Télécharger la synthèse d`Une logique de la communication de Paul
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2. Paul Watzlawick, Janet H. Beavin, Don D. Jackson Une Logique de la Communication Éditions Seuil Synthèse par Olivier Piazza – www.selfway.fr - 1 mars 2009 S ELFWAY , D EVELOPPEMENT PERSONNEL , EVEIL ET L EADERSHIP 1 ”O N NE PEUT PAS NE PAS COMMUNIQUER ” Dans le modèle d’interaction, tout est communication, aussi bien le langage que les comportements, que ce soit un mouvement ou même l’absence de mouvement. Toute communication se décompose ainsi en deux entités : • Le message verbal, portant le contenu de l’échange, véhiculé par le langage, sous une forme digitale, riche et complexe. • La relation, exprimée par la communication non verbale, comportementale, analogique, c’est-à-dire la posture, les mouvements, l’intonation, le rythme, les expressions du visage. Telle une communication sur la communication, la communication non verbale précise la manière dont le message doit être perçu. Elle repose sur le comportement, or il n’est pas possible de ne pas avoir de comportement. Autrement dit, il est impossible de ne pas communiquer. Un homme silencieux, assis dans un café, le regard vide, apparemment absorbé par ses pensées, signifie “je ne souhaite pas engager de communication”. C’est une indication en soi. De même, l’absence de réponse à une question posée est une communication. Quelles tactiques sont alors employées pour ne pas engager une communication ? • Rejeter la communication en la refusant : situation difficile, tendue, parfois difficilement soutenable du fait des conventions sociales • Annuler la communication : réponse confuse, incompréhensible, ou hors sujet, avec des incohérences, des phrases inachevées, sorte de délire verbal qui amènera l’autre à lâcher prise • Tricher et feindre l’impossibilité de communiquer : “pour une raison qui échappe à ma volonté, je ne suis pas en mesure de répondre” (migraine, incapacité, sommeil, ignorance…) L ES PIEGES DE LA TRADUCTION ANALOGIQUE - DIGITAL Notre cerveau perçoit en permanence deux signaux, le verbal et le non verbal, et doit donc les décoder pour en faire une synthèse. Ces deux signaux n’ont pas la même finalité : l’analogique crée le cadre de la relation, il n’affirme rien et ne peut pas contenir de négation, alors que le digital véhicule le contenu du message. • Si les deux signaux sont concordants, la congruence renforce le message. • S’ils sont incongruents alors un choix d’interprétation sera fait. Or la communication analogique, non verbale, est plus archaïque. Elle fait appel à des conduites que notre espèce a adoptées bien avant la mise au point du langage, et présente de ce fait une validité supérieure. C’est elle qui primera ! Lorsque c’est la relation en cours qui devient le sujet de la communication, la difficulté croît encore. En effet, toute tentative de formulation verbale d’une communication non- S ELFWAY , D EVELOPPEMENT PERSONNEL , EVEIL ET L EADERSHIP 2 verbale y introduit une erreur liée non seulement à la pauvreté de la syntaxe mais également par risque de mauvaise interprétation. Il est difficile d’exprimer clairement ce que le corps a voulu dire. Un mari offre spontanément des fleurs à sa femme. Quelle interprétation en fera-t-elle ? Pensera-t-elle : “Il doit avoir quelque chose à se faire pardonner”, ou bien “Quelle délicatesse”. Certaines communications analogiques finissent par avoir un sens quasi-digital, moins susceptible d’erreur d’interprétation, ce sont en particulier les rites correspondant aux conventions de notre société. C IRCULARITE DE LA COMMUNICATION Dans un système, les éléments interagissent en permanence. Une réponse est en fait aussi le déclencheur d’une nouvelle séquence, et donc un stimulus pour la séquence suivante. Tous ces échanges forment un jeu complexe. Problème de ponctuation de la séquence Dans une séquence de communication, selon l’endroit où l’on situe le commencement, le sens varie. C’est la source de conflits classiques lorsqu’un des partenaires reporte la faute sur l’autre tandis que le second répond que c’est justement à cause du comportement du premier qu’il agit ainsi. ”C’est toi qui a commencé” disent les enfants qui se disputent. Le principe de circularité de la communication rompt avec ce schéma traditionnel de linéarité où chacun recherche l’effet et la cause. Prédiction qui se réalise Une personne A qui pense d’un autre, B, ”Il ne m’aime pas” et qui développe alors un comportement renfermé, distant, froid, créera ainsi toutes les conditions pour que B agisse effectivement ainsi. Si B prend la parole le premier et prend un ton distant, peu chaleureux, alors cela confirmera A dans sa prophétie auto-réalisatrice, en croyant que c’est bien B qui a eu l’initiative d’être désagréable. En fait il n’en est rien ! A avait bien communiqué non verbalement le premier et a ainsi déclenché cette situation. Principe de limitation Puisque la communication est faite d’interactions entre partenaires, créant ainsi une sorte de jeu relationnel, chaque “coup” joué par l’un des partenaires restreint le nombre de choix de la communication réponse de l’autre. C’est ce qui explique aussi les phénomènes de cercle vicieux où, lorsqu’une communication est engagée sur la voie du conflit, il est difficile à chacun des deux partenaires d’y mettre un terme. Ils se trouvent comme enfermés dans un piège. Pour s’en échapper, il faudra l’intervention d’une personne extérieure, modifiant ainsi les règles du système et ouvrant de nouvelles possibilités de “jeu”, ou bien il faudra que l’un des partenaires réussisse à sortir du cadre, en métacommuniquant, c’est-à-dire en communiquant sur la relation et non plus sur le contenu. S ELFWAY , D EVELOPPEMENT PERSONNEL , EVEIL ET L EADERSHIP 3 Relation symétrique ou complémentaire ? Dans une relation symétrique, les partenaires agissent comme en miroir, sur un pied d’égalité, contrairement à la relation complémentaire où l’un occupe une position haute et l’autre une position basse. Attention, ces deux qualifications ne sont pas des jugements de valeur, chacun complète l’autre pour former un tout, comme dans la relation parent-enfant, professeur-élève, manager-managé. Les deux modes de relation sont utiles et nécessaires. Escalade symétrique Le principal piège de la relation symétrique est son emballement. Il se produit selon une séquence parfaitement codée : les partenaires rivalisent sur le contenu de la communication, à propos de faits plus ou moins objectifs, chacun prétendant avoir raison, alors que le vrai désaccord est à chercher du côté de la relation. En fait, chacun cherche à “avoir le dessus” et à affirmer ainsi son identité. Une escalade symétrique pourra s’achever de plusieurs manières : stabilisation (rire, prise de recul, pause…), épuisement, éclatement ou basculement vers la complémentarité, par exemple si l’un des partenaires accepte de jouer la position basse, que ce soit par calcul tactique ou non. Dans une relation faite de respect et de confiance l’emballement a moins de risque d’apparaître. Complémentarité rigide La relation complémentaire a toutes les chances de s’établir correctement tant que l’identité des partenaires peut s’exprimer pleinement. Si, en revanche, celui qui occupe la position haute déni l’identité du partenaire situé en position basse, alors ce déséquilibre risque de tendre vers un sentiment de frustration, voire, dans les cas les plus graves, de dépersonnalisation. Passer d’un mode de relation à l’autre est un important facteur de stabilité, le principal problème étant la rigidité de certaines interactions. C OMMUNICATION ET IDENTITE La communication en tant que relation est indispensable à l’homme pour construire la conscience de soi. C’est le cas lors d’un échange normal qui mène à la confirmation de l’autre. De nombreuses études ont montré que priver un individu de communication sur une longue période le mène à une perte d’identité. Une communication peut affecter l’identité dans deux cas : • Directement : Si c’est le sujet de l’échange ”je suis comme si”, alors les communications digitale et analogique porteront sur le l’identité d’un des partenaires • Indirectement : Si le sujet est apparemment autre et qu’il mène à débat alors que cela ne devrait pas être le cas. Par exemple, deux physiciens qui en viennent à débattre du nombre d’électrons de l’atome d’Uranium. Dans ce cas, même si le message porte sur l’atome d’Uranium, la relation qui s’envenime affecte l’identité S ELFWAY , D EVELOPPEMENT PERSONNEL , EVEIL ET L EADERSHIP 4 des deux partenaires, aucun des deux n’acceptant de ne pas être reconnu comme le spécialiste qu’il est. Dans ces contextes, trois familles de réponse sont possibles : • Confirmation : o A : Je pense que … o B : Oui, je suis d’accord • Rejet o A : Je pense que … o B : Non, je ne suis pas d’accord • Déni o A : Je pense que … o B : Tu ne peux pas juger cette question, elle t’échappe Attention, autant les deux premières options se valent autant la dernière est d’un ordre tout à fait différent. Le déni provoque chez A une situation d’indécidabilité. C’est-à-dire qu’il ne connaît non seulement pas le point de vue de B sur la question, mais au-delà il est attaqué dans sa personnalité même. La conséquence de cette attaque peut être fondamentalement différente selon les plusieurs paramètres : • Le rôle de B par rapport à A et la nature des liens qui les unissent (parent, professeur, supérieur hiérarchique…) • La solidité de A et sa perméabilité aux attaques, selon son estime de soi Le déni ne peut s’observer que dans les relations complémentaires. Chaque fois que A réussit parfaitement une tâche, B lui dit que c’est parfait Chaque fois que A rate complètement cette même tâche, B continue à lui dire que c’est parfait (alors que le contraire est évident) Si cette interaction est redondante, en particulier si elle est reconduite systématiquement, A se retrouve enfermé dans cette indécidabilité qui l’éloigne de ses sentiments et le prive de cette confirmation du moi, si nécessaire. L A COMMUNICATION PARADOXALE Les formes de communication paradoxale les plus avancées se caractérisent par un message dont aucune interprétation correcte n’est possible, ce qui provoque une déstabilisation liée au blocage de nos facultés de raisonnement. Les paradoxes peuvent être classés en plusieurs familles : • Antinomie : affirmation contraire à l’opinion commune • Définition paradoxale : définition contenant elle-même son propre contraire Par exemple : ”Je suis menteur”. En le disant, dis-je la vérité auquel cas je serais un menteur qui n’a pas menti cette fois-ci ou bien dis-je un mensonge auquel cas je ne serais pas un menteur mais qui a menti cette fois-ci… • Injonction paradoxale : ordre donné ne pouvant être accompli sans précisément le trahir Quelques exemples : S ELFWAY , D EVELOPPEMENT PERSONNEL , EVEIL ET L EADERSHIP 5 o “Sois spontané” o “Tu devrais m’aimer” o Un capitaine ordonne à un soldat de raser tous les soldats de la compagnie qui ne se rasent pas eux-mêmes et personne d’autre. Une fois qu’il a effectivement rasé tous ces soldats et qu’il ne lui reste plus que lui, que fait-il ? S’il se rase, il ne correspond plus à la définition et a donc désobéi. S’il ne se rase pas, il faisait partie du groupe cible et a donc désobéi à l’ordre… Dans la vie de tous les jours, de telles communications paradoxales ne sont pas rares. Une mère fait cadeau à son fils de deux chemises. La première fois qu’il en mettra une, elle lui dira : “et l’autre, elle ne te plait pas ? “ Nous sommes régulièrement pris dans des situations paradoxales soit quand nous les créons à notre insu, soit quand nous en sommes victimes. Réussir à mieux les identifier peut aussi permettre de les “prescrire” en situation utile, dernier recours face à une personne qui est dans l’incapacité de changer. Une personnalité rebelle qui refuse de coopérer malgré plusieurs demandes : en lui ordonnant la non-coopération, au motif que ce sera utile, par exemple, prive le rebelle de sa position favorite. S’il continue à se rebeller, il exécutera l’ordre reçu et ne sera plus rebelle. S’il revient dans le droit chemin alors il aura bien conservé son identité rebelle… mais en revenant dans la position contre laquelle il se rebellait ! Attention, cette forme de communication, qui crée une double contrainte, est redoutable. Les psychothérapeutes ont montré son efficacité remarquable et l’utilisent ponctuellement pour libérer un patient de son carcan. Il a été montré par les chercheurs de Palo Alto qu’une double contrainte répétitive était en cause dans le système familial des schizophrènes. S ELFWAY , D EVELOPPEMENT PERSONNEL , EVEIL ET L EADERSHIP 6 P LACE DE DANS LES OUTILS D EVELOPPEMENT H UMAIN Ce livre développe le modèle de la communication selon Palo Alto, en s’appuyant sur les nouveaux apports conceptuels de la cybernétique et de la Théorie générale des Systèmes. Bien que n’étant pas une “méthode” de développement personnel, la compréhension des règles de communication est néanmoins un facteur crucial et central d’enrichissement de la personnalité. Cette logique de communication a inspiré de nombreux auteurs et s’est imposé comme la référence sur le sujet. P OUR QUELS APPRENTISSAGES ? Pour apprendre à créer les conditions d’une communication fructueuse, ne plus tomber dans ses pièges classiques. Pour mieux identifier les situations d’échec de communication et comprendre les moyens d’en sortir. Pour comprendre le rôle crucial de la communication dans l’affirmation de soi. Mots clés • Paradoxe • Systémique • Communication • Interaction Ce livre s’adresse à tous ceux qui placent la relation au coeur de leur préoccupation, professionnelle ou personnelle. Compétences visées • Communication ♥♥♥♥ • Gestion conflits ♥♥♥ N IVEAU DE DIFFICULTE Ce livre est assez complexe, théorique et conceptuel. Il est néanmoins accessible à tous ceux qui souhaitent faire l’effort de comprendre la modèle théorique proposé. Le chapitre qui analyse les modes de communication mis en jeu dans “Qui a peur de Virginia Woolf ?” est une illustration particulièrement vivante. V ALIDITE Cette conception systémique de la communication émane de l’une des plus grandes écoles de psychothérapie du monde, le Mental Research Institute de Palo Alto fondé par Don Jackson et Gregory Bateson. Elle a diffusé sur la planète pour devenir une référence indiscutée. Elle a été à l’origine de nombreux progrès thérapeutiques, en particulier dans le domaine de la schizophrénie. Elle est une référence incontournable du coaching. S ELFWAY , D EVELOPPEMENT PERSONNEL , EVEIL ET L EADERSHIP 7 P OUR ALLER PLUS LOIN Principaux livres • De Paul Watzlawick o Changements : paradoxe et psychothérapie, Editions du Seuil o Le langage du changement, Editions du Seuil o La réalité de la réalité, Editions du Seuil o L’invention de la réalité, Editions du Seuil o Faites vous-même votre malheur, Editions du Seuil • Sur Palo Alto o Edmond Marc, Dominique Picard, L’école de Palo Alto, Editions Retz o Alex Mucchielli, Les nouvelles communications : La descendance de Palo Alto, Editions Armand Colin • Sur les Thérapies brèves o Dominique Megglé, Les Presses de la Renaissance o Edmond Marc, Le changement en psychothérapie, Editions Dunod Organisations professionnelles • • European Brief Therapy Association (E.B.T.A.) : www.ebta.nu Brief Therapy Network : www.brieftherapynetwork.com Autres ressources internet • • Mental Research Institute, Palo Alto La célèbre école à l’origine des thérapies brèves et systémiques www.mri.org Centro di Terapia Strategica, Arezzo, Italie Le centre, affilié au MRI de Palo Alto, fut fondé par Paul Watzlawick et Giorgio Nardone www.centroditerapiastrategica.org/index2.html www.selfway.fr S ELFWAY , D EVELOPPEMENT PERSONNEL , EVEIL ET L EADERSHIP 8