Interview Foncière Lelièvre Immobilier
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Interview Foncière Lelièvre Immobilier
Plan seniors pour les entreprises de 50 salariés et plus Ou comment gérer les secondes parties de carrière Que font réellement les entreprises ? Se mettent-elles en conformité avec la loi par une simple formalité ou changent-elles vraiment leurs pratiques de gestion des ressources humaines. Le dernier délai imparti par le ministre du Travail prenant fin, le directeur général de Foncière Lelièvre Immobilier témoigne. Dominique Lombardini E ntreprise du secteur immobilier, Foncière Lelièvre Immobilier emploie 126 salariés, dont 82 femmes. 40 % ont plus de 46 ans. Parmi ces derniers, une dizaine a plus de 58 ans. Elle est située au Mans et rayonne en Sarthe et Grand Ouest. Fin 2008, Philippe Leboucher, directeur général, est sollicité par l’Agefos PME, organisme paritaire collecteur agréé (Opca) et la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) du Mans, pour engager une réflexion sur la thématique des seniors, notamment sur la gestion des secondes parties de carrière. Ce projet, échelonné sur 16 mois, est co-financé par le Fonds Unique de Péréquation (FUP), la CCI du Mans et de la Sarthe ainsi que l’Agefos PME. Philippe Leboucher reconnaît que « Faire un focus sur la répartition des tranches d’âge dans l’entreprise est positif, car il est difficile de prendre conscience que, pour certains de mes collaborateurs, l’âge de la retraite approche ». Pourtant, la question est d’autant plus importante que les postes occupés par les plus de 58 ans concernent des métiers pour lesquels les recrutements s’avèrent difficiles. Il s’agit, soit de postes clés commerciaux, qui nécessitent une forte performance individuelle, soit de postes de gestionnaires de copropriété, métiers difficiles que « plus personne ne veut faire ». Au cours de plusieurs rencontres, l’état des lieux se dessine et montre la nécessité d’anticiper, précisément sur ces postes, la transmission des savoir-faire et des compétences et leurs futurs remplacements. Un regard différent sur l’entreprise Pour Stéphane Bellanger, conseiller en formation de l’Agefos PME, « L’important est de montrer toutes les solutions possibles pour une bonne anticipation des changements. Dans le cas de Foncière Lelièvre Immobilier, l’élaboration du plan senior s’est effectuée sans précipitation et avec une participation active et positive du directeur ». L’ingénierie de formation est confiée, via la CCI, à l’Institut pour le développement des compétences (IDC) : la formation au tutorat est lancée. Six personnes la suivent. Une jeune femme est d’ores et déjà embauchée et bénéficie de la transmission des savoirs. Une cohérence soulignée par Philippe Leboucher qui précise « Combien il ne faut cependant pas négliger l’effort financier qu’un doublon de tutorat implique ». La formation ouverte au tutorat (FOT) se déroule en 40 heures, réparties sur trois mois environ. La formation terminée, le salarié peut valider un diplôme : le Certificat de compétences en entreprise (CCE). Il bénéficie d’un accompagnement supplémentaire de 7 heures et d’un semestre environ pour réaliser un dossier. S’il obtient son CCE, l’entreprise lui accorde une gratification salariale et un événement est créé autour de cette remise de diplôme, deux éléments qui concourent à souligner l’importance de la fonction de tutorat et du rôle à jouer par les seniors. « C’est un message de reconnaissance, souligne Philippe Leboucher, l’entreprise investit sur ses seniors, croit en eux, alors qu’ils peuvent la quitter dans un, deux ou trois ans ». Mais il y a retour sur investissement dans l’intégration plus facile de nouveaux salariés. Outre la formation au tutorat pour six personnes, le plan senior inclut des entretiens où sont abordées les questions des modalités de seconde partie de carrière (temps partiel, aménagement de poste…), mais aussi les questions de formations. Le plan senior, une contrainte pour l’entreprise ? « En effet, le plan senior est une nouvelle contrainte pour l’entreprise, reconnaît Philippe Leboucher, mais il permet de regarder les choses différemment. C’est bien, et cela apporte une valeur ajoutée à l’entreprise. Mais de toute façon, je n’ai jamais pensé faire de ségrégation liée à l’âge dans l’entreprise, pour preuve, j’ai embauché, début 2009, une personne qui avait 60 ans révolus ! » l Contact : Stéphane Bellanger Agefos PME 02 41 49 14 40 5 Une bibliographie et de nombreux ouvrages sur la thématique des seniors sont disponibles au centre de ressources du Carif-Oref, [email protected], 02 40 20 40 16 juin-juillet 2010 / n°226 / Trait d union