revue de presse the thing de john carpenter

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revue de presse the thing de john carpenter
REVUE DE PRESSE
THE THING DE JOHN CARPENTER
SORTIE CINÉMA 27 JANVIER 2016
« Le virtuose The Thing revient semer la paranoïa et la terreur »
TÉLÉRAMA
« Chef-d’œuvre de la SF horrifique »
MAD MOVIES
« Un des plus grands films de John Carpenter »
LIBÉRATION
« Absolument saisissant. La puissance d’effroi de la Chose reste intacte »
LA DISPUTE - FRANCE CULTURE
« Une des références du film d’horreur et d’épouvante »
FIP RADIO
« Un grand film de paranoïa »
LES ÉCHOS
« Le chef-d’œuvre de John Carpenter adulé par Quentin Tarantino »
FIGAROSCOPE
« Véritable chef-d’œuvre devenu culte »
PREMIÈRE
« L’un des, sinon le meilleur film de John Carpenter »
BLOW-UP - ARTE
Du film maudit au film culte
Par David Fakrikian (26.01.2016)
ANALYSE ET CRITIQUE
Par Justin Kwedi (le 27 janvier 2016)
John Carpenter avait connu une ascension fulgurante avec ses quatre premiers films qui le mena logiquement à The Thing, son film le plus ambitieux à ce jour. Quasi-inventeur du slasher avec le glaçantHalloween, il aura confirmé ses aptitudes pour le fantastique avec The Fog tandis que New York 1997démontrait sa capacité à tirer une œuvre esthétiquement ambitieuse d’un budget moyen tout en affirmant pour la
première fois son iconoclasme politique symbolisé par le teigneux Snake Plissken. Le succès public et critique de ces films lui permet donc d’accéder à sa première production au sein d’un studio avec The Thing.
Carpenter était un grand admirateur de la première version signée par son modèle Howard Hawks qu’il
découvrit enfant mais, plutôt qu’un simple remake, il choisira de revenir aux sources de la nouvelle originale de John W. Campbell - Who Goes There ? Celle-ci s’axait plus sur l’aspect transformiste de la créature extraterrestre, sa capacité à dupliquer l’humain et la paranoïa qui en découlait au sein du groupe de
personnages alors que Hawks avait signé un film de monstre plus classique dans sa transposition.
Carpenter saura parfaitement exploiter les moyens fournis par Universal (pour ce qui restera son plus gros
budget) avec une longue préproduction où il s’entourera d’une équipe technique de haut vol avec entre
autres le maquilleur Rob Bottin ou le maître du matte painting Albert Whitlock. The Thing inaugure chez
Carpenter ce qu’on nomme dans sa filmographie la trilogie de l’apocalypse et auquel s’ajouteront Prince
des Ténèbres (1987) et L’Antre de la folie (1995). Sous haute influence de l’œuvre de Lovecraft, ces
films évoquent une fin du monde causée par un ailleurs inconnu, une autre dimension peuplée de créature
innommables (Prince des Ténèbres), d’un esprit dérangé seul capable d’imaginer ces horreurs indicibles
(L’Antre de la folie), et pour ce The Thing qui inaugure le cycle de l’apocalypse passera littéralement par
l’illustration de cette entité monstrueuse digne des Grands Anciens dépeints par le maître de Providence.
Dès l’ouverture et cet hélicoptère poursuivant un chien dans l’immensité arctique, une atmosphère de désolation pesante s’instaure. Les plans multiples sur le chien rescapé, la découverte du sort affreux de la
base norvégienne puis celle de ce vaisseau spatial niché au cœur des glaces tissent habilement le mystère tout en nous introduisant remarquablement chacun des membres de l’équipe. Carpenter fit le choix
d’un casting entièrement masculin, une idée judicieuse puisque lorsque la paranoïa et la suspicion s’installent les comportements prendront immédiatement un tour violent dans les confrontations naissant de
cet isolement - là où Hawks se laissait aller à son goût du marivaudage détendu avec la présence d’une
figure féminine.
L’ensemble des personnages est caractérisé avec un brio rare par Carpenter (l’individualiste MacReady,
Clark responsable des chiens plus intéressé par ses bêtes et à l’écart du groupe) et finalement les manifestations du surnaturel se feront de plus en plus exacerbées au fil de l’ambiance délétère régnant au sein du
groupe. Après une première et abominable manifestation de la Chose faisant muter le chien, plus rien n’est
sûr. Les travellings arpentent les couloirs de la station sans que l’on sache quel point de vue est adopté, la
musique glaciale et répétitive d’Ennio Morricone instaure un malaise constant. Carpenter nous fait même
douter de notre seul point de repère lors d’une ellipse où le héros MacReady s’avère porteur potentiel du mal
et rend désormais toute éventualité possible. Ainsi préparés, nous allons assister aux créations cauchemardesques issues de l’imagination de Rob Bottin pour dépeindre la Chose. Carpenter voulait à tout prix s’éloigner du sempiternel homme en costume pour sa créature et les facultés d’imitation de la Chose lui permettent grâce à l’aide Rob Bottin d’éviter cet écueil. La Chose n’est pas un tout personnifié par une entité extraterrestre physiquement identifiée, mais une dérive dégénérée, organique et changeante des êtres copiés.
On assistera donc à nombre de mutations en cours ou inabouties, les sursauts protecteurs terrifiants de
cette chose aboutissant à de véritables aberrations difformes à la Jérôme Bosch. Après la transformation
canine du début, les évolutions les plus inattendues et insoutenables donneront des visions infernales telle
celle de la fabuleuse scène du test sanguin, monument de tension mené de main de maître par Carpenter.
Là encore, on ressent l’influence de Lovecraft où les personnages confrontés à l’innommable sont glacés
d’horreur se révèlent incapable de la décrire. Carpenter, tout en donnant un visage tourmenté à l’indicible,
traduit ainsi ce sentiment. Délesté de la dimension politique de L’Invasion des profanateurs de sépultures (Don Siegel, 1956), le film de Carpenter par sa paranoïa et ses images cauchemardesques serait en
fait plus proche du remake de Philip Kaufman dont il offre un pendant en huis clos. La peur de l’autre et de
ses différences évoque également Alien (1979). Carpenter rend pourtant son œuvre unique par la dimension
profondément organique de sa menace. Pas de plan d’invasion, pas de réel instinct de prédateur et pas
d’identité visuelle concrète : la Chose est un mal nous rongeant de l’intérieur, nous mutant à notre insu et
dans laquelle on vit logiquement une anticipation des années sida.
En ces temps d’avant le numérique, The Thing constitue un sommet dans le domaine des effets spéciaux
physiques reposant sur le savoir-faire (les extérieurs en matte painting de Whitlock pour montrer le vaisseau extraterrestre) et l’imagination de Rob Bottin - 21 ans à peine et ancien assistant surdoué de Rick Baker, déjà responsable de la réussite des loups-garous de Hurlements et ayant croisé la route de Carpenter
sur The Fog - auquel Carpenter laissa une grande liberté, expérimentant et tâtonnant jusqu’à y perdre la
santé pour donner vie à ses idées les plus folles. La noirceur qui parcourt le film conduira à une fin ouverte
et ambigüe dont on ne peut imaginer un aboutissement heureux. Tout cet ensemble de décisions courageuses contribuera à faire de The Thing un des plus grands films d’horreur jamais réalisé, mais seulement
au fil du temps et grâce à un statut culte progressivement acquis. Au moment de sa sortie, The Thing est
bien trop nihiliste et insoutenable pour le public de l’époque qui fait un triomphe à l’extraterrestre bienveillant et messianique de Steven Spielberg, E.T. L’épouvante demande désormais une certaine empathie et
là aussi Spielberg avec la famille oppressée de Poltergeist (1982) attirera plus les faveurs que les mâles
rongés par le doute de The Thing. L’échec du film bouleversera à jamais la trajectoire ascendante de Carpenter, qui perd alors son statut de valeur montante hollywoodienne. Il nous restera cependant toujours ce
monument de terreur propre à longuement hanter nos nuits.
THE THING - LA CRITIQUE DU FILM
AIDS
Par Edgar Hourrière (le 25 janvier 2016)
L’un des nombreux chefs-d’œuvre de la filmographie de John Carpenter aussi incisif qu’en 1982, tant
sur le fond que la forme.
L’argument : L’Antarctique, douze hommes isolés, une créature polymorphe et hostile parmi eux : lequel
abrite la chose à son insu ?
Notre avis : En 1982, John Carpenter donne ses lettres de noblesse au huis clos avec ce chef-d’œuvre de
l’angoisse et de l’horreur. Avec un sadisme et une élégance rares, il met en scène progressivement la lente
descente aux enfers de ses personnages confrontés à l’indicible. Selon les règles d’or de la série B (efficacité
des effets au service de la narration), le réalisateur installe un climat de malaise de plus en plus lourd à supporter, au fur et à mesure que les douze hommes se soupçonnent mutuellement d’être la chose, une entité
extra-terrestre protéiforme.
Le point d’orgue de cette pesante suspicion reste la fameuse scène du test, dans laquelle Kurt Russell "brûle"
des échantillons de sang pour déceler la présence de la Chose (étonnant échos au virus du sida pour
l’époque). Suspense donc, mais aussi horreur pure avec les créations de Rob Bottin, tellement insensées et
réussies que l’on peut raisonnablement lui attribuer une part du succès du film. En plus d’être intemporel, The
thing appartient à cette catégorie de films intelligents et couillus à tous les niveaux (discours, réalisation, acteurs). Il a en outre marqué les années 80, véritable décennie du cinéma d’horreur, en devenant une référence pour de nombreux réalisateurs en herbe. Au box-office américain, le score fut décevant (19M$, 42e
place annuelle), mais sa notoriété est restée et la carrière internationale l’imposa comme un classique instantané du cinéma de science-fiction horrifique. Un monument d’ambiance, de sobriété et de maîtrise filmique qui
restera à jamais pour la maestria de ses effets spéciaux autour d’une créature polymorphe à vous glacer les
sangs. Chef d’œuvre.
The Thing : pourquoi il ne faut pas rater
la ressortie du chef d'œuvre de John Carpenter
Le 27 janvier 2016 - par Simon Riaux
Alors que s’ouvre aujourd’hui le Festival de Gérardmer 2016, l’occasion est trop belle de vous reparler
d’un des plus grands films d’horreur de tous les temps qui, justement, ressort en salles dans une superbe copie restaurée.
Ne serait-ce que grâce à son remake, vous avez probablement entendu parler de The Thing, de John
Carpenter. Véritable chef d’œuvre, il constitue probablement le sommet de la carrière de son réalisateur
et de son acteur principal, Kurt Russell. Voilà pourquoi il faut absolument le revoir.
Parce que ça fait peur
C’est tout bête, mais The Thing est un des plus beaux catalogues de la terreur jamais réalisé. Suggestion, inquiétante étrangeté, délires gores, pure suspense, noirceur absolue… The Thing utilise de quasiment tous les
ressorts de la terreur qu’offre le cinéma et les agence avec génie.
Parce que les effets spéciaux
Ils demeurent inégalés à ce jour. Mélange de maquillages, d’animatroniques, de sculptures et de miniatures animés, ils composent un véritable musée des horreurs, dont les outrances abominables continuent d’horrifier,
trente ans après la sortie du film.
Sans compter que leur rendu organique leur assure une durée de vie et un impact bien supérieur à beaucoup
d’effets numériques, notamment ceux du remake inutile sorti il y a quelques années.
Parce que le film n’a jamais été aussi beau
Dans cette version restaurée, The Thing est probablement plus beau que vous ne l’avez jamais vu. Sauf bien
sûr si vous avez eu la chance de le découvrir lors de sa sortie en salles dans une copie en bon état (à peu près
aucune chance donc).
Et si on évoque régulièrement le film dans ces colonnes, dites-vous que vous tenez sans doute là la plus belle
occasion de poser vos yeux dessus.
Parce que c’est autre chose que les 8 Salopards
Tarantino ne s’en cache pas, son dernier film est une sorte de gigantesque hommage à la merveille de John
Carpenter, voire un quasi remake (il n’a pas engagé Kurt Russell pour rien). Et franchement, que l’on apprécie
ou non ses 8 Salopards, force est de constater qu’en termes de mise en scène, de nihilisme et de ténèbres,
John Carpenter reste très au-dessus.
Du coup, vous seriez bien inspirés de découvrir l’œuvre matricielle qui se cache derrière le faux western de Tarantino.
Parce que Fuck E.T.
A sa sortie, The Thing fut un bide retentissant. Notamment parce qu’à l’orée des années 80, le public cherchait
un cinéma de divertissement nettement moins sombre que celui qu’il adulait durant la décennie du Nouvel Hollywood et aspirait collectivement à se changer les idées.
Du coup, la sortie quasi-simultanée de E.T a totalement écrasé la merveille sanglante de Carpenter, dont la carrière ne se remit jamais tout à fait (du moins en termes de collaboration avec les studios). Alors on a beau adorer (qui a dit aduler ?) Spielberg, il est temps que justice soit faite.
Parce que franchement, on vit très mal qu’un extra-terrestre gras du bide, complètement nul en syntaxe et en
bicyclette ait mis une fessée au box-office à un des plus grands films d’horreur de l’histoire du cinéma. A vous
de réparer cette injustice.