LA CONSTRUCTION LE MONDE ROMAIN
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LA CONSTRUCTION LE MONDE ROMAIN
LE MONDE ROMAIN LA CONSTRUCTION Les Romains, héritiers en la matière des Étrusques et des Grecs, furent de tous temps de grands bâtisseurs. Mais techniques et matériaux ont évolué au fil du temps et permettent de situer la période de construction d’un bâtiment. ❖ Travertin : roche sédimentaire calcaire. Très tendre à l'extraction, elle durcit au contact de l'air et, une fois polie, peut rivaliser avec l'aspect du marbre. Il s'exploite à Rome, autrefois comme aujourd'hui, dans les carrières de Tivoli. En France, les carrières de Vers-Pont-du-Gard sont toujours en expoitation... massif de remplissage LES PRINCIPALES TECHNIQUES DE L’OPUS QUADRATUM À L’OPUS CAEMENTICIUM Dès le 7e s. av JC, les Romains construisent avec des blocs parallélépipèdiques, à joint vif, sans aucun mortier : c’est l’o pus quadratum (=ouvrage en carré), employé pour les citernes du Palatin, la muraille de Servius Tullius, les murs d’enceinte des fora imperiali, ou encore les murs radiaux du Colisée, entre les piliers de travertin ❖. Chaque bloc est taillé à des dimensions souvent multiples du pied (1 pied = environ 29,5 cm ). Les corporations de tailleurs, dans les carrières, adoptent très tôt un canon qui constitue l’unité de mesure courante dans la construction. L’OPUS CAEMENTICIUM parements ❖ du latin apparare = préparer ; la façon de tailler, d'assembler, de lier et de mettre en valeur les différents matériaux de construction. Le mot latin opus (œuvre, travail) s'emploie dans le même sens. Se distinguent le grand appareil, fait de blocs importants, surtout utilisé pour des conctructions publiques (par ex. extérieur du Colisée, pont du Gard...) et le petit appareil, fait de blocs de petites dimensions, couramment utilisé dans les constructions privées. BÉTON ET CIMENT Béton : les Romains employaient déjà le béton, c'est à dire un mélange de mortier et de matériaux divers, tels galets, pierres concassées, pierre ponce, etc. qu'ils coulaient dans des coffrages en bois. Ce béton n'est jamais armé de tiges de fer comme le béton actuel ; il n'en est pas moins solide puisque nombre de constructions est parvenu jusqu'à nous. Cette solidité est due au choix des matériaux de base (chaux, sable, tuileau, pouzzolane…) et à l'homogénéité du mélange, longuement remué. Ciment : si ce mot vient du latin caementicum, le composé qu'il désigne est moderne et ne doit pas être employé pour parler d'une construction antique. ❖ Tuf : roche formée par l'accumulation de matériaux volcaniques fins et durcie sous l'action de l'eau. A partir du 2e s. av JC, l’architecture romaine utilise le mortier de chaux : 1 partie de chaux, 2 de sable de rivière, 1 de tuileaux pilés sont mélangées à sec, puis avec 15 à 20% d’eau (selon Vitruve, architecte d’Auguste). Dans cet appareil ❖ , les parements (parties visibles du mur) ne servent plus que de coffrage. Le massif de remplissage dans lequel le mortier de chaux lie tous les constituants devient l’élément porteur principal. Suivant le parement se distinguent : ➵ L’opus incertum : placage de moellons bruts dont seule la face visible reçoit un début de dressage (assemblage méthodique), utilisé pendant tout le 2e s. av JC. ➵ L’opus reticulatum : la face visible des blocs présente une section carrée. Les joints, avec une incidence de 45°, dessinent une trame rappelant les mailles d’un filet (reticulus). Cet appareil se perfectionne de la première moitié du Ier s. av JC jusqu’à la fin de la dynastie julio-claudienne (69 ap JC). ➵ L’opus mixtum : des chaînes horizontales de briques ou de tuiles, des angles de briques renforcent les parements muraux en opus reticulatum. Cette technique se développe, en particulier, des Flaviens (69 - 96 ap JC) à Hadrien (117 à 138). ➵ l’opus latericum : la brique crue, puis cuite (à partir d’Auguste), remplace les moellons de tuf ❖. La construction en briques se généralise au cours du Ier siècle, devient systématique à l’époque des Flaviens (69 - 96; voir le Palatin) et dans les grands programmes de Trajan (98 - 117; voir le forum de Trajan), puis d’Hadrien (117 - 138 ; voir Ostie, la villa Hadriana, le la construction - 2 ❖ Pouzzolane : roche volcanique très poreuse, formée de cendres durcies sous l'eau, très abondante dans les environs de Pouzzoles (Campanie) d'où son nom. Ce matériau, une fois réduit en poudre, rend le mortier très résistant, lui permettant de durcir même sous l'eau. Panthéon…). De Marc-Aurèle (161 - 180) à Caracalla (211 - 217) toutes les fabriques de briques deviennent propriété d’Etat. La fabrication d’éléments circulaires, triangulaires (cannelés ou non) permet la construction des colonnes dont les chapiteaux sont faits avec des briques moulées. Enfin, grâce à l’emploi de la brique, les Romains développent à l’envi les voûtes et les grands arcs bâtis (thermes, portiques, etc.). ➵ l’opus vittatum : les lits horizontaux de briques alternent avec ceux de moellons en tuf ; cet appareil est typique, à Rome, des époques de Maxence et Constantin (306 - 337). Il est également très répandu en Gaule romaine. LES ENDUITS Souvent épais (8 cm en moyenne), ils comprennent plusieurs couches de chaux et de pouzzolane ❖ appliquées à la truelle et servant de support pour des couches de finition, faites d'un mélange de chaux et de poudre de marbre. Leur poids atteint jusqu'à 100 kg au mètre carré ! LES MATÉRIAUX LA PIERRE : TUFS ET TRAVERTIN L'emploi des arcs de décharge (ci-dessus), qui répartissent les poussées, a permis la cons truction de murs très hauts. Retrouvez-les par exemple à Ostie, au Panthéon, etc… Des coffrages en bois (ci-dessous) autorisent toutes les audaces. L’emploi du tuf (du grec tophos : toute sorte de pierre friable) remonte aux origines de Rome. Le premier employé est le capellacio tiré du sous-sol même de l’Urbs (citernes du Palatin, par ex.), puis les Romains utiliseront 6 types de tufs différents dans la structure des bâtiments (le Tabularium …) Le travertin apparaît dès le II°s av JC, puis sera largement employé : le Colisée, le théâtre de Marcellus à Rome, le pont du Gard, etc… MARBRES, GRANITES ET PORPHYRES Les marbres viennent de tout l’Empire : du mont Pentélique près d’Athènes, de Thessalie (Grèce du Nord), du Péloponnèse, des îles grecques (Chios et surtout Paros, le marbre le plus employé dans la statuaire antique),Asie Mineure, de Tunisie (le jaune antique, rare), d’Italie même (le célèbre Carrare)… Les granites roses et gris arrivent d’Assouan en Egypte (à plus de 3000 km de Rome!). Les porphyres rouges sont importés de Haute-Egypte (région de la mer Rouge), les porphyres verts du Péloponnèse … LE RÈGNE DU MARBRE L’emploi du marbre se généralise avec Auguste qui se vante d’avoir reçu une Rome de brique et de laisser, en héritage, une Rome de marbre. Des placages de marbre recouvrent toutes les structures en briques des édifices publics; des crochets de métal maintiennent les lourdes plaques (observez-le sur les murs latéraux du Panthéon; regardez la trace de ces tenons sur les parois du Colisée…) Dans les domus, la place sociale, la richesse du propriétaire se lisent vite à la quantité et à la variété des marbres employés. Texte, conception et réalisation : René CUBAYNES, Michèle GOZARD - Edition 2001