Pommes de terre bio… choix variétal et pré-germination.

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Pommes de terre bio… choix variétal et pré-germination.
Pommes de terre bio… choix variétal et pré-germination.
Daniel RYCKMANS
Pommes de terre bio: quelles variétés choisir? Résultats d’essais sur les résistances variétales
et rendements / qualités culinaires dans les essais variétaux belges.
Choisir une bonne variété au niveau culinaire est aussi important qu’une bonne variété vis-à-vis du mildiou… il faut non seulement produire, mais aussi pouvoir vendre !
Divers essais variétaux ont été menés ces 11
dernières années, tant à Beitem (PCBT et
PCA), à Ath (CARAH) qu’à Libramont (Station de haute Belgique / CRA-W et CEB)
afin d’évaluer non seulement la tolérance au
mildiou (Phytophthora infestans), mais aussi
le rendement et la qualité des productions.
Ces divers essais permettent de mettre en
évidence diverses variétés intéressantes, soit
pour leur tolérance au mildiou, soit leurs qualités en matière de rendement et de qualité
culinaire, tout en sachant qu’idéalement il
faut pouvoir combiner les 2 !
Ces essais ont été menés sans aucune protection fongicide contre le mildiou (sauf pour
certains essais en 1999 et 2000), ce qui permet de comparer les notes de résistance variétale au mildiou des catalogues avec ce qui
est constaté sur le terrain, d’année en année,
au fil de saisons dans des zones diverses (en
Flandre occidentale, dans le Hainaut et en
province de Luxembourg).
On constate, en général, que ce sont les variétés tardives et/ou les variétés farineuses
qui montrent le plus de tolérance aux attaques du mildiou. Certaines variétés restent
assez constantes dans leurs comportements
face au mildiou, d’autres montrent une érosion progressive de leur tolérance face à la
maladie la plus importante de la pomme de
terre.
A noter qu’il est parfois plus intéressant de
choisir une variété (très) précoce et moins
tolérante au mildiou, qu’une variété plus tardive et plus tolérante également : dans le
premier cas la variété assure une production
avant le(s) pic(s) de l’épidémie, dans l’autre,
dépendant de la saison et de l’agressivité des
souches, la production peut se faire moins
bien.
On préférera, en général, d’abord une variété
plus ou moins tolérante au mildiou du feuillage (afin d’assurer une activité photosynthétique maximale), avant de se soucier de son
comportement vis-à-vis du mildiou du tubercule (afin d’empêcher que celui-ci ne se
gâte… et puisse se conserver).
Enfin, il ne faut surtout pas « se braquer » sur
les résultats du tableau ci-après, car dans la
pratique, la plupart des producteurs en bio
font au moins quelques traitements préventifs
avec un produit cuprique. Une protection
suivant avertissement, en modulant les doses
des produits cupriques en fonction des variétés et des situations devrait permettre aux
meilleures variétés point de vue rendement,
qualités culinaires et tolérance au mildiou
d’être choisies, cultivées et maintenues un
certain temps.
Ce qui permet à des variétés un peu moins
tolérantes d’être néanmoins choisies et cultivées pour leurs qualités culinaires !
Le tableau ci-dessous reprend les variétés
considérées comme les meilleures (zéro traitement fongicide) face aux attaques du mildiou, mais aussi en matière de rendement et
de qualité culinaire (mais aussi bonnes
point de vue mildiou !).
Année Conso / frais
1999
Bondeville, Cilena, Ditta, Juliette, Gasoré, Naturella,
Raja, Sava
2000
Bondeville, Cicero, Juliette, Gasoré, Innovator, Raja,
Santé, Texla
2001
Junior*, Appell**, Cicero, Cosmos, Eden, Gasore, Innovator, Juliette, Raja, Santé, Texla
2002
Appell, Eden, Innovator, Juliette, Ottena, Raja, Santé,
Triplo, Récolta, Texla
2003
Cicero, Innovator, Raja, Terragold, Triplo, Voyager
2004
Frites
Bondeville, Gasoré, Remarka
Agria, Innovator
Agria, Innovator, Raja,
Santé, Triplo, Victoria
Agria, Innovator, Récolta
Agria, Innovator, Triplo,
Voyager
Biogold, Innovator, Raja,
Triplo, Voyager
Raja, Voyager,
Innovator, Raja, Terragold,
Valor, Toluca
Toluca, Spirit*
Hunter, Toluca, Spirit
Hunter, Toluca, Valor
Spirit *, Appell, Biogold, Cicero, Eden, Innovator,
Raja, Steffi, Terragold, Triplo, Voyager
2005
Spirit* , Agnès, Biogold, Eden, Goldika, Raja, Steffi
2006
Agria, Agnès, Alowa, Biogold, Claret, Eden, Innovator,
Raja, Sarpo Mira, Steffi, Terragold, Toluca, Valor
2007
Bionica, Sarpo Mira
2008
Biogold, Bionica, Sarpo Mira
2009
Agria, Biogold, Bionica, Sarpo Mira
* variété hâtive
** variétés en gras: particulièrement recommandées (bons à très bons résultats)
On remarquera que plusieurs variétés ont
disparu au fil des ans… Soit leurs qualités
culinaires n’étaient pas assez bonnes (trop de
grosses, goût pas assez bon,…), soit leur tolérance au mildiou a été plus ou moins rapi-
dement contournée. Ces dernières années,
des variétés comme Innovator, Voyager mais
aussi des « typiques bios » comme Eden,
Gasoré et Terragold ont vu leur résistance au
mildiou s’effriter progressivement.
Pommes de terre bio: plus qu’une ardeur d’avance face au mildiou en pratiquant la prégermination!
1) plus la pré-germination est longue (4 à 5
Bien préparer ses plants en les prégersemaines valent mieux que 1 à 2 semaimant… et savoir attendre
nes) meilleurs sont les résultats, que ce
que la terre se réchauffe, pour assurer une
soit la levée, le développement, mais surlevée rapide !
tout in fine le rendement et les calibres.
Le rendement est de 1 à 5% plus élevé et
Divers essais menés tant en Allemagne, aux
il y a proportion plus importante de gros
Pays-Bas qu’en Belgique ces dernières ancalibre et/ou de calibres commerciaux.
nées, ont montré l’intérêt de pratiquer la pré2)
mieux vaut planter plus tard dans une
germination en culture biologique. Un systerre réchauffée, que planter tôt dans une
tème particulièrement pratique (et très larterre froide : dans la région de Roulers,
gement utilisé aux Pays-Bas) est le système
les plantations au 15 avril ont donné de
« Joppe » du nom du concepteur / dévelopmeilleurs résultats que celles faites 10
peur des « Joppevoorkiemzakken » ou sacs à
jours plus tôt.
pré-germination de chez Joppe.
3)
Les PSE sont en général soit égaux soit
En culture biologique il est important que la
meilleurs dans le cas de pré-germination
levée, puis le développement de la plante
et de plantations quelque peu retardées.
puisse se faire aussi vite que possible : bien
souvent il s’agit d’une course entre, d’une
part le développement de la pomme de terre,
et d’autre part, celui du mildiou.
Photo 2: un « rek » avec une série de sacs de
pré-germination.
Photo 1: un sac de pré-germination « Joppe »
La pré-germination, le non « stressage » de la
plante par sa plantation dans un sol déjà réchauffé, permet à la plante de lever vite
(moins de risques d’attaques de rhizoctone),
puis de se développer au mieux avant les
premières attaques de mildiou. Celles-ci seront freinées par le choix de variétés moins
sensibles voir carrément résistantes, mais
aussi par des pulvérisations préventives de
produits cupriques (hydroxydes, sulfates et
oxychlorures).
Des essais réalisés première moitié des années 2000 (2002, 2003 et 2004) par le PCBT
(Proefcentrum voor de biologische teelt –
centre d’essai pour la culture bio en Région
flamande) ont en général montré que :
L’efficacité des « voorkiemzakken » peutêtre améliorée en réchauffant les plants quelques jours avant de les placer dans les sacs à
pré-germination : on donne un coup de chaleur ou « warmtestoot » (entre 12 et 18°C)
pendant 3 à 8 jours aux plants (qui sont en
sacs de jute ou en caisses) : les points blancs
apparaissent très vite !
Le coût des sacs Joppe semble relativement
élevé, mais c’est tellement plus facile et rapide que de faire cela en « bacs à germer » ! Il faut compter par exemple 555 €
pour un « rek » qui contient une série de 11
sacs de 125 kg, soit 1.375 kg. Ce qui coûte
donc 0,40 € / kg de plants ou encore 0,04 €
sur 10 ans.

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