Metal Gear Solid - Rise Of Outer Heaven - Chapitre 13

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Metal Gear Solid - Rise Of Outer Heaven - Chapitre 13
écrit par Sunwalker
d'après une histoire et des personnages crées par Hideo Kojima
Texte distribué gratuitement sur www.suniverse.fr
Metal Gear Solid : Rise Of Outer Heaven est une oeuvre relevant de la fanfiction réalisée bénévolement. Ce texte est sous lisence Creative Commons
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Entertainment.
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Le mercenaire sortit des toilettes et remarqua tout de suite que quelque chose n'allait pas. Le corps
d'un combattant d'Outer Heaven reposait en travers du couloir, à quelques pas de là. Le mercenaire
épaula son fusil d'assaut et s'approcha à pas rapide de son camarade. Toujours aux aguets, il s'accroupit
à ses côtés, lui prit le pouls. Juste inconscient. Se relevant rapidement, il continua d'avancer dans le
couloir et découvrit, à travers la vitre qui ouvrait sur une salle de repos, deux autres soldats immobilisés.
Le fracas d'une porte qui s'ouvre violemment le fit pivoter vers l'extrémité du couloir. Des bruits de
pas. Le mercenaire s'engouffra aussitôt dans la salle de repos et se mit à couvert sous la fenêtre. Deux
hommes parlaient vivement.
Leurs ombres se découpèrent sur le sol de la pièce lorsqu'ils passèrent devant la vitre pour continuer
leur course à travers le couloir. Le mercenaire tendit le cou et vit les deux hommes emprunter la porte
de la cage d'escalier.
Se levant d'un bond, il remonta le couloir en sens inverse et déboucha rapidement sur la cellule.
Vide, si l'on exceptait l'homme assommé qui gisait devant la porte. Le mercenaire activa sa radio.
― Le prisonnier s'est évadé, dit-il dans un souffle.
Le missile perça la couche nuageuse, ne fut bientôt plus qu'un point lumineux, comme une étoile en
plein jour. Le sillage de fumée qu'il avait tracé dans le ciel commença à se dissiper, emporté par le vent.
Le lanceur nucléaire de Metal Gear s'inclina de nouveau, presque à l'horizontale, puis les
mercenaires, qui s'étaient mis à l'abri le temps du lancement, retournèrent auprès du tank bipède. Il leur
fallut moins de cinq minutes pour démonter les trépieds et disparaître avec le matériel sur le versant Est
du plateau. Après quelques secondes, Metal Gear s'anima sur ses deux jambes métalliques. Ses vérins
s'activèrent, ses articulations se plièrent, il pivota avec souplesse, malgré l'encombrant lanceur fixé sur
son épaule droite, et disparut à la suite des hommes à pied.
Snake rompit le silence apathique qui s'était abattu sur lui et son maitre.
― C'est trop tard, souffla-t-il, l'air visiblement choqué. Nous avons échoué.
McDonnell Miller secoua la tête.
― Nous n'avons pas pu les arrêter avant qu'ils ne lancent ce missile, mais tout n'est pas perdu.
― Outer Heaven vient de déclencher une Guerre Nucléaire. Quel espoir nous reste-t-il ?
― Tu dois continuer ta mission. Détruire Metal Gear reste ta priorité. On ne peut pas permettre
qu'ils effectuent un nouveau lancement. On sait maintenant qu'ils en ont la capacité, ce qui signifie
qu'ils peuvent récidiver à tout moment et empirer les choses.
Miller tendit la main vers une grosse construction en béton aux façades barrée d'énormes poutres
métalliques et dont la hauteur dépassait de quelques étages les bâtiments alentours.
― Tu vois ce bunker ? (Snake opina.) C'est le hangar dans lequel est entreposé Metal Gear. C'est un
bunker construit spécialement pour protéger cette machine de toute agression extérieure. Il dispose
d'un élévateur, comme ceux équipés sur les porte-avions. Cela permet aux mercenaires de mettre Metal
Gear à l'abri sous terre. La structure est conçue pour survivre à tout type d'attaque, y compris
d'éventuelles représailles nucléaires.
― Quelle profondeur ?
― Environ cent mètres, répondit Miller. Malheureusement, je n'ai pas de pass pour accéder
directement à ce bâtiment.
― Je suppose qu'ils sont en train d'utiliser l'élévateur, actuellement. Comment je suis censé atteindre
Metal Gear, dans ce cas ?
― Cette partie de la base est appelée familièrement Bâtiment B pour une raison simple : Toutes les
constructions du plateau sont reliées entre elle par un réseau complexe de tunnels et de voie d'accès
souterraines. On considère donc que le tout ne représente qu'un seul et unique bâtiment, d'où cette
appellation trompeuse.
Miller donna à Snake un rectangle en plastique portant diverses inscriptions.
― Voilà mon pass. Il te permettra d'entrer dans la centrale électrique. (Il tendit de nouveau la main.)
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Tu vois ce bâtiment entouré d'une clôture à environ deux cents mètres du bunker ? Bon, c'est la
Centrale. Mon pass n'ouvre que la porte de ce bâtiment. Une fois à l'intérieur, il te faudra trouver
l'ascenseur qui te conduira aux tunnels. Tu devras au préalable mettre la main sur une clé d'ascenseur.
En temps normal, deux mercenaires sont chargés de la surveillance de la centrale. Tu devrais pouvoir
t'en débarrasser sans difficulté.
Snake glissa le pass dans l'une des poches de sa ceinture. Sa radio bipa. Il prit aussitôt la
communication.
― Snake, d'après des images satellites prises il y a cinq minutes, un missile balistique aurait été lancé !
Ne me dis pas que...
― ... si, colonel, l'interrompit Snake. Metal Gear vient de lancer une tête nucléaire. Il n'y avait rien à
faire pour l'en empêcher.
― Merde ! Jura Campbell. Une idée de la cible ?
― Le missile a été tiré en direction de l'Ouest. A partir de là, si on prend en compte la trajectoire en
cloche du projectile et son vol à très haute altitude, difficile d'estimer l'objectif visé. Sans compter que
l'OILIX alimente le missile, lui donnant ainsi une portée illimitée.
― Stratégiquement parlant, dit Harks en se joignant à la conversation, si Outer Heaven voulait
déclencher une Guerre Nucléaire, les États-Unis feraient une cible parfaite. Le tir ayant été effectué
depuis la Russie, notre gouvernement prendrait l'attaque comme une déclaration de guerre et se verrait
obligé de lancer des représailles. La réaction en chaîne qui s'ensuivrait provoquerait un chaos global.
― La stabilité post-Guerre Froide n'aura pas fait long feu, souffla Campbell. Je contacte
immédiatement le Président. L'état d'alerte EMERGCON devrait être déclaré. Si la cible est bien située
aux États-Unis, il devrait nous rester moins d'une heure pour tenter de localiser et d'intercepter le
missile. D'ici là, tu dois poursuivre ta mission, Snake !
Campbell coupa la communication et Miller reprit la parole :
― Le colonel m'a expliqué que tu devais aussi ramener la formule de l'OILIX. En l'occurrence, tu
dois ramener la mallette contenant l'échantillon, celle-là même que tu as contribué à ouvrir malgré toi.
Snake acquiesça sombrement. C'était de sa faute, finalement, si les mercenaires avaient réussis à
lancer un missile. Sans la clé dissimulée dans la broche de Vanessa, Outer Heaven n'aurait jamais pu
mettre la main sur le carburant révolutionnaire du docteur Marv.
― La mallette est équipée d'un émetteur, reprit Miller. Tu devras régler ton récepteur GPS sur la
fréquence 140.51 pour localiser son signal.
Snake entra la fréquence dans la mémoire de son appareil de géolocalisation et attendit que les
satellites soient synchronisés avant de voir apparaître un point lumineux sur l'écran.
― On dirait que la mallette est dans le bunker, dit-il.
― Dans ce cas, ne perdons pas de temps. Il faut aller au bunker au plus vite ! J'ai garé un camion
près de ce bâtiment. Je te conduis à proximité de la Centrale, mais tu devras te débrouiller tout seul à
partir de là.
― Vous ne m'accompagniez pas, Maître ?
― Je dois préparer notre évasion. Une fois ta mission accomplie, il faudra qu'on se tire d'ici au plus
vite.
Des voix d'hommes attirèrent leur attention. Tous deux s'approchèrent du bord du toit et jetèrent
discrètement un œil vers le sol, quatre étages plus bas. Des mercenaires sortaient du bâtiment en
titubant ou étaient soutenus par des camarades qui les aidaient à embarquer dans un camion de
transport de troupes.
― Qu'est-ce qu'il se passe ? S'étonna Snake en observant ce curieux manège.
― On dirait que les types que j'ai assommés sont sur le départ.
― C'est bizarre. Ils ont l'air bien pressés.
― Ce qui est étonnant c'est qu'ils n'aient pas encore déclenché l'alerte. S'ils ont repris connaissance,
ils ont forcément remarqué ton évasion.
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Une fois le dernier mercenaire à bord, le camion démarra en trombe et s'éloigna du bâtiment.
― J'ai un mauvais pressentiment, souffla brusquement Miller.
L'hélicoptère de combat sembla surgir de nulle part. Ses moteurs rugirent lorsque le Havoc vint se
placer en stationnaire juste en face du toit et de ses deux occupants abasourdis par cette irruption
soudaine. Le pilote les avait forcément vus.
Lorsque l'hélicoptère inclina légèrement son nez dans leur direction, Miller épaula son fusil d'assaut
et fit feu sans hésiter tout en reculant vers la porte menant à l'escalier.
― On dégage, Snake !
La tourelle mitrailleuse du Havoc ouvrit le feu. Ses projectiles de calibre 30 mm frappèrent la surface
du toit à l'endroit où les deux hommes s'étaient trouvés quelques secondes plus tôt. Des morceaux de
béton volèrent dans tous les sens sous les puissants impacts.
Snake s'engouffra par l'ouverture et faillit manquer les premières marches de l'escalier qu'il
commença à descendre à toute allure. Miller continuait vainement de faire feu sur l'hélicoptère. Ses
balles ricochaient sans causer la moindre éraflure à l'engin de guerre. Il savait très bien qu'il n'arriverait
pas à endommager le blindage de l'appareil avec de telles munitions. Il essayait plutôt de déconcentrer le
pilote pour que ce dernier ait plus de mal à les atteindre.
Miller baissa son arme en se glissant dans la cage d'escalier et referma vivement la porte. Alors qu'il
se lançait à la suite de Snake, le battant en bois de la porte vola littéralement en éclat sous l'impact des
tirs de la mitrailleuse. En quelques secondes, les quatre murs qui constituaient le dernier palier menant
au toit furent réduits en poussière. Des blocs de bétons et de la poussière tombèrent dans la cage
d'escalier, puis la lumière du jour éclaira l'intérieur du bâtiment.
Miller rattrapa Snake au palier suivant. Les deux hommes durent s'arrêter un instant pour se protéger
des débris qui menaçaient de leur tomber sur la tête. Puis ils reprirent leur descente effrénée.
L'explosion les pris par surprise et les envoya valdinguer au bas d'une volée de marches. Les oreilles
sifflantes, Snake se remit sur pieds en titubant et dût mettre sa main en visière pour se protéger de la
lumière du jour. Il vit le Havoc passer juste au-dessus d'eux à l'endroit précis où se trouvait le toit du
bâtiment une seconde plus tôt.
― Il va raser l'endroit ! S'écria Miller en poussant Snake à reprendre la descente. Voilà pourquoi ils
ont évacué leurs hommes. On doit se tirer d'ici, petit !
Une dernière série de marches et ils atteignirent le deuxième étage. Une nouvelle explosion déchira le
mur voisin. Instinctivement, les deux hommes se jetèrent à plat ventre et d'énormes morceaux de béton
volèrent autour d'eux. Par miracle, ils ne furent pas blessés. Ils se remirent debout, virent le Havoc en
stationnaire juste devant l'ouverture qu'il venait de pratiquer.
La mitrailleuse entra à nouveau en action. Ils étaient pris au piège dans l'exigüité de l'escalier, sans
possibilité de manœuvrer pour esquiver les tirs. Au moment où les balles sifflaient tout près de lui,
Snake se jeta par-dessus la rambarde et se laissa tomber dans le vide au milieu de la cage d'escalier. Il se
réceptionna douloureusement sur les débris de béton qui encombraient le passage au niveau inférieur.
Sans perdre un instant, il repassa de l'autre côté de la rambarde et reprit sa descente. Miller tomba à
son tour pour éviter de se faire déchiqueter par la mitrailleuse. Il se laissa glisser parmi les débris, passa
la rambarde juste derrière Snake et le suivit.
L'explosion suivante fut plus violente et les envoya valser quelques mètres en arrière. L'escalier en
métal se tordit, le mur s'effondra en travers du passage. Snake et Miller se remirent debout, titubèrent
un instant et se regardèrent d'un air hagard. Ils étaient sous le choc, couverts de poussière, d'éraflures et
de brulures mineures, mais miraculeusement en vie.
Le Havoc continuait de les harceler comme l'indiquaient les bourdonnements qui leur parvenaient
de tous les côtés. L'escalier grinça, trembla sur ses fixations, obligeant les deux hommes à se tenir à la
rambarde. Puis la volée de marches sur laquelle ils se trouvaient se détacha subitement du mur, bascula
dans le vide emportant à sa suite une partie du palier supérieur.
L'énorme bloc de béton gros comme une voiture descendit droit sur eux, tordant le frêle escalier
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sous son énorme masse. L'explosion qui survint alors leur sauva la vie. L'onde de choc repoussa le bloc
de béton et leur escalier grimpa dans les airs en se tordant de plus belle comme un serpent de métal pris
de folie.
Ils se retrouvèrent soudainement au niveau du deuxième étage. Grimpant sur la rambarde, qu'ils
n'avaient toujours pas lâchée, ils sautèrent vers la corniche aux bords déchiquetés d'où s'était délogé le
bloc de béton. Alors qu'ils se hissaient sur le sol du palier, l'escalier qu'ils venaient de quitter émit un
grincement similaire à un gémissement monstrueux. La base de la colonne de marche céda et cette
dernière alla s'écraser lourdement au fond de la cage d'escalier.
Le deuxième étage sur lequel ils venaient de reprendre pied était en ruine. Les murs avaient été
déchiquetés par les assauts répétés du Havoc, le plafond s'était effondré par endroits et un violent
incendie s'était déclaré dans le bureau voisin.
― On continue, l'encouragea Miller. On doit trouver un moyen de descendre.
Suivant son maître, Snake s'avança dans le couloir. Quand ils tournèrent au coin d'un mur, le sol
endommagé se déroba sous leurs pieds, les précipitant dans une pièce du premier étage. Ils se relevèrent
et découvrirent des râteliers remplis d'armes.
― C'est une armurerie, souffla Snake en ouvrant une caisse contenant des grenades.
― Quelle chance ! S'écria Miller en fouillant les armoires et les coffres l'un après l'autre. On va peutêtre trouver de quoi se débarrasser de ce fumier !
Snake glissa deux grenades à fragmentation à sa ceinture, trouva des munitions pour son M9 ainsi
que deux petits blocs de plastique qu'il rangea avec ceux qu'il lui restait.
― Trouvé ! Lança Miller.
L'agent de la CIA montra fièrement le lance-missile M47 qu'il venait de dénicher.
― Une arme anti-tank pour en détruire une autre, plaisanta-t-il en glissant un long missile dans le
canon.
Le Havoc passa juste au-dessus d'eux, son ombre glissant à travers les ouvertures pratiquées ici et là
dans le béton. Le M47 juché sur son épaule, Miller fonça vers la fenêtre la plus proche. Les vitres
avaient volées en éclat et l'ouverture rectangulaire avait été agrandie par un pan de mur voisin qui s'était
décroché.
Miller mit un genou à terre, aligna le viseur de son arme sur le Havoc qui achevait sa rotation à une
vingtaine de mètres du bâtiment. Dès que l'hélicoptère fit face à la fenêtre il lança un missile. Miller tira
à son tour. La pièce se remplit de fumée et le missile du M47 fonça tout droit sur le Havoc. Le pilote fit
grimper son appareil et ouvrit le feu avec sa mitrailleuse. Les balles cueillirent le missile de Miller en
plein vol. Il explosa dans une gerbe de flammes dont l'onde de choc dévia légèrement la course de celui
qui allait en sens contraire.
― Merde ! Cria Miller.
Il laissa tomber son M47 se releva d'un bond et s'éloigna de la fenêtre en courant et en faisant signe
à Snake de quitter l'armurerie au plus vite. Le missile du Havoc frappa le mur à droite de la fenêtre.
L'explosion déclencha une réaction en chaine et les munitions et explosifs entreposés dans la pièce
explosèrent à leur tour achevant d'éventrer le bâtiment.
Le plafond et les murs furent soufflés dans le dos des deux hommes qui couraient aussi vite qu'ils le
pouvaient. Poussés par l'onde de choc, ils se jetèrent dans un geste désespérés vers la fenêtre placée au
bout du couloir.
Par miracle leur chute fut amortie par la toile épaisse de la remorque d'un camion garé tout près.
Encore sonnés, il leur fallut quelques instants pour reprendre leurs esprits. Miller rampa vers la
déchirure que leur chute avait causée dans la toile et se laissa tomber de la remorque. Il s'écrasa
lourdement par terre en jurant.
Il s'aida du camion pour se remettre difficilement sur pied, alors que Snake parvenait à s'asseoir sur
le plancher de la remorque. Miller grimpa dans le camion, fouilla sa poche de pantalon et en sortit la clé
de contact. Il démarra le véhicule, se pencha par la fenêtre pour localiser le Havoc. La portière passager
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s'ouvrit et Snake s'affala sur le siège voisin, le souffle court. Le temps d'analyser la situation, Snake
pointa sa main vers l'avant du véhicule.
― Le bunker est par-là. Tout droit.
Le Havoc apparut devant eux, au détour du bâtiment en ruine, en faisant rugir ses moteurs, et se
plaça en vol stationnaire à environ deux mètres sur sol. Miller passa aussitôt la marche arrière et écrasa
la pédale d'accélérateur.
Il tourna brusquement le volant à gauche, le camion contourna le bâtiment ce qui permit de le
mettre à couvert alors que la mitrailleuse du Havoc ouvrait le feu. Regardant par-dessus son épaule, à
travers la lunette arrière de la cabine, Miller conduisait pied au plancher en donnant de grands coups de
volant.
Le camion zigzagua entre les constructions, se glissant dans des passages étroits, soulevant un nuage
de poussière dans son sillage. Un coup d’œil à travers le pare-brise indiqua à Snake que le Havoc était
toujours à leur poursuite. L'appareil avait reprit de l'altitude et les suivait en tentant tant bien que mal
d'aligner sa mitrailleuse sur le véhicule en fuite.
― Tu vois cet entrepôt aux portes grandes ouvertes qu'on vient de dépasser ?
― Oui, répondit Snake.
― Je vais faire un petit détour et passer à travers sans m'arrêter. Quand on sera à l'intérieur je veux
que tu sautes de ce camion. On ne doit plus être très loin du bunker et tu devrais pouvoir le rejoindre à
pied.
― Et vous maître ?
― Je vais faire diversion... (Il donna un grand coup de volant pour prendre un virage en équerre.)...
et attirer le Havoc ailleurs pour ne plus que tu sois ennuyé.
― Ça n'est pas une diversion, c'est du suicide !
― Prends ça, petit, et fais ce que je te dis, répliqua-t-il sèchement.
Miller fit passer la sangle du fusil d'assaut par-dessus sa tête et jeta l'arme à Snake. Deux chargeurs de
remplacement étaient scotchés sur les côtés de l'arme. L'agent de Fox-Hound enfila la sangle et fixa le
fusil dans son dos. Un nouveau virage plaça le camion pile dans l'axe de l’entrepôt aux portes
coulissantes ouvertes à ses deux extrémités. De la fumée commençait à sortir du capot du camion qui
n'avait décemment pas été conçu pour rouler à cette allure en marche arrière.
― Prépares-toi, dit Miller.
Snake actionna la poignée de la portière et ouvrit celle-ci de quelques centimètres. Le camion
déboula à toute allure dans l’entrepôt.
― Bonne chance, petit ! Cria Miller.
D'un coup de pied Snake ouvrit la portière et roula hors de la cabine. Le choc sur le sol bétonné fut
rude. Des étagères remplies de matériel mirent fin à ses roulés-boulés. Faisant fi de la douleur qui
parcourrait tout son corps, Snake se déplaça à quatre-patte vers le milieu de l’entrepôt. Il eut juste le
temps de voir le camion ressortir à l'air libre en virant sèchement à droite ce qui eut pour effet de
claquer la portière toujours ouverte. Le véhicule disparut de son champ de vision en laissant un nuage
de fumée blanche.
Sonné par toutes les récentes péripéties, Snake s'affala par terre, le souffle court. La douleur qui
irradiait dans chaque partie de son corps lui permit d'estimer qu'il avait de multiples contusions
consécutives pour la plupart à sa descente en marche du véhicule lancé à pleine vitesse. Son uniforme
couvert de poussière était déchiré en divers endroits, du sang coulait de coupures peu profondes sur
son front, sa joue et sur le reste de son corps. De même, il découvrit une tâche sombre qui grandissait
sur son flanc ; la blessure provoquée par la lame de Black s'était rouverte.
Après s'être réfugié dans un coin de l’entrepôt, bien à l'abri des regards, Snake passa les dix minutes
suivantes à soigner ses multiples blessures à l'aide de la trousse de soin léguée par Vanessa. Il désinfecta
les coupures mineures et appliqua des compresses et des bandages sur les plaies les plus importantes. A
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force de bouger ses bras, il lui sembla identifier une légère fracture à l’humérus gauche, mais aucune
chance d'en être sûr sans radiographie. Par sécurité, il se confectionna une attelle et la fixa à l'opposé de
son biceps, de façon à ce qu'elle ne le gêne pas dans ses mouvements. Il paracheva ses soins par la prise
d’antidouleurs qui eurent tôt fait d'atténuer les élancements de ses blessures.
Avant de se décider à se relever, il mangea une des barres énergétiques que Vanessa avait eu la bonne
idée d'emporter dans sa fuite. Le bruit d'un moteur qui se rapproche le ramena à la réalité. Il bondit
aussitôt sur ses pieds, dégaina son M9. Brusquement pris de vertiges, il s'appuya quelques instants
contre le mur le temps de retrouver son équilibre.
Le véhicule passa tout près de l'entrepôt où il avait trouvé refuge mais le son de son moteur eut tôt
fait de disparaître. Au loin, on entendait encore le staccato des rotors du Havoc qui semblait toujours
être à la poursuite de Maitre Miller.
Son arme en main, Snake risqua un œil à l'extérieur du bâtiment. Pas de présence hostile en vue.
L'agent secret alluma son récepteur GPS et attendit que l'appareil affiche la position de la balise posée
sur la mallette contenant l'OILIX. Après quelques secondes un point lumineux clignota au centre de
l'écran.
Maitre Miller avait bien estimé la position de l'entrepôt par rapport à l'objectif ; le bunker se trouvait
à moins de deux-cent mètres de sa position. Snake quitta son couvert et se faufila prudemment entre les
bâtiments voisins, guidé par son appareil de géolocalisation.
Alors qu'il s'apprêtait à traverser une route à deux voies, une jeep déboula de nulle part et il manqua
de se faire repérer au passage du véhicule. Si le conducteur avait tourné la tête dans sa direction, il
l'aurait forcément vu se jeter à plat ventre par terre. Par chance, ce ne fut pas le cas. La jeep et son
occupant s'éloignèrent.
Snake se releva, traversa la route et s'engouffra dans un petit passage entre un mur d'enceinte et un
hangar. Normalement, il ne devait plus se trouver bien loin du bunker. Il baissa les yeux sur son GPS et
découvrit avec surprise que le point lumineux représentant la mallette était en train de se déplacer. Et il
s’éloignait.
Merde, jura-t-il intérieurement.
Voilà qui allait compliquer sa tâche, puisqu'une fois qu'il se serait occupé de Metal Gear, il faudrait
qu'il parte à la poursuite de la mallette, dont la destination était pour le moment inconnue. Vu la vitesse
à laquelle le point évoluait sur l'écran, l'échantillon d'OILIX devait se trouver dans un véhicule. Peutêtre même était-il dans la jeep qui venait juste de lui passer sous le nez !
Snake se résigna à voir s'éloigner la mallette. Metal Gear était son objectif prioritaire. Il fallait le
mettre hors d'état de nuire au plus vite, avant que les mercenaires d'Outer Heaven ne décident d'en faire
usage une nouvelle fois.
Remettant en place son GPS, il continua sa progression dans le passage et s'arrêta au coin du hangar
pour étudier la suite de son parcours. Le sommet du bunker apparaissait derrière le bâtiment voisin.
Son objectif se trouvait à, à peine, plus de cinquante mètres de sa position, mais il n'allait pourtant pas
pouvoir pénétrer à l'intérieur, faute d'avoir le pass approprié.
La centrale électrique apparut dans son champ de vision, quelques minutes après qu'il ait dépassé le
bunker et marché vers le Nord, en prenant garde de ne pas se faire repérer par les mercenaires en
patrouilles dans les environs. La sécurité semblait d'ailleurs être renforcée dans cette zone. Entre le
moment où il avait remarqué le déplacement de la mallette et maintenant, il avait croisé à trois reprises
des mercenaires qui effectuaient des rondes entre les bâtiments. Se faufiler dans leur dos ne présentait
aucune difficulté pour un agent aussi entraîné que lui, mais Snake n'en remarqua pas moins cette
présence hostile accrue. Il allait falloir redoubler de vigilance, à partir de maintenant. Se faire repérer par
l'ennemi si près du but risquait de provoquer l'échec de sa mission. Et, après l'épisode du Havoc, il était
clair que les types d'Outer Heaven avaient décidé de ne plus faire de prisonniers.
Un fort bourdonnement électrique de transformateurs provenait de la centrale. A travers le grillage
de la clôture qui encerclait la structure, Snake repéra un mercenaire qui faisait le tour du périmètre. Ce
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dernier venait de disparaître à l'angle du bâtiment et il lui faudrait sans doute une poignée de minutes
pour boucler le tour de sa ronde de surveillance.
S'assurant de ne pas être remarqué par une autre patrouille qui pourrait se trouver dans les environs,
Snake s'empressa d'escalader la clôture et passa de l'autre côté en un clin d’œil. Se penchant au coin du
mur, il s'assura que la voie était libre, puis, le pass de Maitre Miller en main, il fonça vers l'entrée de la
centrale. Lorsqu'il passa la carte magnétique dans le lecteur, le voyant vira au vert et la porte s'ouvrit en
coulissant.
Snake empocha le pass, entra et dégaina aussitôt son pistolet tout en se glissant dans l'ombre. Le
bourdonnement des transformateurs fut aussitôt remplacé par le grondement presque assourdissant des
générateurs qui tournaient à plein régime afin d'alimenter la base en énergie.
Snake se faufila parmi les conduites, qui s'entremêlaient les unes avec les autres, et la machinerie,
tachant d'être le plus vigilant possible pour ne pas se faire remarquer par l'un des deux hommes sensés
garder l'endroit. Il ne mit pas longtemps à localiser l'ascenseur qui devait le conduire au passage
souterrain. Malheureusement, comme Maitre Miller l'avait expliqué, sans la clé appropriée, il n'aurait
aucun moyen d'activer l'élévateur. Le trou de la serrure était en forme de T.
Avisant un escalier permettant d'accéder à une mezzanine, Snake gravit rapidement les quelques
marches. D'un rapide coup d’œil, il releva la présence d'une série de consoles, sans doute destinées à
assurer la gestion de la centrale, ainsi que d'un préfabriqué, à travers les fenêtres duquel s'échappait de la
lumière.
Plié en deux pour ne pas se faire remarquer, l'agent secret s'approcha de la petite pièce et en fit
discrètement le tour. Mis à part une petite fenêtre, il n'y avait qu'une seule porte pour accéder à
l'intérieur. Se plaçant près de la fenêtre, il appuya son oreille contre la paroi pour tenter d'essayer de
comprendre ce que disaient les voix qui filtraient difficilement jusqu'à lui.
Il estima qu'il devait y avoir deux hommes, comme prévu. Les mercenaires discutaient avec
animation, mais le bruit des générateurs en marche lui empêchait toujours de saisir le sens de leurs
propos. Risquant un coup d’œil discret à travers la vitre, en l'espace de deux secondes, il balaya les lieux
du regard, puis se remit à couvert.
Deux hommes sur des chaises en train de nettoyer leurs armes. Une table. Un petit réfrigérateur.
Malgré la nature de leur activité, Snake préféra éviter de débarquer à l'improviste, car les mercenaires
risquaient d'avoir une arme d'appoint non démontée et parfaitement en mesure d'être utilisée. Il allait
falloir trouver un moyen de les obliger à sortir de leur planque.
L'agent secret retourna auprès des consoles et en analysa les différentes commandes. A moins d'être
un spécialiste, impossible de savoir à quoi servait chaque bouton ou levier. Snake écrasa du poing le
gros bouton d'arrêt d'urgence qui trônait au centre de la console. Un claquement sec résonna à
l'intérieur de la Centrale et le bruit des générateurs commença aussitôt à diminuer.
Snake retourna se placer près de la porte et se mit en position de combat. Les mercenaires
semblaient ne s'être aperçus de rien et il fut bientôt possible de comprendre ce qu'ils disaient. Ils
parlaient anglais, avec un accent.
― Sérieusement, qui aurait pu penser que ce White allait péter un plomb et libérer un prisonnier ?
Dit le premier.
― Je l'ai toujours trouvé bizarre ce type, répliqua l'autre. Avant lui, j'avais jamais vu qui que ce soit
porter des lunettes d'aviateur en intérieur. Je crois qu'il essayait de se donner un genre.
― T'as peut-être raison. En tout cas, ça me fait tout drôle de savoir qu'il est venu bosser ici pas plus
tard qu'hier. On a de la chance qu'il n’ait pas décidé de nous descendre pendant qu'on avait le dos
tourné.
― Te fais pas de bile, mon pote, Chuck lui a réglé son compte avec le Havoc...
Snake fut brusquement parcourut d'un frisson. Si ces hommes disaient vrai, et il n'y avait aucune
raison pour que ce ne soit pas le cas, Maitre Miller avait fini par être abattu par l'hélicoptère...
― Hé, y a un truc bizarre, remarqua le premier.
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A ce moment-là, l'intensité de la lumière qui filtrait sous la porte oscilla, puis la pièce fut plongée
dans l'obscurité.
― Merde, souffla l'un des mercenaires.
Des bruits de chaises qui grincent sur le sol, quelques pas. La porte s'ouvrit brusquement, le premier
mercenaire apparut sur le seuil, un pistolet à la main. Snake surgit de l'obscurité, frappa la pomme
d'Adam du mercenaire du tranchant de la main, lui subtilisa son pistolet et enserra la gorge de l'homme
avec sa main libre pour s'en servir de bouclier.
Le second mercenaire réagit rapidement et pointa son arme sur Snake. Sans hésiter, celui-ci fit
immédiatement feu. Le mercenaire poussa un cri de douleur et laissa échapper son pistolet pour faire
pression sur la blessure provoquée par la balle qui lui avait traversé la main.
― Plus un geste ! Ordonna Snake.
Son prisonnier tenta de se débattre. Snake resserra son étreinte, limitant l'afflux sanguin vers son
cerveau ce qui entraina la perte de connaissance du mercenaire. Ses jambes cessèrent de le porter, Snake
le laissa tomber sur le sol puis braqua des deux mains son pistolet sur la tête du deuxième homme.
― Donne-moi la clé d'ascenseur, dit-il.
Pour toute réponse, le mercenaire fit sortir un couteau de combat de sa manche et se jeta sur lui.
Snake esquiva l'attaque, intercepta le bras de son ennemi et lui vrilla l'articulation du coude. Des os
craquèrent, le mercenaire lâcha son arme en hurlant de douleur. Un coup sec sur la tempe l'envoya au
tapis où il demeura, immobile.
Une fouille rapide permis à Snake de trouver un petit trousseau de clés dans la poche du premier
mercenaire. Dans le lot, il y en avait une en forme de T. Après avoir trainé et enfermé les deux hommes
dans le préfabriqué, Snake remit en marche les générateurs de la centrale puis se rendit à l'ascenseur.
La porte s'ouvrit en coulissant, quelques secondes après qu'il eut utilisé la clé. Il se glissa dans la
cabine et pressa l'unique bouton de commande. L'ascenseur entama sa descente. Son oreillette bipa. Il
prit la communication.
― Snake, dit sombrement le colonel Campbell. La tête nucléaire lancée par Metal Gear vient tout
juste de frapper le continent américain.
L'agent secret accusa le choc. La gorge sèche, il finit néanmoins par demander :
― Combien de victimes ?
― Aucune, répondit le colonel.
― Quoi ?
― C'était un leurre. La cible choisie par Outer Heaven était une zone désertique. Un site d'essais
nucléaires dans le Nevada.
― Je ne comprends pas, avoua Snake. Pourquoi lancer un missile nucléaire dans un tel endroit ?
― En réussissant à atteindre cet objectif, les mercenaires ont prouvé que Metal Gear était
opérationnel et capable d'effectuer des frappes de précision.
― Pas de représailles de prévues, alors ?
― Pas encore. Tout repose sur toi. Si tu échoues, il sera bien difficile d'empêcher un nouveau
lancement et cette fois-ci la cible pourrait être une grande ville. Quoi qu'il en soit, même si on ne
déplore aucune perte humaine, le Président va devoir trouver une histoire à raconter à la presse, parce
que ce site n'était plus utilisé depuis des années ; il va falloir justifier cette explosion. Quelle est ta
situation ?
― Je suis en route pour le bunker souterrain où est entreposé Metal Gear.
― D'accord. Sois prudent, là-bas. On compte sur toi.
― Il y a autre chose, colonel. Quand j'étais prisonnier des mercenaires, quelqu'un est venu me libérer.
C'était l'agent White, la taupe envoyée par la CIA.
― Je sais, avoua Campbell. Je veux dire que je connaissais l'identité de White, mais vous n'étiez pas
censés vous rencontrer au cours de vos missions respectives. Quand nous avons compris que tu t'étais
fait capturer, nous lui avons demandé de te venir en aide. Et puis je me suis dit que ça serait une bonne
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chose d'avoir McDonnell Miller à tes côtés pour parvenir à atteindre ton objectif.
― Maitre Miller est mort.
― Quoi ? S’écria Campbell, visiblement choqué d’apprendre la nouvelle.
― Durant notre évasion, nous étions poursuivis par un hélicoptère de combat. Maitre Miller a décidé
de faire diversion pendant que je me dirigeais vers Metal Gear. Je viens d'entendre des mercenaires dire
qu'il avait été abattu par l'hélico.
Campbell resta silencieux quelques secondes, puis reprit :
― Je suis désolé, Snake. Je sais que tu connaissais Maitre Miller depuis de nombreuses années et qu'il
a été l'un de tes instructeurs.
― Ça va aller, colonel. Nous aurons tout le temps de pleurer sa disparition quand tout ça sera fini.
― Content de t'entendre dire ça ! Dépêches-toi de nous débarrasser de Metal Gear. Bonne chance,
Snake !
L'agent de Fox-Hound coupa la communication. La cabine atteignit sa destination en secouant
légèrement son occupant. Snake dégaina son M9, le pointa vers la porte coulissante qui s'ouvrait sur un
couloir aux murs de béton nus.
Il quitta l'ascenseur et s'engagea prudemment dans le passage en direction du Sud. Aucun signe de
vie à ce niveau. Les mercenaires ne devaient emprunter ces galeries qu'en cas d'urgence. Comme dans le
cas d’un bombardement ou d’une Guerre Nucléaire, par exemple.
A la première intersection, des pancartes fixées au mur pointaient dans toutes les directions. Snake
s'engouffra dans le tunnel menant au bunker. La voie étant suffisamment dégagée, il commença à courir
dans le passage pour ne pas perdre plus de temps.
Après dix minutes d'exploration des souterrains, Snake déboucha devant un autre ascenseur audessus duquel était écrit le mot bunker. Alors qu'il allait utiliser à nouveau sa clé, la porte s'ouvrit sans
prévenir. Snake pointa son arme à l'intérieur de la cabine mais ne pressa pas la détente.
― Docteur Madnar ? S'étonna-t-il en baissant le canon de son pistolet vers le sol.
― Snake ? Je... je vous croyais mort.
Les deux hommes se dévisagèrent quelques secondes sans rien dire. Brusquement affolé, Madnar
écrasa la commande de remontée. La porte commença à se refermer. Snake se glissa in-extremis à
l'intérieur et la cabine s'anima.
Effrayé, Madnar se jeta aussitôt sur lui armé d'un stylo. Pris par surprise, Snake s'écrasa sur le
plancher de la cabine, retenant la main du scientifique.
― Qu'est-ce qui vous prend docteur !
― Vous n'avez rien à faire ici, Snake !
La lutte continua quelques secondes puis Snake brisa le poignet de son agresseur d'un mouvement
rapide. Madnar poussa un cri de douleur, lâcha son stylo. Snake le repoussa avec force contre la paroi de
la cabine. Le scientifique eut le souffle coupé par la violence du choc et tomba à genou, sa main valide
serrant sa poitrine. Il supplia Snake du regard, alors qu'il s'écroulait de tout son long. Le vieil homme
était visiblement en train de faire une attaque cardiaque.
― Calmez-vous, docteur, le rassura Snake en s'agenouillant près de lui. Respirez profondément.
Après quelques secondes, le scientifique sembla se calmer et sa respiration redevint normale. Son
visage était couvert de sueur, ses yeux étaient brillants de larmes.
― Je... je suis désolé, Snake, dit-il faiblement.
― Pourquoi m'avoir attaqué ? Je ne vous voulais aucun mal.
― Vous ne comprenez pas. Je sais que vous êtes en route pour détruire Metal Gear. Je voulais... vous
en empêcher.
― De quoi est-ce que vous parlez ? Vous êtes un otage. Les mercenaires vous retiennent captif
contre votre gré pour vous forcer à concevoir un Metal Gear pour eux.
― Ça n'est pas... tout à fait vrai, avoua difficilement Madnar. J'ai conçu Metal Gear D pour Outer
Heaven. Pour Saladin. Parce que je le leur devais. C'était... ce qu'on avait convenu lui et moi. Le prix à
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payer pour assurer la sécurité d'Ellen.
― Votre fille ?
― Nous avons fui l'ex-URSS, parce que nous étions traqués. Un jour, des hommes, des militaires
sont venus chez nous. Ils m'ont demandé de... concevoir un tank bipède pour leur commanditaire. Ils
disaient qu'ils avaient de l'argent et que je serais grassement payé. J'ai refusé. Avec la fin de la Guerre
Froide, il n'était plus question de troisième... guerre mondiale avec les américains. Nous étions en paix,
Ellen allait grandir dans un monde plus... sûr que celui qui l'avait vu naitre. Les hommes ont alors
menacé de lui faire du mal, si je refusais de concevoir un Metal Gear.
― Alors vous avez pris la fuite pour Galzburg, oui, vous m'avez déjà raconté ça, il y a quatre ans, le
coupa Snake. Ces hommes, qui était leur commanditaire ?
― Cipher, bien sûr ! Ils ont eu vent, je ne sais comment, du projet sur lequel je travaillais au début
des années 90. Nous avons fini par être capturés... par Eguabon. Lui aussi voulait que je lui fabrique un
Metal Gear pour qu'il puisse mener sa petite... révolution. Je croyais que j'étais maudit. Où que j'aille, je
tombais toujours sur un homme assoiffé de pouvoir qui voulait me forcer à... fabriquer cette arme
terrible. Eguabon tenait ma fille, je n'avais... pas le choix. J'ai commencé à développer le TX-55 que
vous avez détruit au Gindra. Quelques temps après, les mercenaires d'Outer Heaven ont débarqué à
Galuade. Ils... ils ont proposé au Général des armes, de l'équipement, les services de leurs mercenaires
et... des têtes nucléaires.
― Des têtes factices, le coupa Snake. Je me rappelle qu'elles étaient vides.
― En tout cas, elles ont permis à Outer Heaven de franchir... les murs de la forteresse d'Eguabon.
Un jour, Saladin est venu en personne... me rencontrer, alors que je travaillais sur le prototype. Il savait
que le GLF se servait d'Ellen comme... comme moyen de pression. Il m'a alors proposé un marché. Si
j'acceptais de rejoindre Outer Heaven et de concevoir un Metal Gear pour lui, il me... promettait de
mettre Ellen en lieu sûr et d'assurer sa sécurité.
― Pourquoi l'avoir cru, lui, plus qu'un autre ? Quelle différence y a-t-il entre deux criminels de
guerre ?
Madnar était devenu livide. A nouveau il pressait sa main contre sa poitrine, sa respiration s'était
accélérée. Quand il reprit la parole, il essaya de parler plus vite, comme s'il se hâtait de terminer son
histoire avant qu'il ne soit trop tard.
― Saladin est... différent, souffla-t-il. Il ne recherche pas... le pouvoir, ni l'argent. C'est un... idéaliste.
Il rêve de liberté.
― N'est-ce pas la raison qu'ils invoquent tous ? Eguabon voulait libérer l'Afrique du Sud des
esclavagistes Blancs.
― Tout dépend... le point de vue, avoua Madnar. Saladin ne m'a jamais... menacé. Ni à l'époque, ni
aujourd'hui. Et puis, contrairement... aux autres qui en voulaient à... à ma fille, il a proposé de... financer
ses études... en Europe. Au début, j'avoue que je n'y croyais pas, mais... il a tenu toutes ses promesses.
Ne reste plus... que celle de la liberté. Metal Gear devrait lui... permettre de la tenir. Une fois que j'ai...
accepté le marché de... Saladin, les mercenaires d'Outer Heaven sont partis. Quelqu'un... quelqu'un
devait venir nous libérer ma fille et moi. D'ici là, je devais... continuer à travailler sur le TX-55 et...
gagner du temps.
― Je dois détruire Metal Gear, dit Snake.
― C'est... bien ce que j'avais... compris, oui.
Madnar sourit tristement, prit une profonde inspiration et continua :
― Je... vais vous aider à... détruire Metal Gear D. Tout comme... le TX-55, ce modèle est équipé d'un
blindage Chobham à base de céramique. Le même genre que celui qui équipe les... tanks Abrams. Par
conséquent, vous ne pourrez pas endommager Metal Gear avec... des armes conventionnelles. Vous
allez... devoir utiliser des explosifs. Comme le prototype que... vous avez détruit par le passé, Metal
Gear est plus vulnérable au... niveau des jambes du fait des articulations et des mécanismes qui... lui
permettent de se déplacer par ce moyen.
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― Des explosifs sur les jambes, compris. Pourquoi décidez-vous finalement de m'aider, docteur ?
― Si... Saladin apprend que je vous ai... aidé à détruire Metal Gear, il pourrait décider de ne plus
s'occuper de... ma fille. Mais... je ne veux pas qu'elle soit témoin d'une guerre déclenchée avec l'une de
mes inventions.
Snake lança à Madnar un sourire bienveillant.
― Je vais détruire Metal Gear, docteur. Votre fille grandira en sécurité.
Le scientifique chercha de l'oxygène pendant un instant. Il poussa un gémissement de douleur, serra
sa main sur sa poitrine.
― Snake, je suis... désolé... pour Vanessa. C'est... de ma faute si... elle est morte.
― Je ne vous suis pas, là.
― C'est... moi qui ai contacté Gray Fox... pour qu'il mette en place... l'embuscade sur le pont. Pour
que... je puisse retourner travailler sur... Metal Gear, avant que vous... n'arriviez à l'atteindre.
Snake resta sans voix, alors que lui revenait en mémoire la nuit passée dans la grotte et l'absence
prolongée du vieil homme qui s'était soi-disant perdu dans les galeries. Il avait bien caché son jeu, mais
comment le lui reprocher quand l’avenir de sa fille était en jeu ?
― Snake... Promettez-moi... Ne... ne laissez pas... Cipher... lui faire du mal...
L'agent secret acquiesça. Madnar se tordit de douleur pendant une seconde puis resta définitivement
immobile, comme paisiblement endormi.
La porte de l'ascenseur coulissa révélant un long couloir éclairé par des néons. Son M9 à la main,
Snake s'avança prudemment hors de la cabine. Il jeta un rapide coup d’œil au coin du mur au premier
virage puis continua sa progression. Une lumière plus intense provenait du bout du couloir. Lorsqu'il
déboucha dans la grande salle suivante et posa le pied sur l'élévateur, il découvrit Metal Gear D trônant
fièrement au milieu de la pièce.
Le tank bipède était entouré de tout un tas de caisses de matériel, de munitions et d'autres
équipements divers servant à la maintenance de la machine de guerre. Personne en vue. Snake fit
rapidement un tour d'inspection de Metal Gear, puis attrapa un bloc de C4 équipé d'un détonateur et le
colla sur l'articulation de la jambe droite. Il planta ensuite un autre pain de plastique juste au-dessus du
pied, puis deux autres explosifs aux mêmes emplacements sur l'autre jambe.
Il lui restait encore un explosif. Levant les yeux vers l'arrière du cockpit, Snake découvrit les
réservoirs de carburant situés à gauche du bloc qui devait être l'ordinateur de bord. Placer du plastique
sur cette partie sensible pourrait causer de sérieux dégâts, à condition que l'explosion parvienne à
transpercer le blindage composite. Il allait juste falloir trouver un moyen de grimper là-haut.
L'agent secret remarqua que la jambe gauche du tank possédait des barreaux en acier permettant de
se hisser dans le poste de pilotage. Il grimpa aussitôt jusqu'au niveau du cockpit ce qui lui permit de
jeter un œil aux commandes. A première vue, rien de bien extraordinaire. Tout un tas de leviers, de
boutons, de potentiomètres, le tout accompagné d'afficheurs indiquant différentes informations. Le
poste de pilotage de Metal Gear pouvait tout aussi bien être celui d'un hélicoptère de combat.
Snake posa le pied sur le bord du cockpit et continua de se hisser vers l'arrière de la machine. Quand
il se trouva à portée, il glissa son dernier bloc de C4 entre le réservoir et l'unité centrale de l'ordinateur
de bord.
Les lumières oscillèrent brusquement, puis s'éteignirent, plongeant l'ensemble du hangar dans
l'obscurité. Surpris, Snake resta juché sur le toit de Metal Gear, se demandant ce qui était en train de se
passer. Un grincement métallique résonna au-dessus de sa tête. Il leva les yeux vers les pointillés de
lumière qui apparaissaient progressivement, alors que le toit du hangar s'ouvrait en glissant sur des rails.
Snake comprit alors que ces pointillés de lumières étaient les veilleuses éclairant la gigantesque cage
d'ascenseur permettant à l'élévateur de remonter vers le bunker, en surface. Quelqu'un avait ouvert le
toit pour permettre à l'élévateur de remplir sa fonction.
Le sol de la pièce trembla brusquement lorsque le gigantesque ascenseur se mit en marche et
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commença à monter. Déclencher la détonation des explosifs était trop risqué tant qu'il se trouvait juste
à côté. Il fallait à tout prix qu'il descende de l'élévateur, avant qu'il ne se retrouve piégé dessus jusqu'à
son arrivée à la surface.
Snake se laissa tomber de son perchoir, s'orienta vers le couloir qui l'avait conduit ici, seule issue
possible. La lumière du néon lui indiqua qu'il restait moins de quatre-vingt centimètres entre le plateau
de l'élévateur et le plafond du couloir. Et le passage se rétrécissait de secondes en secondes, alors que la
montée se poursuivait inexorablement.
L'agent secret s'élança entre les caisses de matériel, fonça vers son objectif. Dans l'obscurité il ne vit
pas venir l'objet qui le frappa violemment en pleine figure, l'envoyant s'écraser sur le dos. Sonné par
cette attaque soudaine, il laissa échapper un mince filet de sang entre ses lèvres.
Qu'est-ce que c'était que ça ?
Se remettant debout, Snake perçut le mouvement d'une ombre sur sa droite. Avant qu'il ait eu le
temps de dégainer son pistolet, il reçut un nouveau coup sur la tempe qui manqua de peu de le
précipiter à nouveau par terre. Il réussit de justesse à se retenir à une console informatique. La douleur
irradiait sur le côté de son visage et il sentait du sang couler sur sa joue.
― Merde, souffla-t-il pour lui-même.
Il dégaina aussitôt son pistolet, balaya l'obscurité dans l'espoir de détecter la présence de son ennemi.
Lorsqu'il se tourna vers le couloir, il ne vit plus qu'un mince trait de lumière qui filtrait entre le plateau
de l'élévateur et le plafond du passage voisin. Plus moyen de sortir de là. Il était pris au piège. Et pas
tout seul, qui plus est.
Snake avança prudemment entre les caisses de matériel, regardant dans toutes les directions. Le bruit
du moteur de l'élévateur était si assourdissant qu'il lui était impossible de localiser quoi que ce soit à
l'oreille. Le plateau atteignit la première rangée de veilleuses. Snake profita alors du peu de lumière
qu'elles lui procurèrent pour observer les alentours tout en continuant son exploration.
Il aperçut une ombre qui courait de l'autre côté du plateau, derrière la silhouette sombre et
menaçante de Metal Gear. Alignant son viseur vers la forme mouvante, il fit feu, vit sa balle se perdre
sur la paroi de la cage d'ascenseur.
Les veilleuses disparurent sous le plateau, plongeant à nouveau la zone dans l'obscurité. Snake
s'accroupit entre deux caisses de matériel, immobile et silencieux, attendant patiemment d'y voir
davantage.
Une nouvelle rangée de veilleuse se retrouva suffisamment près pour lui permettre de distinguer les
formes qui l'entouraient. Snake se leva d'un bond, traversa le plateau, passa devant Metal Gear et se
dirigea vers l'endroit où il avait vu passer l'ombre, quelques secondes plus tôt.
Il vit quelque chose bouger dans son champ de vision. La lumière devint suffisante pour distinguer
une silhouette élancée. Il aligna sa cible et fit feu. L'ombre glissa avec souplesse sur le côté pour
esquiver la balle. L'instant d'après elle était sur lui. Un violent coup sur l'avant-bras lui fit lâcher son M9
qui alla se perdre au loin.
Pressentant l'attaque suivante, Snake se protégea le visage et encaissa un nouveau choc. Puis, il réagit
à toute vitesse, alors que le plateau était encore plongé dans l'obscurité. Il tendit la main vers son
adversaire, sentit le bras armé de celui-ci qui tentait de se retirer. Avec une vitesse stupéfiante, il replia
son avant-bras droit sur le poignet de l'ennemi et lui appliqua de l'autre main une forte pression derrière
l'épaule pour lui tirer le bras vers l'arrière.
Son adversaire poussa un cri aigu et échappa sa matraque. Les veilleuses qui dispensèrent alors leur
faible lumière lui permirent d'apercevoir les courbes féminines et les cheveux platine de son ennemi.
― Diane ? Demanda-t-il surpris.
Profitant de la perte d'attention de Snake, la jeune femme vrilla son poignet pour se libérer et bondit
en l'air avant de l'envoyer rouler par terre d'un spectaculaire coup de pied retourné. Snake serra les
dents en se remettant sur pied, alors que la douleur de la fracture de son bras se réveillait.
― Je m'appelle Blind Owl, dit la jeune femme en faisant glisser sensuellement ses doigts le long de sa
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cuisse droite.
Alors qu'il ne restait plus que quelques centimètres avant que la lumière des veilleuses ne disparaisse
sous le plateau, Snake vit Owl caresser sa cuisse gauche, se saisir de la poignée de la machette et
dégainer la lame. L'ombre de la jeune femme se tourna vers lui et fonça dans sa direction, au moment
où l'obscurité tombait sur eux.
Snake se saisit aussitôt du fusil d'assaut fixé dans son dos. Il fit passer la sangle par-dessus sa tête et,
tenant l'arme à deux mains, s'en servit pour bloquer instinctivement l'attaque tranchante qui lui était
destiné.
La lame de la machette rebondit sur le métal de l'arme. Snake se fendit sur le côté, orienta son arme
à la verticale pour cueillir le coup latéral que lui asséna Owl. A nouveau la lame rebondit sur le métal,
provoquant quelques étincelles au point d'impact.
L'obscurité commença à céder la place à la lumière diffuse d'une nouvelle rangée de veilleuses.
L'ombre de la jeune femme se découpa devant lui. La machette fouetta l'air, Snake orienta son fusil et
détourna la lame tranchante. Il décida ensuite de profiter des quelques secondes de visibilité pour passer
à l'attaque.
Alors qu'Owl ramenait sa machette devant elle, Snake saisit son fusil à deux mains par le canon et
abattit son épée de fortune sur le visage de la jeune femme. Elle poussa un cri de surprise en encaissant
le choc violent.
Snake profita que la jeune femme soit sonnée pour aller se réfugier à l'abri derrière une caisse de
matériel. Au moment où d'autres veilleuses étaient sur le point d'arriver à portée, il se releva, tapa
volontairement du pied par terre.
Ce mouvement eut l'effet escompté. Ayant sans doute perçu à la fois le bruit et les vibrations
provoqués par ce coup de botte, Owl sortit dans la lumière, s'élança vers lui, sa lame levée au-dessus de
sa tête.
La jeune femme frappa, mais Snake contra l'attaque avec aisance. A chaque fois que la machette
entrait en contact avec le métal du fusil d'assaut, Owl devenait vulnérable durant une seconde, le temps
que la vibration du choc entre les deux armes remonte le long de son bras.
Snake se baissa, la lame trancha le vide au-dessus de sa tête. L'agent secret roula sur le côté, se releva,
ajusta sa position et prépara son fusil à intercepter la machette de son adversaire. Quand le métal
s'entrechoqua, Snake épaula son fusil, enroula le canon de l'arme autour du poignet de Owl tout en se
rapprochant d'un pas.
La machette s'envola des mains de sa propriétaire. Snake en profita pour venir se coller encore plus
près de la jeune femme. D'un mouvement rapide, il appuya le côté de son fusil sous la poitrine d’Owl et
la poussa violemment sur le côté. Elle trébucha sur la botte que l'agent secret avait glissée derrière sa
jambe gauche et s'écrasa sur le sol.
Avant qu'elle ne réagisse, Snake fit feu à deux reprises, visant les cuisses de la jeune femme. Elle
poussa un cri de douleur, se recroquevilla sur elle-même alors que Snake braquait le canon de son arme
sur son front.
― Allez-y, Snake, dit-elle en ravalant un sanglot. Faites-le.
― Je ne vais pas vous tuer, répliqua-t-il froidement.
Voyant qu'Owl était bel et bien hors de combat, il orienta son fusil d'assaut vers le sol.
― Pourquoi ? S'étonna-t-elle.
― Je ne veux pas faire de nouveaux orphelins. Ces enfants dont vous vous occupez ont déjà perdus
leurs parents. Ils ont besoin de quelqu'un pour les aider à surmonter ça et veiller sur eux quand ils font
des cauchemars dans leur sommeil. Ils ont besoin de la mère que je n'ai jamais eue.
Le plateau de l'élévateur ralentit. Snake leva les yeux vers le plafond qui commençait à s'ouvrir une
quinzaine de mètres plus haut, déversant un flot de lumière sur les deux combattants. Owl sourit
tristement.
― Je vous vois, Snake. Je sais que c'est difficile à croire. Impossible, même, mais je vous vois. Je n'ai
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pas besoin de mes yeux pour cela. Je vois quel genre de soldat vous êtes. Je vois l'homme qui se cache
sous cette armure de combattant. (Elle marqua une pause.) Et je comprends pourquoi Saladin se bat.
Pour la liberté. Pour vous.
― Saladin se bat pour moi ?
― Il se bat pour ses enfants, pour les orphelins d'Outer Heaven, pour les générations futures. Il sait
qu'il ne pourra sans doute pas profiter de ce monde qu'il est en train de construire, mais il continue
pourtant le combat. Vous ne vous en rendez sans doute pas compte, mais vous vous ressemblez
beaucoup tous les deux.
Le silence se fit brusquement quand les moteurs de l'élévateur se turent. Le plateau s'arrêta au niveau
du sol du bunker. Owl tourna brusquement la tête sur le côté, comme si elle avait vu quelque chose
dans le dos de Snake. L'agent secret sentit, lui-aussi, une présence toute proche. Il épaula son fusil
d'assaut tout en faisant volte-face.
Il était trop tard pour faire feu sur le mercenaire d'Outer Heaven qui fondait sur lui. Gray Fox
détourna le canon du fusil sur le côté, frappa Snake à l'estomac et l'envoya s'écraser lourdement au sol.
Puis, sans s'arrêter, il dépassa Owl, courut vers le centre du plateau et bondit vers Metal Gear.
Fox attrapa le barreau le plus haut, grimpa le long de la jambe et se hissa dans le cockpit. Une fois
installé dans le siège de pilotage, il referma la verrière blindée, attacha son harnais de sécurité et
commença à manipuler les commandes de Metal Gear. Le bourdonnement du moteur de la machine
enfla progressivement. Il lui fallut quelques secondes pour chauffer suffisamment et permettre aux
vérins et aux servomoteurs de se mettre à fonctionner. Snake se remit sur pied, vit avec horreur Metal
Gear pivoter avec souplesse dans sa direction. Un haut-parleur crachota et la voix de Fox résonna dans
le bunker :
― Amène-toi, Snake ! Rugit-il
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