Accompagner sur le chemin de la réinsertion
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Accompagner sur le chemin de la réinsertion
05 NOV 10 Hebdomadaire Paris OJD : 40197 Surface approx. (cm²) : 1597 N° de page : 24-27 1 RUE EUGENE ET ARMAND PEUGEOT 92500 RUEIL MALMAISON - 01 76 73 30 00 Page 1/4 PERSONNES SOUS MAIN DE JUSTICE Accompagner sur le chemin de la réinsertion Les sortants de prison et les personnes sous mam de justice défavorisés peinent à accéder aux structures d'hébergement et d'insertion, où les acteurs craignent de devoir s'engager dans un accompagnement spécifique Pourtant, malgré des pratiques diverses, ceux qui s'investissent estiment que l'approche n 'est pas radicalement différente. A condition de savoir gérer la contrainte * m4 D A r^ epms ma sortie, impos^^B sible de retrouver ma ^^^ place dans cette sociéte Après des mois de dépression, je commence tout doucement à sortir la tête de l'eau [ ] Je navigue d'appartement d'amis en appartement d'amis, je ne touche que le RMI [devenu RSA] pour vivre » Ce temoignage, recueilli par Yves Tournaire pour sa thèse de sociologie (I), est révélateur de ce qui attend maints anciens détenus Faute de moyens, de partenariats solides ou d'implication de certains acteurs, les projets de sortie sont peu, voire pas préparés, et «des gens n 'ont parfois aucun lieu où dormir quèlques jours avant leur sortie», explique le chercheur L'absence de solutions, en particulier d'hébergement, empêche l'octroi d'aménagements de peine aux plus démunis alors que la loi penitentiaire du 24 novembre 2009 tend à vouloir les soutenir Les sortants de prison ou les personnes placées sous mam de justice (PPSMJ) ne sont pas non plus toujours les bienvenus dans les structures du champ de l'insertion Une image stigmatisante et la peur de devoir s'engager dans un accompagnement spécifique et difficile nourrissent les réticences D'où l'intérêt de l'enquête menée par la Fédération nationale des associations d'accueil et de reinsertion sociale (FNARS) sur l'accompagnement des personnes sous mam de justice (voir encadre ci-contre). FNARS 9476495200507/GTH/MPR/3 Les établissements concernes se divisent en trois les « dédiés », qui ne se consacrent qu'aux personnes sous mam de justice ; les «spécialistes» qui, bien que généralistes, ont développé quèlques outils et savoirfaire adaptés, les « généralistes » où cet accueil, ponctuel et minoritaire, est intégre à leur fonctionnement global Concernant les publics, aux côtes de personnes clairement identifiées comme relevant d'une mesure judiciaire, «on trouve beaucoup de gens arrives par la voie sociale ordinaire ou le 115, sortis depuis peu de détention et sans solution », précise Laurent Barbe, consultant de Conseil, recherche, evaluation, sciences sociales (CRESS), le cabinet charge de l'étude, lors de sa présentation (2). Les structures évaluent de «20 à 30 % la proportion des personnes accueillies au titre de l'aide sociale à l'hébergement avec un passé judiciaire», selon l'enquête Dans les établissements mixant les publics, l'accompagnement ne se révèle pas fondamentalement différencié et l'organisation suit les normes habituelles nomination d'un réfèrent, rencontres régulières, logique de projet individualisé, principe de globalité, même si, parfois, quèlques outils ont éte mis en place (travail en amont de l'admission, référents plus spécialisés ) Les prestations offertes (accès aux droits, aux soins, hébergement, mise au travail...) se doublent par ailleurs toujours «d'un accompagnement relationnel et social», note l'étude «C'est même lui, souligne Laurent Barbe, qui semble être le cœur de ce qui est proposé» Si les équipes ne tendent pas à juger « spécifique» l'accompagnement de ces publics, l'intervention ne peut toutefois gommer certaines particularités. D'ailleurs, «à vouloir trop évacuer la notion de spécificité et éviter la stigmatisation, on risque parfois de ne pas assez réfléchir à ce que les gens ont vécu et ce que cela induit», prévient Laurent Barbe L'enfermement laisse des traces, au plan physique comme psychique (troubles de la vue, du sommeil, vertiges, pertes de mémoire, du désir...), surtout apres une longue peine «L'un des pires effets est la déresponsabilisation Isolement, dépouillement, promiscuité, soumission à l'autorité génèrent un sentiment de dégradation de l'image de soi et une absence d'autonomie préjudiciable UNE VINGTAINE DE STRUCTURES INTERROGEES Pour son etude sur l'accompagnement des personnes sous mam de justice (1), la FNARS a retenu les personnes: • concernées par une mesure de contrôle ou alternative aux poursuites (contrôle judiciaire, mediation penale, composition penale, enquête sociale ), • concernées par une mesure postsentencielle (comprenant les mesures d'aménagement de peine telles que le placement sous surveillance electronique, le placement a l'extérieur, la semi-liberté, la liberation conditionnelle et les sanctions non privatives de liberte comme le travail d'intérêt général), • sortant de détention depuis moins de six mois Une vingtaine de structures (centres d'hébergement, accueil de jour, atelier ou chantier d'insertion ) a ete contactée des entretiens ont eu lieu avec des responsables, des travailleurs sociaux, des personness accueillies • (I) Etude de laccompagnement des personnes sous mam de justice accueillies dans les associations du reseau FNARS Disponible sur www fnars org Eléments de recherche : FNARS ou Fédération Nationale des Associations d'Accueil et de Réinsertion Sociale : toutes citations 05 NOV 10 Hebdomadaire Paris OJD : 40197 Surface approx. (cm²) : 1597 N° de page : 24-27 1 RUE EUGENE ET ARMAND PEUGEOT 92500 RUEIL MALMAISON - 01 76 73 30 00 Page 2/4 pour le retour à la vie cnue», analyse Yves Tournaire Autre impact la difficulté à nouer des relations «Beaucoup disent avoir appris la méfiance en prison Sans compter que certains préfèrent taire leur passé, ce qui limite les échanges», complète le chercheur, pour qui il existe «un contre-choc carcéral, pouvant aller jusqu 'au suicide » Dehors, il va falloir, en effet, affronter les problèmes d'argent, le chômage, la solitude parfois Et la sortie fait peur Dans les lieux d'hébergement, les publics sous mam de justice subissent en outre souvent un isolement renforce par «la stigmatisation de la peine, les interdictions qui peuvent exister, la rupture en cas d'incarcération, l'éloignement de leur région d'origine», complexifiant la réinsertion Maîs il n'y a pas de règle Ainsi, tempère Mynam Franck, educarnce spécialisée au centre d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) la Cite Mynam, à Montreuil, «nous avons accueilli un sexagénaire issu d'une autre région, qui, après 12 ans de détention, n 'avait aucun problème de repère spatio-temporel rn d'insertion On s'attendait à devoir effectuer un accompagnement très serré, or lin 'a pas été spécifique A l'inverse, nous avons des personnes sortant de un ou deux ans de détention, qu'il faut soutenir presque tous les jours, car elles ne savent plus rien faire » Savoir ou non le délit commis ? Faut-il connaître ou non les motifs du parcours judiciaire des usagers9 La question divise Certaines structures, plutôt généralistes, affirment que mieux vaut ne pas savoir pour éviter toute stigmatisation, les autres, au contraire, estiment que c'est important, soit pour eviter le déni des personnes, soit pour «jauger les prises de risque dans un principe de responsabilité vis-à-vis des équipes maîs aussi de leur environnement», détaille l'étude Yves Lechopier, directeur de l'Association pour la prevention de la récidive par l'évolution des sanctions, à Amiens, est plus nuance « Un sortant de prison est dans le droit commun, une structure d'hébergement ou d'insertion n 'a donc pas à savoir le délit commis En revanche, dans le cas de personnes écrouees, en placement extérieur par exemple, les travailleurs sociaux peuvent être amenés à effectuer des signalements, cela change la donne » En effet, la spécificité de l'accompagnement des personnes placées sous main de justice tient d'abord aux contraintes celle du calendrier judiciaire, qui structure la prise en charge, et celle inhérente aux mesures FNARS 9476495200507/GTH/MPR/3 imposées aux individus La plupart des un pouvoir renforcé des accompagnateurs structures ont signe une convention avec car les manquements aux règles de foncl'administration judiciaire et ont des tionnement de la structure ou au cadre clauses à respecter Le contrôle côtoie alors judiciaire peuvent avoir des conséquences l'action éducative «La présence de per- rapides et fortes comme le retour en détensonnes en placement extérieur et en liberté tion», estime l'étude Cependant, «les conditionnelle dans une structure implique intervenants semblent bien s'accommoder PARTENARIATS: PEUT MIEUX FAIRE... «Le développement des partenariats et l'articulation des intervenants de l'administration penitentiaire, du secteur judiciaire, du service public de l'emploi et des institutions sanitaires, sociales et médico-sociales, en lien avec les acteurs associatifs constituent le socle fondamental pour repondre aux besoins des personnes placées sous main de justice en matiere d'insertion », estime Franck Tanifeani, responsable du groupe d'appui national «justice «delà FNARS Un volet de l'enquête menée par le cabinet CRESS s'intéresse donc a la relation unissant les associations et l'institution judiciaire Verdict elle est «besogneuse» «Apres de nombreuses annees de travail commun, rares sont les cas ou la relation est sereine et les pratiques stabilisées», souligne le rapport La justice est perçue comme un partenaire «complexe», voire «problématique» Sont notamment dénonces «la masse de temps consomme par les procedures » et le risque de voir une decision imprévue remettre en cause le travail initie C'est d'ailleurs «autour des exigences posées par le milieu judiciaire» et «du manque de lisibilité de ses strategies» que maintes associations expliquent « leur desengagement progressif de l'accueil de personnes placées sous main de justice» Rarefaction des moyens, surcharge de travail des services pénitentiaires d'insertion et de probation (SPIP), turn-over dans les equipes, absence de cohérence entre SPIP, magistrats, responsables d'établissements pénitentiaires ne facilitent pas le partenariat Les liens entre une structure et la justice se révèlent ainsi «tributaires des relations pre existantes au sein des différents pôles de l'institution judiciaire du territoire» En outre, il «n'existe pas de temps d'échanges collectifs reunissant les différentes parties prenantes d'un territoire» Défait, les échanges se limitent a ceux etablis entre la direction de la structure et le SPIP et a ceux entretenus par les travailleurs sociaux pour les suivis individuels La signature de conventions n'est pas systématique et, quand elles existent, leur contenu varie beaucoup Ici, elles concernent la prise en charge d'auteurs de violences familiales, la, elles ciblent les permissionnaires, ailleurs encore, elles visent l'accueil d'urgence de personnes sans domicile bénéficiant d'une mise en liberte provisoire avec ou sans contrôle judiciaire Par ailleurs, certaines sont minimalistes, d'autres tres détaillées. L'administration penitentiaire semble laisser son échelon local décider de leur precision Plus largement, tout se passe comme si la continuité des prises en charge entre l'institution judiciaire et le monde associatif «ne dépendait pas d'une impulsion venue d'en haut, maîs reposait essentiellement sur une mobilisation partie d'en bas, construite entre des acteurs (prives ou publics) qui parviennent a trouver des accords d'opportunité sur leur territoire» Pour avancer, le cabinet CRESS recommande aux associations de se mobiliser pour instaurer des relations partenariats régulières avec le SPIP sur des suj'ete de strategie generale. Il les appelle en outre a agir pour que les personnes sous mam de justice soient prises en considération dans les schémas départementaux, qui organisent les réponses de droit commun, afin de u passer d'une logique d'accord sur le territoire à l'élaboration d'une politique publique dans ce domaine», précise le consultant Gilbert Berlioz En effet, résume Franck Tanifeani, «les personnes placées sous main de justice sont rarement prises en compte par les dispositifs d'action sociale La responsabilite de leur insertion est souvent renvoyée au ministere de la Justice Or le placement sous mam de justice de ces personnes en difficulté n'est qu'un paramètre d'exclusion parmi d'autres. D'autres ministeres et collectivites territoriales pourraient y prendre part » • Eléments de recherche : FNARS ou Fédération Nationale des Associations d'Accueil et de Réinsertion Sociale : toutes citations 05 NOV 10 Hebdomadaire Paris OJD : 40197 Surface approx. (cm²) : 1597 N° de page : 24-27 1 RUE EUGENE ET ARMAND PEUGEOT 92500 RUEIL MALMAISON - 01 76 73 30 00 Page 3/4 de ce pouvoir et de ce rôle particulier de non Les pratiques varient l'Arapej (Association réflexion « Les règles action prison et justice) Ilc-dccontrôle social » Deux raisons a cela les cependant en fonction des du jeu sont institutions acceptant ces publics ont cale equipes, de la nature des inFrancc Dc fait, le CHRS de u emuiee l'Association chrétiens Antibes leur approche depuis longtemps et cela ne fractions, des liens etablis avec fait plus debat, ou il y prévaut la convic- les autorites judiciaires et péclairement solidarite, qui reçoit un public tion que c'est le pax a payer pour eviter nitentiaires « Lorsqu 'll s'agit posées, les constitue pour moitié de perdes détentions Les contraintes judiciaires, d une petite entaille au reglepersonnes les sonnes sous mam de justice qui s'ajoutent aux contraintes de fonction- ment de fonctionnement du acceptent en (dont trois en placement extenement de l'établissement, peuvent même, CHRS, y compris la question neur), a choisi de leur résertoute pour certains, fournir un etayage important de l'introduction d'alcool, on ver un traitement particulier connaissance cc Tout incident devant ètre «Pour nous, cela fait partie de l'accom- regle cela en interne et on de cause» signalé au CIP, si ce n 'est au pagnement global des travailleurs sociaux, informe le conseiller d'inserce n 'est pas pour eux un poids supplemen- tion etdepmbation [CIP], qui JAP et au directeur de la maitaire et ils les utilisent, affirme, pour sa part, juge de l'opportunite de janv son d'arrêt, et la sanction étant la directrice d'une association gestionnaire un rapport au juge de l'application des très souvent le retour en détention dans la d'un CHRS accueillant notamment des peines [SAP] Si l'incident est plus grave, on tournée nous avons établi un reglement personnes en placement exterieur Les prévient le CIP et on peut demander direc- interieur spécifique pour les personnes en règles du jeu sont d'emblée clairement po- tement au juge, dans un écrit circonstan- placement exterieur», explique Karine sées, les personnes les acceptent en toute cié de convoquer la personne pour la reca- Tevelle, chef de service qui, pour autant, connaissance de cause Cela constitue drer La justice décide alors des suites a reste cc contre la spécificité de l'accompamême souvent un cadre structurant et sécu- donner », témoigne Mynam Franck Le ni- gnement» Et de préciser «L'écriture s est risant pour elles » veau des contraintesjoue également Ainsi, faite avec les personnes concernées et a Reste a savoir gerer les transgressions Les comme les obligations et interdictions pei mis d'aménager par exemple, des intervenants semblent, tant que faire se pesant sur les personnes en placement exte- horaires de sortie collectifs pour les perpeut, user de pédagogie la premiere fois et rieur sont lourdes, «certains reglements sonnes en placement exterieur Ce reglechercher a comprendre si la personne est interieurs de CHRS se révèlent très stricts», ment est néanmoins tres proche de celui dans une dynamique de changement ou assure Marie Brossy-Patin, présidente de en usage dans l'institution » DES PLATES-FORMES POUR LINSERTION DES PLUS DEMUNIS Dans ses communautés, CHRS, accueils de jour, structures d'insertion .EmmausFrance(1) accueille des personnes sous main de justice ou des sortants de prison Constatant que les amenagements de peine profitaient d'abord aux plus insères, l'association a imagine un dispositif pourfaciliter l'octroi de ces mesures aux majeurs les plus en difficulté Subventionne par le Haut Commissariat aux solidarités actives dans le cadre d'une expérimentation 2009-2010, le projet vise «a mieux coordonner l'offre d'insertion sur les départements», résume Gilles Ducasse, delegue general adjoint pour la branche economie solidaire et insertion Trois départements ont ete sélectionnes les PyrénéesAtlantiques, les Landes et l'Indre et Loire Apres avoir imagine la creation d'un Intranet, Emmaus a opte pour le renforcement de « la coordination humaine et des liens entre/es structures» A cette fin, l'organisation a recense FNARS 9476495200507/GTH/MPR/3 des personnes intervenant déjà en prison (avec la Cimade, la Croix Rouge, le Secours catholique ) et prêtes a s'investir davantage En devenant «accompagnants», elles ont pour rôle de rencontrer les détenus reperes par le service penitiaire d'insertion et de porbation (SPIP), de les aider a construire un projet, pu is de monter avec les conseillers d'insertion et de probation (CIP) le dossier de demande d'aménagement de peine «Si celui ci est accorde, l'accompagnant continue a soutenir le sortant de prison durant environ six mois», explique Gilles Ducasse Pour ce faire, Emmaus a passe un an a recenser les structures désireuses de s'impliquer, a rencontrer SPIP, magistrats centres d'hébergement, acteurs de la sante, de l'assurance maladie de l'emploi, de la formation et a creer entre eux des liens, voire des conventions, afin de construire des «plates-formes» d'insertion sur leur territoire Le projet a cependant pris du retard Parmi les causes, les lourdeurs de l'administration penitentiaire maîs aussi de mauvais choix stratégiques « Nous ne sommes pas passes par l'administration centrale nous avons voulu choisir nous-mêmes les sites, il a donc fallu convaincre de leur intérêt , nous voulions aussi privilégier les mesures classiques et eviter les placements sous surveillance electronique», détaille le delegue D'autres evenements sont venus gêner l'expérimentation telles revolution du parc penitentiaire - les prisons de Pau et de Bayonne ont ete vidées au moment ou les premiers accompagnants débutaient leur mission - ou des réticences au sem du SPIP de Tours Sur chaque site, six a dix accompagnants ont ete formes avec l'implication du SPIP et d'un JAP, sur la partie technique (amenagements de peine, dossiers ), et d'une psychologue pour les aspects relationnels «Les dispositifs sont prêts et nous attendons», résume Gilles Ducasse Reste que l'expérimentation devait s'achever fin 2010 «En juillet, nous avons demande une prolongation d'une annee car nous avons tellement bataille qu'il serait dommage de s'arrêter la » Aujourd'hui, seuls quatre sortants de prison ont pu profiter du dispositif Un nombre insuffisant pour évaluer son intérêt Toutefois, il apparaît déjà qu'il «est rouf de même tres difficile pour nous de faire bouger les lignes» assure le delegue adjoint Charge d'évaluer l'expérimentation, le CNRS rendra son rapport final en juillet 2011 Peut-être saura t on alors si un tel dispositif facilite l'octroi d'aménagements de peine aux publics les plus en difficulté et améliore la qualite de leur insertion • (1) Emmaus France 47 avenue rie la Resistance 93104 Montreuil cedex Tel OI n 582500 Eléments de recherche : FNARS ou Fédération Nationale des Associations d'Accueil et de Réinsertion Sociale : toutes citations 05 NOV 10 Hebdomadaire Paris OJD : 40197 Surface approx. (cm²) : 1597 N° de page : 24-27 1 RUE EUGENE ET ARMAND PEUGEOT 92500 RUEIL MALMAISON - 01 76 73 30 00 Page 4/4 Autre difficulté à qui et comment signaler l'incident1? La encore, les pratiques varient Ici. la communication s'effectue avec le service penitentiaire d'insertion et de probation (SPI?) qui filtre, la, elle passe en diiect pai le JAP Ce qui étonne Regis Claudcpicrrc, conseiller d'insertion et dc probation a la direction de l'admimstration penitentiaire «Seul le SP f P a une vision d'ensemble etpeutjaire un rapport global C 'est de la compétence du CIP dc recueillir les informations concernant la mesure et de les faire remonter au JAP Sans cela, en cas d'incident, ce dernier n 'aura qu 'une information partielle » La tendance ne surprend pas cependant Blandine Potticr, directrice du SPIP de Charentes, pour qui « les JAP vont déplus en plus se rapprocher des associations La montee en puissance du pouvoir administratif, donc des SPIP, et leur autonomisation face au pouvoir judiciaire incite les juges à se tourner vers les associations » Quant au moment de faire remonter F incident, tout comme la répartition des tâches entre les SPIP et les structures, il dépend de la qualité du partenariat «Le dialogue est important, sinon les equipes gai dent cela pour elles et ça génère un malaise», remarque Gilbert Berlioz, consultant du cabinet CRESS (voir encadre, page 25) « Cette collaboration active facilite le fait d'assumer les contrôles et les contraintes», estime Mynam Franck Des rencontres mensuelles sont ainsi organisées entre la Cite Mynam ct trois conseillers d'insertion et de probation de Pantin pour faire le point sur les situations « Les obligations sont clarifiées dès le départ ainsi que les engagements vis-à-vis des CIP En outre, nous rencontrons i éguherement les JAP», explique-t-elle Accéder à des modes d'hébergement variés Les contraintes judiciaires imposées aux personnes sous mam de justice peuvent aussi influencer le choix de l'hébergement L'idéal est de disposer d'une palette de solutions « Une diversification des modes d'hebergement, qui doit être pensé comme un outil d'inser don, est souhaitable chambres d'hôtel, appartements diffus, structures collectives Maîs il est vrai que, suides dispositifs tels que les placements exteneurs, certaines formules ne conviennent pas aux exigences des magistrats II est, par exemple, difficile économiquement de prévoir un veilleur de nuit pour contrôler des personnes qui seraient en hôtel ou seules en appartement Aussi, nous, nous FNARS 9476495200507/GTH/MPR/3 avons opté pour du petit collectif», observe Marie Brossy-Patm « Le collectif peut servir de temps d'adaptation maîs nous recevons aussi des personnes incarcérées qui, après avoir visite notre structure, où sont proposées des chambres de deux, préfèrent finn leur peine en prison car elles s'v sentent moins en danger», nuance toutefois Myriam Franck La formule convient néanmoins a certains sortants de prison car elle leur donne l'occasion dc tisser dcs liens privilégies et les redynamise La pluralite des reponses est donc a favoriser «Laporte d'entrée ne doit pas ètre celle du statut judiciaire Cela pollue le débat Mieux vaut tout comme avec les pei sonnes à la rue, offrir un hebergement adapte a l'usager et à son parcours Certains sont incapables de vivre dans du diffus, d'autres dans du collectif», tranche Philippe Rongère, directeur du CHRS L'Etape à Nantes, qui propose l'hébergement d'urgence pour les sortants de prison, le reseau d'accueil en famille et les logements éclates (voir encadre ci-dessous) S'il est enfin une spécificité de l'accueil des personnes sous main de justice, c'est de ne pas être tres rémunérateur Les financements sont faibles, en particulier pour les structures non dédiées, et des surcoûts existent souvent «ll n'y a pas d'effet d'aubaine Les conventions ont en commun de ne pas couvrir les coûts à leur hauteur», confirme Gilbert Berlioz. Les associations «fonctionnent clairement a un autre carburant», ajoute-t-il, a savoir l'intérêt du travail pour les équipes, maîs aussi leur fort engagement envers des publics gravement menaces d'exclusion sociale • FLORENCE RAYNAL ( I ) Lei t arrière de wi lani de pi i wn tin pro/e! tie sortie au tetoiti a ta \te cnile Universite Lumiere Lyon 2 (2) Les 25 et 26 janvier derniers a Paris FNARS 76 rue du faubourg-Saint Denis 75010 Paris Tel OI 4801 8200 DES FAMILLES HUMANISENT LHEBERGEMENT DE LONGUES PEINES Depuis 15 ans, le CHRS L'Etape, a Nantes (1), entretient dans la Loire Atlantique un reseau de familles bénévoles prêtes a accueillir chez elles des détenus en permission, voire en fin de peine, en general sans liens familiaux ou amicaux Au fil du temps, leur profil a évolue et des adaptations ont dû être apportées Une vingtaine de familles reçoivent ainsi des personnes dans le cadre de peines de plus en plus longues «Nous avons suivi l'évolution de la sociologie de la prison, observe Philippe Rongère, directeur general On accueille désormais beaucoup d'agresseurs sexuels » Le CHRS a donc mis en place des formations suivies par ces hôtes et les professionnels concernes avec l'Association pour la recherche et le traitement des auteurs d'agressions sexuelles Cette nouvelle donne a modifie d'autres pratiques Ainsi, explique le responsable, «les familles ne savaient pas pourquoi les gens étaient détenus Aujourd'hui, les faits sont mis sur la table Si on veut faire entrer /es personnes dans une dynamique et eviter la récidive, il ne faut pas les mettre dans des situations sociales pouvant la favoriser, par le biais par exemple de l'alcool, des fréquentations » Obligation est donc faite aux usagers d'informer leurs hôtes sur les raisons de leur détention «C'est un passage nécessaire prépare avec les éducateurs Cela reduit les appréhensions et les fantasmes des uns et des autres», assure Philippe Rongère En famille, les personnes, souvent issues d'une autre region et perturbées par leur longue détention, «récupèrent des habiletés sociales au quotidien», poursuit-il Reapprentissage des gestes simples, reprise de relations normales, changement d'habitudes . «C'est un peu comme un sas de decontammation », resume-t-il, soulignant que « nombre d'échecs viennent du fait qu'on ne prend pas assez en compte ces dimensions» L'immersion s'effectue petit a petit « Les permissions ont lieu tous les trois mois, ce qui permet une integration progressive a l'environnement exterieur, aux regles sociales A la sortie de prison, il peut aussi y avoir un hebergement en famille, maîs il est de courte duree. Des allers et retours sont également possibles, complète Elisabeth Oger, educatnce sur le reseau. La dimension symbolique de la formule est forte, puisque ces familles ouvrent bénévolement leur maison » • (DCHRSLEtape 107 rue Hector Berlioz 44300 Nantes Tel 0251836400 Eléments de recherche : FNARS ou Fédération Nationale des Associations d'Accueil et de Réinsertion Sociale : toutes citations