Philibert de l`Orme et Girard Desargues
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Philibert de l`Orme et Girard Desargues
Repères de visite… Philibert de l’Orme et Girard Desargues Girard Desargues (Lyon 1591 - Lyon 1661) De la soie aux mathématiques La pratique du trait à preuves de monsieur Desargues pour la coupe des pierres en l’architecture, A. Bosse, 1643, Inv 343192 © Bibliothèque municipale de Lyon S.D.G.L., Sieur Girard Desargues Lyonnois comme il se plaît à signer ses écrits, est issu d’une famille bourgeoise, fils d’un notaire royal et d’une fille d’avocat. Les trente-quatre premières années de la vie de Girard Desargues sont très mal connues et les biographes ne peuvent qu’échafauder des hypothèses quant à sa formation mathématique, lui qui se revendique autodidacte. Ce serait avant tout ses rencontres avec de grands savants de son époque tels Étienne Martellange (1569 - 1641), architecte du collège de la Trinité ou Isaac Beeckman (1588 - 1637), illustre mathématicien et physicien, qui auraient été décisives. Ce qui est attesté par les actes notariés conservés aux Archives Départementales du Rhône c’est son activité de marchand de draps de soie en association avec les frères Bérauld entre 1619 et 1621. Après la mise en liquidation de leur compagnie, Desargues se consacre entièrement à ses activités scientifiques. De la théorie à la pratique : des mathématiques à l’architecture S’il est théoricien, Desargues n’en accorde pas moins une grande importance à l’application pratique de ses théories. À partir de 1639, il dispense des cours réservés aux artisans du bâtiment. Ses théories sur la stéréotomie, art de la taille et de la coupe des matériaux de construction et en particulier de la pierre, se révèlent extrêmement utiles pour la réalisation de formes architecturales complexes à l’image de la voûte elliptique de l’atrium ou encore l’escalier d’honneur de l’hôtel de ville de Lyon qu’on lui attribue. Maison à trompe du pont de pierre Révolution mathématique au service des sciences et techniques Girard Desargues arrive à Paris en 1625 dans un contexte de renouveau épistémologique. Au 17e siècle, les mathématiques prennent un tournant rationaliste et visent à la résolution de problèmes pratiques. Les correspondances entre savants des grandes capitales européennes se multiplient, favorisant la diffusion des théories. Scientifiques et mathématiciens se réunissent au sein d’académies de sciences pour partager et confronter leurs idées. Il y noue des liens avec les plus grands savants de son temps : Gassendi (1592 - 1655), Descartes (1596 - 1650) ou encore avec Blaise Pascal (1623 - 1662) disciple et ardent défenseur de Girard Desargues. C’est au sein du cercle du Père Mersenne (1588 - 1648), l’Academia Pariensis, qu’ils se côtoient et débattent ; réseau de savants duquel naîtra quelques années plus tard, l’Académie royale des sciences de Paris. Girard Desargues, père de la géométrie projective La géométrie projective étudie les propriétés inchangées des figures après projection. C’est dans son Brouillon project, d’une Atteinte aux evenemens des rencontres du cone avec un plan, publié en 1639, que Girard Desargues pose les fondements de la géométrie projective. Très décrié à son époque, ses contemporains lui reprochent de s’immiscer dans un domaine réservé, l’Art du trait, alors qu’il n’en est point praticien. Ce n’est qu’à la lumière de la fin du 19e siècle que ses théories sont redécouvertes, ses pairs le consacrent alors père de la géométrie projective ou géométrie arguesienne. Maison à trompe réalisée par Girard Desargues. Dessin du Père Nicolas-Victor Fonville, 19e siècle, Inv. N 770.8 © musées Gadagne La maison de M. Saint-Oyend, du nom de son commanditaire, plus connue sous le nom de maison à trompe fut édifiée par Girard Desargues vers 1648 à son retour sur Lyon. Construite sur la première pile du pont de pierre ou pont du Change et située sur la rive gauche de la Saône, une partie de la maison repose sur une trompe sous le coin appareillée en panache. L’angle du côté de la chaussée du pont était creusé d’une niche à statue. La maison est détruite en 1847 avec la cons truction du pont Nemours. Écrits et réalisations Fiche n° 9 bis Philibert De l’Orme Bibliographie sélective Nouvelles inventions pour bien bastir et a petits fraiz, 1561 Beaufort Jacques, L’architecture à Lyon de l’Antiquité à la fin du XVIIIe siècle, Huguet, 1998 Premier tome de l’architecture, 1567 Quelques réalisations à Lyon (attestées ou supposées...) Galerie de l’hôtel Bullioud, n° 8 rue Juiverie (1536) Porche de l’église St-Nizier (fin 16e siècle , attribution incertaine) Projet d’Hôtel de Ville sur le pont de Saône (milieu 16e siècle) Fichet Françoise, La théorie architecturale à l’âge classique, Mardaga, 1995 Privat-Savigny Maria-Anne (sous la dir.), Philibert de l’Orme, Girard Desargues, de l’architecture classique aux enjeux urbanistiques contemporains, EMCC, 2011 Vital-Durand Jérôme (sous la dir.), L’hôtel de ville de Lyon, Imprimerie nationale, Paris, 1998 Puits de la maison du Chamarier au n° 37 de la rue Saint-Jean (milieu 16e siècle) Sitographie Maison Paterin dite Henri IV au n° 4 de la rue Juiverie Pour consulter les ouvrages de Philibert de l’Orme et de Girard Desargues, consulter la base architectura de l’université de Tours En France Base de la bibliothèque de la ville de Lyon www.pointsdactu.org Tombe de François Ier dans la basilique Saint-Denis (1547) Château d’Anet (1547-1555), construit pour Diane de Poitiers et dont il ne reste désormais que quelques éléments Château de Montceaux en Saône et Loire (1555) Pont sur lequel a été édifié le château de Chenonceau (1557) Château de Thoiry (vers 1560) Palais des Tuileries (détruit) et une partie du Louvre (1563) Base mémoire du Ministère de la Culture (images et notices d’œuvres organisée par département) http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/ memoire Préparer votre visite au musée Salles du musée d’histoire sur la période Renaissance (salle 6 à 9) Salles du musée d’histoire sur le 17e siècle (salles 10 à 14) Girard Desargues Pistes audio guide du musée d’histoire sur le site www.gadagne.musees.lyon.fr / rubrique écouter l’histoire (téléchargeables ou en consultation) Brouillon projetc, l’Exemple de l’une des manières universelles du SDGL touchant à la pratique de la perspective sans employer aucun point de distance ni d’autre qui soit hors du champ de l’ouvrage, 1636 Fiches repères de visite n° 9 ‘Lyon au 16e siècle, ville humaniste’, téléchargeable sur le site www.gadagne.musees.lyon.fr / rubrique votre visite / scolaire - enseignants / préparer votre visite Brouillon project, d’une Atteinte aux evenemens des rencontres du cone avec un plan, 1639 Réalisations à Lyon Hôtel de ville : plans de l’escalier ovale dit des archives, grand escalier d’honneur suspendu et voûte de l’Atrium (1646). Maison sur trompe, pont du Change (1648) Hôtel particulier Olivier de Sénozan, actuel Hôtel de l’Europe (1653) Philibert de l’Orme et Girard Desargues : architectes et théoriciens visionnaires Les deux grandes figures lyonnaises que sont Philibert de l’Orme et Girard Desargues ont en commun d’avoir marqué l’histoire de l’architecture française et révolutionné les techniques de construction. Si la reconnaissance fut immédiate pour Philibert de l’Orme, alors considéré par ses contemporains comme l’un des plus grands architectes de son époque, celle de Girard Desargues est bien plus tardive puisqu‘il faut attendre la fin du 19e, voir le 20e siècle, pour que ses apports aux mathématiques et à l‘architecture soient enfin reconnus à leur juste valeur. Pérouse de Montclos Jean-Marie, Philibert de l’Orme, architecte du roi, Mengès, Paris, 2000 Participation au plan scénographique de Lyon Repères de visite… Plan de Lyon au 16e siècle par A.A. Gaillard, d’après un dessin d’Israël Sylvestre, 16e siècle, Inv. 32c © musées Gadagne Le bon architecte selon Philibert de l’Orme, in le Premier tome d’architecture, folio, 1567, folio 281, Inv. Res 22910 © Bibliothèque municipale de Lyon Au 16e siècle, Lyon, capitale humaniste (cf. fiche n° 9), connaît une importante expansion commerciale due aux privilèges des foires et au développement de l’imprimerie, impliquant une intense croissance démographique et une immigration permanente. Sous l’Ancien Régime, l’incarnation du pouvoir municipal lyonnais, le consulat, est chargé des mesures concernant : les fortifications (obligation imposée par le pouvoir royal), le tracé des rues, la sécurité ou encore la salubrité de l’habitat. Ces missions sont confiées à un « voyer » ou « voyeur » : officier municipal préposé aux voiries. Jusqu’au début du 19e siècle la fonction de voyer est séparée de celle d’architecte [sauf rares exceptions tel Simon Maupin ( ? - 1668) qui se présente comme « pein tre, architecte et ingénieur du roi ». ] Le consulat étant responsable de la bonne circulation des hommes et des marchandises, il est amené durant le 17e siècle à prendre des mesures permettant de résoudre les problèmes de circulation en raison de l’étroitesse des rues. Ainsi est prise dès 1680, une mesure d’ « Allignement général de la ville de Lyon » (Archives Municipales de Lyon, DD 56). En cette fin de 17e siècle, apparaît à Lyon, le souci de l’intérêt général au côté de celui de l’embellissement de la ville à une époque où la notion d’urbanisme n’est pas encore de mise. Naissance de l’architecture en tant qu’art libéral Si l’architecture est une discipline qui permet de saisir l’esprit d’une civilisation, à l’aube du 16e siècle, elle n’a pas encore acquis son statut de discipline artistique, alliant culture savante et théoricienne. Le métier d’architecte, en tant qu’art libéral, est le fruit d’une lente mutation. Sous l’Ancien Régime, ceux que l’on désigne par le terme d’architectes du roi, et qui représentent une dizaine de personnes, sont plus apparentés au maçon et au maître d’œuvre, à des techniciens du bâtiment assurant les commandes passées par le roi et son entourage. Philibert de l’Orme va venir bouleverser cette conception du métier d’architecte et lui conférer un véritable statut d’artiste. Dans son Premier tome de l’architecture, publié en 1567, Philibert de l’Orme s’attache à distinguer le bon architecte du mauvais, il élève l’architecture au rang de culture savante. ...Et aujourd’hui : Ce n’est qu’en 1867 que le premier diplôme d’architecte est créé. Jusqu’en 1968, l’enseignement de l’architecture est dispensé à l’École des Beaux Arts. Basé sur l’étude des modèles issus de l’Antiquité et de la Renaissance, il est fermé aux évolutions sociétales et ne répond pas aux préoccupations sociales et architecturales contemporaines. À partir de 1968, des UPA (Unité Pédagogique d’Architecture) sont créées. Elles acquièrent le statut d’École Nationale d’Architecture en 2005. Repères de visite… Philibert de l’Orme et Girard Desargues Philibert de l’Orme, architecte humaniste (Lyon v. 1510 - Paris 1570) Transmission familiale Philibert de l’Orme, gravure au burin de Leclerc, d’après un dessin de C. Jacquand, Lyon, 1re moitié du 19e siècle, Inv. 1315.4 © musées Gadagne Philibert de l’Orme est né à Lyon au début du 16e siècle, il est impossible d’en situer la date précise compte-tenu des nombreuses zones d’ombres qui entourent son enfance et sa formation. Son père, Jean 1er de l’Orme, exerce le métier de maçon et c’est sans doute sur les chantiers paternels qu’il fait son apprentissage. Dans ses écrits, Philibert de l’Orme ne révèle rien de sa formation, toutefois il fait de nombreuses références aux grands traités de l’architecture, tel De Architectura de Vitruve (architecte romain du 1er siècle après J-C), laissant supposer qu’il a accès à une bibliothèque savante. Dans ses Nouvelles inventions pour bien bastir et a petits fraiz (1561), Philibert de l’Orme relate son expérience de jeune contremaître, indiquant qu’il a sous ses ordres plus de 300 hommes vers l’âge de quinze ans. Théoricien et créateur d’une Renaissance « à la française » Philibert de l’Orme séjourne à Rome de 1533 à 1536. Il y étudie les monuments antiques, améliorant ainsi son savoir technique tout en acquérant des connaissances archéologiques sur des chantiers de fouilles. C’est à Rome, ville d’érudits, qu’il fera la connaissance du cardinal Jean du Bellay (v. 1495 - 1560) qui devient par la suite son protecteur mais également celle de François Rabelais (v. 1483 - 1553). À son retour de Rome, Philibert de l’Orme se détache du style imposé par les architectes italiens à la cour de France, en créant un compromis entre le gothique flamboyant et Étape de construction de la charpente à petits bois, Philibert de l’Orme, in Nouvelles inventions pour bien bastir et a petits fraiz, Inv. Res 107563 © Bibliothèque municipale de Lyon la Renaissance italienne. Il défend un « ordre français » ou Renaissance « à la française », qu’il fait directement découler d’un ordre divin faisant la synthèse entre la tradition architecturale française et l’enseignement antique tout en y apportant des libertés stylistiques. Architecte du roi Après un bref retour à Lyon en 1536, durant lequel il édifie la galerie de l’hôtel Bullioud, Philibert de l’Orme entre au service du cardinal du Bellay et se voit confier de 1541 à 1544, l’édification de son château de Saint-Maur des Fossés dans le Val de Marne, aujourd’hui disparu. Très bien introduit auprès de la cour de France, Philibert de l’Orme entre au service des rois de France : François 1er (1494 - 1547) puis Henri II (1519 - 1559). Ce dernier couronne sa carrière en le nommant surintendant des bâtiments de France en 1545. La disparation brutale d’Henri II provoque sa disgrâce, il retrouve le chemin de la cour avec Catherine de Médicis (1519 - 1589) qui lui confie en 1567 le tracé des plans du palais des Tuileries. Architecte précurseur et visionnaire Philibert de l’Orme est un précurseur dans l’art de bâtir et laisse en héritage une technique de conception de charpente encore en vigueur aujourd’hui. Dite à ‘petits bois’, cette technique est plus connue de nos jours sous le terme de lamellé collé. À l’époque où les charpentes de bois nécessitent des arbres de grandes tailles, rares et précieux, impliquant une difficile mise en œuvre, son système d’assemblage de planches de bois de petite taille est une véritable révolution technologique. Dans son ouvrage Nouvelles inventions pour bien bastir et a petits fraiz, dont la diffusion à été vivement encouragée par Henri II, Philibert de l’Orme dispense une sorte de cours d’architecture ; tout y est passé en revue depuis le choix du bois à la construction proprement dite. Cette technique permet d’utiliser des bois locaux et de taille commune, réduisant les coûts et facilitant le travail de pose, pouvant ainsi s’apparenter à une démarche industrielle de standardisation. Très en avance pour son époque, Philibert de l’Orme intègre la question de l’économie globale du projet en anticipant le coût des matériaux et de la maintenance. Zoom histoire des arts Repères de visite… Philibert de l’Orme et Girard Desargues Un chef d’œuvre architectural : la galerie de l’hôtel Bullioud ou galerie Philibert de l’Orme 4 Hôtel Bullioud, rue Juiverie à Lyon. dessin de Théodore de Jolimont, imprimé par Monot, 1832, Inv. N 785.20 7 6 © musées Gadagne 3 5 2 1 Si le système des trompes est déjà utilisé au 15e siècle notamment dans la construction de coupole au sein des églises, Philibert de l’Orme est le premier à avoir utilisé cette technique dans l’architecture civile et à avoir théorisé ce type de construction. La galerie de l’hôtel Bullioud est considérée comme le premier édifice français orné de la superposition des ordres antiques : ionique et dorique. Visibles uniquement sur le pavillon nord, l’utilisation des ordres antiques rompt avec le répertoire gothique encore en usage à Lyon et Philibert de l’Orme y introduit certaines libertés : changement de proportions des deux ordres, pilastres ioniques élancés à l’image des pilastres doriques... faisant de la galerie un véritable laboratoire pour la mise au point de formules architecturales. Trompe Procédé de construction permettant d’asseoir une voûte sur un plan carré. Odre Système architectural antique ayant une unité de style et obéissant à des règles de proportions définies. Il existe trois ordres grecs : dorique, ionique et corinthien. La galerie Philibert de l’Orme. Dessin d’architecture par Louis-Cécile Flacheron, début du 19e siècle, Inv. N 785.18 Située au 8 de la rue Juiverie dans le quartier du Vieux-Lyon, la galerie de l’Hôtel Bullioud est la première réalisation civile de Philibert de l’Orme qui soit parvenu jusqu’à nous. Antoine Bullioud, secrétaire et notaire du roi, seigneur de Vaux en Beaujolais et général des finances de Bretagne a besoin de moderniser son logis afin d’affirmer son rang social et de pouvoir y accueillir, le cas échéant, les hôtes prestigieux de la cour de France lors de leurs séjours à Lyon. Appartenant à l’élite intellectuelle de son temps, ouvert sur les idées nouvelles portées par l’Humanisme, il fait appel à Philibert de l’Orme pour moderniser et améliorer la distribution de l’ensemble des bâtiments dont il est propriétaire. L’hôtel Bullioud s’inscrit par ses caractéristiques, dans la tradition architecturale et urbaine lyonnaise. Suitée dans une des rues principales du quartier du Vieux-Lyon, lieu de résidence des familles consulaires et italiennes à la Renaissance, elle possède une haute façade sur rue étroite derrière laquelle se dissimule de plus vastes édifices. Antoine Bullioud demande à Philibert de l’Orme de redonner de la cohérence à cet ensemble, composé de plusieurs corps de bâtiments répartis autour de deux cours, et d’en faciliter la distribution tout en évitant d’empiéter sur la surface de la cour. Afin de répondre à la commande tout en intégrant les contraintes du bâti existant, Philibert de l’Orme élabore une galerie sur trompes, suspendue autour de la cour, permettant la distribution des différents corps par un seul escalier. Un bâti modifié ? Philibert de l’Orme fait mention dans ses écrits de cabinets accompagnés de galeries au pluriel. Selon les historiens et architectes ayant étudié son œuvre, Philibert de l’Orme est connu pour la précision de son vocabulaire et de ses descriptions, ce qui laisse à penser que l’édifice aurait été modifié puisqu’une seule galerie subsiste. D’autres incohérences entre les écrits de Philibert de l’Orme et l’existant permettent d’étayer cette théorie. © musées Gadagne 1 et 2 : trompes 3 : ordre dorique 4 : ordre ionique 5, 6 et 7 : cabinets d’angles Détail de la galerie Philibert de l’Orme. Gravure d’Antoine Séon, d’après un dessin de Pierre Martin, 19e siècle, Inv. 785.17 © musées Gadagne Ordre dorique Plus ancien des trois ordres grecs (5e siècle avant J.-C.). Simple et dépouillé, il se caractérise par une colonne présentant un chapiteau à échine plate et nue, un fût cannelé et une absence de base ; et par une frise ornée de triglyphes et de métopes. Ordre ionique Il se caractérise par un chapiteau décoré par deux rangées de feuilles d’acanthe et de crossettes au sommet, un fût généralement cannelé ainsi que par une frise nue. Repères de visite… Philibert de l’Orme et Girard Desargues Philibert de l’Orme, architecte humaniste (Lyon v. 1510 - Paris 1570) Transmission familiale Philibert de l’Orme, gravure au burin de Leclerc, d’après un dessin de C. Jacquand, Lyon, 1re moitié du 19e siècle, Inv. 1315.4 © musées Gadagne Philibert de l’Orme est né à Lyon au début du 16e siècle, il est impossible d’en situer la date précise compte-tenu des nombreuses zones d’ombres qui entourent son enfance et sa formation. Son père, Jean 1er de l’Orme, exerce le métier de maçon et c’est sans doute sur les chantiers paternels qu’il fait son apprentissage. Dans ses écrits, Philibert de l’Orme ne révèle rien de sa formation, toutefois il fait de nombreuses références aux grands traités de l’architecture, tel De Architectura de Vitruve (architecte romain du 1er siècle après J-C), laissant supposer qu’il a accès à une bibliothèque savante. Dans ses Nouvelles inventions pour bien bastir et a petits fraiz (1561), Philibert de l’Orme relate son expérience de jeune contremaître, indiquant qu’il a sous ses ordres plus de 300 hommes vers l’âge de quinze ans. Théoricien et créateur d’une Renaissance « à la française » Philibert de l’Orme séjourne à Rome de 1533 à 1536. Il y étudie les monuments antiques, améliorant ainsi son savoir technique tout en acquérant des connaissances archéologiques sur des chantiers de fouilles. C’est à Rome, ville d’érudits, qu’il fera la connaissance du cardinal Jean du Bellay (v. 1495 - 1560) qui devient par la suite son protecteur mais également celle de François Rabelais (v. 1483 - 1553). À son retour de Rome, Philibert de l’Orme se détache du style imposé par les architectes italiens à la cour de France, en créant un compromis entre le gothique flamboyant et Étape de construction de la charpente à petits bois, Philibert de l’Orme, in Nouvelles inventions pour bien bastir et a petits fraiz, Inv. Res 107563 © Bibliothèque municipale de Lyon la Renaissance italienne. Il défend un « ordre français » ou Renaissance « à la française », qu’il fait directement découler d’un ordre divin faisant la synthèse entre la tradition architecturale française et l’enseignement antique tout en y apportant des libertés stylistiques. Architecte du roi Après un bref retour à Lyon en 1536, durant lequel il édifie la galerie de l’hôtel Bullioud, Philibert de l’Orme entre au service du cardinal du Bellay et se voit confier de 1541 à 1544, l’édification de son château de Saint-Maur des Fossés dans le Val de Marne, aujourd’hui disparu. Très bien introduit auprès de la cour de France, Philibert de l’Orme entre au service des rois de France : François 1er (1494 - 1547) puis Henri II (1519 - 1559). Ce dernier couronne sa carrière en le nommant surintendant des bâtiments de France en 1545. La disparation brutale d’Henri II provoque sa disgrâce, il retrouve le chemin de la cour avec Catherine de Médicis (1519 - 1589) qui lui confie en 1567 le tracé des plans du palais des Tuileries. Architecte précurseur et visionnaire Philibert de l’Orme est un précurseur dans l’art de bâtir et laisse en héritage une technique de conception de charpente encore en vigueur aujourd’hui. Dite à ‘petits bois’, cette technique est plus connue de nos jours sous le terme de lamellé collé. À l’époque où les charpentes de bois nécessitent des arbres de grandes tailles, rares et précieux, impliquant une difficile mise en œuvre, son système d’assemblage de planches de bois de petite taille est une véritable révolution technologique. Dans son ouvrage Nouvelles inventions pour bien bastir et a petits fraiz, dont la diffusion à été vivement encouragée par Henri II, Philibert de l’Orme dispense une sorte de cours d’architecture ; tout y est passé en revue depuis le choix du bois à la construction proprement dite. Cette technique permet d’utiliser des bois locaux et de taille commune, réduisant les coûts et facilitant le travail de pose, pouvant ainsi s’apparenter à une démarche industrielle de standardisation. Très en avance pour son époque, Philibert de l’Orme intègre la question de l’économie globale du projet en anticipant le coût des matériaux et de la maintenance. Zoom histoire des arts Repères de visite… Philibert de l’Orme et Girard Desargues Un chef d’œuvre architectural : la galerie de l’hôtel Bullioud ou galerie Philibert de l’Orme 4 Hôtel Bullioud, rue Juiverie à Lyon. dessin de Théodore de Jolimont, imprimé par Monot, 1832, Inv. N 785.20 7 6 © musées Gadagne 3 5 2 1 Si le système des trompes est déjà utilisé au 15e siècle notamment dans la construction de coupole au sein des églises, Philibert de l’Orme est le premier à avoir utilisé cette technique dans l’architecture civile et à avoir théorisé ce type de construction. La galerie de l’hôtel Bullioud est considérée comme le premier édifice français orné de la superposition des ordres antiques : ionique et dorique. Visibles uniquement sur le pavillon nord, l’utilisation des ordres antiques rompt avec le répertoire gothique encore en usage à Lyon et Philibert de l’Orme y introduit certaines libertés : changement de proportions des deux ordres, pilastres ioniques élancés à l’image des pilastres doriques... faisant de la galerie un véritable laboratoire pour la mise au point de formules architecturales. Trompe Procédé de construction permettant d’asseoir une voûte sur un plan carré. Odre Système architectural antique ayant une unité de style et obéissant à des règles de proportions définies. Il existe trois ordres grecs : dorique, ionique et corinthien. La galerie Philibert de l’Orme. Dessin d’architecture par Louis-Cécile Flacheron, début du 19e siècle, Inv. N 785.18 Située au 8 de la rue Juiverie dans le quartier du Vieux-Lyon, la galerie de l’Hôtel Bullioud est la première réalisation civile de Philibert de l’Orme qui soit parvenu jusqu’à nous. Antoine Bullioud, secrétaire et notaire du roi, seigneur de Vaux en Beaujolais et général des finances de Bretagne a besoin de moderniser son logis afin d’affirmer son rang social et de pouvoir y accueillir, le cas échéant, les hôtes prestigieux de la cour de France lors de leurs séjours à Lyon. Appartenant à l’élite intellectuelle de son temps, ouvert sur les idées nouvelles portées par l’Humanisme, il fait appel à Philibert de l’Orme pour moderniser et améliorer la distribution de l’ensemble des bâtiments dont il est propriétaire. L’hôtel Bullioud s’inscrit par ses caractéristiques, dans la tradition architecturale et urbaine lyonnaise. Suitée dans une des rues principales du quartier du Vieux-Lyon, lieu de résidence des familles consulaires et italiennes à la Renaissance, elle possède une haute façade sur rue étroite derrière laquelle se dissimule de plus vastes édifices. Antoine Bullioud demande à Philibert de l’Orme de redonner de la cohérence à cet ensemble, composé de plusieurs corps de bâtiments répartis autour de deux cours, et d’en faciliter la distribution tout en évitant d’empiéter sur la surface de la cour. Afin de répondre à la commande tout en intégrant les contraintes du bâti existant, Philibert de l’Orme élabore une galerie sur trompes, suspendue autour de la cour, permettant la distribution des différents corps par un seul escalier. Un bâti modifié ? Philibert de l’Orme fait mention dans ses écrits de cabinets accompagnés de galeries au pluriel. Selon les historiens et architectes ayant étudié son œuvre, Philibert de l’Orme est connu pour la précision de son vocabulaire et de ses descriptions, ce qui laisse à penser que l’édifice aurait été modifié puisqu’une seule galerie subsiste. D’autres incohérences entre les écrits de Philibert de l’Orme et l’existant permettent d’étayer cette théorie. © musées Gadagne 1 et 2 : trompes 3 : ordre dorique 4 : ordre ionique 5, 6 et 7 : cabinets d’angles Détail de la galerie Philibert de l’Orme. Gravure d’Antoine Séon, d’après un dessin de Pierre Martin, 19e siècle, Inv. 785.17 © musées Gadagne Ordre dorique Plus ancien des trois ordres grecs (5e siècle avant J.-C.). Simple et dépouillé, il se caractérise par une colonne présentant un chapiteau à échine plate et nue, un fût cannelé et une absence de base ; et par une frise ornée de triglyphes et de métopes. Ordre ionique Il se caractérise par un chapiteau décoré par deux rangées de feuilles d’acanthe et de crossettes au sommet, un fût généralement cannelé ainsi que par une frise nue. Repères de visite… Philibert de l’Orme et Girard Desargues Philibert de l’Orme, architecte humaniste (Lyon v. 1510 - Paris 1570) Transmission familiale Philibert de l’Orme, gravure au burin de Leclerc, d’après un dessin de C. Jacquand, Lyon, 1re moitié du 19e siècle, Inv. 1315.4 © musées Gadagne Philibert de l’Orme est né à Lyon au début du 16e siècle, il est impossible d’en situer la date précise compte-tenu des nombreuses zones d’ombres qui entourent son enfance et sa formation. Son père, Jean 1er de l’Orme, exerce le métier de maçon et c’est sans doute sur les chantiers paternels qu’il fait son apprentissage. Dans ses écrits, Philibert de l’Orme ne révèle rien de sa formation, toutefois il fait de nombreuses références aux grands traités de l’architecture, tel De Architectura de Vitruve (architecte romain du 1er siècle après J-C), laissant supposer qu’il a accès à une bibliothèque savante. Dans ses Nouvelles inventions pour bien bastir et a petits fraiz (1561), Philibert de l’Orme relate son expérience de jeune contremaître, indiquant qu’il a sous ses ordres plus de 300 hommes vers l’âge de quinze ans. Théoricien et créateur d’une Renaissance « à la française » Philibert de l’Orme séjourne à Rome de 1533 à 1536. Il y étudie les monuments antiques, améliorant ainsi son savoir technique tout en acquérant des connaissances archéologiques sur des chantiers de fouilles. C’est à Rome, ville d’érudits, qu’il fera la connaissance du cardinal Jean du Bellay (v. 1495 - 1560) qui devient par la suite son protecteur mais également celle de François Rabelais (v. 1483 - 1553). À son retour de Rome, Philibert de l’Orme se détache du style imposé par les architectes italiens à la cour de France, en créant un compromis entre le gothique flamboyant et Étape de construction de la charpente à petits bois, Philibert de l’Orme, in Nouvelles inventions pour bien bastir et a petits fraiz, Inv. Res 107563 © Bibliothèque municipale de Lyon la Renaissance italienne. Il défend un « ordre français » ou Renaissance « à la française », qu’il fait directement découler d’un ordre divin faisant la synthèse entre la tradition architecturale française et l’enseignement antique tout en y apportant des libertés stylistiques. Architecte du roi Après un bref retour à Lyon en 1536, durant lequel il édifie la galerie de l’hôtel Bullioud, Philibert de l’Orme entre au service du cardinal du Bellay et se voit confier de 1541 à 1544, l’édification de son château de Saint-Maur des Fossés dans le Val de Marne, aujourd’hui disparu. Très bien introduit auprès de la cour de France, Philibert de l’Orme entre au service des rois de France : François 1er (1494 - 1547) puis Henri II (1519 - 1559). Ce dernier couronne sa carrière en le nommant surintendant des bâtiments de France en 1545. La disparation brutale d’Henri II provoque sa disgrâce, il retrouve le chemin de la cour avec Catherine de Médicis (1519 - 1589) qui lui confie en 1567 le tracé des plans du palais des Tuileries. Architecte précurseur et visionnaire Philibert de l’Orme est un précurseur dans l’art de bâtir et laisse en héritage une technique de conception de charpente encore en vigueur aujourd’hui. Dite à ‘petits bois’, cette technique est plus connue de nos jours sous le terme de lamellé collé. À l’époque où les charpentes de bois nécessitent des arbres de grandes tailles, rares et précieux, impliquant une difficile mise en œuvre, son système d’assemblage de planches de bois de petite taille est une véritable révolution technologique. Dans son ouvrage Nouvelles inventions pour bien bastir et a petits fraiz, dont la diffusion à été vivement encouragée par Henri II, Philibert de l’Orme dispense une sorte de cours d’architecture ; tout y est passé en revue depuis le choix du bois à la construction proprement dite. Cette technique permet d’utiliser des bois locaux et de taille commune, réduisant les coûts et facilitant le travail de pose, pouvant ainsi s’apparenter à une démarche industrielle de standardisation. Très en avance pour son époque, Philibert de l’Orme intègre la question de l’économie globale du projet en anticipant le coût des matériaux et de la maintenance. Zoom histoire des arts Repères de visite… Philibert de l’Orme et Girard Desargues Un chef d’œuvre architectural : la galerie de l’hôtel Bullioud ou galerie Philibert de l’Orme 4 Hôtel Bullioud, rue Juiverie à Lyon. dessin de Théodore de Jolimont, imprimé par Monot, 1832, Inv. N 785.20 7 6 © musées Gadagne 3 5 2 1 Si le système des trompes est déjà utilisé au 15e siècle notamment dans la construction de coupole au sein des églises, Philibert de l’Orme est le premier à avoir utilisé cette technique dans l’architecture civile et à avoir théorisé ce type de construction. La galerie de l’hôtel Bullioud est considérée comme le premier édifice français orné de la superposition des ordres antiques : ionique et dorique. Visibles uniquement sur le pavillon nord, l’utilisation des ordres antiques rompt avec le répertoire gothique encore en usage à Lyon et Philibert de l’Orme y introduit certaines libertés : changement de proportions des deux ordres, pilastres ioniques élancés à l’image des pilastres doriques... faisant de la galerie un véritable laboratoire pour la mise au point de formules architecturales. Trompe Procédé de construction permettant d’asseoir une voûte sur un plan carré. Odre Système architectural antique ayant une unité de style et obéissant à des règles de proportions définies. Il existe trois ordres grecs : dorique, ionique et corinthien. La galerie Philibert de l’Orme. Dessin d’architecture par Louis-Cécile Flacheron, début du 19e siècle, Inv. N 785.18 Située au 8 de la rue Juiverie dans le quartier du Vieux-Lyon, la galerie de l’Hôtel Bullioud est la première réalisation civile de Philibert de l’Orme qui soit parvenu jusqu’à nous. Antoine Bullioud, secrétaire et notaire du roi, seigneur de Vaux en Beaujolais et général des finances de Bretagne a besoin de moderniser son logis afin d’affirmer son rang social et de pouvoir y accueillir, le cas échéant, les hôtes prestigieux de la cour de France lors de leurs séjours à Lyon. Appartenant à l’élite intellectuelle de son temps, ouvert sur les idées nouvelles portées par l’Humanisme, il fait appel à Philibert de l’Orme pour moderniser et améliorer la distribution de l’ensemble des bâtiments dont il est propriétaire. L’hôtel Bullioud s’inscrit par ses caractéristiques, dans la tradition architecturale et urbaine lyonnaise. Suitée dans une des rues principales du quartier du Vieux-Lyon, lieu de résidence des familles consulaires et italiennes à la Renaissance, elle possède une haute façade sur rue étroite derrière laquelle se dissimule de plus vastes édifices. Antoine Bullioud demande à Philibert de l’Orme de redonner de la cohérence à cet ensemble, composé de plusieurs corps de bâtiments répartis autour de deux cours, et d’en faciliter la distribution tout en évitant d’empiéter sur la surface de la cour. Afin de répondre à la commande tout en intégrant les contraintes du bâti existant, Philibert de l’Orme élabore une galerie sur trompes, suspendue autour de la cour, permettant la distribution des différents corps par un seul escalier. Un bâti modifié ? Philibert de l’Orme fait mention dans ses écrits de cabinets accompagnés de galeries au pluriel. Selon les historiens et architectes ayant étudié son œuvre, Philibert de l’Orme est connu pour la précision de son vocabulaire et de ses descriptions, ce qui laisse à penser que l’édifice aurait été modifié puisqu’une seule galerie subsiste. D’autres incohérences entre les écrits de Philibert de l’Orme et l’existant permettent d’étayer cette théorie. © musées Gadagne 1 et 2 : trompes 3 : ordre dorique 4 : ordre ionique 5, 6 et 7 : cabinets d’angles Détail de la galerie Philibert de l’Orme. Gravure d’Antoine Séon, d’après un dessin de Pierre Martin, 19e siècle, Inv. 785.17 © musées Gadagne Ordre dorique Plus ancien des trois ordres grecs (5e siècle avant J.-C.). Simple et dépouillé, il se caractérise par une colonne présentant un chapiteau à échine plate et nue, un fût cannelé et une absence de base ; et par une frise ornée de triglyphes et de métopes. Ordre ionique Il se caractérise par un chapiteau décoré par deux rangées de feuilles d’acanthe et de crossettes au sommet, un fût généralement cannelé ainsi que par une frise nue. Repères de visite… Philibert de l’Orme et Girard Desargues Girard Desargues (Lyon 1591 - Lyon 1661) De la soie aux mathématiques La pratique du trait à preuves de monsieur Desargues pour la coupe des pierres en l’architecture, A. Bosse, 1643, Inv 343192 © Bibliothèque municipale de Lyon S.D.G.L., Sieur Girard Desargues Lyonnois comme il se plaît à signer ses écrits, est issu d’une famille bourgeoise, fils d’un notaire royal et d’une fille d’avocat. Les trente-quatre premières années de la vie de Girard Desargues sont très mal connues et les biographes ne peuvent qu’échafauder des hypothèses quant à sa formation mathématique, lui qui se revendique autodidacte. Ce serait avant tout ses rencontres avec de grands savants de son époque tels Étienne Martellange (1569 - 1641), architecte du collège de la Trinité ou Isaac Beeckman (1588 - 1637), illustre mathématicien et physicien, qui auraient été décisives. Ce qui est attesté par les actes notariés conservés aux Archives Départementales du Rhône c’est son activité de marchand de draps de soie en association avec les frères Bérauld entre 1619 et 1621. Après la mise en liquidation de leur compagnie, Desargues se consacre entièrement à ses activités scientifiques. De la théorie à la pratique : des mathématiques à l’architecture S’il est théoricien, Desargues n’en accorde pas moins une grande importance à l’application pratique de ses théories. À partir de 1639, il dispense des cours réservés aux artisans du bâtiment. Ses théories sur la stéréotomie, art de la taille et de la coupe des matériaux de construction et en particulier de la pierre, se révèlent extrêmement utiles pour la réalisation de formes architecturales complexes à l’image de la voûte elliptique de l’atrium ou encore l’escalier d’honneur de l’hôtel de ville de Lyon qu’on lui attribue. Maison à trompe du pont de pierre Révolution mathématique au service des sciences et techniques Girard Desargues arrive à Paris en 1625 dans un contexte de renouveau épistémologique. Au 17e siècle, les mathématiques prennent un tournant rationaliste et visent à la résolution de problèmes pratiques. Les correspondances entre savants des grandes capitales européennes se multiplient, favorisant la diffusion des théories. Scientifiques et mathématiciens se réunissent au sein d’académies de sciences pour partager et confronter leurs idées. Il y noue des liens avec les plus grands savants de son temps : Gassendi (1592 - 1655), Descartes (1596 - 1650) ou encore avec Blaise Pascal (1623 - 1662) disciple et ardent défenseur de Girard Desargues. C’est au sein du cercle du Père Mersenne (1588 - 1648), l’Academia Pariensis, qu’ils se côtoient et débattent ; réseau de savants duquel naîtra quelques années plus tard, l’Académie royale des sciences de Paris. Girard Desargues, père de la géométrie projective La géométrie projective étudie les propriétés inchangées des figures après projection. C’est dans son Brouillon project, d’une Atteinte aux evenemens des rencontres du cone avec un plan, publié en 1639, que Girard Desargues pose les fondements de la géométrie projective. Très décrié à son époque, ses contemporains lui reprochent de s’immiscer dans un domaine réservé, l’Art du trait, alors qu’il n’en est point praticien. Ce n’est qu’à la lumière de la fin du 19e siècle que ses théories sont redécouvertes, ses pairs le consacrent alors père de la géométrie projective ou géométrie arguesienne. Maison à trompe réalisée par Girard Desargues. Dessin du Père Nicolas-Victor Fonville, 19e siècle, Inv. N 770.8 © musées Gadagne La maison de M. Saint-Oyend, du nom de son commanditaire, plus connue sous le nom de maison à trompe fut édifiée par Girard Desargues vers 1648 à son retour sur Lyon. Construite sur la première pile du pont de pierre ou pont du Change et située sur la rive gauche de la Saône, une partie de la maison repose sur une trompe sous le coin appareillée en panache. L’angle du côté de la chaussée du pont était creusé d’une niche à statue. La maison est détruite en 1847 avec la cons truction du pont Nemours. Écrits et réalisations Fiche n° 9 bis Philibert De l’Orme Bibliographie sélective Nouvelles inventions pour bien bastir et a petits fraiz, 1561 Beaufort Jacques, L’architecture à Lyon de l’Antiquité à la fin du XVIIIe siècle, Huguet, 1998 Premier tome de l’architecture, 1567 Quelques réalisations à Lyon (attestées ou supposées...) Galerie de l’hôtel Bullioud, n° 8 rue Juiverie (1536) Porche de l’église St-Nizier (fin 16e siècle , attribution incertaine) Projet d’Hôtel de Ville sur le pont de Saône (milieu 16e siècle) Fichet Françoise, La théorie architecturale à l’âge classique, Mardaga, 1995 Privat-Savigny Maria-Anne (sous la dir.), Philibert de l’Orme, Girard Desargues, de l’architecture classique aux enjeux urbanistiques contemporains, EMCC, 2011 Vital-Durand Jérôme (sous la dir.), L’hôtel de ville de Lyon, Imprimerie nationale, Paris, 1998 Puits de la maison du Chamarier au n° 37 de la rue Saint-Jean (milieu 16e siècle) Sitographie Maison Paterin dite Henri IV au n° 4 de la rue Juiverie Pour consulter les ouvrages de Philibert de l’Orme et de Girard Desargues, consulter la base architectura de l’université de Tours En France Base de la bibliothèque de la ville de Lyon www.pointsdactu.org Tombe de François Ier dans la basilique Saint-Denis (1547) Château d’Anet (1547-1555), construit pour Diane de Poitiers et dont il ne reste désormais que quelques éléments Château de Montceaux en Saône et Loire (1555) Pont sur lequel a été édifié le château de Chenonceau (1557) Château de Thoiry (vers 1560) Palais des Tuileries (détruit) et une partie du Louvre (1563) Base mémoire du Ministère de la Culture (images et notices d’œuvres organisée par département) http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/ memoire Préparer votre visite au musée Salles du musée d’histoire sur la période Renaissance (salle 6 à 9) Salles du musée d’histoire sur le 17e siècle (salles 10 à 14) Girard Desargues Pistes audio guide du musée d’histoire sur le site www.gadagne.musees.lyon.fr / rubrique écouter l’histoire (téléchargeables ou en consultation) Brouillon projetc, l’Exemple de l’une des manières universelles du SDGL touchant à la pratique de la perspective sans employer aucun point de distance ni d’autre qui soit hors du champ de l’ouvrage, 1636 Fiches repères de visite n° 9 ‘Lyon au 16e siècle, ville humaniste’, téléchargeable sur le site www.gadagne.musees.lyon.fr / rubrique votre visite / scolaire - enseignants / préparer votre visite Brouillon project, d’une Atteinte aux evenemens des rencontres du cone avec un plan, 1639 Réalisations à Lyon Hôtel de ville : plans de l’escalier ovale dit des archives, grand escalier d’honneur suspendu et voûte de l’Atrium (1646). Maison sur trompe, pont du Change (1648) Hôtel particulier Olivier de Sénozan, actuel Hôtel de l’Europe (1653) Philibert de l’Orme et Girard Desargues : architectes et théoriciens visionnaires Les deux grandes figures lyonnaises que sont Philibert de l’Orme et Girard Desargues ont en commun d’avoir marqué l’histoire de l’architecture française et révolutionné les techniques de construction. Si la reconnaissance fut immédiate pour Philibert de l’Orme, alors considéré par ses contemporains comme l’un des plus grands architectes de son époque, celle de Girard Desargues est bien plus tardive puisqu‘il faut attendre la fin du 19e, voir le 20e siècle, pour que ses apports aux mathématiques et à l‘architecture soient enfin reconnus à leur juste valeur. Pérouse de Montclos Jean-Marie, Philibert de l’Orme, architecte du roi, Mengès, Paris, 2000 Participation au plan scénographique de Lyon Repères de visite… Plan de Lyon au 16e siècle par A.A. Gaillard, d’après un dessin d’Israël Sylvestre, 16e siècle, Inv. 32c © musées Gadagne Le bon architecte selon Philibert de l’Orme, in le Premier tome d’architecture, folio, 1567, folio 281, Inv. Res 22910 © Bibliothèque municipale de Lyon Au 16e siècle, Lyon, capitale humaniste (cf. fiche n° 9), connaît une importante expansion commerciale due aux privilèges des foires et au développement de l’imprimerie, impliquant une intense croissance démographique et une immigration permanente. Sous l’Ancien Régime, l’incarnation du pouvoir municipal lyonnais, le consulat, est chargé des mesures concernant : les fortifications (obligation imposée par le pouvoir royal), le tracé des rues, la sécurité ou encore la salubrité de l’habitat. Ces missions sont confiées à un « voyer » ou « voyeur » : officier municipal préposé aux voiries. Jusqu’au début du 19e siècle la fonction de voyer est séparée de celle d’architecte [sauf rares exceptions tel Simon Maupin ( ? - 1668) qui se présente comme « pein tre, architecte et ingénieur du roi ». ] Le consulat étant responsable de la bonne circulation des hommes et des marchandises, il est amené durant le 17e siècle à prendre des mesures permettant de résoudre les problèmes de circulation en raison de l’étroitesse des rues. Ainsi est prise dès 1680, une mesure d’ « Allignement général de la ville de Lyon » (Archives Municipales de Lyon, DD 56). En cette fin de 17e siècle, apparaît à Lyon, le souci de l’intérêt général au côté de celui de l’embellissement de la ville à une époque où la notion d’urbanisme n’est pas encore de mise. Naissance de l’architecture en tant qu’art libéral Si l’architecture est une discipline qui permet de saisir l’esprit d’une civilisation, à l’aube du 16e siècle, elle n’a pas encore acquis son statut de discipline artistique, alliant culture savante et théoricienne. Le métier d’architecte, en tant qu’art libéral, est le fruit d’une lente mutation. Sous l’Ancien Régime, ceux que l’on désigne par le terme d’architectes du roi, et qui représentent une dizaine de personnes, sont plus apparentés au maçon et au maître d’œuvre, à des techniciens du bâtiment assurant les commandes passées par le roi et son entourage. Philibert de l’Orme va venir bouleverser cette conception du métier d’architecte et lui conférer un véritable statut d’artiste. Dans son Premier tome de l’architecture, publié en 1567, Philibert de l’Orme s’attache à distinguer le bon architecte du mauvais, il élève l’architecture au rang de culture savante. ...Et aujourd’hui : Ce n’est qu’en 1867 que le premier diplôme d’architecte est créé. Jusqu’en 1968, l’enseignement de l’architecture est dispensé à l’École des Beaux Arts. Basé sur l’étude des modèles issus de l’Antiquité et de la Renaissance, il est fermé aux évolutions sociétales et ne répond pas aux préoccupations sociales et architecturales contemporaines. À partir de 1968, des UPA (Unité Pédagogique d’Architecture) sont créées. Elles acquièrent le statut d’École Nationale d’Architecture en 2005. Repères de visite… Philibert de l’Orme et Girard Desargues Girard Desargues (Lyon 1591 - Lyon 1661) De la soie aux mathématiques La pratique du trait à preuves de monsieur Desargues pour la coupe des pierres en l’architecture, A. Bosse, 1643, Inv 343192 © Bibliothèque municipale de Lyon S.D.G.L., Sieur Girard Desargues Lyonnois comme il se plaît à signer ses écrits, est issu d’une famille bourgeoise, fils d’un notaire royal et d’une fille d’avocat. Les trente-quatre premières années de la vie de Girard Desargues sont très mal connues et les biographes ne peuvent qu’échafauder des hypothèses quant à sa formation mathématique, lui qui se revendique autodidacte. Ce serait avant tout ses rencontres avec de grands savants de son époque tels Étienne Martellange (1569 - 1641), architecte du collège de la Trinité ou Isaac Beeckman (1588 - 1637), illustre mathématicien et physicien, qui auraient été décisives. Ce qui est attesté par les actes notariés conservés aux Archives Départementales du Rhône c’est son activité de marchand de draps de soie en association avec les frères Bérauld entre 1619 et 1621. Après la mise en liquidation de leur compagnie, Desargues se consacre entièrement à ses activités scientifiques. De la théorie à la pratique : des mathématiques à l’architecture S’il est théoricien, Desargues n’en accorde pas moins une grande importance à l’application pratique de ses théories. À partir de 1639, il dispense des cours réservés aux artisans du bâtiment. Ses théories sur la stéréotomie, art de la taille et de la coupe des matériaux de construction et en particulier de la pierre, se révèlent extrêmement utiles pour la réalisation de formes architecturales complexes à l’image de la voûte elliptique de l’atrium ou encore l’escalier d’honneur de l’hôtel de ville de Lyon qu’on lui attribue. Maison à trompe du pont de pierre Révolution mathématique au service des sciences et techniques Girard Desargues arrive à Paris en 1625 dans un contexte de renouveau épistémologique. Au 17e siècle, les mathématiques prennent un tournant rationaliste et visent à la résolution de problèmes pratiques. Les correspondances entre savants des grandes capitales européennes se multiplient, favorisant la diffusion des théories. Scientifiques et mathématiciens se réunissent au sein d’académies de sciences pour partager et confronter leurs idées. Il y noue des liens avec les plus grands savants de son temps : Gassendi (1592 - 1655), Descartes (1596 - 1650) ou encore avec Blaise Pascal (1623 - 1662) disciple et ardent défenseur de Girard Desargues. C’est au sein du cercle du Père Mersenne (1588 - 1648), l’Academia Pariensis, qu’ils se côtoient et débattent ; réseau de savants duquel naîtra quelques années plus tard, l’Académie royale des sciences de Paris. Girard Desargues, père de la géométrie projective La géométrie projective étudie les propriétés inchangées des figures après projection. C’est dans son Brouillon project, d’une Atteinte aux evenemens des rencontres du cone avec un plan, publié en 1639, que Girard Desargues pose les fondements de la géométrie projective. Très décrié à son époque, ses contemporains lui reprochent de s’immiscer dans un domaine réservé, l’Art du trait, alors qu’il n’en est point praticien. Ce n’est qu’à la lumière de la fin du 19e siècle que ses théories sont redécouvertes, ses pairs le consacrent alors père de la géométrie projective ou géométrie arguesienne. Maison à trompe réalisée par Girard Desargues. Dessin du Père Nicolas-Victor Fonville, 19e siècle, Inv. N 770.8 © musées Gadagne La maison de M. Saint-Oyend, du nom de son commanditaire, plus connue sous le nom de maison à trompe fut édifiée par Girard Desargues vers 1648 à son retour sur Lyon. Construite sur la première pile du pont de pierre ou pont du Change et située sur la rive gauche de la Saône, une partie de la maison repose sur une trompe sous le coin appareillée en panache. L’angle du côté de la chaussée du pont était creusé d’une niche à statue. La maison est détruite en 1847 avec la cons truction du pont Nemours. Écrits et réalisations Fiche n° 9 bis Philibert De l’Orme Bibliographie sélective Nouvelles inventions pour bien bastir et a petits fraiz, 1561 Beaufort Jacques, L’architecture à Lyon de l’Antiquité à la fin du XVIIIe siècle, Huguet, 1998 Premier tome de l’architecture, 1567 Quelques réalisations à Lyon (attestées ou supposées...) Galerie de l’hôtel Bullioud, n° 8 rue Juiverie (1536) Porche de l’église St-Nizier (fin 16e siècle , attribution incertaine) Projet d’Hôtel de Ville sur le pont de Saône (milieu 16e siècle) Fichet Françoise, La théorie architecturale à l’âge classique, Mardaga, 1995 Privat-Savigny Maria-Anne (sous la dir.), Philibert de l’Orme, Girard Desargues, de l’architecture classique aux enjeux urbanistiques contemporains, EMCC, 2011 Vital-Durand Jérôme (sous la dir.), L’hôtel de ville de Lyon, Imprimerie nationale, Paris, 1998 Puits de la maison du Chamarier au n° 37 de la rue Saint-Jean (milieu 16e siècle) Sitographie Maison Paterin dite Henri IV au n° 4 de la rue Juiverie Pour consulter les ouvrages de Philibert de l’Orme et de Girard Desargues, consulter la base architectura de l’université de Tours En France Base de la bibliothèque de la ville de Lyon www.pointsdactu.org Tombe de François Ier dans la basilique Saint-Denis (1547) Château d’Anet (1547-1555), construit pour Diane de Poitiers et dont il ne reste désormais que quelques éléments Château de Montceaux en Saône et Loire (1555) Pont sur lequel a été édifié le château de Chenonceau (1557) Château de Thoiry (vers 1560) Palais des Tuileries (détruit) et une partie du Louvre (1563) Base mémoire du Ministère de la Culture (images et notices d’œuvres organisée par département) http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/ memoire Préparer votre visite au musée Salles du musée d’histoire sur la période Renaissance (salle 6 à 9) Salles du musée d’histoire sur le 17e siècle (salles 10 à 14) Girard Desargues Pistes audio guide du musée d’histoire sur le site www.gadagne.musees.lyon.fr / rubrique écouter l’histoire (téléchargeables ou en consultation) Brouillon projetc, l’Exemple de l’une des manières universelles du SDGL touchant à la pratique de la perspective sans employer aucun point de distance ni d’autre qui soit hors du champ de l’ouvrage, 1636 Fiches repères de visite n° 9 ‘Lyon au 16e siècle, ville humaniste’, téléchargeable sur le site www.gadagne.musees.lyon.fr / rubrique votre visite / scolaire - enseignants / préparer votre visite Brouillon project, d’une Atteinte aux evenemens des rencontres du cone avec un plan, 1639 Réalisations à Lyon Hôtel de ville : plans de l’escalier ovale dit des archives, grand escalier d’honneur suspendu et voûte de l’Atrium (1646). Maison sur trompe, pont du Change (1648) Hôtel particulier Olivier de Sénozan, actuel Hôtel de l’Europe (1653) Philibert de l’Orme et Girard Desargues : architectes et théoriciens visionnaires Les deux grandes figures lyonnaises que sont Philibert de l’Orme et Girard Desargues ont en commun d’avoir marqué l’histoire de l’architecture française et révolutionné les techniques de construction. Si la reconnaissance fut immédiate pour Philibert de l’Orme, alors considéré par ses contemporains comme l’un des plus grands architectes de son époque, celle de Girard Desargues est bien plus tardive puisqu‘il faut attendre la fin du 19e, voir le 20e siècle, pour que ses apports aux mathématiques et à l‘architecture soient enfin reconnus à leur juste valeur. Pérouse de Montclos Jean-Marie, Philibert de l’Orme, architecte du roi, Mengès, Paris, 2000 Participation au plan scénographique de Lyon Repères de visite… Plan de Lyon au 16e siècle par A.A. Gaillard, d’après un dessin d’Israël Sylvestre, 16e siècle, Inv. 32c © musées Gadagne Le bon architecte selon Philibert de l’Orme, in le Premier tome d’architecture, folio, 1567, folio 281, Inv. Res 22910 © Bibliothèque municipale de Lyon Au 16e siècle, Lyon, capitale humaniste (cf. fiche n° 9), connaît une importante expansion commerciale due aux privilèges des foires et au développement de l’imprimerie, impliquant une intense croissance démographique et une immigration permanente. Sous l’Ancien Régime, l’incarnation du pouvoir municipal lyonnais, le consulat, est chargé des mesures concernant : les fortifications (obligation imposée par le pouvoir royal), le tracé des rues, la sécurité ou encore la salubrité de l’habitat. Ces missions sont confiées à un « voyer » ou « voyeur » : officier municipal préposé aux voiries. Jusqu’au début du 19e siècle la fonction de voyer est séparée de celle d’architecte [sauf rares exceptions tel Simon Maupin ( ? - 1668) qui se présente comme « pein tre, architecte et ingénieur du roi ». ] Le consulat étant responsable de la bonne circulation des hommes et des marchandises, il est amené durant le 17e siècle à prendre des mesures permettant de résoudre les problèmes de circulation en raison de l’étroitesse des rues. Ainsi est prise dès 1680, une mesure d’ « Allignement général de la ville de Lyon » (Archives Municipales de Lyon, DD 56). En cette fin de 17e siècle, apparaît à Lyon, le souci de l’intérêt général au côté de celui de l’embellissement de la ville à une époque où la notion d’urbanisme n’est pas encore de mise. Naissance de l’architecture en tant qu’art libéral Si l’architecture est une discipline qui permet de saisir l’esprit d’une civilisation, à l’aube du 16e siècle, elle n’a pas encore acquis son statut de discipline artistique, alliant culture savante et théoricienne. Le métier d’architecte, en tant qu’art libéral, est le fruit d’une lente mutation. Sous l’Ancien Régime, ceux que l’on désigne par le terme d’architectes du roi, et qui représentent une dizaine de personnes, sont plus apparentés au maçon et au maître d’œuvre, à des techniciens du bâtiment assurant les commandes passées par le roi et son entourage. Philibert de l’Orme va venir bouleverser cette conception du métier d’architecte et lui conférer un véritable statut d’artiste. Dans son Premier tome de l’architecture, publié en 1567, Philibert de l’Orme s’attache à distinguer le bon architecte du mauvais, il élève l’architecture au rang de culture savante. ...Et aujourd’hui : Ce n’est qu’en 1867 que le premier diplôme d’architecte est créé. Jusqu’en 1968, l’enseignement de l’architecture est dispensé à l’École des Beaux Arts. Basé sur l’étude des modèles issus de l’Antiquité et de la Renaissance, il est fermé aux évolutions sociétales et ne répond pas aux préoccupations sociales et architecturales contemporaines. À partir de 1968, des UPA (Unité Pédagogique d’Architecture) sont créées. Elles acquièrent le statut d’École Nationale d’Architecture en 2005.