de la poubelle au bac de recyclage

Transcription

de la poubelle au bac de recyclage
DE LA POUBELLE AU BAC DE RECYCLAGE
En transmettant son nom aux poubelles, Eugène Poubelle ne savait peut-être pas qu’en 1883 il fut le père
de la collecte sélective. En effet, il avait prévu que les Parisiens disposent de trois boîtes à déchets : la
première pour les matières putrescibles, la seconde pour les papiers et chiffons, et la dernière pour le
verre et la faïence. Une idée qui fera du chemin !
Déchets ménagers d’hier, ressource de demain
Si le mot « déchet » apparaît au XVIe siècle, les déchets eux ont accompagné l’histoire des hommes, des
cavernes à nos cités modernes. Autrefois abandonnées dans les grottes ou données aux bêtes, les ordures du
Moyen-Age étaient quant à elles tout simplement jetées par la fenêtre.
Aux villes romaines propres vont succéder les villes occidentales particulièrement sales et propices à la diffusion
des maladies. Paris en est le symbole, affublée du surnom « ville de boue » (Lutèce, nom primitif de Paris, vient du
latin lutum, qui signifie boue).
La révolution industrielle renforce les problèmes d’élimination des déchets, leur masse s’accroissant. Les
découvertes de Pasteur suscitent un effort en matière d’hygiène et révèlent le problème de l’élimination des
déchets. Suite à l’arrêté du préfet Poubelle, du 24 novembre 1883, qui impose à la ville de Paris la mise en place
de récipients spéciaux destinés aux dépôts des ordures, ces dernières sont peu à peu domestiquées
La société de consommation accompagne ce mouvement de progression des déchets. Elle inaugure l’ère du
jetable et d’un certain gaspillage, à telle enseigne que nos poubelles prospèrent : la quantité des déchets
ménagers a doublé en quarante ans.
Cette augmentation de la production de déchets a un coût : la dépense nationale liée à la gestion des déchets
ménagers s’élevait ainsi à 7,7 milliards d’euros en 2007 (source SOeS). Elle pose également la question de leur
traitement. Les pouvoirs publics mettent alors en place des mesures de prévention et d’incitation au recyclage.
Adopté en 2004, le Plan national de prévention de la production des déchets a pour objectif de réduire la
production de déchets et de favoriser leur valorisation.
Les déchets collectés par an et par habitant en France représentent, pour l’année 2007, 391 kg par an et par
habitant (source : ADEME-MODECOM 2009). Il est à noter que les ménages ne sont pas les plus gros producteurs
de déchets. Avec 3,5 %, ils sont largement devancés par les déchets industriels et agricoles/sylvicoles.
Récupération et recyclage des déchets ménagers préoccupent législateurs et citoyens, et prennent ainsi leur
essor. Des dispositifs juridiques sont mis en place, tel que la responsabilité élargie du producteur et le service
public de gestion des déchets, qui instaurent par la suite une logique économique. Les poubelles, que certains
surnomment « les cornes d’abondance en ressources secondaires », sont valorisées économiquement. Grâce au
tri et au recyclage, les vieux papiers donnent vie à la « forêt urbaine », nouvelle source de matière première et
ressource de demain en substitution du bois.
Programme pédagogique • 1/3
Les déchets, nouvelle préoccupation des pouvoirs publics
L’Europe s’est très tôt préoccupée de la gestion des déchets. L’Union européenne vote deux directives relatives
aux déchets. La directive n°75/442/CEE du 15 juillet 1975 présente une définition du déchet : « toute substance ou
tout objet dont le détenteur se défait ou a l’obligation de se défaire en vertu des dispositions nationales en vigueur
». Elle impose aux Etats membres de prendre les mesures nécessaires pour la promotion de la prévention, du
recyclage, de la réutilisation et de la valorisation énergétique. La directive n°91/156/CEE du 18 mars 1991
hiérarchise pour sa part les différents moyens de gestion des déchets : prévention et réduction de la production de
déchets d’abord, et valorisation par recyclage, réemploi, récupération ou valorisation énergétique ensuite.
Le législateur français emboîte immédiatement le pas de l’Europe. La loi n°75-633 du 15 juillet 1975 relative à
l’élimination des déchets et à la récupération des matériaux est la première loi française qui concerne directement
les déchets. Elle oblige en conséquence les producteurs ou détenteurs de déchets à les éliminer ou à les faire
éliminer et confie aux collectivités la charge du service public de l’élimination des déchets. Le dispositif légal est
complété en 1992 par la loi du 13 juillet relative à l’élimination des déchets. Dès lors, seuls les déchets ultimes sont
mis en décharge, à savoir les déchets ne pouvant être valorisés. Priorité est donnée à la prévention et au
recyclage.
La collecte sélective est en marche, d’abord appliquée aux emballages (création d’EcoEmballages en 1994), puis
aux piles et aux déchets d’équipements électriques et électroniques (création d’Eco-Systèmes, Ecologic, ERP,
Recylum en 2006). Ecofolio, l’éco-organisme des papiers, est l’un des derniers nés. Ont vu le jour depuis les écoorganismes des meubles et des textiles.
De la poubelle aux bacs : la collecte sélective des papiers en France
Pour recycler les déchets ménagers, il faut pouvoir les collecter. Avec 14,5 % de papiers dans nos ordures
ménagères, les papiers sont le premier déchet recyclable. Mais seulement 47 % des papiers que nous
consommons sont recyclés.
La collecte sélective consiste à séparer et récupérer les papiers afin de leur donner une seconde vie, et même
davantage, grâce au recyclage. Deux critères permettent de la caractériser : le niveau de service, est-il en apport
volontaire ou en porte-à-porte, et le mode de collecte.
67 % des Français sont desservis par une collecte en porte-à-porte : le contenant est installé près de chaque
habitation puis collecté par les services municipaux. 33 % disposent quant à eux d’une collecte en apport
volontaire, c’est-à-dire de conteneurs dans lesquels les habitants sont invités à déposer leurs déchets recyclables.
Et le contenu des conteneurs, le papier est-il mélangé aux autres déchets ? Il existe plusieurs modalités de tri des
papiers que l’on peut résumer comme suit :
► en bi-flux, appelé également flux BCMPJ (brique-carton-métal-plastique-journal/revue/magazine/papier) : les
papiers sont collectés avec tous les autres emballages recyclables, sauf le verre ;
► en tri-flux, qui se subdivise en deux types : tri-flux J (pour journal/revue/magazine/papier) où les papiers sont
collectés séparément des autres flux de collecte, ou tri-flux CJ (pour carton-journal/revue/magazine/papier), où
les papiers sont collectés avec les autres emballages en carton.
La collecte des papiers se répartit en France ainsi : 57 % en bi-flux et 43 % en tri-flux. Collectés, les vieux papiers
sont prêts à être triés et recyclés.
Ecofolio.fr
Ecofolio, l’éco-organisme des papiers : retour sur un dispositif particulier
En 1988, bien avant la naissance d’EcoFolio, les pouvoirs publics, les collectivités locales, les repreneurs et
les papetiers signent un protocole d’accord qui permet le développement des collectes sélectives de
journaux et magazines destinées à alimenter les usines papetières en matière première nouvelle. Dès 1994,
les habitants se voient peu à peu proposer de trier leurs emballages et leurs papiers. Aussi, bien avant la
mise en place du dispositif légal en 2006, la filière papiers disposait-elle d’opérations de collecte et de tri préétablies.
Afin d’impulser une nouvelle dynamique à la filière et au tri des papiers, Ecofolio voit le jour. La
responsabilité élargie du producteur appliquée aux papiers est votée en 2005 et se met en place
progressivement. EcoFolio vient en appui du service public de gestion des déchets. L’éco-organisme finance
et organise le recyclage des vieux papiers en reversant les contributions de ses adhérents sous forme de
soutiens financiers aux collectivités.
En savoir plus sur Ecofolio
Ecofolio.fr