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ECLA Aquitaine présente
GRAND SOIR ET PETITS MATINS
« DES GENS
TRÈS INSPIRÉS »
Benoît Delépine et Gustave Kervern ont encore une fois quitté Groland pour le monde du cinéma avec un cinquième long
métrage, Le Grand Soir, qui a été tourné en grande partie dans la région bordelaise. Albert Dupontel et Benoît Poelvoorde
y jouent les rôles de deux frères quadragénaires, l’un commercial et l’autre punk à chien, qui vont tenter de faire leur
révolution. Rencontre avec deux auteurs réalisateurs que l’on aurait tort de ne pas prendre au sérieux.
JEAN-PIERRE GUÉRIN,
PRODUCTEUR – GMT Productions
VOUS ÊTES LES PREMIERS À FAIRE SE RENCONTRER DANS
DES RÔLES PRINCIPAUX BENOÎT POELVOORDE ET ALBERT
DUPONTEL, VOUS PENSIEZ À EUX AVANT L’ÉCRITURE ?
Gustave Kervern : Les comédiens sont très importants pour nous. Un
film c’est compliqué, ça dure, il faut se sentir bien avec quelqu’un,
l’admirer, avoir envie de tourner avec lui. Nous, on va plutôt voir les
gens en leur proposant une idée de film. C’est ce qu’on avait fait avec
Depardieu pour Mammuth. S’il avait refusé, on n’aurait pas fait le
film. On connaît Albert et Benoît depuis très longtemps. On cherchait
une idée de scénario et l’idée de les rassembler était très alléchante.
On a construit le film à partir du moment où ils ont dit oui tous les deux.
DIOGÈNE ET LE PUNK SONT IMPORTANTS DANS LE FILM,
POUVEZ-VOUS EN DIRE QUELQUES MOTS ?
B.D. : Diogène est un philosophe particulier : c’est le dénuement, la
vérité, une forme de provocation. Même en termes vestimentaires.
D’après les écrits grecs, il se baladait quasiment nu, trainait un poisson
pourri, vivait dans un tonneau, hurlant... C’est le premier punk ou
plutôt les punks se sont inspirés de cette philosophie. En imaginant un
Diogène moderne, on a vite fini sur les punks à chien.
COMMENT S’EST PASSÉE CETTE RENCONTRE
SUR LE TOURNAGE ?
Benoit Delépine : Ils avaient déjà tourné chacun dans des films à nous,
des scénettes, et puis on se voit régulièrement, on s’aime bien. On était
en confiance, il n’y avait aucune tension. Benoît, dès qu’il s’est retrouvé
avec sa coiffure punk, il a trouvé son personnage, il était de suite à
l’aise. Albert était un peu tendu au début mais ça tombait bien parce
que son personnage au départ devait être tendu. Ça collait bien aussi
parce qu’on tourne toujours nos histoires dans l’ordre chronologique.
On est content de cette rencontre, ce qu’on espérait s’est produit.
B.D. : C’est le grand soir dans le sens révolutionnaire, mais comme dans
tous nos titres, il y a quelque chose d’ironique. Le grand soir, dans le
film, on n’y croit pas totalement, c’est plutôt des petits soirs de chacun.
G.K. : Les lieux sont essentiels pour nous, comme les acteurs. L’envie
de tourner vient beaucoup des endroits. Un jour, il y a eu l’idée de
tout situer dans une zone commerciale et ça a tout déclenché. Ça m’a
toujours fasciné ces endroits où tout le monde va au point de délaisser
les centres-villes. Ca fascine et ça fait peur. L’idée du lieu nous a ouvert
les portes du scénario.
POURQUOI DANS L’AGGLOMÉRATION BORDELAISE?
B.D. : Quand on est focalisé sur une idée de film, tout prend sens. Il y
a eu un grand article dans Le Monde sur le développement des zones
commerciales et il apparaissait que Bordeaux était la ville où il y avait le
plus d’hypermarchés en France. C’était pas très loin d’Angoulême, on s’est
dit pourquoi pas ? On a visité plusieurs zones et on a flashé sur celle de
Bègles. J’avais un contact avec Noël Mamère avec qui j’avais arraché des
plants transgéniques il y a quelques années. Je l’ai rappelé et en une nuit,
il a fait en sorte de nous présenter les gens du Carrefour.
G.K. : Notre problème était que tous les hypermarchés nous refusaient le
tournage avant même de connaître l’histoire. Là, le directeur connaissait
bien Groland, ça nous a ouvert les portes, il a dit oui et on lui baise les pieds !
COMMENT SE RÉPARTIT LE TRAVAIL ENTRE VOUS DEUX ?
G.K. : On se répartit le travail d’écriture et on arrive sans se le dire à 50/50. Ce
qui a pas mal changé, notamment sur ce film, c’est qu’on revoit tout au jour le
jour. Plus ça va plus on vire des choses sur le tournage, on réécrit beaucoup les
dialogues. Les comédiens ont des textes nouveaux à apprendre le matin même.
C’est un exercice qu’on a imposé pour être le plus efficace possible.
B.D. : On est toujours, tous les deux, des cerveaux en ébullitiondes cerveaux
en ébullition, on n’arrête pas de communiquer tout le temps, d’échanger, de
dialoguer, de rebondir, ça va très vite. Quand on est dans l’écriture, on est déjà
dans le tournage, et quand on est dans le tournage on est déjà dans le montage.
On essaie de rester très attentifs, mais en tournant on voit déjà ce qui réussit, ce
qu’on devra couper au montage. Jusqu’au dernier moment, c’est toujours en
mouvement.
VOUS PRIVILÉGIEZ DES LONGS PLANS SÉQUENCES, DES CADRES
UNIQUES, UN MONTAGE SOBRE, C’EST EN ACCORD AVEC
L’HISTOIRE QUE VOUS SOUHAITEZ RACONTER ?
QU’EST-CE QUE REPRÉSENTE POUR VOUS LE GRAND SOIR ?
UNE POSSIBLE RÉVOLUTION ?
POURQUOI AVEZ-VOUS CHOISI CET UNIVERS DES GRANDES
SURFACES, DES CENTRES COMMERCIAUX, QU’EST-CE QUE
CELA RACONTE POUR VOUS AUJOURD’HUI ?
Depuis combien de temps êtes-vous implanté
en Aquitaine et qui produisez-vous ?
VOUS ABORDEZ L’IDÉE DU GRAND SOIR AVEC BEAUCOUP
D’HUMOUR ET DE DÉRISION MAIS EN MÊME TEMPS IL Y A
UNE FORME DE SÉRIEUX SUR LE CONSUMÉRISME,
LE CAPITALISME, LE RAPPORT AU TRAVAIL...
G.K. : C’est peut-être l’âge, mais j’ai envie que les gens prennent au
sérieux ce qu’on a envie de dire. Il y a aussi pas mal de désenchantement
dans le film, il y a , par exemple, une scène d’immolation, il n’y a pas
de raisons de rire de ça. En Italie, il y a des gens qui passent à l’acte
quasiment toutes les semaines. On a envie de distraire, mais on n’a pas
envie que ce soit du pur comique.
EST-CE QUE VOUS LE VOYEZ COMME UN FILM POLITIQUE ?
B.D. : Je le vois vraiment comme un vrai film politique, au sens où les
personnages sont en quête de liberté, ils veulent s’arracher aux besoins
de la consommation. C’est un hymne à la fantaisie, à l’humanité, aux
autres...
G.K. : Sans être militant, parce qu’on n’aime pas donner des leçons, on
se pose la question : est-ce qu’une révolution est possible ? Visiblement
non dans le film mais on n’a pas de réponses à ces questions. On
réfléchit, on essaie de comprendre la situation, on lit énormément mais
on n’a pas de leçon à donner à qui que ce soit. Le film est politique
parce qu’il aborde des situations terribles, de chômage, de pertes
d’identité, de malheur...
G.K. : On ne fait quasiment que des plans fixes, sans champs contrechamps.
On essaie d’avoir le moins de dialogues possible, on doit faire comprendre des
choses en langage visuel. On veut que ce soit à la fois beau mais simple, quasi
documentaire. Il n’y a pas les codes du cinéma habituel. On n’appuie jamais
sur les effets comiques ou émouvants. Un peu comme si c’était une caméra de
documentaire ou même de surveillance. C’est un pari de faire un film pas trop
chiant avec que des plans fixes, et en quatre semaines...
DE GROLAND À CANNES, QU’EST-CE QUE CELA VOUS ÉVOQUE ?
CELA SIGNIFIE QUE VOUS ÊTES MAINTENANT CONSIDÉRÉS
COMME DE VRAIS CINÉASTES ?
B.D. : C’est peut-être bizarre ce que je vais dire parce que tout le monde en France
est très polarisé sur Cannes, les paillettes... Mais moi, j’ai été le plus heureux du
monde quand on a été pris à Rotterdam pour Aaltra. À partir de là, on est toujours
content d’aller dans les festivals ! Le plus gros reste Rotterdam : c’était notre
premier film, on n’avait non seulement pas idée de ce qu’on allait faire et encore
moins l’idée d’être réalisateurs. C’était une vraie reconnaissance et elle venait en
plus de l’étranger où ils ne connaissaient pas Groland. On a eu des prix à Londres,
en Corée, on a été dans plein de festivals. Pour l’instant, cela a marché à chaque
film, on est pris en festival et on est content, ça nous donne une exigence par
rapport à ce qu’on fait.
LA REVENDICATION FINALE SUR UNE COLLINE HOLLYWOODIENNE,
« WE ARE NOT DEAD », C’EST UN MOT D’ORDRE FACE À LA SOCIÉTÉ
DANS LAQUELLE NOUS NOUS TROUVONS ?
G.K. : On a beaucoup cherché ce qu’on allait marquer sur cette colline. Mais c’est
valable aussi pour nous : parfois, on trouve qu’on est trop mous, on a du mal à
réagir à tout ce qui se passe, on est spectateur, assez impuissants... On fait des films
pour dire des choses mais on ne fait que ça, on s’aperçoit que c’est comme pisser
dans un violon. Même si c’est un Stradivarius, c’est la même chose.
B.D. : Bien sûr, on n’est pas mort, il faut arrêter de nous prendre pour des pions,
we are not Dead ! Dans le film, c’est pas une révolution mais des gestes. On peut
en faire quand on sent que quelque chose ne va pas. Ce ne sont pas des gestes
forcément désespérés mais créatifs et être créatif dans le désespoir, n’est pas
évident, généralement on est fatigué.
On produit de la télévision en Aquitaine depuis
pas loin de dix ans avec une série pour France 3
qui se nomme Famille d’accueil. Et puis j’y tourne
souvent des films de télévision comme Balzac avec
Depardieu. On est bien accueilli et c’est pour ça
qu’on y tourne
Comment s’est faite la rencontre avec
Delépine et Kervern ?
J’ai fait beaucoup de choses avec Depardieu, on a
une amitié et une complicité. Un matin, il m’appelle
et il me dit « Faut que tu viennes, je suis au
restaurant avec deux gars ». On a déjeuné ensemble
et ils m’ont parlé du projet Mammuth. Les choses
se passent souvent dans les rencontres, j’étais très
heureux d’entendre l’histoire qu’ils racontaient et
d’être avec eux. Je me suis dit que c’était quelque
chose de nouveau. Après j’ai appelé Gérard en lui
disant qu’il ne fallait pas laisser passer ça.
Et vous avez poursuivi avec Le Grand soir.
On s’est bien entendu. Ils ont vraiment une manière
de travailler qui est directe, simple et avec un vrai
regard. Je trouve qu’il y a toujours une résonnance
immédiate avec notre époque et pourtant ce n’est
pas ça qu’ils traitent. À chaque film ils s’améliorent.
Ce sont des gens très inspirés. C’est une grande
passion et un grand bonheur de travailler avec eux.
Vous avez choisi de travailler avec une
équipe technique très aquitaine.
C’est la meilleure façon d’agir. Même si les
réalisateurs viennent avec par exemple leur chef
opérateur ou leur premier assistant, ce qui est
normal, c’est formidable d’arriver dans une région
et de trouver sur place des professionnels de qualité
avec lesquels on va travailler. Et c’est aussi une
économie pour le film.
FILMOGRAPHIE :
Courts-métrages
1996 À l’arraché,
court-métrage réalisé par Benoît Delépine
2010 Ya basta !
court-métrage coréalisé par Gustave Kervern
et Sébastien Rost
2011 Chanson pour les amis,
clip pour Miossec réalisé par Gustave Kervern
2011 Comme un chien,
Liste artistique
NOT
Jean-Pierre Bonzini
La Mère Marie-Annick Bonzini
Le Père René Bonzini
Le Vigile
Le Directeur du Grand Litier
L’Ex-femme de Jean-Pierre
La Jeune femme muette
La Punkette
La Mère de la punkette
Benoît POELVOORDE
Albert DUPONTEL
Brigitte FONTAINE
Areski BELKACEM
Bouli LANNERS
Serge LARIVIÈRE
Stéphanie PILLONCA
Miss MING
Chloé MONS
Yolande MOREAU
Longs-métrages
2004 Aaltra
écrit et réalisé par Benoît Delépine et Gustave Kervern
Sélectionné à Rotterdam et Prix Fipresci au Festival de Londres
2006 Avida
écrit et réalisé par Benoît Delépine et Gustave Kervern
présenté hors compétition au Festival de Cannes
et Prix Spécial du Jury Mexico
2008 Louise-Michel
écrit et réalisé par Benoît Delépine et Gustave Kervern
Prix du Scénario à San Sebastien et Prix du Jury à Sundance
2010 Mammuth
écrit et réalisé par Benoît Delépine et Gustave Kervern Sélectionné à la Berlinale
2012 Le Grand Soir
écrit et réalisé par Benoît Delépine et Gustave Kervern
France 2012 - Durée : 92 ‘ - Format image : 2.35
Prix spécial du jury Un Certain Regard, Cannes
AU CINÉMA LE 6 JUIN 2012
Écla Aquitaine, en partenariat avec l’ACPA
(Association des Cinémas de Proximité d’Aquitaine),
accompagne la tournée promotionnelle du film sur
le territoire aquitain avec l’organisation d’avantpremières et de projections professionnelles à
destination des exploitants aquitains.
DISTRIBUTION
Ad Vitam
Tél. : 01 46 34 75 74
www.advitamdistribution.com
[email protected]
Contacts
PRESSE
Guerrar and Co
François Hassan Guerrar & Mélody Benistant
Tél. : 01 43 59 48 02
Mail : [email protected]
Fiche technique
Scénario Benoît DELÉPINE et Gustave KERVERN
Réalisation Benoît DELÉPINE et Gustave KERVERN
Image Hugues POULAIN
Son Guillaume LE BRAZ
Montage Stéphane ELMADJIAN
Décors Paul CHAPELLE
Costumes Florence LAFORGE
1er Assistant Réalisateur Gérard BONNET
Direction de production MAT TROI DAY
Post-Production Frédéric J. LOZET
Producteur Jean-Pierre GUERIN
Production exécutive Christophe VALETTE
et ANGA PRODUCTIONS
Producteurs délégués Benoît DELÉPINE
Gustave KERVERN
André LOGIE
Gaëtan DAVID
Une coproduction franco-belge GMT PRODUCTIONS
NO MONEY PRODUCTIONS
PANACHE PRODUCTIONS
LA CIE CINÉMATOGRAPHIE EUROPÉENNE
En coproduction avec ARTE France Cinéma
WDR / ARTE
BETA FILM
Avec la participation de CANAL+
CINÉ+
ARTE Grand Accord
BELGACOM
En association avec La Banque Postale Image 5
Cofinova 8
Avec le soutien de La Région Aquitaine
La Région Poitou-Charentes
Le Département de la Charente
Le Tax Shelter du Gouvernement fédéral de Belgique
Avec la collaboration de ECLA Aquitaine
Poitou-Charentes Cinéma
Commission du Film Poitou-Charentes
Pôle Image Magelis
En partenariat avec le CNC
[email protected] // [email protected] // [email protected] // http://ecla.aquitaine.fr
Crédits : © écla Aquitaine 2012 • Textes : Christophe Dabitch / photographies : © Theo Synchro X/ graphisme : Célestin
écla Aquitaine
bâtiment 36-37, rue des Terres neuves / 33130 Bègles
tél. +33 (0)5 47 50 10 00 / fax. +33 (0)5 56 42 53 69
[email protected] / http://ecla.aquitaine.fr
court-métrage réalisé par Benoît Delépine