shiraz australien. diversité et classe !

Transcription

shiraz australien. diversité et classe !
Shiraz australien.
Diversité et classe !
Shiraz est devenu le cépage de référence en Australie, même si on le cultive un peu
partout dans le monde et si les Australiens sont également fiers d’autres cépages.
Des grandes noms australiens se sont introduits sur nos marchés avec une image
convaincante en termes de fiabilité, mais qui ne correspond pas toujours au goût du
consommateur.
En fait, les vins australiens élaborés avec du shiraz sont souvent présentés comme
massifs, pleins de fruits et d’alcools, avec une acidité basse, marqués par des notes
épicées provenant du cépage et du chêne américain et par une touche du sucre
résiduel. Ils sont rarement considérés comme élégants ou complexes. Ce sont des
vins qui souffrent à table de leur démesure, pas très adéquate sur des mets raffinés,
mais qui triomphent en dégustation, pour ces mêmes raisons. En tout cas, les grandes maisons australiennes offrent un beau rapport qualité-prix, surtout dans cette
époque de crise.
Mais l’Australie est très complexe d’une part par sa taille, plus importante que l’Europe et par ses variations climatiques et topographiques très importantes entre le
Nord tropical et l’île de Tasmanie, dédiée à produire de vins mousseux d’un style
champenois. Elle offre le potentiel pour la diversité.
Pedro Ballesteros est
Ingénieur Agronome,
Master en Viticulture et
en Oenologie,
Weinakademiker à
Geisenheim et il est un
des trois «Masters of
Wine» qui habitent la
Belgique.
Depuis une quinzaine d’années, grâce au succès des grandes maisons avec leurs vins
iconiques, un nombre croissant des petits producteurs se sont installés dans le haut
de gamme, utilisant comme logique l’argument du terroir plutôt que de la variété.
Ils se sont dédiés à la recherche de la finesse, du caractère unique, plutôt que de la
concentration.
On est au début d’une nouvelle période. Même si la culture de la vigne est déjà très
ancienne en Australie, les Australiens viennent à peine de commencer la recherche
de leurs terroirs, ils deviennent plus petits dans une meilleure tradition historique. Je
pense que la crise de surproduction profitera plus à de petits vignerons qui cherchent
à valoriser leurs terroirs.
Quelques exemples sur cette tendance
Tout d’abord Barossa, la région la plus classique. Les grands Barossa sont la sublimation du concept ‘classique’ du shiraz australien, c’est-à-dire, ils gardent la concentration et l’abondance et rajoutent une complexité remarquable. La trame tannique de
ces vins est fine, et leurs finales très persistantes. Le Basket Press ’05 de Rockford ou
le Run Rig ’06 de Torbreck, ainsi qu’un des vins iconiques de Penfolds, le RWT’08,
sont des exemples types de ce style.
L’Etat de Victoria a des conditions climatiques différentes, que se traduisent dans un
style de shiraz qui, en gardant la concentration de fruit, offre des tannins moins puissants. Ce sont des vins magnifiques pour un bon repas, comme le Mount Langi Ghiran ’05, The Eagle ’05 de Dalwhinnie ou le Georgia’s Paddock ’09 de Jasper Hills.
Et puis, il y a les vins sublimes, ceux qui font partie de mon imaginaire. Ce sont
des vins de personnalité et de terroir, toujours uniques. Je commence avec le Hill
of Grace ’06 de Henschke, un vin subtil et puissant en même temps. Il ne montre
aucun signe de surmaturation et garde un équilibre magnifique.
Astralis ’04 de Clarendon Hills à McLaren Vale est le plus idiosyncratique des vins
australiens. On peut l’aimer ou le haïr, mais il est différent pour tous. Hyper-concentré, baroque dirais-je, il faut un bon quart d’heure pour le déguster, de par sa
complexité. A conseiller pour les dégustations.
La Ciornia ’08 est le style opposé. Des tanins très ronds, suaves mais riches, pas trop
opulents mais longs, c’est le vin idéal pour un bon gigot d’agneau.
Genesis, par Castagna, à Beechworth, Victoria. Leur 2001 et 2008 sont émouvants.
Leur raffinement, leur élégance et leur capacité de vieillir sont incroyables. Je préfère
tout simplement vous recommander de les goûter.
Je finis avec le plus inattendu des grands vins, un vin tout en délicatesse, avec
une couleur peu foncée, des notes minérales au nez et des tannins très fins, c’està-dire, le contraire de ce que l’on peut s’attendre d’un shiraz! Il s’agit du Graveyard
Vineyard’09 de Brokenwood, au Hunter Valley. Un des shiraz les plus raffinés que
j’ai jamais gouté.
Je pense qu’il est temps d’inclure l’Australie dans nos agendas des grands vins. Toutes
les conditions pour la grandeur, sauf la reconnaissance, y sont.
Pedro Ballesteros MW
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