Réseau Beaujolais maturation : fonctionnement et

Réseau Beaujolais maturation :
fonctionnement et intérêts
Florence HERTAUT, CA69/CDB
Introduction :
Observation de la fleur de lierre, de lys ou de vigne... ou même évolution de la maturité des
cerises : fixer la date des vendanges il y a quelques années donnait lieu à de longs débats, pas
toujours basés sur des fondements très scientifiques. C’est pourquoi la profession a voulu se
doter d’un outil fiable afin de se donner les moyens de ne plus décider à l’aveuglette de la date
du ban et de baser ce choix sur de véritables critères techniques ; c’était il y a vingt ans avec la
création du réseau Beaujolais Maturation .
Organisation du réseau Beaujolais Maturation :
Né du partenariat entre l’UVB, l’UIVB (aujourd’hui Inter Beaujolais), la SICAREX, la SEM
Davor (aujourd’hui Laboratoire 210), l’INAO et le Comité de Développement du Beaujolais,
le réseau Beaujolais Maturation a été créé en 1992 à partir de l’ancien réseau INAO créé en
1947.
Avec 72 communes impliquées, ce sont
environ 200 parcelles de gamay et 30 de
chardonnay qui sont prélevées chaque
année deux fois par semaine du stade 25%
véraison jusqu’aux vendanges.
Degré, Acidité totale, pH sont alors
analysés selon un protocole précis dans les
centres de maturation (caves coopératives
ou cuvages particuliers). Sont également
notés : le nombre de grappes par cep afin
d’estimer le rendement lors du premier
prélèvement, le poids des grappes, le
pourcentage de véraison ainsi que l’état
sanitaire des raisins.
Toutes ces données sont alors saisies sur
Internet dans les centres de maturation puis
récupérées
par
Florence
Hertaut,
conseillère en viticulture œnologie à la
Chambre d’Agriculture du Rhône qui les
analyse et les présente à l’équipe
maturation du 210. Constituée de
responsables
professionnels
et
de
techniciens, cette équipe étudie les
évolutions journalières du poids des
grappes, du degré, de l’acidité totale et du
pH des parcelles regroupées par secteur de
précocité. Ce qui permet de caractériser le
millésime et de fournir des préconisations
de date de récolte, affinées au fur et à
mesures des prélèvements.
Les résultats sont alors mis à disposition
de l’ensemble des viticulteurs sur les sites
Internet syngari.com et beaujolais.com.
Comptage des grappes lors du premier
prélèvement pour l’estimation de rendement
Pressurage
maturation
des
raisins
dans
un
centre
Un réseau complémentaire : le réseau suivi par la SICAREX
En complément du « grand réseau » maturation, 14 parcelles sont suivies par la SICAREX
afin de compléter les résultats par des analyses demandant un équipement particulier : acides
tartrique et malique, potassium, azote ammoniacal, anthocyanes et calcul d’un Indice Couleur.
Cela permet une meilleure connaissance des potentialités de la vendange et une caractérisation
encore plus fine du millésime.
Les apports du réseau Beaujolais Maturation :
1- Un outil de suivi des stades phénologiques de la vigne :
Un réseau de 30 parcelles est suivi chaque année afin de suivre les stades phénologiques de la
vigne et de pouvoir comparer les années entre elles. Les dates de débourrement, début
floraison, fin floraison, fermeture de la grappe et début véraison sont ainsi enregistrées chaque
année pour chacune de ces parcelles.
2- Un outil d’aide à la décision pour guider les viticulteurs du Beaujolais dans le choix
de la date de récolte
Aboutissement de toute une année de travail, la récolte doit être conduite de manière
raisonnée. C’est pourquoi il est essentiel de connaître l’évolution de la maturité de ses
parcelles afin de choisir une date de récolte qui permette de ramasser les raisins au meilleur
moment pour le type de vin à élaborer, de sorte à aboutir à la meilleure expression du potentiel
qualitatif de la vigne. Dans une optique de qualité, c’est donc une maturité optimale que le
viticulteur doit rechercher, avec la meilleure combinaison possible entre les différents
composés de la baie.
Le réseau maturation met à disposition des viticulteurs des outils pour les guider dans leur
choix de dates de récolte. N’oublions cependant pas que ce sont seulement là des repères et
que c’est à chacun de suivre l’évolution de la maturation dans chacune de ses parcelles, ne
serait - ce que pour établir l’ordre de ramassage de ces dernières.
3 - Un outil d’aide à la décision pour défendre la profession
En centralisant des données, le réseau permet de fournir les arguments techniques nécessaires
à la fixation de la date du ban des vendanges, mais aussi d’argumenter une éventuelle
modification du taux de chaptalisation si le besoin se présentait.
4- Un outil de connaissance de la vendange pour adapter les vinifications
En caractérisant la spécificité du millésime de par la connaissance analytique des raisins,
mais aussi de par la dégustation de baies, le réseau maturation permet d’affiner les conseils
pré-vendanges et d’évaluer le volume de récolte. Il s’agit donc d’un outil précieux de
connaissance de la matière première afin d’adapter au mieux le process de vinification aux
particularités du millésime.
Conclusion :
Nombreux sont les facteurs qui interviennent dans la qualité finale d’un vin. Parmi ceux-ci,
le choix d’une date de récolte correspondant à la maturité optimale des baies est essentiel.
Mettant à la disposition des viticulteurs des éléments qui permettent de les guider dans ce
choix, le réseau Beaujolais Maturation est un outil important pour la gestion qualitative du
vignoble. Il n’en reste pas moins que c’est à chaque viticulteur de réaliser ses propres
contrôles de maturité afin de gérer au mieux le potentiel qualitatif de ses parcelles et d’établir
l’ordre de ramassage de celles-ci.