Le genocide rwandais devant un jury d`assises français
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Le genocide rwandais devant un jury d`assises français
leg éfi oc îde rwandaîs devant un juc y d'assises français Pascal Simbikangwa, un ancien capita ine rwand ais, est jugé à Paris pour complicité de génocide. THIERRY DBER1.t toberle(ji>leflgaf'tl fr rusnœ Les fantômes du génocide nvandais vont planer durant au moins six semaines sur le palais de justice de Paris. Un jury populaire de cour d'assi ses plonge à partir de mardi dans les ténèbres du massacre de quelque 800 000 hommes, femmes et enfants, commls d'avril à juillet 1994 au Rwanda, un petit pays de la région des Grands Lacs. Les victimes de cette « solution finale » à l'africaine, des Tutsis pour la plupart, furent tués par balles ou à la machette dans des maisons, des églises, au bord des routes ou, pour ceux qui fuyalent, au fond des marais ou sur les collines. La dernlère tragédie hors norme du XX•siècle. Les jùrés vont juger Pascal Simblkangwa, un Rwandah; de 54 ans, pour complicité de génocide et complicité de crimes contre l'hummrlté. Ançien capitalne de l'armée, ce paraplégique e5t poursuivi pour avoir fournl des armes aux mili- T ...-. _.......... ~,.t:!"""'_ ................. Ce 20août1994, des enfants rwandais tentent de rejoindre le Za'li'e voisin, pour fuir les massaaes. ciens .qui avalent dressé des barrages des fins « historiques et scientifiques >) , sur dérogation une fois la décision judipour identifier les membres de la comciaire rendue définitive. anéantir. à munauté tutsie, ces ennemis C'est ensuite la première fois qu'un Il est également accusé d'avoir enc6uraen compétence extraterritorlale procès conseils et Instructions des gé et donné est organisé en France pour des actes aux « gardiens » présents sur ces~. bar rières » tant à Kigali, la capitale, que comnrls lors du génocide rwandais. Les dans sa province natale de Gisenyl, la ré- présumés responsables du génocide des gion d'origine du clan du président hutu, Tutsis au Rwanda sont en règle générale jugés par le Tribunal pénal internationa l Juvénal Habyarimana. Des crimes passibles de la prison â perpétuité. Familier pour le Rwanda TPIR) d'Arusha, en du premier cercle du pouvoir hutu qui a Tanzanie, créé spéclalement à cet effet planifié et mfs en œuvre le génocide, par les Nations unles en novembre 1994, ou par des tribunaux rwandais si le proPascal Simblkangwa nle en bloc. cureur du TPIR décide de ne pas exercer L'accusé n'a pas le profil emblématique d'un Kiaus Barbie, d'un Paul sa compétence . Plusieurs dlzalnes de Toûvler ou d'un Maurice Papon. Il est condamnat ions et six relaxes ont été cependant l'un des maillons dans cet · prononcées par le tribunal d'Arusha, qui a clos l'ensemble des procès de première engrenage de tueries perpétrées ae rnaInstance et doit fermer à la fin de l'annlère artisanale à une échelle industrielle. Son procès est exceptionnel à plus née. Environ deux millions de citoyens rwandais ont comparu devant les cc gad'un titre. D'abord, les débats seront filmés. Une salle de retransmission est caca ", les tribunaux populaires, pour installée en prévfl.ion d'un public trop leur rôle présumé dans le génocide. Reste les suspects qui ont tenté de se nombrellx pour la salle d'audience. Les oublier. Certalns ont été rattrapés à fulre consultables seront ents enregistrem __ .,,_ .,_ __ -! - - - - - par leur passé loin de chez eux, en Euro pe ou sur le continent américaln. Des procès ont eu lieu notamment en Belgique, oy l'on a vu, dès 2001, défiler sur le banc des ace.usés deux religieuses, un C'est la premièr e fois. qu'nn procès 'en compéte nce extrater ritoriale est organisé en France crlmlnel en col blanc surnommé le « banquier du génocide », et un militaire Impliqué dans le meurtre de dix casques bleus belges. La justice française a attendu longtemps avant d'entrer en action. Le rôle joué par la France au Rwantla avant et durant la tragédie (lire çi· dessous) ex.., plique en partie ce retard. Accueillie à Paris après l'attentat du 6 avril 1994 contre son mari, Agathe Habyarilruma y réside toujours. ll a fallu attendre treize ans pour qu'une lnlormation judiciaire .. .... ~ .!. ·'1 J- M. aou~u rASSOCIATED PRESS soit ouverte contre la veuve du président, pour complicité de génocide et crime contre l'humanité. Et il a fallu attendre dix- huit ans pour assister à la naissance du pôle crimes de guerre de Paris, l'unlté chargée de traquer les auteurs de crimes de masse réfugiés sur le sol national. Au total, une vingtaine de plaintes ont été déposées par le Collectif.des parties civiles pour le Rwanda, l'association montée par un couple de « chasseurs de génocidaires » Alain Gauthier, un enseignant ré'mols et son épouse Dafroza, une laborantine, pour lutter contre l'impunlté. Ex- officier des services de renseignements rwandais, Pascal Slmblkangwa se cachait à Mayotte sous une fausse identité lorsqu'il a été débusqué en 2008. Mis en examen po!lf génocide et crime contre l'humanité, li a été finalement mis en ac<.'USatlon pour « avoir contribué, en connaissance de cause, à la pratique massivê et systématique d'exécutions sommaires et autres actes inhumains ain- si qu'augénodde » . • '1 ' /