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1005 1010 1 0 1 51 0 1 0 7 1 0 1 0 1 0 2 01 0 2 5 1015 1025 1020 1010 1012 1015 1010 1005 1020 1000 1025 1020 1020 1020 LA MISSION DE RECHERCHE Appelez à Météo-France développe des activités de recherche en appui de l’ensemble de ses missions. Outre la thématique du climat traitée au chapitre précédent, les objectifs sont d’améliorer la prévision du temps par le développement d’outils numériques de pointe et de faire progresser les connaissances sur l’atmosphère, l’océan, les sols et le manteau neigeux, grâce à des moyens expérimentaux et de simulation numérique diversifiés. Plusieurs résultats d’importance ont été obtenus cette année. Ils ont fait l’objet d’une centaine de publications scientifiques dans des revues à comités de lecture et ont conduit à la mise en place de nouveaux outils opérationnels permettant à Météo-France de se maintenir parmi les services météorologiques d’excellence. La qualité de la coopération menée avec le CNRS et les universités pour conduire une partie de ces travaux est largement reconnue. L’unité de recherche associée au CNRS, le Game (Groupe d’étude de l’atmosphère météorologique), a été renouvelée début 2009 après une évaluation par l'Agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (Aeres), qui lui attribuait l’évaluation maximale A+. 10 7 1 0 1 0 1 0 2 01 0 2 5 1015 1025 1020 1010 1012 1015 1010 80 1025 1005 1020 1000 LA MISSION DE RECHERCHE 1020 1020 Appelez à LE DÉVELOPPEMENT DES SYSTÈMES DE PRÉVISION NUMÉRIQUE • Préparation d’une nouvelle version du modèle global Arpège • Vers une meilleure prévision des phénomènes locaux et des précipitations • Un modèle à haute résolution pour les départements et territoires d’outre-mer P lusieurs évolutions notables des systèmes utilisés pour la prévision opérationnelle ont été préparées pendant l’année 2009, tirant largement parti de l’arrivée du calculateur NEC SX-9 et de l’augmentation de puissance de calcul. L’ensemble des applications existantes a été porté sur ce nouveau calculateur et optimisé. Préparation d’une nouvelle version du modèle global Arpège Une version du modèle Arpège, atteignant une résolution horizontale de 11 km sur toute l’Europe et le proche Atlantique, a été développée pour une mise en service opérationnel au début de 2010. Cette modification fera d’Arpège le seul modèle global atteignant sans discontinuité une telle précision sur l’Europe. La résolution verticale a été augmentée pour atteindre 75 niveaux et mieux représenter la basse stratosphère, un domaine d’intérêt particulier pour la formation des tempêtes et pour les usagers aéronautiques. Une amélioration des équations permet aussi de mieux représenter la turbulence et les nuages. Enfin, le jeu d’observations pris en compte pour initialiser le modèle est largement augmenté. Ainsi, le nouveau système intègre globalement quatre fois plus de données collectées par les satellites météorologiques. Grâce aux avancées dans la connaissance de l’émissivité des surfaces, il utilise, pour la première fois, des radiances mesurées dans la gamme des microondes (instruments AMSU-B) sur les surfaces terrestres. Cela conduit à mieux décrire l’humidité des basses couches de l’atmosphère et à améliorer la prévision de la pluie. Des progrès importants ont aussi été réalisés dans l’utilisation de l’instrument Iasi, premier sondeur infrarouge opérationnel à haute résolution spectrale développé par le Centre national d'études spatiales (Cnes) et embarqué sur la plate-forme Metop d’Eumetsat. Neuf canaux supplémentaires donnant de l’information sur la vapeur d’eau sont maintenant exploités, tant sur les surfaces marines que continentales. Enfin, les observations des instruments Amsu-A et Hirs du satellite NOAA-19 seront très prochainement assimilées. Pour prendre en compte ces nouvelles données, le système d’assimilation a été complètement revu. Sa résolution spatiale a été augmentée. Une meilleure évaluation des erreurs de l’ébauche et de leurs corrélations (déduites d’un ensemble de prévisions à courte échéance) permet d’améliorer la prise en compte des informations contenues dans les observations. Cet aspect, qui représente une des originalités notables des systèmes 81 exploités à Météo-France, est maintenant à l’étude dans d’autres centres de prévision numérique. Vers une meilleure prévision des phénomènes locaux et des précipitations Parallèlement, une nouvelle version du modèle Arome a été préparée et sera mise en service opérationnel au début de 2010. La grille verticale de calcul passe ainsi de 41 à 60 niveaux et permet une meilleure représentation des très basses couches de l’atmosphère. Une modification des équations améliore l’estimation des rafales de vent maximal au sol et la représentation de nombreux phénomènes comme les nuages de type stratocumulus, les thermiques de basses couches ou la vitesse de chute des gouttelettes d’eau dans les brouillards. Comme pour Arpège, le jeu de donnés utilisé pour initialiser le modèle est considérablement enrichi. Le principal développement est l’assimilation, pour la première fois, des réflectivités mesurées par tous les radars météorologiques du réseau Aramis. Ces données s’ajouteront aux mesures de vent doppler déjà utilisées et apporteront au modèle une information précise sur l’humidité et la présence ou l’absence de pluie. Le résultat attendu est notamment une prévision plus précise de la localisation et de l’intensité des précipitations provoquées par les orages. Une autre évolution notable du système de prévision numérique est le couplage direct du système Arome au système Arpège. Cette modification améliore la qualité des résultats. Elle permet aussi de les mettre plus rapidement à disposition des prévisionnistes et d’accélérer la production. Elle entrera en service au même moment que les développements décrits plus haut. Parmi les autres améliorations envisagées au cours de l’année 2010, on peut mentionner NOMBRE DE PUBLICATIONS DANS DES REVUES SCIENTIFIQUES DE RANG A* Nombre de publications 2005 2006 2007 2008 2009 72 93 93 110 135 * Il s’agit des revues scientifiques à comités de lecture qui se situent au meilleur niveau international. Source : ISI Web of sience. Résolution horizontale d'Arpège : les isolignes indiquent la résolution horizontale en chaque région du globe. À titre d'exemple, elle atteint 10 km en France et 50 km en l'Australie. 10 7 1 0 1 0 1 0 2 01 0 2 5 1015 1025 1020 1010 1012 1015 1010 82 1025 1005 1020 1000 LA MISSION DE RECHERCHE 1020 1020 Appelez à Précipitations cumulées sur 3 heures (en mm), prévues le 16 septembre 2009 à 6 h UTC par des prévisions à 6 heures d’échéance du modèle Arome opérationnel (gauche), Arome en nouvelle version pré-opérationnelle fin 2009 (milieu) et estimation par les radars sur la métropole (droite). La nouvelle version d’Arome fait mieux à la fois qu’Arpège et que l’ancienne version d’Arome, en délimitant mieux les zones de fortes précipitations, par exemple sur la Côte d’Azur. en particulier l’extension du domaine de simulation d’Arome à une plus grande partie de l’Europe, la poursuite de l’enrichissement de la physique de tous les modèles, et l’utilisation d’observations par satellite supplémentaires. Une étude portant sur le potentiel d’Arome pour la prévision immédiate a été engagée et un démonstrateur est en cours de développement pour les besoins aéronautiques. Il est fondé sur un cycle d’assimilation des observations renouvelé toutes les deux heures et sur des prévisions courtes (2 à 6 heures). Enfin, une version à très haute résolution d’Arome (500 m) est actuellement en phase de test. Elle sera déployée sur des régions présentant des enjeux socio-économiques importants tels que les grandes zones urbaines ou les grandes plates-formes aéroportuaires. Le modèle Aladin-France a bénéficié de l’ensemble des améliorations du système Arpège. Il voit ainsi sa résolution sur l’Europe portée à 7,5 km et sa grille verticale s’enrichir de niveaux supplémentaires. Une partie de la production sera encore fondée sur Aladin-France en 2010, mais l’avenir de ce modèle fera alors l’objet d’une évaluation. Le développement du système Aladin sera cependant poursuivi, en collaboration avec nos partenaires du consortium Aladin, pour une exploitation sur les départements et territoires d’outremer, ainsi que dans des configurations projetables sur toute partie du globe pour des besoins d’assistance, de recherche, ou pour la mission de défense. Un modèle à haute résolution pour les départements et territoires d’outre-mer Le modèle Aladin-Réunion, mis en place à la Réunion pour la prévision des cyclones tropicaux, a enregistré plusieurs améliorations. Sa résolution a été portée à 8 km et son domaine d’intégration couvrira désormais presque toute la zone de responsabilité cyclonique de Météo-France. 83 Assimilation des réflectivités radars dans Arome Les réflectivités mesurées par les 24 radars du réseau Aramis sont maintenant assimilées dans le modèle Arome. On obtient ainsi une meilleure description qualitative et quantitative des zones de précipitations grâce à un excellent échantillonnage vertical de l’atmosphère. La méthode utilisée inverse au préalable les réflectivités Fig. 1 – Comparaison des analyses d’humidité relative réalisées avec ou sans radar en profils verticaux assimilation des réflectivités radar. On remarque sur la coupe verticale (à gauche) que dans certaines parties, les différences peuvent atteindre 60%. Cette coupe verticale d'humidité relative, qui sont est matérialisée sur l’image composite radar (à droite) par une ligne tiretée noire. alors fournis à l’assimilation. Selon le cas, elle peut alors créer des précipitations dans le modèle ou au contraire l’assécher. La figure 1 montre l'impact de l’assimilation de réflectivités d’altitude (pluie n’atteignant pas le sol) sur une analyse d’humidité. On constate une propagation de l’information cohérente avec les échelles spatiales observées. L’influence des réflectivités a été évaluée de façon systématique depuis la fin de l'année 2008. La figure 2 montre les résultats obtenus lors d’une série de prévisions réalisées avec (REFL) ou sans (CTRL) assimilation des réflectivités. Une amélioration des scores de prévision d’autres paramètres du modèle, comme le vent a également été constatée. Les cumuls de précipitations sont calculés sur 6 heures. Les résultats des prévisions réalisées avec 3 à 9 heures d’échéance, du 15 avril au 23 avril 2009, sont comparés aux données des pluviomètres. Les scores – de haut en bas : Equitable Threat Score (ETS), probabilité de détection (POD), taux de fausse alarme (FAR) – sont représentés en fonction de l’intensité de la pluie (mm/h). La ligne mince tiretée représente le nombre de réseaux pris en compte dans le calcul de la moyenne, c’est-à-dire pour lesquelles plus de trente observations dépassent la valeur seuil. Fig. 2 – Scores des prévisions de cumuls de précipitations réalisées avec (REFL, ligne tiretée épaisse noire) ou sans (CTRL, ligne continue verte) assimilation des réflectivités radar. 10 7 1 0 1 0 1 0 2 01 0 2 5 1015 1025 1020 1010 1012 1015 1010 84 1025 1005 1020 1000 LA MISSION DE RECHERCHE 1020 1020 LES MOYENS EXPÉRIMENTAUX ET LES CAMPAGNES DE MESURES Appelez à • Les campagnes de mesures aéroportées • L’étude des risques d’avalanche • Le développement des mesures en mer • La préparation des programmes internationaux M L’avion de recherche instrumenté ATR-42 de l’unité mixte de service Safire (Météo-France, CNRS, Insu, Cnes). étéo-France dispose de moyens expérimentaux importants pour accomplir sa mission de recherche, tels que des avions instrumentés pour les études sur l’environnement, des systèmes de sondage atmosphérique par télédétection, une chambre froide pour l’étude de la neige, des veines hydrauliques et des moyens d’investigation à la mer (bouées fixes et dérivantes). Les campagnes de mesures aéroportées L’unité mixte de service Safire (Service des avions français instrumentés pour la recherche en environnement) a pour mission d’exploiter les avions de recherche en environnement ATR-42 et Piper Aztec, en partenariat avec le Centre national de 85 la recherche scientifique (CNRS) et le Centre national d'études spatiales (Cnes). Elle a été renouvelée pour quatre ans au début de 2009. Ses missions ont été étendues, avec la décision du CNRS de lui confier l’exploitation d’un Falcon 20 instrumenté pour la recherche en télédétection. Ce qui porte à trois le nombre des avions exploités. Cette année, les expériences Megapoli et Carols ont particulièrement mobilisé l’Unité : • Megapoli est un projet sur la qualité de l’air des grandes agglomérations, auquel participent aux côtés de Météo-France plusieurs laboratoires français. Il est soutenu par la Commission européenne et l’agence nationale pour la recherche. La campagne de mesure, réalisée avec l’ATR 42 sur la ville de Paris au mois de juillet, a parfaitement rempli sa mission ; • l’expérience Carols a été mise en place pour la validation d’un radiomètre en bande L développé par le Laboratoire atmosphères, milieux, observations spatiales (Latmos) dans le cadre de la mission spatiale Smos (Soil Moisture and Ocean Salinity) du Cnes et de l’Agence spatiale européenne (ASE ou ESA). Cette opération, lancée en novembre 2009, permettra de réaliser des cartes d’humidité des sols et de salinité des océans. Les résultats de la campagne de mesure laissent augurer un déroulement nominal de la phase de calibration et validation du satellite prévue en 2010. De nombreux laboratoires français attendent ces résultats pour disposer d’observations calibrées issues de Smos. Pour sa part, Météo-France les utilisera pour initialiser l’humidité des sols dans ses systèmes de prévision numérique. L’établissement a travaillé sur le projet avec le Cnes depuis l’origine, en opérant pendant plusieurs années les sites de mesures in situ de l’humidité des sols, Smosrex et Smosmania, qui participent aussi à la calibration. L’étude des risques d’avalanche Dans le domaine des études du manteau neigeux, l’année 2009 a vu la remise en service de la grande chambre froide du Centre d’étude de la neige de Grenoble après une longue période de travaux. Cette infrastructure unique offre la possibilité de soumettre des échantillons de neige recueillis en altitude à des scénarios contrôlés d’évolution de la température et de l’humidité de l’air ambiant. Elle permet ainsi d’étudier les métamorphoses des cristaux qui peuvent donner naissance au risque d’avalanche. L’obtention de la précision requise sur les mesures d’humidité a été un véritable défi technique. Machinerie de la chambre froide du Centre d’étude de la neige de Grenoble. Cristal de glace dont l’évolution est contrôlée en chambre froide. 10 7 1 0 1 0 1 0 2 01 0 2 5 1015 1025 1020 1010 1012 1015 1010 86 1025 1005 1020 1000 LA MISSION DE RECHERCHE 1020 1020 Appelez à À gauche : bouée ancrée en Méditerranée, au large de Nice dans les Alpes-Maritimes. À droite : en décembre 2009, carte des trajectoires des bouées dérivantes et position des bouées ancrées dans l’océan Atlantique nord. Le développement des mesures en mer Le Centre de météorologie marine de Brest développe et gère un parc de bouées. Les bouées dérivantes vont du simple flotteur « SVP-B » qui suit les courants de surface et mesure la seule pression atmosphérique, à la « Marisonde GT » qui pèse 100 kg et mesure la pression atmosphérique, le vent, la température de l’air et la température de la mer jusqu'à 300 mètres de profondeur. Ces bouées sont utilisées à la fois pour le maintien de mesures opérationnelles dans l’Atlantique nord et l’océan Indien, et pour des campagnes de recherches internationales. L’instrumentation des bouées ancrées situées en Méditerranée est en cours de renforcement dans le cadre du Service d’observation Moose et pour les besoins de la campagne de mesure internationale Hymex. Développement d’un minicompteur aéroporté de noyaux de condensation nuageuse Une des plus grandes incertitudes dans la compréhension du changement climatique concerne l’impact des aérosols sur la formation des nuages, le forçage radiatif indirect qui en découle, et les processus de formation des précipitations. Pour comprendre ces processus, il est important de pouvoir compter les noyaux de condensation. Ces derniers représentent en effet la fraction des particules en suspension dans l’atmosphère qui servent d’embryons de gouttelettes nuageuses. Une collaboration avec le Scripps Institute of Oceanography de San Diego a permis de miniaturiser une chambre cylindrique à flux continu et à gradient thermique qu’il avait développée en 2005. L’objectif était de permettre son utilisation sur un avion de recherche, sans compromettre ses performances qui ont été vérifiées par calibrage. L’instrument a fonctionné avec succès à bord de l’ATR 42 de Safire pendant la campagne expérimentale Megapoli en juillet 2009. Compteur de noyaux de condensation nuageuse miniaturisé, installé dans l’ATR 42 de Safire durant l’expérience Megapoli. 87 La préparation des programmes internationaux L’établissement est fortement impliqué dans la préparation des programmes Hymex (Hydrological Cycle in the Mediterranean Experiment) et Charmex (Chemistry-Aerosol Mediterranean Experiment), qui porteront respectivement sur le cycle de l’eau et sur le transport des aérosols dans le bassin méditerranéen. Ces programmes s’inscrivent dans un grand « chantier inter-organisme sur l’habitabilité du bassin méditerranéen » et donneront lieu à plusieurs campagnes de mesures à partir de 2012. Des études préparatoires sont réalisées pour définir le plan d’opérations d’Hymex. On envisage en particulier la mise en place d’une version d’Arome, avec assimilation de données, centrée sur le bassin méditerranéen et des simulations de situations réelles ou idéalisées donnant lieu à des épisodes de pluies intenses de type « cévenol ». En collaboration avec le Laboratoire de glaciologie et géophysique de l'environnement (LGGE), le Laboratoire de météorologie dynamique (LMD) et le Cnes, Météo-France joue également un rôle important dans le projet Concordiasi. Son objectif est d’améliorer la compréhension de la dynamique et de la chimie de l’atmosphère et du climat en Antarctique. En 2008 et en 2009, des campagnes de terrain ont permis de réaliser des mesures à la base de Concordia. Elles seront complétées en 2010 par des vols de ballons plafonnant du Cnes, équipés pour lâcher des dropsondes. Météo-France utilise ces données uniques pour analyser l’émissivité de la glace dans diverses longueurs d’onde et améliorer ainsi l’interprétation et l’assimilation des observations de l’instrument satellitaire Iasi sur les surfaces englacées. Pour les besoins du projet, une configuration spéciale d’Arpège a été mise en place avec une résolution maximale centrée sur l’Antarctique. Impact des mégacités sur la pollution atmosphérique à l'échelle régionale : l’expérience Megapoli Le projet Megapoli réunit les principaux groupes de recherche européens, les instruments scientifiques les plus perfectionnés et quelques acteurs clés du tiers-monde pour étudier les interactions entre mégacités, qualité de l’air et climat. En complément des mesures effectuées par l'ATR 42, de nombreux relevés ont été effectués au sol sur des sites fixes ou à partir de trois camions mobiles. Deux jours ont été dédiés à un exercice d'intercomparaison des mesures, les camions étant alors positionnés près de l'avion, sur le tarmac de l'aéroport de PontoiseCormeilles. Dans le cadre de ce projet, l’unité mixte de service Safire a participé à une campagne de mesure intensive en région parisienne au cours du mois de juillet 2009. L’objectif était d’examiner l’évolution de l’aérosol et des interactions gaz-aérosol dans l’écoulement atmosphérique urbain de la ville de Paris. La région parisienne a été choisie pour ces mesures car, depuis de nombreuses années, elle fait l'objet d'un suivi régulier de la qualité de l'air. L’ATR 42 de Safire a réalisé onze vols scientifiques représentant un total de 43 heures pendant la campagne expérimentale. Chaque vol suivait le même scénario : un tour de Paris pour étudier les conditions initiales dans toutes les directions, puis des traversées en râteau en s’éloignant sous le vent de Paris pour étudier l’évolution du panache de pollution. 10 7 1 0 1 0 1 0 2 01 0 2 5 1015 1025 1020 1010 1012 1015 1010 88 1025 1005 1020 1000 LA MISSION DE RECHERCHE 1020 1020 MIEUX COMPRENDRE LES PHÉNOMÈNES MÉTÉOROLOGIQUES Appelez à • La formation des tempêtes • La variabilité de la mousson africaine et son impact sur la qualité des prévisions • L’influence de la température des océans P Schéma conceptuel d'un cycle d'évolution idéalisé d'une structure tourbillonnaire initialement située au sud d'un courant jet zonal : 1°) la structure s'étire selon un angle compris dans la surface grisée. 2°) les deux tourbillons se déplacent vers le nord, par l'effet de la présence du courant jet d'une part et de la variation planétaire du paramètre de Coriolis. 3°) la structure s'éloigne du courant jet. our faire progresser les connaissances et développer de nouveaux concepts, Météo-France s’appuie sur une panoplie d’outils de simulation numérique allant de modèles très idéalisés à des versions spécialisées des modèles opérationnels de prévision. Appliqués à des processus ayant fait l’objet d’observations lors de campagnes expérimentales, ils permettent d’affiner l’interprétation des mécanismes en jeu. Quelques-uns des thèmes abordés en 2009 sont illustrés ici. La formation des tempêtes Les mécanismes de formation des tempêtes qui affectent la France ont suscité de nombreuses études. Les travaux visent surtout à comprendre quels sont les processus clés qu’il faudrait observer et mieux représenter dans les modèles numériques pour améliorer encore la fiabilité des prévisions. Ils ont aussi pour objectif d’évaluer l’influence des changements climatiques futurs sur la fréquence et l’intensité de ces phénomènes destructeurs. Les simulations ont montré qu’une dépression de surface traversant l’axe du courant-jet (ou jet-stream, un flux d’air rapide qui se trouve juste au-dessous de la tropopause), depuis le sud vers le nord, subissait quasi systématiquement une phase de rapide creusement. Les facteurs qui peuvent favoriser cette traversée ont été étudiés. Un fort gradient de tourbillon potentiel de l'environnement et une amplitude marquée de la dépression apparaissent comme des éléments importants. Enfin, le calcul des bilans énergétiques a permis d’expliquer les raisons fondamentales qui conduisent au creusement de la dépression lorsqu'elle traverse le courant-jet zonal. Ces mécanismes ont pu être mis en évidence grâce à une étude systématique des réanalyses globales du CEPMMT, rendue possible par le développement d’outils de décomposition de l’écoulement en structures cohérentes. 89 La variabilité de la mousson africaine et son impact sur la qualité des prévisions L’étude des interactions entre les surfaces continentales et l’atmosphère est un autre thème particulièrement développé en raison de son impact sur la qualité des prévisions et des simulations climatiques. C’est un des volets du programme international Amma qui a été conduit en Afrique de l’Ouest en 2006 pour comprendre la variabilité de la mousson africaine. Météo-France est impliqué dans ce programme et coordonne les activités de modélisation numérique des échanges d’énergie entre les surfaces terrestres du Sahel et l’atmosphère. Dans ce cadre, il développe notamment le projet Almip (Amma Land Model Intercomparison Project). Une douzaine de laboratoires de différents pays ont ainsi effectué des simulations de ces échanges d’énergie sur la période 2002-2007, en utilisant des jeux de données d’observation in situ et par satellite. Les modèles ont été dans l’ensemble en mesure de reproduire des distributions spatio-temporelles d’humidité des sols qui sont compatibles avec les mesures par satellite. Les flux de chaleur entre la surface et l’atmosphère sont également en accord avec les estimations obtenues par agrégation des mesures réalisées pendant la campagne. La réponse de ces flux aux variations d’humidité du sol, tout au long de la saison des pluies, y apparaît comme un paramètre clé. Le résultat de ces simulations est actuellement utilisé comme donnée d’entrée pour des modèles hydrologiques reconstituant le débit de diverses rivières du Sahel. L’objectif est d’estimer le bilan en eau à l’échelle régionale et d’initialiser l’humidité du sol dans les modèles météorologiques. On espère ainsi progresser dans la simulation détaillée des épisodes pluvieux. Poussières soulevées à l’avant d’une ligne de grains à Hombori, au Mali, durant la campagne Amma en 2005. 10 7 1 0 1 0 1 0 2 01 0 2 5 1015 1025 1020 1010 1012 1015 1010 90 1025 1005 1020 1000 LA MISSION DE RECHERCHE 1020 1020 Appelez à Coupe verticale méridienne du champ de densité (couleur) et de courant (flèches) entre les latitudes 10S et 5N, dans les 100 premiers mètres de l’océan. Les courants zonaux de l’équateur (latitude = 0) sont perpendiculaires au plan de coupe. La convergence des courants vers l’équateur restaure à tout instant la courbure du champ de densité et assure le maintien du cisaillement vertical du courant zonal. Le réalisme du souscourant équatorial dépend étroitement de la représentation correcte de cette convergence. L’influence de la température des océans Un autre aspect de l’exploitation de la campagne Amma est l’étude de la Langue d'eau froide (LEF) équatoriale du golfe de Guinée et de son influence sur la mousson africaine. Une étude climatologique a mis en évidence les liens forts existant entre ces deux phénomènes. Elle a ainsi permis d’expliquer une partie de la variabilité interannuelle de la mousson, marquée autant par son intensité que par sa date de déclenchement. Chaque année, de mai à août, au sud de l’équateur, lors du renforcement des alizés de sud-est les températures de surface de la mer chutent de 6 à 8°C : c’est la mise en place de la LEF. Les processus généralement invoqués pour expliquer ce phénomène reposent sur la théorie du pompage d’Ekman ou sur celle de la propagation des ondes de Kelvin le long de l’équateur. Mais ces schémas sont trop simplifiés car ils ne tiennent pas compte des forts courants marins qui existent dans les régions équatoriales : le courant équatorial sud (courant de surface portant à l’ouest) et le sous-courant équatorial (courant de subsurface portant à l’est). Pour interpréter plus finement les mesures de la campagne océanographique Egee, réalisée dans le cadre d’Amma, un nouveau schéma a été développé. Les mouvements verticaux océaniques y sont calculés à partir de l’équilibre géostrophique. Dans ce modèle, lorsque les alizés se renforcent en mai, ils intensifient le courant équatorial sud et accroissent le cisaillement vertical. L’ajustement du champ de pression au nouveau champ de courant s’effectue alors via un mouvement ascendant (upwelling) qui transporte les eaux profondes froides vers la surface. Une illustration de l’ajustement du champ de pression/densité dans un modèle 3D d’océan est présentée sur la figure. Le mouvement ascendant équatorial apparaît donc comme une réponse indirecte de l’océan au vent et non comme une réponse directe au pompage d’Ekman. Il s’agit ici d’une différence majeure dans la compréhension du fonctionnement de la LEF. Ceci suggère en particulier que les biais forts rencontrés dans de nombreux modèles de climat sur l’Atlantique tropical (gradients zonaux de température de surface de la mer inversés à l’équateur, souscourant équatorial absent ou irréaliste, …) peuvent être induits par une mauvaise représentation de ce mécanisme de réajustement. 91 Analyse de l’interaction du cyclone tropical Ivan avec l’océan Les cyclones tropicaux extraient leur énergie de l’océan. Ils se développent le plus souvent en présence d’une température de l’eau supérieure à 26°C sur une profondeur d’au moins 30 mètres. De son côté, ce développement induit un refroidissement de l’océan. L’amélioration des prévisions d’intensité des cyclones passe donc par une meilleure compréhension des mécanismes d’interaction. Cette année, le Lacy (Laboratoire de l’atmosphère et des cyclones, unité mixte de recherche Météo-France /CNRS/Université de la Réunion) a étudié en détails les évolutions du cyclone tropical Ivan, observé dans le sud-ouest de l’océan Indien en 2008. Deux simulations de quatre jours ont été effectuées avec le modèle atmosphérique Méso-NH couplé à En haut : trajectoire du cyclone Ivan entre les deux instants de simulations un modèle de la couche mélangée (t=0 et t=96 h) sur un fond de carte présentant la température initiale de surface de la mer. océanique : la première avec une En bas : évolution de l’intensité d’Ivan (vent maximal à 10m). température de l’océan constante au cours du temps, la seconde en tenant compte de son évolution. On peut remarquer sur la figure que la simulation couplée (tenant compte de l’évolution de température de l’océan) intensifie moins le cyclone que la simulation forcée (température constante). Cette étude guidera la mise en place du couplage entre Aladin-Réunion et un modèle d’océan pour la prévision opérationnelle des cyclones tropicaux.