Hildegard von Bingen - Mairie de Saint-Père

Transcription

Hildegard von Bingen - Mairie de Saint-Père
Hildegard von Bingen
(1098-1179)
« Je suis une petite plume portée par le souffle divin. »
“Et c’est parce que Dieu fut engendré par une femme que la femme est la créature bénie entre
toutes. ”
Nommée aussi la prophetissa teutonica, Hildegarde est un phénomène ! Elle a laissé de
nombreux textes et environ 3000 lettres qui témoignent de sa connaissance approfondie des
sciences naturelles, de l’alimentation, de l’hygiène et de la médecine. Elle est poétesse,
compositrice, théologienne, prophétesse et critique de son temps.
Destinée à Dieu à l’âge de 8 ans, elle est confiée à un ermitage attaché à un couvent bénédictin.
Elle est instruite dans la science des herbes médicinales, travaux à l'aiguille, les écritures saintes
et le latin. Elle devient abbesse en 1136. Au prix d’énormes efforts et de combats, elle impose la
construction de son propre couvent sur le Rupertsberg près de Bingen (1147-1152). Loin de la
contemplation propre au couvent, Hildegarde prêche au peuple. Elle se prononce
ouvertement sur des questions religieuses mais également sur les grands thèmes politiques
actuels. Le clergé n’est pas épargné, et elle se bat pour le renouvellement de l’église.
La rédaction de sa première œuvre dure presque 10 ans : « Scivias – connais les
chemins ». C’est la tâche de son secrétaire, le moine Volmar, de transcrire ses visions. Le
Synode tenu en 1148 à Trêves examina le texte, et reçut l’accord des ecclésiastiques. D’abord
marqués par l’image d’un Dieu masculin transmise par l’Église catholique, les textes
d’Hildegarde donnent de plus en plus de place à l’aspect féminin, sous la forme de la Sophia,
la sagesse. Elle décrit cette figure divine féminine comme « unie dans une étreinte intense avec Dieu.
...De son propre être et par elle-même elle créa tout avec amour et tendresse ». Chez Hildegarde, Sophia est
la source de la force verte, la verdure (viriditas). Cette force issue de l’infini est l’énergie qui
pénètre tout, qui relie toutes les polarités que nous vivons ou que nous créons.
« Oh force de la sagesse, / tu tiens l’univers dans un cercle,
tu embrasses tout dans un souffle, / sur un chemin, plein de vie »
Hildegarde s’exprime sur le rôle de la femme de manière pointue, en particulier à propos de la
sexualité. Elle contredit l’avis (théologique) de l’époque d’après lequel la femme est la source
de toute indécence. Le plaisir et l’union corporelle ne servent d’après elle pas uniquement à la
reproduction, mais permet à l’homme et à la femme de devenir des êtres entiers.
« Homme et femme s’entremêlent de telle manière que l’un est l’œuvre de l’autre (opus alterum per alterum).
Sans la femme l’homme ne peut être appelé homme, sans l’homme la femme ne peut être appelée femme ».
Hildegarde est une voyante, une visionnaire. Déjà enfant elle fait l’expérience d’un don de
perception exceptionnel. Peu à peu, elle apprend à ne pas en parler. A l’âge de 43 ans
seulement, un « visage céleste » l’invite clairement à publier ses visions. En toute modestie elle
dit de ses expériences : « Il plaisait au roi de toucher une petite plume, qu’elle s’envole par merveille ».
Elle apprend à soigner les malades, à entonner des hymnes à la vie.
Le thème commun de toutes les visions d’Hildegarde est la complète unité de la Création : le
monde des anges, la nature, les sens et l’âme, tout se conditionne et s’infiltre l’un l’autre. Sa foi
semble liée étroitement à sa cosmologie et à ses connaissances humaines. Au centre se trouve
pour elle le mystère de Dieu qui devint Homme. Dans le Christianisme plus tardif on ne
rencontrera pratiquement plus jamais l’ouverture qu’elle manifeste face à la matière, à ce qui
est corporel en général.
Hildegarde a aussi écrit et composé 77 chants liturgiques à une voix. Antiphones, respons,
séquences, hymnes, un singspiel, sorte de mystère, ancêtre de l’oratorio. Elle voulut que les
sœurs de son couvent puissent, grâce à elle, vivre leur spiritualité au travers du chant. Les
thèmes de ces chants se distinguent de ceux des courants théologiques de son siècle.
Tant dans la tessiture, qui atteint jusqu’à 2 ½ octaves, que dans ses ornements, ses intervalles
et sa mélodique, ses compositions sortent du cadre des chorals grégoriens de son temps. Sa
virtuosité est unique dans la musique du Moyen-Âge. La musique signifie pour elle l’écho de
l’harmonie céleste et la résonance du Paradis. La musique est au service de Dieu dans la joie.
Pour exprimer cette joie, les nonnes de son couvent chantent et dansent dans le chœur, la
chevelure ouverte. Elles portent sur leur tête des couronnes ornées de croix, de longs voiles
blancs et lumineux, et des anneaux d’or aux doigts. La coutume de préparer leur corps pour
cette fête provoque scandale et critique dans les autres couvents de femmes. Mais pour
Hildegarde, il n’y a pas de corps sans esprit, pas de médecine sans théologie, pas de soin à
l’environnement sans recherche de Dieu. Tout ce qui est terrestre, céleste et cosmique est relié
par un réseau d’amitié et de responsabilité.
« Les herbes s’offrent leurs fleurs, une pierre transmet son éclat à l’autre, et chaque créature cherche
instinctivement l’étreinte aimante. –Chaque être est relié à un autre, chaque être est soutenu par un autre. »
Les instruments de musique, « Dieu les met à notre disposition pour nous permettre de découvrir notre
mélodie intime, dit Hildegarde. Chanter, c’est être en quête de notre moi originel le plus sacré ». Par le
chant, l’homme a la révélation de son origine sacrée.
La poésie d’Hildegarde est la synthèse de toutes ses expériences, la musique est à la base de
son écriture : elle établit une subtile correspondance entre ses différents textes de sorte qu’il se
crée une mosaïque de sons polyphoniques aux couleurs chatoyantes dont la richesse spirituelle
vous est peu à peu dévoilée. Les mélodies puisent leur origine dans le chant choral grégorien.
Dans cette musique, qui exprime le moi le plus intime, se retrouve aussi la forte influence de
la personnalité visionnaire d’Hildegarde de Bingen.
Victoria Walker & Lorant Hecquet
Association Convergences, Vézelay

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