Outsiders USA

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Outsiders USA
Le 39e président des États-Unis (1977-1981), l’un des rares
dirigeants américains à n’avoir effectué qu’un seul mandat, est
aujourd’hui reconnu pour ses efforts en faveur de la paix
Le 16e président
des Etats-Unis
(1861-1865) abolit
l’esclavage et fortifia
l’Union
Jimmy Carter, un idéaliste au pouvoir
Episode 3
Elisabeth Guedel
« JE REGRETTE de ne pas avoir envoyé un hélicoptère de plus pour récupérer les otages.
Nous les aurions sauvés et j’aurais été réélu.» L’aveu de Jimmy Carter il y a tout juste un
an, alors qu’il annonçait entamer un traitement pour des mélanomes au cerveau, a rappelé aux Américains une page douloureuse de
leur histoire. Celle d’une opération militaire
qui a tourné au fiasco, en avril 1980, avec la
mort de 8 soldats américains dans la tentative
de libération de 52 employés et diplomates
retenus à l’ambassade américaine de Téhéran
par les révolutionnaires islamiques iraniens.
La prise d’otage a duré 14 mois. L’incapacité
du président démocrate à résoudre l’une des
crises les plus humiliantes qu’aient connues les
États-Unis lui a non seulement coûté sa réélection mais a également terni à jamais le bilan de
son administration.
Profondément croyant – baptiste chrétien et non interventioniste convaincu, Jimmy Carter n’a jamais pu se défaire de son image de dirigeant faible, voire naïf. Lors de la campagne
présidentielle de 1976, il incarne pourtant
l’espoir d’une Amérique nouvelle. Fils d’un
producteur d’arachide de Géorgie, sénateur
de cet État du Sud (1962-1966) puis gouverneur
(1970-1974), James Earl Carter Jr. se lance, à 52
ans, dans la course à la Maison Blanche en promettant aux Américains qu’il ne leur mentirait
pas. Un message de rupture avec les années
sombres de la présidence Nixon, marquées par
le scandale du Watergate et l’enlisement de la
guerre du Vietnam.
Candidat d’une région encore hantée par
la ségrégation, Jimmy Carter l’emporte de jus-
tesse en novembre 1976 face au candidat républicain Gerald Ford, successeur de Richard
Nixon et président sortant non élu, avec 1,6
million de voix d’avance seulement, soit 50,1
% du vote populaire et 297 grands électeurs.
Le jour de son investiture, il rompt avec le traditionnel rituel de la traversée de la ville en
voiture présidentielle et descend à pied Pennsylvania Avenue. Il incarne la nouveauté et la
probité.
Ses initiatives législatives au cours des deux
premières années de son administration sont
nombreuses : création d’un département de
l’énergie, réforme fiscale et de l’aide sociale
SIPA PRESS
Le président Jimmy Carter, en 1980
Abraham
Lincoln, le
père des
républicains
ou encore protection de l’environnement.
En matière de politique étrangère, il impose,
de façon certes inégale, sa vision du multilatéralisme en plaçant la défense des droits de
l’homme au cœur de son action. Traité sur la
rétrocession du canal de Panama, rapprochement sino-américain, et surtout signature des
accords de Camp David, le 18 septembre 1978,
entre le Premier ministre israélien Menahem
Begin et le Président égyptien Anouar El-Sadate, marquent son mandat. Jimmy Carter
n’arrive toutefois ni à assouplir le régime cubain de Fidel Castro, ni à empêcher l’invasion
soviétique de l’Afghanistan après l’échec de
la ratification de l’accord SALT II conclu avec
Leonid Brejnev sur la limitation des armes stratégiques.
L’année 1979 est particulièrement difficile
pour le président démocrate : crise économique mondiale sur fond de deuxième choc
pétrolier avec, aux États-Unis, inflation galopante et montée du chômage. En juillet 1979,
84% des Américains se disent insatisfaits de la
direction prise par leur pays. Largement battu
par Ronald Reagan en novembre 1980, Jimmy
Carter quitte la Maison Blanche en président
impopulaire, le jour où les otages américains
de l’ambassade de Téhéran sont libérés.
Durant ces 35 dernières années, Jimmy Carter n’a cessé d’œuvrer en faveur de la paix dans
le monde par l’intermédiaire de sa fondation
éponyme. A 91 ans, après avoir supervisé une
centaine d’élections à l’étranger, fait construire
des milliers de maisons pour les sans-abri avec
l’association Habitat for Humanity, reçu le Prix
Nobel de la paix (2002) et combattu un cancer,
il est un ex-président estimé et respecté. Mais
peu entendu.
@EGuedel
Episode 5
Elisabeth Guedel
t
A 55 ans, le 44e président des États-Unis (2009-2017) se prépare à
quitter la Maison Blanche, « prêt à passer le relais »
Barack Obama, le «Yes We Can»
à l’heure du bilan
Episode 4
Elisabeth Guedel
BOSTON, 27 JUILLET 2004. « Soyons réaliste,
ma présence ici était assez peu probable ».
Quand le jeune élu du Sénat de l’Illinois commence son discours à l’ouverture de la convention nationale démocrate, le sentiment qu’il
pourrait un jour occuper la fonction suprême
s’impose dans la salle omnisports FleetCenter. L’audience est séduite par l’éloquence et
la sincérité avec lesquelles il raconte « l’espoir
d’un gamin maigrichon au drôle de nom qui
pense que l’Amérique a une place pour lui ».
A 42 ans, Barack Obama venait de se faire un
nom, quatre ans et trois mois avant d’être élu
à la Maison Blanche et de devenir le 44e président des États-Unis.
Dans « les rêves de mon père » publié en
1995, Barack Hussein Obama explique sa recherche d’identité, entre un père kenyan et
une mère blanche issue de l’Amérique ségrégationniste du Kansas, une éducation à Hawaï
sous l’autorité de ses grands-parents maternels
et en Indonésie, pays natal de son beau-père.
« J’ai été élevé comme un enfant indonésien et
un enfant hawaïen, écrit-il, comme un enfant
noir et comme un enfant blanc. Cette multiplicité de cultures m’a nourri ». « Barry » - surnom
qu’il n’appreciait guère - acquit tardivement
son identité de Noir, quand, brillant diplômé
de l’école de droit de Harvard, il devient, en
1990, le premier Afro-américain à diriger la
prestigieuse revue de la faculté du Massachusetts et quand il épousera, deux ans plus tard,
Michelle Robinson, l’actuelle First lady.
Porteur d’un espoir démesuré de la communauté afro-américaine qui voit pour la première fois l’un des siens à la Maison Blanche,
Barack Obama aura finalement peu réagi – et
avec prudence - sur les questions raciales . Il
s’efforça avant tout de répondre aux critiques
sur son inexpérience. Élu au sénat de l’Illinois
(1996-2004), puis au Sénat américain, Barack
Obama l’emporte, en novembre 2008, face
au républicain John McCain, avec 52,9 % des
suffrages et 365 grands électeurs. Il est réélu
face à Mitt Romney avec 51 % du vote populaire
et 332 grands électeurs, premier président
en plus de 60 ans à remporter deux élections
consécutives avec la majorité au niveau national.
15 millions d’emplois créés. A son arrivée
à la Maison Blanche, l’économie américaine
est en récession. Grâce à un plan de relance de
789 milliards de dollars, 15 millions d’emplois
ont été créés en six ans, estime aujourd’hui le
département du travail. Au cours de ses deux
mandats, Barack Obama a doublé le nombre
d’Américains couverts par une assurancemaladie privée grâce à sa réforme de la santé
(Obamacare), imposé le mariage gay et protégé
265 millions d’acres de terres et d’océans. Ses
réformes sur l’immigration et sur le contrôle
des armes à feu sont en revanche restées bloquées au Congrès. Échec qu’il attribue à l’intransigeance des élus républicains; impasse
due à l’inflexibilité d’un président réfractaire
au compromis, selon l’opposition.
Sa politique étrangère est sous le feu des
critiques, malgré le rétablissement des relations avec Cuba et le rapprochement à l’Iran.
Celui qui fut élu sur la promesse de retirer les
troupes d’Irak et d’Afghanistan et qui élimina
Oussama ben Laden en 2011, n’aura eu de cesse
de revoir à la hausse la présence des soldats
américains au Moyen-Orient, de montrer son
impuissance à résoudre le conflit syrien et à
éradiquer « le cancer » de l’Etat islamique.
Rares sont les présidents à avoir porté
comme Barack Obama autant d’espoirs de
changement et suscité autant de déceptions,
tout en restant populaire - plus de 50% d’opinions favorables. Car, comme le jeune élu de
l’Illinois l’assurait avec conviction en cette
toute fin juillet 2004 à Boston, son histoire «
fait partie de la grande histoire américaine,
[…] dans n’importe quel autre pays au monde,
elle n’aurait été possible ».
@EGuedel
t
CAPTURE D’ÉCRAN
Barack Obama soutient la candidature d’Hillary Clinton
2 l’Opinion Les outsiders entrés à la Maison Blanche
DE TOUS LES PRÉSIDENTS, Abraham Lincoln a
toujours été l’un des préférés des Américains.
Aujourd’hui encore, il figure en tête des classements des personnalités politiques les plus estimées de l’histoire du pays. L’ascension de cet
autodidacte, né dans une cabane en rondins du
Kentucky, élevé dans une ferme de l’Indiana au
milieu « des ours et autre animaux sauvages »
comme il l’a décrit lui-même, fascine. Et en
cette période électorale où les valeurs républicaines se trouvent profondément remises en
cause avec l’investiture du milliardaire Donald
Trump, Abraham Lincoln constitue plus que
jamais une référence aux États-Unis.
A son arrivée à la Maison Blanche en 1861,
sept États du Sud avaient quitté les États-Unis
d’Amérique (l’Union), rejoints peu de temps
après par quatre autres, pour former la Confédération, déclenchant la guerre de Sécession
entre le Nord et le Sud. La guerre civile dura
quatre ans et fit 630 000 morts. Entre-temps,
Abraham Lincoln décréta la Proclamation
d’émancipation qui mit fin à l’esclavage aux
États-Unis.
Pourtant, en 1860, dans une campagne
électorale axée sur la question du droit des
États - à pratiquer ou non l’esclavage - face
à l’Etat fédéral, « Abe » Lincoln faisait figure
d’outsider. Il était peu connu, n’avait passé que
huit années à l’assemblée générale de l’Illinois
(1834-1842) et deux à la Chambre des représentants du Congrès américain (1846-1848).
Il venait de connaître une traversée du désert
politique après avoir ouvertement critiqué la
guerre contre le Mexique (1846-1848) menée
par Washington.
Acte Kansas-Nebraska. L’avocat Abraham Lincoln revient en politique en 1854,
après le vote de l’Acte Kansas-Nebraska, loi qui
permet aux immigrants qui s’installent dans
ces deux États nouvellement créés de décider
d’y introduire ou non l’esclavage. Ce texte,
véritable victoire pour les partisans de l’esclavage, divise profondément les deux grandes
formations politiques du pays, le Parti démocrate et le Parti whig de la droite libérale. Il engendre la création, le 28 février 1854, du parti
républicain qu’Abraham Lincoln rejoint l’année suivante avant de se présenter à l’élection
présidentielle du 6 novembre 1860.
Abraham Lincoln est opposé à l’esclavage
par convictions religieuses et tradition familiale – son père avait quitté le Kentucky pour
l’Indiana où l’esclavage était interdit. Et malgré son manque de notoriété, il l’emporte sur
les deux autres candidats démocrates avec
seulement 39,8 % des suffrages populaires
(contre 29,5 % et 18,1 %) mais avec les voix de
180 grands électeurs. Les républicains voient
pour la première fois l’un des leurs à la Maison
Blanche, un homme du Nord qui doit faire face
à l’éclatement de l’Union.
Réélu très confortablement en 1864, avec
plus de 10 points d’avance sur son adversaire
démocrate, Abraham Lincoln meurt dans sa
loge de théâtre, le 15 avril 1865 à Washington
D.C., sous les balles d’un comédien partisan de
la cause sudiste. C’est la première fois qu’un
président américain est assassiné. Un choc
dans un pays qui sort à peine de la guerre la
plus meurtrière de son histoire. Mais Abraham Lincoln laisse un pays conforté autour
de l’Union et un parti républicain instauré en
force politique majeure – les conservateurs
conserveront le pouvoir à la Maison Blanche
jusqu’en 1885.
Sa longue silhouette (1 mètre 93), son charisme et son leadership planent aujourd’hui
encore sur la vie politique américaine. Abraham Lincoln avait su rallier sur son nom les
républicains face à un parti démocrate divisé
et un pays éclaté. « Presque tous les hommes
peuvent faire face à l’adversité, écrivait-il. Mais
si vous voulez tester la capacité de quelqu’un,
donnez-lui le pouvoir ».
@EGuedel
t
Premier démocrate à être élu à la
présidence des Etats-Unis depuis la
guerre de sécession, celui qui effectuera
deux mandats non consécutifs s’est fait le
champion de la lutte contre la corruption
Premier acteur et personne la plus âgée
à s’installer à la Maison Blanche, le 40e
Président des Etats-Unis a gagné une place
à part dans le coeur des Américains
Ronald Reagan: « Hollywood
goes to Washington »
Grover Cleveland, un shérif à
la Maison Blanche
Episode 2
Gilles Senges et Elisabeth Guedel
SIPA PRESS
Grover Cleveland fut à la fois le 22 ème et le 24 ème Président des Etats-Unis
Episode 1
Gilles Senges et Elisabeth Guedel
OCCUPANT SANS INTERRUPTION la Maison
Blanche depuis l’arrivée au pouvoir d’Abraham Lincoln, en 1861, à la veille de la guerre
de Sécession, le parti républicain semble avoir
pris de mauvaises habitudes. Il ne voit pas venir, en tout cas, la menace que peut représenter le démocrate Grover Cleveland (1837-1908)
lors de l’élection présidentielle de 1884.
Elu successivement shérif (1871-1873),
maire de Buffalo (1881-1882) et gouverneur
de l’état de New York (1882-1884), ce juriste
formé sur le tas l’a emporté à chaque fois en
battant campagne contre la corruption et le
clientélisme. « Big Steve » (Stephen est son premier prénom et il pèse plus de 110 kg) comme
l’appellent ses amis devient « Uncle Jumbo »
lorsqu’il met fin aux mauvaises habitudes de
ses adversaires voire de ses amis politiques. Un
éléphant dans un jeu de quilles !
Il ne fait d’ailleurs pas l’unanimité parmi
les siens. C’est un « Bourbon Democrat » (en
référence tout à la fois au whiskey du Kentucky
et à la famille royale française), l’aile libérale
du parti. Grover Cleveland est le champion du
« laissez-faire », de l’élimination des droits de
douane et des subventions fédérales et du noninterventionisme.
Les républicains ont choisi James Blaine,
ancien sénateur du Maine et éphémère secre-
Grover Cleveland est le
champion du « laissezfaire »
taire d’Etat, pour succéder à Chester Arthur
qui, malade, ne se représente pas. Impliqué
dans des scandales financiers, c’est un candidat qui divise son parti dont une frange réformiste (les « mugwumps ») se rallie à son adversaire démocrate. La campagne électorale est
violente.
Alors célibataire (il sera le premier à se
marier à la Maison Blanche), Grover Cleveland
qui reconnaît avoir eu un fils hors mariage est
accusé d’être un débauché et une personne immorale. Selon le parti républicain, les Américains ont le choix « entre le bordel et la famille,
l’indécence et la décence, la luxure et la loi ». Il
est élu d’une courte marge avec 48,5 % des voix
contre 48,2 % pour James Blaine, mais avec un
nombre de grands électeurs (182 contre 219).
Vingt deuxième Président des Etats-Unis,
Grover Cleveland refuse de perpétuer le système des dépouilles dans l’administration et
maintient les hauts fonctionnaires républicains à leur poste dés lors qu’ils sont compétents. Les nominations se font sur la base du
mérite. Il s’attaque aussi aux lobbies ferroviaires et de la construction navale.
Mais ses nombreux bras de fer avec un
Congrès, dominé par l’opposition, donnent de
sa présidence une image quasi-monarchiste.
Les républicains qui dénonceront les vetos apposés par ses soins à l’attribution d’une retraite
à certains anciens combattants de la guerre de
sécession et à des subventions destinées aux
« ETES-VOUS dans une meilleure situation
qu’il y a quatre ans ? Y a-t-il moins de chômage
qu’il y a quatre ans ? L’Amérique est-elle aussi
respectée qu’elle l’était avant ? » En quelques
questions, posées lors du dernier débat télévisé l’opposant à Jimmy Carter, le Président
démocrate sortant, Ronald Reagan (1911-2004)
réussit facilement à inverser les rôles.
En cet automne 1980 marqué par une situation économique difficile et une prise d’otages
humiliante pour les Etats-Unis en Iran, l’outsider n’est pas celui que l’on croit. Présenté
par tous comme un acteur de série B, vulgaire,
excessif, voire inculte au point d’être confronté
à une candidature dissidente libérale au sein
même du parti républicain, Ronald Reagan
l’emporte avec 50,7 % des voix et 489 grands
électeurs contre 49 pour son rival démocrate
qui ne recueille que 41 % des suffrages.
Premier représentant d’Hollywood à occuper le poste de « commandeur en chef », c’est
aussi, à 69 ans, l’élu le plus âgé à entrer à la
Maison Blanche. Ce qui ne l’empêchera pas de
donner une nouvelle jeunesse au « rêve américain » alors que le moral de ses concitoyens
est au plus bas depuis la grande dépression de
1929.
Issu d’un milieu modeste, Ronald Reagan
est l’optimisme incarné. Avec une licence en
économie et sociologie en poche, il débute
comme animateur radio avant de se faire une
place au cinéma et à la télévision. Ce n’est
pas une star mais un acteur reconnu par ses
pairs dont il préside le syndicat (1947-1959).
Grand admirateur de Franklin Roosevelt, ce
démocrate se convertit au fil des ans aux idées
conservatrices.
Encarté au parti républicain en 1962, il se
fait remarquer deux ans plus tard lors de la
campagne présidentielle de Barry Goldwater,
figure de proue de l’aile droite, anticommuniste, du Grand old party (GOP). Poussé à se
présenter comme gouverneur de Californie,
il est élu dès sa première tentative en 1966. Il
tente sans succès de barrer la route de la Maison Blanche à Richard Nixon, en 1968, lors de
la primaire républicaine.
Si certains ne manquent pas de dénoncer
la manière brutale avec laquelle il réprime les
manifestations étudiantes à Berkeley en 1969,
il fait ses preuves à la tête du « Golden state » en
affichant un certain pragmatisme. Il est facilement réélu en 1970 pour un second mandat de
quatre ans. Après un nouvel essai raté en 1976
face à Gerald Ford, il décroche l’investiture du
parti républicain pour l’élection présidentielle
de 1980. Avec le succès que l’on sait.
Il n’apporte pas que du glamour à la fonction. Marqué par une tentative d’assassinat
quelques semaines après son intronisation,
son premier mandat est à forte tonalité économique. Opposé à « l’Etat providence »,
favorable aux réductions d’impôts, le « grand
communicateur » pour qui « le gouvernement
n’est pas la solution à (nos) problèmes, mais le
problème » dérégule à tout va. Il n’hésite pas à
remplacer au pied levé plus de 11 000 contrôleurs aériens civils par des militaires.
Réélu triomphalement en 1984, il se focalise plus sur la politique étrangère. Avec le réarmement des Etats-Unis, le grand bluff de la
« guerre des étoiles », il participe à l’éclatement
de l’Union soviétique. Ce qu’illustre son appel
quasi prophétique « Abattez ce mur ! » lancé à
l’adresse de Mikhaïl Gorbatchev, le dirigeant
russe, devant le mur de Berlin en juin 1987.
Certes, son bilan n’est pas parfait. Ronald
Reagan laisse des déficits et un endettement records. Quelques affaires (Irangate) entachent
aussi son mandat. Mais son ombre continue
de planer sur les Etats-Unis. « Dans la grande
tradition des populistes américains, il s’est présenté comme un outsider déterminé à rétablir
les valeurs traditionnelles mais en maître de
la politique il a étendu ses idées bien au-delà
et poussé à l’étranger sa vision d’un monde
dénucléarisé » saluent les spécialistes du Miller
Center.
@Gillesenges
@EGuedel
t
t
Frances, sa jeune épouse,
demande au personnel
de la Maison Blanche
de ne rien changer à la
décoration avant son
retour dans quatre ans.
agriculteurs touchés par la sécheresse joueront aussi sur la fibre protectionniste lors de
l’élection présidentielle suivante.
Bien que vainqueur en nombre de voix,
Grover Cleveland est battu par Benjamin Harrison en 1888 en nombre de grands électeurs
(233 contre 168). Frances, sa jeune épouse,
demande au personnel de la Maison Blanche
de ne rien changer à la décoration avant son
retour dans quatre ans. Son époux sera effectivement réélu à la présidence des Etats-Unis
en 1892.
Son second mandat correspond au krach
financier de 1893, provoqué par l’effondrement du financement des sociétés de chemins
de fer. Ce qui se traduit par des faillites bancaires, une forte dépression économique et un
taux de chômage qui tutoie les 20 %. En 1894,
il marque les esprits en faisant appel à l’armée
pour casser la grève à la Pullman Company.
« Les Historiens ne classent pas Grover Cleveland comme un grand Président (...) mais il a
restauré et renforcé le pouvoir et l’autonomie
de l’exécutif » lui accordent les spécialistes du
Miller Center qui expliquent son « absence de
vision d’avenir » par son « manque d’éducation
estudiantine ». Après lui, les républicains occuperont la Maison Blanche de 1897 à 1913…
@Gillesenges
@EGuedel
t
t
SIPA PRESS
Ronald Reagan, le « grand communicateur », réanimera le « rêve américain » à son
arrivée au pouvoir
Les outsiders entrés à la Maison Blanche l’Opinion 1