Tissot n`a pas peur que l`Apple Watch empiète sur

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Tissot n`a pas peur que l`Apple Watch empiète sur
HORLOGERIE L’arrivée de la société californienne dans le domaine ne touchera
pas le haut de gamme. Montres de 300 à 1000 francs davantage concernées.
Tissot n’a pas peur que l’Apple
Watch empiète sur son terrain
IMPARTIAL - 11 septembre 2014
DANIEL DROZ
Les horlogers suisses étaient-ils
pile à l’heure mardi soir pour lorgner, d’un œil au moins, la présentation de l’Apple Watch? Oui,
dit le président de la marque Tissot, François Thiébaud. Malgré
les nombreux bugs de la diffusion
en direct du géant informatique.
La société californienne a dévoilé
sa montre connectée (notre édition d’hier). Précision utile: elle
nécessite un iPhone, génération 5
ou 6, pour fonctionner.
La question secoue le landerneau horloger suisse: est-elle réellement un concurrent? «Ce produit prétend occuper un territoire
que l’horlogerie suisse occupe, le
poignet», constate Kalust Zorik,
conseiller en management et spécialiste en marketing horloger.
«Du coup, il y a trois prétendants
pour deux poignets», rigole-t-il.
«Est-ce que les gens vont porter une
montre, un bracelet et avoir un
iPhone? Je ne le sais pas. Mais, il n’y
a pas de danger pour les montres
classiques.», poursuit-il.
Le haut de gamme, a priori, peut
dormir sur ses deux oreilles. «A
375 dollars (environ 325 francs) et
avec les fonctions qu’ils proposent,
c’est une menace pour les montres
économiques», précise Kalust Zorik. «D’abord pour les Chinois et les
Japonais.» Et les Suisses? «Une petite menace pour l’entrée de
gamme», relève-t-il. A son avis,
des marques fashion comme Diesel, Dolce Gabbana ou encore
Tommy Hilfiger «seront les premiers touchés, y compris la Swatch
et la T-Touch de Tissot».
Poids lourd du segment
L’Apple Watch s’inscrit dans un
secteur – les montres dont le prix
public s’étale entre 300 et
1000 francs – qui représente envi-
$*( $*( $'&) $'&) *('& *($#!*#'&) '&"+*%%'#$#( Mardi, les journalistes se sont précipités pour «croquer» la montre d’Apple. KEYSTONE
ron 13% de la valeur que produit
l’horlogerie suisse (au total
21,8 milliards de francs à l’exportation en 2013).
«Je ne suis pas inquiet», commente François Thiébaud. Propriété de Swatch Group, Tissot
est un poids lourd de ce segment.
L’an dernier, la marque a produit
plus de 4 millions de pièces, soit
15% du volume de montres produites en Suisse. Son chiffre d’affaires dépasse le milliard de
francs. La société travaille sur un
objet du même type que l’Apple
Watch. «Nous avons des choses en
gestation. Des choses qu’on pourra
porter, qui peuvent servir aux
gens.»
IPhone adapté au poignet
Le produit de la marque à la
pomme? «Pour moi, c’est un
iPhone adapté au poignet, qui a un
look de montre, mais qui ne reflète
pas ce que j’attends d’une montre»,
dit le directeur général. «Ce n’est
pas comme la T-Touch (réd: un produit multifonctionnel avec notamment baromètre, altimètre ou
double fuseau horaire). C’est
moins émotionnel qu’une montre
qui a des vraies aiguilles. Il n’y a pas
ce côté tridimensionnel qui en fait la
magie.»
Si la montre, à ses yeux, est «novatrice dans les fonctionnalités,
puisque nous retrouvons les applications Apple, ça fait de l’ombre à ceux
qui produisent déjà des montres
connectées». Et de se poser des
questions sur l’autonomie de la
batterie, le réseau de distribution –
même si Apple dispose de son
propre réseau de boutiques –, le
service après-vente ou encore
l’étanchéité.
Jeunes intéressés
Kalust Zorik pointe du doigt un
autre phénomène. «Ça va retar-
der un peu l’entrée de la jeune génération dans l’horlogerie suisse. Si,
avant, les gens portaient une montre à 24 ans ce sera peut-être à 32
pour passer du gadget au gardetemps.» François Thiébaud est
davantage optimiste. «Les jeunes
vont peut-être s’intéresser et ensuite s’acheter une montre traditionnelle.»
Derniers chiffres: près d’un
milliard de montres sont produites chaque année dans le monde.
La Suisse en fabrique un peu plus
de 28 millions. «Nous ne sommes
même pas à 3%», constate le boss
de Tissot. Et bien des poignets à
conquérir... POURQUOI PAS UNE IWATCH?
Tout le monde attendait une iWatch, voire une iTime. C’est simplement une
Apple Watch. La marque californienne n’a pas repris la lettre qui fait son succès depuis l’iMac jusqu’à l’iPad. Pour Matthey Sparkes, journaliste spécialisé dans les technologies au quotidien britannique «The Telegraph», ! # !
! ! " Quelques déboires juridiques au Brésil et au Mexique autour de l’appellation iPhone ont peut-être aussi poussé la société à éviter d’autres confrontations avec son produit horloger.