CHAPITRE 1 A la poursuite des arts magiques. Le premier ch
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CHAPITRE 1 A la poursuite des arts magiques. Le premier ch
CHAPITRE 1 A la poursuite des arts magiques. Le premier ch. établit une transition entre les livres 1 et 2 et ouvre une nouvelle page dans les aventures de Lucius. La transition est illustrée dans l'histoire par le réveil de Lucius après une nuit de sommeil (cf. 1, 26: 24, 15 optatae me quieti reddidi) et l'ouverture d'une nouvelle section dans le récit par la description du lever du jour (voir infra notice initiale). Sur le soigneux découpage des livres dans les met. attribuable à Apul. et l'usage de l'alternance nuit/jour, voir Junghanns 1932, 126 s. et n. 13; Scobie 1978, 50 et 56; GCA 1985, 1 s.; Dowden 1993, 92.1 Selon une technique narrative mise en oeuvre ailleurs dans les met. (livres 3, 7, 8, 10 et 11), le premier ch. fait allusion à un événement narré précédemment: la mésaventure d'Aristomène avec deux sorcières meurtrières (1, 5-19). De même que la division en livres, la reprise d'éléments narrés antérieurement s'explique peut-être en relation avec une lecture publique du roman en plusieurs étapes. Il ne s'agit pas chez Apul. de véritables résumés, tels ceux que l'on trouve dans le roman de Chariton, mais d'allusions ou de brèves analepses (pour ce terme, voir intro. 2. 1. 1. 2). Sur la question de l'éventuelle fonction récapitulative des chapitres initiaux à l'attention d'un cercle d'auditeurs, voir Zimmerman-de Graaf 1992, 45 qui renvoie à Wesseling 1988, 71 avec litt. suppl. Sur les récapitulations dans les romans grecs, voir Hägg 1971, 327 ss.; Billault 1991, 77 ss.; Fusillo 1996. L'allusion à la mésaventure d'Aristomène a en outre pour fonction de mettre au premier plan le thème de la magie déjà introduit par ce récit enchâssé et la fascination que cet art exerce sur Lucius. Dans ce premier ch. décrivant les explorations du héros, sont illustrés de manière emblématique les thèmes majeurs du livre 2 et des livres suivants: métamorphose, curiosité insatiable pour le supranaturel et crédulité du héros. 24, 17-23: Ut primum nocte discussa sol nouus diem fecit et somno simul emersus et lectulo, anxius alioquin et nimis cupidus cognoscendi quae rara miraque sunt, reputansque me media Thessaliae loca tenere quo artis magicae natiua cantamina totius orbis consono ore celebrentur fabulamque illam optimi comitis Aristomenis de situ ciuitatis huius exortam, suspensus alioquin et uoto simul et studio, curiose singula considerabam...: Dès que la nuit se dissipa et qu'un nouveau soleil amena le jour, j'émergeai de mon sommeil en même temps que de ma modeste couche. Toujours impatient et follement curieux de découvrir des faits rares et merveilleux, je songeais que je me trouvais en pleine Thessalie, berceau des incantations magiques que célèbre d'une seule voix la terre entière, et à la pensée que l'histoire de mon excellent compagnon Aristomène avait commencé dans cette ville même, soulevé à la fois de désir et d'ardeur, j'examinais chaque chose avec une curiosité attentive. En dépit de la ponctuation moderne qui imprime un point après considerabam et fait débuter une seconde phrase par nec fuit (ligne 24), il est probable que ce premier ch. ne formait originellement qu'une seule phrase, dont les prédicats étaient reliés par nec et sed 1 La division en ch. est de Hildebrand (1842). Chapitre 1 (ligne 25). Une telle construction épouserait le contenu de la phrase, en soulignant l'impatience précipitée des errances de Lucius (noter aussi l'absence de tout verbe de mouvement). Tout comme les livres 3, 4, 6, 7, 8, 10 et 11, le livre 2 s'ouvre avec une indication temporelle qui a moins pour fonction de marquer le temps objectif que d'introduire à un nouvel épisode: voir Gülich 1976, 246 ss., qui nomme de telles indications des `Episodenmerkmale'. Outre les ouvertures des livres 2, 3 et 7, on trouve dans les met. d'autres descriptions du lever du jour reflétant le début d'une nouvelle section ou marquant un tournant dans l'histoire: cf. e.g. 1, 18 (16, 7 s.); 2, 26 (46, 7 s.); 9, 28 (224, 9); 11, 7 (271, 14 s). Il s'agit le plus souvent de périphrases évoquant un intertexte épique et d'intention parodique; voir van der Paardt 1971, 23 ad 3, 1 (52, 6 ss.); van Thiel 1971, 15, n. 40; Westerbrink 1978, 65 s. Cf. surtout 7, 1 (154, 5 s.) ut primum tenebris abiectis dies inalbebat et candidum solis curriculum cuncta conlustrabat, où l'on observe un rythme poétique comparable à notre passage: les quatre premiers mots y forment les quatre premiers pieds d'un hexamètre dactylique (voir GCA 1981, 80 ad loc.). Bien qu'elle soit empreinte de réminiscences poétiques et truffée d'expressions rares (voir infra), la description du lever du jour au seuil du second livre est moins pompeuse qu'aux ouvertures des livres 3 et 7 et forme un contraste stylistique moins marqué avec le contexte dans lequel elle est insérée (voir cependant infra s.v. lectulo). Le chapitre s'ouvre comme il se referme, avec la mention du soleil levant (ligne 17: sol nouus et 25, 6: iubaris orbe). Cette description poétique du lever du jour est absente de l'Onos. Par ailleurs, l'ouverture de la seconde journée dans les aventures de Loukios/Lucius est moins incisive dans l'épitomé, qui, avant de laisser le héros partir à la découverte de la ville, insère un dialogue entre lui et son hôte Hipparque. Le second livre des met. débute de but en blanc avec les explorations hallucinées de Lucius dans les rues d'Hypata: voir infra s.v. anxius... sunt. Sur ces divergences et l'absence de toute description de l'état psychologique de Loukios dans l'épitomé, voir Junghanns 1932, 29 ss.; Sandy 1997, 238; comm. ad 2, 2 (25, 8 ss.: notice initiale). Gianotti 1986, 78 n. 2 établit un parallèle entre cette description d'Hypata et le passage décrivant l'éveil de Lucius après qu'Isis s'est révélée à lui: cf. 11, 7 (271, 10 ss.), où, de manière similaire, le lever de Lucius s'accompagne du lever du jour et où le paysage est transfiguré selon les attentes du héros (dans une atmosphère de joie). Pour cette description de l'excitation de Lucius découvrant Hypata, comparer Pétrarque, Fam. 1, 4, 4 Pariseorum ciuitatem... introii non aliter animo affectus quam olim Thesalie ciuitatem Ypatham dum lustrat, Apuleius. Ita enim solicito stupore suspensus et cuncta circumspiciens, uidendi cupidus explorandique uera ne an ficta essent que de illa ciuitate audieram, non paruum in ea tempus absumpsi, et quotiens operi lux defuit, noctem superaddidi (pour l'influence d'Apul. sur Pétrarque, voir Costanza 1938, 61 ss.; Billanovich 1953). Ut primum - fecit: cf. Verg. Aen. 12, 669 ut primum discussae umbrae et lux reddita menti. nocte discussa: l'image est poétique: cf. e.g. Sen. Herc. f. 50; Lucan. 5, 700 s. talia iactantes discussa nocte serenus / oppressit cum sole dies, etc. Ailleurs dans les met., discutere est employé de manière moins poétique avec des mots désignant la fatigue, le sommeil, l'ivresse ou la crainte: cf. e.g. 4, 21 (90, 11) timore discusso avec GCA 1977, 157 ad loc. et 10, 11 (245, 8) sopore discusso avec Zimmerman de Graaf 1992, 197 ad Chapitre 1 loc. sol... diem fecit: `le soleil engendra le jour' ou `la lumière du jour', comme au livre 5, 1 (104, 6 ss.) totique parietes... coruscant, ut diem suum sibi domus facia[n]t licet sole nolente. L'emploi de facere avec dies pour désigner l'aube est confiné à ces deux passages d'Apul. et à Sen. Phoen. 87 Hesperus faciet diem. La combinaison est plus fréquente avec les composés du verbe (cf. e.g. avec efficere Cic. nat. deor. 2, 95; avec conficere, ibid. 2, 102). Selon Bernhard 1927, 119, l'emploi d'un uerbum simplex est un trait poétique dont on ne trouve que peu d'ex. chez Apul. sol nouus: la combinaison est poétique; cf. Verg. georg. 1, 288; Sen. Herc. f. 147 et Val. Fl. 2, 441. Cf. encore Sil. 6, 3 nouo Phaëthonte; Stat. Theb. 7, 472 nouo Titane. Les mots sol nouus répondent à l'état d'esprit actuel de Lucius qui, mis en alerte par le récit d'Aristomène, regarde tout autour de lui `sous un jour nouveau', transfigurant la réalité selon ses désirs. et somno... et lectulo: le lever du jour s'accompagne du lever du héros: cf. e.g. Hom. Od. 2, 1 ss.; 8, 1 ss.; 17, 1 ss.; Verg. Aen. 1, 305 ss.; cf. encore Apul. met. 3, 1 (52, 6 ss); 11, 7 (271, 10 ss., cité supra dans la notice initiale). Le livre 2 forme une boucle parfaite, puisqu'il s'achève la nuit, avec le coucher du héros fatigué: lecto simul et somno tradidi (2, 32: 52, 3 s.); voir intro. 1. 3. Le polysyndète et la construction chiastique de la phrase renforcent l'humour du zeugma. Chez Apul., les zeugmas sont volontiers appuyés par des conjonctions de coordination: cf. e.g. 1, 25 (23, 20); 2, 5 (29, 7); 2, 7 (31, 10); 3, 20 (67, 12 s.), etc. Dans notre passage, le zeugma et la multiliaison traduisent la hâte de Lucius, impatient de découvrir les arts magiques (cf. comm. ad ligne 17 s.). Pour d'autres ex. de zeugmas dans les met., voir Kretschmann 1865, 22, dont la liste (pourtant incomplète) dément l'affirmation de Bernhard 1927, 161 s. selon lequel `bei seinem ausgeprägten Streben nach Deutlichkeit und seinem Hang zu vollem Ausdruck ist es selbstverständlich, dass das Zeugma keinen Platz hat. Nur ganz wenige Beispiele sind als solches zu beurteilen'. Comparer pour notre passage Plin. nat. 28, 54 somno sibi mederi aut lectulo. somno... emersus: l'expression apparaît pour la première fois chez Apul. Cf. ensuite Tert. anim. 53, 6 (anima) ut de somnio emergens ab imaginibus ad ueritates (selon Waszink 546 ad loc., derrière cet emploi du verbe emergere se cache la conception de l'emersio de lauacro baptismi) et Aug. epist. 93, 2 ut tamquam de somno lethargico emergerent (ThLL s.v. emergo 477, 47 s.). Pour l'influence possible d'Apul. sur les auteurs chrétiens, voir Schmidt 1990. Cf. pour une autre combinaison singulière 9, 41 (234, 19 s.) uelut emersus... crapula, avec GCA 1995, 339 ad loc. lectulo: selon Abate 1978, 57, lectulus n'est plus revêtu dans les met. de sa force diminutive. L'auteur reconnaît cependant (p. 54 et 71) qu'un diminutif peut parfois être employé pour sa valeur originelle (cf. ainsi dans un contexte érotique 2, 6: 30, 7 et 2, 7: 31, 10). Aux yeux de Lucius, influencé dans son jugement par les dires d'une hôtelière (cf. 1, 21: 19, 10 ss.), tout dans la maison de Milon semble de prime abord misérable (cf. 1, 22: 20, 17 s. exiguo admodum grabattulo; 1, 23: 21, 11 breuitatem gurgustioli). Aussi estil probable que lectulus possède ici une force minorative, tout comme en 3, 13 (61, 19). Dans un tout autre contexte, de tonalité héroïque, Lucius mentionne le même lit sans employer le diminutif dépréciatif: cf. 2, 32 (52, 3). Pour une argumentation détaillée, voir van Mal-Maeder 1995, 110 ss. Dans notre passage, la connotation familière du diminutif lectulus contraste avec le ton élevé de la phrase et avec la recherche de tournures rares (supra). Sur les diminutifs chez Apul., voir encore Callebat 1968, 31 ss. et 371 ss.; id. Chapitre 1 1994, 1649. anxius - sunt: l'impatiente curiosité de Lucius est mentionnée avec insistance au début et à la fin de cette première phrase, la première fois comme étant un trait de caractère général, la seconde comme résultant de la fascination qu'exerce sur lui la magie (infra ligne 23 s.). Elle est soulignée autant par le polysyndète que par l'absence d'un verbe marquant le déplacement de l'intérieur de la maison de Milon à l'extérieur. Tout se passe comme si Lucius se trouve dès son réveil au beau milieu de la rue. Un tel effet est absent de l'Onos: voir supra notice initiale. Lucius reconnaît volontiers tout au long du récit que la curiosité n'est pas son moindre défaut, ni la patience sa plus grande qualité: voir les parallèles cités par Hijmans in GCA 1995, 364 ss.; cf. 2, 6 (29, 15) et voir intro. 5. 2. anxius alioquin et nimis cupidus: l'une des tournures favorites d'Apul., dans laquelle deux adj. (ou plus) sont reliés par alioquin (Bernhard 1927, 30 et 127). Cette construction est volontiers utilisée pour dépeindre en deux coups de pinceau le caractère ou l'état d'esprit d'un être humain ou animal, plus rarement pour décrire une apparence physique: cf. e.g. 1, 16 (15, 7) putris alioquin et uetus funis; 2, 7 (31, 6) illa lepida alioquin et dicacula puella; 4, 9 (81, 16 ss.) Chryseros quidam... pannosus alioquin ac sordidus. Plus loin dans notre livre, Lucius utilise cette même formule pour dévoiler deux autres traits de sa personnalité: cf. 2, 16 (38, 5), avec comm. ad loc. On peut hésiter à voir dans de telles caractérisations le point de vue de Lucius-narrateur (`je-narrant': voir intro. 2. 2.), qui émettrait certains jugements en fonction de son savoir `d'après coup', ou de Lucius-acteur (`je-narré') dans le temps de l'histoire. Il s'agit probablement ici d'une évaluation reflétant la perspective de Lucius-acteur qui se sait curieux; voir s.v. nimis cupidus. Pour un cas d'évaluation attribuable à Lucius-narrateur, voir comm. ad 2, 6 (29, 19 s. uecors animi); GCA 1995, 135 ad 9, 14 (213, 9 s.) bonus alioquin uir et adprime modestus. anxius: `tourmenté par l'impatience' plutôt qu'`anxieux'. Le mot apparaît souvent comme ici lié à un état de curiosité extrême: cf. 9, 12 (211, 29 s.) familiari curiositate attonitus et satis anxius, avec GCA 1995, 117 s. ad loc. et 364; 11, 23 (285, 8 s.) quaeras forsitan satis anxie, studiose lector, quid deinde dictum, quid factum. Cf. aussi à propos de l'initiation de Lucius aux mystères d'Isis 11, 20 (281, 23 s.) et 11, 21 (282, 19 ss.), avec Fredouille 1975, 98 et 101 ad loc. Loin de se départir de sa curiosité caractérielle après son anamorphose (voir sur ce point Hijmans in GCA 1995, 372 ss.), Lucius ressent pour les mystères d'Isis auxquels il souhaite ardemment être initié la même attraction agitée que pour les pratiques magiques. nimis cupidus: Callebat 1968, 536 accorde à cette occurrence de l'adv. nimis une valeur superlative: `désireux au plus haut point' (= ualde). Un second lecteur (pour cette notion, voir intro. 2. 2.) pourrait toutefois reconnaître dans cet adverbe une intervention `commentative' du `je-narrant', qui, faisant usage de son savoir `d'après coup', condamne cette curiosité responsable de sa métamorphose. Cf. le discours du prêtre d'Isis au livre 11, 15 (277, 9 s.) révélant à Lucius: curiositatis inprosperae sinistrum praemium reportasti. Nimis serait alors à prendre dans son sens premier: `trop', `excessivement'. Cf. les traductions de Helm-Krenkel: `Ich war im übrigen ängstlich und doch nur zu begierig...' et de Hanson: `With my anxiety and my excessive passion to learn...'. Cependant, Hijmans in GCA 1995, 384 ss. montre que le concept de la curiosité dans les met. est loin d'être présenté de façon systématiquement négative. Seule une curiosité non contrôlée par la prudentia est condamnée. Si l'on peut parfois hésiter sur le sens exact du mot nimis (cf. 9, 7: 207, 15; apol. 73: 82, 1; Socr. prol. 4: 4, 18), on ne relève chez Apul. aucune occur- Chapitre 1 rence de nimis signifiant en toute certitude `trop'. Dans ma traduction (`follement'), j'ai toutefois cherché à respecter l'ambiguïté du mot. rara miraque: sur le thème du mirum dans les met., caractéristique de l'époque où le roman fut écrit, voir Zimmerman-de Graaf 1992, 247 ad 10, 15 (248, 16 ss.), un passage où Lucius-âne est lui-même présenté comme un mirum, un objet de curiosité. me - celebrentur: l'accumulation des expressions poétiques (voir infra) accentue le ton emphatique de la phrase. Dans l'Antiquité, la Thessalie était autant réputée pour être le pays des arts magiques que celui des chevaux, comme en témoigne une épigramme de l'Anth. Graec. 11, 259. Sur cette réputation de terre de magie relevant plus du topos littéraire que de la réalité, voir Cazeaux 1979; comm. ad 2, 5 (29, 1 et 2) s.v. maga et s.v. creditur. me... loca tenere: cf. 2, 21 (42, 16) cum haec... loca prouinciae famigerabilis adire cuperem (Thélyphron, à propos de la Thessalie). On peut hésiter à prendre me comme sujet du verbe tenere ou comme objet. Loca tenere dans le sens vague de `se trouver dans un endroit' se rencontre chez Verg. Aen. 6, 434 proxima deinde tenent maesti loca et 6, 761. Mais le sujet du verbe pourrait aussi être media Thessaliae loca: cf. Tib. 2, 3, 1 rura meam, Cornute, tenent villaeque puellam; Ov. ars 2, 419 s. sed dea... quam tenet altus Eryx; Sen. Herc. O. 1959 s. cur te, cur ultima / non tenuere tuas umbras loca? Tenere signifierait alors `retenir', `captiver', un sens qui convient à l'état d'esprit de Lucius, captivé par la fascination de la magie (notre passage est cité par OLD s.v. tenere 4 `to have within itself, hold, contain'). L'ambiguïté est difficilement traduisible en français. media Thessaliae loca: expression hyperbolique (`au beau milieu de la Thessalie'). Hypata se situait sur le versant nord de l'Oeta, non loin de la frontière avec l'Etolie. quo: Helm, Robertson et Brandt-Ehlers (et de Jonge 1941, 17) corrigent cette leçon de F par qua, comme aussi en 4, 6 (79, 11); voir contra GCA 1977, 61 s. ad loc. et Augello 1977, 38 s. Quo est fréquemment utilisé dans les met. à la place de ubi: cf. e.g. 5, 7 (108, 9); 6, 21 (144, 15); 9, 23 (220, 15); 10, 12 (245, 13). Voir pour d'autres ex. ETh 112 ss. et LHSz 2, 277. Noter la brachylogie (que n'apprécie pas de Jonge 1941, 16 s. ad loc.: `Tota sententia parum accurata est'): du point de vue du sens, quo se rapporte à natiua (les chants magiques ne sont pas célébrés par la terre entière en Thessalie, ils sont issus de Thessalie et célébrés par la terre entière). cantamina: = carmina. Ce mot, employé encore en 2, 22 (43, 18) et dans l'apol. 26 (31, 6), 40 (46, 19), 43 (50, 26), 84 (93, 5) et 102 (113, 7), est attesté avant Apul. chez Prop. 4, 4, 51 o! utinam magicae nossem cantamina Musae!: voir Fedeli 146 s. ad loc. et Tränkle 1960, 61, pour qui il s'agit d'un mot poétique; ainsi aussi Callebat 1994, 1650; Hunink 1997, 90. Toutefois, en dehors de Prop., le mot n'apparaît en poésie que chez Prud. perist. 13, 23 et c. Symm. 2, 176. On le rencontre par contre encore dans le Cod. Theod. 9, 16, 6, dans un passage traitant des châtiments réservés aux magiciens et devins. Les incantations sont un rituel topique des opérations magiques: cf. infra ligne 26; 2, 5 (29, 1 s.); 2, 22 (43, 18); 3, 18 (65, 10) et apol. 47; Verg. Aen. 4, 487 ss.; Tib. 1, 2, 44; Hor. epod. 5, 45; Ov. met. 7, 253; 14, 357, etc. consono ore: cf. 4, 34 (102, 7) cum... celebrarent... cum... ore consono nuncuparent. La combinaison est attestée pour la première fois chez Apul., qui l'utilise en alternance avec consona uoce: cf. e.g. 10, 16 (249, 21 s.) avec Zimmerman-de Graaf 1992, 262 ad loc. Consono ore apparaît ensuite chez les auteurs chrétiens (voir ThLL s.v. consonus 484, 43 ss.), qui, à l'instar d'Apul., s'adonnent volontiers au jeu des assonances et des allitéra- Chapitre 1 tions: cf. e.g. Hier. epist. 22, 41 consono ore cantabunt; Ven. Fort. vita Leob. 14, 45 alacri corde... consono ore et concordi uoto conclamare coeperunt. celebrentur: Leky 1908, 54, puis Médan 1925, 16 et de Jonge 1941, 16 reprochent à Apul. de ne pas respecter la concordance des temps, citant notamment cette phrase en ex. Voir cependant ETh 410 ss., 419 s. et LHSz 2, 550 ss. sur les exceptions à cette règle, présentes dans tout la latinité. Le premier remarque (p. 411 s.) qu'une principale au passé peut être accompagnée d'une prop. subordonnée au présent notamment lorsque celle-ci exprime une vérité d'expérience (ainsi aussi Callebat 1968, 351). Voir aussi KSt 2, 195 sur les cas d'attraction temporelle, où une subordonnée s'accorde non pas avec la principale, mais avec une subordonnée intermédiaire (reputans... me... loca tenere). Quant au subj. celebrentur, il s'explique peut-être par un phénomène d'attraction modale, la proposition relative dépendant d'une infinitive (voir KSt 2, 2, 205 et les réserves de ETh 406). fabulamque - Aristomenis: il s'agit du premier récit enchâssé que contient le roman: cf. 1, 5 ss. (4, 17 ss.). Sur cette référence à un épisode du livre précédent, voir notice introductive. fabulam: le mot fabula apparaît à quatre reprises dans le livre précédent à propos de l'aventure narrée par Aristomène. Lucius l'utilise une première fois dans une tirade où il s'avoue prêt à tout croire, même à l'impossible apparent (cf. 1, 4: 4, 13), et une seconde fois, quand Aristomène a achevé son récit (1, 20: 18, 27). Fabula est employé pour qualifier ce même récit par le troisième compagnon de route (1, 20: 18, 18 et 21). Ce dernier étant au scepticisme ce que Lucius est à la crédulité (voir Winkler 1985, 27 ss.), dans sa bouche, fabula équivaut à `affabulation'. Le mot revêt donc différents sens ou nuances selon le contexte et la personne qui s'en sert. Pour Lucius, une fabula n'est pas synonyme de mensonges. Le terme désigne chez lui soit un récit, soit une histoire ou un événement (pour la distinction entre `récit' et `histoire', voir intro. 2. 1.). Un récit fait par un narrateur second et rapporté au discours direct par le narrateur premier, tel le récit d'Aristomène, celui de Thélyphron en 2, 20 (42, 2) et 2, 31 (50, 20) ou tel le conte d'Amour et Psyché qualifié en 6, 25 (147, 5 s.) de tam bel<l>am fabellam. Une histoire dont Lucius a entendu parler et qu'il rapporte au discours indirect, ou un événement auquel il a assisté sans y prendre vraiment part: cf. 9, 4 (205, 24); 9, 14 (213, 6 ss.); 10, 23 (254, 22); 10, 2 (237, 12 s.) scito te tragoediam, non fabulam legere, avec Zimmerman-de Graaf 1992, 67 ad loc. sur cette occurrence de fabula faisant référence au théâtre. Toutes les fabulae rapportées par Lucius - y compris celles qui, telle l'aventure d'Aristomène, se terminent de manière horrible - sont pour lui une source de plaisir et de divertissement; voir infra s.v. optimi; intro. 4 et 5. 4. Comparer pour ce lien entre fabula et plaisir Ach. Tat. 1, 2, 2, où µØ2@H est associé au plaisir (de l'auditeur) et aux souffrances du héros. Sur la question du récit véridique vs. récit mensonger, voir encore comm. ad 2, 12 (35, 10) historiam magnam et incredundam fabulam. illam: ille est fréquemment utilisé dans les met. comme `anaphorique' pour désigner un personnage, un objet ou un fait déjà mentionnés dans le récit: cf. e.g. 1, 19 (17, 10 et 18, 6) nocturnas... Furias illas et illa spongia (épisode narré aux chap. 11 à 14); 3, 21 (68, 1 s.) ad illud superius cubiculum (décrit en 3, 17: 64, 26 ss.; voir van der Paardt 1971, 158 ad loc.). Pour l'emploi de ille dans les met., voir Callebat 1968, 275 ss. (en part. 278 ss.) contra Wolterstorff 1917, selon lequel ce pronom équivaut parfois chez Apul. à un article. optimi: des quelques personnages gratifiés par le narrateur premier d'un qualificatif sincèrement positif (l'emploi par antiphrase est beaucoup plus fréquent, cf. comm. ad 2, Chapitre 1 14: 36, 10), Aristomène est le seul qui se voit qualifier d'optimus (en 1, 21: 19, 14 parens optima, il s'agit d'une formule de politesse). L'explication de ce traitement de faveur se trouve au livre 1, 20 (18, 26 ss.): gratas gratias memini, quod lepidae fabulae festiuitate nos auocauit; voir supra s.v. fabulam. de situ - exortam: tournure périphrastique et hyperbolique pour désigner Hypata. De Jonge 1941, 17 paraphrase: `de hac civitate', avançant comme parallèle Act. purg. Fel. 28b (CSEL 26, p. 203) nam ad Mauritaniae situm non nisi per Numidias pergitur. Mais situm y possède un autre sens, celui de `région' (voir OLD s.v. 3b). L'histoire d'Aristomène débute bel et bien, selon ses propres dires, à Hypata (cf. 1, 5: 4, 21 s. ibidem [Hypatae: 1, 5: 5, 5 s.] passim per ora populi sermo iactetur, quae palam gesta sunt). L'aventure de Socrate, dont on trouve le récit enchâssé dans celui d'Aristomène, est pourtant située à Larissa, où la magicienne Méroé exerce aussi ses méfaits (cf. 1, 7: 7, 5 s. prius quam Larissam accederem). Pour d'autres ex. de l'emploi de de avec des verbes ordinairement suivis de ab ou ex ou de l'abl. sans prép., voir Médan 1926, 66 ss.; Callebat 1968, 199 ss. souligne la place privilégiée qu'occupe la prép. de dans les met. et sa liberté d'emploi (`tendance particulièrement vivante dans la langue contemporaine'). Dans l'apol., exoriri se construit avec l'abl. seul: cf. e.g. 25 (29, 18); 30 (35, 5). ciuitatis huius: la postposition du démonstratif hic, fréquente dans la langue archaïque, est un procédé cher à Apul.: voir Bernhard 1927, 23 et KSt 2, 2, 608. suspensus - considerabam: cf. supra s.v. anxius - sunt (ligne 18 s.). Loin d'être refroidie par l'effrayant récit d'Aristomène, la curiosité de Lucius pour la magie ne s'en trouve qu'exacerbée. Ainsi, ce qui constituait un avertissement à Lucius de se garder des arts occultes (pour cette interprétation du récit d'Aristomène, voir parmi d'autres Tatum 1969, 498 ss. et 525; Scobie 1973, 232; van der Paardt 1978, 83; Schlam 1992, 232), ne fait que précipiter sa chute. Lucius ne comprendra pas plus les autres avertissements qui lui seront donnés: voir comm. ad 2, 5 (28, 11 ss.); 2, 7 (31, 6 ss.). studio: ce terme, qui fait écho à anxius (ligne 18), se retrouve pour exprimer une curiosité pleine d'empressement en 2, 28 (48, 22 s.); 3, 2 (53, 19); 5, 2 (104, 15) prolectante studio pulcherrimae uisionis rimatur singula; 8, 6 (181, 8), autant d'ex. où la curiosité est liée à la contemplation d'un spectacle. Cf. aussi 4, 28 (96, 22 s.) multi denique ciuium... quos eximii spectaculi rumor studiosa celebritate congregabat. Sur le thème du spectacle, voir Schlam 1992, 48 ss. et Zimmerman-de Graaf 1992, 20 ss. curiose: `avec attention' et `avec curiosité': les deux sens se recouvrent ici; cf. aussi 1, 18 (16, 8) curiose... arbitrabar et 10, 29 (260, 18 s.) curiosos oculos... spectaculi prospectu... reficiens. Pour une analyse étymologique et sémantique du mot curiosus, voir Hijmans in GCA 1995, 363 ss. 24, 24-25, 7: ..., nec fuit in illa ciuitate quod aspiciens id esse crederem quod esset sed omnia prorsus ferali murmure in aliam effigiem translata, ut et lapides quos offenderem de homine duratos et aues quas audirem indidem plumatas et arbores quae pomerium ambirent similiter foliatas et fontanos latices de corporibus humanis fluxos crederem; iam statuas et imagines incessuras, parietes locuturos, boues et id genus pecua dicturas praesagium, de ipso uero caelo et iubaris orbe subito uenturum oraculum: Et rien de ce que j'apercevais dans cette ville ne me paraissait être ce qu'il était: absolument tout avait été transformé en une autre apparence par quelque formule infernale. Je croyais de la sorte que les pierres que je heurtais étaient des hommes pétrifiés, les oiseaux que j'entendais, des humains aussi, Chapitre 1 emplumés, les arbres qui bordaient les murs de la ville, des humains encore, couverts de feuilles, les eaux des fontaines, des corps d'hommes liquéfiés; bientôt les statues et les images allaient se mettre à marcher, les murs à parler, les boeufs et le bétail de cette sorte donneraient des présages et du ciel lui-même et de l'orbe solaire, un oracle tomberait tout à coup. Le thème de la métamorphose par opération magique, déjà introduit au livre 1, 9 (8, 20 ss.), occupe au seuil du livre 2 une position en exergue. Il constitue un thème majeur du second livre, anticipant la métamorphose de Lucius. On le retrouve dans la description de la statue d'Actéon transformé en cerf par Diane (cf. 2, 4: 28, 7 ss.), dans l'énumération par Byrrhène des pouvoirs de Pamphilé (2, 5: 29, 9 ss.), ainsi que dans le récit de Thélyphron (2, 22: 43, 14 ss.). Pour Lucius, arts magiques signifient avant tout métamorphoses (cf. aussi 3, 19: 66, 11 ss. dominam tuam... ostende, cum deos inuocat, certe cum reformatur, avec van der Paardt 1971, 146 ad loc. sur cette leçon du texte2), une équation que la suite de ses aventures ne pourra que confirmer. Alors que dans la littérature antique, les opérations magiques métamorphosent les êtres humains exclusivement en animaux, Lucius croit même voir dans les objets inanimés qu'il rencontre des hommes transformés par enchantement. Ce ne sont pas là qu'hallucinations, si l'on en croit ce que raconte Byrrhène à propos de Pamphilé: cf. 2, 5 (29, 9 s.). La littérature antique regorge de métamorphoses en roches, en arbres, en sources ou en fleuves, mais elles sont le fait des dieux et relèvent du domaine religieux et mythologique. Ainsi dans les met. d'Ov., sous-jacent à ce passage (voir infra s.v. omnia... translata), cf. pour lapides... duratos la métamorphose des compagnes d'Ino (4, 551 ss.) et de Niobé (6, 146 ss.); pour aues... plumatas, celles de Cornix (2, 581 ss.), des Piérides (5, 298 ss.), de Procné et Philomèle (6, 667 ss.) ou de Perdrix (8, 236 ss.); pour arbores... foliatas, l'histoire de Daphné (1, 547 ss.), de Leucothoé (4, 237 ss.), etc.; pour fontanos... fluxos, celle de Salmacis (4, 285 ss.); Cyané (5, 409 ss.) ou Aréthuse (5, 572 ss.). La phrase exemplifie en quelque sorte le passage de métamorphoses mythologiques aux métamorphoses magiques. Dans l'esprit de Lucius, les sorcières possèdent les pouvoirs qui sont ceux des dieux de la mythologie. Penwill 1990, 8 note: `(Lucius) is suffering from lurid imagination arising from too literal a reading of Ovid's Met.' (mais à ce moment de l'histoire, le Grec Lucius n'a pas encore appris le latin). Il est certain toutefois qu'il ne ferait pas siens ces mots d'Ov.: in non credendos corpora uersa modos (trist. 2, 64, à propos de ses met.). Dans le dernier membre de la phrase, marqué par un iam `d'ouverture' (voir infra), on observe un glissement du thème de la métamorphose à celui du prodige, en particulier de l'omen. Autre thème majeur de cette phrase, celui de la crédulité de Lucius (mis en relief par deux crederem: 24, 25 et 25, 4), qui le pousse à prendre ses désirs pour des réalités ou, mieux, à métamorphoser la réalité selon ses désirs (Heine 1962, 217 compare Lucius avec Don Quichote). Sur le thème de la crédulité, voir intro. 5. 3. nec fuit - esset: thème de la réalité opposée aux apparences, un thème central dans les met.: voir Holzberg 1984, 173 ss., qui l'analyse en correspondance avec l'Onos et les oeuvres de Lucien; voir aussi Shumate 1988, 56 ss. et 88; Laird 1997, 61 ss.; Sandy 1997, 238, pour qui cette phrase, absente de l'Onos, est une réélaboration apuléenne par rapport 2 F a cu res ortatu; reformatur est une conjecture d'Elmenhorst. Chapitre 1 à l'original grec. crederem: cf. infra 25, 4 crederem; supra notice initiale. omnia... translata: cf. Ov. met. 15, 420 s. omnia... in species translata nouas. prorsus: grammaticalement, la force superlative de prorsus peut porter aussi bien sur omnia que sur ferali. Je préfère toutefois le rapporter à l'adj. qui le précède (contra de Jonge 1941, 17): omnia reprend singula (ligne 24) et est longuement développé dans les lignes suivantes. Cf. 4, 3 (76, 7) omnia prorsus holera; 9, 14 (213, 15 s.) omnia prorsus... flagitia; 11, 16 (279, 3) omnisque prorsus carina. L'emploi de prorsus comme élément d'intensification est très fréquent dans les met. (voir Bernhard 1927, 108 s. et Callebat 1968, 537 s. avec ex. suppl.). ferali murmure: cf. supra ligne 20 s. artis magicae natiua cantamina; Verg. Aen. 4, 462 ferali carmine; Claud. 3, 131 (p. 18 Hall) ferale... murmur. Les incantations des sorcières répondent à leurs intentions criminelles; cf. encore dans notre livre 2, 5 (29, 2) carminis sepulchralis; 2, 22 (43, 18) diris cantaminibus. murmure: contrairement à ce qu'affirme de Jonge 1941, 17, cette métonymie poétique pour désigner une incantation magique inintelligible se rencontre chez d'autres auteurs qu'Apul.: cf. e.g. Lucan. 6, 448; 6, 568; Val. Fl. 7, 464; Ps. Quint. decl. 10, 15 (ThLL s.v. 1676, 82 ss.). C'est le propre des incantations magiques d'être incompréhensibles, soit qu'elles sont chuchotées ou qu'elles constituent une suite de sons insolites: cf. Apul. met. 1, 3 (3, 10 s.) magico susurramine et apol. 47 (54, 14 ss.) magia... res est... carminibus murmurata; Ov. met. 14, 366 ignoto carmine; Lucan. 6, 686 s. murmura primum / dissona et humanae multum discordia linguae. Dans le domaine grec, cf. e.g. Lucianus Nec. 7; Hld. 6, 14, 4. ut - crederem: période remarquable, dans laquelle on observe une construction à la fois symétrique et embrassée. Dans les quatre membres de la phrase, des éléments syntaxiques identiques occupent une position identique: Chapitre 1 a) et lapides quos... de homine duratos b) et aues quas... indidem plumatas c) et arbores quae... similiter foliatas d) et fontanos latices... de corporibus humanis fluxos La symétrie est partiellement rompue dans le quatrième membre, où la subord. relative est remplacée par un adj. précédant le subst. A de homine (a) correspond de corporibus humanis (d), à indidem (b) répond similiter (c). Cette construction embrassée se reflète au niveau de la macrostructure de la phrase, puisque a) et d) décrivent les métamorphoses imaginées par Lucius dans le règne minéral (respectivement par solidification et liquéfaction), tandis que b) et c) concernent respectivement le règne animal et végétal. lapides - de homine duratos: selon Byrrhène, Pamphilé fait subir à ses amants en disgrâce de semblables métamorphoses: cf. 2, 5 (29, 9 s.). Durare apparaît plusieurs fois dans les met. en relation avec une métamorphose magique: cf. 1, 8 (8, 10) saga... potens... fontes durare; 3, 21 (68, 11 s.) duratur nasus incuruus; 3, 24 (70, 11) cutis tenella duratur. La prép. de marque l'origine de la transformation, comme aussi plus bas, ligne 3 s. et comme au livre 1, 12 (11, 6) de Aristomene testudo factus: ainsi de Jonge 1941, 17 (contra Médan 1925, 65 pour qui de exprime la matière) et Callebat 1968, 200 s. avec ex. suppl. indidem: également à partir d'êtres humains. Pour l'emploi d'un adv. comme substitut d'une forme pronominale, voir Callebat 1968, 293 (tournure de la langue vivante se généralisant dans la latinité tardive). plumatas: la même synecdoque se retrouve en 3, 21 (67, 20 ss.) indicat... dominam suam... in auem sese plumaturam: voir van der Paardt 1971, 156 ad loc. pomerium: au sens strict, ce terme que l'on trouve encore aux livres 1, 21 (19, 13) et 9, 9 (209, 20), désigne dans les villes romaines un espace consacré entourant la ville, tracé selon un rituel religieux déterminé et hérité des Etrusques: cf. Varro ling. 5, 143; Liv. 1, 44, 4; Plu. Rom. 11.; voir Mommsen 1879, 23 ss. (`der Begriff des Pomerium'). Apul. se sert d'un terme latin ayant perdu sa signification originelle pour désigner l'espace situé en dehors des limites de la ville. Selon Grimal 1958, 158 et 162, pomerium désigne plus précisément un boulevard extérieur. Cf. encore chez notre auteur Socr. 19 (31, 13) et (au pluriel) flor. 19 (39, 18) in pomoeriis ciuitatis. Pour ce type de `romanisation', voir GCA 1995, 103 ad 9, 3 (210, 9 s.) Tullianum. foliatas: synecdoque poétique similaire à plumatas (supra). fontanos latices: la combinaison de ces deux termes est attestée pour la première fois dans notre passage. Cf. ensuite Anth. Lat. 391, 29 SB (ThLL s.v. fontanus, 1028, 2 s.). Latex apparaît essentiellement en poésie et peut désigner diverses sortes de liquide; en 2, 15 (37, 15), il est employé à propos de vin. iam: placé en tête de période, ce iam signale un accroissement de l'intensité dramatique. Ce procédé d'intensification à l'aide d'un iam `d'ouverture' (voir ChausserieLaprée 1969, 497 ss.) est volontiers exploité dans les met.: cf. e.g. 2, 10 (33, 13 et 14); 2, 29 (48, 26 et 27); 3, 2 (53, 10 et 11); 10, 12 (245, 21) avec Zimmerman-de Graaf 1992, 205 ad loc. statuas - incessuras: les attentes de Lucius ne seront pas décues: cf. 2, 4 (27, 7 ss.) lapis Parius... signum... procursu uegetum, introeuntibus obuium. Pour un tel prodige, cf. Lucianus Philops. 19 ss.; Ps.-Callisth. 3, 33. statuas et imagines: la combinaison est fréquente en latin. Parfois, elle sert à Chapitre 1 désigner les deux modes artistiques (sculpture et peinture). Parfois, imago y est synonyme de statua (redondance; voir ThLL s.v. imago, 405, 25 ss.), comme c'est le cas ici (cf. incessuras). Cf. en revanche apol. 14 (16, 11) et 15 (17, 10 s.), où l'expression renvoie aux deux modes artistiques. parietes - locuturos: détournement humoristique d'un proverbe dont Apul. fait ici un prodige: voir Otto 1988, 266 (11890), s.v. paries qui cite Cic. fam. 6, 3, 3 in ea es urbe (Athenis), in qua... parietes ipsi loqui posse uideantur. ThLL s.v. paries 391, 4 ss. ajoute CE 1368 paries functi dogmata nunc loquitur. id genus: sur cet acc. adv. archaïsant volontiers utilisé par Apul., voir GCA 1985, 35 ad 8, 2 (177, 13). KSt 2, 306 souligne sa fréquence chez les auteurs africains. iubaris orbe: hyperbole poétique unique. Le mot iubar, qui apparaît essentiellement chez les tragiques et les poètes épiques (cf. e.g. Pacuv. trag. 347; Lucr. 4, 404; Verg. Aen. 4, 130; Sen. Med. 100), désigne strictement la lumière du soleil levant et, par métonymie, le soleil levant lui-même; puis par élargissement, l'astre solaire, à toute heure du jour (ThLL s.v. iubar 572, 17 ss.). Cf. 1, 18 (16, 7) iubaris exortu et 8, 30 (201, 7) ante iubaris exortum, avec GCA 1985, 264 ad loc. (trait poétique). Le chapitre se termine, comme il commençait, avec la mention du soleil levant: voir supra p. 63.