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A.E.T.A AGIR POUR LES ELECTIONS TRANSPARENTES ET APAISEES Plate-forme des ONG de la Société Civile dotée de la personnalité juridique Arrêté Ministériel N°125/CAB/MIN/J&DH/2011 du 11 Avril 2011 Sous la direction de : Gérard BISAMBU Mars – Avril 2016 1 1. INTRODUCTION Verbatim ! Les dires des autres. Les idées, les sentiments et la voix des autres. Verbatim ! Certes, il peut être qualifié de banal, d’anodin, de moins disant ou de « quoi ça encore », et dès lors, négligeable. Mais il reste qu’au-delà de ce qu’il est, il donne l’impensée de l’Etre-Congolais, le non-dit de « l’homme de Ngaba ou de Selembao… ». Un discours ordinaire, mais une aspiration profonde capable de transformer toute la société congolaise. Bien sûr que la population du politique est divisée à son propre insu par X valeurs, notamment population de l’opposition, de la majorité, des Eglises et celle par ailleurs sans déterminatif. Cependant au-delà de cette émiettement, il reste indéniable que la population est Une, indivisible, mieux indissécable devant sa misère, son calvaire, ses désespoirs, ses cris, ses pleures et pourquoi pas sa colère et ses frustrations. Elle est Une. Civile, pasteur, croyant et non-croyant, femme, homme, jeune, adulte et vieux, bien plus militaire, policier. C’est ici que se justifie cet anecdote nous rapporté, il y a quelques jours, par un collègue : Une dame sollicite la réparation de son téléphone dans un kiosque au grand-marché de Kinshasa. Chose faite et satisfaction obtenue. Celle-ci, après avoir payé quelque menu monnaie au réparateur, poussée par un fort sentiment de joie, a tenu en plus à le congratuler en ces mots dorénavant significatifs : « Wumela » (reste encore longtemps). A quelques mètres d’elle se trouvait un policier en tenue qui, l’ayant entendue, s’écria : « te te te ! akoki kozala lisusu te. Bakende bango nionso. Vie ekomi pasi koleka. Tozo futama te, bana bazali kotanga te, kolia pe pasi. Nionso pasi na pasi. En tout cas, basengeli kokende bango nionso. Mandat na bango esi esili boye » (jamais ! il ne peut plus rester. Ils doivent tous partir. La vie est devenue intenable. Nous sommes impayés, les enfants n’étudient pas, se nourrir difficile. Tout est difficile. En tout cas, ils doivent tous partir. Leur mandat est à terme). Les informations décrites ci-dessous reprennent en synthèse les entretiens que nous avons tenus avec les groupes de base de la ville province de Kinshasa. Ces entretiens ont été enclenchés dans le cadre restreint d’une consultation que nous avons réalisée conjointement avec deux experts indépendants, dont un Belge et une Congolaise, en mars de l’année en cours. La pertinence et l’importance des informations ainsi recueillies, d’une part, et notre préoccupation à vouloir impulser des actions en faveur de la mobilisation citoyenne et de l’encadrement des manifestations populaires, de l’autre, nous ont motivés à continuer et élargir, cette fois-ci dans le cadre de l’action de l’AETA, lesdits entretiens à d’autres communes de la même ville-province. Raison de plus qui convainc l’AETA à étendre ces consultations dans les provinces à travers ses points focaux. Les entretiens ont consisté principalement à sonder ce qui se trame dans l’opinion du congolais d’en-bas et à estimer, à cet effet, ses capacités à se mobiliser et agir face aux floues esthétiques et hypothétiques avancées vers la consolidation de la démocratie. Les amoureux de la rigueur scientifique nous exigeront la méthodologie adoptée et la représentativité de l’échantillon. A ceux-là, nous opposons le fait que la gestion de l’opinion populaire ne néglige aucun écho, si numériquement faible et d’ampleur réduit soit-il. Toute crise ou revendication supposant un problème à la base. Toutefois, il sied de signaler que sans négliger l’exigence statistique, nous avons privilégié la valeur qualitative de l’étude ; car celle nous permet de comprendre la perception, 2 l’attitude, les pratiques des populations ainsi que de recueillir leurs avis quant aux issus de sortie à proposer. Les entretiens se faisaient sous forme de focus groups de 6 à 10 personnes par catégorie sociale consultée. L’analyse du contexte faite au préalable a opté en priorité pour le choix des catégories les plus sensibles. Il s’agit principalement des sportifs, des supporteurs des équipes de football, des étudiants, des universitaires chômeurs, des jeunes en général. D’autres catégories telles que les « Wêwa » (Motocyclistes), les chauffeurs taxi usagers des « Ketch » (voitures miniaturisées en majorité de marque Toyota), fanatiques de l’AS Vita Club, de Daring Club Motema Pembe, de SHART, etc., n’ont pu être consultées ; alors que leur attitude est aussi bien porteuse d’influence ; chacune constituant ainsi un cas social litigieux. Le rapport reprend le verbatim de 11 sur 15 groupes consultés. Les informations sont présentées sous une forme déstructurée, inorganisée et parfois incohérente mais adaptée à ce type d’expression, puisque chaque groupe s’est explosé au gré de ses émotions. Il s’est observé que leurs réactions, parfois verbalement violentes et menaçantes, pouvaient aller au-delà des questions transversales ciaprès : - comment voyez-vous la situation actuelle de la RD Congo ? Quel rôle pensez-vous jouer pour une solution à cette situation ? Comment vous préparez-vous à agir ? Quelles sont vos capacités à agir pour une solution efficace ? Puisque vous êtes déterminés à agir, quel pourra en être l’élément déclencheur ? quand ? et comment ? Qu’est-ce que vous exigez ? Et que proposez-vous ? Qui sont les éventuels instigateurs ? C’est autour de ce questionnement déclencheur que l’expression des Kinois consultés s’est libérée, chaque fois sans peine. Hors de toute présomption, nous vous invitons à les lire plutôt avec le cœur et de réagir avec Conscience. Au-delà de ce qui paraitrait du verbiage d’apparence sans force d’action, il conviendrait ainsi de scruter l’impensée de l’Etre-Congolais. Nous publions ce rapport par devoir de conscience collective. Il est un document d’alerte à l’attention du politique congolais, toute tendance confondue, et de celle de la communauté qui se veut solidaire à la question de la RD Congo. C’est pour l’AETA une manière de contribuer à éveiller les esprits des uns et des autres, afin d’agir anticipativement à la recherche des réponses idoines à la crise démocratique et politique qui déchire le pays. 3 II. CONTENU DES ENTRETIENS II.1. JEUNES DE MATONGE/COMMUNE DE KALAMU - 11 MARS 2016 Où est la vie promise par Kabila ? La situation sociale de la population est intenable, inexistante, situation de chosification de la population, de sous-humanisation : nous sommes devenus des clochards, jeunes universitaires sans emploi, les opportunités d’emploi se partagent par clientélisme et sur des rapports népotiste ; - Nos repas en famille sont : « Un coup K.O. » Le pouvoir en place est incapable de gouverner le pays : 15 ans après, rien de nouveau à attendre de lui ; Il faut l’alternance au pouvoir, mais surtout l’alternative du système de gouvernance et politique actuel ; L’opposition actuelle est apparente et une simple distraction ; Nous affichons un silence apparemment naïf mais prudent ; Déclencheur Il est imprévisible : peut être un match de foot Ball, un événement social de quelle que nature ; Le leadership est absent et en décadence dans tous les secteurs : même les églises (protestante, kimbanguiste, orthodoxe, musulmane et la pléthore des églises de réveil), toutes endorment la population. Elles sont corrompues. Nous en sommes conscients. Le culte œcuménique organisé le 5 mars dernier et qui a arrosé d’une intense pluie, était la preuve d’une confusion et de la colère de Dieu envers ces faux pasteurs qui trompent le peuple de Dieu. Les églises ont peut être peur qu’on leur arrache les agréments qu’on leur a accordés de manière anarchique ; Seule l’Eglise catholique fait l’exception et donne confiance ; Discours d’intimidation des populations qui tentent de s’exprimer, slogan du chao pour faire peur et créer la terreur, des intimidations. La journée ville-mort du 16 février 2016 était une réussite : les bars, magasins, etc …, les activités privées ont ouvert par intimidation et par peur d’écoper des sanctions ; certains bourgmestres ont dépensé de l’argent pour faire boire les jeunes, détourner leur attention et donner, à cet effet, l’image d’une journée vivace ; Si rien ne se passe le 20 décembre 2016, si Kabila ne quitte pas le pouvoir, nous déclencherons un mouvement farouche pire que celui du 19 au 21 janvier 2015. Nous n’avons peur de rien, ni des intimidations, ni encore des arrestations perpétrées. Kabila doit partir ; On va vers un ras-le-bol ; Nous les avons ciblé tous : politiciens, députés, leaders des églises corrompues, leurs enfants et familles, leurs biens ; 4 Les églises doivent se souvenir de certains événements antérieurs : mort de DIANGENDA, pillage église de SONI KAFUTA (en 2006) ; L’Eglise protestante est en rupture interne avec ses fidèles (elle n’existe plus comme église, des messes politiques pécuniaires ont pris la place de Dieu) ; Le pouvoir est pris en otage par des anciens Mobutistes qui utilisent les mêmes stratégies : pillages, tensions, panique pour récupérer le pouvoir et le conserver. Mécanismes du déclenchement Information de bouche à l’oreille, réseaux sociaux (même si c’est très contrôlé), la situation politique est l’intersection de toute conversation de rue dans les milieux des jeunes de toute catégorie (foot ball, musique, faits sociaux, toujours autour de la fin du mandat de Kabila) au sein de la FECODI (Fédération Congolaise de Discussion) ; Le pays est sous Etat d’urgence : déploiement des divisions militaires vêtues en policier, camera de surveillance dans les quartiers populaires, Camera installée par les Juifs au sommet du monument de l’échangeur (le Chan et la mort de Marie MISAMU en sont des illustrations) ; La force citoyenne est renforcée par les jeunes refoulés de l’Angola et de la République de Brazzaville qui, pourtant ont été mal reçus et font face à l’indifférence des autorités Congolaises : pas d’assistance efficace (le Président de l’Assemblée Nationale a préféré faire des dons, soit 30.000 dollars à l’équipe de foot ball contre la souffrance de ces refoulés) ; les amis des « Shègue » tués au cours de l’opération « Likofi » (opération de matraquage des gangsters à Kinshasa) se sont joints au mouvement ; la majorité se sont faits supporters de l’équipe de foot ball « La Renaissance ». Manipulation des jeunes Pratique régulière surtout des partis de la Majorité au Pouvoir moyennant 2000 à 3000 francs congolais : quoi de sûr ! Les jeunes manipulés sont des couteaux à double tranchant. Leur cœur n’est pas avec eux. Pas un pouvoir de contrôle fort. Ces derniers vont basculer vers un mouvement d’explosion de la situation ; Nous sommes conscients des députés et politiciens argentiers qui s’improvisent donateurs de l’équipe « La Renaissance », mais nous leur disons « Yebela », nous ne sommes plus dupes. Entre « Yebela » et « Wumela », le vrai disque sera connu : qu’ils notent que la fin du règne consacre leur départ inconditionnel et sans tergiversation ; Le baromètre de surveillance du délai constitutionnel de la fin du mandat du régime Kabila : X tend vers 9 mois? (nous suivons cela de près au siège politique MLC ;) Tous les vassaux du pouvoir Kabila (musiciens, pasteurs, comédiens, etc.) sont ciblés et n’ont plus de soutien : musique profane ayant perdu sa place sur l’échiquier national et international, d’où regain des nostalgies musicales. De quoi est fait le tissu du mouvement ? Les sportifs, les refoulés de l’Angola, de Brazzaville, les supporters des équipes du foot ball, les étudiants (damnés de la société), les motocyclistes et les conducteurs des voitures dites « Ketch » en 5 majorité Kasaïens, vendeurs des cartes prépayées (cabines) : tous déçus, chacun à son niveau et constituent des minorités déshérités ; La jeunesse ne se reconnait en aucun leader, elle agit pour la même cause partagée : le départ du système et la libération véritable du pays. 6 II.2. JEUNES SPORTIFS DE LA COMMUNE DE NGABA - 11 MARS 2016 Où est la vie promise par Kabila ? Notre condition de vie est très précaire, médiocre : chômage (universitaire et toute catégorie professionnelle) ; Nous jeunes, sommes sacrifiés et en avons ras-le-bol ; Nous devons agir pour nous libérer de cet esclavage continu qui prend autant des siècles ; Le dialogue n’est pas une solution pour nous (pas de dialogue et ce n’est pas notre affaire), il tient à prolonger le mandat de KABILA et son équipe ; Oui à l’élection présidentielle en priorité dans le respect du délai constitutionnel et qui donnent les perspectives de l’alternance (le pouvoir en place doit partir) ; Oui au dialogue de la cohésion et la réconciliation après KABILA ; Nous allons agir et seront violents quant à ce, le pire est envisagé ; La violence est déjà là : rappel des scènes inacceptables des cérémonies des obsèques de l’artiste Marie MISAMU, la célébration de la coupe du CHAN ; Les discours des politiciens démagogues à la télévision ne nous concernent pas : nous, c’est le départ de KABILA ; Faiseurs d’opinion Nous sommes attentifs à ce que les ONG, les leaders sociaux donnent comme information, nous savons apprécier ceux qui parlent au nom du bien de la population et du changement ; quelques partis politiques de l’opposition donnent aussi l’information qui nous tient à cœur ; Les chefs spirituels des églises locales sont corrompus, dans la magouille, dans leurs intérêts ; donc leur message n’a aucune influence sur nous, sauf l’Eglise Catholique qui fait un peu exception ; 7 II.3. COMITE COMMUNAL DE MOBILISATION, SECTION DE MATETE/EQUIPE DE FOOT BALL LA RENAISSANCE - 12 MARS 2016 Origine de l’équipe - - Mégestion de l’équipe de foot « Daring Club Motema Pembe », DCMP, constatée par les supporters ; Confiscation de la souveraineté des supporters par le staff dirigeant de Daring, personnalisation de l’équipe à quelques individus avec comme conséquence assombrissement ; D’où mobilisation des supporters et revendication de sa propriété collective ; Face au refus des dirigeants de Daring, décision collective de récupérer quelques joueurs, afin de constituer une nouvelle équipe : « LA RENAISSANCE » ; Face aux barrières opposées par le gouverneur de la ville de Kinshasa puisqu’il ne voulait pas voir quelqu’un de l’opposition prendre le lead de l’équipe, le choix était porté sur le pasteur MUKUNA, comme président de la nouvelle équipe : avec comme risque de politisation de l’équipe ; Les Supporters de la nouvelle équipe se nomment : « JAMAIS SANS VOUS » : ce qui devra se muer en « RDC JAMAIS SANS SON PEUPLE » ; Base de l’équipe organisée dans chaque commune et quartier, constitue une force de mobilisation et d’action : les membres discutent les questions de leur équipe chaque soir pour déboucher sur des celles de la politiques du pays ; Notre force sera le levier d’un système politique qui doit changer ; Nous sommes en colère face à notre situation et à la gouvernance du pays ; La constitution doit être respectée ; Nous ne sommes pas naïf : nous attendons le jour J (« Yebela » : fini le mandat et jamais un troisième mandat) ; « Yebela » était opposé à l’origine à ZOE (le frère du Président Kabila), fondateur de l’équipe de foot SHART, lors d’un match ayant opposé son équipe à l’AS Vita Club ; Tout est politisé et l’expression citoyenne est étouffée, réprimée, les droits sont violés et la colère bouillonne du dedans des nous tous ; Nous sommes attentifs au délai : il reste 9 mois pour la fin de Kabila ; Nous sommes très déterminés et allons au moment opportun convergé nos efforts. 8 Déclencheur Il n’est pas connu mais il s’annoncera ; c’est la colère constante qui explosera et nous entrerons en action, des actions ciblées : le jour ni l’heure ni encore le fait déclencheur ne sont connus de personne ; sauf notre misère est le qualificatif et dénominateur communs et la première motivation de l’engagement ; Notre détermination est le changement inconditionnel dans le Pays. 9 II.4. JEUNES DE KIMBANSEKE - 12 MARS 2016 Notre situation sociale est inacceptable et nous sommes presque des morts vivants ; jusqu’à 20 ou 35 ans, nous nous sentons n’avoir jamais vécu ; nous sommes au bout de la souffrance ; Nous tenons à mettre fin à cette souffrance ; Les élus et dirigeants actuels concentrent la richesse et les avoirs du pays à leur avantage ; ils ne nous rapprochent que lors des élections ; nous leur sommes esclaves et vivons à leur solde ; Nous sommes en colère ; fini avec eux ; tout ce qu’ils peuvent encore maintenant en notre faveur ne pourra nous convaincre ; Nous sommes organisés en dynamiques apparemment autonomes, mais qui auront un ralliement lorsque les choses vont se déclencher : les ressortissants de l’Institut Supérieur des Techniques Appliquées, par exemple, sont bien structurés, se réunissent et adoptent même des comportements d’armée pour faire face à tout; Le président KABILA doit impérativement quitter à la fin de son mandat ; jamais un troisième mandat ; Nous vivons la dictature, la terreur ; nos droits sont violés ; Nous nous préparons et sommes prêts à tout, même sans armes sommes prêts à mourir (les jeunes de la Tshangu sont capables d’affronter les militaires ou les mercenaires sans armes, cfr l’épisode de 1998 lors du départ des Rwandais ; nous savons le nombre des minutions que contient un chargeur de l’arme et savons les techniques pour fragiliser les militaires) ; Tous les politiciens, les responsables des églises, toutes sauf un peu l’Eglise catholique, les musiciens qui continuent à soutenir le pouvoir en place, sont ciblés ; Les tentatives du pouvoir de racheter notre confiance n’ont plus aucune chance ; Les officiers militaires qui tentaient également de monter la tension ont été corrompus ; La situation de crise sociale a donné naissance à une nouvelle race de jeunes qui n’a peur de rien ; Notre génération est sacrifiée ; la où nos parents ont échoué, il nous revient de lutter pour celle de nos enfants ; Car nous savons que toutes les manœuvres sont orchestrées pour ne pas organiser les élections dans le délai constitutionnel ; Le dialogue national ne se justifie pas en ce moment ; il vise la violation de la constitution; il n’a plus de place dans notre esprit. Psychologiquement a présence de Kabila nous dérange ; 10 Nous tenons à avoir un autre Président à la tête du pays ; Kabila doit partir quoi qu’il en soit, Si les choses ne sont pas claires au 20 décembre prochain, qu’ils s’attendent au pire, au chao ; « Yebela » dit tout pour nous : prend conscience et quitte dans le calme, ne t’accroche pas au pouvoir, ta fin est proche et respecte, nous restons attentifs à tout ce que tu fais et on te demande de comprendre qu’on ne veut plus de toi… ; même les députés nationaux et provinciaux ainsi que l’armée sont concernés par le « Yebela » Que KABILA soit arrêté après son mandat, car il a tué beaucoup de nos frères ; Le général KANIAMA est ciblé ; sa place est en prison ; l’armée est aussi divisée ; L’armée est profondément infiltrée par les sujets rwandais et des nombreux postes importants du pays leur reviennent (ceci est à la base de la prise de conscience des militaires congolais) Une opération d’épuration des étrangers au sein de l’armée devra être menée ; S’il n’y a pas d’élections, KABILA devra libérer le pouvoir au 20 décembre au profit d’un gouvernement intérimaire qui va s’en charger ; KABILA doit arriver à déclarer publiquement qu’il ne sera plus candidat pour un troisième mandat ; tout autre schéma amènera à la rébellion ou au terrorisme (savez-vous qu’il y a maintenant des nombreuses mosquées dans le pays ?) ; KABILA doit respecter la constitution et le drapeau du pays sur lesquels il a prêté serment Nous n’avons pas également confiance à l’opposition actuelle ; Jean-Pierre BEMBA pourrait être la personne de confiance pour nous. Déclencheur - Rencontre sportive, n’importe quelle manifestation des étudiants, tout événement social … ; TSHISEKEDI n’est plus un leader pour nous ; Mécanismes de mobilisation Les réseaux sociaux et l’information de bouche à l’oreille, les tractes, la sensibilisation de proximité, les réunions des dynamiques communautaires, etc. ; 11 II.5. DELEGATION DES JEUNES DE LA COMMUNE DE KINSHASA - 12 MARS 2016 Sentiment de déconsidération Nous constatons que comme jeunes, nous ne sommes pas souvent consultés pour émettre notre point de vu sur des questions d’enjeu ; il se développe une sorte de méfiance à l’égard de nous comme si nous n’avions aucune conscience des enjeux du pays ; Lorsque nous voulons nous exprimer, nous sommes caricaturés comme des petits mouvements de revendication ; alors que nous constituons la première dynamique sur laquelle devait être pensé et projeté l’avenir du pays ; Nous sommes les premières victimes de la mal gouvernance et des dictatures congolaises ; Nous constituons une force réelle non négligeable ; La situation actuelle de notre pays nous rend profondément frustrés pour diverses raisons : - Gabegie financière, ampleur du pillage des ressources, Manque d’emploi et sous-emploi Clochardisation des jeunes Avenir sombre Perte du sens de la vie Insécurité physique, étouffement des libertés d’expression, violations des droits des jeunes et des enfants Familles déstructurées et désintégrées à cause de la misère Gouvernance totalitaire et népotiste bénéfique à une minorité au pouvoir Enrichissement scandaleux des tenants du pouvoir Impunité et injustice Refus manifeste d’organiser les élections en vue de conserver ce pouvoir qui nous esclavagise et nous mène à la caverne Equation de l’alternance au pouvoir rendue difficile Challenge face à la situation Cap vers le respect impérieux du délai constitutionnel ; Regard sur KABILA qui doit quitter le pouvoir au 20 décembre 2016 ; plus jamais la conservation du pouvoir, mettre fin et éradiquer le système KABILA ; 12 Mécanisme de mobilisation Interaction avec les jeunes des autres partis politiques de l’opposition et des dynamiques de base existantes, lien plutard avec les jeunes de la LUCHA ; Développement et partage de la conviction et la détermination (objectifs et stratégies d’action) pour combattre ce pouvoir des morts, corriger l’apathie de nos parents sous Mobutu et enclencher la réécriture de notre histoire pour la vraie libération ; Rassemblement de la jeunesse pour ce combat générationnel ; Prise de conscience des comportements des opposants, pas de confiance naïve à nos leaders ; Renforcement d’un leadership qui réfléchit et développe des idées, ralliement des expressions citoyennes émergeant ça et là pour une force convergente ; Identification et maîtrise des points chauds (universités, partis politiques, stades, autres coins sensibles) ; Sensibilisation de proximité, tractes, actions de boycotte. Déclencheur Inattendu, imprévisible, tout fait est à capitaliser, pourrait partir d’un fait banal. Déclenchement Surveillance du délai accordé à KABILA ; Pas attendre la fin du mandat du pouvoir en place : le faire partir avant la date D, car les élections ne sont plus une réalité, une date est prévue pour l’assaut final ; L’article 64 de la Constitution va alimenter l’opération « KABILA dégage ». L’Après KABILA quid ? Ne fait pas encore notre préoccupation ; le plus urgent est qu’il parte d’abord du pouvoir. 13 II.6. DELEGATION DE LA JEUNESSE INTELLECTUELLE DE SALONGO/LEMBA - 12 MARS 2016 Notre colère et fureur Nous sommes une jeunesse sans emploi, désabusée, sacrifiée, déconsidérée, chosifiée et condamnée à ne jamais vivre ; Nos votes en 2006 et 2011 ont été détournés et mal exploités par les élus ; Nous sommes réunis en association « Jeunesse Consciente de Salongo » pour réfléchir et agir pour le changement radical ; Notre vie est précaire : sans électricité, sans eau, le repas quotidien très incertain, mourrons par manque de soins de santé de qualité et d’argent, stresse endémique des problèmes à toujours affronter, etc. ; Grave, une minorité accumule de façon flagrante les richesses du pays, parce qu’elle détient le pouvoir que nous lui avons conféré : ceci nous rend furieux de voir comment les choses se gèrent dans notre pays ; Ce pouvoir est oligarchique, népotiste, profondément clientéliste, pire que la dictature de Mobutu ; Nous sommes dans l’alcool, la musique et le foot ball pour oublier un peu la terreur de ces ignobles crimes sociaux, mais restons conscients de ce qui se passe, pas naïfs. Ce qu’il faut impérativement Nous tenons au respect de la constitution, au changement du système, et cela au prix du sacrifice de notre vie, car nous savons que ce pouvoir qui est déjà très meurtrier ne pourra tuer tout le monde, même par une bombe, la violence est à ce jour inévitable ; Nous sommes conscients que le sang devra couler puisque c’est le prix de la liberté ; Toute initiative prise en cette période par le pouvoir en place, quelle que positive soit elle, ne pourra en rien atténuer notre colère ; Que les élections soient organisées dans le délai et que le pouvoir en place quitte ; Nous savons par ailleurs que le pouvoir en place ne veut pas des élections, mais cela devra changer, le « maintenant » doit vite devenir de l’histoire ; Il faut le changement, nous en avons ras-le-bol ; Il faut vite aller aux urnes sans Kabila comme candidat. 14 Et que faire pour y arriver ? Nous savons que le contexte n’est pas propice à l’expression libre, tous les milieux sont infiltrés par les services de sécurité et les militaires habillés en policiers qui sont instrumentalisés par ce pouvoir machiavélique ; La violence est permanente, les droits sont violés à récurrence, les arrestations plus à compter, les tueries devenues normales, etc. ; Nous savons que le pays est déjà dans le chao, c’est l’inertie totale et cela dans la logique du système : notre génération a été longtemps exclue, sans mécanisme de relève en notre faveur ; Ce système a créé une jeunesse « bombe à retardement » qui devra exploser un jour contre lui-même ; Nous nous approprions progressivement une volonté inconditionnelle de l’alternance politique (plus jamais le maintien du statu quo) ; Nous nous mobilisons et mobilisons notre entourage à la revendication, à l’expression et celleci sera farouche ; Et avec quel leader ? - Nous ne nous reconnaissons à aucun leader ; Nous n’avons plus de repère dans notre société ; Nous n’avons pas de mentor, seule notre conscience nous guide. Déclencheur Dans le contexte actuel, tout peut déclencher l’explosion qui se prépare : un événement social, politique, culturel (qu’on se souvienne du 4 janvier 1959), car la violence est entretenue dans le chef des congolais. Tous es ingrédients pour déclencher une action sont déjà prêts. Il n’en reste qu’un élément déclencheur ; Le pouvoir en place est en passe de quitter ; A la fin de son mandat, tout va barder s’il continue à se maintenir ; Notre principe sera alors : « si tu tue un de mes frères ou un de mes voisins, moi je tue trois de tes enfants ou frères » et « contre la petite violence, il faut opposer une pire » ; La violence va cibler les dirigeants et pas le pillage de type de 1991 et 1993. 15 Déclenchement Nous-mêmes ne connaissons ni le jour, ni l’heure. Tout dépend de nos frustrations, notre colère et des événements qui se succèdent ; Mais il y a déjà une date butoir qui nous guide ; Les politiciens : députés, et tout consort sont notre principale cible ; La communauté internationale n’est pas exclue dans le sac parce qu’elle nous a imposé KABILA au pouvoir à travers leur Louis MICHEL qui continue à soutenir son KABILA ; Les chinois surtout qui ont renforcé notre malheur en continuant à KABILA : ils ont trop détourné nos richesses sous sa bénédiction, ils nous maltraitent ; L’opposition est inexistante, nous sommes entrain de créer la nôtre : la majorité des opposants actuels ont un dossier sale (nous en avons encore la mémoire fraîche), mais il y a quelques exemples à soutenir tel Freddy MATUNGULU qui a démissionné comme ministre des finances. Les autres ont bien servi le pouvoir en place ; L’opposition continue à jouer avec des dates et des chiffres : le 25 novembre 2016 ou le 19 décembre 2016 ou encore le 20 décembre 2016 ; L’indépendance de la CENI actuelle est aussi très douteuse : ses élections des gouverneurs intérimaires qu’elle organise ne nous concernent pas ; Les Eglises (pasteurs, Imams et mêmes certains prêtres) sont dans le nid des politiciens, entachés de l’argent du sang : ce qui est anormal, leurs représentants sont corrompus ; Le culte œcuménique du 5 mars dernier a été refusé par Dieu (Il les a confondu avec une grande pluie) ; Nous sommes en rupture de confiance avec tous ceux qui se disent leaders politiques ou religieux ; Nous savons que Jean-Pierre BEMBA est une carte menaçante pour le pouvoir en place ; Le pouvoir de KABILA doit savoir que la bombe qu’il a fabriqué va exploser d’ici peu : les signes avant coureurs lui ont été annoncés (19 au 21 janvier 2015 : savez-vous d’où est venu le mouvement ?, 16 février 2016 : même si vous vous trompez à dire que rien n’a eu de bon, la mort de Marie MISAMU, la victoire des Léopards au CHAN, et d’autres sont en attente). Mécanisme de déclenchement - Les réseaux sociaux nous aident à nous connecter rapidement ; Nous savons qu’on peut nous les priver, mais les dispositions sont déjà prises et nous ne pouvons livrer nos secrets ; Nous menons des actions de sensibilisation de proximité ; Notez : rien en ce moment ne pourra taire notre colère. 16 II.7. DELEGATION DES JEUNES INTELLECTUELLES DE TSHANGU - 12 MARS 2016 Notre colère et fureur? - Notre misère a atteint le seuil de l’inacceptable, misère totale, souffrance la plus noire ; Nos élus de 2006 et 2011 nous ont tous déçus ; Même les responsables religieux du pays ont fait piètre figure : nous les désavouons, ca ils sont complices au schéma de la conservation du pouvoir par le Président KABILA ; Nous jeunes, avons marre du pouvoir en place ; Nous mettrons en pratique le principe : « Ventre affamé n’à point de cerveau » ; D’où, « Yebela » : prendre conscience et respecter la fin du mandat, Yebela s’adresse à tous (Pouvoir en place, avant tout au Président de la République avec son gouvernement, aux députés, sénateurs, dirigeants des provinces, mais surtout à la population Congolaise qui est appelée en concrétiser le résultat), respect de l’alternance au pouvoir, mise en garde contre tout prolongement de mandat. Déclencheur Fait divers : comportement de barbarie des services de sécurité, rien à minimiser dans ce cas ; Les attitudes et discours des politiciens, surtout de la majorité au pouvoir qui ne font que monter notre colère : quand Monsieur Lambert MENDE parle, nous le suivons de près et ses interventions nous agitent et nous pussent à des actions ; Quelles que soient les intimidations et menaces du pouvoir, nous agirons : nous sommes conscients d’être déjà dans une sorte d’Etat d’Urgence dans nos quartiers avec la présence incontrôlée des militaires habillés en policier et dont certains n’ont d’ailleurs rien de semblable aux congolais ; Nous apprenons ce qui se fait et se passe à Lubumbashi, au Nord-Kivu et rien ne nous décourage ; Des nombreux crimes sont perpétrés dans le pays. Déclenchement - C’est imprévisible, cela peut exploser à tout moment ; La date de la fin du mandat est la limite pour nous. Y a-t-il un leader ? 17 - Nous ne reconnaissons pour le moment aucun leader ; Nous n’attendons rien de qui que ce soit ; Tous, majorité, opposition, Eglises et société civile nous ont déçus. Mécanisme de déclenchement Nous sommes en interaction non visible avec les amis des autres communes et districts ; Nous savons les différentes dynamiques qui peuvent constituer la force du mouvement : les points sensibles ou Chauds étant Pascal, Pont Matete, Quartier 1 N’djili (vers planète J avec les vendeurs des mitrailles ou revendeur des pièces : couche négligeable mais capable de provoquer le changement). 18 II.8. DELEGATION DES FEMMES DU MARCHE DE KISENSO - 12 MARS 2016 Ce que nous vivons - - - Nous ne vendons plus, puisque la population n’a plus d’argent ; La vie est devenue intenable, nous ne savons plus nourrir les familles, les enfants chassés de l’école, les maladies se multiplient, nous mourrons comme des mouches ; Notre vie, c’est le « tantôt plutôt » ; Les fonctionnaires sont impayés alors que nous assistons à des dépenses abusives et anarchiques des dirigeants, parfois pour des festivités et événements moins importants ; des individus (surtout des politiques) construisent des maisons somptueuses et très couteuses dans les quartiers ; Ils s’enrichissent scandaleusement sur notre misère ; Des dépenses incalculées et imprévues en faveurs des joueurs et stars, des dons faits à des personnes qui soutiennent le pouvoir, aux officiers militaires pour que le pouvoir se maintienne toujours ; Les militaires et policiers créent de l’insécurité dans les quartiers ; Les intimidations et la répression des manifestations des populations ; Le phénomène « KULUNA » a repris de bel et s’est davantage durci; Nous vivons dans la peur, on ne sait pas ce qu’il y aura demain ; Ce que nous ne comprenons pas - - Comment le gouvernement peut encore dire qu’il n’y a pas d’argent pour les élections, c’est un mensonge pour se maintenir au pouvoir ; Au lieu des élections attendues depuis 3 ans, on parle maintenant du dialogue ; Dialogue pour lequel on cri depuis des mois, c’est quoi au juste et pour quel intérêt ? Nous voulons avoir l’information vraie à ce propos… ; Pourquoi les élections deviennent encore une question de discussion alors qu’en 2006 et 2011 tout s’est vite fait ? Pourquoi aucune élection n’est encore réalisée depuis 2011 ? Pourquoi la victoire du CHAN n’a bénéficié qu’à quelques catégories de personnes au lieu de nous tous : par exemple comme l’a fait Laurent Désiré KABILA, réduction du prix de pain, de la REGIDESO, de l’électricité … ? Satan a élu domicile dans les Eglises, les pasteurs corrompus par les politiciens : où encore aller ? Ce que nous exigeons 19 - Nous voulons la paix, que les politiciens s’entendent sur ce qui les séparent ; Que tout se fasse dans le calme, pas de violence, car nous voyons comment les armes circulent dans les quartiers ; Mais surtout que les élections soient vite organisées : pas d’élection, c’est le désordre ; Que le président KABILA quitte à la fin de son mandat, car son pouvoir est mauvais et ne nous profite aucunement; Que la constitution qu’on nous poussées à voter OUI soit respectée ; Que le Dialogue permette de respecter la Constitution et de mettre fin au mandat du président KABILA ; Aussi que nos maris soient payés pour que la vie nous soit allégée… 20 II.9. DELEGATION DES JEUNES DU QUARTIER KINGABWA/LIMETE - 18 MARS 2016 Notre colère et fureur Nous, jeunes endurons le chômage, sans certitude de commencer la vie : nous sommes victimes de clientélisme, forcés à adhérer aux cercles occultes dans la recherche de l’emploi ; il faut être recommandé ou appartenir à l’un des partis au pouvoir pour espérer trouver un emploi ; nos études ont été un passe-temps ; Illustration : un ami est allé passer un test de recrutement dans une entreprise de télécommunication. Après avoir réussi à tous les tests, il se vu soumis à un dernier qui consistait à « mettre deux gouttes de son sang dans une assiette préparée à cet effet, moyennant une incision à la lame de rasoir »… Le second cas est celui d’une fille qui sera cette fois confrontée au forfait d’un indo-pakistanais qui lui obligea de verser de ses gouttes de sang moyennant en se piquant d’une aiguille rouillée… ; La sous-traitance devient la meilleure forme d’emploi bien qu’elle nous exploite et nous rend esclaves : tout est inondé de chinois et indo-pakistanais, ce sont les nouveaux Maîtres et colon des Congolais de ce 21ème ; On parle de la promotion de l’emploi des jeunes, mais le gouvernement a pris un arrêté pour sursoir les engagements y afférents ; La fonction publique est une forme de chômage masqué et déguisé ; Les gouvernants de ce pays nous clochardisent au point qu’on se voit réduit à des animaux ; Les refoulés de Brazzaville ont été abandonnés à leur triste sort, alors qu’ils sont chez eux au pays et par conséquent ils se sont vus contraints de retourner à Brazzaville quelles que soient les menaces et insultes qui leur étaient perpétrées ; On nous parle de la Paix, mais notons qu’une paix sans pain est un tourment ; Kingabwa est une zone rouge proche du centre ville de Kinshasa : « totimbela ba jeu ya ko intimider biso na ba chars de combat » (Nous avons compris les petits jeux de nous intimider avec les chars de combat) ; mais voici ce qui caractérise le quartier Kingabwa : - Forme d’un petit îlot hors de la ville de Kinshasa Une des grandes portes d’entrée de l’exode rural Quartier waya-waya (lié au pseudonyme attribué aux militaires en RD Congo) : sans morale, papillonneur, voleur, indiscipliné, parfois sans logis, gâchette facile Frontière avec la République du Congo Long du fleuve 21 - Envahi par les ressortissants de la province de l’Equateur Regorge d’anciens militaires, surtout de la DSP/Mobutu, qui savent manier l’arme Faible électrification Promiscuité et environnement insalubre, etc. Nous sommes surtout tout cela à la fois. Pas de modèle à suivre Même les Eglise ne sont plus un modèle ; Le culte œcuménique du 5 mars nous a irrités davantage ; D’où est venue la vision de cette grande messe des méchants ? De Denis LESSE ? De MARINI BODHO ? Des Kimbanguistes ? Ou encore des Musulmans ? Ce sont des corrompus qui servent l’argent à la place de Dieu ; Pas question de prier dans notre cas ; car Dieu avait déjà répondu à la prière organisée le 5 mars dernier : la pluie comme signe de perturbation et de refus ; Il n’y a pas de vrais opposants dans ce pays ; Ce que nous constatons - La CENI rend hypothétique les élections dans le délai constitutionnel et le gouvernement prétexte ne pas avoir de l’argent ; Nous comprenons que la CENI est en collaboration avec le pouvoir pour l’aider à se maintenir ; Nous savons ainsi qu’il n’y aura pas d’élections avant décembre 2016 avec cette CENI en place ; La CENI ne nous a jamais expliqué pourquoi les élections provinciales pourtant annoncées n’ont jamais eu lieu ; Oui au dialogue national s’il tiendra à respecter la constitution quant à l’alternance démocratique et au délai de l’organisation des élections pour la vrai Paix ; Nous subissons un pouvoir militaire qui ne fait qu’exercer la répression sur les paisibles citoyens, les arrestations, les intimidations, l’installation des cameras de surveillance ; cela dans une vie de misère, sans espérance d’un lendemain meilleur, des conditions sociales précaires (sans électricité, parfois sans eau…) ; Conséquence : accumulation des frustrations ; or de la frustration naît l’agressivité… ; Ce que nous tenons à faire Nous voyons, entendons et savons tout ce qui se passe ; Nous sommes mobilisés et conscients que le changement ne peut venir que par nous, par nos actions : « Yebela et/ou timbela » : Kabila doit savoir que son mandat a fini ; 22 Nous savons également que par notre situation, nous constituons une bombe à retardement, un danger : pauvreté associée à l’ignorance et toutes les autres contraintes socio-politiques ; Nous allons provoquer le changement : Kabila devra partir du pouvoir ; Notre slogan : « Coup firce » (mot d’ordre qui va déclencher l’action des jeunes partout à Kinshasa) ; D’ici décembre 2016, nous allons procéder à l’élimination de tous les fidèles du pouvoir, nous les avons identifiés un à un : ca sera l’« attaque en avant » Nous ne voulons plus de Kabila et ses gens : peu importe celui qui pourra le remplacer, Kabila doit d’abord partir ; vaut mieux un diable que lui encore (principe de départ imminent et pas d’abord du remplacement) ; Nous ne voulons pas fabriquer un second Mobutu à qui on dira de force « 100 ans tomotombela » (nous t’accordons 100 ans de règne), déjà il est dit « Kabila, totondi yo te » (nous ne sommes as pas rassasiés de toi, nous avons encore besoin de vous) ; S’il n’y a personne à mettre à la place de Kabila, même le remplace par une pierre nous mettra à l’aise, pourvu qu’il parte sans condition ; Nous revenons au temps de Mobutu que nous avons chassé par l’AFDL ; Nous, jeunes, partageons cette conviction entre nous et partout dans nos entretiens dans les débits de boissons et à toutes autres occasions ; Nous gardons une rancœur pour avoir été attaqués par les jeunes fabriqués de la league du PPRD (parti politique de Kabila) formé essentiellement des sportifs ; l’heure de la Revenge devra sonner bientôt ; Les chinois et Indiens et autres qui soutiennent le pouvoir en place parce qu’ils bénéficient de sa protection au détriment des fils du pays payeront un lourd tribut, ils subiront le pillage ; Nous agirons en vrai « Kuluna » : c’est notre travail étant donné que le gouvernement ne s’est jamais occupé de nous de la manière humanisante. Déclencheur - Le virus d’attaque se manifestera avec virulence au mois de la prestation de serment de Kabila en 2016 ; Nous n’obéissons à aucun leader, seules notre colère et notre frustration nous poussent : trop c’est trop, on doit aboutir au « coup firce » ; L’ordre pourrait même venir d’un « FOU » ; Ce sera un mouvement aléatoire ; 23 - La colère nous pousse même à ne pas voter, à faire ras-le-bol l’enrôlement qu’on propose organiser pour nous jeunes ; N’avez-vous pas vu le drapeau du Zaïre flotté lors du match du CHAN au Rwanda ? Cela voudrait dire beaucoup. Déclenchement Personne ne le sait encore, mais le mouvement se déclenchera ; Qui peut dire avec précision qui et comment a commencé la revendication de janvier 2015 ? Le pouvoir qui a l’armée et les services de renseignement est-il capable de e préciser ? C’est là la force de la population ; Il pourra être spontané, surtout que le mouvement n’est pas coordonné, ni structuré : car les mouvements coordonnés n’ont pas la chance de réussir en RDC. Cas de la diaspora qui a servi de mouvement de pression très fort pendant une période, mais qui est aujourd’hui infiltré, corrompu et très fragilisé ; Il n’a ni jour, ni heure, sauf un début et une fin, toutes imprévues ; Notez que l’Alkaïda, le Shebab, le Boko haram, les Anti balaka et Seleka, sont à la porte de la RD Congo ; et nous savons ce qui se passe et qui en est à la base. Jeunes délaissés, désœuvrées et condamnés à la pauvreté et misère ; Jeunes exclus de la société, nous sommes très exposés ; il n’est plus que question de jour ; Le jour où nous tombons sur une arme, la suite s’en dira… Ce qu’il faut impérativement Une gouvernance alternative, cohérente et forte ; Un autre système de pouvoir que celui existant de Kabila ; Des élections qui se tiennent dans le respect de la constitution que vous nous avez fait voter, pas une autre loi ; Une cohésion politique et sociale dans un nouveau système de gouvernance ; Le départ de Kabila et son équipe ; Et le signal à donner est : Kabila a dit : le décor de la violence est déjà planté. Cette violence est préparée autant par le pouvoir que par nous jeunes en réponse : un affrontement est en vue ; L’accalmie c’est le départ de Kabila du pouvoir ; N’en déplaise à ceux qui ont toujours vu le peuple congolais comme amorphe et incapable de se révolter. Qui veut, verra ! 24 II.10. DELEGATION DES JEUNES DE LA COMMUNE DE N’DJILI -21 MARS 2016 Notre colère et frustration - Nous sommes victimes d’un gouvernement de misère et de souffrance ; Nous jeunes sommes condamnés au chômage éternel, pris en otage par le pouvoir en place ; Les fonctionnaires n’ont plus de valeur ni dignité ; Les ministères tels que ceux de la jeunesse sont dominés par les vieilles personnes ; La victoire du dernier CHAN (Championnat Africain des Nations) nous a été confisquée par les politiciens au pouvoir. Ce que nous constatons - Le pouvoir ne veut pas des élections ; La CENI est influencée par le pouvoir et sollicite le report de l’organisation de l’élection présidentielle à l’insu de la population qui a voté la constitution ; La Dynamique des Jeunes de Tshangu est contre l’idée de la CENI à solliciter la rallonge pour le calendrier électoral. Si cela est fait, nous agirons durement et violemment ; Nous sommes ignorants de beaucoup de choses qui concernent la gouvernance du pays ; Nous sommes réprimés par le pouvoir en place ; Notre liberté d’expression est tellement menacée et nous nous sentons dans l’insécurité la plus totale ; Les églises font des aventures et jouent pour leurs propres intérêts : Dieu ne peut permettre des cérémonies qui cautionnent le malheur de son peuple. Ce qu’il faut impérativement - Que la CENI organise les élections dans le délai constitutionnel, afin de réaliser l’alternance politique, sinon elle nous verra sur son chemin ; Les élections qui nous donnent un autre président de la République et un système de gouvernance qui tiendra compte de nos aspirations sociales ; Que la MONUSCO reste encore en RD Congo pour assurer la protection des populations ; Dialogue ou pas, élections ou pas, Kabila doit partir du pouvoir ; Que le Président Kabila déclare qu’il ne pourra plus briguer un troisième mandat : nous attendons cela fermement. 25 Ce que nous tenons à faire - Nous mobiliser pour imposer le changement politique dans le pays ; - Nous tenons à dénicher les caches d’armes, les casser et récupérer les armes, afin d’affronter les policiers et militaires qui feront obstacle à notre action ; - Nous allons détruire toutes les cameras de surveillance installées dans les voies publiques ; - Nous allons attaquer les chinois et les indiens qui soutiennent le pouvoir à cause de leurs intérêts. Déclencheur - - Savez-vous qui et comment a démarré le mouvement de janvier 2015 ? Le prochain est en préparation ; il est anonyme : nous ne pouvons vous dire clairement où et comment cela se prépare ; Le mouvement sera spontané et il sera violent ; Cette fois-ci nous n’allons pas piller les entreprises, sauf tout ce qui appartient aux chinois ; Nous allons destiner l’action vers la CENI, le parlement, le Palais de la Nation, l’hôtel du gouvernement pour les obliger à démissionner. Déclenchement - Entre septembre et novembre prochain ; Le 19 décembre au cas où il n’y a pas d’élections et Kabila continue à être au pouvoir Pas de date précise, mais l’action est là ; Mécanisme de déclenchement - Nous nous sommes scindés en petits groupes qui se communiquent dans l’informel ; Il y a des responsables de ces groupes que nous appelons les « Des opérations » ; Nous procédons à la communication de proximité entre jeunes de diverses couches. 26 II.11. DELEGATION DES JEUNES DE LA COMMUNE DE MAKALA - 21 MARS 2016 Notre colère et frustration - Notre souffrance n’est plus à décrire, elle a dépassé les limites ; Nous sommes des sans-emploi éternels ; Les emplois de ce pays ne sont donnés qu’aux frères et connaissances de ceux qui sont au pouvoir ; La commune de Makala est enclavée et abandonnée à elle-même, elle ne fait pas beau de vivre. Ce qu’il faut impérativement - Kabila doit partir d’ici décembre prochain, sinon les Bayaya (les gangsters) vont faire la loi ; Ou c’est le peuple congolais ou c’est lui avec son groupe ; sinon il nous tuera tous ; Jamais troisième mandat ; Dialogue ou pas ; élection ou pas ; l’important est le départ de Kabila. Sinon : « oyo ekoya eya » (Advienne que pourra) ; Même si nous sommes conscients de ne pas avoir son remplaçant valable, Kabila doit partir ; Cela ne peut pas constituer un prétexte pour qu’il se maintienne au pouvoir. Nous ne voulons plus de lui ; TSHISEKEDI ne nous fait plus confiance, il fait des déclarations sans aller aux actions de changement. Il nous a toujours roulés ; Fini le mensonge des politiciens congolais, maintenant c’est à la population d’agir ; L’intention de la CENI à solliciter une extension du calendrier électoral est inacceptable et ne peut se faire. Attention de rééditer les événements de janvier 2015 ! La Cour Constitutionnelle est un laboratoire du Président Kabila. La CENI doit organiser les élections dans le délai constitutionnel et le gouvernement est appelé à lui en donner les fonds conséquents ; Les églises doivent faire leur travail en toute sincérité et au nom de Dieu. La prière œcuménique du 5 mars dernier était diabolique. La pluie était signe de refus par Dieu. Les chrétiens présents à la prière ont été mobilisés à coup d’argent. Les pasteurs sont corrompus et veulent maintenir Kabila au pouvoir pour continuer à en profiter. 27 Qui à la place de KABILA ? - Nous ne trouvons encore personne ; Nous n’avons pas de vrais opposants ; Bemba serait la personne de rigueur à mettre à la place ; Toutefois le départ de Kabila ne doit pas être lié à qui va le remplacer ; Il s’appelle partir d’abord et le reste après. Déclencheur La présence renforcée des militaires partout dans les quartiers nous met déjà en colère, surtout le général KANIAMA, nous allons en découdre avec lui Tout a déjà commencé et devra éclater incessamment ; Le palais de la Nation, le parlement, l’hôtel du gouvernement sont notre première cible ; Les armes que le pouvoir accumule ne sauront pas tuer toute la population : il met d’énormes fonds pour l’équipement armé qui servira de nous tuer au détriment des élections qui devront faire la paix du pays ; A Ngaba, nous jeunes avons pris, une fois, les en otage jusqu’à confisquer leurs armes ; Lors de la victoire du CHAN, nous avons eu à nous affronter avec une frange de la population qui tenait à enclencher le mouvement par le pillage des biens des chinois. Nous y avons opposé parce que nous avons estimé que le moment n’était pas encore propice ; Que le gouvernement chinois fasse très attention de continuer à soutenir Kabila au détriment de l’intérêt majeur de la population ; Ceux qui nous ont toujours pris pour des brebis et des imbéciles, sont pour nous des serpents que nous prendrons par la tête pour les neutraliser. Déclenchement Si aucune date ne peut être annoncée, la fin du mandat de Kabila est le meilleur indicateur ; Les choses vont se déclencher sans signal, de manière imprévisible et spontanément : « tomilengele malamu, Nzambi toyebi mokolo te, toyebi pe ngonga te » (préparons-nous et soyons prêts ; car nous ne connaissons ni le jour ni l’heure). Mécanisme de déclenchement Nos activités quotidiennes donnent de la place à la sensibilisation : nos causeries sur le sport, la musique et les faits sociaux alimentent nos stratégies d’action ; Les clubs de jeunes des quartiers font la sensibilisation de proximité. 28 ET NOUS DE CONCLURE S’il peut nous être permis de conclure, c’est de nous inviter à prendre avant tout garde du fait que notre conclusion ne boucle pas les faits comportementaux sus-décrits. Les perceptions, sentiments, comportements et pratiques des populations ci-dessus recueillis ne font qu’ouvrir une dynamique, une force sociale qui prendrait corps incessamment. Il sied de noter que le quotidien vital, le sport et la musique, tous intimement en lien, sont des véritables canaux du combat citoyen pour la démocratie alternative ; pendant que l’Eglise s’évanouit malheureusement dans cette noble lutte. La méfiance et la défiance ont solidement pris ancrage dans l’opinion citoyenne congolaise, à telle enseigne que l’opiniâtreté politique et une certaine naïveté risqueraient de décider pire contre la RD Congo. Il convient également de noter que les points de vue des jeunes consultés, leur déception et la crise de confiance profonde qui s’observe entre eux et les élus des deux dernières mandatures, le sentiment de rejet et le stéréotype qui se sont développés sur processus électoral lui-même ; tout cela constitue la ferme détermination à agir et à bouleverser l’existant tel qu’on pouvait lire à travers l’expression de ces jeunes ; cela, bien qu’ils soient conscients que le pouvoir consolide ses efforts au maintien de l’ordre construit, mieux du pouvoir établi. Il se dégage ainsi deux logiques de violence qui s’affrontent froidement, sinon déjà manifestement : la violence officielle au moyen des armes contre celle de la souveraineté citoyenne voulue non-violente et discrètement violente. Entre les deux, qui a le pouvoir et la force d’action? L’impensée de l’expression populaire est à comprendre ! 29 Pour l’AETA, Equipe des Experts 1. Gérard BISAMBU 2. Puis MBWES 3. Thérèse DIKANGU Equipe d’appoint 1. Joram MONGOLO 2. Laeticia NKATA 3. Arsène MBONGO 4. François NGWANZA