LEÇON N˚ 49 : Définitions de l`ellipse, géométriquement et par
Transcription
LEÇON N˚ 49 : Définitions de l`ellipse, géométriquement et par
LEÇON N˚ 49 : Définitions de l’ellipse, géométriquement et par équation réduite ; équivalence entre ces définitions. Pré-requis : – Propriétés du barycentre de deux points ; – Projections (orthogonale et selon une direction) ; – Réflexions et propriétés. On se place dans un plan affine euclidien P. 49.1 Définition monofocale 49.1.1 Définition Définition 1 : Soient F ∈ P, D une droite ne contenant pas F et e ∈ ]0, 1[ un réel. On appelle alors ellipse de foyer F , de direction associée D et d’excentricité e l’ensemble E = {M ∈ P | M F = eM H}, où H est le projeté orthogonal de M sur D. On la note E (F, D, e). H b M b F D 49.1.2 Axe focal, sommets Définition 2 : Si K désigne le projeté orthogonal de F sur D, la droite ∆ = (KF ) est appelée axe focal de l’ellipse E (F, D, e). Proposition 1 : ∆ coupe E (F, D, e) en deux points A et A′ tels que −→ FA = e e+1 − − → FK et −−→′ FA = e e−1 − − → F K. −−→ −−→ −−→ démonstration : Soit M ∈ E ∩∆. Alors M F = eM H ⇔ M F 2 = e2 M H 2 ⇔ (M F +eM H)(M F − −−→ eM H) = ~0. Puisque M, F et H sont alignés sur ∆, H = K, et l’égalité précédente est équivalente à −−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→ M F ± eM K = ~0 ⇔ M F ± eM F ± eF K = ~0 ⇔ (1 ± e)M F = ±eKF . Cette égalité détermine − − → −→ −−→ −−→ ainsi les deux points A et A′ , tels que (1 + e)AF = eKF et (1 − e)A′ F = −eKF , c’est-à-dire −→ FA = e −−→ FK e+1 et −−→′ FA = e −−→ F K. e−1 2 Ellipse : définitions Définition 3 : A et A′ sont appelés sommets de E . Il en résulte que E n’est pas vide. Remarques 1 : Si O est le milieu de [AA′ ], alors : −−→ −→ ⋄ OF = OA. démonstration : En effet, on a que −−→′ −→ −−→′ −−→ e −−→ e −−→ 2e AA = AF + F A = − FK + FK = FK e+1 e−1 (1 + e)(1 − e) −→ −→ e −−→ −→ 1 − e −−′→ AA= ⇔ F K = F A ⇔ (1 − e)OA = F A 2 e+1 −→ −→ −→ −−→ −→ ⇔ −eOA = F A − OA ⇔ OF = eOA. −−→ 1 −→ ⋄ OK = OA. e démonstration : D’après ce qui précède, on a que −−→′ −−→ −→ 2e e −−→ AA = − F K ⇔ (e − 1)OA = − FK = (e + 1)(e − 1) e+1 e − 1 −−→ 1 −→ −−→ ⇔ OF = F A − F K e e −−→ 1 −→ −−→ −−→ 1 −−→ 1 −→ ⇔ OF + F K = OF + F A ⇔ OK = OA. e e e −−→ 1 − 1 FK e+1 49.1.3 Symétries Proposition 2 : La médiatrice de [AA′] et ∆ sont axes de symétrie de E et O en est centre de symétrie. démonstration : ⋄ Soit M ∈ E . On a donc M F = eM H. Comme F ∈ ∆, s∆ (F ) = F , et en notant M ′ = s∆ (M ), il vient que M F = M ′ F . Or s∆ (H) = H ′ , où H ′ est le projeté orthogonal de M ′ sur D, puisque s∆ conserve le parallélisme et l’orthogonalté. Donc M ′ H ′ = M H, et donc M ′ F = M F = eM H = eM ′ H ′ ⇒ M ′ ∈ E . Ainsi s∆ (E ) ⊂ E , d’où s∆ (E ) = E car s∆ est involutive. ⋄ (les chiffres encadrés rouges renvoient à la construction correspondant sur calculatrice : figure cidessous) Soit d la médiatrice de [AA′ ], et notons M ′′ = sd (M ). Montrons que M ′′ F = eM ′′ H. On considère la projection p sur (F H) ( 1 ) parallèlement à D. On a alors p(F ) = F et p(K) = H. Posons B = p(A) ( 2 ) et B ′ = p(A′ ) ( 3 ). Puisque p conserve le barycentre, on a (grâce à la proposition 1) que A = bar{(F, 1), (K, e)} ⇒ B = bar{(F, 1), (H, e)}, et de même B ′ = bar{(F, 1), (H, −e)}. H étant fixé, le lieu des points N ∈ P tels que N F = eN H est le cercle de diamètre [BB ′ ] (ligne de niveau). Comme M F = eM H (puisque M est supposé être sur E ), M est un point de ce cercle ( 5 ). Désignons alors par Ω ( 4 ) son centre, de sorte que p(0) = Ω. Donc d porte un diamètre de ce cercle. Par conséquent, M ′′ = sd (M ) est sur ce cercle et vérifie donc M ′′ F = eM ′′ H, d’où M ′′ ∈ E ( 7 ). On a donc sd (E ) ⊂ E , c’est-à-dire sd (E ) = E car sd ◦ sd = IdP . Ellipse : définitions 3 illustration démonstration à la calculatrice d M ∈E D 8 H b bc D 1 M ′′ bc 7 bc b bc B O A′ b F b qp b b B K b ∆ O A′ b A bc M′ b H′ qp B b b 2 A 4 qp Ω F b H qp 6 ∆ b K qp 5 3 Ω qp ′ B′ en noir, ce qui est donné par hypothèses en rouge, ce qui est successivement construit ⋄ sO = sd ◦ s∆ = s∆ ◦ sd , d’où le résultat. Remarque 2 : Voici ce que cela donne en faisant la construction à la calculatrice : Cette construction prouve en même temps la proposition ci-dessus, et impressionnera certainement le jury (si le temps permet de la faire. . .). Pour la réaliser, il faut d’abord construire les points A et A′ , puis la droite ∆. Construire le milieu O de [AA′ ], puis choisir un point F ∈ [OA] tel que OF ≈ 2/3 OA et un point K ∈ (OA) tel que OK ≈ 3/2 OA. Construire alors la perpendiculaire D à ∆ en K, et y construire un point H. Le reste de la construction est donnée par la démonstration précédente. Proposition 3 : Toute ellipse possède deux foyers et deux directrices symétriques par rapport à d. démonstration : Soient F ′ = sf (F ) et D ′ = sd (D). Notons que H ′ = sd (H) est aussi le projeté orthogonal de M sur D ′ puisque sd conserve le parallélisme et l’orthogonalité. Soit M ∈ E (F, D, e). On veut montrer que M ∈ E (F ′ , D ′ , e). On a M F = eM H et M ′ F = eM ′ H car M ′ = sd (M ) ∈ E (F, D, e). Or M ′ F = sd (M ′ )sd (F ) = M F ′ et M ′ H = M H ′ , d’où M F ′ = eM H ′ , et M ∈ E (F ′ , D ′ , e). 4 Ellipse : définitions 49.2 Définition par équation réduite Théorème 1 : Soit E (F, D, e) une ellipse. Il existe deux réels a, b (tels que 0 < b < a) et un repère ~ orthonormé (O,~ı, jmath) tels que E admette pour équation réduite x2 a2 + y2 b2 = 1. (⋆) démonstration : O, F, A, K étant alignés dans cet ordre sur ∆, la remarque 1 nous assure que OF = eOA et OA = eOK. Posons alors a = OA et c = OF . On a alors c = ea et OK = ae . −−→ Choisissons alors O pour origine du repère, ~ı tel que OF = c~ı et ~ unitaire orthogonal à ~ı. Dans le 2 ~ repère (O,~ı, jmath), D a pour équation x = ae = ac , et par suite, si M a pour coordonnées (x, y), alors 2 a2 2 2 2 2 2 2 M ∈ E ⇔ MF = e MH ⇔ (x − c) + y = e x − c 2 2 a −c x2 + y 2 = a2 − c2 ⇔ x2 (1 − e2 ) + y 2 = −c2 + a2 ⇔ a2 y2 x2 + = 1. ⇔ a2 a2 − c2 La dernière équivalence s’explique du fait que e < 1 ⇒ c < a ⇒ a2 − c2 > 0. En posant b2 = a2 − c2 , nous trouvons le résultat voulu. Remarque 3 : L’équation (⋆) permet de retrouver les éléments de symétrie. Notations : c = "demi-distance focale" ; a = "demi-grand axe" et b = "demi-petit axe". 49.3 Liens Le théorème précédent montre que les éléments géométriques d’une ellipse peuvent être caractérisés de manière analytique. Proposons maintenant le raisonnement inverse : ~ Théorème 2 : Soient 0 √ < b < a. La courbe d’équation (⋆) dans un repère orthonormé (O,~ı, jmath) est 2 2 une ellipse de foyer F ( a − b , 0), de directrice D et d’excentricité e telles que √ a2 a2 − b2 D :x= √ . et e= a a2 − b2 √ démonstration : On pose c = a2 − b2 et e = ac . Alors la démonstration du théorème précédent nous assure que x2 y 2 + 2 = 1 ⇔ M F 2 = e2 M H 2 ⇔ M ∈ E a2 b 2 dès que F (c, 0) et D : x = a /c, d’où le résultat. Tracé : Une ellipse E d’équation réduite (⋆) s’obtient par la réunion des courbes représentatives de x 7−→ ± b p 2 a − x2 . a Ellipse : définitions 49.4 5 Définition bi-focale Proposition 4 : Soient a, c avec a > c > 0 donnés, et F, F ′ ∈ P tels que F F ′ = 2c. Alors {M ∈ P | M F + M F ′ = 2a} est une ellipse de foyers F et F ′. démonstration : On se place dans le repère orthonormé (O,~ı, ~) tel que O soit le milieu de [F F ′ ] et −−→ OF = c~ı. Soient D la droite d’équation x = a2 /c et M (x, y) ∈ P. Alors M F + M F ′ = 2a ⇒ (M F + M F ′ − 2a)(M F + M F ′ + 2a) = 0 ⇔ (M F + M F ′ )2 − 4a2 = 0 ⇒ [(M F + M F ′ )2 − 4a2 ] [(M F − M F ′ ) − 4a2 ] = 0 ⇒ (M F 2 + M F ′2 − 4a2 ) − 4(M F · M F ′ )2 = 0 2 ⇒ [(x − c)2 + y 2 + (x + c)2 + y 2 − 4a2 ] − 4[(−x − c)2 + y 2 ][(x + c)2 + y 2 ] = 0 2 ⇒ (2x2 + 2y 2 + 2c2 − 4a2 ) − 4(x2 + y 2 + c2 − 2xc)(x2 + y 2 + c2 + 2xc) = 0 2 2 ⇒ (x2 + y 2 + c2 ) + 4a4 − 4a2 (x2 + y 2 + c2 ) − (x2 + y 2 + c2 ) + 4x2 c2 = 0 x2 y 2 ⇒ x2 (a2 − c2 ) + a2 y 2 = a2 (a2 − c2 ) ⇒ 2 + 2 = 1, a b avec b2 = a2 − c2 > 0. Réciproquement, si M est un point de l’ellipse de foyers F et F ′ , de directrices D et D ′ , de demi-grand axe a et de demi-distance focale c, alors MF =e MH et MF ′ = e, M H′ avec H et H ′ projetés orthogonaux de M respectivement sur D et D ′ . On en déduit que M F + M F ′ = e(M H +M H ′ ), et puisque tout point de E se trouve entre D et D ′ , on a M H +M H ′ = 2 HH ′ = 2 ac . D’où c a2 ′ = 2a. MF + MF = 2 a c Conséquence : Une autre construction d’une ellipse point par point : une ellipse définie par E = {M ∈ P | M F + M F ′ = 2a} se construit en prenant les intersections de deux cercles de centres respectifs F et F ′ , de rayons r et r′ tels que r + r′ = 2a. Ces deux cercles se coupent dès que |r − r′ | 6 F F ′ , c’est-à-dire lorsque r et r′ sont compris entre a − c et a + c. Il suffit donc de faire varier r entre a − c et a + c pour avoir autant de points que l’on veut ! Cette construction s’appelle aussi la « construction du jardinier » car l’ellipse se construit dans la pratique (par exemple au tableau avec un lacet. . .) selon la méthode ci-dessous :