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Aménager un jardin en pente
Infolettre – Jardinage
Volume 1, numéro 3 – novembre 2015
L’aménagement d’un jardin en pente varie en fonction de l’inclinaison du terrain et de sa stabilité, de
la nature du sol, des microclimats, des plantes existantes et des coûts. La planification d’un tel jardin
commence par un relevé topographique détaillé (impératif pour les calculs de la pente et les croquis
en section transversale) et des échantillons de sol. L’instabilité, un problème inhérent aux pentes
raides, se manifeste souvent par des fissures à la surface du sol, par des accumulations de débris au
pied de la pente et par des arbres et des clôtures qui s’inclinent vers le bas.
Il existe toutes sortes d’aménagements possibles, dont fait partie l’approche du paresseux qui consiste
« à ne rien faire ou à faire le minimum ». Cette méthode fonctionne si la pente existante est douce
et stable, et qu’elle possède un couvert végétal sain. Si tel est le cas, une intervention minimale est
souvent suffisante : un bon élagage pour créer les ouvertures recherchées, l’élimination des vignes
coriaces, comme le raisin sauvage et le concombre grimpant, et l’aménagement de chemins d’accès
pour l’entretien.
Les pentes raides, ensoleillées et stables peuvent être recouvertes de gazon à pousse lente et à
enracinement profond, qui demande moins de tonte. Des graminées ornementales à enracinement
étalé peuvent être plantées en larges bandes pour donner un meilleur ancrage au sol et les
agrémenter de formes, de textures et de mouvements saisissants. Si vous avez de jeunes enfants,
vous pouvez créer une aire de jeux sur une portion de la pente que vous laisserez gazonnée.
Autrement, un couvre-sol peut être utilisé sur votre pente, tel que le thym odorant à tiges rampantes
(Thymus spp.), le phlox rampant (Phlox subulata), la bugle, les orpins, l’épimède (Epimedium spp.),
le fusain de Fortune ‘Coloratus’ (Euonymus fortunei ‘Coloratus’), les bruyères et les genévriers à port
bas étalé.
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Les pentes instables présentant des problèmes d’érosion et de drainage posent le plus de difficultés.
Leur conversion en espace de jardin utilisable peut nécessiter des travaux de terrassement, dont
l’ajout de murs de soutènement. Des techniques qui font appel au clayonnage et à l’installation de
gabions (panier en treillis métalliques rempli de pierres) ou de géogrille peuvent également être
nécessaires. Le drainage peut se faire au moyen de bermes de détournement et de rigoles qui dévient
le ruissellement des zones problématiques vers des collecteurs d’écoulement. Les conseils
de professionnels expérimentés et différents permis sont souvent nécessaires.
Accessibles par des chemins, des escaliers et des rampes, les terrasses sont coûteuses, mais
permettent l’aménagement de zones relativement plates supportées par des ouvrages de
soutènement. Un ensemble de terrasses peut remplir différentes fonctions dans le jardin (jardin de
fleurs sauvages, aire de jeux, potager, habitat pour les oiseaux, etc.), et profiter ainsi de microclimats
différents. Pour des questions d’harmonie, les murs de soutènement apparents devraient être
construits avec des matériaux qui se retrouvent ailleurs dans le jardin (pierres, bois, béton précoulé) et
leur présence atténuée par des plantes retombantes. Bordée et protégée par des plantes à maturité,
chaque terrasse devient ainsi elle-même un jardin en pente.
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Pour une pente exposée au soleil avec un substrat rocheux à la surface, ce qui est souvent le cas
du terrain des chalets et maisons de campagne, un autre type de jardin en pente s’impose. Vignes et
plantes grimpantes peuvent être placées sur le haut de la pente pour mieux retomber en cascades,
ajoutant couleurs, textures et motifs. Parmi ces plantes, mentionnons la vigne vierge (Parthenocissus
quinquefolia), le fusain de Fortune rampant (Euonymus fortunei ‘Vegetus’), le raisin d’ours
(Arctostaphylos spp.), les cotonéasters et le Forsythia pleureur (Forsythia suspensa). À l’inverse, le
bourreau-des-arbres (Celastrus scandens), la clématite de Virginie (Clematis virginiana) et des roses
grimpantes rustiques peuvent être palissés sur un fil ou un filet en plastique pour grimper sur la pente.
Des joubarbes, des orpins miniatures, des fougères, des arabettes (Arabis spp.), des œillets
(Dianthus spp.) et du phlox mousse peuvent remplir les fissures, les crevasses et les cavités. Aux
endroits où le substrat rocheux pousse l’eau souterraine à la surface, un jardin de marais peut être
envisagé.
Enfin, une pente rocheuse ensoleillée peut se transformer en rocaille agrémentée de plantes d’éboulis
et alpines. Cette option est parfois réalisée sur les terrains en contrepente (les pentes de cours
arrière qui vont vers la maison). Pour éviter que les pierres et les roches de grande taille soient trop
prédominantes par rapport aux plantes, enterrez-les à moitié et organisez-les de façon à ce qu’elles
occupent plus ou moins la même surface que les parcelles de plantes. Selon leur exposition et des
sols, ces parcelles peuvent être favorables à une variété de plantes alpines attrayantes, qui comprend
des espèces telles que la gentiane, la saxifrage, la léwisie, l’œillet et la sagine.
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La conception
La conception d’un jardin en pente privilégiera une perspective descendante et ascendante pour
maximiser les effets visuels. Les vues du haut de la pente sont généralement panoramiques pour
mieux saisir l’étendue du paysage environnant. Les vues ascendantes et transversales se concentrent
sur les éléments de la pente et les plantes.
Dans l’organisation d’un jardin en pente, les chemins, les escaliers et les rampes forment la structure.
Vous pouvez les utiliser pour définir les effets visuels, donner du mouvement, faciliter l’entretien et
assurer un passage sûr vers des paliers, des postes d’observation et des kiosques de jardin. Les
escaliers, souvent dominants, peuvent être moins imposants visuellement. Il suffit de les disposer
en angle par rapport à la pente et d’en adoucir les abords avec des plantes basses. Les paliers
doivent être aménagés là où se trouvent des terrasses et où les chemins changent de direction.
Pour les chemins, il faut éviter qu’ils montent en ligne droite vers le haut de la pente. Il vaut mieux
qu’ils grimpent doucement en méandres. Ils auront ainsi un air plus naturel et seront plus faciles à
emprunter. Toutes sortes de matériaux peuvent être utilisés pour les chemins, allant des copeaux et
graviers aux dalles et pavés préfabriqués. Veillez toutefois à choisir des matériaux où l’on ne risque
pas de glisser. L’éclairage est un attribut essentiel à la sécurité.
Un jardin en pente offre la possibilité d’intégrer des éléments particuliers comme de l’eau tombant
en cascades dans des bassins naturels. Juxtaposés aux chemins, ces éléments ajoutent des points
de mire, de l’âme, du mouvement et des sons, en plus d’attirer les oiseaux. Vérifiez auprès de votre
municipalité quels sont les permis requis.
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Plantation
Un inventaire de la végétation existante sur la pente est nécessaire pour évaluer la performance des
espèces, la couverture végétale, la biodiversité des plantes, la valeur de l’habitat et les nouvelles
plantations possibles. Les plantations massives sont souvent privilégiées dans les jardins en pente
pour l’effet visuel et l’enracinement qui favorise la stabilité du sol. Les plantations qui suivent les
contours de la pente attirent le regard et lui donnent plus d’ampleur, la faisant paraître plus large
et plus attrayante. Évitez les plantations en ligne droite et favorisez plutôt les courbes douces, plus
naturelles. Utilisez des espèces qui sont également présentes sur les plateaux adjacents pour unifier
visuellement les zones.
Les plantes aux formes arquées et tombantes s’adaptent bien aux pentes, car elles ressortent
lorsqu’on les observe du bas. Recherchez des arbustes comme le stéphanandra ‘Crispa’
(Stephanandra incisa ‘Crispa’), la linnée boréale (Linnaea amabilis), la spirée Van Houtte (Spiraea x
vanhouttei) et les lespedeza (Lespedeza spp.). Les annuelles populaires sur les pentes comprennent
le sceau-de-Salomon biflore (Polygonatum biflorum), le streptope rose (Streptopus lanceolatus,
anciennement Streptopus roseus) et diverses fougères indigènes. Prêtez une attention particulière à
la hauteur et à l’envergure prévues à maturité, et vérifiez leur rusticité.
Les plantes choisies doivent s’enraciner rapidement et, de préférence, avoir un feuillage dense qui
capte les gouttes d’eau érosives. Ces deux propriétés peuvent être également obtenues par des
plantations d’origine plus denses. Les plantes qui se multiplient rapidement par étalement des racines,
comme le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides), le sumac (Rhus spp.), l’aronie (Aronia spp.), la
corète du Japon (Kerria japonica), l’amélanchier à feuilles d’aulne (Amelanchier alnifolia) et différents
cornouillers arbustifs forment les pièces maîtresses de nombreuses plantations en pente naturalisées.
La réjuvénilisation (élagage du tronc presque jusqu’au sol) stimule la repousse de nouvelles tiges à la
base de certains de ces arbustes.
Des plantations de rhododendrons et d’azalées en bouquets illuminent bien les pentes avec leur
abondante floraison printanière colorée et leur joli feuillage estival. Si vous placez ces plantes au pied
de la pente, veillez à ce qu’elles bénéficient d’un bon drainage et à ce qu’elles soient dans un endroit
semi-ombragé à l’abri des poches de gel. Il peut être nécessaire d’ajouter des haies sur les flancs de
la pente pour réduire l’exposition au vent de ces espèces colorées.
Lorsque vous plantez des arbres et des arbustes dans une pente, creusez un trou deux à trois fois
la largeur de la motte et utilisez la terre évacuée pour former une bordure du côté du trou le plus
bas. Cela permet de diriger l’eau de ruissellement vers la zone de plantation. Les boutures à racines
nues de jeunes arbres s’étendent rapidement par enracinement traçant. Vous pouvez les envelopper
dans du papier journal contenant de la terre et un engrais avant de les planter dans la pente. Pour
les grandes surfaces, échelonnez les plantations pour mieux évaluer les résultats et apporter des
changements au besoin.
Les zones de suintement où l’humidité perle à la surface le long des pentes se prêtent bien aux
plantes de milieu humide comme le chou puant (Symplocarpus fœtidus), le souci d’eau
(Caltha palustris), la primevère du Japon (Primula japonica), la plante ombrelle (Darmera peltata), les
hostas et différentes fougères. Sur les pentes sèches et ensoleillées, vous pouvez mettre des plantes
de jardin sec qui résistent à la sécheresse.
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Les jardins en pente demandent aussi un entretien. L’établissement de nouvelles plantations en
pente peut s’avérer difficile et exiger l’emploi de boyaux suintants et d’un système d’irrigation goutte
à goutte, ainsi que l’ajout de paillis et de tapis anti-érosion. Les plantes envahissantes, comme le
Tussilage pas-d’âne (Tussilago farfara), le dompte-venin de Russie, les prêles (Equisetum spp.),
la fougère-aigle (Pteridium aquilinum), le concombre grimpant (Echinocystis lobata), l’alliaire
officinale (Alliaria petiolata) et le nerprun cathartique (Rhamnus cathartica) peuvent rapidement
prendre le dessus dans un jardin en pente. Il vous faudra travailler assidûment pour faire reculer ces
envahisseurs. Vous devrez également surveiller en permanence les communautés végétales de la
pente.
Les jardins en pente sont spectaculaires et gratifiants, mais leur aménagement pose certaines
difficultés. Ceux qui ont aménagé de tels jardins chérissent leurs caractéristiques particulières et
leur beauté. J’espère que cet article aidera les personnes qui sont prêtes à s’atteler à cette tâche
passionnante.
Texte : Frank Kershaw
Photos : Marnie Wright
Frank Kershaw est un horticulteur primé ayant plus de 35 années d’expérience. Il donne des cours
d’horticulture et d’aménagement de jardin au George Brown College de Toronto et au Jardin botanique
de Toronto. Il présente également des conférences dans les magasins Lee Valley de Toronto.
Marnie Wright ([email protected]), qui jardine depuis toujours, écrit abondamment sur le
sujet et se passionne pour la photographie de jardins. Elle a aménagé elle-même son jardin situé à
Bracebridge en Ontario, le Rocksborough Garden, qu’elle continue d’entretenir depuis plus de 30 ans.
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