Jacques Josse - Marco Pantani a débranché la prise

Transcription

Jacques Josse - Marco Pantani a débranché la prise
JACQUES JOSSE
Marco Pantani a débranché la prise
La Contre Allée
Jacques Josse - président de la Maison de la poésie de Rennes de 2008 à 2012 et au teur de plus de trente ouvrages tant de poésie que de prose - retrace ici le destin tragique de l’un des meilleurs grimpeurs de l’histoire du cyclisme sur route, Marco
Pantani.
Ni « Aigle de Tolède » ni « Ange de la Montagne » Marco Pantani est « le Pirate ». Une
image de rebelle qui lui va comme en gant. Et comme le casque en ce temps là est un ac cessoire que seul Robic a osé arborer, « le Pirate », crâne rasé, bronzé, lisse comme une
savonnette, luisant comme un sou neuf, se fait - dans les pelotons - la tête de l’emploi : un
anneau argenté à l’oreille, un bandana bleu azur sur le crâne.
Huit victoires dans le Tour de France, autant dans celui d’Italie, deux fois vainqueur à
« L’Alpe », il est l’un des sept coureurs à avoir remporté la même année le Giro et le Tour.
Irrésistible quand la montagne devient insolente, impérial quand la route est calvaire pour
les champions ordinaires, il est l’idole des tifosi. Un Dieu des cimes toujours au sommet
malgré des cabrioles d’anthologie.
Et puis le 5 juin 1999 - à Madonna di Campiglio - c’est le drame. Ce jour là, en tête du Giro
à deux jours de l’arrivée il a course gagnée. Un contrôle anti-dopage inopiné et sa vie bascule. Initié par l’Union Cycliste internationale il vise à vérifier le niveau d’hématocrite de
tous les coureurs du peloton. Marco accuse un taux de 52 % alors que la limite autori sée est de 50. Mis hors course illico. Lui seul, tous les autres sont autorisés à repartir. Il
crie au complot. Le peloton au scandale. Son dauphin refuse de porter le Maillot Rose. Lui
quitte la course comme un paria. Du jour au lendemain il Maestro devient mouton noir. Il se
cache, s’isole et jamais ne retrouvera « ce feu intérieur qui lui permettait, quand il était au
top de sa forme, de secouer et d’étirer le peloton dés que la route s’élevait à mille eu deux
mille mètres au-dessus du niveau de la mer. »
Il fait face. Décide de se battre. Deux victoires sur le Tour 2000. Au sommet du Ventoux et
à Courchevel. Et puis le moteur se grippe, Marco nourrit son chagrin à la seringue.
Condamnation. Suspension. Cocaïne. On l’évite. On le fuit. Sa copine retourne chez sa
mère. Il est seul. Fait la Java, la bringue, les bars, les boites de nuit. Sauf que le 18 février
2004 il retrouve enfin un public. Son public. Une foule immense. Vingt mille personnes. De vant l’église San Giacomo Apostolo. Ite missa est.
Le lion est mort, il a débranché la prise.
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