L`affirmation de la paix est le plus grand des combats
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L`affirmation de la paix est le plus grand des combats
Les Grandes Bouches Les Grandes Bouches, funambules de la corde vocale, sont reconnus pour leur travail autour du chant polyphonique et militant. Membres fondateurs du groupe Motivés, arrangeurs de la chanson titre de l’album, les Grandes Bouches ont fait plus de 200 concerts depuis cinq ans avec Le Bal Républicain. Ambassadeurs de la chanson citoyenne et festive, ils ont joué en France et à l’étranger (Équateur, Irlande, Israël, Palestine, Laos…) et là où les luttes sociales pouvaient être accompagnées par leurs chansons (Molex, Sanofi, Conti, le DAL, la Cimade…). « Partager plus pour partager plus ». Francis Ricard Francis Ricard est l’auteur de plusieurs recueils de poèmes publiés chez divers éditeurs : Cheyne, L’Épure, Seghers, Atlantica, Séguier, L’Harmattan… Il a été invité aux Lectures sous l’arbre du Chambon-sur-Lignon, à la Semaine de la poésie de Clermont-Ferrand et au Marathon des mots de Toulouse. Ses textes ont été lus en public par Bernard-Pierre Donnadieu et Denis Lavant ou portés à la scène par des comédiens. Il a donné personnellement une centaine de lectures publiques dans divers lieux. Sa poésie se caractérise par le refus de se résigner et la colère face au prêt-à-penser ordinaire. En 2012, il a coécrit plusieurs chansons de l’avant-dernier spectacle des Grandes Bouches : 3 Voix Ensemble. Pour Le Bal Républicain, la collaboration se fait plus intense puisque outre des textes personnels, l’écriture se fait à quatre mains avec Philippe Dutheil, parolier et chanteur des Grandes Bouches. Stéphane Henriques Avec une enfance partagée entre l’Afrique et le Moyen-Orient, Stéphane Henriques découvre la photographie à l’âge de huit ans grâce à son père. Au milieu des années 1980, il débarque à Paris où il se passionne pour les musiques modernes, avant de se former aux arts graphiques tout en continuant d’apprivoiser son « boîtier ». En 1990, il devient journaliste/reporter culture et se spécialise en musique et cinéma. Il prête depuis lors sa plume à divers médias de presse écrite pour des articles qu’il illustre de reportages photos. Sa collaboration avec les Grandes Bouches s’est faite dès le premier album et était inévitable : les mêmes valeurs, le même amour de l’art, le même engagement… Ernest Pignon-Ernest Ernest Pignon-Ernest, d’origine niçoise, vit et travaille à Paris. C’est l’un des plus grands dessinateurs français. Son travail, depuis plus de quarante ans, consiste à apposer des images dessinées sur les murs des villes qu’il traverse : Paris, Naples, Alger, Soweto ou Brest, à la recherche d’une expression poétique destinée à la rue, l’espace commun. Son engagement politique, culturel et social l’amène à croiser les grandes figures de l’histoire et de la littérature, poètes et combattants, parmi lesquels le Jaurès pacifiste et fondateur du journal L’Humanité. Ce dernier lui a inspiré plusieurs portraits dont les études préparatoires et les différentes versions sont présentées dans l’exposition qui accompagne le concert des Grandes Bouches. L’artiste a réalisé l’affiche et la scénographie du spectacle. LE BAL RÉPUBLICAIN Chanter avec Jaurès… Mais oui ! Jean Jaurès Chantait. Il chantait juste et fort. Il a bondi sur une table en 1896, lors de l’inauguration de la verrerie ouvrière d’Albi, pour entonner « La Carmagnole » et signifier ainsi son exultation de voir menée à bien une œuvre sans égale de solidarité et de résistance à l’oppression, et la replacer dans le contexte séculaire des combats révolutionnaires. Ses discours, au témoignage de contemporains, n’étaient pas seulement des textes lus ou appris, mais des incantations dont le timbre éclatant, le haut diapason et les intonations, évoqués par Romain Rolland, exhalent une puissante musicalité. Et dans ses articles littéraires, il célèbre les chants des paysans rouergats qui traduisent le mystère de leur propre vie, le mystère de la terre et des eaux. Associer Jaurès au chant, au théâtre vivant, à la fête ? Mais pourquoi pas ? Ce rapprochement rarement tenté est réussi par les Grandes Bouches. Ce groupe enthousiaste possède une riche expérience d’animation de concerts, de fêtes républicaines enracinées dans la culture populaire de notre région qui fut et reste celle qui vit naître et s’épanouir cet être exceptionnel. Jaurès, un indigné permanent, un émerveillé insatiable, dont la sensibilité et la bonté ont laissé une empreinte indélébile dans les lieux qu’il a parcourus sans relâche pour mobiliser ses concitoyens contre l’inégalité, l’injustice, l’intolérance et le péril de la guerre. Ces tares de la société moderne n’ont pas disparu, hélas, et s’il pouvait revenir, Jaurès saurait encore entonner des chansons pour les dénoncer et pour tracer les contours d’un monde nouveau, un peu moins sauvage, ainsi qu’il l’avait rêvé dans les derniers mots jaillis sous sa plume et sûrement sur ses lèvres. Rémy Pech, historien 1859 (3 sept.) naissance à Castres d’Auguste Marie Joseph Jean Jaurès 1869-1876 élève au collège de Castres Jean Jaurès est né à Castres le 3 septembre 1859, dans une famille bourgeoise en déclin. Brillant étudiant, il est reçu premier au concours d’entrée de l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm en 1878, dont il sort agrégé de philosophie en 1881. Nommé professeur au lycée d’Albi la même année, il poursuit sa carrière d’enseignant à la Faculté de Lettres de Toulouse à partir de 1883. Très tôt engagé dans la vie politique, il est élu député républicain du Tarn aux élections législatives de 1885. Battu à Castres en 1889, il reprend son poste d’enseignant à la faculté et achève ses thèses. Il est à nouveau élu député de Carmaux en 1893 avec l’étiquette socialiste. Parallèlement, il collabore depuis 1887 avec la radicale « Dépêche » en tant que journaliste et critique littéraire. Son fort enracinement local se traduit par sa profonde implication dans la vie municipale de Toulouse, puisqu’il devient conseiller municipal, puis maire adjoint à l’Instruction publique entre 1890 et 1893. Homme d’idéal, historien, ardent militant socialiste, il fonde le quotidien L’Humanité en 1904, consécration de sa carrière de journaliste. Il s’engage avec acharnement jusqu’à sa mort, le 31 juillet 1914, dans la défense du monde ouvrier, de la justice sociale, de la laïcité et de la paix. 1876-1878 interne au collège Sainte-Barbe à Paris. Suit les cours au Lycée Louis-le-Grand. 1er au Concours général des collèges de Paris & Versailles 1878-1881 1er au concours d’admission de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm. En 1881, reçu 3e à l’agrégation de philosophie 1893 participe à la fondation de la Verrerie ouvrière d’Albi 1898 battu aux élections législatives du Tarn par le marquis de Solages. Directeur politique de la « Petite République ». 1881-1883 professeur de philosophie au Lycée Lapérouse d’Albi 1898 Jaurès participe au combat pour la révision du procès de Dreyfus 1883-1885 maître de conférences à la Faculté des Lettres de Toulouse. Il donne ses premiers cours publics 1901-1914 Membre du bureau socialiste international 1902-1914 député de Carmaux 1885 (oct.)-1889 (sept.) élu député du Tarn sur la liste républicaine 1902 participe à la fondation du Parti socialiste français au Congrès de Tours 1886 (juin) mariage avec Louise Bois 1903 relance de la révision du procès d’Alfred Dreyfus par Jean Jaurès 1887 (21 jan.) 1er article dans La Dépêche 1889-1893 maître de conférences à la Faculté des Lettres de Toulouse 1890 (27 juil.) élu au Conseil municipal de Toulouse. Nommé 6e adjoint, délégué à l’instruction publique. 1892 (1er mai)-1893 (jan.) réélu au Conseil municipal de Toulouse. Nommé 3e, puis 2e adjoint, toujours chargé de l’instruction publique. En 1992, soutenance de ses 2 thèses (Sorbonne). 1893 (jan.) élu député socialiste de Carmaux après avoir soutenu la grève des mineurs. 1904 fonde le quotidien L’Humanité qu’il dirigera jusqu’à sa mort 1905 fondation du parti socialiste unifié (S.F.I.O.), dont Jaurès partage la direction avec Jules Guesde 1905 Participation au débat et à la rédaction de la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat 1913 (25 mai) discours de Jaurès au Pré-St-Gervais devant 150 000 personnes contre la « Loi des trois ans » de service militaire 1914 (31 juil.) assassinat de Jean Jaurès au Café du Croissant, à Paris, par Raoul Villain 1924 (23 nov.) transfert de la dépouille de Jean Jaurès au Panthéon Après son échec électoral à Castres en 1889, Jaurès continue son activité politique et devient conseiller municipal, puis maire adjoint à l’Instruction publique de Toulouse de 1890 à 1893. Jaurès est né occitan, il pratique aisément et indifféremment les deux langues alors en usage dans le midi. Même si il se démarque rapidement des intellectuels et de certains auteurs à qui il reproche le conservatisme, voir le nationalisme, il a largement utilisé l’occitan dans sa vie politique et cela dès sa première campagne électorale en 1885, « dans ces réunions… où le patois si franc , si hardi dans ses tournures, remplace vite le français… » Son engagement pour les langues régionales va se fortifier jusqu’en 1911 où il prend position pour leurs introductions dans l’enseignement primaire. « Le parler de Rome a disparu, mais il demeure jusque dans le patois de nos paysans comme si leurs chaumières étaient bâties avec le marbre des palais romains. Il serait facile aux éducateurs et aux maitres d’écoles de montrer comment au XIIe et XIIIe siècles, le dialecte du midi était un noble langage de courtoisie, de poésie et d’art. » Por trait de de Louis Jean Jaurès en 1889, ex Soulé, La trait du vie de Ja Éd. Floré livre urès, 18 al, Paris 59-1892 , 1921 , « Le premier des droits de l’homme, c’est la liberté individuelle, la liberté de la propriété, la liberté de la pensée, la liberté du travail » 1892 Désormais acquis aux idées socialistes, Jaurès embrasse pleinement la cause ouvrière lorsque le suffrage universel ou le droit des ouvriers sont remis en cause.Il joue l’année suivante un rôle primordial dans le confl it des mineurs de Carmaux, et il est ensuite à l’origine de la création de la Verrerie ouvrière d’Albi en 1896. Ces événements lui font prendre conscience de la lutte des classes, et il acquiert désormais la conviction que la Révolution est inéluctable et doit être préparé par l’œuvre réformatrice de la République. Il prend, en 1898, la direction du quotidien La Petite République, dans lequel il défend le socialisme républicain, puis fonde en 1904 le journal L’Humanité. Au cours d’une rencontre à Toulouse avec Jules Guesde, apôtre du marxisme et fondateur du Parti ouvrier français, Jaurès proclame son désir de révolution démocratique non violente, et insiste sur la nécessité de la force syndicale. Jaurès renonce en 1904 à soutenir la participation ministérielle des socialistes et fonde, notamment avec Jules Guesde, le Parti socialiste unifié, Section française de l’internationale ouvrière (PSU-SFIO) dont l’Humanité devient le porte-parole. Le combat de Jaurès À partir de 1894, l’affaire Dreyfus déchire la République. Pendant plus d’une dizaine d’années, la France vit au rythme des confrontations entre dreyfusards, convaincus de l’innocence du capitaine et défenseurs de l’idéal républicain, et les antidreyfusards, persuadés de sa culpabilité et de la nécessité de la raison d’Etat. C’est grâce à l’article d’Emile Zola, «J’accuse», publié dans “L’Aurore” du 13 janvier 1898, puis au procès intenté à son auteur, que Jaurès, d’abord hésitant, devient un dreyfusard convaincu et militant. Dix jours après la parution de l’article, Jaurès interpelle le gouvernement sur les illégalités dénoncées par Zola et se demande si la culpabilité de Dreyfus ne repose pas sur le mensonge, l’arbitraire, la propagande antisémite et la manipulation de la justice. Ainsi, Jaurès contribuera à relancer l’affaire et publiera dans le journal qu’il dirige, la Petite République une série d’articles dans lesquels il s’attachera à réfuter et démonter les mensonges accumulés par l’Etat-major. Le salut de l’innocent, le châtiment des coupables, l’honneur de la Patrie, sont les objectifs qu’il se donne et qu’il rassemblera dans son livre intitulé Les Preuves. « Si Dreyfus a été illégalement condamné et si, en effet, comme je te le démontrerai bientôt, il est innocent, il n’est plus ni un officier, ni un bourgeois : il est dépouillé, par l’excès même du malheur, de tout caractère de classe ; il n’est plus que l’humanité elle-même, au plus haut degré de misère et de désespoir qui se puisse imaginer. Si on l’a condamné contre toute loi, si on l’a condamné à faux, quelle dérision de le compter encore parmi les privilégiés ! Non : il n’est plus de cette armée qui, par une erreur criminelle, l’a dégradé. Il n’est plus de ces classes dirigeantes qui, par une poltronnerie d’ambition, hésitent à rétablir pour lui la légalité et la vérité. Il est seulement un exemplaire de l’humaine souffrance en ce qu’elle a de plus poignant. Il est le témoin vivant du mensonge militaire, de la lâcheté politique, des crimes de l’autorité. Certes, nous pouvons, sans contredire nos principes et sans manquer à la lutte des classes, écouter le cri de notre pitié ; nous pouvons dans le combat révolutionnaire garder des entrailles humaines ; nous ne sommes pas tenus, pour rester dans le socialisme de nous enfuir de l’humanité. » Extrait du recueil d’articles de Jean Jaurès, Les Preuves, parus dans La Petite République, 1896 « L’affirmation de la paix est le plus grand des combats. L’humanité est maudite si pour faire preuve de courage elle est condamnée à tuer éternellement. » « On n’enseigne que ce que l’on est. La nation s’enseigne elle-même. » L’année 1905 marque l’apogée de la campagne laïque du Bloc des gauches qui aboutit à la séparation des Eglises et de l’Etat. Au nom du principe de laïcité, Jaurès s’impose comme un des promoteurs de cette campagne et un des « pères » de la loi adoptée en décembre 1905. Ainsi, lorsque la droite cléricale s’oppose aux républicains en menant une offensive contre les instituteurs, leur enseignement et leurs choix en termes de manuels scolaires, Jaurès prend fermement position en se prononçant pour les droits de l’enfant et contre l’enfermement communautaire et obscurantiste : « Je dis qu’il ne s’agit ni du droit de l’Etat, ni du droit des familles, mais qu’il y a un droit de l’enfant […] Proudhon, qui était un grand libéral en même temps qu’un grand socialiste, Proudhon l’a dit avec force : l’enfant a le droit d’être éclairé par tous les rayons qui viennent de tous les côtés de l’horizon, et la fonction de l’Etat, c’est d’empêcher l’interception d’une partie de ces rayons. » textes d’après François Bordes et l’Exposition 2009 des Amis de Jaurès Il y a longtemps que je voulais vous dire Que l’homme ne peut rien sans son pareil Il vient sans arme, sans peur du pire Mais les canons vrillent ses oreilles Nos vieux maîtres ne nous font plus rire Il est temps de leur montrer la poubelle Il y a longtemps que je voulais vous dire De bleuir le ciel comme hirondelles Qu’être en colère seul ne suffit pas Il faut beaucoup de mains pour s’en sortir Et des épaules prêtes au combat Il y a longtemps que je voulais vous dire Il y a longtemps que je voulais vous dire Qu’on peut s’aimer plus longtemps autrement Qu’il reste des villes à bâtir N’écoutez pas les promesses du temps Bien sûr, on peut tomber, gémir Mais il vaut mieux debout agir avant Il y a longtemps que je voulais vous dire Que ce qui se vend, meurt avec le vent. Qu’être en colère seul ne suffit pas Il faut beaucoup de mains pour s’en sortir Et des épaules prêtes au combat Il y a longtemps que je voulais vous dire Il y a longtemps que je voulais vous dire Que les chemins de traverse existent encore Qu’il faut dire non, désobéir La liberté est là, dehors Que de crier seul ne suffit plus Il faut beaucoup de mains pour s’en sortir Et lancer les chansons dans les rues Il y a longtemps que je voulais vous dire Les ronces de l’inquiétude griffent la promesse des mots Les dés jetés ravagent nos doigts noircis Le hasard des rêves convoque le cri du piano La nuit rougissante contre un avenir promis Jaurès ils t’ont assassiné Et nous nous en mourons aussi La liberté insoumise se moque éperdument De l’obscur infertile et des deuils embrumés Les cendres enivrantes qui nourrissent fièrement Les lits fauchés d’une inépuisable beauté Jaurès ils t’ont assassiné Et nous nous en mourons aussi Vivre libre marcher chanter « respirer les larges souffles et cueillir les fleurs du hasard » Je dis et redis tes mots ensoleillés Il n’y a pas de fatalité, il n’y a pas de fatalité Jaurès ils t’ont assassiné Et nous nous en mourons aussi Je me souviens de vous, hommes de lourde peine Qui proclamez la justice Hommes brûlés par le poids des chaînes Qui offrez le sacrifice Phares de haute mer, vous parlez de paix À tous les insoumis Vous clamez liberté, liberté En face des fusils De lourdes peines Neruda, Lorca, Martin Luther King De lourdes peines Jean Jaurès, Bhutto, Lumumba, Gandhi Tans pis pour la chaux vive L’exil ou la prison Vos idées survivent Nous vous donnons raison Votre plume est comme un fouet Votre langue une fronde Jamais bâillonne L’avant du nouveau monde Ils ont dit : n’aie pas peur, tout est normal ! Mais le problème, tu vois, c’est qu’il y a trop de social qu’il y a trop de social Ils nous ont promis le bout du tunnel Mossieur Jean, ils ont même pris ton nom comme modèle Moussieu Jean moussieu Jean Escota la cançon Aquo far de cent ans que nou engagan Ils sont tombés à terre on les a ramassés On ne partageait que leurs guerres ils nous ont implorés Au secours sauvez-nous Mais ils ont donné si peu pour reprendre tout Moussieu Jean moussieu Jean Escota la cançon Aquo far de cent ans que nou engagan Toujours la même équipe on les changera pas De Germinal à Davos ils sont encore là Ils nous ont vendu la fin de l’histoire… Ara basta Questa cop, ba pla Dussions-nous périr à l’ouvrage Vous danserez pour nous On bondira hors de la cage Le tout pour le tout Seule l’aventure est belle Seule l’aventure est belle Si tu clos les volets à la nuit Où passera le jour Demain c’est déjà aujourd’hui Utopie mon amour Chanter comme explose une grenade Pour résister Voir si on peut faire les barricades Ou si le monde nous a changés La ville pleure comme un abattoir Utopie mon amour Ce n’est pas la fin de l’Histoire Juste le point du jour Pourquoi enjamber les murs et les frontières Il faut les abattre Et déjouer les pièces d’hier De leurs vieux théâtres Seul compte le premier coup de pioche Qui fait jaillir le puits Être Jaurès ou bien Gavroche Pour une nuit Seule l’aventure est belle Seule l’aventure est belle On va s’échapper mon ami N’écoutant que son courage Monsieur le préfet Au ministre de l’Outillage a téléphoné Lui c’est l’homme qui vient du ciel, il va nous sauver Lui c’est l’homme providentiel, je m’en vais l’appeler C’est pas loin de Toulouse que tout a commencé Il y avait une usine et les gars y travaillaient Mais en écoutant la Bourse les patrons ont décidé Que l’usine était moche, qu’il fallait tout brader C’est pas qu’elle marchait pas c’est que tous les rentiers Ils trouvaient que 10 % ça faisait pas assez Ils ont loué des vigiles et des chiens qui aboyaient Et ils ont pris des ficelles, ils ont tout barricadé Tout autour de l’usine on ne pouvait plus passer Ils voulaient prendre les machines : ha ! quelle drôle d’idée Les Molex ils ont vu ça, ils les ont empêchés En leur collant une grève, les patrons l’ont pas volé Ha là là là là la et la grève a commencé N’écoutant que leur courage les patrons ont appelé Le cabinet et l’entourage de Monsieur le préfet Lui c’est l’homme qui vient du ciel, il va nous sauver Lui c’est l’homme providentiel je m’en vais l’appeler Le préfet nous a dit : nous allons discuter Mais les vigiles étaient là et on a pas pu entrer Ce brave homme c’est étrange n’est pas venu nous chercher C’est quand même bizarre, il a dû oublier Ha là là là là là là et la grève a continué On a bien vu le ministre et il nous a écoutés Tout en remuant la tête il avait l’air embêté Ha mes pauvres amis je vous comprends vous savez Mais je ne peux rien y faire car c’est la fatalité Ha là là là là là là et la grève a continué N’écoutant que son courage le ministre a décidé D’aller voir le président et de lui raconter Lui c’est l’homme qui vient du ciel, il va nous sauver Lui c’est l’homme présidentiel, je m’en vais l’appeler Le président nous a dit : ça ne peut plus durer Vous allez voir ce qu’on va voir, nous on va moraliser Devant les télévisions il nous a déclaré : Le mieux c’est de faire une réunion avec Monsieur le préfet Ha là là là là là là et la grève a continué Les Molex ils ont vu ça et ils n’ont pas lâché Ce que tu lâches aux patrons, ils te le rendront jamais Ne t’endors pas sentinelle Reste sur tes gardes L’ennemi invisible est partout Tapi dans l’ombre Les réducteurs de têtes Les croque-morts de la pensée Préviens-nous Ne t’endors pas sentinelle Notre rude exactitude Doit tutoyer le vrai et l’utile Nous devons demeurer réfractaires Ne rien nous laisser confisquer Par ces temps turbulents Notre exigence doit aller À l’ardente prééminence de l’esprit Nous devons rester Plus que jamais Intransigeants Persister dans notre mission De passeurs vigilants De veilleurs aux aguets Notre vouloir sera sans faille Nous devons nous aguerrir À tenir debout Dans la fragile verticalité Nous devons répondre De notre capacité d’indignation Dire non quand il faut dire non Le fleuve sauvage Invente chaque jour Son lit de liberté Ne laissons pas construire de digues Soyons le sel que l’on jette dans la braise Demeurons les gardiens de l’horizon Conjuguons tous les temps au temps de la révolte L’aube n’est pas encore levée Il fait encore nuit Mettons-nous en ordre Ne t’endors pas sentinelle Le jour vient Soyons prêts Le verbe doit rester séditieux Le poème insoumis Ne t’endors pas sentinelle Je te salue ma rue pleine de grâce Enfants mendiants joueurs d’accordéon Femmes émiettées hommes face à face Des jours d’exil et de visages au néon Je sais le puits à des jours de marche Le feu qui crépite aux brassées de bois juste Ne fait lever qu’une moisson de haches Aux cicatrices accrochées à nos bustes Je le sais je le sais je le sais Je te salue ma rue pleine de rage Je sais les matins pâteux les voitures muettes Les chèques impayés le poids des marécages L’ascenseur à la peine et les jours de dettes Je sais la vie s’élime avant la déchirure Je sais le père qui ne parle plus Je sais la honte les regards sans figures Les abandons et le froid de la rue Je le sais je le sais je le sais Je te salue ma rue pleine de honte On le fait pas exprès et on n’a pas choisi Les poubelles à la fin du marché pour tout compte Les poubelles gavées de l’eau de l’oubli Les enfants au fond des poches s’ils s’enfuient C’est qu’il n’y a rien sinon du vent Je sais les jalousies mais s’entraider aussi Quand on peut on le fait comme vif-argent Je le sais je le sais je le sais Vers les autos au feu rouge, elle se glisse Avec sa bouteille d’eau et son torchon Comme une pro de la pub, elle esquisse D’un trait sur la vitre, un cœur en savon. On lui a dit tu es européenne C’était si beau qu’elle a pu le croire C’était pas vrai et c’est pas de veine Il y a des rêves qu’il faudrait pas avoir Même si on sait qu’il y a plus gras que soi Même si on sait les salauds qui prospèrent On baisse les yeux devant celle qui a Moins que nous, on guette le feu vert. On lui a dit tu es européenne C’était si beau, un nouvel été On a menti et c’est pas de veine Il y a des rêves qu’il faudrait pas donner Disparue d’un coup d’essuie-glace Du carrefour où une autre a pris sa place C’est qu’elle a dû, à laver des pare-brises, Faire fortune au pays d’la libre entreprise Et c’est pour ça que tous les soirs elle arpente Les trottoirs sous l’éclat de L’enseigne luminescente D’une station Éléphant Bleu. Nous avons mis nos rêves éventrés à dégorger dans l’auge de pierre où l’on abreuve les bêtes. L’eau est rouge et sale. Y a-t-il encore une place pour nous entre aujourd’hui et demain ? Nos bouches se tordent dans cette débauche de pourquoi : faut-il rançonner les dieux pour une meilleure part ? Nous n’écrivons pas sans trembler certains mots. Nous n’avons pas choisi le tracé des lignes de nos mains. Notre liberté doit faire feu de tout bois, mais nous avons la certitude qu’à l’approche du but notre fardeau sera moins lourd à nos bras épuisés. Loin des balises une autre route existe, les barbelés ne sont rien à qui rêve du jour. Il suffit parfois d’oser et se mettre en route. Philippe Dutheil chanteur Jaurès comme un totem ? Loin de l’image d’un saint laïc, d’une icône poussiéreuse, il est, cent ans après, un phare de haute mer pour une époque de tempêtes, un pôle magnétique qui nous attire, comme de la limaille, en cercles républicains autour de lui. Et ceux qui l’ont combattu et abattu ne s’y sont pas trompés, ce sont les mêmes qui ont tué Lorca, Neruda, Gandhi, Lumumba, Allende, Luther King… Ils connaissent le pouvoir viral de l’humanisme et l’implacable justesse des idées républicaines, ils ont toujours redouté la clarté de la voix de ces hommes. Alors ils crèvent les yeux des portraits du Mahmoud Darwich de Pignon-Ernest dans les rues de Ramallah parce que le poète voit, ils tuent Gandhi parce que le théoricien de la non-violence prône par-dessus tout la réconciliation, ils empoisonnent Neruda parce que le poète parle et ils assassinent Jaurès parce que l’homme de gauche a la prescience que les futurs charniers de 1914-1918 seront, avant tout, destinés au peuple. Peine perdue, ils ont échoué, les idées du tribun de Castres sont là, lumineuses, là où celles de ses assassins rejoindront, tôt ou tard, les oubliettes des barbaries. Cent ans après, tonne encore une exclamation : JAURÈS ! Aline Pailler Journaliste engagée Jaurès peut nous « recourager » alors que le joug se fait plus lourd. Mais un Jaurès débarrassé des hommages ampoulés. Jaurès du carreau de la mine dans les luttes d’aujourd’hui. Jaurès de la verrerie ouvrière d’Albi pour construire la transition de l’autre monde après la destruction du capitalisme. Jaurès libéré des censeurs de son désir d’abolir le salariat et de préférer l’anarchie à toute servitude. Jaurès occitan ouvert au monde et aux cinq continents grâce à la langue d’oc ! Ernest Pignon-Ernest Artiste plasticien Est-ce seulement un hasard si sous ce règne cynique des dogmes néolibéraux et de leur logique destructrice de tout ce qui relève du bien commun et du sens du collectif, on n’use plus du vocable « ensemble » pour parler d’un groupe de musiciens ou de chanteurs ? Il s’impose pourtant, évident, pour dire les Grandes Bouches : l’ensemble qui chante « l’être ensemble » ! À chaque récital, dans chaque disque, et plus particulièrement dans celui-ci, ils réactivent ce désir, cette nécessité, ce bonheur d’être ensemble. Revenus d’Amérique latine, de Palestine de Toulouse, ils nous offrent à nouveau ce plaisir complice de partager une mémoire commune, et le regard aigu, la pensée décapante, citoyenne, ironique et résolue qu’ils savent poser sur le monde d’aujourd’hui. Mal nommer les choses, disait Camus, c’est ajouter au malheur du monde. Et les taire ? Qui dit Molex, qui dit Conti ? Les mots, les rythmes, les voix des Grandes Bouches nous parlent de ceux-là dont les droits et les moyens d’expression sont chaque jour mutilés. Ces chants poétiques sont des signes et des outils de résistance vitaux. Partageons les heureuses et rayonnantes sensations de complicité fraternelle que leurs nouvelles chansons nous promettent. Jean-Jacques Rouch Journaliste, écrivain, président des Amis de Jaurès Pour Les Amis de Jean Jaurès à Toulouse, les remarquables actions des « Grandes Bouches » constituent un appréciable soutien mais aussi un formidable support. Un soutien car ils apportent à notre mission de diffuser une meilleure connaissance de la pensée jaurésienne l’outil artistique et musical qui lui manquait. Un support aussi car ces créations originales, fruits de recherches historiques et porteuses de sens, vont amplement nous aider à introduire dans notre projet cette dimension populaire et noble à la fois que détient la « chose chantée », la plus sensible et perceptible qui soit. Charles Silvestre Journaliste, auteur de La Victoire de Jaurès (éd. Privat, 2013) Jaurès a été assassiné le 31 juillet 1914. L’immense travail qui fut le sien n’est pas pour autant mort avec lui. Sa victoire, c’est celle de sa clairvoyance coloniale, de son courage dans l’affaire Dreyfus, de sa sagesse dans la séparation des Églises et de l’État, de son anticipation des réformes sociales. C’est aussi celle de sa culture, de sa sensibilité, de sa bonté. Jaurès inaugure ce que le xxe siècle a opposé de meilleur face au pire. C’est cela qui est au cœur du projet des Grandes Bouches : la rencontre d’un Jaurès vivant, en idées, en images, en musique, en danse et en chansons. Jaurès assassiné (Ricard/Dutheil) 2. Moussieu Jean (Dutheil) 3. L’aventure (Ricard/Dutheil) 4. Je te salue ma rue (Ricard/Dutheil) 5. L’européenne (Rouquette/Dutheil) 6. La sentinelle (Ricard/Dutheil) 7. De lourdes peines (Ricard/Dutheil) 8. Texte 5 (Ricard/Dutheil) 9. Il y a longtemps (Ricard/Dutheil) 10. La carmagnole (Traditionnel) Les Grandes Bouches Anne-Laure Grellety Madaule chant, batterie Philippe Dutheil chant, basse, guitare Laurent Beq accordéon, chant Gregory Daltin accordéon Didier Dulieux accordéon Louis Navarro contrebasse Pascal Rollando percusions Enregistré par Jacques Hermet Mixé par Philippe Dutheil Masterisé par Boris Beziat Produit par CHANTS D’ACTION CHANTS D’ACTION présente LES GRANDES BOUCHES 1. LE BAL RÉPUBLICAIN Remerciements et bises fraternelles Les Amis de L’Huma, Florence, Pierre, Paolo, Ulysse, Louis, Patrick, Serge, Mouna, Valentin, Marc, Framboise, Yvette Betty Boop, Babet, Gégé, David, Melvil, Stef, Boris, JH, Georges, Bouba le Petit Ourson, Nico, Karim, Lolo, Gregory, Emma, Didier, Christine, Max, Charly, Pascal, Isabella, Anne-Laure, Philippe, Isabelle, Charles, Remy, Marike, Leon, Julien, Aladin, Ernest, Yvette, Jean-Louis, Roland, Régine, Maman Cathy, Francis Chouchou, Charles, Emmanuel, Aline, Laura, Jean-Paul, Loïc, lesJolis Mômes, les Molex, Béa, Fifi, Cécile, Pierick, Charly, Geneviève, Claude, Claudette, Mamie Lili, Anne Dessins Ernest-Pignon-Ernest Textes Francis Ricard Photographies Stefan Henriques Graphisme Julien Levy Conception projet Philippe Dutheil