Fabrication de papier végétal - Ateliers d`écologie pratique

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Fabrication de papier végétal - Ateliers d`écologie pratique
Atelier d’écologie pratique
Fabrication de papier végétal
La fabrication manuelle du papier végétal inspire de nombreux
artistes. La grande variété de plantes et de matériaux utilisables
est impressionnante : la collecte de la matière première, le
défibrage, la formation de la feuille et le séchage sont des
moyens d’expression originaux. Chacune des étapes du
traitement contribue à donner à la feuille de papier une couleur,
une texture, une densité et une consistance singulières.
Un peu d’histoire...
La méthode utilisée lors de l’atelier, à partir de végétaux, est principalement pratiquée
en Asie. Mais, en Europe, on fabrique artisanalement du papier à partir de tissus
d’origine végétale (lin, chanvre, coton,...)
Le papier végétal naît en Chine peu avant notre ère. Il est alors principalement
fabriqué avec l’écorce interne de certains arbustes. Jusqu’au VIIIe
siècle, sa maîtrise restera chinoise et japonaise.
En 751, lors de la bataille de Talas (près de Samarcande), opposant
les Chinois et les Arabes, ces derniers victorieux, font prisonniers
un grand nombre d’artisans chinois, et obtiennent ainsi le secret de
fabrication du papier.
C’est avec les conquêtes arabes que le papier arrive en Occident.
A partir de Bagdad et du Caire, le papier arrive en Espagne, en
Italie, puis en France au XIIIe siècle.
C’est par la suite, pour développer la fabrication du papier qu’on
commence à y incorporer de vieux chiffons, matériau essentiellement
utilisé en Europe tandis que l’Asie se sert d’écorces de plantes.
Chaque continent poursuit la production traditionnelle avec ses
propres matériaux.
En 1673, en Hollande, une invention révolutionne l’industrie du papier : la «pile
hollandaise» qui ressemble à une baignoire avec 2 rouleaux qui compressent et
déchirent. Elle permet d’aller 8 fois plus vite, pour déchiqueter les tissus, en évitant
de faire bouillir.
En 1798, le Français Nicolas Robert invente la machine à fabriquer le papier en
continu. Au XIXe siècle, c’est le développement industriel, et celui de la chimie. Des
produits chimiques sont introduits dans la fabrication, afin de récupérer la cellulose
des végétaux, mais ce papier est de mauvaise qualité (jaunissant et peu résistant).
Ce que l’on peut aussi faire
papier dentelle
On peut obtenir du « papier chiffon » à partir du coton. Sa
grande capacité d’absorption explique son utilisation pour la
peinture à l’aquarelle. On peut presser la pâte végétale après
y avoir jeté des gouttes d’eau (papier dentelle).
On peut fabriquer du papier en le pressant sur des motifs en
relief. On peut moduler les couleurs, en pressant différentes
feuilles de formes et tailles différentes et superposées. On peut
conserver la forme et les nervures du végétal en le pressant
(une fois cuit à la soude) sans le broyer.
Fabrication de papier végétal
Le matériel nécessaire
Il faut des plantes fibreuses, de l’eau,
de la soude liquide, un fait-tout en
émail, deux cadres de bois de la
même taille sur l’un desquels est fixé
un tamis (moustiquaire ou treillis
fin), un blender (mixer), un pilon,
des tissus épais (alèze, feutre,…),
deux planches solides, et de vieux
journaux.
La Collecte
Dans un premier temps, il faut collecter des plantes, des
matériaux végétaux, qui seront mélangés entre eux pour
obtenir des feuilles de papier.
Les plantes ou les parties de plantes doivent être fibreuses :
feuilles de châtaignier, fougères, rhubarbe, poireaux,
pieds de courgettes,... mais aussi des tiges et feuilles
de tulipes, du céleri, du bambou, des fanes de carottes,
des feuilles de maïs, de sorgho, toutes sortes d’herbes,
graminées, paille, algues...
En Afrique du sud et en Asie du Sud-est, on fabrique du
papier à partir de crotte d’éléphant : l’animal a fait le
travail de la soude et ne laisse que les fibres utiles pour le
papier à la sortie !
La cuisson
Nous avons fait deux préparations pendant
l’atelier : une avec des feuilles de châtaigner,
des fougères, des pieds de rhubarbe et une
autre avec des poireaux et des orties.
Dans les deux grandes casseroles, nous
avons mis environ 6 - 7 litres d’eau à bouillir.
Puis, nous avons plongé les végétaux dans
l’eau, coupés en morceaux d’environ 5 cm.
Fabrication de papier végétal
Lorsque l’eau devient frémissante, il faut
rajouter de la soude liquide (ou lessive
de soude). La soude élimine la pulpe des
végétaux et ne laisse que les fibres. Nous
avons mis un demi-litre de lessive de
soude dans chaque casserole de 5 litres
d’eau.
Nous avons fais bouillir pendant 2h (le
temps de cuisson varie selon les ingrédients
utilisés). Il faut tourner de temps en temps
avec un bâton, pour que la cuisson soit
homogène.
La pâte à papier
Mixer les fibres végétales
cuites au blender. Les
japonais frappent les fibres
avec un maillet pendant
quelques heures… Plus la
pâte est mixée, plus fin sera
le papier.
Rincez ensuite abondamment à l’eau courante la pâte
à travers une grande passoire (bassine à linge avec
moustiquaire par exemple). L’idéal est de poser la
bassine quelques heures dans le courant d’un ruisseau !
Fabrication de papier végétal
Pour faire une feuille
de papier végétal
Versez la pâte dans un bac rempli d’eau. Plus il y
a d’eau, plus le papier sera mince. Bien remuez le
mélange juste avant de plonger le tamis (treillis
vers le haut) et le cadre posé dessus (les deux
tenus ensemble à deux mains) dans le liquide.
Avant remonter les deux cadres, répartir la pâte
de façon uniforme dessus. Sortir le tamis du bac
et laisser s’égoutter l’eau. Enlever délicatement
le cadre du dessus.
Autre méthode pour
faire une feuille
On peut aussi utiliser un bac rempli de quelques
centimètres d’eau sur laquelle flotte le double
cadre. On verse une petite quantité de pâte
battue dedans et on la répartit en la tapotant à
fleur d’eau (méthode pratiquée en Thaïlande et
à Madagascar).
Fabrication de papier végétal
La suite...
• Poser le tamis (face papier) sur un tissu épais préalablement
mouillé.
• Ce tissu a été posé sur un coussin de vieux journaux qui
absorberont l’eau.
• Bien pressez alternativement sur un côté puis l’autre du
tamis.
• Relevez doucement un côté du tamis en pressant en même
temps sur l’autre côté.
• La feuille de papier se dépose sur le
tissu. Recouvrir la feuille d’un autre tissu
sec.
• Refaire une autre feuille et la mettre
dessus.
• Empiler les feuilles les unes par dessus
des autres, alternées avec des feutres ou
tissus.
Mettre la pile entre deux planches et
presser les feuilles en mettant un poids
dessus (on peut aussi se mettre debout
dessus), afin d’extraire le maximum d’eau.
Prendre une à une les différentes feuilles
en les intercalant à nouveau entre des
tissus secs.
Faire sécher le tout,
sous une presse
Replacez toutes les
feuilles entre des
séchage complet.
C’est terminé !
entre deux planches,
(pierres, livres,...).
12 à 24 heures les
tissus secs jusqu’à
N.B. On peut aussi finir le séchage au
soleil ou sur une corde à linge mais il faut
alors repasser ou presser sous un poids les
feuilles légèrement gondolées.
Fabrication de papier végétal
Pour en savoir plus
Association des artistes du « papier »
http://www.iapma.info/
L’art du papier végétal
Marie-Jeanne Lorenté,
éditions du Rouergue, 2006
300 recettes pour fabriquer
son papier végétal
Mary Reimer,
éditions Dessain et Tolra, 2006

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