Burundi le Facteur FDLR et le Rôle de l`Ethnicité

Le 14 Octobre 2015
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Burundi : le Facteur FDLR et le Rôle de l’Ethnicité dans
la Crise Actuelle
Le mouvement contestataire semble avoir disparu des rues
de la capitale Bujumbura, alors que le climat sécuritaire ne
cesse de se détériorer, deux mois après que le président
Nkurunziza ait réussi à briguer un troisième mandat à la
tête du pays. Alors que des fouilles et perquisitions
s’intensifient dans les quartiers dits « contestataires », des
défections se multiplient au sein de l’armée—ce qui suscite
des doutes sur la situation sécuritaires du pays dans les
prochains jours.
Ce rapport a pour objectif de faire une mise à jour sur la
crise au Burundi, tout en analysant 1) son impact sur la
sous-région, et 2) le rôle du facteur FDLR 1 , ainsi que
l’importance de l’ethnicité, dans la dite crise.
A propos du Burundi
Population 9,8 millions
Taux de Pauvreté 66,9%
Revenus par tête 240$
Taux d’Alphabétisation
67,2%
Indice de développement humain 0,355
(Source : PNUD)
1. Un climat politique très tendu
Alors que les forces de l’ordre intensifient des fouilles des maisons dans les quartiers contestataires à Bujumbura,
les habitants dénoncent des arrestations arbitraires, et des découvertes de corps sans vies. Un rapport de l’ONU
a d’ailleurs confirmé cette situation, tout en dénonçant de graves violations des droits humains, y compris des
actes de torture.2
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Forces Démocratiques pour la libération du Rwanda.
Associated Press, ‘Amid unexplained killings, Burundi descending into anarchy’ Disponible sur
http://www.roanoke.com/news/wire_headlines/amid-unexplained-killings-burundi-descending-intoanarchy/article_d3a8317e-db5e-5e22-b98f-9872d3a8dadc.html (Accédé le 02 octobre 2015).
Le 07 octobre 2015
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De plus, la délocalisation de deux camps militaires de Bujumbura, y compris le 121ème régiment des parachutistes
pourrait être interprétée comme étant un effort du pouvoir de se débarrasser des éléments « nuisibles » au sein
de l’armée ainsi que dans les quartiers contestataires, notamment à Mutakura et Cibitoke.
Cependant, le climat actuel au Burundi indique qu’une quelconque attaque contre le régime de Nkurunziza
proviendrait de l’extérieur plutôt que de l’intérieur du pays (et dans aucun cas de la capitale Bujumbura). En effet,
des défections au sein de l’armée s’intensifient ces derniers jours, ce qui indique qu’une probable rébellion pourrait
être en gestation, soit à l’intérieur du pays, ou dans des forêts avoisinant le Burundi et le Rwanda ou la République
Démocratique du Congo (RDC). C’est le cas du Colonel Emmanuel Ndayikeza, Commandant en Second du camp
Muha; 3 et du Lieutenant-Colonel Édouard Shimirimana, qui aurait d’ailleurs pris avec lui du matériel de
transmission appartenant à l’armée.4
S’adressant à la nation la semaine dernière, Nkurunziza a indiqué sa volonté de libérer les jeunes qui, selon lui,
« ont été induits en erreur » (faisant allusion aux vagues d’arrestations qui ont suivies les contestations contre
son troisième mandat). Le pouvoir en place a également fait savoir sa volonté d’organiser un dialogue inter
burundais, auquel ne seraient pas invités les insurrectionnels,5 notamment le CNARED.6
Ces gestes pourraient être interprétés comme étant une tentative de Nkurunziza de calmer les tensions à l’intérieur
du pays, tout en rétablissant sa légitimité au niveau de la communauté internationale, après avoir forcé un
troisième mandat.
2. Une crise aux conséquences graves pour la sous-région
La crise au Burundi intervient alors que le climat politique au Congo voisin reste tendu suite à l’incertitude
concernant les présidentielles prévues pour l’année prochaine (2016). Les conflits armés dans la région des
grands lacs ont toujours eu tendance à se déverser en RDC. C’est le cas par exemple des conflits au nord de
l’Ouganda;7 et celui du Rwanda en 1994. La crise actuelle au Burundi pourrait elle aussi produire les mêmes effets.
Si le Burundi devait descendre dans une guerre civile, l’on assisterait à la prolifération des groupes armés dans
les forêts envoisinant les deux pays, notamment au niveau de la plaine de la Ruzizi. Ceci pourrait aggraver la
situation sécuritaire pour les habitants de ces deux pays, surtout si la situation politique en RDC devrait elle aussi
dégénérer, comme celle du Burundi.
De plus, le Burundi continue à accuser le Rwanda pour son soutien présumé des rebelles qui seraient en train de
se préparer sur le sol rwandais, pour chasser Nkurunziza du pouvoir. Bujumbura avait d’ailleurs procédé à des
arrestations des citoyens rwandais, qu’il avait accusés de s’infiltrer pour déstabiliser le pays.8 Une quelconque
implication du Rwanda dans la crise burundaise ne pourrait pas être exclue, d’autant plus que Kigali, en plus de
s’opposer au troisième mandat de Nkurunziza, a accueilli les généraux accusés du putsch raté de mai dernier au
Burundi. Une telle implication du Rwanda pourrait non seulement gâcher les relations diplomatiques, mais aussi
créer des problèmes sécuritaires pour les deux pays.
Une caserne de la capitale Bujumbura
Bujumbura News, ‘L’armée burundaise confirme une autre désertion d’un officier supérieur’ Disponible sur
https://bujanews.wordpress.com/2015/09/30/larmee-burundaise-confirme-une-autre-desertion-dun-officier-superieur/
(Accédé le 02 octobre 2015).
5 Iwacu, ‘An empty dialogue’ Disponible sur http://www.iwacu-burundi.org/blogs/english/an-empty-dialogue/ (Accédé le 05
octobre 2015).
6 Conseil National pour le Respect de l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi et la Restauration de
l’Etat de Droit. Un regroupement politique composé essentiellement des burundais qui se sont exilés depuis le début de la
crise actuelle, suite à leur opposition au troisième mandat de Nkurunziza.
7 Cas des groupes rebelles comme l’armée de résistance du Seigneur, de Joseph Kony; et des ADF-NALU qui se sont
déversés dans l’est de la RDC.
8 RFI, ‘Mauvaises relations et tensions entre le Rwanda et le Burundi’ Disponible sur http://www.rfi.fr/emission/20151003mauvaises-relations-tensions-entre-rwanda-burundi-paul-kagame-pierre-nkurunziza (Accédé le 06 octobre 2015).
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Le facteur FDLR a depuis un certain temps définit les relations diplomatiques et sécuritaires entre la RDC et le
Rwanda. En plus des similarités en composition ethniques, ce même facteur pourrait devenir une pièce maitresse
en ce qui concerne les relations entre le Rwanda et le Burundi. Pendant que ce dernier accuse le Rwanda de
soutenir les rebelles burundais, Kigali accuse à son tour son voisin d’héberger les FDLR, qui sont des citoyens
rwandais, mais de même ethnie (Hutu) que ceux qui dominent la scène politique au Burundi.9
Le Burundi pourrait soutenir les FDLR, pourtant il n’est pas capable [militairement et financièrement] d’attaquer le
Rwanda. Quoique Kagame ait la possibilité d’attaquer le Burundi, il pourrait ne pas avoir une telle intention, mais
profiterait quand même de la présence des éléments hostiles au pouvoir au Burundi pour s’assurer que ce dernier
ne laisse pas les FDLR attaquer le Rwanda à partir du territoire burundais.
3. Conclusion : pourquoi le facteur ethnique reste très important?
Même si la crise burundaise demeure jusque-là politique, le facteur ethnique ne peut pas être exclu, non seulement
au niveau interne, mais aussi en ce qui concerne les relations diplomatiques entre le Burundi et le Rwanda. Le
président burundais l’a d’ailleurs évoqué en accusant l’Union Européenne de ne sanctionner que des individus
d’un seul groupe ethnique (Hutu) pour leur rôle présumé dans la crise actuelle.10
L’ethnicité a longtemps été au centre de vives tensions entre les populations de la sous-région. Jouer la carte
ethnique en cette période de crise pourrait donc avoir des conséquences néfastes, non seulement pour le Burundi,
mais également pour la sécurité dans la sous-région.
Le facteur FDLR, longtemps resté au centre de la géopolitique entre la RDC et le Rwanda, ainsi que la présence
presumée des opposants burundais sur le territoire rwandais, pourrait désormais définir les relations diplomatiques
et sécuritaires entre le Burundi et le Rwanda.
Une fois collaborateurs, Pierre Nkurunziza (à gauche), président du Burundi, et son homologue rwandais Paul
Kagame en 2011 (Photo: Pearl Edition)
BBC, ‘Burundi's Nyamitwe accuses Rwanda of training rebels.’ Disponible sur http://www.bbc.co.uk/news/world-africa34413855 (Accédé le 02 octobre 2015).
10 AFP, ‘Burundi ruling party slams EU sanctions as discriminatory.’ Disponible sur http://news.yahoo.com/burundi-rulingparty-slams-eu-sanctions-discriminatory-193345699.html (Accédé le 05 octobre 2015).
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