Les figures de style ou figures de rhétorique

Transcription

Les figures de style ou figures de rhétorique
Méthodologie : Les figures de style (ou figures de rhétorique) et leurs effets
Les figures lexicales
Les figures lexicales fondées sur l’analogie
La comparaison : Elle met en relation deux éléments (le comparé et le comparant) pour en souligner le ou les points
communs par le biais d’un outils de comparaison
Ex. « J’ai des souvenirs précieux comme des diamants » Jules Vallès
Différentes fonctions de la comparaison :
- Fonction évaluative (jugement valorisant ou dévalorisant) en provoquant l’admiration, le rejet ou l’amusement
- Fonction poétique : la comparaison fait naître chez le lecteur un autre univers merveilleux ou fantastique
- Fonction explicative : Elle sert à faire comprendre une réalité, un fonctionnement.Elle rend concrète une idée
restée trop abstraite.
La métaphore : Comme la comparaison, elle met en relation deux éléments mais sans outil de comparaison. Le
lecteur perçoit la ressemblance par un effort d’interprétation.
Ex. « Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux » Baudelaire
Dans la métaphore directe, le comparé ou le comparent est absent :
Ex. « Un bébé dans un landau émet un bref piaillement » Perec (absence du comparant : l’oiseau)
Différentes fonctions de la métaphore : Elle a les mêmes fonctions que la comparaison.
La métaphore filée : C’est une métaphore qui se poursuit sur plusieurs lignes tout au long d’un paragraphe, d’un
poème ou d’une strophe. Elle commence par une métaphore initiale et se poursuit par d’autres métaphores,
comparaisons ou mots isolés qui renvoient au même thème.
Ex. « C’est un sommelier de films. Il les projette comme on déguste un bon vin. Il va les chercher dans sa cave, les
débouche avec précaution. En quelques phrases, il détaille la subtilité des arômes avec la jubilation d’un
amateur au goût sûr. (article de Télérama).
Fonction de la métaphore filée : Elle donne surtout de l’unité au texte
La personnification : La personnification est une métaphore qui utilise des mots qui transforment un animal, un objet
ou un élément naturel en un être humain
Ex. « Une cafetière se jeta en bas d’une table où elle était posée, et se dirigea clopin-clopant, vers son foyer.. »
Théophile Gautier
A l’inverse, le procédé de zoomorphisme consiste à transformer un être humain en animal
Ex. « Vautrin rugit si bien qu’il arracha des cris de terreur à tous les pensionnaires » Balzac
Fonction de la personnification : donner plus de force dans la représentation de l’animal, de l’objet…(ou de la personne
présentée).
L’allégorie (f) : L’allégorie est une figure de style qui rend concrète une idée abstraite. Proche de la personnification,
elle lui ajoute une dimension symbolique.
Ex. « Je vis cette faucheuse.. Elle était dans son champ.
Elle allait à grands pas moissonnant et fauchant » Hugo. L’allégorie de la mort est représentée ici par une
femme en train de faucher (+ métaphore filée)
Fonctions de l’allégorie : Mise en scène d’idées ou d’abstractions – forte puissance représentative
La prosopopée : Procédé qui consiste à faire parler un mort, un absent, un dieu ou un être surnaturel.
Ex. « Tout à coup des accents inconnus de la terre /
Du rivage charmé, frappèrent les échos :
Le flot attentif, et la voix qui m’est chère
Laissa tomber ces mots :
« O temps suspends ton vol ! et vous, heures propices,
Suspendez votre cours ! » … » Lamartine
Fonctions de la prosopopée : Elle permet d’invoquer un disparu, de le glorifier. Elle sert le plus souvent à prendre à
témoin un disparu pour adresser une invective à un vivant.
Les figures lexicales fondées sur l’opposition
L’antithèse : Elle consiste à opposer deux mots, deux expressions ou deux notions contraires dans une même phrase
ou dans des phrases voisines. Elle est la figure de prédilection de Victor Hugo !
Ex. « Paris est tout petit, c’est là sa vraie grandeur » Prévert
Fonctions de l’antithèse : Mettre en évidence un conflit. Exprimer le caractère conflictuel, paradoxal voire monstrueux
d’une situation. Ce procédé cherche à attirer l’attention du lecteur.
L’oxymore (m) : Il rapproche côte à côte deux termes de sens opposé à l’intérieur d’une même phrase.
Ex. « Elle se hâte avec lenteur » (La Fontaine)
« Cette obscure clarté qui tombe des étoiles » (Corneille)
Fonctions de l’oxymore :
Cherche à créer une réalité inattendue. Permet une mise en relief
L’antiphrase : Elle consiste à dire le contraire de ce que l’on pense tout en laissant entendre la vérité.
Ex. « La société serait bien mal faite si l’argent allait au talent, si les honneurs allaient au mérite, les places à la
capacité » (Alexandre Vialatte)
Fonctions de l’antiphrase : L’antiphrase permet de critiquer un fait, une situation avec ironie
Le paradoxe : Il consiste à présenter un jugement ou un raisonnement contraire à ce que voudrait la logique ou les
idées courantes.
Ex. « Monsieur le baron était un des plus puissants seigneurs de la Westphalie, car son château avait une
porte et des fenêtres » Voltaire
Les figures lexicales fondées sur la substitution
La métonymie : Elle consiste à désigner une chose par un terme proche de la chose parce qu’il entretient avec elle
une relation logique facilement identifiable.
Elle peut désigner :
Le contenant pour le contenu : Ex. « boire un verre »
L’instrument pour celui qui l’emploie : Ex. « une fine lame » (pour désigner un escrimeur habile)
Le lieu pour la chose : Ex. « Un bon Bordeaux »
Fonctions de la métonymie : Elle permet une désignation imagée, un raccourci d’expression et donne une vision plus
frappante.
La synecdoque :Elle emploie, pour parler d’un être ou d’un objet, un mot désignant une partie de cet être ou de cet
objet ou la matière dont il est fait
Ex. « Avoir un toit » pour désigner un logis.
Fonctions de la synecdoque : La synecdoque, en donnant une vision fragmentée de la réalité, frappe et surprend par sa
forme concentrée. Elle concourt à donner plus de réalisme.
La périphrase : Elle remplace un mot par une expression équivalente et exprime les qualités de la réalité désignée
sans la nommer.
Ex. « Et le char vaporeux de la reine des ombres » (la lune) Lamartine
L’auteur de la Comédie Humaine = Balzac
Fonctions de la périphrase : Elle attire l’attention sur une qualité et permet d’éviter une répétition. Elle peut-être
ironique.
Les figures lexicales fondées sur l’amplification ou l’atténuation
L’hyperbole (f) : Elle emploie des termes trop forts ou exagérés dans le but de frapper l’imagination.
Ex. « Tant de millions de peuples passés au fil de l’épée » Montaigne
Fonctions de l’hyperbole : Elle met en valeur ce qu’elle désigne. Elle est caractéristique du langage familier et du
registre épique. Elle peut traduire une émotion forte ou un désir de se moquer par l’ironie.
L’euphémisme (m) : Il cherche à atténuer le sens d’un mot en employant à sa place un autre mot ou une autre
expression moins déplaisante ou moins choquante.
Ex. …nous, nous allons,
Et tôt serons étendus sur la lame » Ronsard (allusion à la mort)
Fonctions de l’euphémisme : Dissimulation d’une idée brutale ou jugée inconvenante.
La litote : Elle consiste à dire le moins pour suggérer le plus. Elle se distingue le plus souvent par la formulation du
contraire à la forme négative
Ex. « Va, je ne te hais point » Corneille (= je t’aime)
Fonctions de la litote : En cherchant à atténuer, la litote renforce paradoxalement ce que l’on a voulu dire. Elle permet
de dire beaucoup plus que les circonstances ne le permettent
Les figures syntaxiques
Les figures syntaxiques fondées sur l’accumulation ou l’insistance
Le parallélisme : C’est l’emploi répété d’une même structure de phrase.
Ex. « Il n’avait pas de fange dans l’eau de son moulin
Il n’avait pas d’enfer dans le feu de sa forge » v. Hugo
Fonctions du parallélisme : Effet d’insistance, mise en relief d’une similitude ou d’une divergence.
L’énumération : Elle permet d’énoncer successivement les parties d’un tout et de dresser des inventaires. Son
contenu est hétérogène.
Ex. »[… divers instruments […] pièges à anguilles, casiers à homards, cannes à pêche, hachette, balance
romaine, meule… »
Fonctions de l’énumération : Création d’un univers propre au narrateur dans lequel le lecteur est invité à entrer –
Création d’une impression de foisonnement.
L’accumulation : On ajoute des termes de même nature ou de même fonction qui développent l’idée principale par
touches successives. L’accumulation recherche l’exhaustivité. Elle est homogène.
Ex. « …et là se fait entendre un perpétuel piétinement, mugissement, beuglement, bêlement, mâchonnement,
broutement des moutons et des porcs » Joyce
Fonctions de l’accumulation : Fonctions à peu près équivalentes à celles de l’énumération
La gradation : C’est une accumulation dans laquelle la succession des termes se fait dans un ordre d’intensité
croissante ou décroissante
Ex. « Je me meurs, je suis mort, je suis enterré » Molière
Fonctions de la gradation : Recherche de dramatisation et d’amplification
La répétition : Elle utilise plusieurs fois les mêmes termes dans une phrase ou dans des phrases voisines.
Ex. « On dirait des lanciers, mais des lanciers tout noirs » Darien
Fonctions de la répétition : Elle permet d’exprimer avec force un sentiment (amour, haine, peur…) ou cherche à
convaincre. Elle crée un effet d’amplification comique ou tragique.
L’anaphore (f) : C’est une répétition insistante en début de phrase, de paragraphe, de vers ou de coupe. Si la
répétition est à la fin, il s’agit d’une épiphore
Ex. « Adieu la Cour, adieu les dames,
Adieu les filles et les femmes » Marot
Fonctions de l’anaphore : Elle donne un rythme cadencé qui renforce l’impression de lyrisme, de tragique ou de
comique – Elle crée un effet d’écho – Elle peut traduire une obsession – Elle peut être persuasive.
La redondance : Procédé qui consiste à répéter la même idée sous d’autres formes.(Le pléonasme : Il est une des
manifestations de la redondance)
Ex.Lucullus ne faisait compte de toutes ces plaintes et doléances » Amiot
Fonctions de la redondance (ou du pléonasme) : Ajouter une nuance à l’idée exprimée – Donner un certaine rythme à
la phrase.
Les figures syntaxiques fondées sur l’association ou l’opposition
Le chiasme : Construction croisée qui consiste à reproduire les mêmes éléments lexicaux et syntaxiques sur la
structure ABBAafin de créer un effet de miroir
Ex. « Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger » Molière
A
B
B
A
Fonctions du chiasme : Mettre en valeur d’un parallélisme ou d’une opposition. Apporter une vision synthétique de
deux réalités contraires.
L’asyndète (f) : Elle désigne l’absence de coordination ou de subordination.
Ex. Toute la petite société entra dans ce louable dessein ; chacun se mit à exercer ses talents : la petite terre
rapporta beaucoup » Voltaire
Fonctions de l’asyndète : Elle cherche à établir une distance, à créer de l’implicite ou un effet de dramatisation.
(Voir, en complément, Les pratiques du français p.320-321)

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