Philibert de l`Orme et Girard Desargues

Transcription

Philibert de l`Orme et Girard Desargues
Repères de visite…
Philibert de l’Orme et Girard Desargues
Girard Desargues (Lyon 1591 - Lyon 1661)
De la soie aux mathématiques
La pratique du trait
à preuves de monsieur
Desargues pour la
coupe des pierres en
l’architecture, A. Bosse,
1643, Inv 343192
© Bibliothèque municipale de Lyon
S.D.G.L., Sieur Girard Desargues Lyonnois comme il se plaît à signer ses écrits,
est issu d’une famille bourgeoise, fils d’un
notaire royal et d’une fille d’avocat. Les
trente-quatre premières années de la vie
de Girard Desargues sont très mal connues
et les biographes ne peuvent qu’échafauder des hypothèses quant à sa formation
mathématique, lui qui se revendique autodidacte. Ce serait avant tout ses rencontres
avec de grands savants de son époque tels
Étienne Martellange (1569 - 1641), architecte
du collège de la Trinité ou Isaac Beeckman
(1588 - 1637), illustre mathématicien et physicien, qui auraient été décisives. Ce qui est
attesté par les actes notariés conservés aux
Archives Départementales du Rhône c’est
son activité de marchand de draps de soie
en association avec les frères Bérauld entre
1619 et 1621. Après la mise en liquidation de
leur compagnie, Desargues se consacre entièrement à ses activités scientifiques.
De la théorie à la pratique :
des mathématiques à l’architecture
S’il est théoricien, Desargues n’en accorde
pas moins une grande importance à l’application pratique de ses théories. À partir de 1639,
il dispense des cours réservés aux artisans
du bâtiment. Ses théories sur la stéréotomie,
art de la taille et de la coupe des matériaux
de construction et en particulier de la pierre,
se révèlent extrêmement utiles pour la réalisation de formes architecturales complexes
à l’image de la voûte elliptique de l’atrium ou
encore l’escalier d’honneur de l’hôtel de ville
de Lyon qu’on lui attribue.
Maison à trompe du pont de pierre
Révolution mathématique au service
des sciences et techniques
Girard Desargues arrive à Paris en 1625 dans
un contexte de renouveau épistémologique.
Au 17e siècle, les mathématiques prennent un
tournant rationaliste et visent à la résolution
de problèmes pratiques. Les correspondances entre savants des grandes capitales
européennes se multiplient, favorisant la
diffusion des théories. Scientifiques et mathématiciens se réunissent au sein d’académies
de sciences pour partager et confronter leurs
idées. Il y noue des liens avec les plus grands
savants de son temps : Gassendi (1592 - 1655),
Descartes (1596 - 1650) ou encore avec Blaise
Pascal (1623 - 1662) disciple et ardent défenseur de Girard Desargues. C’est au sein
du cercle du Père Mersenne (1588 - 1648),
l’Academia Pariensis, qu’ils se côtoient et
débattent ; réseau de savants duquel naîtra
quelques années plus tard, l’Académie royale
des sciences de Paris.
Girard Desargues,
père de la géométrie projective
La géométrie projective étudie les propriétés inchangées des figures après projection.
C’est dans son Brouillon project, d’une Atteinte aux evenemens des rencontres du
cone avec un plan, publié en 1639, que Girard
Desargues pose les fondements de la géométrie projective. Très décrié à son époque,
ses contemporains lui reprochent de s’immiscer dans un domaine réservé, l’Art du
trait, alors qu’il n’en est point praticien. Ce
n’est qu’à la lumière de la fin du 19e siècle
que ses théories sont redécouvertes, ses
pairs le consacrent alors père de la géométrie projective ou géométrie arguesienne.
Maison à trompe réalisée par Girard Desargues.
Dessin du Père Nicolas-Victor Fonville,
19e siècle, Inv. N 770.8
© musées Gadagne
La maison de M. Saint-Oyend, du nom de son
commanditaire, plus connue sous le nom
de maison à trompe fut édifiée par Girard
Desargues vers 1648 à son retour sur Lyon.
Construite sur la première pile du pont de
pierre ou pont du Change et située sur la
rive gauche de la Saône, une partie de la
maison repose sur une trompe sous le coin
appareillée en panache. L’angle du côté de la
chaussée du pont était creusé d’une niche à
statue.
La maison est détruite en 1847 avec la cons­
truction du pont Nemours.
Écrits et réalisations
Fiche n° 9 bis
Philibert De l’Orme
Bibliographie sélective
Nouvelles inventions pour bien bastir
et a petits fraiz, 1561
Beaufort Jacques, L’architecture à Lyon
de l’Antiquité à la fin du XVIIIe siècle,
Huguet, 1998
Premier tome de l’architecture, 1567
Quelques réalisations à Lyon
(attestées ou supposées...)
Galerie de l’hôtel Bullioud,
n° 8 rue Juiverie (1536)
Porche de l’église St-Nizier
(fin 16e siècle , attribution incertaine)
Projet d’Hôtel de Ville sur le pont de Saône
(milieu 16e siècle)
Fichet Françoise, La théorie architecturale
à l’âge classique, Mardaga, 1995
Privat-Savigny Maria-Anne (sous la dir.),
Philibert de l’Orme, Girard Desargues,
de l’architecture classique aux enjeux
urbanistiques contemporains, EMCC, 2011
Vital-Durand Jérôme (sous la dir.),
L’hôtel de ville de Lyon,
Imprimerie nationale, Paris, 1998
Puits de la maison du Chamarier
au n° 37 de la rue Saint-Jean
(milieu 16e siècle)
Sitographie
Maison Paterin dite Henri IV
au n° 4 de la rue Juiverie
Pour consulter les ouvrages de Philibert de
l’Orme et de Girard Desargues, consulter la
base architectura de l’université de Tours
En France
Base de la bibliothèque de la ville de Lyon
www.pointsdactu.org
Tombe de François Ier dans la basilique
Saint-Denis (1547)
Château d’Anet (1547-1555), construit
pour Diane de Poitiers et dont il ne reste
désormais que quelques éléments
Château de Montceaux en Saône
et Loire (1555)
Pont sur lequel a été édifié le château
de Chenonceau (1557)
Château de Thoiry (vers 1560)
Palais des Tuileries (détruit) et une partie
du Louvre (1563)
Base mémoire du Ministère de la Culture
(images et notices d’œuvres organisée
par département)
http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/
memoire
Préparer votre visite
au musée
Salles du musée d’histoire sur la période
Renaissance (salle 6 à 9)
Salles du musée d’histoire sur le 17e siècle
(salles 10 à 14)
Girard Desargues
Pistes audio guide du musée d’histoire
sur le site www.gadagne.musees.lyon.fr /
rubrique écouter l’histoire
(téléchargeables ou en consultation)
Brouillon projetc, l’Exemple de l’une
des manières universelles du SDGL
touchant à la pratique de la perspective
sans employer aucun point de distance
ni d’autre qui soit hors du champ
de l’ouvrage, 1636
Fiches repères de visite n° 9
‘Lyon au 16e siècle, ville humaniste’,
téléchargeable sur le site
www.gadagne.musees.lyon.fr / rubrique
votre visite / scolaire - enseignants /
préparer votre visite
Brouillon project, d’une Atteinte aux
evenemens des rencontres du cone
avec un plan, 1639
Réalisations à Lyon
Hôtel de ville : plans de l’escalier ovale
dit des archives, grand escalier d’honneur
suspendu et voûte de l’Atrium (1646).
Maison sur trompe, pont du Change (1648)
Hôtel particulier Olivier de Sénozan,
actuel Hôtel de l’Europe (1653)
Philibert de l’Orme et Girard Desargues :
architectes et théoriciens visionnaires
Les deux grandes figures lyonnaises que sont Philibert de l’Orme
et Girard Desargues ont en commun d’avoir marqué l’histoire
de l’architecture française et révolutionné les techniques de
construction. Si la reconnaissance fut immédiate pour Philibert
de l’Orme, alors considéré par ses contemporains comme
l’un des plus grands architectes de son époque, celle de Girard
Desargues est bien plus tardive puisqu‘il faut attendre la fin
du 19e, voir le 20e siècle, pour que ses apports aux mathématiques
et à l‘architecture soient enfin reconnus à leur juste valeur.
Pérouse de Montclos Jean-Marie,
Philibert de l’Orme, architecte du roi,
Mengès, Paris, 2000
Participation au plan scénographique
de Lyon
Repères de visite…
Plan de Lyon au 16e siècle
par A.A. Gaillard,
d’après un dessin
d’Israël Sylvestre,
16e siècle, Inv. 32c
© musées Gadagne
Le bon architecte selon
Philibert de l’Orme,
in le Premier tome
d’architecture, folio, 1567,
folio 281, Inv. Res 22910
© Bibliothèque municipale de Lyon
Au 16e siècle, Lyon, capitale humaniste (cf.
fiche n° 9), connaît une importante expansion
commerciale due aux privilèges des foires
et au développement de l’imprimerie, impliquant une intense croissance démographique
et une immigration permanente.
Sous l’Ancien Régime, l’incarnation du pouvoir municipal lyonnais, le consulat, est
chargé des mesures concernant : les fortifications (obligation imposée par le pouvoir
royal), le tracé des rues, la sécurité ou encore la salubrité de l’habitat. Ces missions
sont confiées à un « voyer »
ou « voyeur » : officier municipal préposé aux voiries.
Jusqu’au début du 19e siècle
la fonction de voyer est séparée de celle d’architecte
[sauf rares exceptions tel
Simon Maupin ( ? - 1668) qui
se présente comme « pein­
tre, architecte et ingénieur
du roi ». ]
Le consulat étant responsable de la bonne cir­­culation
des hommes et des marchandises, il est amené du­­rant le
17e siècle à pren­dre des mesures permettant de résoudre
les problèmes de circulation
en raison de l’étroitesse des
rues. Ainsi est prise dès 1680,
une mesure d’ « Allignement
général de la ville de Lyon »
(Archives Municipales de
Lyon, DD 56).
En cette fin de 17e siècle, apparaît à Lyon, le souci de
l’intérêt général au côté de celui de l’embellissement de la ville à une époque où la notion
d’urbanisme n’est pas encore de mise.
Naissance de l’architecture
en tant qu’art libéral
Si l’architecture est une discipline qui permet
de saisir l’esprit d’une civilisation, à l’aube
du 16e siècle, elle n’a pas encore acquis son
statut de discipline artistique, alliant culture
savante et théoricienne.
Le métier d’architecte, en tant qu’art libéral,
est le fruit d’une lente mutation.
Sous l’Ancien Régime, ceux que l’on désigne
par le terme d’architectes du roi, et qui représentent une dizaine de personnes, sont plus
apparentés au maçon et au maître d’œuvre, à
des techniciens du bâtiment assurant les commandes passées par le roi et son entourage.
Philibert de l’Orme va venir bouleverser
cette conception du métier d’architecte et lui
conférer un véritable statut d’artiste. Dans
son Premier tome de l’architecture, publié
en 1567, Philibert de l’Orme s’attache à distinguer le bon architecte du mauvais, il élève
l’architecture au rang de culture savante.
...Et aujourd’hui :
Ce n’est qu’en 1867 que le premier diplôme d’architecte est créé. Jusqu’en
1968, l’enseignement de l’architecture
est dispensé à l’École des Beaux Arts.
Basé sur l’étude des modèles issus de
l’Antiquité et de la Renaissance, il est
fermé aux évolutions sociétales et ne
répond pas aux préoccupations sociales
et architecturales contemporaines. À
partir de 1968, des UPA (Unité Pédagogique d’Architecture) sont créées. Elles
acquièrent le statut d’École Nationale
d’Architecture en 2005.
Repères de visite…
Philibert de l’Orme et Girard Desargues
Philibert de l’Orme, architecte humaniste (Lyon v. 1510 - Paris 1570)
Transmission familiale
Philibert de l’Orme,
gravure au burin de Leclerc,
d’après un dessin de
C. Jacquand, Lyon, 1re moitié
du 19e siècle, Inv. 1315.4
© musées Gadagne
Philibert de l’Orme est né à Lyon au début du 16e siècle, il est impossible d’en
situer la date précise compte-tenu des
nombreuses zones d’ombres qui entourent son enfance et sa formation.
Son père, Jean 1er de l’Orme, exerce
le métier de maçon et c’est sans doute
sur les chantiers paternels qu’il fait
son apprentissage. Dans ses écrits,
Philibert de l’Orme ne révèle rien de
sa formation, toutefois il fait de nombreuses références aux grands traités
de l’architecture, tel De Architectura de
Vitruve (architecte romain du 1er siècle
après J-C), laissant supposer qu’il a
accès à une bibliothèque savante. Dans
ses Nouvelles inventions pour bien
bastir et a petits fraiz (1561), Philibert de
l’Orme relate son expérience de jeune contremaître, indiquant qu’il a sous ses ordres plus
de 300 hommes vers l’âge de quinze ans.
Théoricien et créateur
d’une Renaissance « à la française »
Philibert de l’Orme séjourne à Rome de 1533
à 1536. Il y étudie les monuments antiques,
améliorant ainsi son savoir technique tout en
acquérant des connaissances archéologiques
sur des chantiers de fouilles. C’est à Rome, ville
d’érudits, qu’il fera la connaissance du cardinal
Jean du Bellay (v. 1495 - 1560) qui devient par la
suite son protecteur mais également celle de
François Rabelais (v. 1483 - 1553).
À son retour de Rome, Philibert de l’Orme se
détache du style imposé par les architectes
italiens à la cour de France, en créant un
compromis entre le gothique flamboyant et
Étape de construction
de la charpente à petits bois,
Philibert de l’Orme,
in Nouvelles inventions
pour bien bastir et a petits
fraiz, Inv. Res 107563
© Bibliothèque municipale de Lyon
la Renaissance italienne. Il défend un « ordre
français » ou Renaissance « à la française »,
qu’il fait directement découler d’un ordre
divin faisant la synthèse entre la tradition
architecturale française et l’enseignement
antique tout en y apportant des libertés stylistiques.
Architecte du roi
Après un bref retour à Lyon en 1536, durant
lequel il édifie la galerie de l’hôtel Bullioud,
Philibert de l’Orme entre au service du cardinal du Bellay et se voit confier de 1541 à 1544,
l’édification de son château de Saint-Maur des
Fossés dans le Val de Marne, aujourd’hui disparu. Très bien introduit auprès de la cour de
France, Philibert de l’Orme entre au service
des rois de France : François 1er (1494 - 1547)
puis Henri II (1519 - 1559). Ce dernier couronne
sa carrière en le nommant surintendant des
bâtiments de France en 1545.
La disparation brutale d’Henri II provoque
sa disgrâce, il retrouve le chemin de la cour
avec Catherine de Médicis (1519 - 1589) qui lui
confie en 1567 le tracé des plans du palais des
Tuileries.
Architecte précurseur et visionnaire
Philibert de l’Orme est un précurseur dans
l’art de bâtir et laisse en héritage une technique de conception de charpente encore en
vigueur aujourd’hui. Dite à ‘petits bois’, cette
technique est plus connue de nos jours sous
le terme de lamellé collé.
À l’époque où les charpentes de bois nécessitent des arbres de grandes tailles, rares
et précieux, impliquant une difficile mise
en œuvre, son système d’assemblage de
planches de bois de petite taille est une véritable révolution technologique. Dans son
ouvrage Nouvelles inventions pour bien bastir
et a petits fraiz, dont la diffusion à été vivement
encouragée par Henri II, Philibert de l’Orme
dispense une sorte de cours d’architecture ;
tout y est passé en revue depuis le choix du
bois à la construction proprement dite.
Cette technique permet d’utiliser des bois
locaux et de taille commune, réduisant les
coûts et facilitant le travail de pose, pouvant
ainsi s’apparenter à une démarche industrielle de standardisation. Très en avance
pour son époque, Philibert de l’Orme intègre
la question de l’économie globale du projet
en anticipant le coût des matériaux et de la
maintenance.
Zoom histoire des arts
Repères de visite…
Philibert de l’Orme et Girard Desargues
Un chef d’œuvre architectural :
la galerie de l’hôtel Bullioud ou galerie Philibert de l’Orme
4
Hôtel Bullioud,
rue Juiverie à Lyon.
dessin de Théodore
de Jolimont, imprimé
par Monot, 1832,
Inv. N 785.20
7
6
© musées Gadagne
3
5
2
1
Si le système des trompes est déjà utilisé
au 15e siècle notamment dans la construction de coupole au sein des églises, Philibert
de l’Orme est le premier à avoir utilisé cette
technique dans l’architecture civile et à avoir
théorisé ce type de construction.
La galerie de l’hôtel Bullioud est considérée
comme le premier édifice français orné de la
superposition des ordres antiques : ionique et
dorique. Visibles uniquement sur le pavillon
nord, l’utilisation des ordres antiques rompt
avec le répertoire gothique encore en usage
à Lyon et Philibert de l’Orme y introduit certaines libertés : changement de proportions
des deux ordres, pilastres ioniques élancés à
l’image des pilastres doriques... faisant de la
galerie un véritable laboratoire pour la mise
au point de formules architecturales.
Trompe
Procédé de construction permettant
d’asseoir une voûte sur un plan carré.
Odre
Système architectural antique ayant
une unité de style et obéissant à des
règles de proportions définies. Il existe
trois ordres grecs : dorique, ionique
et corinthien.
La galerie Philibert
de l’Orme.
Dessin d’architecture
par Louis-Cécile Flacheron,
début du 19e siècle,
Inv. N 785.18
Située au 8 de la rue Juiverie dans le quartier
du Vieux-Lyon, la galerie de l’Hôtel Bullioud
est la première réalisation civile de Philibert
de l’Orme qui soit parvenu jusqu’à nous.
Antoine Bullioud, secrétaire et notaire du roi,
seigneur de Vaux en Beaujolais et général des
finances de Bretagne a besoin de moderniser
son logis afin d’affirmer son rang social et de
pouvoir y accueillir, le cas échéant, les hôtes
prestigieux de la cour de France lors de leurs
séjours à Lyon. Appartenant à l’élite intellectuelle de son temps, ouvert sur les idées
nouvelles portées par l’Humanisme, il fait appel à Philibert de l’Orme pour moderniser et
améliorer la distribution de l’ensemble des
bâtiments dont il est propriétaire.
L’hôtel Bullioud s’inscrit par ses caractéristiques, dans la tradition architecturale et
urbaine lyonnaise. Suitée dans une des rues
principales du quartier du Vieux-Lyon, lieu
de résidence des familles consulaires et italiennes à la Renaissance, elle possède une
haute façade sur rue étroite derrière laquelle
se dissimule de plus vastes édifices. Antoine
Bullioud demande à Philibert de l’Orme de
redonner de la cohérence à cet ensemble,
composé de plusieurs corps de bâtiments répartis autour de deux cours, et d’en faciliter
la distribution tout en évitant d’empiéter sur
la surface de la cour.
Afin de répondre à la commande tout en
intégrant les contraintes du bâti existant,
Philibert de l’Orme élabore une galerie sur
trompes, suspendue autour de la cour, permettant la distribution des différents corps
par un seul escalier.
Un bâti modifié ?
Philibert de l’Orme fait mention dans ses
écrits de cabinets accompagnés de galeries
au pluriel. Selon les historiens et architectes
ayant étudié son œuvre, Philibert de l’Orme
est connu pour la précision de son vocabulaire et de ses descriptions, ce qui laisse
à penser que l’édifice aurait été modifié
puisqu’une seule galerie subsiste. D’autres
incohérences entre les écrits de Philibert de
l’Orme et l’existant permettent d’étayer cette
théorie.
© musées Gadagne
1 et 2 : trompes
3 : ordre dorique
4 : ordre ionique
5, 6 et 7 : cabinets d’angles
Détail de la galerie
Philibert de l’Orme.
Gravure d’Antoine Séon,
d’après un dessin
de Pierre Martin,
19e siècle, Inv. 785.17
© musées Gadagne
Ordre dorique
Plus ancien des trois ordres grecs
(5e siècle avant J.-C.). Simple et
dépouillé, il se caractérise par une
colonne présentant un chapiteau
à échine plate et nue, un fût cannelé
et une absence de base ; et par une frise
ornée de triglyphes et de métopes.
Ordre ionique
Il se caractérise par un chapiteau
décoré par deux rangées de feuilles
d’acanthe et de crossettes au sommet,
un fût généralement cannelé ainsi
que par une frise nue.
Repères de visite…
Philibert de l’Orme et Girard Desargues
Philibert de l’Orme, architecte humaniste (Lyon v. 1510 - Paris 1570)
Transmission familiale
Philibert de l’Orme,
gravure au burin de Leclerc,
d’après un dessin de
C. Jacquand, Lyon, 1re moitié
du 19e siècle, Inv. 1315.4
© musées Gadagne
Philibert de l’Orme est né à Lyon au début du 16e siècle, il est impossible d’en
situer la date précise compte-tenu des
nombreuses zones d’ombres qui entourent son enfance et sa formation.
Son père, Jean 1er de l’Orme, exerce
le métier de maçon et c’est sans doute
sur les chantiers paternels qu’il fait
son apprentissage. Dans ses écrits,
Philibert de l’Orme ne révèle rien de
sa formation, toutefois il fait de nombreuses références aux grands traités
de l’architecture, tel De Architectura de
Vitruve (architecte romain du 1er siècle
après J-C), laissant supposer qu’il a
accès à une bibliothèque savante. Dans
ses Nouvelles inventions pour bien
bastir et a petits fraiz (1561), Philibert de
l’Orme relate son expérience de jeune contremaître, indiquant qu’il a sous ses ordres plus
de 300 hommes vers l’âge de quinze ans.
Théoricien et créateur
d’une Renaissance « à la française »
Philibert de l’Orme séjourne à Rome de 1533
à 1536. Il y étudie les monuments antiques,
améliorant ainsi son savoir technique tout en
acquérant des connaissances archéologiques
sur des chantiers de fouilles. C’est à Rome, ville
d’érudits, qu’il fera la connaissance du cardinal
Jean du Bellay (v. 1495 - 1560) qui devient par la
suite son protecteur mais également celle de
François Rabelais (v. 1483 - 1553).
À son retour de Rome, Philibert de l’Orme se
détache du style imposé par les architectes
italiens à la cour de France, en créant un
compromis entre le gothique flamboyant et
Étape de construction
de la charpente à petits bois,
Philibert de l’Orme,
in Nouvelles inventions
pour bien bastir et a petits
fraiz, Inv. Res 107563
© Bibliothèque municipale de Lyon
la Renaissance italienne. Il défend un « ordre
français » ou Renaissance « à la française »,
qu’il fait directement découler d’un ordre
divin faisant la synthèse entre la tradition
architecturale française et l’enseignement
antique tout en y apportant des libertés stylistiques.
Architecte du roi
Après un bref retour à Lyon en 1536, durant
lequel il édifie la galerie de l’hôtel Bullioud,
Philibert de l’Orme entre au service du cardinal du Bellay et se voit confier de 1541 à 1544,
l’édification de son château de Saint-Maur des
Fossés dans le Val de Marne, aujourd’hui disparu. Très bien introduit auprès de la cour de
France, Philibert de l’Orme entre au service
des rois de France : François 1er (1494 - 1547)
puis Henri II (1519 - 1559). Ce dernier couronne
sa carrière en le nommant surintendant des
bâtiments de France en 1545.
La disparation brutale d’Henri II provoque
sa disgrâce, il retrouve le chemin de la cour
avec Catherine de Médicis (1519 - 1589) qui lui
confie en 1567 le tracé des plans du palais des
Tuileries.
Architecte précurseur et visionnaire
Philibert de l’Orme est un précurseur dans
l’art de bâtir et laisse en héritage une technique de conception de charpente encore en
vigueur aujourd’hui. Dite à ‘petits bois’, cette
technique est plus connue de nos jours sous
le terme de lamellé collé.
À l’époque où les charpentes de bois nécessitent des arbres de grandes tailles, rares
et précieux, impliquant une difficile mise
en œuvre, son système d’assemblage de
planches de bois de petite taille est une véritable révolution technologique. Dans son
ouvrage Nouvelles inventions pour bien bastir
et a petits fraiz, dont la diffusion à été vivement
encouragée par Henri II, Philibert de l’Orme
dispense une sorte de cours d’architecture ;
tout y est passé en revue depuis le choix du
bois à la construction proprement dite.
Cette technique permet d’utiliser des bois
locaux et de taille commune, réduisant les
coûts et facilitant le travail de pose, pouvant
ainsi s’apparenter à une démarche industrielle de standardisation. Très en avance
pour son époque, Philibert de l’Orme intègre
la question de l’économie globale du projet
en anticipant le coût des matériaux et de la
maintenance.
Zoom histoire des arts
Repères de visite…
Philibert de l’Orme et Girard Desargues
Un chef d’œuvre architectural :
la galerie de l’hôtel Bullioud ou galerie Philibert de l’Orme
4
Hôtel Bullioud,
rue Juiverie à Lyon.
dessin de Théodore
de Jolimont, imprimé
par Monot, 1832,
Inv. N 785.20
7
6
© musées Gadagne
3
5
2
1
Si le système des trompes est déjà utilisé
au 15e siècle notamment dans la construction de coupole au sein des églises, Philibert
de l’Orme est le premier à avoir utilisé cette
technique dans l’architecture civile et à avoir
théorisé ce type de construction.
La galerie de l’hôtel Bullioud est considérée
comme le premier édifice français orné de la
superposition des ordres antiques : ionique et
dorique. Visibles uniquement sur le pavillon
nord, l’utilisation des ordres antiques rompt
avec le répertoire gothique encore en usage
à Lyon et Philibert de l’Orme y introduit certaines libertés : changement de proportions
des deux ordres, pilastres ioniques élancés à
l’image des pilastres doriques... faisant de la
galerie un véritable laboratoire pour la mise
au point de formules architecturales.
Trompe
Procédé de construction permettant
d’asseoir une voûte sur un plan carré.
Odre
Système architectural antique ayant
une unité de style et obéissant à des
règles de proportions définies. Il existe
trois ordres grecs : dorique, ionique
et corinthien.
La galerie Philibert
de l’Orme.
Dessin d’architecture
par Louis-Cécile Flacheron,
début du 19e siècle,
Inv. N 785.18
Située au 8 de la rue Juiverie dans le quartier
du Vieux-Lyon, la galerie de l’Hôtel Bullioud
est la première réalisation civile de Philibert
de l’Orme qui soit parvenu jusqu’à nous.
Antoine Bullioud, secrétaire et notaire du roi,
seigneur de Vaux en Beaujolais et général des
finances de Bretagne a besoin de moderniser
son logis afin d’affirmer son rang social et de
pouvoir y accueillir, le cas échéant, les hôtes
prestigieux de la cour de France lors de leurs
séjours à Lyon. Appartenant à l’élite intellectuelle de son temps, ouvert sur les idées
nouvelles portées par l’Humanisme, il fait appel à Philibert de l’Orme pour moderniser et
améliorer la distribution de l’ensemble des
bâtiments dont il est propriétaire.
L’hôtel Bullioud s’inscrit par ses caractéristiques, dans la tradition architecturale et
urbaine lyonnaise. Suitée dans une des rues
principales du quartier du Vieux-Lyon, lieu
de résidence des familles consulaires et italiennes à la Renaissance, elle possède une
haute façade sur rue étroite derrière laquelle
se dissimule de plus vastes édifices. Antoine
Bullioud demande à Philibert de l’Orme de
redonner de la cohérence à cet ensemble,
composé de plusieurs corps de bâtiments répartis autour de deux cours, et d’en faciliter
la distribution tout en évitant d’empiéter sur
la surface de la cour.
Afin de répondre à la commande tout en
intégrant les contraintes du bâti existant,
Philibert de l’Orme élabore une galerie sur
trompes, suspendue autour de la cour, permettant la distribution des différents corps
par un seul escalier.
Un bâti modifié ?
Philibert de l’Orme fait mention dans ses
écrits de cabinets accompagnés de galeries
au pluriel. Selon les historiens et architectes
ayant étudié son œuvre, Philibert de l’Orme
est connu pour la précision de son vocabulaire et de ses descriptions, ce qui laisse
à penser que l’édifice aurait été modifié
puisqu’une seule galerie subsiste. D’autres
incohérences entre les écrits de Philibert de
l’Orme et l’existant permettent d’étayer cette
théorie.
© musées Gadagne
1 et 2 : trompes
3 : ordre dorique
4 : ordre ionique
5, 6 et 7 : cabinets d’angles
Détail de la galerie
Philibert de l’Orme.
Gravure d’Antoine Séon,
d’après un dessin
de Pierre Martin,
19e siècle, Inv. 785.17
© musées Gadagne
Ordre dorique
Plus ancien des trois ordres grecs
(5e siècle avant J.-C.). Simple et
dépouillé, il se caractérise par une
colonne présentant un chapiteau
à échine plate et nue, un fût cannelé
et une absence de base ; et par une frise
ornée de triglyphes et de métopes.
Ordre ionique
Il se caractérise par un chapiteau
décoré par deux rangées de feuilles
d’acanthe et de crossettes au sommet,
un fût généralement cannelé ainsi
que par une frise nue.
Repères de visite…
Philibert de l’Orme et Girard Desargues
Philibert de l’Orme, architecte humaniste (Lyon v. 1510 - Paris 1570)
Transmission familiale
Philibert de l’Orme,
gravure au burin de Leclerc,
d’après un dessin de
C. Jacquand, Lyon, 1re moitié
du 19e siècle, Inv. 1315.4
© musées Gadagne
Philibert de l’Orme est né à Lyon au début du 16e siècle, il est impossible d’en
situer la date précise compte-tenu des
nombreuses zones d’ombres qui entourent son enfance et sa formation.
Son père, Jean 1er de l’Orme, exerce
le métier de maçon et c’est sans doute
sur les chantiers paternels qu’il fait
son apprentissage. Dans ses écrits,
Philibert de l’Orme ne révèle rien de
sa formation, toutefois il fait de nombreuses références aux grands traités
de l’architecture, tel De Architectura de
Vitruve (architecte romain du 1er siècle
après J-C), laissant supposer qu’il a
accès à une bibliothèque savante. Dans
ses Nouvelles inventions pour bien
bastir et a petits fraiz (1561), Philibert de
l’Orme relate son expérience de jeune contremaître, indiquant qu’il a sous ses ordres plus
de 300 hommes vers l’âge de quinze ans.
Théoricien et créateur
d’une Renaissance « à la française »
Philibert de l’Orme séjourne à Rome de 1533
à 1536. Il y étudie les monuments antiques,
améliorant ainsi son savoir technique tout en
acquérant des connaissances archéologiques
sur des chantiers de fouilles. C’est à Rome, ville
d’érudits, qu’il fera la connaissance du cardinal
Jean du Bellay (v. 1495 - 1560) qui devient par la
suite son protecteur mais également celle de
François Rabelais (v. 1483 - 1553).
À son retour de Rome, Philibert de l’Orme se
détache du style imposé par les architectes
italiens à la cour de France, en créant un
compromis entre le gothique flamboyant et
Étape de construction
de la charpente à petits bois,
Philibert de l’Orme,
in Nouvelles inventions
pour bien bastir et a petits
fraiz, Inv. Res 107563
© Bibliothèque municipale de Lyon
la Renaissance italienne. Il défend un « ordre
français » ou Renaissance « à la française »,
qu’il fait directement découler d’un ordre
divin faisant la synthèse entre la tradition
architecturale française et l’enseignement
antique tout en y apportant des libertés stylistiques.
Architecte du roi
Après un bref retour à Lyon en 1536, durant
lequel il édifie la galerie de l’hôtel Bullioud,
Philibert de l’Orme entre au service du cardinal du Bellay et se voit confier de 1541 à 1544,
l’édification de son château de Saint-Maur des
Fossés dans le Val de Marne, aujourd’hui disparu. Très bien introduit auprès de la cour de
France, Philibert de l’Orme entre au service
des rois de France : François 1er (1494 - 1547)
puis Henri II (1519 - 1559). Ce dernier couronne
sa carrière en le nommant surintendant des
bâtiments de France en 1545.
La disparation brutale d’Henri II provoque
sa disgrâce, il retrouve le chemin de la cour
avec Catherine de Médicis (1519 - 1589) qui lui
confie en 1567 le tracé des plans du palais des
Tuileries.
Architecte précurseur et visionnaire
Philibert de l’Orme est un précurseur dans
l’art de bâtir et laisse en héritage une technique de conception de charpente encore en
vigueur aujourd’hui. Dite à ‘petits bois’, cette
technique est plus connue de nos jours sous
le terme de lamellé collé.
À l’époque où les charpentes de bois nécessitent des arbres de grandes tailles, rares
et précieux, impliquant une difficile mise
en œuvre, son système d’assemblage de
planches de bois de petite taille est une véritable révolution technologique. Dans son
ouvrage Nouvelles inventions pour bien bastir
et a petits fraiz, dont la diffusion à été vivement
encouragée par Henri II, Philibert de l’Orme
dispense une sorte de cours d’architecture ;
tout y est passé en revue depuis le choix du
bois à la construction proprement dite.
Cette technique permet d’utiliser des bois
locaux et de taille commune, réduisant les
coûts et facilitant le travail de pose, pouvant
ainsi s’apparenter à une démarche industrielle de standardisation. Très en avance
pour son époque, Philibert de l’Orme intègre
la question de l’économie globale du projet
en anticipant le coût des matériaux et de la
maintenance.
Zoom histoire des arts
Repères de visite…
Philibert de l’Orme et Girard Desargues
Un chef d’œuvre architectural :
la galerie de l’hôtel Bullioud ou galerie Philibert de l’Orme
4
Hôtel Bullioud,
rue Juiverie à Lyon.
dessin de Théodore
de Jolimont, imprimé
par Monot, 1832,
Inv. N 785.20
7
6
© musées Gadagne
3
5
2
1
Si le système des trompes est déjà utilisé
au 15e siècle notamment dans la construction de coupole au sein des églises, Philibert
de l’Orme est le premier à avoir utilisé cette
technique dans l’architecture civile et à avoir
théorisé ce type de construction.
La galerie de l’hôtel Bullioud est considérée
comme le premier édifice français orné de la
superposition des ordres antiques : ionique et
dorique. Visibles uniquement sur le pavillon
nord, l’utilisation des ordres antiques rompt
avec le répertoire gothique encore en usage
à Lyon et Philibert de l’Orme y introduit certaines libertés : changement de proportions
des deux ordres, pilastres ioniques élancés à
l’image des pilastres doriques... faisant de la
galerie un véritable laboratoire pour la mise
au point de formules architecturales.
Trompe
Procédé de construction permettant
d’asseoir une voûte sur un plan carré.
Odre
Système architectural antique ayant
une unité de style et obéissant à des
règles de proportions définies. Il existe
trois ordres grecs : dorique, ionique
et corinthien.
La galerie Philibert
de l’Orme.
Dessin d’architecture
par Louis-Cécile Flacheron,
début du 19e siècle,
Inv. N 785.18
Située au 8 de la rue Juiverie dans le quartier
du Vieux-Lyon, la galerie de l’Hôtel Bullioud
est la première réalisation civile de Philibert
de l’Orme qui soit parvenu jusqu’à nous.
Antoine Bullioud, secrétaire et notaire du roi,
seigneur de Vaux en Beaujolais et général des
finances de Bretagne a besoin de moderniser
son logis afin d’affirmer son rang social et de
pouvoir y accueillir, le cas échéant, les hôtes
prestigieux de la cour de France lors de leurs
séjours à Lyon. Appartenant à l’élite intellectuelle de son temps, ouvert sur les idées
nouvelles portées par l’Humanisme, il fait appel à Philibert de l’Orme pour moderniser et
améliorer la distribution de l’ensemble des
bâtiments dont il est propriétaire.
L’hôtel Bullioud s’inscrit par ses caractéristiques, dans la tradition architecturale et
urbaine lyonnaise. Suitée dans une des rues
principales du quartier du Vieux-Lyon, lieu
de résidence des familles consulaires et italiennes à la Renaissance, elle possède une
haute façade sur rue étroite derrière laquelle
se dissimule de plus vastes édifices. Antoine
Bullioud demande à Philibert de l’Orme de
redonner de la cohérence à cet ensemble,
composé de plusieurs corps de bâtiments répartis autour de deux cours, et d’en faciliter
la distribution tout en évitant d’empiéter sur
la surface de la cour.
Afin de répondre à la commande tout en
intégrant les contraintes du bâti existant,
Philibert de l’Orme élabore une galerie sur
trompes, suspendue autour de la cour, permettant la distribution des différents corps
par un seul escalier.
Un bâti modifié ?
Philibert de l’Orme fait mention dans ses
écrits de cabinets accompagnés de galeries
au pluriel. Selon les historiens et architectes
ayant étudié son œuvre, Philibert de l’Orme
est connu pour la précision de son vocabulaire et de ses descriptions, ce qui laisse
à penser que l’édifice aurait été modifié
puisqu’une seule galerie subsiste. D’autres
incohérences entre les écrits de Philibert de
l’Orme et l’existant permettent d’étayer cette
théorie.
© musées Gadagne
1 et 2 : trompes
3 : ordre dorique
4 : ordre ionique
5, 6 et 7 : cabinets d’angles
Détail de la galerie
Philibert de l’Orme.
Gravure d’Antoine Séon,
d’après un dessin
de Pierre Martin,
19e siècle, Inv. 785.17
© musées Gadagne
Ordre dorique
Plus ancien des trois ordres grecs
(5e siècle avant J.-C.). Simple et
dépouillé, il se caractérise par une
colonne présentant un chapiteau
à échine plate et nue, un fût cannelé
et une absence de base ; et par une frise
ornée de triglyphes et de métopes.
Ordre ionique
Il se caractérise par un chapiteau
décoré par deux rangées de feuilles
d’acanthe et de crossettes au sommet,
un fût généralement cannelé ainsi
que par une frise nue.
Repères de visite…
Philibert de l’Orme et Girard Desargues
Girard Desargues (Lyon 1591 - Lyon 1661)
De la soie aux mathématiques
La pratique du trait
à preuves de monsieur
Desargues pour la
coupe des pierres en
l’architecture, A. Bosse,
1643, Inv 343192
© Bibliothèque municipale de Lyon
S.D.G.L., Sieur Girard Desargues Lyonnois comme il se plaît à signer ses écrits,
est issu d’une famille bourgeoise, fils d’un
notaire royal et d’une fille d’avocat. Les
trente-quatre premières années de la vie
de Girard Desargues sont très mal connues
et les biographes ne peuvent qu’échafauder des hypothèses quant à sa formation
mathématique, lui qui se revendique autodidacte. Ce serait avant tout ses rencontres
avec de grands savants de son époque tels
Étienne Martellange (1569 - 1641), architecte
du collège de la Trinité ou Isaac Beeckman
(1588 - 1637), illustre mathématicien et physicien, qui auraient été décisives. Ce qui est
attesté par les actes notariés conservés aux
Archives Départementales du Rhône c’est
son activité de marchand de draps de soie
en association avec les frères Bérauld entre
1619 et 1621. Après la mise en liquidation de
leur compagnie, Desargues se consacre entièrement à ses activités scientifiques.
De la théorie à la pratique :
des mathématiques à l’architecture
S’il est théoricien, Desargues n’en accorde
pas moins une grande importance à l’application pratique de ses théories. À partir de 1639,
il dispense des cours réservés aux artisans
du bâtiment. Ses théories sur la stéréotomie,
art de la taille et de la coupe des matériaux
de construction et en particulier de la pierre,
se révèlent extrêmement utiles pour la réalisation de formes architecturales complexes
à l’image de la voûte elliptique de l’atrium ou
encore l’escalier d’honneur de l’hôtel de ville
de Lyon qu’on lui attribue.
Maison à trompe du pont de pierre
Révolution mathématique au service
des sciences et techniques
Girard Desargues arrive à Paris en 1625 dans
un contexte de renouveau épistémologique.
Au 17e siècle, les mathématiques prennent un
tournant rationaliste et visent à la résolution
de problèmes pratiques. Les correspondances entre savants des grandes capitales
européennes se multiplient, favorisant la
diffusion des théories. Scientifiques et mathématiciens se réunissent au sein d’académies
de sciences pour partager et confronter leurs
idées. Il y noue des liens avec les plus grands
savants de son temps : Gassendi (1592 - 1655),
Descartes (1596 - 1650) ou encore avec Blaise
Pascal (1623 - 1662) disciple et ardent défenseur de Girard Desargues. C’est au sein
du cercle du Père Mersenne (1588 - 1648),
l’Academia Pariensis, qu’ils se côtoient et
débattent ; réseau de savants duquel naîtra
quelques années plus tard, l’Académie royale
des sciences de Paris.
Girard Desargues,
père de la géométrie projective
La géométrie projective étudie les propriétés inchangées des figures après projection.
C’est dans son Brouillon project, d’une Atteinte aux evenemens des rencontres du
cone avec un plan, publié en 1639, que Girard
Desargues pose les fondements de la géométrie projective. Très décrié à son époque,
ses contemporains lui reprochent de s’immiscer dans un domaine réservé, l’Art du
trait, alors qu’il n’en est point praticien. Ce
n’est qu’à la lumière de la fin du 19e siècle
que ses théories sont redécouvertes, ses
pairs le consacrent alors père de la géométrie projective ou géométrie arguesienne.
Maison à trompe réalisée par Girard Desargues.
Dessin du Père Nicolas-Victor Fonville,
19e siècle, Inv. N 770.8
© musées Gadagne
La maison de M. Saint-Oyend, du nom de son
commanditaire, plus connue sous le nom
de maison à trompe fut édifiée par Girard
Desargues vers 1648 à son retour sur Lyon.
Construite sur la première pile du pont de
pierre ou pont du Change et située sur la
rive gauche de la Saône, une partie de la
maison repose sur une trompe sous le coin
appareillée en panache. L’angle du côté de la
chaussée du pont était creusé d’une niche à
statue.
La maison est détruite en 1847 avec la cons­
truction du pont Nemours.
Écrits et réalisations
Fiche n° 9 bis
Philibert De l’Orme
Bibliographie sélective
Nouvelles inventions pour bien bastir
et a petits fraiz, 1561
Beaufort Jacques, L’architecture à Lyon
de l’Antiquité à la fin du XVIIIe siècle,
Huguet, 1998
Premier tome de l’architecture, 1567
Quelques réalisations à Lyon
(attestées ou supposées...)
Galerie de l’hôtel Bullioud,
n° 8 rue Juiverie (1536)
Porche de l’église St-Nizier
(fin 16e siècle , attribution incertaine)
Projet d’Hôtel de Ville sur le pont de Saône
(milieu 16e siècle)
Fichet Françoise, La théorie architecturale
à l’âge classique, Mardaga, 1995
Privat-Savigny Maria-Anne (sous la dir.),
Philibert de l’Orme, Girard Desargues,
de l’architecture classique aux enjeux
urbanistiques contemporains, EMCC, 2011
Vital-Durand Jérôme (sous la dir.),
L’hôtel de ville de Lyon,
Imprimerie nationale, Paris, 1998
Puits de la maison du Chamarier
au n° 37 de la rue Saint-Jean
(milieu 16e siècle)
Sitographie
Maison Paterin dite Henri IV
au n° 4 de la rue Juiverie
Pour consulter les ouvrages de Philibert de
l’Orme et de Girard Desargues, consulter la
base architectura de l’université de Tours
En France
Base de la bibliothèque de la ville de Lyon
www.pointsdactu.org
Tombe de François Ier dans la basilique
Saint-Denis (1547)
Château d’Anet (1547-1555), construit
pour Diane de Poitiers et dont il ne reste
désormais que quelques éléments
Château de Montceaux en Saône
et Loire (1555)
Pont sur lequel a été édifié le château
de Chenonceau (1557)
Château de Thoiry (vers 1560)
Palais des Tuileries (détruit) et une partie
du Louvre (1563)
Base mémoire du Ministère de la Culture
(images et notices d’œuvres organisée
par département)
http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/
memoire
Préparer votre visite
au musée
Salles du musée d’histoire sur la période
Renaissance (salle 6 à 9)
Salles du musée d’histoire sur le 17e siècle
(salles 10 à 14)
Girard Desargues
Pistes audio guide du musée d’histoire
sur le site www.gadagne.musees.lyon.fr /
rubrique écouter l’histoire
(téléchargeables ou en consultation)
Brouillon projetc, l’Exemple de l’une
des manières universelles du SDGL
touchant à la pratique de la perspective
sans employer aucun point de distance
ni d’autre qui soit hors du champ
de l’ouvrage, 1636
Fiches repères de visite n° 9
‘Lyon au 16e siècle, ville humaniste’,
téléchargeable sur le site
www.gadagne.musees.lyon.fr / rubrique
votre visite / scolaire - enseignants /
préparer votre visite
Brouillon project, d’une Atteinte aux
evenemens des rencontres du cone
avec un plan, 1639
Réalisations à Lyon
Hôtel de ville : plans de l’escalier ovale
dit des archives, grand escalier d’honneur
suspendu et voûte de l’Atrium (1646).
Maison sur trompe, pont du Change (1648)
Hôtel particulier Olivier de Sénozan,
actuel Hôtel de l’Europe (1653)
Philibert de l’Orme et Girard Desargues :
architectes et théoriciens visionnaires
Les deux grandes figures lyonnaises que sont Philibert de l’Orme
et Girard Desargues ont en commun d’avoir marqué l’histoire
de l’architecture française et révolutionné les techniques de
construction. Si la reconnaissance fut immédiate pour Philibert
de l’Orme, alors considéré par ses contemporains comme
l’un des plus grands architectes de son époque, celle de Girard
Desargues est bien plus tardive puisqu‘il faut attendre la fin
du 19e, voir le 20e siècle, pour que ses apports aux mathématiques
et à l‘architecture soient enfin reconnus à leur juste valeur.
Pérouse de Montclos Jean-Marie,
Philibert de l’Orme, architecte du roi,
Mengès, Paris, 2000
Participation au plan scénographique
de Lyon
Repères de visite…
Plan de Lyon au 16e siècle
par A.A. Gaillard,
d’après un dessin
d’Israël Sylvestre,
16e siècle, Inv. 32c
© musées Gadagne
Le bon architecte selon
Philibert de l’Orme,
in le Premier tome
d’architecture, folio, 1567,
folio 281, Inv. Res 22910
© Bibliothèque municipale de Lyon
Au 16e siècle, Lyon, capitale humaniste (cf.
fiche n° 9), connaît une importante expansion
commerciale due aux privilèges des foires
et au développement de l’imprimerie, impliquant une intense croissance démographique
et une immigration permanente.
Sous l’Ancien Régime, l’incarnation du pouvoir municipal lyonnais, le consulat, est
chargé des mesures concernant : les fortifications (obligation imposée par le pouvoir
royal), le tracé des rues, la sécurité ou encore la salubrité de l’habitat. Ces missions
sont confiées à un « voyer »
ou « voyeur » : officier municipal préposé aux voiries.
Jusqu’au début du 19e siècle
la fonction de voyer est séparée de celle d’architecte
[sauf rares exceptions tel
Simon Maupin ( ? - 1668) qui
se présente comme « pein­
tre, architecte et ingénieur
du roi ». ]
Le consulat étant responsable de la bonne cir­­culation
des hommes et des marchandises, il est amené du­­rant le
17e siècle à pren­dre des mesures permettant de résoudre
les problèmes de circulation
en raison de l’étroitesse des
rues. Ainsi est prise dès 1680,
une mesure d’ « Allignement
général de la ville de Lyon »
(Archives Municipales de
Lyon, DD 56).
En cette fin de 17e siècle, apparaît à Lyon, le souci de
l’intérêt général au côté de celui de l’embellissement de la ville à une époque où la notion
d’urbanisme n’est pas encore de mise.
Naissance de l’architecture
en tant qu’art libéral
Si l’architecture est une discipline qui permet
de saisir l’esprit d’une civilisation, à l’aube
du 16e siècle, elle n’a pas encore acquis son
statut de discipline artistique, alliant culture
savante et théoricienne.
Le métier d’architecte, en tant qu’art libéral,
est le fruit d’une lente mutation.
Sous l’Ancien Régime, ceux que l’on désigne
par le terme d’architectes du roi, et qui représentent une dizaine de personnes, sont plus
apparentés au maçon et au maître d’œuvre, à
des techniciens du bâtiment assurant les commandes passées par le roi et son entourage.
Philibert de l’Orme va venir bouleverser
cette conception du métier d’architecte et lui
conférer un véritable statut d’artiste. Dans
son Premier tome de l’architecture, publié
en 1567, Philibert de l’Orme s’attache à distinguer le bon architecte du mauvais, il élève
l’architecture au rang de culture savante.
...Et aujourd’hui :
Ce n’est qu’en 1867 que le premier diplôme d’architecte est créé. Jusqu’en
1968, l’enseignement de l’architecture
est dispensé à l’École des Beaux Arts.
Basé sur l’étude des modèles issus de
l’Antiquité et de la Renaissance, il est
fermé aux évolutions sociétales et ne
répond pas aux préoccupations sociales
et architecturales contemporaines. À
partir de 1968, des UPA (Unité Pédagogique d’Architecture) sont créées. Elles
acquièrent le statut d’École Nationale
d’Architecture en 2005.
Repères de visite…
Philibert de l’Orme et Girard Desargues
Girard Desargues (Lyon 1591 - Lyon 1661)
De la soie aux mathématiques
La pratique du trait
à preuves de monsieur
Desargues pour la
coupe des pierres en
l’architecture, A. Bosse,
1643, Inv 343192
© Bibliothèque municipale de Lyon
S.D.G.L., Sieur Girard Desargues Lyonnois comme il se plaît à signer ses écrits,
est issu d’une famille bourgeoise, fils d’un
notaire royal et d’une fille d’avocat. Les
trente-quatre premières années de la vie
de Girard Desargues sont très mal connues
et les biographes ne peuvent qu’échafauder des hypothèses quant à sa formation
mathématique, lui qui se revendique autodidacte. Ce serait avant tout ses rencontres
avec de grands savants de son époque tels
Étienne Martellange (1569 - 1641), architecte
du collège de la Trinité ou Isaac Beeckman
(1588 - 1637), illustre mathématicien et physicien, qui auraient été décisives. Ce qui est
attesté par les actes notariés conservés aux
Archives Départementales du Rhône c’est
son activité de marchand de draps de soie
en association avec les frères Bérauld entre
1619 et 1621. Après la mise en liquidation de
leur compagnie, Desargues se consacre entièrement à ses activités scientifiques.
De la théorie à la pratique :
des mathématiques à l’architecture
S’il est théoricien, Desargues n’en accorde
pas moins une grande importance à l’application pratique de ses théories. À partir de 1639,
il dispense des cours réservés aux artisans
du bâtiment. Ses théories sur la stéréotomie,
art de la taille et de la coupe des matériaux
de construction et en particulier de la pierre,
se révèlent extrêmement utiles pour la réalisation de formes architecturales complexes
à l’image de la voûte elliptique de l’atrium ou
encore l’escalier d’honneur de l’hôtel de ville
de Lyon qu’on lui attribue.
Maison à trompe du pont de pierre
Révolution mathématique au service
des sciences et techniques
Girard Desargues arrive à Paris en 1625 dans
un contexte de renouveau épistémologique.
Au 17e siècle, les mathématiques prennent un
tournant rationaliste et visent à la résolution
de problèmes pratiques. Les correspondances entre savants des grandes capitales
européennes se multiplient, favorisant la
diffusion des théories. Scientifiques et mathématiciens se réunissent au sein d’académies
de sciences pour partager et confronter leurs
idées. Il y noue des liens avec les plus grands
savants de son temps : Gassendi (1592 - 1655),
Descartes (1596 - 1650) ou encore avec Blaise
Pascal (1623 - 1662) disciple et ardent défenseur de Girard Desargues. C’est au sein
du cercle du Père Mersenne (1588 - 1648),
l’Academia Pariensis, qu’ils se côtoient et
débattent ; réseau de savants duquel naîtra
quelques années plus tard, l’Académie royale
des sciences de Paris.
Girard Desargues,
père de la géométrie projective
La géométrie projective étudie les propriétés inchangées des figures après projection.
C’est dans son Brouillon project, d’une Atteinte aux evenemens des rencontres du
cone avec un plan, publié en 1639, que Girard
Desargues pose les fondements de la géométrie projective. Très décrié à son époque,
ses contemporains lui reprochent de s’immiscer dans un domaine réservé, l’Art du
trait, alors qu’il n’en est point praticien. Ce
n’est qu’à la lumière de la fin du 19e siècle
que ses théories sont redécouvertes, ses
pairs le consacrent alors père de la géométrie projective ou géométrie arguesienne.
Maison à trompe réalisée par Girard Desargues.
Dessin du Père Nicolas-Victor Fonville,
19e siècle, Inv. N 770.8
© musées Gadagne
La maison de M. Saint-Oyend, du nom de son
commanditaire, plus connue sous le nom
de maison à trompe fut édifiée par Girard
Desargues vers 1648 à son retour sur Lyon.
Construite sur la première pile du pont de
pierre ou pont du Change et située sur la
rive gauche de la Saône, une partie de la
maison repose sur une trompe sous le coin
appareillée en panache. L’angle du côté de la
chaussée du pont était creusé d’une niche à
statue.
La maison est détruite en 1847 avec la cons­
truction du pont Nemours.
Écrits et réalisations
Fiche n° 9 bis
Philibert De l’Orme
Bibliographie sélective
Nouvelles inventions pour bien bastir
et a petits fraiz, 1561
Beaufort Jacques, L’architecture à Lyon
de l’Antiquité à la fin du XVIIIe siècle,
Huguet, 1998
Premier tome de l’architecture, 1567
Quelques réalisations à Lyon
(attestées ou supposées...)
Galerie de l’hôtel Bullioud,
n° 8 rue Juiverie (1536)
Porche de l’église St-Nizier
(fin 16e siècle , attribution incertaine)
Projet d’Hôtel de Ville sur le pont de Saône
(milieu 16e siècle)
Fichet Françoise, La théorie architecturale
à l’âge classique, Mardaga, 1995
Privat-Savigny Maria-Anne (sous la dir.),
Philibert de l’Orme, Girard Desargues,
de l’architecture classique aux enjeux
urbanistiques contemporains, EMCC, 2011
Vital-Durand Jérôme (sous la dir.),
L’hôtel de ville de Lyon,
Imprimerie nationale, Paris, 1998
Puits de la maison du Chamarier
au n° 37 de la rue Saint-Jean
(milieu 16e siècle)
Sitographie
Maison Paterin dite Henri IV
au n° 4 de la rue Juiverie
Pour consulter les ouvrages de Philibert de
l’Orme et de Girard Desargues, consulter la
base architectura de l’université de Tours
En France
Base de la bibliothèque de la ville de Lyon
www.pointsdactu.org
Tombe de François Ier dans la basilique
Saint-Denis (1547)
Château d’Anet (1547-1555), construit
pour Diane de Poitiers et dont il ne reste
désormais que quelques éléments
Château de Montceaux en Saône
et Loire (1555)
Pont sur lequel a été édifié le château
de Chenonceau (1557)
Château de Thoiry (vers 1560)
Palais des Tuileries (détruit) et une partie
du Louvre (1563)
Base mémoire du Ministère de la Culture
(images et notices d’œuvres organisée
par département)
http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/
memoire
Préparer votre visite
au musée
Salles du musée d’histoire sur la période
Renaissance (salle 6 à 9)
Salles du musée d’histoire sur le 17e siècle
(salles 10 à 14)
Girard Desargues
Pistes audio guide du musée d’histoire
sur le site www.gadagne.musees.lyon.fr /
rubrique écouter l’histoire
(téléchargeables ou en consultation)
Brouillon projetc, l’Exemple de l’une
des manières universelles du SDGL
touchant à la pratique de la perspective
sans employer aucun point de distance
ni d’autre qui soit hors du champ
de l’ouvrage, 1636
Fiches repères de visite n° 9
‘Lyon au 16e siècle, ville humaniste’,
téléchargeable sur le site
www.gadagne.musees.lyon.fr / rubrique
votre visite / scolaire - enseignants /
préparer votre visite
Brouillon project, d’une Atteinte aux
evenemens des rencontres du cone
avec un plan, 1639
Réalisations à Lyon
Hôtel de ville : plans de l’escalier ovale
dit des archives, grand escalier d’honneur
suspendu et voûte de l’Atrium (1646).
Maison sur trompe, pont du Change (1648)
Hôtel particulier Olivier de Sénozan,
actuel Hôtel de l’Europe (1653)
Philibert de l’Orme et Girard Desargues :
architectes et théoriciens visionnaires
Les deux grandes figures lyonnaises que sont Philibert de l’Orme
et Girard Desargues ont en commun d’avoir marqué l’histoire
de l’architecture française et révolutionné les techniques de
construction. Si la reconnaissance fut immédiate pour Philibert
de l’Orme, alors considéré par ses contemporains comme
l’un des plus grands architectes de son époque, celle de Girard
Desargues est bien plus tardive puisqu‘il faut attendre la fin
du 19e, voir le 20e siècle, pour que ses apports aux mathématiques
et à l‘architecture soient enfin reconnus à leur juste valeur.
Pérouse de Montclos Jean-Marie,
Philibert de l’Orme, architecte du roi,
Mengès, Paris, 2000
Participation au plan scénographique
de Lyon
Repères de visite…
Plan de Lyon au 16e siècle
par A.A. Gaillard,
d’après un dessin
d’Israël Sylvestre,
16e siècle, Inv. 32c
© musées Gadagne
Le bon architecte selon
Philibert de l’Orme,
in le Premier tome
d’architecture, folio, 1567,
folio 281, Inv. Res 22910
© Bibliothèque municipale de Lyon
Au 16e siècle, Lyon, capitale humaniste (cf.
fiche n° 9), connaît une importante expansion
commerciale due aux privilèges des foires
et au développement de l’imprimerie, impliquant une intense croissance démographique
et une immigration permanente.
Sous l’Ancien Régime, l’incarnation du pouvoir municipal lyonnais, le consulat, est
chargé des mesures concernant : les fortifications (obligation imposée par le pouvoir
royal), le tracé des rues, la sécurité ou encore la salubrité de l’habitat. Ces missions
sont confiées à un « voyer »
ou « voyeur » : officier municipal préposé aux voiries.
Jusqu’au début du 19e siècle
la fonction de voyer est séparée de celle d’architecte
[sauf rares exceptions tel
Simon Maupin ( ? - 1668) qui
se présente comme « pein­
tre, architecte et ingénieur
du roi ». ]
Le consulat étant responsable de la bonne cir­­culation
des hommes et des marchandises, il est amené du­­rant le
17e siècle à pren­dre des mesures permettant de résoudre
les problèmes de circulation
en raison de l’étroitesse des
rues. Ainsi est prise dès 1680,
une mesure d’ « Allignement
général de la ville de Lyon »
(Archives Municipales de
Lyon, DD 56).
En cette fin de 17e siècle, apparaît à Lyon, le souci de
l’intérêt général au côté de celui de l’embellissement de la ville à une époque où la notion
d’urbanisme n’est pas encore de mise.
Naissance de l’architecture
en tant qu’art libéral
Si l’architecture est une discipline qui permet
de saisir l’esprit d’une civilisation, à l’aube
du 16e siècle, elle n’a pas encore acquis son
statut de discipline artistique, alliant culture
savante et théoricienne.
Le métier d’architecte, en tant qu’art libéral,
est le fruit d’une lente mutation.
Sous l’Ancien Régime, ceux que l’on désigne
par le terme d’architectes du roi, et qui représentent une dizaine de personnes, sont plus
apparentés au maçon et au maître d’œuvre, à
des techniciens du bâtiment assurant les commandes passées par le roi et son entourage.
Philibert de l’Orme va venir bouleverser
cette conception du métier d’architecte et lui
conférer un véritable statut d’artiste. Dans
son Premier tome de l’architecture, publié
en 1567, Philibert de l’Orme s’attache à distinguer le bon architecte du mauvais, il élève
l’architecture au rang de culture savante.
...Et aujourd’hui :
Ce n’est qu’en 1867 que le premier diplôme d’architecte est créé. Jusqu’en
1968, l’enseignement de l’architecture
est dispensé à l’École des Beaux Arts.
Basé sur l’étude des modèles issus de
l’Antiquité et de la Renaissance, il est
fermé aux évolutions sociétales et ne
répond pas aux préoccupations sociales
et architecturales contemporaines. À
partir de 1968, des UPA (Unité Pédagogique d’Architecture) sont créées. Elles
acquièrent le statut d’École Nationale
d’Architecture en 2005.