DCNS Research n°2 03.03.2015 DCNS
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DCNS Research n°2 03.03.2015 DCNS
PER FO ET D RMAN YNA CES MIQ NA UE UTIQ PRO DES U DU PLA ES CTI TEF VIT OR É ET ME COM SM DES ARI PÉT NES PRO ITIV CÉD ITÉ OPT ÉS I IMI ND SAT UST ION RI E ÉNE LS RG É TIQ TEN UE UE D E INT SS TRU ELL CTU IGE RES NC EE EN MB SER VIC AR QU E ÉE MA ÎTR ISE DE L’IN FO RM DIS AT CR IO ÉT N ET IO IN N, F TÉ GR URT AT IVI IO TÉ ND ’AN TE NN ES RESEARCH Les avancées scientifiques et technologiques de DCNS n° 2 SOMMAIRE 04_ ÉDITO 06_ AVANT-PROPOS 08_ ACTUALITÉS 11_ PERFORMANCES NAUTIQUES ET DYNAMIQUE DES PLATEFORMES MARINES Virtual Ship : conception intégrée de navire en phase avant-projet MAX : maquette autonome et générique pour l’étude de la manœuvrabilité des sous-marins 17_TENUE DES STRUCTURES EN SERVICE Modélisation des transmissions mécaniques de propulsion Systèmes antennaires en matériaux composites Matériaux composites multifonctionnels pour applications navales militaires EN COUVERTURE : image de synthèse représentant des fibres optiques. 25_OPTIMISATION ÉNERGÉTIQUE Exploitation optimisée de navires : simulations et optimisations 29_INTELLIGENCE EMBARQUÉE Architecture d’un système de guidage pour véhicules autonomes 33_MAÎTRISE DE L’INFORMATION De nouvelles solutions dans les traitements d’association de données Poursuite de cibles manœuvrantes en 3D Innovation et facteurs humains 43_DISCRÉTION, FURTIVITÉ ET INTÉGRATION D’ANTENNES Rayonnement vibroacoustique de plaques en régime transitoire 47_PRODUCTIVITÉ ET COMPÉTITIVITÉ DES PROCÉDÉS INDUSTRIELS Évaluation du Friction Stir Welding (FSW) sur les aciers à haute limite élastique utilisés en construction Le développement du Time of Flight Diffraction (TOFD) à DCNS Biofi lms et corrosion d’alliages inoxydables en eau de mer Ingénierie numérique et usine digitale 60_NOS COMMUNICATIONS SCIENTIFIQUES RESEARCH_2. La revue scientifique et technologique de DCNS. Directeur de publication : Gilles LANGLOIS _Comité éditorial : Christian AUDOLY, Julien BÉNABÈS, Alain BOVIS, Charles-Édouard CADY, Christelle CAPLAT, Myriam CHARGY, Chantal COMPERE, François CORTIAL, Valérie DEBOUT, Romain FARGERE, Denis GAGNEUX, Christophe GAUFRETON, Jean-François GHIGLIONE, Zakoua GUEDE, Hervé GUEUNE, François JOREZ, Dann LANEUVILLE, Thomas LEISSING, Chantal MAÏS, Émilie MALARD, Olivier MARCEAU, Denis MARTIGNY, Patrick PARNEIX, Mathieu PRISER, Benoît RAFINE, Jérémie RAYMOND, Patrick RECOLIN, Ygaäl RENOU, Guillaume RÜCKERT, _Crédits Roch SCHERRER, Daniel VANDERPOOTEN, Jean-Michel VANPEPERSTRAETE _Conception et réalisation : photo : DCNS – tous droits réservés. RESEARCH_2 03 ÉDITO « L’accélération de la compétition mondiale, tant dans le domaine naval que dans le secteur des énergies marines renouvelables, nécessite de développer de nouvelles méthodes de conception et de production. » Gilles Langlois, Directeur de DCNS Research DCNS Research s’inscrit dans une dynamique de ficativement les capacités opérationnelles des navires croissance du Groupe, sa contribution permettra de de DCNS, nous réalisons également régulièrement des relever les défis les plus audacieux du domaine naval, protocoles d’essais innovants pour l’aéronautique. des énergies et de la valorisation durable des océans. Pour accélérer le développement international du DCNS Research associe des chercheurs de renommée Groupe, DCNS Research pratique l’innovation sous internationale, des experts ayant l’expérience de pro- toutes ses formes : grammes complexes et des ingénieurs ayant à cœur 1 • technologique : nous vous en offrons la lecture de d’identifier les tendances émergentes auprès des clients quelques exemples dans notre édition n° 2 de la revue de DCNS. DCNS Research ; 2 • marketing : nos experts travaillent en permanence 04 Associant des domaines d’excellence aussi variés que la sur le « positionnement marché » de nos innovations ; corrosion, les matériaux, l’acoustique, les algorithmes, 3 • concepts d’emplois : nos équipes travaillent à sans oublier l’hydrodynamique, les contributions de l’exploration de nouvelles briques technologiques qui DCNS Research sont très variées pour le groupe DCNS : comme les drones révolutionneront le champ des opé- de l’expertise sur des sous-marins en service au déve- rations militaires ou de l’exploitation des océans dans loppement de technologies permettant d’accroître signi- les années à venir ; RESEARCH_2 ÉDITO 4 • processus : par l’open innovation et la recherche (Nantes/Bouguenais). Au-delà de son investissement collaborative, les partenariats internationaux, et fi nancier dans ce projet, la région Pays de la Loire est par l’intégration depuis 2008 d’une véritable PME, maître d’œuvre du projet architectural de 16 000 m 2 SIREHNA®, au sein du Groupe. de bureaux et de laboratoires. La plateforme réunira des espaces communs, tertiaires et ateliers dédiés aux Fer de lance de la R&T du groupe DCNS, grâce à projets et moyens collaboratifs ainsi que des locaux l’alliance de l’expertise, de la recherche et de la modé- privatifs, loués par des entreprises et des académiques ; lisation, DCNS Research contribue à la vision et au ce lieu sera une véritable vitrine scientifique, un formi- développement du Groupe, c’est un vecteur de crois- dable vecteur de la capacité d’innovation du territoire. sance internationale pour le groupe DCNS, notamment Les activités liées à l’information, applicables aux sys- par ses projets de coopération avec des centres de tèmes embarqués et aux réseaux de surveillance et de recherche en France, en Europe et dans le monde. sécurité maritime seront regroupées au technopôle de la mer à Ollioules (Sud-Est). L’accélération de la compétition mondiale, tant dans le domaine naval que dans le secteur des énergies Le monde accélère, accélérons ! marines renouvelables, nécessite, comme l’a souli- Pour conclure, je veux souligner que la valorisation des gné dans sa feuille de route le CORICAN (Conseil innovations sur des marchés émergents et le dévelop- d’Orientation de la Recherche et de l’Innovation pour pement des partenariats industriels et académiques la Construction et les Activités Navales), de développer permettent de constater que les résultats et travaux de nouvelles méthodes de conception et de production de DCNS Research procurent un avantage compétitif, destinées à accroître la compétitivité de ce secteur la satisfaction des clients mais également un véritable industriel. DCNS Research est fortement impliqué dans « booster » de carrière pour nos salariés. le développement du cadre collaboratif, en particulier avec l’IRT Jules Verne, l’IRT SystemX, le groupe de Je vous souhaite une excellente lecture pour la seconde recherche sur l’usine du futur, des Pôles de compéti- édition du magazine RESEARCH. tivité comme EMC2, des partenaires académiques et industriels de tous secteurs d’activités. Les travaux de recherche de la fi lière navale – énergie portent sur les procédés de conception et de fabrication des structures métalliques, sur le comportement de ces structures en environnement marin (tenue à la mer, aux chocs, corrosion…). La recherche-développement et l’innovation du Groupe s’organise sur le territoire français Dans quelques mois, les activités de DCNS Research à Nantes seront regroupées au Technocampus Océan RESEARCH_2 05 AVANT-PROPOS Le projet Océanides Claudie Haigneré, Présidente d’Universcience Les océans ont toujours été, à travers l’histoire, sources services. Recherche collaborative et innovation ouverte de puissance et de prospérité pour l’humanité. C’est ce permettent d’amplifier le foisonnement des idées et d’accé- que se propose d’étudier et d’illustrer le projet Océanides. lérer l’émergence de nouvelles technologies. Parrainé par le ministre de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, le projet Mais il y a également des enjeux humains considérables. Océanides est réalisé, à l’initiative de DCNS, en partena- L’un de ces enjeux est dans l’éducation et la formation. riat avec une vingtaine d’entreprises, des collectivités ter- Notre monde change tous les jours, notre temps est rem- ritoriales, des grandes écoles, des instituts de recherche, pli d’incertitudes et, petit à petit, certains citoyens se des fédérations professionnelles et le soutien actif du retrouvent en marge de cette société de la connaissance. cluster maritime français. Par ailleurs, nous devons préparer nos jeunes à maîtriser, demain à inventer, cette technologie mouvante. Comment La valorisation des océans et la protection des ressources transmettre au plus grand nombre non seulement des marines restent encore aujourd’hui des domaines pleins connaissances solides mais surtout la soif de comprendre, de promesses pour l’avenir et de débouchés nouveaux pour l’appétit d’apprendre et la fièvre de créer ? Il faut désormais nos industries. Cependant, la croissance et la reconquête inventer, dans la société comme dans l’entreprise, de nou- industrielle dont notre pays a besoin, dans un environ- velles formes de communication, plus interactives, plus nement mondialisé où la ressource la plus précieuse est participatives et plus créatives, remettre de la passion dans la connaissance, nécessitent un effort accru dans les les métiers de l’industrie, réincarner la technique. domaines de la recherche et de l’innovation. Je salue l’initiative de DCNS de diffuser les derniers résul- 06 Il y a, sous-tendant cet effort, des enjeux scientifiques et tats de sa recherche technologique. Beaucoup de ces tra- techniques. Industrie, laboratoires publics, écoles et univer- vaux sont portés par de brillants doctorants. Je souhaite sités doivent collaborer pour inventer, innover, développer qu’ils contribuent à mobiliser encore davantage de jeunes de nouveaux concepts, de nouveaux produits, de nouveaux aux beaux métiers de la mer. RESEARCH_2 AVANT-PROPOS RESEARCH_2 07 ACTUALITÉS DCNS développe des programmes de recherche avec l’université Dalhousie Fin novembre 2013, Patrick Boissier a annoncé la signature d’un partenariat avec l’université Dalhousie, à Halifax, pour développer des programmes de recherche bilatéraux. Le Memorandum of Understanding (MoU) fi xe pour cinq ans le cadre général de programmes de collaboration. Selon Jean-François Sigrist, responsable de l’équipe de recherche au sein de DCNS Research, ce MoU représente un avantage compétitif non négligeable pour DCNS : « Nous allons développer avec l’université Dalhousie de nouveaux travaux de recherche sur la “dynamique des structures” (bâtiments de surface, sous-marins, plateformes en mer…) et leur comportement en milieu marin. Nous prévoyons également des échanges de scientifi ques entre la France et le Canada, ou encore l’accueil d’étudiants (master, doctorat) ». Ces perspectives encourageantes pour DCNS, en position de challenger face à la concurrence venant des États-Unis, font écho à l’annonce par le Premier ministre Harper et le Président Hollande en juin dernier d’une feuille de route en vue d’une coopération bilatérale couvrant notamment la sécurité et la défense internationales. Elles s’inscrivent également dans un climat de partenariat économique renforcé suite à la signature récente de l’accord de libre échange entre le Canada et l’Europe. ESSAIS DE DITCHING DCNS Research et sa filiale SIREHNA® s’allient pour réaliser des essais de ditching performants. Depuis plusieurs années, l’étude du comportement des hélicoptères en cas d’amerrissage d’urgence est devenue indispensable dans le cadre de la certification des systèmes de flottabilité et de sécurité équipant ces appareils. Ces essais permettent également d’obtenir des données accessibles uniquement de façon expérimentale, des essais de ce type étant inconcevables à l’échelle réelle. Pour le constructeur et/ou le fournisseur des systèmes de flottabilité, l’objectif est de valider la stabilité dynamique de l’hélicoptère pour différentes configurations de ballons, de centre de gravité et de conditions environnementales (mer et vent), stabilité qui permettra à l’équipage de sortir de l’engin en cas d’amerrissage d’urgence. Il existe à ce jour deux types d’essais d’amerrissage : les essais de stabilité dynamique, dont l’objectif est de valider la tenue à la mer de l’hélicoptère une fois l’amerrissage effectué ; les essais de ditching, dont l’objectif est de caractériser la phase d’amerrissage à proprement parler. Pour ces deux types d’essais, il s’agit pour DCNS Research/SIREHNA® de fournir une prestation complète d’essais : spécification et réalisation de la maquette et du système de flottabilité ; équilibrage ; choix du moyen d’essai ; réalisation et analyse des essais. TRAVAUX DE RECHERCHE 2013 Fabien Gaugain « Analyse expérimentale et simulation numérique de l’interaction fluidestructure d’un hydrofoil élastique en écoulement subcavitant et cavitant » Thèse de doctorat à l’École nationale supérieure d’arts et métiers de Paris, décembre 2013. Marine Robin « Validation d’une chaîne de calcul couplé fluide-structure pour le dimensionnement des structures sous écoulement » Rapport de stage à l’École nationale supérieure de l’énergie, l’eau et l’environnement – Grenoble INP, 2013. Élise Chevallier « Vers la simulation numérique de l’interaction fluide-structure en grands déplacements » Rapport de stage à l’Enseirb-Matméca – Bordeaux, septembre 2013. David Louboutin « Acquisitions données expérimentales sur configurations DCNS comparaisons avec logiciels de simulation (civa et athena) et de modélisation (mina) » Rapport de stage 2013 : « Propagation des ondes ultrasonores dans des soudures austénitiques » – Institut Français de Mécanique Appliquée. Alexandre Rochas « Faisabilité d’un rouet de pompe eau de mer en matériaux composites – application bâtiments de surface » Rapport de stage à l’Ensiacet, août 2013. Lucie Rouleau « Modélisation vibro-acoustique de structures sandwich munies de matériaux viscoélastiques » Thèse de doctorat du Conservatoire national des arts et métiers de Paris, octobre 2013. 08 RESEARCH_2 ACTUALITÉS FAITS MARQUANTS RESEARCH DAYS 2013 Nantes-Indret (France), du 25 au 26 juin 2013. Le 25 juin, en partenariat avec l’école de management Audencia et le cabinet Bessé, plus de 220 personnes, acteurs régionaux et nationaux de l’économie, de la recherche et de l’enseignement, se sont retrouvées à l’initiative de DCNS Research autour de 15 experts et spécialistes pour initier un dialogue constructif sur la maîtrise des risques, facteur clé de l’innovation. INDIA-FRANCE TECHNOLOGY SUMMIT New Delhi (Inde), du 23 au 24 octobre 2013. Participation au Technology Summit et présentation des avancées technologiques et innovations ainsi que des partenariats avec les universités indiennes (MoU). Du prototypage rapide à la fabrication directe ! La fabrication additive ou impression 3D regroupe l’ensemble des procédés permettant de fabriquer, couche par couche, par ajout de matière, un objet physique à partir d’un objet numérique. Ces nombreux procédés peuvent être catégorisés par type de matériaux employés (métalliques, polymères, céramiques, sous forme de liquide, poudre, tôle ou fil) ou par technique de déposition (sept grandes familles, dont la déposition à énergie dirigée et la fusion de lit de poudre pour les matériaux métalliques). Cette approche fournit un certain nombre d’avantages : liberté de conception géométrique sans égale, fabrication de pièces près des cotes finales et dans des délais de démarrage courts. Les applications actuelles concernent de nombreux domaines tels que le médical, l’outillage, l’automobile, la mode… mais aussi l’énergie et l’aéronautique. Le potentiel d’applications à DCNS est large ; pour des pièces à géométrie complexe, pour des revêtements voire des pièces à gradient de composition, pour des réparations au neuvage ou lors de la maintenance, procédé seul ou en hybridation avec d’autres procédés (compaction isostatique à chaud de poudres, par exemple). Des premiers travaux encourageants ont déjà été menés par DCNS Research pour évaluer le potentiel du procédé pour des aciers inoxydables et alliages de titane et son intérêt technico-économique, en particulier pour la fabrication d’échangeurs à plaques difficilement réalisables par voie traditionnelle. RESEARCH_2 EUROPORT 2013 Rotterdam (Pays-Bas), du 5 au 8 novembre 2013. DCNS Research était au rendez-vous international des sciences et technologies marines. Au programme, l’amélioration des consommations d’énergies et la limitation des émissions de pollution. METS 2013 Amsterdam (Pays-Bas), du 19 au 21 novembre 2013. SIREHNA® s’est vu exposer ses dernières innovations et avancées technologiques au salon Marine Equipment Trade Show dans la catégorie « Super Yacht Pavilion ». OMAE 2013 Nantes (France), du 9 au 14 juin 2013. DCNS Research était présent au forum OMAE 2013 afin de présenter ses dernières avancées technologiques et échanger avec les experts, chercheurs, ingénieurs, techniciens et étudiants pour la valorisation des océans. OFFSHORE EUROPE 2013 Aberdeen (Royaume-Uni), du 3 au 6 septembre 2013. Pour le quarantième anniversaire du salon Offshore Europe, DCNS Research a participé aux conférences sur le thème « The next 50 years », où plus de 63 000 personnes étaient attendues. 09 10 RESEARCH_2 PERFORMANCES NAUTIQUES ET DYNAMIQUE DES PLATEFORMES MARINES Du calcul de traînée de carène aux essais de maquettes en bassin hydrodynamique, de la simulation de la tenue à la mer d’une structure à l’optimisation des propulseurs, de la conception des systèmes de stabilisation dynamique à l’analyse du lancement des armes sous-marines : cet axe regroupe toutes les activités qui permettent de rendre les plateformes marines, propulsées ou non, plus efficaces et plus sûres dans les missions qu’elles ont à mener. RESEARCH_2 11 PERFORMANCES NAUTIQUES ET DYNAMIQUE DES PLATEFORMES MARINES Virtual Ship : conception intégrée de navire en phase avant-projet AUTEURS : Benoît Rafine et Julien Bénabès Le projet Virtual Ship est un projet de R&D, initié par DCNS Research. Son objectif est la réalisation d’un environnement logiciel pour la conception optimale d’architecture de navire armé en phase avant-vente. Virtual Ship est une plateforme numérique collaborative d’intégration multiphysique, multidiscipline et multiéchelle. Ce projet est piloté par le CEMIS en collaboration avec SIREHNA®. Contexte de l’étude La conception d’un système naval fait partie des grands projets industriels les plus complexes. Par exemple, pesant plus de 12 000 tonnes, Le Terrible, dernier né des SNLE français, intègre un million de composants et sa réalisation requiert 15 millions d’heures de travail et mobilise 6 000 entreprises sous la maîtrise d’œuvre de DCNS. À titre de comparaison, une voiture de 1,9 tonne n’est constituée « que » de 3 000 pièces, dont l’assemblage s’effectue en 23 heures de main-d’œuvre. Le budget de fabrication d’un navire armé se situe généralement entre 1 et 10 milliards d’euros, pour une quantité limitée de 1 à 10 exemplaires avec des durées de vie avoisinant une cinquantaine d’années. Un navire armé doit intégrer un nombre important de sous-systèmes et d’équipements fabriqués indépendamment du projet. Il intègre également un nombre très important de fonctions différentes parfois antagonistes et doit pouvoir fonctionner dans un milieu hostile et agressif. De nombreux domaines scientifiques hétérogènes participent à la définition technique et opérationnelle du navire. Ces domaines scientifiques ne manipulent pas les mêmes variables de conception, ne nécessitent pas le même niveau de détails ni les mêmes temps de calcul. La conception d’un navire armé est donc une activité de conception multidisciplinaire, où le défi de l’architecte système naval est d’avoir une vision globale des performances du système afin de faciliter ses choix de conception. La phase d’étude préliminaire, dite « avant-vente », est fondamentale dans le processus global de conception du navire. En effet, dans cette phase, il existe une relation étroite entre le client et DCNS, afin de structurer et clarifier le besoin du client et de permettre la recherche des meilleures 12 configurations technico-économiques du navire. C’est dans cette phase que la liberté dans les choix de conception est la plus grande, ce qui permet d’explorer des solutions innovantes. Enfin, les connaissances du comportement global du navire doivent s’accroître rapidement dans cette phase, l’objectif étant de minimiser au plus vite les risques technologiques, afin de mieux maîtriser les coûts et de pouvoir fournir au client une offre engageante. Évolution de la maîtrise du produit sur le cycle de vie du projet. Design Review Contract Development Concept Design Feasibility Contract Design Définition Validation Contract reference cost Budget Assessment System knowledge Design Review Detailed Design Development reference cost Production reference cost 100% Ideal Real Dans ce contexte, DCNS Research a initié le projet de R&D Virtual Ship. Ce projet a pour objectif la réalisation d’un environnement logiciel collaboratif d’intégration multiphysique, multi-discipline et multiéchelle pour la conception optimale d’architecture de navire armé en phase avant-vente. RESEARCH_2 PERFORMANCES NAUTIQUES ET DYNAMIQUE DES PLATEFORMES MARINES Meta-model NATO Architecture Framework Technical Requests Rules & Standards Environment Budget Technology Ship Concept Cost Estimate Technology Plan Models Functional Physical (Digital Mock Up) Behavioral Probabilistic NDMS ASRU EHCLS* EHCLS* Decoy launcher DECOY'S LAUNCHERS Design Space Mutli-Physics Simulation Optimization Strategy Visualization Multi-Objectives Analysis Architecture de l’environnement Virtual Ship. Objectifs et résultats attendus Les principaux résultats scientifiques attendus du projet Virtual Ship sont : • une meilleure gestion, structurée et partagée au niveau système, des exigences de conception (besoin client, contraintes de fabrication, contraintes budgétaires…) ; • une connexion entre la modélisation fonctionnelle (exigences et fonctions) du navire et sa maquette numérique (description physique); • une jonction directe sans rupture entre les résultats de simulation de performances du navire et son architecture fonctionnelle ; • une approche plus automatisée de la phase avant-vente pour réduire les temps de réponse et gagner en temps d’étude ; • une exploration efficace (plus complète et optimale) de l’espace de conception ; • de meilleures justification et traçabilité des choix de conception ; • une capitalisation des connaissances facilitée dès la phase avant-vente ; • une collaboration plus étroite entre les différents intervenants. Verrous technologiques Le développement de cette plateforme logicielle Virtual Ship nécessite de traiter plusieurs verrous technologiques et industriels, en particulier : • la création d’un modèle d’architecture globale du navire armé : le cadre d’architecture NAF (NATO Architecture Framework) sera adapté à la description des sous-modèles opérationnel (besoins clients) et fonctionnel (fonctions du navire et exigences techniques). Ce cadre NAF sera connecté au modèle organique du navire (arborescence physique et maquette numérique) ; • l’articulation et la cohérence de tous les modèles participant à la défi nition technique et opérationnelle du navire. Il s’agit de faire dialoguer les modèles de performances du navire avec le modèle d’architecture du navire lui-même (interopérabilité entre modèles) ; • la jonction sans rupture entre la modélisation d’architecture du RESEARCH_2 navire armé et les moyens de simulation multiphysique pour assurer le couplage direct entre l’analyse fonctionnelle du navire et ses exigences et les simulations numériques de performances ; • la mise en œuvre de stratégies d’optimisation multiphysique et multidisciplinaire pour l’exploration Pareto-optimale de l’espace de conception sous contraintes de temps et de ressources ; • l’intégration, dans les prises de décisions collaboratives, d’avis d’experts souvent contradictoires et parfois subjectifs ; • la gestion des données, dans un contexte de système complexe et d’environnement de conception collaboratif ; • la modification a minima des modèles de performances existants du navire armé en vue de leurs intégration et utilisation dans la plateforme logicielle ; • l’introduction dans l’outil Virtual Ship de contraintes industrielles ; • la qualification de tous les modèles de performances et la cohérence de leur domaine de validité. Ce projet Virtual Ship est un projet ambitieux et fédérateur des activités de DCNS Research. Sa réalisation s’appuie sur une collaboration étroite avec l’ingénierie DCNS. La finalité est de fournir un outil pratique d’aide à la gestion d’un système complexe que seules l’imagination et l’expérience ne peuvent totalement appréhender. _RÉFÉRENCES A. BOVIS. Naval Systems : The Virtual Ship. Proceedings of the CSD&M. Conference, 2013. C. KERNS, A. BROWN, D. WOODWARD. Application of a DoDAF Total-Ship System Architecture in Building a Design Reference Mission for Assessing Naval Ship Operational Effectiveness. Proceedings of the ASNE Global Deterrence and Defense Symposium, 2011. M. BOLE, C. FORREST. Early Stage Integrated Parametric Ship Design. Proceedings of the ICCAS Conference, 2005. A . PAPANIKOLAOU, S. HARRIES, M. WILKEN, G. ZARAPHONITIS. Integrated Design and Multiobjective Optimization Approach to Ship Design. Proceedings of the ICCAS Conference, 2011. 13 PERFORMANCES NAUTIQUES ET DYNAMIQUE DES PLATEFORMES MARINES (1) MAX : maquette autonome et générique pour l’étude de la manœuvrabilité des sous-marins AUTEURS : Jérémie Raymond La conception hydrodynamique d’un sous-marin nécessite de figer la forme de la carène très tôt dans l’avant-projet. Les méthodes numériques permettent de tester différentes configurations hydrodynamiques pour un projet de navire. Elles sont utilisées en phase d’avant-projet pour comparer les designs et hiérarchiser leurs performances. Néanmoins, la conception hydrodynamique d’un sousmarin reste une science empirique. Il est donc impossible de tout miser sur l’approche numérique. Une fois qu’un design fait l’unanimité, il faut le caractériser dans le monde « réel », par des essais. C’est à ce stade que la nouvelle maquette MAX intervient. Elle permet d’obtenir cette caractérisation très rapidement. De plus, des comparaisons de plusieurs variantes d’appareils à gouverner peuvent être effectuées. MAX autorise l’analyse de manœuvres complexes encore non accessibles, à ce jour, par les simulations numériques. Elle permet également de valider les codes de calcul, et s’inscrit ainsi comme un développement parallèle et complémentaire du bassin numérique. MAX : un drone sous-marin aux fonctions multiples La conception et la fabrication, débutées en décembre 2011, ont été confiées par l’ingénierie SMA à DCNS Research/ SIREHNA®, qui assure également la mise en œuvre opérationnelle de MAX durant sa phase d’exploitation. Simple et rapide à mettre en œuvre, MAX est autonome, autopilotée en immersion et en surface, reprogrammable pour tester rapidement différentes confi gurations, et adaptée aux échelles hydrodynamiques représentatives de toute la gamme des sous-marins DCNS. Elle permet notamment : • de dimensionner l’appareil à gouverner ; • de réaliser des essais de manœuvrabilité (DG, DT) permettant l’identification du modèle mathématique du navire ; • d’étudier l’impact d’appendices spécifiques (ceintures, valises, DDS, etc.) ; 14 • de mettre au point des lois de pilotage ; • de réaliser des études spécifiques comme l’effet de la proximité du fond sur le comportement du navire. Si l’année 2012 a été consacrée à la conception de l’engin, l’année 2013 a été marquée par l’assemblage de la maquette et la réalisation des essais de qualification en mer. Concept général Le concept général retenu est celui d’un outil générique, c’està-dire facilement adaptable aux formes et aux caractéristiques de la gamme de sous-marins DCNS. L’engin est constitué d’un squelette générique constitué essentiellement d’un corps étanche en aluminium de 4 m de longueur sur lequel viennent s’adapter les éléments spécifiques du sous-marin à représenter (massif, formes extérieures, AGO). Une fois assemblée, la maquette mesure entre 7 m et 10 m en fonction de l’engin représenté pour un diamètre de l’ordre de 80 cm et une masse RESEARCH_2 PERFORMANCES NAUTIQUES ET DYNAMIQUE DES PLATEFORMES MARINES d’environ 2 tonnes. Dimensionnée pour évoluer jusqu’à 70 m de profondeur, l’immersion de travail se situe entre 15 m et 40 m. Systèmes embarqués MAX dispose de six actionneurs de barre indépendants permettant de piloter les barres de direction et de plongée. La propulsion est assurée par un moteur de 2 kW et le propulseur est adaptable à chaque nouveau projet. Deux calculateurs de contrôle-commande assurent les fonctions de pilotage et de gestion des sécurités. L’acquisition des données d’essai est confiée à une centrale d’acquisition dédiée. Une centrale inertielle de type IMU90 et un loch électromagnétique permettent de connaître à chaque instant la vitesse et l’attitude du sousmarin. Le système de pesée est automatique et réalisé grâce à un ballast fermé. Un dispositif de communication acoustique permet de déterminer la position approximative de l’engin en immersion et de le suivre pendant son évolution. Enfin, un système de communication Wi-Fi permet le pilotage en surface et la récupération des données d’essai dès la prise de surface de la maquette et la planification de la mission suivante. Vue de l’appareil à gouverner. Essais et premières conclusions Après une phase d’assemblage et de recette en atelier de sept mois (janvier-juillet 2013), le grand bain a eu lieu en septembre. Pour l’occasion, MAX a été configurée en version Scorpène® Chili, sous-marin pour lequel on dispose de nombreuses données qui permettent de comparer le comportement de la maquette à celui du sous-marin réel. Les essais se sont déroulés de septembre à novembre sur le site de La Ciotat (entre Toulon et Marseille). Ils ont permis de valider d’une part les grandes qualités opérationnelles de l’engin (capacité à réaliser des manœuvres complexes, facilité de mise en œuvre, productivité) et d’autre part la bonne représentativité de MAX par rapport au sous-marin réel. Perspectives 2014 Équipée d’un shelter et d’une logistique d’essai dédiée, MAX est projetable rapidement sur différents lieux d’essais en mer ou en lac. L’année 2014 devrait voir la réalisation d’essais par le programme SCO400 pour dimensionner l’appareil à gouverner et pour réaliser des essais spécifiquement destinés à l’identification du modèle de manœuvrabilité. La possibilité d’utiliser MAX en version torpille pour l’étude de l’autodémarrage est également envisagée. Enjeu majeur pour DCNS, Vincent Geiger, Directeur Adjoint Architecture d’Ensemble Dissuasion (AED) chez SMA, confi rme : « MAX devrait permettre de diviser le temps de cycle des travaux de conception hydrodynamique par deux et les coûts, par quatre. » (1) En hommage au père des études sur la manœuvrabilité des sous-marins, M. Max Aucher. Max Aucher (X 1942), directeur du Bassin d’essais des carènes de 1979 à 1982, achève le modèle mathématique de manœuvrabilité des sous-marins, met au point une méthode d’extrapolation à l’échelle 1 des essais sur modèle de résistance et d’autopropulsion des bâtiments de surface, et contribue aux recherches de réduction de bruit des propulseurs. RESEARCH_2 Navigation de MAX en surface. Mise à l’eau. 15 16 RESEARCH_2 TENUE DES STRUCTURES EN SERVICE Au cours de leur vie, les structures, qu’elles soient métalliques ou non, subissent des agressions naturelles ou accidentelles : la corrosion, l’impact des paquets de mer, le feu, le choc. Jour après jour, elles font aussi face à des phénomènes de fatigue et de vieillissement. Ces agressions et autres phénomènes liés au temps nécessitent des calculs et des essais permettant d’évaluer la durabilité des structures ainsi que d’identifier et tester des solutions technologiques permettant de l’augmenter. RESEARCH_2 17 TENUE DES STRUCTURES EN SERVICE Modélisation des transmissions mécaniques de propulsion AUTEUR : Romain Fargère La transmission de puissance est une préoccupation de tout premier ordre sur un navire et touche toute la chaîne cinématique, du réducteur jusqu’à l’hélice de propulsion. Les enjeux y sont multiples : fiabilité, discrétion acoustique, coût de production. Afin de répondre efficacement à chacune des problématiques, DCNS Research travaille depuis plusieurs années sur la mise au point d’outils numériques dédiés, dont la spécificité est la prise en compte des couplages entre les différents organes et les phénomènes physiques. Longtemps utilisés à des fins de recherche, ces outils sont en cours de déploiement dans les départements d’ingénierie concernés. Ils offrent de nouvelles perspectives, tant sur les méthodes de travail, favorisant les corrélations numériques/expérimentales, que sur les choix de conception des différents organes sur les navires à venir. La transmission de puissance La transmission de puissance est une préoccupation aux enjeux très importants où se côtoient de nombreux organes complexes et donc de nombreux phénomènes physiques : lignes d’arbre, carters, engrenages, paliers, organes d’accouplement, etc. les bureaux d’études ont eu accès à des outils performants mais découplés les uns des autres, nécessitant de nombreuses itérations manuelles et proposant une description assez simplifiée de la physique des problèmes. Les contraintes (de discrétion ou de coûts) de plus en plus fortes ainsi que la complexité des systèmes actuels rendent nécessaire le développement d’outils nouveaux à la croisée de plusieurs domaines de la physique. Le développement de ces outils est du ressort des ingénieurs de recherche de DCNS Research selon une démarche pouvant être résumée en quelques étapes principales : Des phénomènes globaux de vibration de ligne d’arbre et de carter donnant lieu à des problèmes de discrétion acoustique sont mêlés à des phénomènes très locaux. Ces derniers concernent principalement les contacts de dentures et les paliers, et nécessitent une attention particulière, dans les phases aussi bien de Carter de réducteur Organe moteur conception que de fabrication. (vitesse élevée) Dentures en contact = excitation Ligne d’arbre excitée Le développement d’outils dédiés DCNS a longtemps utilisé des outils très performants basés sur un empirisme important ainsi que sur l’expérience de ses techniciens et ingénieurs. Plus récemment, avec le développement des outils numériques, 18 Organe récepteur (faible vitesse) 1BMJFSTnVJEFT (= support actif) Schématisation de la chaîne cinématique d’un navire. RESEARCH_2 TENUE DES STRUCTURES EN SERVICE • analyse du problème/étude bibliographique ; • mise en équations ; • numérisation/discrétisation ; • développement de la méthode de résolution ; • développement des interfaces de communication (IHM). Un exemple de transfert : logiciel de simulation de réducteur Si un logiciel de palier hydrodynamique a déjà été transféré des équipes de DCNS Research aux départements d’ingénierie concernés, un logiciel de simulation de comportement dynamique de réducteur de vitesse est en cours de transfert. Ce dernier est, en outre, un exemple de travail collaboratif puisque développé en partie en collaboration avec un laboratoire de recherche rompu à cette thématique : le LaMCoS de l’INSA Lyon. L’outil en question est composé d’une interface hommemachine (IHM), facilitant les phases de saisie de données et de posttraitement, et d’un cœur de calcul assurant l’établissement et la résolution d’un système différentiel du second ordre non linéaire à excitation paramétrique du type : IHM PRÉTRAITEMENT Géométrie, maillage, fonctionnement... Code de calcul Bouclage thermique Calcul statique Résolution paliers Avancement en temps Mise à jour contact Résolution équation linéarisée Convergence paliers ? Convergence denture ? POST TRAITEMENT (visualisation, écriture) : réactions et UFNQÏSBUVSFTQBMJFSTDIBSHFNFOUEFOUVSFEJWFSTDPFGmDJFOUTy Architecture du logiciel de simulation de comportement de réducteur. [M] Ẍ + [C] Ẋ + [K + Keng (t ; X)] X = Q + Qpal (X ;Ẋ) + Qeng (t ; X) Les difficultés posées par certains termes non linéaires (termes de contact notamment tels que les paliers et engrenages) rendent nécessaire le développement d’une méthode numérique particulière [1], basée sur l’important retour d’expérience du partenaire universitaire [2]. La qualification de l’outil, dernière étape avant son utilisation D’une manière générale, ces outils nécessitent une importante phase de qualification, à laquelle DCNS Research est contributeur. Durant cette dernière, chacune des fonctionnalités est testée selon un cahier des charges rigoureux et les résultats comparés à des résultats éprouvés. À ce titre, une campagne expérimentale sur un banc d’essai de haute précision et de puissance importante (plusieurs centaines de kW) est menée afin de comparer les résultats de simulations à des relevés de vibrations, températures, efforts… en complément d’une précédente campagne [3]. Du point de vue de l’utilisateur fi nal, ce travail reste transparent et ce dernier dispose in fi ne d’un outil quasi sur mesure et adapté à ses besoins spécifiques, tant en précision de modélisation qu’en pertinence des données d’entrée et de sortie (chargement [répartitions et analyses temporelles et spectrales], pressions, températures, etc.), lui permettant une utilisation tout à fait traditionnelle de l’outil selon les étapes : • phase d’entrée de paramètres ; • calcul réalisé par l’outil ; • exploitation et interprétation des résultats. RESEARCH_2 Banc d’essai de réducteur simple étage. Conclusion Les travaux ci-dessus représentent une partie des outils transférés aux ingénieries sur la thématique de la transmission de puissance. Le développement d’extensions à ces outils est à l’étude (réducteurs d’architectures complexes, paliers de différentes géométries, comportement de carter, etc.). Ces travaux témoignent de l’importance des liens entre DCNS Research et les départements d’ingénierie, ainsi que du rôle joué par les partenaires de recherche du Groupe. _RÉFÉRENCES [1] FARGERE R. 2012, « Simulation du comportement dynamique des transmissions par engrenages sur paliers hydrodynamiques ». Thèse de doctorat, Institut national des sciences appliquées de Lyon, Villeurbanne, France, 203 p. [2] VELEX P., MAATAR M. 1996, « A mathematical model for analyzing the influence of shape deviations and mounting errors on gear dynamic behaviour», Journal of Sound and Vibration, 191(5), p. 629-660. [3] BAUD S. 1998, « Développement et validation sur banc d’essais de modèles du comportement dynamique de réducteurs à engrenages à axes parallèles ». Thèse de doctorat, Institut national des sciences appliquées de Lyon, Villeurbanne, France, 194 p. 19 TENUE DES STRUCTURES EN SERVICE Systèmes antennaires en matériaux composites AUTEUR : Patrick Parneix Le projet collaboratif SAMCOM traite de la problématique d’insertion de fonctions antennaires dans les structures en matériaux composites sous deux aspects : la conception d’antennes entièrement en matériaux composites et l’intégration la plus compacte possible d’éléments antennaires fonctionnant en réseau dans des structures porteuses en matériaux composites. Des ambitions techniques fortes L’évolution des besoins techniques et opérationnels conduit à utiliser de plus en plus de moyens de télécommunication et donc d’antennes sur les plateformes. Cette augmentation rapide génère des difficultés croissantes d’intégration : problèmes de performances intrinsèques des équipements (TOS (1)), problèmes de masquage, problèmes de compatibilité électromagnétique entre systèmes, problèmes d’intégration physique, risques de dégradation des signatures (radar ou visuelle), problèmes de vulnérabilité en milieu opérationnel. L’ambition du projet SAMCOM est d’apporter des solutions à ces différentes problématiques grâce aux matériaux et technologies composites, et plus spécifiquement : • en développant des antennes de communication large bande, compactes, exploitables dans le domaine tant naval que terrestre ; • en recherchant des méthodes permettant l’intégration compacte d’antennes et de réseaux d’antennes en parois composites. Vers des matériaux composites à la carte, multifonctionnels Les systèmes de radiocommunication opérant dans des environnements sévères utilisent depuis près de trente ans, et avec succès, les matériaux composites comme ossature et protection des éléments rayonnants métalliques des antennes. En s’appuyant notamment sur l’expérience de DCNS dans le domaine naval, le projet SAMCOM vise à mieux exploiter le potentiel de ces matériaux : capacité d’ajuster localement les caractéristiques radioélectriques (matériaux diélectriques, conducteurs, isolants…), intégration de composants ou motifs périodiques, éléments multifonctionnels ; en d’autres termes, élaborer une paroi composite « à la carte ». 20 Principales caractéristiques du projet SAMCOM. SAMCOM (systèmes antennaires en matériaux composites) : • projet collaboratif FUI 9 ; • co-labellisé par les Pôles EMC2 et Mer-Paca ; • DCNS Research porteur de projet ; • 6 partenaires : Thales Communications & Security, institut d’électronique et des télécommunications de Rennes (IETRUMR-6164, Université de Rennes 1), Plastima Composites, Cerpem, Cemcat et DCNS ; • T0 : 1/12/2010 – Durée : 54 mois ; • équipes DCNS impliquées : DCNS Research CESMAN (pilote), DCNS Research CEMIS ; • DCNS ING SMA, DCNS ING SNS (Développements composites – Dpt Communications), SER Brest. Chacune des fonctionnalités nécessaires à une antenne composite ainsi qu’à l’implantation en paroi d’antennes ou réseaux d’antennes impose des exigences spécifiques et parfois contradictoires avec les autres fonctionnalités. Une des étapes essentielles de SAMCOM est donc de se doter d’une base de données la plus large possible sur des matériaux existants ou à développer au sein du projet. Un travail important a été effectué par l’IETR pour la mise au point de méthodologies fiables de mesures pour des matériaux de natures très différentes et sur des bandes de fréquence étendues. Outre les concepts de matériaux « traditionnels », usuels dans les composites même si dans le cas d’espèce les performances visées sont très élevées, des concepts de matériaux périodiques de type surfaces haute impédance ont également été envisagés. RESEARCH_2 TENUE DES STRUCTURES EN SERVICE Des antennes large bande « tout composite » Un projet très collaboratif L’emploi de tissus de fibre de carbone comme élément(s) rayonnant(s) de structures antennaires a été investigué, dans un premier temps sur des antennes de géométrie simple comme illustré ci-dessous, puis sur des dispositifs plus complexes. De nouveaux concepts d’antennes de communication entièrement en matériaux composites ont été développés, tant pour des applications civiles que pour des applications plus spécifiquement militaires. Dans chacun des cas, des prototypes sont en phase de validation. Comme tous les projets FUI, SAMCOM est un projet de recherche appliquée visant au développement de produits ou technologies susceptibles d’être mis sur le marché à court ou moyen terme. À ce stade du projet, il est manifeste que des avancées palpables ont été enregistrées, allant jusqu’à des dépôts de brevet. Certaines de ces avancées sont susceptibles d’être exploitées commercialement à court terme et peut-être même avant la fin du projet. Les antennes développées réussissent la gageure de présenter des performances radiofréquences élevées, tout en atteignant les objectifs initiaux de compacité et de largeur de bande de fréquence. Le fonctionnement des antennes en paroi sera validé sur des démonstrateurs représentatifs de leur environnement réel, dans un contexte civil pour application terrestre d’une part, dans un contexte naval et militaire d’autre part (travaux prévus en 2014). Des parois porteuses favorisant l’implantation compacte des antennes L’enjeu de cette partie du projet est de développer les technologies nécessaires et de définir les règles d’implantation des antennes en paroi composite, de façon à : • optimiser le diagramme de rayonnement des antennes unitaires intégrées ; • assurer un découplage permettant le rapprochement physique de ces antennes. Des solutions originales ont été développées et seront ellesmêmes validées sur les démonstrateurs évoqués ci-dessus. Cette phase ultime du projet devrait permettre d’évaluer, outre le fonctionnement des antennes individuelles dans différentes configurations d’implantation, la capacité du dispositif à fonctionner en réseau et à assurer une veille permanente. La qualité et l’implication des partenaires, le soutien des cofinanceurs (État, région Pays de la Loire), l’excellent esprit collaboratif favorisé par le nombre réduit de partenaires, leur complémentarité et la proximité géographique sont sans doute les clés de l’efficacité du projet. DCNS y prend une part active à la fois en tant que porteur de projet (DCNS Research) mais également par la contribution déterminante d’équipes du CESMAN (Matériaux) du CEMIS (Électromagnétisme), de SMA (Ingénierie), de SNS (Atelier Matériaux Composites, Dpt Systèmes de communication) et de SER (Laboratoire Hyperfréquence de Brest). (1) Taux d’ondes stationnaires. _RÉFÉRENCES P. PARNEIX. Systèmes antennaires en matériaux composites. 13es Journées de caractérisation micro-ondes et matériaux. Nantes, du 24 au 26 mars 2014. L. MANAC’H, X. CASTEL, M. HIMDI. Carbon-Fiber Tissue as Radiating Element : Toward Pure Composite Materials Antennas. « International Conference on Electronic Materials. » IUMRS-ICEM 2012, du 23 au 28 septembre 2012, Yokohama, Japon. L. MANAC’H, X. CASTEL, M. HIMDI. « Performance of a lozenge monopole antenna made of pure composite laminate. » PIERS Letters. Vol. 35, 115-123, 2012. Exemple de matériaux conducteurs évalués. Antennes composites avec éléments rayonnants en cuivre et en fibre de carbone [2]. RESEARCH_2 Exemples de diagramme de rayonnement d’un réseau d’antennes intégrées en mâture composite à différentes bandes de fréquence. 21 TENUE DES STRUCTURES EN SERVICE Matériaux composites multifonctionnels pour applications navales militaires AUTEURS : Patrick PARNEIX et Mathieu PRISER Les propriétés intrinsèques des matériaux composites en font naturellement des matériaux multifonctionnels. Ces propriétés ont dans un premier temps été exploitées pour réaliser des structures amagnétiques, légères, durables en milieu marin. Progressivement, le choix des composants, la conception des parois ont été optimisés afin de rechercher cette multifonctionnalité, soit par l’emploi de fibres, résines, matériaux d’âme, eux-mêmes multifonctionnels, soit en exploitant la capacité des composites à intégrer en leur sein des composants étrangers à la structure. Cette tendance s’amplifie puisque l’on cherche de plus en plus, souvent pour des raisons de durabilité ou de performances accrues, à intégrer dans la paroi même des fonctions jusque-là externalisées (revêtements principalement) ou à concevoir des revêtements euxmêmes multifonctionnels. De nouveaux concepts de matériaux apparaissent, tels que les matériaux « intelligents » ou encore les métamatériaux. Des matériaux naturellement multifonctionnels Les toutes premières applications des matériaux composites et plus spécifiquement dans le naval militaire sont dues à leur absence de corrosion et plus largement à leur bon vieillissement en milieu marin. Cette propriété reste un argument fort pour la durabilité des structures navales en composites et leur coût de possession limité. L’amagnétisme de ces matériaux fut déterminant pour leur utilisation en tant que matériaux de coque, pour les chasseurs de mines. Légèreté, faible conductivité thermique, transparence aux ondes acoustiques, les exemples sont nombreux où les caractéristiques spécifiques des matériaux composites ont conduit à des applications structurelles, multifonctionnelles puisque le choix du concepteur était guidé tant par la capacité des composites à assumer un rôle structural que par la fonctionnalité particulière apportée par cette famille de matériaux. Vers des matériaux composites à la carte, multifonctionnels Progressivement, le souci d’optimisation des structures a conduit à rechercher l’intégration de fonctions nouvelles dans les composites en choisissant les composants non plus au seul 22 critère de leurs performances mécaniques, mais sur la base des autres performances (fonctions) qu’ils sont susceptibles d’apporter au produit fi nal. Par ailleurs, l’aptitude des composites à intégrer dans leur structure même des composants étrangers apportant une fonction nouvelle, et ce, en minimisant l’impact sur les performances mécaniques, a été exploitée. Le développement de procédés de transformation tels que le moulage par infusion sous vide contribue grandement à cette évolution. > Des fonctions nouvelles par l’intégration de composants étrangers à la structure Un des exemples les plus anciens concerne l’intégration de la fonction de blindage électromagnétique dans des parois diélectriques. Différentes technologies ont été employées, notamment l’intégration entre les plis de composites à fibre de verre, de fi ns grillages métalliques ou de tissus métallisés. La capacité à intégrer des capteurs et à véhiculer de l’information permettant de renseigner sur l’état de déformation ou la santé interne des structures composites a ensuite été exploitée notamment via des fibres optiques à réseaux de Bragg [1]. RESEARCH_2 TENUE DES STRUCTURES EN SERVICE CMT de classe Eridan. SNLE/NG classe Le Triomphant. Plus récemment, des travaux ont également été conduits sur d’autres modes de contrôle de santé interne et notamment sur l’intégration de capteurs piézoélectriques permettant de renseigner sur des états d’endommagement locaux de la structure en matériaux composites [2] [3]. Autre fonction intégrable, la fonction antennaire. Nous verrons plus avant que des travaux récents plaident pour des antennes intégralement en matériaux composites. L’insertion en parois composites de motifs périodiques permet de constituer des surfaces sélectives en fréquences permettant par exemple de réaliser des fi ltres fréquentiels pour des parois de radômes. Les matériaux composites à matrice organique font preuve d’une relative souplesse quant à leur aptitude à intégrer des composants étrangers en leur sein. Néanmoins, les « corps étrangers » introduits dans la structure composite constituent de façon générale un défaut dont il convient de minimiser l’impact sur la performance mécanique d’ensemble de la paroi. > Des fonctions nouvelles par le choix de composants eux-mêmes multifonctionnels Si le choix est donné, on s’orientera donc préférentiellement vers des composants eux-mêmes multifonctionnels, pour conférer à la pièce composite des missions autres que purement structurales. Ainsi, pour le blindage électromagnétique, on trouvera avantage à remplacer les grillages par des tissus de carbone structurels. Des fonctions antennaires peuvent être réalisées intégralement à partir de matériaux composites, tout comme le découplage entre antennes intégrées en paroi peut être réalisé via des matériaux composites très spécifiques. L’emploi de certains matériaux d’âme, des choix pertinents des renforts fibreux ou résines ou des concepts de parois conduiront à des structures porteuses « transparentes » aux ondes électromagnétiques ou, a contrario, absorbantes. Très clairement, le choix de composants multifonctionnels offre davantage de garanties sur la pérennité des structures en matériaux composites, et les évolutions dans le domaine naval RESEARCH_2 Insertion de capteurs piézoélectriques. Surfaces sélectives en fréquences. militaire vont nettement dans cette direction. La principale difficulté est d’identifier et qualifier les bons matériaux. Concepts futurs Dans tous les domaines, la recherche de matériaux multifonctionnels est particulièrement active. Dans le domaine naval, trois axes de développement peuvent être mis en avant : • la poursuite de l’intégration au sein même de la structure de fonctions plutôt réservées à l’heure actuelle à des revêtements ; • le développement de matériaux intelligents allant de simples matériaux sensibles vers des matériaux capables de réaction ; • l’émergence de nouveaux concepts de matériaux. Dans la logique qui conduit à rechercher des parois porteuses de plus en plus fonctionnalisées, il est naturel d’envisager l’insertion dans les structures de fonctions jusqu’alors prises en charge par des revêtements. Parmi les fonctions évoquées dans cette communication, l’exemple de la furtivité radar est ainsi significatif. L’épaisseur des pans de superstructures, leur structure sandwich permettent d’envisager différents concepts de parois structurales absorbantes, assurant des performances « large bande » difficiles à atteindre avec un simple revêtement. L’intégration de la fonction au cœur même de la structure offre en outre une garantie supplémentaire de durabilité par rapport aux solutions « revêtements » : pas de dégradation de l’absorbant, pas de décollement, maintenance facilitée, etc. Le concept de matériaux « intelligents » (smart materials) couvre un domaine très large qui peut être décrit comme celui des matériaux conçus « dont une ou plusieurs propriétés peuvent être significativement changées d’une façon contrôlée, par des stimulus externes comme une contrainte mécanique, la température, l’humidité, le pH, des champs (courants) magnétiques ou électriques ». L’ensemble de ces fonctionnalités intéresse évidemment le naval militaire pour différentes applications, et des travaux ont été engagés dès le début des années 1990. L’évolution vers des matériaux 23 TENUE DES STRUCTURES EN SERVICE intelligents de plus en plus autonomes, constitue un axe fort de développement, principalement dans les domaines de l’acoustique et de l’électromagnétisme : matériaux acoustiques adaptatifs (piézoélectricité, électro-rhéologie…), matériaux hyperfréquences adaptatifs (furtivité, intégrations antennaires), nanotechnologies. Au cours des dernières décennies, de nouveaux concepts de matériaux ont vu le jour. Ces matériaux, qui tirent profit de leur structuration à une sous-échelle plutôt que des propriétés intrinsèques de leurs constituants, constituent une nouvelle classe de matériau car ils possèdent des propriétés qu’on ne peut pas retrouver dans des matériaux naturels. Ces métamatériaux trouvent des applications dans de très nombreux domaines de la physique et plus particulièrement dans le domaine de l’électromagnétisme, même si de nouveaux concepts commencent à voir le jour dans le domaine de l’acoustique. C’est dans ce contexte que DCNS a financé un travail de thèse soutenu en 2013 intitulé « Étude des interactions élastoacoustiques dans des métamatériaux formés d’inclusions résonnantes réparties aléatoirement » [5]. Ce travail a permis de mettre en évidence que des mécanismes de résonance locale de particules dans une matrice élastomère pouvaient être exploités pour accroître la performance des revêtements acoustiques de coques. Ceci peut s’avérer particulièrement intéressant dans le domaine des basses fréquences en ajustant la géométrie des particules et les matériaux constitutifs. Le principe de base utilisé dans ces matériaux est d’utiliser la sous-structuration (aléatoire ou périodique) du matériau de manière à générer des interférences entre objets à cette souséchelle et produire à une échelle macroscopique, représentative du matériau, des propriétés apparentes « exotiques ». Néanmoins, la plupart du temps ces matériaux présentent une efficacité en bande relativement étroite en correspondance avec la taille caractéristique de la sous-structuration du matériau (pas du réseau périodique, taille des objets d’une structure aléatoire…). L’un des enjeux est donc de parvenir à mettre en exergue ces propriétés sur une gamme de fréquence élargie. Les métamatériaux constituent à l’heure actuelle une thématique de recherche très active et l’un des verrous technologiques du concept de cape d’invisibilité qui permettrait d’assurer aux structures navales militaires un niveau de furtivité (radar ou acoustique) en rupture technologique par rapport aux niveaux actuels. En conclusion, comme dans d’autres domaines, les composites employés dans le domaine naval militaire évoluent rapidement. Au fi l du temps, on est passé d’une multifonctionnalité limitée à l’exploitation de propriétés naturelles de ces matériaux, à une multifonctionnalité « recherchée » jusqu’à conduire à des parois complexes constituant elles-mêmes des systèmes intégrés. De 24 Champ des contraintes radiales lié à un mécanisme de résonance dipolaire d’une particule de type coreshell soumise à une onde acoustique incidente [6]. Caractérisation en piscine des coefficients de réflexion et de transmission de panneaux acoustiques constitués d’une dispersion aléatoire de particules sphériques. nouveaux concepts apparaissent faisant appel à des propriétés insoupçonnées mettant à mal les perceptions et classifications traditionnelles dans le domaine des matériaux. Évidemment, DCNS se doit d’être actif dans ce domaine. L’exemple de la thèse mentionnée plus haut en est une illustration. _RÉFÉRENCES [1] M. BUGAULT, P. FERDINAND, S. ROUGEAUD, V. DEWYNTERMARTY, P. PARNEIX, D. LUCAS. Health Monitoring of Composite Plastic Waterworks Lock Gates Using in-Fibre Bragg Grating Sensors. 4th European Conference on Smart Structures and Materials, Harrogate, Royaume-Uni, juillet 1998 [2] M. GRESIL, P. PARNEIX, M. LEMISTRE, D. PLACKO, J.-C. WALRICK. Lamb wave propagation in a hybrid Glass/Carbon composite laminate for electromagnetic shielding. 7th International Workshop on Structural Health Monitoring, Stanford, États-Unis, septembre 2009. [3] M. GRESIL, P. PARNEIX, M. LEMISTRE, J.-C. WALRICK, D. PLACKO. Effet de l’insertion de blindage électromagnétique sur la propagation des ondes de Lamb dans un composite à renforts de fibres de verre. 16e Journée nationale sur les composites, Toulouse, juin 2009. [4] P. PARNEIX, M. PRISER. Matériaux composites multifonctionnels pour applications navales militaires. ATMA 2013, Paris. [5] G. LEPERT. « Étude des interactions élasto-acoustiques dans des métamatériaux formés d’inclusions résonnantes réparties aléatoirement », thèse de doctorat, I2M, Bordeaux, décembre 2013. [6] G. LEPERT, C. ARISTÉGUI, O. PONCELET, T. BRUNET, C. AUDOLY et P. PARNEIX. Study of the acoustic behavior of materials with core-shell inclusions. Journées anglo-françaises d’acoustique physique, Fréjus, janvier 2013. RESEARCH_2 OPTIMISATION ÉNERGÉTIQUE En ces temps où l’énergie fossile devient de plus en plus rare et coûteuse, il est vital d’envisager toutes les solutions pour diminuer la consommation d’énergie. Cela passe par une optimisation des formes de carènes, des systèmes de conduite économique, des structures allégées, ou encore la récupération de l’énergie de stabilisation d’un navire. Les énergies nouvelles, dont les énergies marines renouvelables, en quête de meilleurs rendements, sont elles aussi à la pointe des recherches de solutions permettant de mieux récupérer l’énergie, la stocker et la transférer. RESEARCH_2 25 OPTIMISATION ÉNERGÉTIQUE Exploitation optimisée de navires : simulations et optimisations AUTEURS : Charles-Édouard Cady et Christophe Gaufreton Dans le cadre du projet FUI EONAV, un outil d’aide à la décision a été développé pour fournir des recommandations d’optimisation dans la conduite d’un navire. L’outil réalise des gains de l’ordre de 2 % sur la consommation de fuel d’un navire. Trois types d’optimisation sont actuellement développés : vitesse, délestage électrique et optimisation de la charge sur les générateurs. La généricité de l’architecture adoptée permet d’accueillir d’autres types d’optimisation (production de froid, d’eau, etc.). Présentation L’évolution de la réglementation internationale (objectif de diminution de 20 % des émissions de CO2 pour 2020) et le renchérissement durable du coût du pétrole amènent l’ensemble des acteurs de l’industrie navale à proposer des innovations concernant l’amélioration de l’efficacité énergétique des navires en phase de conception mais également en phase d’exploitation opérationnelle. Le système EONAV (exploitation optimisée des navires pour réduire les consommations d’énergie et les émissions) s’inscrit donc dans cette préoccupation sur la protection de l’environnement et sur la maîtrise des coûts énergétiques pour les armateurs. L’orientation de DCNS Research sur l’optimisation énergétique est conforme à son axe de développement stratégique pour d’une part maîtriser les enjeux énergétiques de demain et d’autre part élargir sa gamme de produits innovants. OAD (outils d’aide à la decision) Optimisation Le système EONAV a été pensé pour aider un équipage à optimiser la gestion énergétique du navire à travers différents leviers : vitesse optimale, configuration de l’usine électrique et configuration des sous-stations électriques pour assurer un délestage. D’autres optimisations comme la production d’eau, l’assiette… peuvent s’ajouter aux premières, permettant d’améliorer les performances. Mais la maîtrise de la vitesse est un enjeu important car elle représente entre 60 % et 80 % de la consommation totale d’un navire. 26 Modèle énergétique de l’OAD Le cœur de l’application repose sur un modèle énergétique multi-physique et complexe du navire comprenant les composants suivants : • modèle hydrodynamique intégrant les contraintes environnementales ; • modèle mécanique contenant la partie « propulsion » du navire ; • modèle électrique intégrant les générateurs et les consommateurs; • modèle thermique regroupant les producteurs de froid/chaleur et les consommateurs ; • modèle d’émission. Les algorithmes d’optimisation utilisent tout ou partie du modèle énergétique pour minimiser la consommation de fuel. La réduction des émissions découle directement de la consommation de fuel. Modes d’utilisation Avec le modèle énergétique du navire, trois modes d’utilisation de l’OAD sont donc possibles : • le mode planification permet de préparer un voyage en préconisant les vitesses à adopter sur les différentes routes et de proposer des configurations de l’usine électrique en fonction de l’activité opérationnelle et des disponibilités des systèmes ; • le mode monitoring s’utilise pendant le voyage. Il permet de visualiser les indicateurs environnementaux (EEOI, CO2, SOx et NOx) et le suivi des recommandations. L’outil s’adapte et met à jour les solutions d’optimisation en fonction du parcours réellement suivi et à faire ; RESEARCH_2 OPTIMISATION ÉNERGÉTIQUE Présentation de l’IHM du mode monitoring. • le mode analyse permet d’analyser et de comparer les voyages effectués à partir des données enregistrées par le système. Il contribue au SEEMP imposé par la réglementation. En outre, ce mode permettra également de comparer le modèle avec les données enregistrées et de déceler d’éventuelles dérives de l’équipement. Innovations techniques Conception d’un noyau de calcul formel Les algorithmes d’optimisation utilisés nécessitent le calcul des gradients, des jacobiens et des hessiennes. Le codage de ces fonctions peut être réalisé manuellement, mais cette méthode est longue, source d’erreurs et peu maintenable. C’est pourquoi un noyau de calcul formel a été spécifiquement créé pour cette tâche. Il utilise des principes issus du λ-calcul et des simplifications sont opérées dès la construction des expressions, permettant de conserver un temps de calcul proche du codage direct. Manipulation de simulateurs embarqués Un canevas de manipulation de simulateur a été réalisé afi n de pouvoir facilement ajouter des modèles et forcer des valeurs (voire remplacer dynamiquement un modèle par une relecture d’enregistrements) sans avoir à créer et maintenir manuellement les connexions entre modèles. Pour ce faire, un algorithme de chaînage avant/arrière infère automatiquement les dépendances entre les modules. Des gains substantiels de performance sont réalisés en utilisant un algorithme d’évaluation retardée. Le profil de vitesse, par rapport au fond et à route fixée. RESEARCH_2 27 OPTIMISATION ÉNERGÉTIQUE Optimisations réalisées Vitesse Le profil de vitesse, par rapport au fond et à route fixée, est optimisé en tenant compte des efforts environnementaux. Chaque profil de vitesse est simulé et l’on compare les profils entre eux par la consommation totale de carburant qu’ils induisent sur le trajet. Afin de réduire la taille du domaine à explorer, on prend des profils de vitesse constants par morceaux, que l’on raffine récursivement tout en gardant constant le temps de parcours total. Générateurs diesel La charge électrique est répartie sur chaque générateur diesel de manière à minimiser la consommation instantanée totale. Pour ce faire, on se base sur des courbes de consommation en fonction de la charge que le noyau de calcul formel nous permet de manipuler comme des fonctions mathématiques. Un solveur implémentant la méthode du point intérieur permet ensuite de résoudre le problème d’optimisation. Le profil de vitesse, par rapport au fond et à route fixée. Délestage On optimise les consommateurs électriques à connecter au réseau en tenant compte de leur importance (vital, semi-vital, non v ital) et de leur propension à perturber le réseau. Mathématiquement, il s’agit d’un problème discret linéaire sous contraintes linéaires que l’on résout en utilisant un solveur de programmation linéaire. Le noyau de calcul formel permet d’écrire ce problème simplement. Exemple de recommandation : les disjoncteurs en rouge correspondent aux différences entre l’état actuel et l’optimisation proposée. Conclusion L’outil a été validé à l’aide des données de consommation enregistrées sur le navire de croisière Norwegian Epic. Le calcul du gain a été obtenu par comparaison entre la consommation réelle et optimisée sur un voyage identique. Les résultats montrent que l’outil d’aide à la décision améliore la consommation de fuel de 2 % sur u n nav ire for tement opti m isé dans sa conception. L’optimisation du coût provient de l’utilisation de l’optimisation de la vitesse et de la production de l’énergie électrique. Ce projet est une première étape dans la maîtrise énergétique d’un navire à travers des outils d’aide à la décision. Ces résultats permettent d’envisager des objectifs de diminution de 5 % de la consommation et des émissions d’un navire en ajoutant de nouvelles stratégies d’optimisation : production de froid, production d’eau, assiette… Enfi n, l’outil d’aide à la décision à travers les indicateurs énergétiques est une réponse à la réglementation pour les armateurs afin de leur permettre de gérer le plan de management d’efficacité énergétique de leurs navires. 28 Le profil de vitesse, par rapport au fond et à route fixée. RESEARCH_2 INTELLIGENCE EMBARQUÉE La complexité croissante des opérations en mer, associée à la réduction des équipages, nécessite que les opérateurs soient aidés par des systèmes, partiellement ou totalement automatisés, faisant appel à des lois de commandes avancées, qu’il faut perpétuellement améliorer et adapter aux nouvelles situations. Les impératifs de sécurité et d’économies d’énergie doivent également être intégrés dans les algorithmes de commandes et les architectures des systèmes. Si l’on pousse cette logique encore plus loin, on arrive dans le monde des drones ou Unmanned Vehicules (UV), ces engins autonomes, capables de mener des missions sans intervention humaine. RESEARCH_2 29 INTELLIGENCE EMBARQUÉE Architecture d’un système de guidage pour véhicules autonomes AUTEUR : Denis Gagneux Les drones aériens (Unmanned Aerial Vehicles) ont vu leur utilisation exploser ces dernières années. Réservés pendant longtemps à des usages militaires, ils se démocratisent désormais dans le secteur civil. Les drones aériens (Unmanned Aerial Vehicles) ont vu leur utilisation exploser ces dernières années. Réservés pendant longtemps à des usages militaires, ils se démocratisent désormais dans le secteur civil. Les drones de surface (Unmanned Surface Vehicles et les drones sous-marins (Unmanned Underwater Vehicles , complémentaires aux drones aériens, vont également voir leurs usages se démocratiser. Ils permettent de ménager le temps de l’homme, soit pour effectuer des tâches répétitives, soit pour intervenir en milieu hostile. Depuis le début des années 2000, alliant ses connaissances sur les plateformes marines et sur les pilotes automatiques, SIREHNA® (DCNS Research) accompagne cette révolution par ses travaux sur les systèmes de guidage. Les systèmes de guidage constituent le cœur des véhicules autonomes. Développés par les ingénieurs de SIREHNA® pour des drones marins, ces architectures logicielles et matérielles sont le fruit d’une dizaine d’années de travaux de recherche et d’expérimentation. Les USV et les UUV sont des véhicules autonomes qui peuvent être utilisés dans des environnements très divers allant de zones sécurisées (le trafic maritime étant exclusivement réservé au drone) à des zones de trafic maritime intense (ports, routes maritimes commerciales, etc.). Dans un futur proche, l’adaptabilité du niveau d’autonomie de ces engins permettra aux militaires et aux civils d’en varier les utilisations : comme véhicule télécommandé, comme véhicule dont l’évolution est surveillée par un opérateur distant, jusqu’à un véhicule intégralement autonome. L’architecture de leurs systèmes de guidage permet de répondre à toutes les exigences de navigation, tout en assurant sa sécurité et celle de son environnement. 30 Le système de guidage est constitué d’un calculateur principal (Command & Control) et d’un calculateur secondaire (Safety) Le calculateur principal assure les fonctions liées à la navigation, notamment en intégrant un autopilote. Le calculateur secondaire assure quant à lui la sécurité du véhicule et celle de son environnement : il contrôle notamment la cohérence des ordres émis par l’autopilote, détecte les défaillances du véhicule et les collisions potentielles avec les autres véhicules ou éléments de son environnement. En cas de détection d’un événement anormal, le calculateur secondaire prend le contrôle du véhicule pour le mettre en sécurité. Il est alimenté par une source d’énergie différente et redondée de celle du calculateur principal, lui permettant ainsi d’être opérationnel en cas de panne électrique du système principal. Il est également relié à une station de supervision distante via une liaison de communication dédiée indépendante à celle utilisée par le calculateur principal, ce qui permet à un opérateur d’intervenir en cas de défaillance de la liaison de communication du système principal. La technologie de la liaison de communication varie en fonction du milieu environnant le véhicule autonome. Dans le cas où il évolue en surface, une liaison hyperfréquence est utilisée, dans le cas où il évolue sous la surface, il s’agira d’une liaison acoustique. Pour éviter les collisions avec un élément de son environnement, l’architecture peut être composée de différents capteurs : radar, AIS, laser, caméra ou sonar (seul capteur utilisable sur les véhicules sous-marins). De par leur technologie, ces éléments sont complémentaires et permettent d’augmenter la perception de l’environnement du véhicule. RESEARCH_2 INTELLIGENCE EMBARQUÉE Interface graphique de la station de supervision. L’opérateur surveille l’évolution du véhicule depuis le module de carte numérique. L’architecture est actuellement déployée sur un drone de surface (Remorina) et sur une maquette sous-marine libre (MAX). RESEARCH_2 31 32 RESEARCH_2 MAÎTRISE DE L’INFORMATION La multiplication des capteurs électromagnétiques, optroniques et acoustiques, dans des situations opérationnelles très variées, a pour conséquence l’augmentation massive des données disponibles. La maîtrise de l’information devient donc essentielle et nécessite des traitements automatisés pour localiser, identifier, caractériser, poursuivre… Le but est de mettre à disposition de l’opérateur des informations sûres, pertinentes et en temps réel, lui permettant de prendre la meilleure décision possible. RESEARCH_2 33 MAÎTRISE DE L’INFORMATION De nouvelles solutions dans les traitements d’association de données AUTEURS : Olivier Marceau, Daniel Vanderpooten*, Jean-Michel Vanpeperstraete Les capteurs de bord d’un bâtiment fournissent des mesures descriptives des objets présents autour de la plateforme. La fonction d’association de données joue un rôle clé pour obtenir une représentation synthétique de l’environnement du bâtiment à partir de ces mesures. Les travaux de DCNS Research visent à proposer des solutions de traitement d’association de données qui consomment des informations cinématiques et qualitatives, en s’affranchissant d’hypothèses contraignantes (hypothèse de scan) sur la structure d’arrivée des mesures des capteurs. Présentation du problème La fonction d’association de données d’un système multicapteurs (radar, capteur image infrarouge, etc.) est une composante technique critique de la gestion de la veille. Alors que chaque capteur fournit des informations élémentaires (positions, angles, informations d’identification) décrivant les cibles qu’il a détectées, la fonction d’association vise à regrouper les informations des capteurs qui désignent la même cible. ( ). décrit l’accumulation de scans : (1) Modélisation mathématique du problème d’association Toutes les mesures sont supposées effectuées à des instants fi xés Une hypothèse candidate modélise une hypothèse de regroupement de mesures qui désignent la même cible. Plus précisément, est défi nie comme un sous-ensemble de mesures issues de tel que avec (en réalité, les mesures sont généralement asynchrones). À chaque instant , le capteur fournit un ensemble de mesures appelé « scan ». où la -ème est le nombre de mesures reçues dans le scan et mesure reçue dans le scan . La constitution d’une mesure dépend du capteur : par exemple, un radar 2D mesure la distance et l’angle d’azimut de chaque cible potentielle 34 pour tout . (2) (3) (2) indique que chaque hypothèse candidate ne peut pas contenir plus d’une mesure de chaque scan. (3) précise qu’une hypothèse candidate contient au moins une mesure. RESEARCH_2 MAÎTRISE DE L’INFORMATION La qualité d’une partition est évaluée au travers de la qualité des hypothèses candidates qui la constituent. Chaque hypothèse candidate de la partition décrit un regroupement de mesures cinématiques d’autant plus pertinent que celles-ci sont cohérentes d’un comportement cinématique des cibles recherchées. Cette cohérence cinématique est évaluée via une probabilité notée . Ainsi, la partition optimale est celle qui maximise un critère de cohérence cinématique de la forme suivante ([9]) : (7) Figure 1. Exemples d’hypothèses candidates. avec qui désigne l’ensemble des partitions et (6). Le traitement d’association de données produit en sortie un ensemble constitué de hypothèses candidates. (4) doivent former une Les hypothèses candidates partition de . Autrement dit, chaque mesure de appartient à une et une seule hypothèse candidate constituant pour tout (5) (6) vérifiant (4), (5) Le problème (7) est un problème d’optimisation discrète dont la résolution exacte en temps polynomial ne peut pas être garantie pour toutes les instances dès que est strictement supérieur à 2 ([9]). Ce problème d’optimisation appartient en fait à la catégorie des problèmes dits « NP-complets » ([4]). La résolution du problème d’association Les équations (1) à (7) constituent la modélisation mathématique standard du problème d’association de données. Quand le nombre de dimension vaut 2, le problème d’association de données correspond au problème classique d’affectation pour lequel existent des algorithmes exacts polynomiaux très efficaces ([1,2]…). De nombreuses publications ([3,5,8,9]…) proposent des algorithmes sous-optimaux mais efficaces en temps de calcul quand le nombre de dimension est strictement supérieur à 2. Malgré le grand nombre de solutions disponibles, DCNS Research développe des solutions innovantes pour associer les données principalement pour les raisons suivantes : • la contrainte de la structure de scan ; • l’exploitation des données qualitatives. Figure 2. Exemple de partition RESEARCH_2 La contrainte de la structure de scan La notion de scan est centrale dans la modélisation du problème d’association, et la plupart des algorithmes exploitent de façon critique cette notion. Le scan modélise la manière dont les mesures des senseurs sont présentées au traitement d’association de données. Dans le cas d’un capteur radar tournant, le scan est l’ensemble des mesures collectées pendant une rotation complète de l’antenne. Mais aujourd’hui apparaissent des problèmes opérationnels où l’asynchronisme des mesures rend problématique la contrainte de modélisation imposée par la 35 MAÎTRISE DE L’INFORMATION structure de scan. Pour faire face à ce problème, DCNS Research a développé des méthodes d’association de données innovantes et particulièrement efficaces qui s’affranchissent de la notion de scan. L’exploitation des données qualitatives La plupart des publications décrivent des solutions qui exploitent automatiquement les mesures cinématiques (distance, azimut) dont les erreurs sont caractérisées par un modèle statistique. Peu de publications ([6]) en revanche décrivent des solutions pour exploiter des informations qualitatives, non caractérisées d’un point de vue statistique. Les informations d’identification sont un exemple d’informations qualitatives. Or les données qualitatives peuvent être une source d’information supplémentaire essentielle pour améliorer les traitements d’association de don nées. Grâce à un partenariat avec le laboratoire Lamsade, DCNS Research a obtenu des premiers résultats prometteurs pour exploiter les données qualitatives ([7]). DCNS Research continue ses travaux de R&D avec le Lamsade pour mettre à disposition à moyen terme des solutions techniques d’association de données aptes à exploiter les informations qualitatives disponibles. (1) PSL, université Paris-Dauphine, Lamsade, place du Maréchal-deLattre-de-Tassigny, 75775 Paris Cedex 16. _RÉFÉRENCES [1] D. P. BERTSEKAS. « The auction algorithm : a distributed relaxation method for the assignment problem ». Annals of Operations Research. Vol. 14, p. 105-123, 1988. [2] R. BURKARD, M. DELL’AMICO, S. MARTELLO. Assignment Problems, SIAM 2009. [3] A. CAPONI. « Polynomial time algorithm for data association problem in multitarget tracking ». AES IEEE, p. 1398-1410, 2004. [4] M. GAREY, D. S. JOHNSON. Computers and Intractability. A Guide to the Theory of NP-Completeness, Ed Freeman. [5] H. GAUVRIT. « Extraction multipistes : approches probabiliste et combinatoires ». Thèse, université de Rennes, 1997. [6] H. HUGOT, D. VANDERPOOTEN, J. M. VANPEPERSTRAETE. « A bi-criteria approach for the data association problem ». Annals of Operations Research. Vol. 147, n° 1, p. 217-234, 2006. [7] O. MARCEAU, J. M. VANPEPERSTRAETE. « Automatisation des traitements et Aides à la décision ». Rapport d’étude, 2013. [8] K. R PATTIPATI, S. DEB, Y. BAR-SHALOM, R. B. WASHBURN. « A new relaxation algorithm and passive sensor data association ». IEEE Transactions on Automatic Control. Vol. AC-37, no 2, p. 198-213, février 1992. [9] A. POORE. « Multidimensional assignment formulation of data association problems arising from multitarget and multisensor tracking ». Computational Optimization and Applications, p. 27-57, 1994. 36 RESEARCH_2 MAÎTRISE DE L’INFORMATION Poursuite de cibles manœuvrantes en 3D AUTEUR : Dann Laneuville Les systèmes de surveillance, dont le but est d’établir la situation tactique dans une zone étendue couverte par des senseurs de veille, ainsi que les systèmes de poursuite focalisés sur un objet particulier sont parfois confrontés à des situations particulières où certains objets de la scène sont très manœuvrants. Il peut s’agir d’un jet-ski ou d’un zodiac dans le cadre de la LCMA (Lutte Contre la Menace Asymétrique), ou d’un missile balistique type ASBM (Anti Ship Balistic Missile) dans le cadre de la DAMB (Défense AntiMissile Balistique) par exemple. Ces manœuvres, combinées à la présence potentielle de fausses alarmes, représentent une difficulté réelle pour l’algorithme de pistage, qui dans ce cas peut « traîner », c’est-à-dire présenter un biais d’estimation (perte de précision), voire décrocher, c’est-à-dire perdre la piste de l’objet poursuivi, ce qui oblige le système à recréer cette piste après une éventuelle phase de recherche en cas de poursuite. virage est constant). Ce filtre a été récemment revu pour prendre rigoureusement en compte le cas de fi ltres de dimensions différentes dans chaque mode ([7]), comme cela sera notre cas, et amélioré dans son approche par rapport au fi ltre optimal ([5]) avec le GMIMM (Gaussian Mixture based IMM) qui conserve les r hypothèses les plus probables dans chaque mode alors que l’IMM les fusionne toutes en une seule. Dans les deux cas, cette perte de performance peut s’avérer fatale en cas de nécessité d’engagement sur une cible menaçante. Ainsi, la disposition d’un algorithme de poursuite de cibles manœuvrantes robuste et performant apparaît comme une composante essentielle des systèmes de surveillance et de poursuite. Le but de ce travail est d’étudier un nouvel algorithme de poursuite de cible manœuvrante qui peut manœuvrer fortement en deux ou trois dimensions. Aujourd’hui, les deux modèles les plus utilisés dans un fi ltre ty pe IMM sont le modèle dit « NCV » (Nearly Constant Velocity), qui décrit les phases de mouvement uniforme ([1]) avec comme vecteur d’état X(t) = [x y z vx vy vy]’, et le modèle dit « NCT » (Nearly Coordinated Turn) pour les virages coordonnés dans le plan horizontal ([1]) avec comme vecteur d’état X(t) = [x y z vx vy ω]’ où ω représente le taux de virage dans le plan. Jusqu’à [3], les virages appréhendés par le filtre IMM étaient dans le plan horizontal. État de l’art L’état de l’art en matière d’algorithme de poursuite de cible manœuvrante est représenté par le filtre IMM (Interacting Multiple Model) introduit dans les années 1990 ([2]). C’est un algorithme récursif qui utilise plusieurs fi ltres de Kalman en parallèle, chacun d’eux étant dédié à une phase particulière de la trajectoire, par exemple un fi ltre pour les phases de mouvement uniforme (vitesse constante = pas de manœuvre) et un fi ltre pour les phases de manœuvres comme, par exemple, les virages uniformes (où la vitesse ne varie pas et où le taux de RESEARCH_2 L’approche récente développée dans [3] permet aussi d’appréhender des manœuvres dans un plan vertical, mais aucun fi ltre aujourd’hui ne traite de manière satisfaisante les manœuvres qui se font simultanément dans les deux plans (manœuvres réellement 3D). C’est le but de notre approche. Nouvelle approche Les deux modèles précédents sont actuellement décrits en coordonnées cartésiennes (CC) dans la littérature et nous 37 MAÎTRISE DE L’INFORMATION Figure 2. Scénario 1. Figure 3. Scénario 2. Figure 4. Scénario 3. 38 RESEARCH_2 MAÎTRISE DE L’INFORMATION proposons une nouvelle représentation mixte : cartésienne pour la position et sphérique pour la vitesse. Ainsi, nous avons comme vecteur d’état X(t) = [x y z s ψ θ]’ pour notre premier modèle où s représente le module de la vitesse, ψ et θ les deux angles qui défi nissent la direction du vecteur vitesse (voir figure 1 ci-dessous) et X(t) = [x y z s ψ θ ω1 ω2]’ pour le second modèle où ω1 correspond au taux de virage dans le plan horizontal et où ω2 correspond au taux de virage vertical. dont la discrétisation, au second ordre, est donnée par ([6]) : x1D = x 01 + tx 04 sin(x5) cos(x 06) dx1 = x 4 sin(x5) cos(x6)dt t x x cos(x ) cos(x ) +— 05 06 2 04 07 2 t – — x x sin(x ) sin(x ) 2 dx2 = x 4 cos(x5) cos(x6)dt dx 3 = x 4 sin(x6)dt 2 dx 4 = σ 1 dW1 08 05 06 x2 D = x 02 + tx04 cos(x 05) cos(x 06) dx5 = x 7 dt t x x sin(x ) cos(x ) –— 05 06 2 04 07 t2 x x cos(x ) sin(x ) –— 2 dx6 = x 8 dt dx 7 = σ 2 dW2 04 et dx 8 = σ 3 dW3 2 04 08 05 06 (3) t2 x x cos(x ) x3D = x 03 + tx 04 sin(x 06) + — 06 2 04 08 x 4D = x 04 x5D = x 05 + tx07 x6D = x06 + tx08 x 7D = x07 x8D = x 08 Pour plus de détails sur la discrétisation de (1), et notamment la partie stochastique, voir la référence [4], dont est issu ce résumé. Figure 1. Vitesse en coordonnées sphériques. Ainsi, les modèles d’évolution correspondant en temps continu sont donnés par les équations différentielles stochastiques suivantes : dx1 = x 4 sin(x5) cos(x6)dt dx1 = x 4 sin(x5) cos(x6)dt dx2 = x 4 cos(x5) cos(x6)dt dx2 = x 4 cos(x5) cos(x6)dt dx 3 = x 4 sin(x6)dt dx 3 = x 4 sin(x6)dt dx 4 = σ1 dW1 dx5 = σ2 dW2 dx 4 = σ1 dW1 et dx6 = σ 3 dW3 dx5 = x 7 dt dx6 = x 8 dt dx 8 = σ 3 dW3 Ces modèles sont de la forme générale d’une équation différentielle stochastique : RESEARCH_2 Nous comparons les résultats de deux fi ltres IMM dont chacun utilise les deux modèles NCV/NCT en coordonnées cartésiennes pour le premier (IMM1) et en coordonnées mixtes pour le second (IMM2, nouvelle approche). Un radar, symbolisé par un triangle bleu sur les courbes de scénarios, fournit à la cadence de 1 s des mesures en distance avec σr = 20 m, a i nsi que des a n g les de ci rcu la i re et d’élévation avec σang = 10 mrad. (1) dx 7 = σ 2 dW2 dXt = a(Xt) dt + b(Xt) dWt Exemples de résultats (2) Le premier scénario est un scénario où la cible effectue une manœuvre dans le plan horizontal avec un taux de virage de 0.2 rads-1 avec une vitesse de 250 ms-1, ce qui correspond à un facteur de charge de 5 g. La courbe de gauche illustre la performance des deux fi ltres IMM. On constate que la nouvelle approche améliore significativement la performance par rapport à ce qui représente aujourd’hui le meilleur fi ltre (IMM1) pour des manœuvres dans le plan horizontal. Le second scénario est un scénario où la cible effectue une manœuvre dans un plan vertical avec un taux de virage identique de 0.2 rads-1 avec une vitesse de 250 ms-1, ce qui correspond également à un facteur de charge de 5 g. On constate toujours que la nouvelle approche améliore significativement la performance. 39 MAÎTRISE DE L’INFORMATION Enfi n, le dernier scénario est un scénario où la cible effectue une manœuvre en 3D, c’est-à-dire à la fois dans le plan horizontal et vertical avec un taux de virage de 0.2 rads-1 dans les deux plans et avec une vitesse de 250 ms-1, ce qui correspond à un facteur de charge de 7 g. On constate encore que la nouvelle approche se comporte aussi bien que précédemment (manœuvre dans un seul des deux plans) et améliore significativement la performance. Conclusions et perspectives Nous avons présenté une nouvelle approche de modélisation des manœuvres d’un mobile qui permet non seulement d’améliorer les performances sur des manœuvres type virage coordonné dans le plan, qu’il soit horizontal ou vertical, mais qui permet aussi de maintenir le même niveau de performance sur des manœuvres réellement 3D. Cette approche, plus naturelle et plus physique que les coordonnées cartésiennes pour modéliser les manœuvres d’un mobile, semble donc être très prometteuse pour les applications de poursuite de cibles manœuvrantes. La suite des travaux consiste à l’intégrer dans un algorithme de pistage pour la tester en environnement multicible avec de fausses alarmes et des trous de détection. _RÉFÉRENCES [1] Y. BAR-SHALOM, P. WILLETT and X. TIAN, Tracking and Data Fusion. A Handbook of Algorithms. YBS Publishing, 2011. [2] H. A. P. BLOM, Y. BAR-SHALOM. « The interacting multiple model algorithm for systems with Markovian switching coefficients ». IEEE Transactions on Automatic Control. 33, p. 780-783, août 1988. [3] J. GLASS, W.D. BLAIR, Y. BAR-SHALOM. « IMM Estimators with Unbiased Mixing for Tracking Targets Performing Coordinated Turns ». Proceedings of IEEE Aerospace Conference. Big Sky, États-Unis, mars 2013. [4] D. LANEUVILLE. « New Models for 3D Maneuvering Target Tracking, Proc. of IEEE Aerospace Conference ». Proceedings of IEEE Aerospace Conference. Big Sky, États-Unis, mars 2014. [5] D. LANEUVILLE, Y. BAR-SHALOM. « Maneuvering Target Tracking : A Gaussian Mixture Based IMM Estimator ». Proceedings of IEEE Aerospace Conference. Big Sky, États-Unis, mars 2012. [6] A. TOCINO and J. VIGO-AGUIAR. « New Itô-Taylor expansion ». Journal of Computational and Applied Mathematics. 158, p. 169-185, 2003. [7] T. YUAN, Y. BAR-SHALOM, P. WILLETT, E. MOZESON, S. POLLAK AND D. HARDIMAN. « A multiple IMM approach with unbiased mixing for thrusting projectiles ». IEEE Transactions on Aerospace and Electronic Sytems. 48(4):3250-3267, octobre 2012. 40 RESEARCH_2 MAÎTRISE DE L’INFORMATION Innovation et facteurs humains AUTEUR : Chantal Maïs La prise en compte de l’homme dans la conception des systèmes complexes est nécessaire pour en garantir une exploitation optimale. Pour les navires militaires, systèmes hautement technologiques, d’exploitation très complexe faisant intervenir la performance individuelle et collective, en environnement sévère, en situation de stress, c’est un enjeu majeur : l’efficacité de l’ensemble équipage-navire dans la réalisation de ses missions. Dans cette optique, les i n novations doivent permettre d’améliorer, d’augmenter les capacités des navires. Qu’apporte la prise en compte du « facteur humain » dans l’innovation ? Il est nécessaire : • d’identifier le « niveau » d’innovation : évolution des systèmes (upgrade) ou révolution (rupture technologique) ? ; • de caractériser le type de l’innovation : innovation technologique, organisationnelle, individuelle (liée à l’individu) ? Mais quelle que soit sa nature, toute innovation a un impact sur l’humain. Celui-ci doit être estimé assez tôt dans la conception afi n : • de choisir des types et méthodes d’inDCNS à la pointe de la réalité virtuelle. tervention facteurs humains adaptés ; • de conduire les études FH en amont, lorsque l’impact pressenti est fort, pour anticiper les nouveaux usages, assurer l’acceptabilité de l’inno- d’informations et de sources d’informations (big data), de vation, la conduite du changement, en plus des critères plus proposer de nouveaux modes d’interaction (la réalité virtuelle, classiques d’utilité et d’utilisabilité des IHM. la réalité augmentée, les objets tangibles, les interfaces gestuelles – écrans tactiles ou leap motion. Innovations technologiques et innovations « humaines » Les innovations concernant les grands systèmes complexes industriels sont le plus souvent technologiques. Elles permettent de développer des systèmes plus automatisés, voire autonomes (drones, par exemple), d’augmenter la quantité RESEARCH_2 El les sou lèvent de nouvel les problématiques facteu rs humains : structuration d’information pour la sélection d’information dans big data, téléopération multisystèmes, interactions multimodales, etc. 41 MAÎTRISE DE L’INFORMATION Cependant, l’innovation peut avoir d’autres origines que la technologie. De nouvelles approches, de nouvelles solutions peuvent surgir de la prise en compte des connaissances sur les humains et sur les organisations, issues de la psychologie, de la sociologie : • les différentes dimensions humaines (anthropométrie, physiologie, cognition, conation, sociologie, etc.) ne sont pas indépendantes les unes des autres. Leurs interactions déterminent en partie le comportement (et potentiellement la performance) des utilisateurs. Par exemple, la confi ance que l’utilisateur a dans le système modifie sa façon d’interagir avec le dit système ; • les individus sont différents les uns des autres dans les différentes dimensions. Cette variabilité interindividuelle génère des attentes, des besoins, des comportements différents ; • enfin, les individus évoluent dans le temps dans les différentes dimensions. Au fur et à mesure de leurs expériences, ils acquièrent de nouvelles connaissances, modifient leurs structures cognitives, etc. Ces différentes données peuvent être des sources d’innovation dans la conception de systèmes complexes : IHM adaptatives, évolutives, systèmes intelligents avec modèle utilisateur, monitoring de l’opérateur, etc. On voit donc que la prise en compte de l’humain peut avoir un impact sur la technologie, axe de développement trop souvent négligé. 42 Une approche de type systémique se justifie donc pleinement, qui analyse le système hommes-machines dans sa globalité, en prenant en compte les différents éléments pertinents. Elle doit identifier clairement les futurs utilisateurs dans les différentes dimensions et intégrer une démarche de validation des solutions en amont, validation basée sur une méthode d’analyse multicritères (performance, utilité, utilisabilité mais aussi acceptabilité). Chez DCNS, entreprise de grande technicité, quand on pense innovation, le plus souvent on pense technologie. La prise en compte des facteurs humains est à la fois accompagnatrice de l’innovation mais aussi source d’innovation ! RESEARCH_2 DISCRÉTION, FURTIVITÉ ET INTÉGRATION D’ANTENNES Comment être là sans que d’autres ne le sachent ? Comment ne pas perturber l’environnement dans lequel on évolue ? Que ce soit dans le domaine de l’électromagnétisme ou dans celui de l’acoustique, de nombreuses solutions technologiques sont proposées. Elles font appel à des matériaux spéciaux, des formes étudiées, des positionnements et des découplages astucieux. La recherche et l’identification de ces solutions nécessitent, en amont, de modéliser les phénomènes en jeu, avec des outils et des méthodologies évoluant pour s’adapter aux menaces et aux besoins d’analyse. RESEARCH_2 43 DISCRÉTION, FURTIVITÉ ET INTÉGRATION D’ANTENNES Rayonnement vibroacoustique de plaques en régime transitoire AUTEURS : Thomas Leissing, Roch Scherrer et Christian Audoly En mer, l’utilisation des ondes acoustiques pour la détection des forces adverses, grâce aux sonars passifs, est généralisée depuis des décennies, et la technologie des sonars est en constante évolution. La modernisation des sonars passifs, aujourd’hui capables d’analyser les bruits transitoires, rend nécessaire l’optimisation de la discrétion acoustique en régime non stationnaire. DCNS doit ainsi être capable de spécifier des exigences en discrétion acoustique transitoire sur les matériels équipant les navires et les structures qui les supportent. Dans cette optique, DCNS Research s’investit dans l’étude des mécanismes de rayonnement vibroacoustique de structures en régime transitoire, notamment dans le cadre d’une thèse de doctorat en partenariat avec le laboratoire vibration et acoustique de l’Insa de Lyon. L’objectif de cette étude est d’améliorer les connaissances pour représenter les mécanismes de rayonnement vibroacoustique de structures en régime transitoire, au niveau des sources, des transferts et des facteurs de rayonnement. Méthode de résolution Afin d’étudier les vibrations et le rayonnement acoustique d’une structure immergée excitée par une source transitoire, on considère tout d’abord une structure simple : une plaque infi nie. Cette plaque est immergée et est soumise à une excitation impulsionnelle ponctuelle. Le mouvement de la plaque est régi par l’équation de Love-Kirchhoff [1,2] : où D est la rigidité à la flexion de la plaque, et h sont la densité et l’épaisseur de la plaque, respectivement, ω est la pulsation, ξ est u n ter me d’amortissement structural, w(r,t) représente le déplacement de la plaque en fonction de la distance à la source d’excitation et du temps, f 0 est l’amplitude de la force excitatrice située en r0 et p(r,t) est la pression pariétale. Une attention particulière doit être apportée au modèle d’amortissement viscoélastique, qui doit respecter le principe de causalité. La résolution de cette équation de la dynamique des plaques minces en régime harmonique permet d’obtenir le mouvement de la plaque dans le domaine fréquentiel. Une 44 transformée de Fourier inverse est ensuite appliquée et permet d’obtenir la réponse impulsionnelle de la plaque et la pression rayonnée dans le fluide dans le domaine temporel. La fi gure 1 montre une représentation schématique du principe de résolution. Application à une plaque infinie immergée La méthode utilisée est validée par une comparaison avec une plaque in-vacuo, pour laquelle des solutions analytiques existent [3]. L’étude des vibrations sur une plaque immergée met en évidence l’effet du fluide, la dispersion des ondes de plaque et les ondes d’interface fluide/solide. L’étude de la pression rayonnée met en évidence une directivité du rayonnement et la propagation des ondes dans la plaque avant d’être rayonnées. La fi gure 2 présente un exemple de simulation sur une plaque d’aluminium immergée. On peut voir les niveaux de pression dans le fluide à quatre instants différents (de gauche à droite et de haut en bas : t = 0.23 ms, t = 1.40 ms, t = 2.79 ms et t = 6.12 ms). La plaque plane est située en z = 0, de sorte que sa tranche est représentée par le trait pointillé noir. La force RESEARCH_2 DISCRÉTION, FURTIVITÉ ET INTÉGRATION D’ANTENNES Figure 1. Représentation schématique de la méthode de résolution. Figure 2. Simulation de la pression rayonnée dans le fluide par une plaque infinie immergée excitée par une force impulsionnelle. RESEARCH_2 45 excitatrice consiste en une impulsion en (t = 0, z = 0). La carte en couleur montre les niveaux de pression dans le fluide. On peut observer sur ces quatre figures la propagation progressive des ondes dans le fluide. Quatre hydrophones virtuels sont placés dans le milieu fluide ; ils sont représentés par les cercles noirs. On peut observer les signaux temporels reçus en ces points sur les graphes temps/amplitude. On note que les caractéristiques temporelles des signaux sont très différentes suivant la distance séparant la force excitatrice et le point d’observation. En effet, le signal reçu sur le récepteur le plus proche (en bas à gauche) consiste en un signal très bref, quasi impulsionnel, alors que le signal temporel observé sur le récepteur situé en bas à droite est d’amplitude plus faible, de durée plus importante et de contenu fréquentiel plus complexe. Cette simulation permet ainsi d’appréhender, ici sur un cas simple, différents phénomènes physiques qu’il serait difficile d’identifier et d’interpréter sur une représentation fréquentielle. Perspectives Le cas de la plaque infi nie permet de valider les modèles et les méthodes numériques développés mais n’est pas suffisamment représentatif des systèmes mécaniques complexes présents à bord des navires. Afi n de se rapprocher autant que possible de structures réelles, le cas des plaques fi nies, des poutres, et de leur couplage est également traité par des méthodes similaires à celle présentée ici. De plus, des expérimentations en cuve acoustique sur une plaque immergée sont en cours ; ces mesures permettront de valider les modèles de simulation développés dans cette étude. La mise au point et la validation expérimentale de ces modèles et outils permettront aux équipes de DCNS Research de caractériser plus fi nement les phénomènes de vibrations et de rayonnement des structures soumises à des excitations impulsionnelles. In fi ne, il sera possible d’appliquer ces méthodes à la conception des navires pour la discrétion acoustique en régime transitoire. _RÉFÉRENCES [1] M. C. JUNGER, D. FIET. Sound, Structures and Their Interaction, 2nd ed., Cambridge : The MIT Press, (1986) p. 235-250. [2] X. L. BAO, H. FRANKLIN, P. K. RAJU, H. UBERALL. « The splitting of dispersion curves for plates fluid-loaded on both sides ». Journal of the Acoustical society of America. 102 (2), 1997. [3] R. SCHERRER, L. MAXIT, J.-L. GUYADER, C. AUDOLY, M. BERTINIER. Analysis of the Sound Radiated by a Heavy Fluid Loaded Structure Excited by an Impulsive Force. Internoise 2013, Innsbruck, Autriche, septembre 2013. 46 RESEARCH_2 PRODUCTIVITÉ ET COMPÉTITIVITÉ DES PROCÉDÉS INDUSTRIELS Les procédés industriels touchent à l’ensemble des processus de fabrication des produits et des composants. Ce champ très vaste inclut le choix des matériaux, les procédés de fabrication, les techniques d’assemblage et les moyens de contrôle adaptés. Il inclut aussi l’usage extensif de la réalité virtuelle ou augmentée, autrement dit l’utilisation des moyens de modélisation et de visualisation pour choisir la meilleure façon de procéder, bien avant le prototype. Enfin, l’évolution de l’organisation de la chaîne globale de production intégrant les nouvelles technologies de fabrication et les principes d’organisation complexes font l’objet, au sein des différentes filières industrielles, des recherches sur « l’usine du futur » et « l’usine étendue ». RESEARCH_2 47 PRODUCTIVITÉ ET COMPÉTITIVITÉ DES PROCÉDÉS INDUSTRIELS Évaluation du Friction Stir Welding (FSW) sur les aciers à haute limite élastique utilisés en construction navale AUTEURS : Guillaume Rückert, Myriam Chargy, François Cortial et François Jorez Le procédé FSW a été évalué sur trois types d’acier utilisés en construction navale (aciers DH36, S690QL et 80HLES) avec des soudures bout à bout à pleine pénétration sur des tôles de 8 mm d’épaisseur. Des contrôles non destructifs ont été réalisés afin de mettre en évidence la présence de défauts intrinsèques au procédé de soudage (par exemple, contacts sans adhésion ou kissing bond). La méthodologie de contrôles validée (contrôles de volume et de surface) confirme l’intégrité des soudures et l’absence de défauts géométriques à partir d’examens et d’essais mécaniques relevant d’une procédure de qualification. Introduction Il est nécessaire d’élaborer des conceptions et des conditions de fabrication plus efficaces afin d’améliorer les performances industrielles et en service, et ainsi faire face à la concurrence au sein du marché de la construction navale. L’amélioration des conditions de fabrication et le gain de poids notamment peuvent être obtenus grâce à des conceptions et des procédés innovants. L’utilisation de matériaux performants comme l’acier à haute limite élastique (HLES) en construction navale (coque, superstructure, plancher, propulseur, etc.) est une solution qui permet un gain de poids substantiel car l’épaisseur des structures s’en trouve réduite. Les procédés de fabrication doivent donc être adaptés aux caractéristiques de ces natures d’acier. Dans ce contexte, le développement de procédés de soudage innovants doit aussi être conduit de façon à assurer la qualité des assemblages : limitation des défauts de soudage, limitation des déformations et amélioration de la planéité des structures, amélioration de l’hygiène et de la sécurité au cours des procédés de fabrication, meilleure contrôlabilité, amélioration de la disponibilité et de la réparation. Les procédés de soudage par fusion utilisés sur les chantiers navals peuvent nécessiter un préchauffage et généralement un métal d’apport, et occasionnent actuellement des défauts (manque 48 de fusion, porosité, inclusions, fissuration à froid), des défauts géométriques sur la surface (dégagements…) ainsi que des distorsions de la structure. Ces défauts imposent du travail : réparations et/ou fi nitions. Le soudage par friction-malaxage (FSW) est une méthode alternative qui s’effectue par un soudage en phase solide sans métal d’apport, éliminant ainsi les inconvénients associés à la fusion de métaux. Bien qu’il y ait encore des verrous scientifiques et technologiques, le FSW est une technologie mature pour l’assemblage d’alliages aluminium [1] homogènes et hétérogènes. Les principales applications pour la construction navale concernent l’assemblage de profilés extrudés pour former des planchers rigides [2]. Des études [3, 4] ont démontré l’importance de ce procédé pour les aciers faiblement alliés d’une épaisseur d’environ 6 à 12 mm et pour l’affinement des grains dans la zone affectée thermiquement (ZAT), une amélioration de la soudabilité métallurgique par rapport aux procédés de soudage à l’arc, et la nonproduction de fumées de soudage, qui contiennent notamment du chrome hexavalent. Cependant, les résultats provenant de travaux en laboratoire sur de petits témoins ne démontrent pas la faisabilité industrielle, qui doit notamment prendre en compte les conditions de fonctionnement générales et l’utilisation d’outils à durée de vie limitée (base de tungstène-molybdène). Le développement récent de technologies issues d’outils de perçage (nitrures de bore RESEARCH_2 PRODUCTIVITÉ ET COMPÉTITIVITÉ DES PROCÉDÉS INDUSTRIELS polycristallins – PCBN – W-Re dopé), proposées par MegaStir, a donné lieu à des avancées technologiques [5]. Les études liées à l’utilisation de ces outils prometteurs sont limitées au travail de l’équipe à l’origine de l’invention de l’outil en question et par les matériaux aux performances mécaniques limitées. D’après nos connaissances sur la soudure HLES, requise tout particulièrement pour la construction navale, aucune étude n’a encore été publiée. Tableau 2. Composition chimique des aciers DH36, S690QL et 80HLES % max (pds) DH36 C Si Mn P S 0,18 0,50 1,60 0,035 0,035 N B – – Cr Cu Mo Nb Ti – – – – – V – Ni Zr – – S690QL 0,18 0,50 1,60 0,020 0,010 0,015 0,005 0,8 0,50 0,70 0,062 0,05 0,10 2,0 0,15 80HLES 0,15 0,25 0,50 0,01 0,01 – – 0,5 0,25 0,40 – – 0,09 4,8 – Procédé de soudage Cette étude présente une évaluation de ce procédé de soudure innovant pour des applications sur construction navale tant civiles que militaires. L’objectif principal est de démontrer que ce procédé FSW est conforme aux spécifications techniques et économiques des chantiers navals. En effet, ce procédé peut être introduit en atelier seulement si son intérêt en termes de qualité et de coûts de fabrication, de contrôlabilité, de santé et de sécurité du personnel traitant des procédés éprouvés et viables économiquement est démontré. Il est donc nécessaire de vérifier que le procédé est robuste et reproductible, et qu’il satisfait aux performances requises des assemblages. Cette étude se concentre sur trois aciers actuellement utilisés en France pour des applications navales : deux aciers à haute limite élastique (S690QL et 80HLES, une nuance d’acier proche du HY100), et un acier DH36, utilisé pour la coque et les structures. La présentation fournit une caractérisation des joints soudés pour des paramètres de soudage optimisés ainsi qu’une analyse complémentaire pour considérer une future industrialisation du procédé FSW sur nos chantiers. Procédé expérimental Matériaux Trois nuances d’acier (deux aciers à haute limite élastique et un acier de construction), utilisées pour la coque et les structures, ont été sélectionnées pour cette étude en fonction de leurs propriétés mécaniques respectives : • acier DH36, acier de construction utilisé pour la coque conformément à la NR 216 de Bureau Veritas [7] ; • acier S690QL, acier de construction conformément à la norme EN 10025-6 [8] ; • acier 80HLES, une nuance française équivalente à l’acier HY-100 utilisée pour la coque et les structures. Les tableaux suivants présentent respectivement les valeurs garanties des propriétés mécaniques et la composition chimique de chaque nuance. Tableau 1. Valeurs garanties des propriétés mécaniques des aciers DH36, S690QL et 80HLES Nuance\ Propriétés méc. YS* (MPa – ksi) UTS** (MPa – ksi) El.*** % DH36 355 – 51,5 490-620/71-90 21 S690QL 690 – 100 770-940/112-136 14 80HLES 700 – 101,5 780-900/113-130 14 * Limite d’élasticité. ** Limite de rupture. *** Allongement. RESEARCH_2 Les essais sur les soudures bout à bout (avec pleine pénétration) ont été effectués à l’aide d’une machine portique sur des tôles de 1 500 x 150 x 8 de trois nuances, jonctionnées dans le sens de la longueur (sens du laminage). L’outil de friction-malaxage à base de PCBN comprend un épaulement fileté (25 mm de diamètre) prolongé par un pion conique fileté long de 8 mm. Contrôles non destructifs (CND) et essais mécaniques Des essais de caractérisation ont été menés afi n de comparer les performances du procédé FSW à celles des procédés de soudure à l’arc, dont les performances attendues sont connues. L’introduction des procédés de soudure dans la fabrication nécessite une qualification du mode opératoire de soudage (QMOS). Les réglementations et spécifications sont régies par des codes et des normes. Pour les aciers utilisés en naval, la norme ISO 15614-1 [9], qui spécifie la qualification des procédés de soudage à l’arc, présente un minimum de spécifications. Les CND requis dans le cas présent sont deux types de contrôles complémentaires, soit un contrôle volumique et un contrôle surfacique sur 100 % de la soudure. Ces contrôles sont toujours précédés d’une inspection visuelle qui, dans le cas du FSW, peut relever des défauts inacceptables comme une pénétration partielle, ou kissing bond, des bavures, etc. En ce qui concerne le contrôle volumique, les contrôles radiographiques numériques (rayons X) sont préférés aux contrôles ultrasoniques en raison de l’épaisseur soudée. En effet, la résolution des radiographies est bien meilleure pour les soudures de 8 mm d’épaisseur. Pour les mesures des surfaces supérieures et inférieures des soudures, des contrôles magnétoscopiques et par ressuage sont réalisés. La surface de la soudure peut causer un bruit de fond, surtout pour les contrôles par ressuage. Il est souvent nécessaire de meuler les surfaces avant examen. Les contrôles destructifs sont réalisés afin de vérifier que la soudure n’engendre pas de changement significatif sur les caractéristiques de l’assemblage. Les essais de traction transversale (deux témoins), essais de pliage transversal (deux témoins par face, endroit et envers, angle de pliage de 180°), essais par choc (entaille en V à –20 °C) et de dureté Vickers (HV5) sont réalisés conformément à [9] et aux normes associées citées dans cette spécification. Pour les essais par choc, les témoins sont prélevés dans le noyau et la zone affectée thermo-mécaniquement ou « ZATM » (trois témoins par lot). Pour les essais de dureté, deux rangées d’empreintes ont été effectuées à une profondeur de 2 mm maximum sous les surfaces supérieure et inférieure du joint soudé (au 49 PRODUCTIVITÉ ET COMPÉTITIVITÉ DES PROCÉDÉS INDUSTRIELS moins trois empreintes individuelles pour chaque zone). De plus, des essais de traction longitudinale complémentaires ont été réalisés sur le noyau afin de caractériser la zone malaxée. Résultats CND Les témoins soudés durant les essais préliminaires consacrés aux paramétrages de soudage ont été utilisés pour valider la pertinence des contrôles radiographiques dans l’indication des défauts volumiques qui peuvent apparaître en FSW, tels que des cavités. Les défauts de type kissing bond, non détectables par inspection visuelle (figure 1.a) ou contrôle par ressuage, peuvent être détectés par contrôle magnétoscopique. La figure 1.b illustre cette observation par la présence d’une ligne verticale noire au milieu de la soudure, correspondant à une discontinuité des lignes de champ magnétique. Cela pourrait être lié à une incohérence dans la microstructure entre les deux bords à souder, confi rmée par des micrographiques sur des échantillons en coupe (figure 1.c). La méthode ACFM (Alternating Current Field Measurement) est une méthode alternative aux contrôles magnétoscopiques pour examiner les kissing bonds. Ce défaut typique du FSW a engendré des développements particuliers de techniques innovantes en alliages aluminium. Le caractère magnétique des aciers ferritiques permet l’application de méthodes simples et éprouvées pour vérifier l’absence de kissing bond. Contrôles destructifs Dans cette étude, les zones sélectionnées pour les essais mécaniques sur chaque nuance d’acier sont exemptes de toute indication en CND. Les essais de traction sur des témoins transversaux conduisent systématiquement à une rupture du matériau de base (MB). Pour l’acier DH36, les deux témoins présentent respectivement des valeurs de résistance à la traction de 512 et 513 MPa (742 et 744 ksi) à 20 °C. La charge de rupture atteinte sur les témoins de traction longitudinale dans le noyau est d’environ 700-712 MPa (101-103 ksi). Cela confirme un intervalle significatif dans la tenue mécanique entre le matériau de base et le noyau, qui s’explique par un cycle thermo-mécanique sévère constituant une microstructure de Widmanstätten, comme illustré par la figure 2.a. Les valeurs d’allongement ne sont pas trop affectées (22 et 24 % dans le noyau) et sont légèrement plus élevées que les spécifications du support (soit 21%). Nous pouvons attendre des aciers soudés S690QL et 80HLES la même tenue : chacun présente une structure martensitique très dure, comme illustré sur la figure 2 pour l’acier 80HLES et confirmé par la suite par des essais de dureté (tableau 4) pour les deux aciers. Les essais de pliage sont suffisamment discriminants pour les défauts de type kissing bond (lorsque la surface supérieure est étirée) : aucune indication supérieure à 3 mm au regard de la norme [9] n’est visible. Les examens macroscopiques sur les trois aciers soudés ont conclu à un noyau non défectueux. Aucun défaut interne ou géométrique n’a été constaté sur les zones observées. Sur le côté recul, un manque d’épaisseur pourrait apparaître mais 50 (a) (b) (c) Figure 1. Défaut de type kissing bond sur acier DH36 ; pas d’indication par inspection visuelle de la surface inférieure (a), indication (ligne verticale noire au milieu de la soudure) par contrôle magnétoscopique de la surface envers (b), observation sur micrographie en coupe (c). (a) (b) Figure 2. Micrographie des zones malaxées ; DH36 (a) et 80HLES (b). Figure 3. Macrographie de la soudure obtenue par friction-malaxage sur l’acier 80HLES (côté avancé du côté gauche). bien en dessous du critère d’acceptation (soit 0.1 t d’après [9]), comme illustré sur la figure 3 de l’acier 80HLES. Des bavures peuvent apparaître localement (correspondant aux zones présentant un manque d’épaisseur). Si le manque est acceptable, nous meulons simplement la bavure. Les résultats des essais par choc pour l’acier DH36 sont présentés dans le tableau 3. Les valeurs de la ZATM sont légèrement inférieures sur le côté recul (deux valeurs individuelles d’environ 35 J), probablement liées aux conditions de formation de la liaison à l’arrière de l’outil de friction. Le support présente des valeurs supérieures à 70 J. Les valeurs obtenues pour les soudures par friction-malaxage sont systématiquement inférieures à celles du support. Pour les soudures à l’arc, les valeurs moyennes des énergies absorbées varient entre 40 J et 100 J, selon les procédés et les énergies de soudage. Le procédé FSW mène à des résultats du même ordre de grandeur que ceux du procédé de soudure à l’arc, conformes aux valeurs d’allongement identifiées préalablement et conformes aux spécifications de Bureau Veritas (soit 34 J at –20 °C) [7]. Tableau 3. Résultats des essais de choc (entaille en V) (valeurs individuelles et moyennes) de l’acier DH36 à – 20 °C Noyau Côté supérieur central 79 71 64 42 ZATM Côté inférieur central 61 57 65 78 Interface ZATM/noyau Interface ZATM/noyau Côté avancé Côté recul 50 45 49 51 35 59 33 42 RESEARCH_2 PRODUCTIVITÉ ET COMPÉTITIVITÉ DES PROCÉDÉS INDUSTRIELS Les résultats des essais de dureté pour les trois aciers soudés sont présentés dans le tableau 4. Ces résultats indiquent un durcissement du noyau et des zones affectées (ZAT/ZATM) lié à des conditions thermiques et mécaniques imposées durant le soudage par friction-malaxage, et d’autant plus prononcé que l’acier est trempant (comme illustré sur la figure 2.b. pour l’acier 80HLES). Cependant, les augmentations importantes de la dureté des aciers S690QL et 80HLES sont compatibles avec les spécifications établies dans la norme [7]. Il n’y a pas de différence de résultats significative entre le côté avancé et le côté recul. La dispersion des résultats au sein du noyau, et en particulier entre les parties supérieures et inférieures, même au sein de la même filiation (par exemple, l’acier S690QL) peut être expliquée par la coexistence de différentes macrozones au sein de la zone malaxée. Tableau 4. Résultats des essais de dureté (HV5) sur les soudures par friction-malaxage des aciers DH36, S690QL et 80HLES Côté avancé Nuance Emplacement MB Côté recul ZAT/ZATM Noyau ZAT/ZATM MB Partie supérieure 178 172 178 187 202 229 214 202 211 220 212 221 192 181 186 Partie inférieure 172 169 169 188 195 202 202 205 199 207 198 188 174 173 176 Partie supérieure 279 277 268 374 374 386 393 416 413 399 386 378 277 290 294 Partie inférieure 279 263 271 391 445 435 395 418 430 430 440 375 268 266 269 Partie supérieure 277 275 276 410 441 433 421 410 431 440 438 433 275 275 280 Partie inférieure 279 277 268 374 386 393 416 413 399 386 383 378 277 290 294 DH36 S690QL 80HLES Valeur maximale autorisée [7] Remerciements Cette étude s’inscrit dans le cadre du projet SISPAN soutenu par l’IRT Jules Verne (institut de recherche technologique dédié aux technologies avancées de production composites, métalliques et structures). Les auteurs souhaitent associer les partenaires industriels et académiques de ce projet, respectivement DCNS, STX France, Bureau Veritas, l’institut de recherche GeM (UMR CNRS-ECN-6183 université de Nantes) ; l’institut IMN (UMR CNRS-6502 université de Nantes). Les auteurs souhaitent également vivement remercier MegaStir (Provo, ÉtatsUnis) pour la réalisation des soudures par friction-malaxage. 380 450 450 Conclusions Les investigations préliminaires sur les trois aciers soudés par friction-malaxage ont été réalisées dans le but de confi rmer l’applicabilité de ce procédé innovant FSW pour la construction navale. Les principaux résultats de cette étude sont les suivants : – les CND (contrôles de volume et de surface) sont proposés pour examiner les témoins de qualification et les assemblages de fabrication ; en particulier l’application des contrôles magnétoscopiques, qui est une manière usuelle et simple de réaliser des contrôles précis et pertinents de détection de défauts comme les défauts de type kissing bond ; – pour l’acier DH36, une caractérisation complète a été réalisée et conclut à une bonne tenue des joints soudés, compatible avec les charges minimales requises en construction navale ; – les premiers résultats partiels des aciers S690QL et 80HLES sont encourageants : les soudures peuvent être exemptes de tout défaut et les rangées soumises aux essais de dureté RESEARCH_2 présentent des résultats conformes aux spécifications. Cependant, les observations microscopiques mettent en évidence des structures complexes liées au cycle thermo-mécanique et aux structures initiales de l’acier, pouvant mener dans le pire des cas à une fragilité excessive de la soudure. Des observations plus poussées sont déjà entamées car nécessaires à la compréhension des mécanismes de formation des différentes zones et ainsi à l’optimisation des paramètres de soudage. _RÉFÉRENCES [1] R. RAI, A. DE, H. K. D. H. BHADESHIA ET T. DEBROY. « Review : friction stir welding tools, Science and Technology of Welding and Joining ». Volume 16, n° 4, p. 325-342, février 2011. [2] K.J. COLLIGAN, M.T. SMITHERMAN, S.B. HOYLE. « Low-cost friction stir welding for littoral combat ship applications ». Naval Engineers Journal, mars 2009. [3] T.J. LIENERT, W.L. STELLWAG, B.B. GRIMMETT, R. W WARKE. « Friction stir welding studies on mild steel ». Welding Journal . Volume 82, n° 1, p. 1-9, janvier 2003. [4] T. SHINODA, H. TAKEGAMI et al. Development of FSW Process for Steel Assemble to Shipbuilding and Offshore Structure. Proceedings of the 15th International Offshore and Polar Engineering Conference, Séoul, Corée du Sud, 19 au 24 juin 2005. [5] J. DEFALCO, R. STEEL. « Friction stir process now welds steel pipe ». Welding Journal. Volume 88, n° 5, p. 44-48, mai 2009. [6] C. C. TUTUM, J. H. HATTEL. « Numerical optimisation of friction stir welding : Review of future challenges ». Science and Technology of Welding and Joining. Volume 16, n° 4, p. 318, 2011. [7] NR 216 DT R06 E. « Rules on Materials and Welding for the Classification of Marine Units » publié par Bureau Veritas, février 2013. [8] Norme EN 10025-6 : Produits laminés à chaud en aciers de construction – Partie 5 : conditions techniques de livraison pour les aciers de construction à résistance améliorée à la corrosion atmosphérique, publié par l’Afnor, mars 2005. [9] Norme ISO 15614-1 : Descriptif et qualification d’un mode opératoire de soudage pour les matériaux métalliques – Épreuve de qualification d’un mode opératoire de soudage – Partie 1 : soudage à l’arc et aux gaz des aciers et soudage à l’arc des nickels et alliages de nickel, publié par l’Afnor, février 2005. 51 PRODUCTIVITÉ ET COMPÉTITIVITÉ DES PROCÉDÉS INDUSTRIELS Le développement du Time of Flight Diffraction (TOFD) à DCNS AUTEUR : Patrick Recolin Une des missions de DCNS Research est le développement de nouveaux moyens d’examen non destructifs au sein du laboratoire puis leur déploiement sur les sites de fabrication et de maintenance de Groupe. L’utilisation croissante de la technique ultrasonore TOFD en est une illustration. La technique TOFD (Time of Flight Diffraction) est une technique d’échographie ultrasonore utilisant deux capteurs (un émetteur et un récepteur) placés en vis-à-vis d’une soudure (figure 1). Associée à une mécanique d’encodage, cette disposition permet d’obtenir rapidement une imagerie de la soudure, que l’on peut rapprocher d’une vue en section de la soudure (figure 2). monte un dossier justificatif qui sera fi nalement accepté par le client en 2012 (figure 5) [2]. Le retour d’expérience est aujourd’hui jugé positif par les différents acteurs : l’examen ultrasonore permet une plus grande flexibilité au sein du process de fabrication tout en garantissant une sensibilité de détection au moins égale à celle de la radiographie. Cette technique est apparue dans les années 1980 en GrandeBretagne. Elle fait l’objet d’études à DCNS dès les années 1990 et conduit aux premières expertises sur chaufferies nucléaires embarquées à partir de 1995 (figure 3). De nombreux autres développements ont eu lieu depuis et la technique TOFD est aujourd’hui largement employée lorsque nécessaire dans le cadre du suivi en service (figure 4). Une démarche similaire est aujourd’hui lancée pour certains joints des coques de bâtiments de surface. La difficulté est dans ce cas de garantir l’examen de l’intégralité du volume requis sur des joints non arasés de faible épaisseur. Côté coque, des échanges avec le MoD britannique s’initient en 1995 dans lesquels un des sujets majeurs est le remplacement de la radiographie pour les examens des soudures de coque. Ces échanges donnent lieu à différents benchmarks permettant de comparer et d’améliorer les procédures et matériels d’examen. DCNS mène notamment à l’époque différentes études statistiques [1] démontrant la grande efficacité de la technique ultrasonore. Ces études, appuyées par toutes celles réalisées à la même époque dans d’autres domaines (pétrochimie, offshore, etc.) amènent DCNS à proposer à la DGA la technique ultrasonore TOFD en alternative à la radiographie pour l’examen des soudures de coques de sous-marins. La diminution des sources de rayonnement est bien sûr un objectif majeur, mais le gain de productivité associé à l’augmentation de la coactivité en phase de construction est l’autre facteur important. Sous le pilotage de DCNS Research, une équipe associant les experts ultrasonistes, l’ingénierie et le site de fabrication 52 En parallèle à ces travaux, DCNS Research continue à développer le TOFD en y intégrant notamment la technologie multiéléments [3]. Les capacités de focalisation et de déflexion du faisceau permettent de s’intéresser à des applications nouvelles comme l’examen de joints austénitiques [4] ou le contrôle de joints de très forte épaisseur (jusqu’à 200 mm). _RÉFÉRENCES [1] P. RECOLIN, S. RIVALIN, Y. LEZIN. Utilisation de TOFD pour le contrôle des joints de coque, COFREND 2001. [2] B. MARIE, P. RECOLIN, B. LEYRONAS, A. LEBIEZ. Remplacement de la gammagraphie par les ultrasons sur des soudures de coques, COFREND 2011. [3] S. RIVALIN , P. RECOLIN. Application de la technologie des capteurs ultrasonores multi-éléments au suivi de soudures de collecteur vapeur, COFREND 2005. [4] P. RECOLIN, S. RIVALIN, B. MARIE. Examen partiel en TOFD d’une soudure austénitique, COFREND 2011. RESEARCH_2 PRODUCTIVITÉ ET COMPÉTITIVITÉ DES PROCÉDÉS INDUSTRIELS Figure 1. Configuration typique du TOFD. Figure 2. Imagerie TOFD d’un joint soudé. Figure 3. Premières expertises. Figure 4. Inspection des enceintes du porte-avions. Figure 6. Utilisation de multi-éléments en TOFD. Figure 5. Inspection d’un joint de coque. RESEARCH_2 53 PRODUCTIVITÉ ET COMPÉTITIVITÉ DES PROCÉDÉS INDUSTRIELS Biofilms et corrosion d’alliages inoxydables en eau de mer AUTEURS : Émilie Malard, Hervé Gueuné, Jean-François Ghiglione, Christelle Caplat, Valérie Debout, Zakoua Guede et Chantal Compère Les alliages base nickel (exemple : Inconel 625 – base Ni, 22 % Cr, 9 % Mo, Nb) et les aciers austéno-ferritiques de type duplex sont utilisés de manière extensive pour des applications en eau de mer depuis les années 1980. Ces alliages sont spécifiquement résistants à toutes les formes de corrosion uniforme. Néanmoins, ils peuvent être sensibles à la corrosion localisée et particulièrement à la corrosion caverneuse, appelée également « corrosion par effet de crevasse ». Le retour d’expérience des utilisateurs, dont DCNS, montre que ce phénomène se produit dans tous les océans et mers du globe, et à toute période de l’année. Il se caractérise par une augmentation du potentiel libre de corrosion et la création d’un courant de corrosion entre la zone dite de « caverne » (joint, bride, pompe, échangeur, etc.) et la surface métallique extérieure à cette caverne selon la figure 1. Figure 1. Corrosion caverneuse de l’alliage 625 en eau de mer naturelle sur bride et au contact métal-joint. La suppression de ces augmentations de potentiel et de cou ra nt a été obtenue par l’appl ication de produits biocides. L’implication des biofilms formés dans les systèmes a été ainsi mise en évidence, ce qui a conduit à orienter les recherches vers une étude plus spécifique. L’objectif de ce projet soutenu par la Direction générale de l’armement (DGA, dispositif REI) était de comprendre le rôle du biofilm dans les phénomènes de corrosion caverneuse de l’Inconel 625. Dans ce but, l’enjeu était de réaliser une caractérisation pluridisciplinaire de biofilms formés sur l’alliage Inconel 625 dans des conditions contrôlées conduisant à des biofilms actifs ou non. Non seulement la diversité des espèces bactériennes présentes est analysée, mais également la diversité phytoplanctonique de ce biofilm, sa composition chimique (lipides, glucides, acides am inés, éléments 54 Figure 2. Organisation spatiale selon le plan d’essais. RESEARCH_2 PRODUCTIVITÉ ET COMPÉTITIVITÉ DES PROCÉDÉS INDUSTRIELS minéraux et métalliques, molécules oxydantes) et son organisation spatiale selon le plan d’essais en figure 2. La première étape de l’étude a consisté à conditionner des surfaces par méthode électrochimique dans le but d’obtenir des biofi lms dits « actifs » sur des échantillons présentant un courant cathodique élevé et des biofi lms dits « non actifs » sur des échantillons présentant un potentiel d’abandon de 300 mV/ECS mais un courant cathodique faible. Près de 700 échantillons ont ainsi été conditionnés en vue d’analyse. L’ensemble des analyses de caractérisation des biofilms illustré en figure 3 a été réalisé sur des échantillons à différentes périodes de l’année (de novembre 2011 à fin 2012). Ainsi, la caractérisation pluridisciplinaire a mis en évidence des différences entre les biofilms « actifs » et « non actifs », notamment : • une concentration plus importante en microorganismes dans les biofi lms « actifs » associée à un taux de recouvrement plus important de la surface de ces échantillons actifs sous forme d’agrégats ; • une diversité plus importante des communautés bactériennes présentes et actives dans les biofi lms « non actifs » ; • une composition en acides gras dominée par les acides gras saturés dans les biofilms « non actifs » et dominée par les acides gras monoïnsaturés dans les biofi lms « actifs » ; • des concentrations de certains éléments minéraux ou métalliques plus importantes dans les biofi lms « actifs » ; • une activité enzymatique aminopeptidase systématiquement plus importante dans les biofi lms « actifs » par rapport aux biofi lms « non actifs ». Les résultats obtenus pour chaque type d’analyse vont dans le même sens. Une analyse statistique a permis de sélectionner les critères spécifiques des biofi lms « actifs » et « non actifs ». L’ensemble des résultats obtenus suggère la sélection de populations bactériennes, métaboliquement actives, semblant liées au caractère actif des échantillons et/ou conduisant à une activation de ces échantillons. L’analyse préliminaire des résultats de pyroséquençage 454 ont permis d’identifier les populations bactériennes dominantes des biofi lms actifs comme étant affiliées aux espèces Halomonas venusta et Halomonas sp. (classe des Gammaproteobacteria, ordre des Oceanospirillales, famille des Halomonadaceae). RESEARCH_2 Figure 3. Illustration des résultats d’essais. 55 PRODUCTIVITÉ ET COMPÉTITIVITÉ DES PROCÉDÉS INDUSTRIELS Ingénierie numérique et usine digitale AUTEUR : Alain Bovis L’accélération de la compétition mondiale, tant dans le domaine naval que dans le secteur émergent des énergies marines renouvelables, nécessite, comme l’a souligné dans sa feuille de route le CORICAN (Conseil d’orientation de la recherche et de l’innovation des constructions et activités navales), de développer de nouvelles méthodes de conception et de production destinées à accroître la compétitivité de ce secteur industriel. DCNS Research est fortement impliqué dans ce développement dans un cadre collaboratif très large, en particulier avec l’IRT Jules verne, les Pôles de compétitivité EMC2 et Sytematic, des partenaires académiques et industriels de tous secteurs d’activité. Ingénierie numérique DCNS conçoit, sur une base scientifique, et construit depuis près de trois siècles dans des installations industrielles remarquables des navires de guerre reconnus, à chaque époque, comme parmi les systèmes les plus complexes réalisés par l’homme. Complexes, ils le sont par les technologies utilisées et les outils scientifiques nécessaires à leur calcul, complexes par le nombre de spéci fications au xquel les i ls doivent répondre, aujourd’hui de l’ordre de 150 000 pour un navire de premier rang, par le nombre d’équipements et de composants élémentaires (1 000 000), complexes encore par la variété de métiers et le nombre des contributeurs à leur réalisation (le « systémier-intégrateur » ne représente que 20 % à 40 % de la valeur ajoutée du navire), enfin complexité opérationnelle dans un environnement difficile, l’océan, et dans un cadre de coopération élargie et de plus en plus intégrée (notion de système de systèmes). L’architecture navale s’inscrit donc en précurseur de ce que l’on appelle aujourd’hui« ingénierie des systèmes ». Un navire de guerre est un ensemble de sous-systèmes et équipements, mais tout architecte naval sait d’expérience qu’il ne se limite pas à la somme de ces sous-systèmes et équipements. Le navire intégré, qui comprend à la fois la composante « porteuse », la plateforme propulsée et la « charge utile », le système de combat, possède des propriétés majeures, dites « performances transverses », qui ne peuvent pas s’obtenir ou s’analyser à partir des briques de base : il en est ainsi des perfor mances hydrody nam iques globales, des d i fférentes 56 signatures, acoustique, électromagnétique, infrarouge, et, de manière plus générale, des capacités opérationnelles d’ensemble qui confèrent la supériorité tactique. La conception d’un navire complexe est un processus séquentiel itératif constitué de phases successives au cours desquelles la définition du navire, de ses dimensions, de ses constituants, de leur emménagement se précise jusqu’à aboutir aux plans de réalisation détaillés. La conception défi nitive et détaillée doit répondre à l’ensemble des exigences du maître d’ouvrage. Le processus de conception s’étend sur plusieurs années et ne s’achève qu’après vérification à la mer des performances sur le premier de série, qui est toujours également le prototype. Pourtant, il est nécessaire, très tôt dans le processus, de conclure entre maître d’ouvrage et maître d’œuvre un engagement contractuel sur un prix et un délai. Cet engagement intervient généralement à l’issue de la première phase, encore appelée « phase d’étude de faisabilité » qui permet d’établir les caractéristiques principales du navire, d’identifier les points durs techniques et les besoins de développements spécifiques, d’évaluer les risques, d’estimer les coûts et la durée du projet. Si de façon idéale, on pourrait espérer avoir connaissance à ce stade de 80 % des éléments déterminants de la défi nition du navire, laissant 20 % à une estimation forfaitaire, dans la réalité guère plus de 50 % de ces éléments sont connus à ce stade avec une précision suffi sante, en raison tant de l’évolutivité des exigences que des anticipations technologiques ouvrant une large plage de risques pour le maître d’œuvre. RESEARCH_2 PRODUCTIVITÉ ET COMPÉTITIVITÉ DES PROCÉDÉS INDUSTRIELS fonctionnelle des systèmes (propulsion, systèmes d’armes, etc.), simulations comportementales (facteurs humains), simulations statistiques (fatigue, vieillissement, obsolescence, etc.). DCNS Research est engagé dans plusieurs programmes de développement de tels outils, comme le « bassin numérique », de nouveaux modèles de vibro-acoustique, les simulations fonctionnelles de systèmes énergiques ou propulsifs. Le recours étendu à l’ingénierie numérique permet de raccourcir significativement la phase d’étude de faisabilité, permettant ce faisant d’explorer un espace beaucoup plus vaste du champ des confi gurations possibles. Il permet de mettre à disposition de l’architecte, du client et des principaux futurs coopérants une plateforme d’échanges collaboratifs et d’accélérer la transition vers la « maquette numérique pour les études de défi nition détaillée ». La convergence de simulations de natures mathématiques différentes, nécessitant des représentations différentes du même navire est en soi un problème complexe. Une des solutions est de reproduire ces différentes simulations dans un modèle unique de substitution (surrogate model) à un très grand nombre de paramètres. L’objectif est d’être en mesure d’explorer le plus grand nombre de configurations possibles afin d’identifier la solution optimale au vu de l’ensemble des exigences et de leurs priorités. Il s’agit là d’une démarche d’optimisation multiphysique, multiobjectifs. Au niveau de complexité rencontré, la gestion, commune avec le client, des innombrables exigences nécessite de développer ce que l’on appelle des métamodèles, ou modèles d’architecture, du type développés par le Département de la Défense américain et adoptés par l’Otan dans le domaine des systèmes logiciels (DoDAF, NAF). Ces modèles permettent de délimiter l’espace de variations possibles des paramètres de conception. La conception elle-même, fondée sur la défi nition numérique d’une confi guration, suppose de développer les outils de simulation, simulation physique des performances transverses (hydrodynamique, acoustique, CEM, comportement aux chocs et aux impacts, comportement vibratoire, etc.), simulation C’est au développement de moyens informatiques et algorithmiques aboutissant à un outil de conception par optimisation que s’attache aujourd’hui, avec ses partenaires académiques et industriels, DCNS Research. Meta-model NATO Architecture Framework Technical Requests Rules & Standards Environment Budget Technology Ship Concept Cost Estimate Technology Plan Models Functional Physical (Digital Mock Up) Behavioral Probabilistic NDMS ASRU EHCLS* EHCLS* Decoy launcher DECOY'S LAUNCHERS Design Space Mutli-Physics Simulation Optimization Strategy Visualization Multi-Objectives Analysis RESEARCH_2 57 PRODUCTIVITÉ ET COMPÉTITIVITÉ DES PROCÉDÉS INDUSTRIELS Chantier naval du futur La construction d’un navire est une activité de type « grands travaux » dans le sens où l’objet construit est unique, ou au mieux fera l’objet d’une réplication à quelques exemplaires. Encore, dans ce dernier cas, l’étalement dans le temps des différentes unités ou les exigences particulières de clients différents conduisent généralement à des modifications significatives entre unités d’une même série. Cependant, la construction des navires, contrairement aux grands ouvrages de travaux publics, se fait dans une enceinte industrielle dédiée, le chantier naval. Dédiée, mais non spécifique, car le même outil, lourd et à forte valeur capitalistique, doit permettre la construction de navires, parfois de types et de configurations très différents. Différemment d’autres domaines industriels, où l’effet de série est déterminant et chaque ligne de production est spécifique, en construction navale, le processus de production est principalement lié à l’infrastructure. Les évolutions technologiques (l’utilisation d’alliages à hautes performances ou l’introduction de composites, par exemple) et la concurrence internationale nécessitent de faire évoluer ce processus. L’objectif recherché est alors principalement d’améliorer les conditions de réalisation des opérations afi n d’accroître la productivité et de réduire le taux de reprise. Ainsi, le passage à la construction par blocs, ou par sections, prééquipés a marqué dans les années 1980 une évolution majeure du processus industriel de la construction navale. L’émergence de nouveaux axes de développement pour les industries navales, comme les énergies marines renouvelables, oblige également à mettre au point de nouvelles logiques industrielles. soudage ou la manutention des pièces pour mieux les maîtriser, anticiper les séquences, et en utilisant la réalité virtuelle haptique (qui reproduit les efforts) pour les optimiser et entraîner les opérateurs. Le chantier naval du futur sera « informé ». Le traçage et la localisation en temps réel de chaque pièce ou équipement, grâce aux technologies de « l’Internet des objets » (IoT), permet de tirer les flux, réduire les stocks, livrer au bon instant et au bon endroit, tout en optimisant l’enclenchement des tâches. Cette connaissance instantanée de l’état de la production s’étend à l’ensemble des coopérants (chantier étendu). Les opérateurs disposent de ces informations et ont accès in situ aux données de défi nition et d’industrialisation grâce à des tablettes tactiles. La réalité augmentée permettra à l’opérateur de contrôler en temps réel la position et les paramètres de son outil. Une part significative des coûts de construction est liée aux marges de réalisation (raidissages, surépaisseurs), aux reprises de travaux, aux interruptions dues à la coactivité ou aux aléas d’approvisionnement. Tout en augmentant de façon significative la productivité, les technologies nouvelles de production permettront également de sécuriser les opérations. Le développement de ces technologies innovantes est un des objectifs majeurs de DCNS Research. Les réflexions menées aujourd’hui dans différents secteurs, sous le concept d’« usine du futur », axées sur la robotisation, l’introduction massive des technologies de l’information, la transition énergétique, ouvrent également de nouvelle perspectives d’évolution pour les industries navales. DCNS Research, avec l’IRT Jules Verne, est engagé dans les diverses initiatives nationales et européennes destinée à développer les futurs outils de production (advanced manufacturing). Le chantier naval du futur sera économe, avec un recours développé aux énergies renouvelables, optimisant sa consommation dans le cadre de son bassin de distribution énergétique. Il sera propre, réduisant sa consommation de matières, grâce à l’allégement des structures, en réduisant les quantités nécessaires de produits d’apport pour les assemblages, les revêtements et en recyclant ses propres sous-produits et déchets. Il sera plus sûr en automatisant et en déportant sur terre-plein ou en atelier toutes les opérations difficiles à réaliser à bord. Le chantier naval du futur sera « numérisé », c’est-à-dire qu’il fera appel à toute la puissance des moyens informatiques pour préparer les opérations : simuler les déformations induites par le 58 _RÉFÉRENCES A. BOVIS. The Virtual Ship. 4 th Conference on Complex Systems Design and Management, Paris, 4 au 6 décembre 2013. RESEARCH_2 RESEARCH_2 59 NOS COMMUNICATIONS SCIENTIFIQUES CONFÉRENCES – COMMUNICATIONS _ « DYPIC project » Artic Technology Conference 2014, Houston (États-Unis), Kerkeni et al. _ N. Kamkar, F. Bridier, P. Bocher, P. Jedrzejowski « Water droplet erosion mechanisms in rolled Ti-6Al-4V » Int. Conference on Wear of Materials, Portland (États-Unis), 14-18 avril 2013 _ « Automatic heading control for DP in ice » MTS DP Conference 2013, Houston (États-Unis), Kerkeni et al. _ « Capability plots of dynamic positioning in ice » ASME OMAE Conference 2013, Nantes (France), Kerkeni et al. _ P. Bocher, D. Mingardi, B. Larregain, F. Bridier, F. Dughiero « Simulation of fast induction surface heating and comparison with experimental full-field surface temperature measurements » Int. Conference on Heating by Electromagnetic Sources, Padoue (Italie), 21-24 mai 2013 _ « Experimental and numerical investigation of dynamic positioning in level ice » ASME OMAE Conference 2013, Nantes (France), Metrikin et al. _ « Comparison of control laws in open water and ice » ASME OMAE Conference 2013, Nantes (France), Kerkeni et al. _ F. Bridier, J.-C. Stinville, N. Vanderesse, P. Villechaise, P. Bocher « Measurement of microscopic strain localization and crystal rotation within metallurgical grains » Materials Structure & Micromechanics of Fracture, Brno (République tchèque), 1er-3 juillet 2013 _ F. Bridier, J.-C. Stinville, N. Vanderesse, M. Lagacé, P. Bocher « Measuring and comparing local strain field and crystal rotation at the microscopic scale » Microscopy & Microanalysis, Indianapolis (États-Unis), 4-8 août 2013 _ Contribution J.-C. Poirier, DCNS Research/SIREHNA® « Tank testing of a new concept of floating offshore wind turbine » Proceedings of the ASME 2013 32nd International Conference on Ocean, Offshore and Arctic Engineering, OMAE 2013, Nantes (France), 9-14 juin 2013 _ « Comités scientifiques : modélisation et simulation numérique du soudage » 11e colloque de l’AFM _ M. Andriamisandrata, F. Bridier « Insight on the mechanical behavior of copper bi-crystal using crystal plasticity » _ Conférence THERMEC 2013 Materials Science & Technology Conference, Montréal (Canada), 27-31 octobre 2013 _ M. Allart, G. Rückert, P. Paillard « Étude métallurgique du soudage par friction malaxage sur un acier à haute limite élastique destiné à la construction navale : le 80 HLES » _ E. Liberge, M. Pomarède, E. Longatte, C. Leblond « Réduction de modèle en interaction fluide structure via une formulation POD multiphasique pour les écoulements en faisceaux de tubes » 11e Congrès de mécanique, Agadir (Maroc), 23-26 avril 2013 _ R. Fargère, P. Velex « Some experimental and simulation results on the dynamic behaviour of spur and helical geared transmissions with hydrodynamic journal bearings » 5th VDI Wissensforum, Munich (Allemagne), 7-9 octobre 2013 _ C. Allery, A. Ammar, A. Dumon, A. Hamdouni, C. Leblond « Proper generalized decomposition for the resolution of incompressible flow » Eccomas – 2nd International Workshop on Reduced Basis, POD and PGD Model, Blois Castle (France), 3-6 novembre 2013 Las Vegas (États-Unis), 2-6 décembre 2013 Journées annuelles de la SF2M, Lille (France), 29-31 octobre 2013 _ G. Rückert, M. Chargy, F. Cortial, F. Jorez « Evaluation of FSW on high yield strength steels for shipbuilding » Conférence THERMEC, Las Vegas (États-Unis), 2-6 décembre 2013 _ G. Rückert, N. Perry, S. Sire, S. Marya « Enhanced weld penetrations in GTA welding with activating fluxes – Case studies: plain carbon & stainless steels, titanium and aluminum » Conférence THERMEC, Las Vegas (États-Unis), 2-6 décembre 2013 _ M. Allart, A. Benoit, P. Paillard, G. Rückert, M. Chargy « Metallurgical Study of Friction Stir Welded High Strength Steels for Shipbuilding » _ S. Iakovlev, J.-F. Sigrist, C. Leblond, H. Santos, C. T. Seaton, K. Williston « Efficient semi-analytical methodology for the pre-design analysis of the shock response of marine structures » _ « DCNS experience about metal/composite assemblies on board of navy ships » ASME 2013, 32 nd International Conference on Ocean, Offshore and Arctic Engineering, Nantes (France), 9-14 juin 2013 _ The 13th Euro-Japanese Symposium on Composite Materials Conférence THERMEC, Las Vegas (États-Unis), 2-6 décembre 2013 Nantes (France), 4-6 novembre 2013 NOS COMMUNICATIONS SCIENTIFIQUES _ « DCNS experience about composite patch onboard of navy ships » FP7-SST-2008-RTD-1 Sustainable Surface Transport, European CO-PATCH project (Composite Patch Repair for Marine and Civil Engineering Infrastructure Applications), Stakeholder Workshop, Londres (Royaume-Uni), 17 avril 2013 _ « Soudage par faisceau d’électrons de l’acier inoxydable austénitique stabilisé au niobium X6CrNiMoNb 17.12.2 » Revue générale nucléaire, Ed. SFEN, année 2013, no 2, mars-avril, p. 70-75, F. Cortial, T. Giraud, P. Recolin, S. Drobysz _ « Evaluation of FSW on high yield strength steels for shipbuilding » _ J.-C. Petiteau, E. Verron, R. Othman, P. Guéguan, H. Le Sourne, J.-F. Sigrist, G. Barras « Dynamic uniaxial extension of elastomers at constant true strain rate » Polymer Testing, vol. 32, p. 394-401, 2013 _ S. Iakovlev, C. Seaton, J.-F. Sigrist « Submerged circular cylindrical shell subjected to two consecutive shock waves: resonance-like phenomena » Journal of Fluids and Structures, vol. 42, p. 70-87, 2013 _ « Numerical simulation of dynamic positioning in ice » MTS Journal, vol. 47, n° 2, mars-avril 2013, p. 14-30(17), Metrikin et al. Conférence THERMEC, Las Vegas (États-Unis), 2-6 décembre 2013, Materials Science Forum, vol. 783-786, p. 1776-1781, G. Rückert, M. Chargy, F. Cortial, F. Jorez _ A. Pagès, J.-J. Maisonneuve, X. Dal Santo, DCNS Research/SIREHNA® « Étude et modélisation des petits navires de pêche pour l’amélioration de leur comportement par mer forte » _ « Kinetics of sigma phase precipitation in niobiumstabilized austenitic stainless steel and effect on the mechanical properties » ATMA 2014 Conférence THERMEC, Las Vegas (États-Unis), 2-6 décembre 2013, Materials Science Forum, vol. 783-786, p. 848-853, X. Ledoux, F. Buy, A. Perron, E. Suzon, J. Farré, B. Marini, T. Guilbert, P. Wident, G. Texier, V. Vignal, F. Cortial, P. Petit _ J. Raymond (DCNS Research/SIREHNA®), P.-M. Guillouet (DCNS) « Bassin numérique et modèle libre générique : DCNS fait évoluer son processus de conception hydrodynamique des sous-marins » ATMA 2014 _ « Polar versus cartesian velocity models for maneuvering target tracking with IMM » IEEE Aerospace Conference 2013, D. Laneuville _ C. Drouet, N. Cellier, J. Raymond, D. Martigny OMAE 2013 – « Sea state estimation based on ship motions measurements and data fusion » _ « Titanium in renewable energies DCNS’s OTECH issues » DCNS Research/SIREHNA® ITA 2013, International Titanium Association, Hambourg (Allemagne) , T. Millot _ S. Kerkeni, X. Dal Santo, L. Vilain DP Asia Conference – « Improved cost efficiency of DP operations by enhanced thrust allocation strategy » DCNS Research/SIREHNA® PUBLICATIONS Wear, vol. 301, p. 442-448, 2013 _ B. Chassignole (EDF R&D), P. Recolin (DCNS), N. Leymarie (CEA), D. Elbaz (Extende), P. Guy (INSA Lyon), G. Corneloup et C. Gueudre (universités Aix-Marseille) BINDT – « 3D modelling of ultrasonic testing of austenitic welds » _ B. Larregain, N. Vanderesse, F. Bridier, P. Bocher « Method for accurate surface temperature measurements during fast induction heating » _ L. Rouleau, J.-F. Deü, A. Legay, F. Le Lay « Application of Kramers-Kronig relations to timetemperature superposition for viscoelastic materials » Journal of Materials Engineering and Performance, vol. 22, p. 1907-1913, 2013 Revue Mechanics of Materials, vol. 65, p. 66-75, 2013 _ N. Kamkar, F. Bridier, P. Bocher, P. Jedrzejowski « Water droplet erosion mechanisms in rolled Ti-6Al-4V » _ R. Fargère, P. Velex « Influence of clearances and thermal effects on the dynamic behaviour of gear-hydrodynamic journal bearing systems » ASME, Journal of Vibration and Acoustics, 135(6), 061014-1, 2013 POUR EN SAVOIR PLUS, CONNECTEZ-VOUS SUR www.dcnsgroup.com DCNS 40-42, RUE DU DOCTEUR FINLAY F-75732 PARIS CEDEX 15 TÉL. : + 33 (0)1 40 59 50 00 Direction de la Communication – Octobre 2014 – Conception et réalisation : Imprimé sur papier 100 % recyclé. Rendez-vous sur www.BlooPlanet.com – Crédits photo : DCNS, Getty Images. ET RETROUVEZ-NOUS SUR