants à la filière, se retrouvent des
intervenants œuvrant dans la production et la mise en valeur
des produits de textiles et d’habillement : l’industrie, les
municipalités, les récupérateurs, les recycleurs, les chercheurs,
le ministère du Développement durable, de l’Environnement
et des Parcs (MDDEP) et le ministère du Développement
économique, de l’Innovation et de l’Exportation (MDEIE).
Les principaux défis identifiés par la filière sont, d’une part, de
mettre en lien les récupérateurs ayant des surplus de textiles
avec des recycleurs et, d’autre part, de susciter un engouement
plus grand pour l’achat de textiles mis en valeur, autant de la
part des consommateurs que des fabricants.
Les actions prioritaires identifiées par la filière visent essentiellement l’information, la sensibilisation et le développement
de connaissances, de réseautage, le partage d’expertise,
l’élaboration d’une stratégie de financement pour stimuler et
développer les diverses activités de mise en valeur et, enfin, le
développement de nouveaux marchés de mise en valeur pour
les textiles. À ce jour, la plupart de ces actions prioritaires sont
déjà en cours de mise en œuvre.
7 Isolant Métisse, Le Relais : http://www.lerelais.org/-Isolant-Metisse-.html.
8 http://mec.ca.
9 Société japonaise Teijin : http://www.teijin.co.jp/english/news/2005/ebd050816.html.
4
5 moyens pour maximiser la réduction
la source et le réemploi de produits
de textiles et d’habillement :
1. Faire réparer, entretenir ou transformer
ses vêtements ou ses articles de textiles
2. Se procurer des vêtements ou des articles de textiles
d’occasion ou à contenu recyclé, par exemple en
consultant le Répertoire des produits à contenu recyclé
fabriqués au Québec dans le site Internet de RECYC-QUÉBEC
3. Offrir les biens de textiles ou d’habillement à des
récupérateurs pour leur donner une seconde vie
4. Participer aux efforts de récupération effectués
par les municipalités
5. Acquérir des produits de textiles et d’habillement
en fonction de leur solidité et de leur durabilité,
en vue d’une utilisation prolongée
Pour plus d’information
Ligne INFO-RECYC :
1 800 807-0678 (sans frais)
514 351-7835 (Montréal)
Adresse de courrier électronique :
[email protected]
Site Internet :
www.RECYC-QUEBEC.gouv.qc.ca
Liens Internet utiles
Filière des produits de textiles et d’habillement de RECYC-QUÉBEC
http://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/client/fr/programmesservices/Filiere_Textiles.asp
La revue Textile
www.groupecttgroup.com
Vêtements Québec
www.vetementquebec.com
Savers, Village des valeurs
www.savers.com
Goodwill Industries International
www.goodwill.org
Guide du vêtement responsable (Équiterre, 2007)
http://www.equiterre.org/docs/guide_vetement_2007.pdf
Association internationale du textile et de l’habillement
(The International Textile & Apparel Association Inc)
www.itaaonline.org
Association de l’industrie des matières secondaires du textile
Secondary Materials and Recycled Textile Association (SMART)
www.smartasn.org
Dernière mise à jour : mars 2008
Maillot de polyester recyclé et recyclable,
Mountain Equipment Co-op