La ZAC de La Source à La Chapelle-sur-Erdre
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La ZAC de La Source à La Chapelle-sur-Erdre
Repères pour le développement durable LA ZAC DE LA SOURCE À LA CHAPELLE-SUR-ERDRE (LOIRE-ATLANTIQUE) vivable ; mixité ; solidarité 1. Présentation La Chapelle-sur-Erdre est une commune résidentielle de la première couronne de l'agglomération nantaise. Elle bénéficie d'espaces naturels de qualité (présence de l'Erdre, de nombreux châteaux et d'espaces boisés) et d'une bonne image de marque. Commune rurale jusqu'en 1960, l'urbanisation sous forme de lotissements ne commence réellement qu'à partir de cette date. La population va alors s'accroître rapidement puisqu'on assiste à un quintuplement du nombre d'habitants. En 1999, la population communale atteint 16.387 habitants. Elle est caractérisée par une surreprésentation des catégories supérieures : cadres et professions intermédiaires formant 41.4 % des actifs, contre une moyenne de 33.4 % dans l'agglomération nantaise. Au niveau des revenus des foyers fiscaux, La Chapelle-sur-Erdre se situe à la troisième place, sur la vingtaine de communes constituant l'agglomération nantaise, parmi les revenus les plus élevés. faire un urbanisme de qualité ; greffer un quartier près du centre ; construire des logements sociaux pour loger en priorité des Chapelains; notamment les jeunes. Pour mener cette politique, les élus lancent successivement la révision du POS, un PLH, une ZAC et une étude sur le logement confiée au CETE de l'Ouest. Le nouveau POS, grâce à une modification des zonages, aboutit à créer une nouvelle zone à urbaniser de 80 hectares proche du centre, à diminuer la superficie des zones urbanisables pour éviter le mitage, à renforcer le centre-bourg (augmentation du COS). Le PLH s'est centré sur l'idée de la mixité sociale. Le logement social ne représente que 4 % du nombre de logements de la commune, le PLH se fixe d'accroître fortement le parc social pour qu'il atteigne 10 à 15 %en 10 ans. Ce chiffre représente un objectif très ambitieux puisqu'il serait nécessaire de construire 600 logements sociaux supplémentaires pour un parc initial de 150. 2. Le contexte Aux élections municipales de 1989, la commune gérée depuis longtemps par une équipe de droite, bascule à gauche. Le constat effectué par la nouvelle municipalité est que la commune a de grands espaces non urbanisés détenus par de grands propriétaires fonciers. Le risque est de voir ces propriétés morcelées puis vendues par lots à de nouveaux accédants, favorisant des demandes de permis de construire. Aussi, la nouvelle municipalité se fixe comme objectifs de : Une production du groupe de travail DGUHC-MAD, CERTU, CETE Février 2003 1 Repères pour le développement durable 3. Les caractéristiques de l’opération La zone ouverte à l'urbanisation couvre 80 hectares. Située à proximité du centre-bourg. cette zone appartenait à un seul propriétaire foncier dont l'exploitant agricole venait de prendre sa retraite. Dès 1992, les procédures d'études et d'autorisation administrative (expropriation, enquête publique) furent entamées sur une première tranche de 30 hectares destinée à devenir la ZAC de La Source. Création de la ZAC Cette ZAC d'initiative publique a donné lieu à un contrat de concession avec la SELA (Société d'Économie Mixte de Loire-Atlantique) permettant à la municipalité de garder un droit de regard sur les principales décisions. Dans un document cosigné par la mairie et la SELA, intitulé "La Source : un nouveau quartier pour une ville verte", il est affirmé : "l'opération du quartier de La Source, près du Plessis, présente trois objectifs essentiels de départ : • La maîtrise de l'urbanisation : la municipalité se donne ainsi les moyens de mieux traiter le coût, pour la collectivité, des voiries, assainissement et autres infrastructures. • Le prix pour les candidats à un logement devrait ainsi être raisonnable. • La diversité de l'habitat : la municipalité entend répondre à la demande des Chapelains qui recherchent : - des terrains libres de construction pour y habiter; - des locatifs, à des prix plus accessibles que ceux proposés actuellement sur le marché ; - l'image verte et la qualité de l'environnement pour tous, en particulier pour les piétons et les cyclistes. 2 Repères pour le développement durable Tous ces atouts feront de La Source le nouveau quartier d'une ville réellement verte. Ce nouveau quartier sera de plus greffé sur le centre-ville, grâce à un réseau continu et diversifié d'infrastructures". Mais une partie de la population ne partage pas les objectifs du projet, notamment les résidents situés à proximité qui ont acheté leur maison en raison du caractère résidentiel de la commune. Plusieurs rumeurs circulent : la Chapelle-sur-Erdre va devenir le déversoir de personnes à problèmes provenant de Nantes, des tours vont être construites. L'opposition exploite les craintes de la population et la Source devient l'enjeu principal des élections de 1995 qui sont toutefois gagnées par la municipalité en place. une "période noire" pour l'opération. La société d'économie mixte connaît des difficultés à commercialiser les logements en raison d'une mauvaise image de la ZAC qui ne se présente pas sous son meilleur jour (chantier en cours, marquage logement social, les premières réalisations sont des immeubles). À partir de 1998, on assiste à la reprise du marché sur l'agglomération, la commercialisation redémarre car le POS a verrouillé les terrains immédiatement urbanisables. Diversité de l'habitat Elle est réelle car parmi les 530 logements construits, on trouve : 203 logements sociaux (dont 40 logements PLA très sociaux), 175 logements sociaux sont en collectifs, 28 en individuel ; des appartements privés en accession et en location ; des maisons groupées ; des lots libres (environ une soixantaine). Si l'on regarde maintenant l'attribution des logements sociaux (1998), on constate que la population accueillie est très majoritairement originaire de La Chapelle-sur-Erdre, jeune (50 % ont moins de 30 ans), ayant des revenus modestes (53 % inférieurs à 1 220 €uros) mais comportant peu de faibles revenus (égaux ou inférieurs au SMIC, 24 %). Cohabitation lots libres-immeubles Réalisation de la ZAC Une fois le programme établi, un concours d'urbanisme est organisé ; l'équipe RICHEUX retenue organise le quartier en combinant mixité de l'habitat avec préservation de l'environnement (respect de la trame paysagère) et raccordement aux secteurs urbanisés environnants. Dès le départ, la commercialisation est ouverte, d'une part au logement social (collectif ou individuel) et d'autre part, au privé. Les opérations du secteur social sont les premières à se concrétiser, les promoteurs privés ont une attitude plus frileuse, souhaitant voir comment allait se développer le quartier avant de s'engager plus avant. La période 96-97 représente Qualité urbaine La ZAC de La Source ne comporte ni activités (bureaux) ni équipements scolaires, ni commerces. Cette opération est donc à vocation unique (habitat), il n'y a pas de mixité des fonctions urbaines. La municipalité n'a en effet pas souhaité implanter des commerces pour ne pas concurrencer ceux du centre-ville proches et réaliser des équipements scolaires car ceux à proximité connaissaient déjà une baisse de leurs effectifs. Toutefois, des équipements de quartiers ont été réalisés (salle de réunion, salle de sports, jardins familiaux …). 3 Repères pour le développement durable L'idée directrice est que le quartier ne vive pas sur lui-même, et de favoriser les échanges avec l'urbanisation alentour. Le plan de masse et l'aménagement de la ZAC de La Source ont pour caractéristiques : une hiérarchisation de la voirie ; un maintien des espaces boisés existants et la création d'une trame verte (10 hectares sur 31 hectares) sont consacrés aux espaces verts ; des traitements des espaces publics de qualité ; un mobilier urbain de conception soignée, la voirie et des trottoirs bien traités ; un mixage des localisations des programmes collectifs / individuels et logements sociaux / accession à la propriété. Par ailleurs, le tracé de la ligne de bus qui dessert le collège à proximité est redessiné et irrigue le cœur de la ZAC. La fréquence des passages de bus est peu élevée : 20 minutes en heures de pointe, 35 minutes en heures creuses. 4. Commentaires Point de vue des acteurs La commercialisation a connu trois périodes : la production rapide de logements sociaux, un temps d'hésitation de la promotion privée, le redémarrage de cette dernière. À cette époque charnière, les promoteurs privés interviewés lors de l'étude habitat avaient fait part de leur point de vue. Pour eux, la commune avait des atouts indéniables en termes d'équipements, d'image, de cadre naturel. Cependant, ils formulaient plusieurs critiques : la ZAC était perçue comme trop dense (les immeubles étaient localisés sur une butte et donc très lisibles) ; l'architecture de certains bâtiments était en rupture avec les lotissements alentours ; à l'époque, le plan de masse leur semblait peu lisible. Immeubles de logements sociaux de la SAMO, Rue du Plessis Aux dires des interlocuteurs, une forme urbaine plus neutre aurait été mieux perçue. Une production moins massive de logements sociaux dans la première phase aurait évité une réaction négative des promoteurs. Depuis cette époque, la profession a changé d'avis puisque selon un élu "la ZAC a été plébiscitée, les professionnels se sont battus pour les derniers lots". Il n'en demeure pas moins que les réticences des professionnels dans un contexte moins tendu auraient pu être plus dommageables. Dans l'ensemble, les habitants rencontrés sont satisfaits de résider dans ce quartier. On relève une quasi-unanimité pour considérer que la ZAC est bien positionnée par rapport aux équipements et aux commerces, que la diversité de l'habitat ne pose pas de problèmes particuliers. En revanche, on relève quelques critiques de la part des propriétaires de pavillons, notamment sur la hauteur et la forme des collectifs. La vie sociale dans le quartier s'organise surtout autour du voisinage immédiat. La ZAC est maintenant totalement commercialisée, les derniers logements seront livrés en 2003. Les élus et les opérateurs dressent un bilan positif sur les résultats de cette opération et se félicitent que la "ville plurielle, dont nous nous réclamons, n'est pas un simple slogan". 4 Repères pour le développement durable La commune compte d'ailleurs poursuivre en ce sens puisqu'elle vient de lancer une nouvelle ZAC dite "Les Perrières" au Nord de La Source. Elle porte sur 60 hectares et le projet d'aménagement s'inspire des mêmes ingrédients qui ont fait le succès de la ZAC de la Source, tenant compte des enseignements tirés de l'expérience précédente, à savoir étaler dans le temps la construction des logements sociaux ; anticiper les équipements publics à réaliser; rester vigilant sur l'équilibre financier de l'opération ; réfléchir sur la possibilité de construire des logements intermédiaires ; accentuer les actions concernant l'environnement par le traitement des eaux pluviales en fossé, par l'introduction de contraintes quant aux matériaux et au type d'énergie utilisés lors de la production de logements ; adopter une forme urbaine moins rigide et plus banalisée. Le profil développement durable de la ZAC 5. Pour en savoir plus Rédacteur de la fiche : Alain LAPLANCHE, CETE Ouest, Tél. 02.40.12.84.66 Fax 02.40.12.84.44 [email protected] Des aménagements urbains de qualité 5