Requiem d`Anne de Bretagne - Festival de Saint

Transcription

Requiem d`Anne de Bretagne - Festival de Saint
lundi 6 juin • 20h30 • Basilique de Saint-Denis
Requiem d’Anne de Bretagne
Antoine de Févin, Requiem d’Anne de Bretagne
Chants bretons
Yann-Fañch Kemener, chant breton
Ensemble Doulce Mémoire
Philippe Vallepin, récitant
Paulin Bündgen, alto
Hugues Primard, ténor
Vincent Bouchot, ténor
Marc Busnel, basse
Philippe Roche, basse
Eva Godard, cornet à bouquin, flûtes
Elsa Franck, doulçaines, flûtes
Jérémie Papasergio, doulçaines, flûtes
Franck Poitrineau, sacqueboute
Denis Raisin Dadre, doulçaines, flûtes et direction
Durée : environ 1h30 sans entracte
Les funérailles d’Anne de Bretagne
Anne de Bretagne, deux fois Reine de France, épouse de Charles VIII puis de Louis XII, reste, cinq siècles plus tard, encore très populaire, particulièrement en Bretagne où elle incarne le symbole de la réunion du Royaume de France et du duché de Bretagne, mais
aussi figure de la résistance à l’annexion de son duché. A sa mort, le roi Louis XII, son époux, lui fit des funérailles exceptionnelles
qui durèrent 40 jours et qui scellèrent à jamais son image de Reine de France et Duchesse de Bretagne.
Anne de Bretagne décède le 9 janvier 1514, à 37 ans, au château de Blois. Le 16 février, elle est inhumée à Saint-Denis. Les funérailles furent célébrées en trois temps : les cérémonies au château de Blois, les stations tout au long du cortège qui amène le corps
de la Reine de Blois à Paris puis à Notre-Dame, enfin le convoi de Paris à Saint-Denis et la sépulture dans la nécropole des Rois de
France.
Nous gardons une description extrêmement précise de tout ce cérémonial dans l’ouvrage manuscrit de Pierre Choque, son héraut
d’armes, « Commémorations et advertissement de la mort d’Anne de Bretagne », ouvrage commandé par Louis XII et envoyé aussi
bien au gens de la Maison de la Reine, qu’aux princes étrangers comme Henri VIII d’Angleterre, ou à des corps constitués comme
la Chambre des Comptes de Bretagne. Le manuscrit, dont il existe à ce jour trente-deux copies recensées, est richement orné de
miniatures représentant les différentes étapes des cérémonies funéraires.
Chronologie des cérémonies
Le 9 janvier 1514, le jour même du décès de la Reine, on procède à son embaumement. Son cœur et ses entrailles sont mis à part.
Le corps est ensuite présenté « en estat royal » pendant six jours sur son lit de mort dans sa propre chambre, où il est continuellement veillé par les gens de sa maison et des religieux.
Le 14 janvier, on déplace le corps pour le présenter dans une salle dite Salle d’honneur où il reste deux jours étendu sur un lit de
parade richement orné. De chaque côté de la tête de la Reine, se trouvent les regalia, le sceptre et la main de justice. Deux hérauts
d’armes présentent les goupillons aux visiteurs venus lui rendre hommage. Au fond de la salle se trouve un autel où sont célébrées
les messes par les représentants des quatre ordres mendiants.
Le 16 janvier, le corps est enveloppé nu et posé dans un cercueil de plomb. A cette cérémonie, tous les gens de sa maison sont
présents et baisent, qui le cercueil, qui le suaire, « faisant piteulx cris et lamentacions ». On distingue sur les miniatures, au fond de
la salle, les représentants des quatre ordres mendiants, les Cordeliers, les Carmes, les Jacobins et les Augustins, qui prient.
Le 17 janvier, le cercueil de la Reine est présenté dans la salle des douleurs toute de noir tapissée : « de couleur dolante et mal
plaisante à la vue des assistans ». Devant son cercueil, défilent pendant douze jours les gens d’Eglise de la région de Blois, mais
aussi les grands du Royaume, dont le futur François Ier : « maintz pleurs, cris et lamentacions ce firent les bons seigneur et dame
sur cette noble princesse ». Quotidiennement, quatre messes sont célébrées, dont une dite de Requiem par les chantres du Roy et
une autre par les chantres de la Reine.
Le vendredi 3 février, commence la longue procession qui mènera le corps de Blois à Saint-Denis. Ce long convoi fastueux et lugubre mettra huit jours pour atteindre Paris. A chaque étape (Saint-Dié, Notre-Dame de Cléry, Orléans, Artenay, Janville, Angerville,
Etampes, Montlhéry), le corps est déposé dans une église et veillé par les religieux.
C’est seulement le 12 février que le corps arrive aux portes de Paris. Le cercueil y restera deux jours entiers, le temps de finir les
préparatifs pour la messe à Notre-Dame.
Le 14 février, un cortège, décrit par Pierre Choque dans son manuscrit sur dix pages, part de Notre-Dame des Champs pour
rejoindre Notre-Dame de Paris. Le cercueil de la Reine est placé sur un catafalque sur lequel repose une effigie faite à son image.
Il est porté par ses principaux officiers, précédés et suivis par tous les représentants de l’Eglise, de la municipalité de la Ville de
Paris, des institutions royales et de l’Université. Dans Notre-Dame, tendue de toile noire, a été bâtie une chapelle ardente illuminée par mille deux cent cierges. Et sur les autels brillent trois mille huit cent autres cierges. Une messe est célébrée le soir puis le
lendemain. Après quatre messes, le cortège repart pour Saint-Denis où Guillaume Pavy, le confesseur du Roy, fait un sermon sur le
thème cecidit corona capitis nostro. Vient ensuite l’inhumation, la cérémonie des regalia pendant laquelle les copies de la main de
justice et du sceptre sont déposées sur le cercueil et les bâtons de deuil sont rompus et jetés dans la fosse par les maîtres d’hôtel
de la Reine. Le cœur de la Reine, sur sa demande, est apporté à Nantes dans un reliquaire d’or en forme de cœur et déposé entre
le corps de son père et celui de sa mère.
Le faste exceptionnel qui a entouré les funérailles d’Anne de Bretagne s’explique à la fois par l’attachement réel du Roi, Louis XII,
à son épouse mais aussi par la volonté de la monarchie de célébrer l’image de la Reine comme dame de paix et d’union du rattachement de la Bretagne à la France.
Les musiques des cérémonies
Les chroniques de l’époque sont, comme d’habitude, à la fois extrêmement prolixes sur des détails de protocole et de préséance,
allant jusqu’à donner la longueur des manteaux portés par les nobles et quasiment muets sur les musiques jouées pendant les
cérémonies. Lors d’un décès royal, il était d’usage que les messes pro defunctis, dites messes de Requiem, soient chantées en
plain-chant par les religieux qui, jour et nuit, veillaient le corps du Roi ou de la Reine. Pour les moments plus officiels, les musiciens
de la Chapelle participaient avec la « musique faicte », c’est-à-dire la musique polyphonique. Le répertoire de la Chapelle était
constitué souvent des compositions de chanteurs attachés à cette même Chapelle. La valorisation des individualités, de surcroît
dans la musique religieuse, n’était guère de mise. Il ne serait jamais venu à l’esprit d’un témoin de l’époque de s’enquérir du nom
du compositeur de la musique qui était chantée.
Voici ce qu’écrit Pierre Choque dans son manuscrit quant aux messes chantées au château de Blois pendant la veillée du corps : «
la première messe était du Saint-Esprit que disaient les cordeliers, la seconde était de Notre- Dame dite par les Jacobins ; la tierce
était de Requiem répondue par les Chantres de la Chapelle du Roi, la quarte messe, semblablement de Requiem, était répondue
par les Chantres de la Chapelle de la dicte dame ». Ce témoignage est capital car il atteste de la présence des deux Chapelles,
celle du Roi et celle de la Reine dès le début des cérémonies. La Chapelle de la Reine, dirigée alors par Antoine Divitis, comportait dans ses rangs Jean Mouton, Jean Richafort, Claudin de Sermisy, Pierre Moulu. Dans la Chapelle du Roi, qu’Antoine de Févin
dirige jusqu’à sa mort peu avant celle de la Reine, une quinzaine de musiciens émargeaient dont Johannes Prioris, Costanzo Festa,
Antoine de Longueval et Jean Braconnier.
Ces deux Chapelles, réunissant les meilleurs musiciens européens, dont le rôle est de célébrer quotidiennement l’office divin, ne
feront plus qu’une après le décès d’Anne de Bretagne. François Ier héritera ainsi des deux institutions et possédera la Chapelle la
plus importante en Europe, composée de vingt-neuf chantres.
Quand la Reine décède en 1514, les Chapelles du Roi et de la Reine vont puiser dans leur répertoire pour chanter une Missa pro
defunctis. De cette époque, il nous reste un Requiem à quatre voix de Prioris, un Requiem de Jean Richafort mais qui semblerait plutôt avoir une connexion avec la mort de Josquin Desprez en 1521, un de Pierre de La Rue et de Brumel mais qui est sans
connexion avec la cour de France, un d’Ockeghem bien sûr, mais appartenant déjà à la génération précédente, et enfin un Requiem
d’Antoine de Févin.
Notre choix pour évoquer les funérailles d’Anne de Bretagne s’est porté pour des raisons musicales sur la Missa pro defunctis de
Févin plutôt que sur celle de Prioris qui aurait été tout aussi légitime. En effet, à partir du Sanctus, l’œuvre de Févin est écrite à cinq
voix avec deux basses. L’effet de profondeur est alors extraordinaire, alors que le Requiem de Prioris n’excède pas les quatre voix.
Une autre raison tient à la relation particulière qu’entretenait Louis XII avec ce compositeur, qualifié par le théoricien Glarean de
symphoneta aurelianensis, « le compositeur d’Orléans », c’est-à-dire de la cour de France. En 1507, Louis XII demandait par lettre,
depuis l’Italie, qu’on lui envoie une chanson de Févin avec un portrait par Jean Perréal, pour montrer aux dames de ce pays que
rien ne peut en égaler l’art, démarche qui marque sa proximité et son admiration pour ce compositeur. Antoine de Févin meurt en
1512 lui aussi à Blois, on est donc certain que son Requiem était déjà composé en 1514 et qu’il faisait partie du répertoire de la
Chapelle du Roi. Tout ceci ne constitue pas, bien sûr, une preuve que le Requiem de Févin soit le Requiem chanté à Notre-Dame ou
à Saint-Denis par exemple, mais constitue un faisceau assez crédible pour penser qu’il ait été chanté durant les funérailles d’Anne
de Bretagne.
Comme le Requiem de Du Caurroy que nous avons déjà représenté et enregistré, le Requiem de Févin se démarque du rite romain
et suit la liturgie parisienne, avec en particulier pour le graduel, les versets de psaumes Si ambulem, Virga tua et Sitivit anima mea.
Les amateurs de Requiem du XIXème siècle remarqueront l’absence de la séquence Dies irae placée normalement avant l’offertoire
qui n’existe pas dans la liturgie parisienne. Comme tous les Requiem de cette époque, la musique de Févin suit de très près la mélodie de plain-chant allant souvent jusqu’à la citer intégralement au ténor. L’art de Févin, décrit par le même Glarean comme felix
Jodoci aemulator, « heureux disciple de Josquin Desprez », est à la croisée de l’écriture du XVème siècle, avec ses faux bourdons
et ses doubles cadences et un nouveau style qui est celui de la Renaissance. Le Requiem de Du Caurroy témoignait des derniers
feux du style franco-flamand, déjà obsolète en 1609. Le Requiem de Févin annonce un nouveau style et la nouvelle génération des
musiciens de François Ier.
Les déplorations musicales
Il existe à la Renaissance une tradition de déplorations musicales écrites en hommage à des musiciens ou des personnages officiels, comme celles sur la mort de Josquin Desprez, Musae Jovis, de Nicolas Gombert ou celle sur la disparition d’Erasme, Plangite
pierides, de Benedictus Appenzeller. Nous avons la chance d’avoir gardé les pièces écrites pour le décès de la Reine ; le Quis dabit
oculis nostris de Costanzo Festa et le Fiere attropos de Pierre Moulu.
Costanzo Festa a été employé à la cour de France dans les années 1513-1514. Son motet Quis dabit oculis nostris présente d’ailleurs des similitudes troublantes avec celui de son collègue de la Chapelle, Jean Mouton. Le texte de ce motet paraphrase un texte
biblique au neuvième chapitre du livre de Jérémie : Quis dabit capiti meo aquam, et oculis meis fontem lacrimarum, et plorabo die
ac nocte interfectos filiæ populi mei ? « Qui donnera de l’eau à ma tête et à mes yeux, une fontaine de larmes pour pleurer jour et
nuit les enfants de la fille de mon peuple qui ont été tués ? »
Mais il reprend aussi tous les thèmes des sermons prononcés lors des funérailles d’Anne de Bretagne : Deficit gaudium cordis nostri
à Blois, Conversus est in luctum chorus noster pour Notre-Dame et Cecidit corona capitis nostris à Saint-Denis. On remarquera
aussi que ce texte avait déjà été paraphrasé par Poliziano à l’occasion du décès de Laurent le Magnifique, mis en musique par
Heinrich Isaac : Quis dabit capiti meo aquam ? Quis oculis meis fontem lachrimarum dabit, ut necte fleam ?
La mise en musique de Festa signe l’origine italienne du compositeur qui n’hésite pas à recourir à une forme d’écriture déclamatoire, homophonique, pour exprimer la douleur de la perte, utilisant des procédés rhétoriques comme le silence qui suit les mots
musica sileat ou encore les exclamations expressives sur les interpellations Anna répétées deux fois.
La chanson-motet Fiere attropos de Pierre Moulu requiert cinq voix d’hommes dans des tessitures extrêmement graves. La partie
de ténor cite l’antienne Anxiatus est in me tout au long de la pièce, pendant que les autres voix chantent en français un texte sur
la troisième Parque, Atropos, qui a coupé le fil de la vie de la Reine. Ce procédé, qui superpose une mélodie d’origine liturgique et
une chanson en français, avait déjà été réalisé dans une autre déploration « Nymphes Nappés » de Josquin Desprez, dans laquelle
les deux ténors chantent en canon le texte circumdederunt me gemitus mortis. Ce même procédé se retrouve dans une pièce que
nous avons enregistrée instrumentalement mais en confiant à un chanteur la partie en latin qui cite une mélodie liturgique, le
Cœurs désoléz / Dies illa, dies irae de Pierre de la Rue.
La douleur du duché de Bretagne
En élaborant ce programme et en lisant le récit tellement vivant du héraut d’armes d’Anne de Bretagne (surnommée Bretaigne !),
je me suis rendu compte qu’au-delà de tout ce deuil officiel mis en scène par le pouvoir royal, il existait aussi une douleur muette,
celles des bretons qui perdaient leur duchesse, qui perdaient aussi l’indépendance du duché. J’ai voulu faire entendre la voix
du peuple en marge de la voix des chantres du Roi. Aussi ai-je demandé à Yann-Fañch Kemener des gwerzioù. Ces chants solos
agissent comme un contrepoint à la polyphonie complexe qui exprime toute la pompe royale. Sa voix rend audible ce peuple breton, si attaché à sa duchesse Anne qui lui avait légué son cœur et qui encore aujourd’hui lui reste singulièrement attaché.
Source : livret du CD du Requiem d’Anne de Bretagne / Denis Raisin Dadre, Octobre 2010
Ar skoliater yeuvank (solo de Yann-Fanch Kemener)
Cœur Désolez, plorans ploravit (instrumental)
Josquin Desprez
Texte :
La mort de la très chrétienne Anne deux fois reine de France et duchesse
de Bretagne
Quis dabit oculis nostris fontem lacrymarum
Constanzo Festa
Texte :
Le corps d’Anne est porté en la Chapelle Saint-Sauveur de Blois
Fiere attropos mauldicte / anxiatus est in me cor meum
Pierre Moulu
Texte :
Le convoi funèbre de Blois à Notre-Dame-des-Champs
Annaig ar Glaz (solo de Yann-Fanch Kemener)
Messe de Requiem
Antoine de Févin
Introït
Requiem aeternam
Kyrie
Texte :
La cérémonie funèbre a Notre-Dame de paris
Graduel
Si ambulem in medio umbrae mortis
Virga tua et baculus tuus
Tractus
Sitivit anima mea
Fuerunt mihi lacrimae
Miserere mei Domine (instrumental)
Alaz na ouse den kompren (solo de Yann-Fanch Kemener)
Offertoire
Domine Jesu Christe
Quam olim Abrahae
Tu suscipe
Sanctus & Benedictus
Cœur désolez / Dies illa (instrumental)
Pierre de la Rue
Agnus Dei
Communion
Lux aeterna luceat eis, Domine
Absoute en grégorien
Libera me
Texte :
La mise au tombeau à Saint-Denis
Stabat mater (solo de Yann-Fanch Kemener)
Antienne
In paradisum
Source des textes déclamés: Manuscrit de Pierre Choque, « Commémorations et advertissement de la mort
de la très créstienne… », exemplaire de Claude de France, Bibliothèque Nationale de France, département des
manuscrits, fr25158.
Skoladér yaouank (solo de Yann-Fañch Kemener)
Skoladér yaouank éma saùet,
Zo oeit de studi de Naoned.
Cette chanson est composée en l’honneur d’un jeune clerc
Qui s’en est allé faire des études à Nantes.
Zo oeit de studi de Naoned,
D’o’r skoladér pé d’ur béleg.
Qui s’en est allé faire des études à Nantes.
Pour être clerc ou prêtre.
Un dé oen e dad promein dré kér,
Ranskontras e vab skoladér :
Un jour son père se promenant par la ville
Rencontre son fils étudiant :
“- Me mab Zulian deit-hui d’er gér,
Konzal a hou timézein e hrér.
“-Mon fils Julien, rentrez à la maison,
Il est question de vous marier.
Konzal a hou timézein e hrér,
D’ur vraù a blah, ur plah a gér.
Il est question de vous marier.
Avec une belle fille, une fille de la ville.
- Ur plah a gér ’n’hi n’em bo ket,
Ur beizantéz ne laran ket.
- Une fille de la ville, je n’aurai pas,
Une paysanne, je ne dis pas.
Ur beizantéz ha hi ken gé,
’vo kaer bout ’tal d’hi ér gwélé.
Une paysanne, qui sera bien joyeuse
Auprès de laquelle il sera agréable d’être au lit.
Ur beizantéz ha hi ken roz,
’vo kaer bout ’tal d’hi na d’en noz.”
Une paysanne, qui sera bien rose,
Auprès de laquelle il sera agréable d’être la nuit. »
Cœur Désolez, plorans ploravit (instrumental)
(Josquin Desprez)
TEXTE I
DE LA MORT DE LA TRES CHRETIENNE ANNE DEUX
FOIS REINE DE FRANCE ET DUCHESSE DE BRETAGNE
De la mort de la très chrétienne, très haute, très puissante et très excellente princesse, Madame Anne,
deux fois reine de France, Duchesse de Bretagne,
seule héritière d’icelle noble Duché, comtesse de
Montfort, de Richemond, d’Estampes et de vertus.
Le neuvième jour de janvier 1514, froid et plein de
pleurs et de lamentations, à six heure du matin, au
château de Blois, rendit l’âme à Dieu la noble reine
et duchesse, notre souveraine dame et maîtresse. Et
demeura en sa chambre, ayant grand nombre de religieux, disant vigiles et vêpres des morts.
Le lendemain fut mise en la salle de douleur parée de
deuil. Tous les jours il y eu quatre grands messes. La
première messe était du Saint-Esprit que disaient les
Cordeliers. La seconde de Notre-Dame que disaient
les Jacobins. La tierce était le Requiem, dite et répondue par les chantres de la chapelle de la dite dame.
Quis dabit oculis nostris (Costanzo Festa)
Quis dabit oculis nostris fontem lacrymarum ?
Et plorabimus, die ac nocte coram Domino ?
Britannia, quid ploras ? Musica, cur siles ?
Francia, cur indutalugubri veste, Moerore consumeris ?
Heu nobis Domine, defecit Anna,
Gaudium cordis nostri,
Conversus est in luctum chorus noster
Cecidit corona capitis nostri.
Ergo ejulate pueri, plorate, sacerdotes,
Ululate senes, lugete cantores,
Plangite nobiles, et dicite :
Anna, requiescat in pace. Amen
TEXTE II
LE CORPS D’ANNE EST PORTE EN LA CHAPELLE SAINTSAUVEUR DE BLOIS
Jusqu’au vendredi suivant, tiers jour du mois de février, demeura la dite dame en cette salle. Auquel
jour elle fut apportée à l’église Saint Sauveur hors du
château de Blois.
A la descente de la salle, il y eut douze religieux Jacobins et Cordeliers, qui prirent des cierges armoyés,
et les portèrent jusqu’en la cours, où ils trouvèrent
quatre cent pauvres vêtus de deuil.
Mais la pitié fut grande quand on vint à partir de la
grande cour. Plusieurs seigneurs et dames et autres
officiers, non contents de pleurer et larmoyer, mais
à hauts cris plein de désolation dirent qu’elle était
morte saine et que les médecins avaient fait de faux
jugements. Et chacun était de l’opinion qu’ils devaient être chassés.
Premiers marchèrent, grand nombre de seigneurs et
gentilshommes, deux à deux, en belle ordonnance.
Puis marchèrent le seigneur cardinal et autres gens
d’église chantant le Libera et autres oraisons. A
dextre, le premier maître d’hôtel, Renault de Brisac,
seigneur de Kersilly. A senestre marchèrent les seigneurs des requêtes. Derrière le corps marchèrent
les hérauts et rois d’armes, Madame de Mailly, dame
d’honneur, seule en deuil, ayant son chaperon. Ainsi
entra à l’église le corps de la noble reine, lequel fut
posé au cœur de l’église, sous la chapelle ardente.
Qui fera de nos yeux une source de larmes ?
Et nous pleurerons, jour et nuit, devant Dieu
Bretagne, pourquoi pleures-tu ?
Musique, pourquoi gardes-tu le silence ?
France, pourquoi t’épuises-tu de chagrin en robe de deuil ?
Hélas, Seigneur, elle nous a quittés, Anne, la joie de notre
cœur
Nos chœurs sont devenus des chants de deuil,
La couronne est tombée de nos têtes.
Enfants, criez de douleur, prêtres, pleurez,
Vieillards, poussez des lamentations, chanteurs, laissez
couler
Vos larmes, nobles, frappez-vous la poitrine et dites :
Qu’Anne repose en paix ! Amen
Fiere attropos (Pierre Moulu)
Fiere attropos mauldicte et inhumaine
Grant ennemye de toute vie humaine
Tu nous as mis en grant perplecité
Quant per enuye as en tes pletz cité
Nostre maistresse et dame son veraine
Que te nuysoit en ce siecle et demaine
La noble dame dont France grant deulmaine
Comme privé de sa félicité
(Tenor) Anxiatus est in me spiritus meus
In me turbatum est cor meum
Mon esprit est anxieux en moi-même
En moi, mon cœur est troublé
TEXTE III LE CONVOI FUNEBRE DE BLOIS A NOTREDAME-DES-CHAMPS
Le 4 février 1514, incontinent fut fait crie, et fait savoir à son de trompe par toute la ville de Blois que
chacun fut prêt à conduire la noble dame. Et que
nul empêchement ne soit de par les rues, où grand
nombre de peuple se trouvait. Car ils venaient de
Tours et d’Amboise, pleurant et lamentant la perte
de la noble reine.
Devant le convoi marchaient les commissaires qui
avaient la charge de 400 torches, aux armes et blasons de la dame, puis les cinquante torches de Blois.
Puis venait le corps, lequel était mené par six chevaux roussins, forts beaux, houssés et harnachés de
velours noir à croix blanche.
Et on conduisit le corps de Blois jusqu’à Saint-Denis.
Et quand venait le soir, le corps était mis au repos
dans la plus noble église. Et venaient au-devant du
corps les paroissiens de ce lieu et les prêtres. La
noble reine et duchesse, depuis sa mort jusqu’à ce
qu’elle ait été en sa mère la terre, a toujours tant
au dîner qu’au souper été servie de table et nappe
mise, Benedicite et grâces dites. Messire d’O, donna
l’aumône à tous venant, tout au long du chemin par
Notre-Dame de Cléry, Orléans, Arthenay, Janville,
Angerville, Etampes, Monthléry et Notre-Dame-desChamps.
Annaig ar Glaz (Yann-Fañch Kemener)
Annaig ar Glaz a lavare
‘Fenestroù hi c’hambr un de’ a oe :
Annaïg Le Glaz disait
un jour, des fenêtres de sa chambre :
«Petra zo ‘barh ‘r gêr-mañ a neve’
Pegwir zon ‘r sonerion ken gê ?
«Qu’y a-t-il de neuf dans ce village
Pour que les sonneurs jouent si gaiement ?
- Annaig ar Glaz na ouiet ket c’hoah ?
Emañ de’ ho eured ‘benn ‘arc’hoah!
- Annaïg Le Glaz, ne le savez-vous pas encore ?
C’est demain le jour de vos noces !
- Ma e’ de’ ma eured ‘benn ‘arc’hoah,
‘C’h an da ma gwele kourz henoah,
Ha ‘savey mintin mat ‘benn ‘arc’hoah,
- Si c’est demain le jour de mes noces,
J’irai me coucher très tôt ce soir,
Et me lèverai demain, de bon matin,
Un abid neve’ am eus bet,
Na ‘vit en gwisko n’hen uzin ket,
Et me lèverai demain, de bon matin,
Pour mettre ma robe neuve.
Na ‘vit en gwisko na uzo ket,
Kar get an dêroù ‘mañ hi brodet,
Get hu’nadennoù emañ gwriet !»
J’ai eu une robe neuve,
Je ne l’userai pas en la portant,
Je ne l’userai pas en la portant,
Car elle est brodée de mes larmes,
Et cousue de mes soupirs !»
Messe de Requiem
Antoine de Févin
Introitum
Requiem aeternam dona eis, Domine :
Et lux perpetua luceat eis.
Te decet hymnus, Deus in Sion,
Et tibi reddetur votum in Jerusalem.
Exaudi, Deus, orationem meam,
Ad te omnis caro veniet.
Chant d’entrée
Accorde, Seigneur, le repos éternel à nos défunts
et que brille à leurs yeux la lumière sans déclin.
à toi la louange, ô Dieu, dans Sion,
pour toi l’on acquitte ses vœux à Jérusalem.
Exauce ma prière, ô Dieu
et tout être de chair viendra à toi.
Kyrie
Kyrie eleison.
Christe eleison.
Kyrie eleison.
Kyrie
Seigneur, prends pitié.
Ô Christ, prends pitié.
Seigneur, prends pitié.
TEXTE IV
LA CEREMONIE FUNEBRE A NOTRE-DAME DE PARIS
Celui mardi, quatorzième jour de février 1514,
le corps parti de Notre-Dame-des-Champs et fut
conduit en l’église Notre-Dame de Paris.
En premier marchaient les vingt-quatre sonneurs de
Paris, lesquels criaient, afin que l’on pria pour l’âme
de la très chrétienne reine et duchesse. Puis, venait
le chariot du corps, couvert d’un drap d’or. Sur lequel
drap était une effigie faite à la ressemblance de la
dite dame.
Dans la procession, les seigneurs de Bretagne étaient
les plus près du corps. Monseigneur de Laval, Louis
Monseigneur de Clèves, dit de Nevers, Monseigneur
de Pointèvre, Monseigneur de Châteaubriand.
Dans Notre-Dame, la chapelle ardente fut faite à cinq
clochers et plusieurs croix recroisées. Aussi fut tendu
tout le chœur et la nef de velours armoyé. Et un rang
de cierges entourait la nef, au nombre de trois mille
huit cent.
Pour venir à l’office en l’église Notre-Dame de Paris,
Monseigneur le cardinal du Mans officia, bien accompagné d’évêques et d’abbés. En ce jour il y eut
un beau sermon dit par Monseigneur Parvy, remontant que les vertus de la dite Dame avaient toujours
nourris et soutenu l’église, la noblesse, les innocents,
les orphelins, les pauvres et les veuves.
Après dîner fut conduite la noble reine jusqu’à SaintDenis.
Graduale
Antiphona : In medio umbrae mortis non timebo
mala: quoniam tu mecum es Domine
Graduel
Antienne : Si je marche entouré de l’ombre de la mort, je
ne crains point le mal car toi, Seigneur, tu es avec moi.
Verset
Virga tua et baculus tuus ipsa me consolata sunt.
Verset
Ta houlette et ton bâton, Voilà mon réconfort.
Tractus
Sitivit anima mea ad Deum vivum
quando veniam et apparebo ante faciem Dei mei
Fuerunt mihi lacrimae meae panes die ac nocte
dum dicitur mihi per singulos dies Ubi est Deus tuus
Mon âme a soif de Dieu la source vive
Quand irai-je me présenter devant Dieu ?
Mes larmes sont devenues ma nourriture, jour et nuit,
Tandis qu’on me demande chaque jour : «Où est ton
Dieu ?»
Miserere mei Domine (instrumental)
Alaz na ouse den kompren (Solo de Yann-Fañch Kemener)
Antiphona ad offertorium
Domine jesu christe, Rex gloriae, libera animas omnium fidelium defunctorum
de manu inferni et de profondo lacu : libera eas de
ore leonis,
Ne absorbeat eas tartarus,
Ne cadant in obscura tenebrarum loca :
Sed signifer sanctus Michael
Representet eas in lucem sanctam :
Quam olim Abrahae promisisti et semini ejus.
Offertoire
Seigneur Jésus Christ, Roi de Gloire,
délivre les âmes de tous les fidèles défunts
du pouvoir de l’enfer et du marécage sans fond :
délivre les de la gueule du lion.
Qu’ils ne soient pas engloutis par l’abîme,
qu’ils ne tombent pas dans l’obscurité de la nuit.
Mais que Saint Michel et son étendard
Les mènent jusqu’à la lumière
Que jadis tu promis à Abraham et à sa descendance.
Versus
Hostias et preces tibi Domine, offerimus :
Tu suscipe pro animabus illis quarum hodie
Memoriam agimus : fac eas, Domine, de morte transire ad vitam sanctam.
Quam olim Abrahae promisisti et semini ejus.
Verset
Nous t’offrons, Seigneur, sacrifices et prières :
Toi, reçois les pour ces âmes
dont nous faisons mémoire en ce jour.
Fais les passer, Seigneur,
De la mort à la vie sainte qu’autrefois tu promis à
Abraham et à sa descendance.
Sanctus & Benedictus
Sanctus, Sanctus, Sanctus, Dominus Deus Sabaoth.
Pleni sunt caeli et terra gloriam tua.
Hosanna in exelsis.
Benedictus qui venit in nomine Domini. Hosanna in
excelsis.
Sanctus & Benedictus
Saint, saint, le Seigneur, Dieu de l’Univers,
Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire,
Hosanna au plus haut des cieux.
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur,
Hosanna au plus haut des cieux.
Cœur désolez / Dies illa (instrumental)
(Pierre de la Rue)
Agnus dei
Agnus Dei qui tollis peccata mundi dona eis requiem.
Agus dei qui tollis peccata mundi dona eis requiem
sempiternam.
Agneau de Dieu
Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde,
donne leur le repos. (reprise)
Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde,
Donne leur le repos éternel.
Antiphona ad communionem
Lux aeternam luceat eis, Domine,
Cum sanctis tuis in aeternum, quia pius es.
Requiem aeternam dona eis, Domine,
Et lux perpetua eis.
Cum sanctis tuis in aeternum, quia pius es.
Antienne de la communion
Que la lumière éternelle resplendisse pour eux, Seigneur,
En compagnie de vos Saints durant l’éternité grâce à
votre bonté.
Donne leur le repos éternel, Seigneur,
Et que la lumière resplendisse sur eux sans déclin.
En compagnie de vos Saints durant l’éternité grâce à
votre bonté.
Libera me
Libera me, Domine, de morte aeterna, in die illa tremenda :
quando coeli movendi sunt et terra ;
dum veneris judicare saeculum per ignem.
Tremens factus sum ego, et timeo, dum discussio
venerit, atque ventura ira.
Dies irae dies illa
Calamitatis et miseriae
Dies magna amara valde
TEXTE V
LA MISE AU TOMBEAU A SAINT-DENIS
A Saint-Denis, fut portée la dite dame en sa mère la
terre, et un lieu laissé près d’elle pour la sépulture du
Roy notre sire.
Champaigne, l’un des rois d’armes de France, cria :
«Silence ! » par trois fois et dit : « Roy d’armes des
Bretons, faites votre devoir. » Lors commença Bretaigne, roy d’armes de la très chrétienne reine et
duchesse et dit :
« La très chrétienne reine et duchesse, notre souveraine dame et maîtresse est morte ; La reine est
morte La reine est morte. »
Délivre- moi, Seigneur, de la mort éternelle, en ce jour
redoutable
où le ciel et la terre seront ébranlés ;
quand tu viendras éprouver le monde par le feu.
Voici que je tremble et que j’ai peur devant le jugement qui approche et la colère qui doit venir.
Ce jour-là doit être jour de colère,
jour de calamité et de misère,
jour mémorable et très amer
Lors Monseigneur le chevalier d’honneur apporta la
main de justice, le sceptre, la couronne et les présenta au dit Bretaigne. Lequel les reçu, les porta sous
terre et les mis sur la dite dame.
Mains pleurs, cris, soupirs et lamentations se firent
entendre. Chacun joignait les mains disant prières et
oraisons. De mémoire d’homme l’on ne vit pour un
jour plus grande pitié.
La noble dame connaissant sa fin, avait commandé,
prié, octroyé et accordé que son cœur fut porté en
son pays et duché de Bretagne, mis et enterré en sa
cité et ville de Nantes avec ses père et mère. Duquel
cœur elle faisait présent à ses Bretons, comme ses
bons amis et loyaux sujets : ce qui a été fait.
Mais les pleurs et lamentations auront longue durée.
Stabat mater (Yann-Fañch Kemener)
Ouz hars an Croas ma-z foue gloaset
Doue hon Roue ny crucifiet,
Ez edoa e mam estlammet,
Ha hy e dyffout hyruoudet.
Au pied de la Croix où fut blessé
Dieu, notre Roi crucifié,
Etait sa mère, épouvantée
Et affligée à son sujet.
Pan guelas hy ar basion
Hac an martyr he map guyrion,
Ez eaz leal en he calon,
Bete he eneff, clezeff don.
Lorsqu’elle vit la passion
Et le martyre de son vrai fils,
En son cœur pénétra tout droit,
Jusqu’à son âme, épée profonde.
Trist voe Mary, melconiet,
Hac en he canon estonet,
En vn songal pe quen calet
Iesu gant poan ez voa doanyet.
Triste était Marie, désolée,
Et en son cœur navrée,
Songeant combien rudement
Jésus était affligé de peine.
Bras voa an poan hac an anuy
Hac an glachar» a-n’ goar Mary,
Pan guelas, allas, an casty
He map hon car é Caluary.
Grands étaient la peine et le chagrin
Et la douleur de la douce Marie,
Quand elle vit, hélas, le châtiment
De son fils notre ami au Calvaire.
In paradisium
In paradisum (plain-chant)
In paradisium deducant angeli
In tuo adventu suscipiant te martyres,
Et perducant te In civitatem sanctam jerusalem.
Chorus angelorum te suscipiat,
Et cum Lazaro quondam paupere
Aeternam habeas requiem.
Jusqu’en paradis, que les anges te conduisent,
à ton arrivée, que les martyrs te reçoivent,
et qu’ils te conduisent
dans la Sainte cité de Jérusalem.
Que le chœur des anges t’accueille,
Et qu’avec Lazare, le pauvre d’autrefois,
Tu jouisses du repos éternel.
Yann-Fañch Kemener, chant breton
Yann-Fañch Kemener est une des voix les plus connues de Bretagne. Il est venu au chant breton par les berceuses maternelles.
Dès les années 70, il collecte chants et contes auprès des anciens, passeurs d’une culture alors menacée de
disparition. Spécialiste et véritable ethnomusicologue du Kan Ha Diskan (chant à répondre, monodique et
modal, en langue bretonne), il participe très tôt au renouveau, à la conservation et à la transmission du patrimoine musical traditionnel breton.
Parallèlement il est initié, oralement et a capella, aux techniques vocales des chanteurs de fest-noz. Il parcourt villes et campagnes de Bretagne et réalise ses premiers enregistrements: comptines pour enfants, kan
ha diskan, gwerzioù (récits épiques), sonioù (chants de circonstance)…
Le chanteur forme à l’âge de la maturité un duo avec Didier Squiban, pianiste classique et jazz. Les deux
artistes enchaînent les concerts et les succès avec, notamment, Enez Eusa et Ile-exil. Il participe également
au disque L’Héritage des Celtes.
En 2000, Yann-Fañch Kemener engage une collaboration fructueuse avec Aldo Ripoche, violoncelliste de
l’ensemble Stradivaria, directeur musical de l’Académie Paul Le Flem. Elle a donné naissance à L’Heure Bleue
– An Eur Glaz, associant une voix bretonne à un instrument classique – suivi de : An Dorn – la Main, spectacle
et CD (Grand prix de l’Académie Charles Cros).
A ce jour, Yann-Fañch Kemener a enregistré plus d’une vingtaine de disques qui ont reçu les éloges de la critique. Plusieurs projets l’ont amené à travailler avec Dan Ar Braz, Alan Stivell, le violoncelliste Vincent Ségal,
Erik Marchand, Aldo Ripoche ou encore le conteur Alain Le Goff et à se voir l’invité de scènes prestigieuses
en France comme à l’étranger.
Yann-Fañch Kemener a également sorti en 2014 un livre, Collecteur de Contes en Basse-Bretagne, après un
premier opus, Carnets de Route. Parmi ses derniers enregistrements, Vive la liberté et Toujours l’hiver en
2012.
Actuellement, Yann-Fañch Kemener tourne avec son spectacle Nous irons pleurer sur vos ombres et sera
notamment avec son trio au Festival de Cornouailles et aux Nuits Salines cet été.
Doulce Mémoire
Doulce Mémoire, c’est d’abord l’esprit de la Renaissance, cette période faste de découvertes, d’inventions, de
voyages et de créativité. Constitué d’une équipe de musiciens et de chanteurs fidèles et soudés, l’ensemble
Doulce Mémoire s’investit depuis plus de vingt-cinq ans dans des aventures artistiques toujours innovantes,
avec la participation régulière de comédiens et danseurs. Ses productions passent d’un Requiem pour Anne
de Bretagne des plus sérieux à l’Honnête courtisane ou encore à la reconstitution d’une fête à la cour de
François Ier, Magnificences à la cour de France.
Depuis sa création, Doulce Mémoire s’est produit à travers toute la France sur les scènes d’opéras, festivals et
scènes nationales mais aussi dans les grandes capitales internationales. L’ensemble répond à tous les défis et
n’hésite pas à jouer aussi bien sur le parvis d’un cinéma UGC en plein Paris, que devant le prestigieux musée
national de Taipei, dans l’enceinte du Palais des Sultans à Istanbul, ou en équilibre instable sur une barge
posée sur le lagon de Tahiti.
A travers ses concerts et spectacles, Doulce Mémoire invite à découvrir les musiques que pouvaient écouter
les génies internationalement reconnus de la Renaissance, Léonard de Vinci, Michel-Ange, Rabelais, François
Ier, etc. dont certains ont particulièrement marqué la Vallée de la Loire et ses célèbres châteaux renaissance.
Doulce Mémoire a croisé lors de ses voyages, des artistes avec lesquels se sont nouées de belles relations
humaines et artistiques : notamment la troupe Hang Tang Yuefu de Taïwan, le chanteur de Fado Antonio
Zambujo, le chanteur persan Taghi Akhbari, le joueur de ney turc Kudsi Erguner.
Doulce Mémoire enregistre pour Outhere, Zig Zag Territoires, Naïve et Ricercar. Sa discographie a reçu de très
nombreuses récompenses.
En Mai, Doulce Mémoire est en tournée en Indonésie avec Musiques du Royaume perdu. L’ensemble sera
en Août à Bruges pour Folie Douce et consacrera un programme à Léonard de Vinci à Amboise à la rentrée.
Doulce Mémoire est porté par la Région Centre-Val de Loire. Doulce Mémoire est aidé par le Ministère de la
Culture et de la Communication/DRAC du Centre-Val de Loire, au titre de l’aide aux ensembles conventionnés.
Doulce Mémoire est soutenu par le Conseil départemental d’Indre-et-Loire, Institut Français - Ministère des
Affaires étrangères et la Ville de Tours. Doulce Mémoire est membre de la Fevis et du syndicat Profedim.
Denis Raisin Dadre, direction
Après des études de flûte à bec, hautbois et musicologie, Denis Raisin Dadre fonde l’ensemble Doulce Mémoire en 1989, avec la volonté de faire entendre la musique que pouvaient écouter les génies internationalement connus de la période Renaissance. En dehors de la musique, sa curiosité pour l’histoire, la littérature
et les arts l’amène à concevoir des programmes toujours remis dans un contexte historique, des villes (Venise
aux portes de l’Orient, Le Carnaval de Florence), des événements politiques (Requiem d’Anne de Bretagne,
Requiem des Rois de France, Le mariage d’Henri IV) ou des peintres, Musiques pour Léonard de Vinci, Le
Siècle du Titien).
Au terme de vingt ans d’activité intense et de réalisations mémorables, au disque comme au concert, son
amour de la Renaissance ne s’est jamais attiédi. Fouillant les bibliothèques européennes, transposant des
partitions manuscrites ou testant des solutions instrumentales, Denis Raisin Dadre remet en question des
idées préconçues et parfois même le vocabulaire musical - et pas seulement pour la musique de la Renaissance, car il s’associe souvent avec metteurs en scène et chorégraphes pour créer des formes de spectacle
originales.
Denis Raisin Dadre se produit avec son ensemble Doulce Mémoire sur les scènes les plus réputées en France
et à travers le monde (Théâtre de Chaillot à Paris, l’Opéra de Montpellier et celui de Santiago au Chili, la Villa
Médicis à Rome, les festivals d’Utrecht (Pays-Bas), Fès (Maroc), Boston (Etats-Unis), Bergen (Norvège), etc.
Régulièrement sollicité par des académies de formation pour jeunes musiciens, Denis Raisin Dadre a enseigné à Gijon (Espagne), Chiquitos (Bolivie), Prague (République Tchèque), La Havane (Cuba), etc. Également
professeur titulaire au Conservatoire de Tours, il dirige depuis 2003 l’Académie internationale Le Droict Chemin de Musique, qui réunit chaque année une sélection de talentueux jeunes chanteurs.
Denis Raisin Dadre a été promu en 1999 au grade de Chevalier des Arts et des Lettres par le Ministère de la
Culture.
Parcours Anne de Bretagne
Le Festival de Saint-Denis met en place une série d’actions culturelles autour de la figure historique d’Anne
de Bretagne.
Patrimoine
Des parcours de découverte du patrimoine dionysien des XVe et XVIe siècles entrainent le public au Musée
d’Art et d’Histoire de Saint-Denis pour une visite spéciale « Portraits funéraires et funérailles au temps d’Anne
de Bretagne », et se poursuivent avec une balade urbaine orchestrée par l’Unité d’archéologie dans le SaintDenis de l’époque d’Anne de Bretagne.
Le parcours fait étape évidemment à la Basilique de Saint-Denis, sur le tombeau d’Anne de Bretagne. Les 25
mai et 1er juin, aux Archives Nationales de Pierrefitte-sur-Seine, le chanteur de Doulce Mémoire (et chercheur) Marc Busnel intervient sur la reconstitution des partitions anciennes sur parchemin végétal.
Tout au long du mois de mai, d’autres parcours invitent le public au Musée de la musique (Philharmonie de
Paris) pour une visite guidée autour de la musique instrumentale de la Renaissance ainsi qu’au Musée de
Cluny pour une visite guidée des collections sur le thème de la musique au temps de Louis XII, dernier époux
d’Anne de Bretagne.
Parcours organisés durant les mois d’avril et mai (avec la Maison des parents, Pleyel en herbe, la Mission de
droit des femmes, la Maison des seniors et Femmes solidaires)
Sensibilisation à la musique du XVIe siècle
Les artistes de Doulce Mémoire rencontrent les associations et le public dionysiens.
À la Maison des parents de Saint-Denis, le 14 avril, la chanteuse Véronique Bourin livre au public des clés
d’écoute de la musique polyphonique à travers l’histoire avant d’entamer un atelier de pratique vocale très
interactif !
Puis à la Médiathèque du Centre-Ville, le 14 mai, le directeur artistique Denis Raisin Dadre intervient sur le «
Requiem d’Anne de Bretagne » et la genèse de ce programme.
Création
Dans le prolongement de son œuvre exposée dans la Basilique de Saint-Denis « Robes royales », Lamyne M.
se voit confier par le Festival de Saint-Denis la création de la robe d’Anne de Bretagne.
En collaboration avec le CMN, la Basilique de Saint-Denis et l’association Franciade, pour le Festival de SaintDenis, l’artiste Lamyne M. dessine la robe d’Anne de Bretagne qu’il confectionne avec les couturières de
l’association Mod’estime qui invitent le public des parcours à visiter l’atelier de couture.
Ce projet bénéficie du soutien de la DRAC Île-de-France, dans le cadre du dispositif « Culture et lien social ».
La robe est mise à l’honneur lors du concert « Requiem d’Anne de Bretagne » et vient compléter l’exposition
prolongée jusqu’au 10 juin 2016.
Avec le soutien de :

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