salsa picante 2.pub - Festival Les Reflets du cinéma Ibérique et

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salsa picante 2.pub - Festival Les Reflets du cinéma Ibérique et
salsa
PICANTE
© Pascale Montandon-Jodorowsky
Sommaire
Le journal des reflets > numéro 2 > samedi 27 mars 2014
La danza de la realidad / p. 2
Le chemin / p. 3
No habra paz para los malvados/
malvados/ p. 4
La scène préférée d’Enrique Urbizu / p. 5
Hipótesis / p.6
Pelo malo : une histoire carqueña / p. 7
Pelo malo : entre#en avec Mariana Rondón / p. 8
Piedra papel o #jera : le hasard et l’absurdité / p. 9
Les bruits de Recife / p. 10
Les sorcières de Zugarramurdi / p. 11
Yvy Maraey / Tierra sin mal / p. 12
Assistance mortelle : quelques mots sur Haï# / p. 13
Cristo Rey : une île, deux mondes / p. 14
Un paraiso para los malditos / p. 15
El mudo / p. 16
Les Regards à venir / p. 17
Les Regards : Lucia Wainberg Sasson / p. 18
Echos des Regards / p. 20
Les expos : Favelas ! de Florent Espana / p. 22
Kesk’Hispas # 2 / Pendant les Reflets / p. 23
Les minutos picantes / La#no Connexion # 2/
2/ p. 25
La grille des programmes/
programmes/ p. 26
La danza
de la realidad
CHILI
D’alejandro jodorowsky
Une sarabande
douce- amere
L
orsqu’au Fes%val de Cannes 2013 le
film La Danza de la Realidad est présenté dans le cadre de la Quinzaine il
provoque grande émo%on dans le
landernau de la cri%que cinématographique…
Jodorowsky, vous savez cet extravagant qui
a réalisé El Topo, La Montagne Sacrée, Santa Sangre, qui n’avait rien fait au cinéma
depuis 23 ans !!! (certains ont dû ajouter
« grâce au ciel »…)
Et on parle, à propos du film
« d’autobiographie imaginaire » , d’une
« réalité qui danse au gré de ses souvenirs,
réels ou imaginaires » ( Télérama)
C’est en effet de l’enfance de Jodorowsky
dont il s’agit, une enfance bien réelle évidemment, dans la pe%te ville de Tocopilla,
au Chili, où il est né en 1929 et où le film a
été tourné, pe%te ville bien réelle elle aussi,
de même que les mendiants aCroupés dans
ses rues, sans qu’il soit besoin d’en appeler
à des références magistrales telles que les
mendiants de Buñuel, comme on n’a pas
manqué de le faire. A ceci prés toutefois
que les mendiants des bidonvilles de Mexico, dans les années 40, avaient de fortes
chances de ressembler à ceux d’une pe%te
ville chilienne en décadence économique
comme Tocopilla, bien davantage qu’à des
gavroches parisiens. De part et d’autre on
est en Amérique La%ne, des réalités similaires n’ont rien de surprenant.
Oublions aussi Fellini (Amarcord), même si
c’est aussi d’enfance dont il s’agit, et Demy
et d’autres encore qui ont été ou que l’on
pourrait citer en référence.
Regardons ce jeune homme de 84 ans nous
raconter, entre réalisme magique – dont
Gabriel García Márquez disait qu’il était le
pain quo%dien de sa Colombie- et surréalisme, son enfance entre un père, commu-
2
niste convaincu au point de vouer à Staline
un culte sans limite, et une mère, cantatrice
frustrée, qui ne s’exprime qu’en chantant.
L’une voulant faire de leur rejeton une adorable, douce et délicate créature, alors que
l’autre veut en faire un mec, un vrai de vrai,
un qui – disons le – ait des couilles au cul !
Distorsion peu facile à assumer, encore
moins à cet âge tendre, et d’autant plus que
l’ensemble du pe%t monde de Tocopilla est
à l’avenant. Comme ce curé qui fait l’aumône en posant dans la main tendue
quelque mygale ou assimilée ou bien la
naine qui s’autoconsole de sa disgrâce en
consolant le père du pe%t Alexandre de la
sienne.
Entre tout cela Jodorowsky a bel et bien fait
son chemin puisqu’il nous livre avec La Danza de la realidad, une œuvre abou%e, dans
laquelle fantas%que et poésie élèvent la
réalité au rang d’œuvre d’art. Il faut dire
qu’entre l’enfant des années 40 et le cinéaste de 2010/13 le chemin parcouru est
gigantesque et les compagnons de route
fabuleux. Les surréalistes qu’il vient rencontrer en 1953 à Paris et avec lesquels, dit-il, il
a « pu apprendre à desserrer l’étreinte du
ra onnel pour rentrer en contact avec mon
inconscient, à ne plus le considérer comme
un danger ou une « poubelle », mais comme
un allié » ( Psychologie Magazine). Il y a eu
aussi ses rencontres avec des maîtres – ou
plutôt maîtresses - du tarot de Marseille
qu’il considère non comme un ou%l pour
Madame Irma mais comme un « ou l de
développement personnel…miroir de notre
structure psychique » (idem). Il fut un temps
d’ailleurs où il indiquait volon%ers le nom
du café parisien où tel jour de telle heure à
telle heure on pouvait le rencontrer pour
%rer le tarot.
bien que La Danza de la realidad ne lui est
pas advenue par hasard, à 80 ans passés.
Ce film n’est-il pas d’ailleurs une sorte de
retour aux sources de ses premiers spectacles alors qu’il avait à peine 20 ans « J’ai
fait mes premières représenta ons publiques avec des marionne"es qui représentaient mon père, ma mère, ma sœur et
d’autres membres de ma famille. Mes saynètes ressemblaient déjà à un psychodrame
familial »(Psychologie Magazine)
En quelque sorte il ne faut faire appel qu’à
Jodorowsky pour pénétrer la réalité de Jodorowsky et la si personnelle chorégraphie
selon laquelle il nous la livre. Cela nous vaut
un moment de grâce.
N.B Jodorowsky est aussi l’auteur d’une
centaine de BD publiées aux Humanoïdes
Associés, dont certaines en collabora on
avec Moebius.
Annie Damidot
Cinéma Le Zola
Samedi 22 mars à 14h
Il y a eu enfin ses ac%vités avec divers psychologues reconnus et son intérêt par%culier pour la psychogénéalogie, qui prouve
Salsa Picante n° 2
Le chemin
DE LUCIANO MOURA
BRESIL
A
busca, %tre portugais du film Le
chemin, signifie la recherche,
ou peut-être plus exactement la
quête, car c'est sans doute ainsi
qu'il faut comprendre le sens du film de
Luciano Moura, comme un parcours ini%a%que vers une connaissance supérieure.
Comme l'a écrit Fernando Pessoa :
É a busca de quem somos, na distância
de nós
C'est la quête de ce que nous sommes,
dans la distance de nous-mêmes
(Fernando Pessoa, Noite)
En termes plus modernes, ce film est
aussi un « road movie » qui va permeCre à un père de redécouvrir le sens
fondamental des choses, d'ouvrir les
yeux sur des réalités inconnues, et surtout d'apprendre à connaître son propre
fils de 15 ans dont il s'aperçoit qu'en
réalité il ne sait rien.
En effet, si « le chemin » est celui de la
recherche, il est aussi celui de la découverte, de soi et des autres, car à chaque
fois le parcours est à double face : la
difficulté et la solu%on, la présence et
l'absence, la vérité et le mensonge, l'essen%el et la fu%lité, le familier et l'inconnu. Chaque obstacle est un défi surmonté grâce à l'énergie de l'amour pour un
être cher. Chaque indice du passage de
son fils dans un espace où il est absent
Salsa Picante n° 2
est pour le père le signe de sa présence.
Chaque mensonge compris révèle une
vérité nouvelle. Tout nouvel élément
implique en miroir son complément. La
vanité dérisoire du quo%dien s'efface
peu à peu pour laisser place à l'essen%el, la connaissance de l'autre.
Pour le spectateur il s'agit aussi de découverte : loin des scénarios policiers,
de la violence urbaine et de la culture
télévisuelle (décor de départ du film)
nous plongeons dans le Brésil de l'intérieur, loin des standards urbains, où chacun a organisé son mode de subsistance,
précaire ou durable, où chaque rencontre est un pays différent. Partant de
São Paulo, pra%quement en droite ligne
à travers champs, le parcours nous mènera jusqu'au liCoral de l’État d'Espirito
Santo, au nord de Rio, en traversant des
planta%ons de canne à sucre, une rivière
en bac et les contreforts de l’État du
Minas Gerais. A chaque fois ce sont des
types sociaux inaCendus, des portraits
inédits, la découverte d'un Brésil qui ne
cesse de nous surprendre : habitants
d'une favela dans l'urgence de leur vie
ordinaire, travailleurs ruraux, jeunes
d'une communauté alterna%ve, retraités
retranchés dans leurs souvenirs, chacun
dans l'arrangement de son quo%dien ou
la construc%on de son utopie.
Construit autour de l'incompréhension
inter-généra%onnelle, le film est riche en
situa%ons complémentaires, mais ne se
perd jamais en digressions inu%les.
Grâce à la sensibilité du jeu à fleur de
peau de l'acteur Wagner Moura, pilier
du film, le fil conducteur n'est jamais
rompu.
A busca est le premier long métrage de
Luciano Moura, secondé dans l'écriture
du scénario par Elena Soarez (Xingu,
Casa de areia). Présenté dans plusieurs
fes%vals, le film connaît à chaque fois un
succès grandissant, récompensé par le
Prix du Public au Fes%val de Rio.
Bernard Corneloup
Cinéma Le Zola
Samedi 22 mars à 16h30
Samedi 22 mars à 10h
3
No habra paz
PARA LOS MALVADOS
De ENRIQUE URBIZU
S
antos Trinidad (José Coronado), inspecteur à la Brigade des personnes
disparues, avec un manifeste penchant pour l’alcool et qui use et
abuse de sa plaque contre celui qui ne se
plie pas à ses désirs, a commis une erreur.
Dans un éclat de violence et de brutalité, il
tue trois personnes dans un bar, mais un
témoin réussit à s’échapper. Il commence
alors une enquête qui lui permeCra d’effacer ses traces et qui le plongera sans le
vouloir dans une affaire aux dimensions
inespérées.
Le malheureusement peu prolifique Enrique Urbizu, l’un des plus passionnés et
irréduc%bles créateurs du cinéma espagnol, revient au grand écran de la main de
Michel Gaztambide y José Coronado, ses
deux complices de La Caja 507 (2002) et La
vida mancha (2003 présenté aux Reflets
2004) avec No habrá paz para los malvados (%tre emprunté à un verset du prophète Isaïe), le meilleur film de sa carrière.
C’est une démonstra%on du meilleur thriller, avec tous ses composants : intrigue,
atmosphère, tension, violence... Pas de
longs dialogues ni d’explica%ons redondantes, peu importent les raisons des protagonistes ou les détails de l’intrigue. A
par%r de ce principe d’incer%tude, Urbizu
crée un climat d’inquiétude dans un pays
où règnent la corrup%on, l’inefficacité et
l’irresponsabilité. Cri%que d’un contexte
social en franche désintégra%on interne,
dans laquelle se place la violente descente
aux enfers de Trinidad, cet an%héros qui a
raté toutes ses chances, qui ne cherche
4
d’autre jus%ce que la sienne, guidé par un
ins%nct de survie qui trouve à peine une
raison pour con%nuer un jour de plus.
Urbizu nous propose une histoire vibrante,
dans laquelle son protagoniste se trouve
mêlé à une confronta%on avec un nombreux et dangereux groupe de délinquants, dans lequel se confondent colombiens et musulmans – trafic de drogues et
terrorisme jihadiste en in%me connexion-,
tout au long d’une persécu%on criminelle.
Un récit avare d’informa%on pour dévoiler
ses clés, qui se déplie avec brio et puissance, soumis à un rythme narra%f électrique qui, sans hâte ni précipita%on, laisse
peu de souffle au spectateur. Et une ambiance magistrale, aussi bien en intérieur
qu’en extérieur, qui s’adapte aux besoins
de l’histoire, qui marie la sordidité des basfonds - le territoire de Trinidad- avec
l’asepsie et la limpidité des espaces judiciaires et policiers – ceux de la juge Chacón
et le commissaire Leiva-, ce qui donne au
film une consistance visuelle notable.
No habrá paz para los malvados est surtout le superbe travail de composi%on que
José Coronado fait de son personnage :
Santos Trinidad, un inspecteur qui autrefois fut une figure importante de la brigade, mais qui est devenu un homme vaincu, perdu et vide à cause d’un sordide événement –dont on a peu de détails- et qui
un bon jour a décidé de meCre un terme à
son enfer et faire jus%ce lui-même. Il déteste le drama%sme, toute lumière qui
pourrait encore le suivre - il rejeCe sans
ménagement l’admira%on que lui mani-
feste dans un bar un jeune policier -. Coronado imprègne son personnage, dans un
tour de force à la seule portée des grands
acteurs comme lui, non seulement de ses
traits les plus évidents : la violence, la décep%on, le dégoût, la lassitude et la rage.
Son travail va plus loin et il est capable
d’introduire, de façon sub%le, tout ce qui
se cache dans l’ombre, que l’histoire ne
révèle pas mais qui cons%tue le moteur de
ses ac%ons : une douleur profonde et un
certain sens de l’honorabilité - policière
presque - qui échappe à ceux qui n’ont pas
vécu son expérience personnelle.
Irene Sánchez Miret
INÉDIT
Cinéma Le Zola
Samedi 22 mars à 19h
Lundi 31 mars à 16h30
Salsa Picante n° 2
LA SCENE PREFEREE DU FILM...
PAR SON REALISATEUR ENRIQUE URBIZU
«
J’ai eu beaucoup de mal à
la choisir, mais finalement
je choisirai la scène dans
laquelle Santos Trinidad et
la juge Chacón se retrouvent enfin, l’audi on vers la fin du film. C’est la première fois qu’ils se voient et ils ont une
confronta on d’environ 6 ou 7 minutes
qui me semble être le point vers lequel
confluent toutes les trames du film. D’un
côté tout au long du film la juge Chacón
reste immobile en posant des ques ons,
de l’autre Santos Trinidad n’arrête pas
d’aller et venir et dans ce"e scène ils
s’affrontent face à face tous les deux.
Dans ce"e scène on donne beaucoup
d’informa ons sur le passé de Santos
Salsa Picante n° 2
Trinidad, qui semble être quelque chose
que réclame l’histoire de façon permanente et on relie entre eux des points qui
étaient laissés en suspens tout au long
du film. Helena Miquel (la juge Chacón)
devait se mesurer à José Coronado, elle
qui était une débutante, et en même
temps son personnage ne devait pas se
laisser impressionner par le « monstre »
qu’elle avait en face. Aussi, on voit dans
ce"e scène comment Santos Trinidad a
préparé toute une série d’alibis qui lui
perme"ront de sor r libre de l’interrogatoire. Il ne dit pas tout ce qu’on lui
demande. J’aime beaucoup la fin, lorsqu’on lui rend son arme après la preuve
balis que qui ne prouve rien, il la ren-
gaine dans sa hanche comme dans un
western, je"e le sac en plas que par
terre dans un geste de mépris envers
l’autorité et sort en laissant la porte
grande ouverte et en disparaissant du
cadre. Je pense que les deux nerfs du
film sont dans ce"e scène.»
Propos %rés de www.elpais.com
et traduits par Irene Sánchez Miret
5
hipotesis
De hernán goldfrid
H
ernán Goldfrid confirme avec
ce deuxième long métrage la
construc%on d’une œuvre
caractérisée par le genre du
thriller et du policier. Avec Juan José
Campanella, réalisateur du film ayant
reçu le Goya et l’Oscar du meilleur
film étranger en 2010, Dans tes yeux,
tous deux construisent ceCe nouvelle
tendance du cinéma argen%n. Adapta%on du premier livre de l’écrivain
argen%n Diego Paszkowski in%tulé
Tesis sobre un homicido, le film repose sur une trame solide.
les ingrédients pour être une réussite. Le spectateur est saisi dès les
premiers instants et suit pas à pas
l’enquêteur qui par certains détails
ressemble à un certain Sherlock
Holmes. CigareCe et verre de whisky
à la main sont les détails que le spectateur interprétera comme les détails
significa%fs et nécessaires pour mener ceCe enquête et, paradoxalement, conduire le personnage dans
une profonde réflexion pour tenter
d’élucider ce crime.
Maëlle Parras
Roberto Bermúdez, avocat et professeur de droit pénal, est convaincu
que l'un de ses meilleurs élèves, Gonzalo, est l'auteur d'un meurtre commis au sein de la faculté de droit de
Buenos Aires. Prenant l’apparence
d’un crime parfait, Roberto entreprend une recherche minu%euse
remplie de rebondissements incessants qui vont le plonger dans une
véritable obsession, à l’affût du
moindre « détail » afin de découvrir
la vérité.
Interprété par le talentueux Ricardo
Darín, acteur incontournable du cinéma argen%n révélé interna%onalement dans son rôle de « jus%cier »
moderne à travers le film à succès
Dans ses yeux, Hipótesis a donc tous
6
RICARDO
DARIN
Filmo sélective
1998 - EL FARO
Eduardo Mignogna
2000 - NUEVE REINAS
Fabián Bielinski
2001 - EL HIJO DE LA NOVIA
Juan José Campanella
2002 - KAMCHATKA
Marcelo Piñeyro
2005 - EL AURA
Fabián Bielinski
2007 - XXY
Lucia Puenzo
2009 - DANS SES YEUX
Juan José Campanella
Cinéma Gérard Philipe - Vénissieux
Samedi 22 mars à 18h30
Cinéma Le Zola
Dimanche 23 mars à 10h
Ciné-Meyzieu - Meyzieu
Vendredi 28 mars à 20h30
Cinéma Le Zola
Dimanche 30 mars à 12h
2010 - CARANCHO
Pablo Trapero
2011 - EL CHINO
Sebas%án Borensztein
2012 - ELEFANTE BLANCO
Pablo Trapero
Salsa Picante n° 2
PELO MALO
De MARIANA RONDóN
Une histoire caraquena
S
amedi 22 mars nous allons vous présenter, en avant-première, le nouveau film de la vénézuelienne Mariana Rondón : Pelo malo.
Ce film est le troisième de la réalisatrice,
après A la media noche y media (qu’elle a
réalisé avec la péruvienne Marité Ugás) en
1999 et Cartes postales de Léningrad sor%
en 2007, ces deux œuvres ayant été présentées aux Reflets dont la première en présence de Mariana Rondón et Marité Ugás.
Les deux réalisatrices ont elles même créé
leur propre société de produc%on Sudaca
Films qui a produit la plupart de leurs réalisa%ons. Pelo malo a reçu le grand prix
(Concha de Oro) du dernier Fes%val de San
Sebas%án. Recevant son prix la réalisatrice
donne le ton : « j’ai fait ce film pour me
guérir de l’angoisse de voir tant d’intolérance dans mon pays. Penser différemment
des autres, désirer d’une autre manière, être
différent ne sont pas un problème, au contraire c’est ce qu’il y a de plus beau dans
l’être humain. ».
CeCe co-produc%on (Venezuela - Pérou Allemagne) raconte l’histoire de Junior, un
gamin de neuf ans qui vit avec sa mère,
veuve, et son pe%t frère encore bébé, dans
un quar%er populaire de Caracas. « C’est un
film totalement « caraqueňo ». C’est une
histoire très urbaine, filmée avec une pe te
équipe. Beaucoup de prises ont été faites
dans la rue » souligne Mariana Rondón. En
effet les premières images vont donner
l’ambiance générale du film. Nous sommes
là dans une grande barre d’immeuble, qui
n’est pas sans rappeler La cité radieuse de le
Corbusier, et nous comprenons rapidement
que la vie de ceCe famille %ent presque de
la survie. Peu de moyens, plus de travail et
des condi%ons précaires ; pourtant Marta la
maman se bat, prête à « presque tout »,
pour récupérer ce travail de gardienne dont
Salsa Picante n° 2
elle a été privée récemment. Quant à Junior, il a un gros problème : il ne supporte
plus ses cheveux bouclés, il les voudrait
lisses pour la photo de l’école « comme un
chanteur avec des cheveux lisses ». Car il
voudrait devenir chanteur de rock et s’habiller comme ses idoles de la télé. Sa pe%te
voisine, quant à elle, voudrait s’habiller
comme une vraie Miss Venezuela pour
ceCe photo.
La magie du film %ent en grande par%e à
l’excellence du jeu d’acteur, il est vrai fort
bien dirigé par Mariana Rondón. Le rôle de
Junior est tenu par Samuel Lange Zambrano,
rôle qu’il assume avec une incroyable facilité, tout à la fois triste, contempla%f ou sérieux. « Samuel a été le premier à passer
l’audi on pour le rôle. Nous avons vu plus de
cent autres enfants mais c’est vers lui que
nous sommes retournés, pour son intelligence, sa capacité incroyable à « voler » les
gestes des autres ». Quant à la mère, Marta,
elle est interprétée par Samantha Cas%llo,
jeune actrice de théâtre qui joue ici son
premier grand rôle de cinéma. « J’ai aimé
son énergie puissante et son éventail de
possibilité d’interpréta on. Samantha a eu
confiance en moi et elle est rentrée pleinement dans le rôle sans offrir de résistance et
cela s’est vu à l’écran ». Marta n’est pas
ceCe mère castratrice qu’on pourrait imaginer au premier abord avec ses regards de
reproche, voire de haine qu’elle lance à son
fils. Elle est aussi aimante et tendre, prête à
partager avec lui des moments de complicité. Elle est avant tout désespérée, avec la
peur au ventre de ne pas y arriver, ni de
« joindre les deux bouts » ni d’élever correctement son fils.
Enfin, à travers le ques%onnement de Junior, Mariana Rondón aborde le thème de la
recherche d’iden%té et de culture d’un gamin mé%ssé dans une société où les
« modèles » le sont beaucoup moins. D’où
viennent ses cheveux bouclés ? C’est auprès
de sa grand-mère qu’il cherchera des réponses, elle qui veut bien lui apprendre à
chanter.
Pelo malo a été tourné avec peu de
moyens, les premières scènes nous emmènent dans le brouhaha de ceCe ville tentaculaire qu’est Caracas. Les deux gamins,
Junior et sa pe%te copine d’école, sont sur
le balcon et de là ils observent, épient les
voisins d’en face. CeCe proximité qui s’installe fait brièvement penser à La ventana
indiscreta (Fenêtre sur cour) de Alfred Hitchcock, « il y a un peu de ça » avoue la réalisatrice. Mais Mariana Rondón s’est semble-t
-il beaucoup plus inspirée pour le scénario
du film, d’un travail qu’elle avait elle-même
réalisé en 2012 en temps qu’ar%ste plas%cienne : SUPERBLOQUE. CeCe « installa%on
vidéo » mise en place dans une salle d’exposi%on de Caracas permeCait à chaque spectateur à travers un filtre grossissant de voir
ce qui se passait dans une grande barre
d’immeuble en entrant (ou pas) dans l’in%mité des habitants. Le spectateur étant
alors libre de se transformer en « voyeur »
ou pas. « Pelo malo est construit des pe ts
gestes qui peuvent se transformer en une
agression plus grande ». C’est donc ces mul%ples regards, pe%ts ou grands, qui font de
Pelo malo une belle histoire sur l'appren%ssage d’un gamin de neuf ans à la vie, dans
une société marquée par l’intolérance.
Michel Dulac
AVANT-PREMIÈRE
Cinéma Le Zola
Samedi 22 mars à 21h
7
Entretien avec
Mariana rondon
qu’après on construise leurs personnages qui
entrent en conflit alors qu’eux-mêmes ont de
bonnes rela%ons. Dès lors, il a été possible de
travailler la violence sans que cela ne fasse de
mal à l’être humain en train de jouer le personnage.
Samuel a-t-il déjà vécu avec sa mère une
situa+on aussi difficile que celle vécue par
Junior dans le film?
Non, il s’agit d’une représenta%on. Ils ont très
bien travaillé en ayant à l’esprit en permanence que jouer un rôle dans un film est un
jeu. Je n’ai jamais %ré profit de la vie réelle,
des rela%ons… Au contraire, ils ont du travailler bien et beaucoup parce que leur vraie vie
était bien différente.
Tu vis au Venezuela?
N
ous connaissons Mariana Rondón
depuis son premier film qu’elle était
venue présenter avec Marité Ugás en
2000 aux Reflets du Cinéma ibérique
de Lyon-Villeurbanne. « A la media noche y
media, A minuit et demi (1999) », montrait
une grande vague menaçant de détruire une
ville et créaient une atmosphère oppressante
et mystérieuse. En 2013 elle réalise Pelo Malo
son quatrième film, qui ob#ent la Concha de
Oro (grand prix) au Fes#val de San Sebas#án.
Qu’as-tu fait depuis les “Cartes postales de
Leningrad”, réalisé en 2007?
J’ai produit un film in%tulé “El chico que
miente” réalisé par Marité Ugás. On procède à
tour de rôle : quand l’une produit, l’autre réalise… Si bien qu’elle a produit “Cartes postales
de Leningrad” et ensuite j’ai produit “El chico
que miente”. Ce film a été présenté à la Berlinale en 2011 et a eu un joli parcours. Là, on
vient encore d’interver%r les rôles pour “Pelo
Malo” et on le fera à nouveau pour le prochain film.
Oui.
qui en est beaucoup plus proche?
C’est difficile d’y faire des films?
En effet, je pense que la mère a un lien différent avec ses deux fils, elle n’a pas la même
rela%on avec le grand et avec le pe%t. Je
n’aime pas en parler ainsi au spectateur, qui
pourrait, en nous lisant, avoir des préjugés
avant même de voir le film. Il s’agit d’une rela%on conflictuelle avec une mère nécessiteuse,
qui vit dans la précarité, tout en essayant de
s’occuper de ses fils et de les protéger avec le
peu d’armes dont elle dispose, quiCe à être
parfois très maladroite.
Tu as situé ce film au moment de la maladie
d’Hugo Chavez ?
Non, c’est juste que ça faisait la une de l’actualité au moment où on filmait. De la même
façon que j’ai filmé les rues dans une op%que
documentaire, j’ai voulu produire le même
effet en montrant les télévisions, et c’était ce
qui passait à la télé au Venezuela à ce moment
-là. J’ai tenu à respecter ce moment de l’Histoire.
Ça faisait longtemps que tu voulais faire ce
film; “Pelo Malo”?
L’interpréta+on des personnages de Junior et
Martha est très belle…
Non, en fait il a vu le jour très vite : j’ai commencé à l’écrire dès la fin du tournage de “El
chico que miente”, et pendant qu’on faisait le
tour des fes%vals avec ce film. Il a donc été vite
écrit. Et comme c’est un film à pe%t budget, le
tournage n’a pas pris longtemps non plus.
Ça a été un travail très beau à mener. Je suis
restée presque trois mois enfermée à parler
avec les acteurs. Le travail s’est fait à par%r de
jeux qui nous ont permis, après des heures et
des heures, de construire ces personnages. Ça
a demandé un gros travail pour différencier la
vie de Samuel et Samantha de celle de Junior
et Martha, parce qu’il y a de la violence dans la
rela%on de ces derniers. Je voulais qu’en tant
que personnes, Samuel et Samantha puissent
se dis%nguer de leurs personnages, parce que
d’un point de vue éthique, cela ne m’intéresse
pas d’abuser des acteurs : je ne veux pas qu’ils
représentent leurs vies, mais celles de leurs
personnages. Nous avons donc passé beaucoup de temps à construire les personnages.
Samuel et Samantha ont une rela%on merveilleuse entre eux : ils sont très drôles, ils jouent
beaucoup et sont très bons amis. Ça a donc
été très beau, qu’ils deviennent bons amis et
Non. Il y a une loi du cinéma selon laquelle
tous ceux qui appar%ennent au milieu de l’audiovisuel sont obligés de payer un impôt. Cet
impôt sert à alimenter un fonds de concours
qui finance des projets. On soumet son projet
et s’il est sélec%onné, le film, à la fin du tournage, est assuré d’être distribué au moins
deux semaines dans les salles, de façon à lui
donner une bonne visibilité. C’est une aide
précieuse. Les films sont vus par de nombreux
spectateurs vénézuéliens et c’est merveilleux!
Caracas est une ville avec beaucoup de voitures.
Effec%vement, et pour cause, c’est un pays
producteur de pétrole : l’essence y est bon
marché, d’où le nombre important de voitures.
Comment est le quar+er où se situe l’ac+on
du film ?
En fait, ce sont plusieurs quar%ers différents,
grâce auxquels j’ai reconstruit un quar%er.
Tu as de nouveaux projets en ce moment?
Tu as reçu de l’aide de Berlin?
Oui, de World Cinema Fund et de Film Inicia%ve.
Tu as aussi bénéficié de “Cinéma en Construc+on”?
Oui, à Toulouse.
Depuis l’écriture, tu veux créer une dis+nc+on
entre les deux enfants : le plus grand, qui
reste un peu à distance de sa mère et le bébé,
8
On vient de terminer ce film, et on en prépare
un autre, réalisé par Marité. Mais bon, il est
trop tôt pour en parler, on vient à peine
d’achever celui-ci.
Quand allez-vous le tourner?
Quand on aura obtenu un budget pour le faire.
Mais on n’en est pas encore là!
Et tu as des projets en solo?
Celui-ci, Pelo Malo (rires). Mais je travaille
aussi dans les arts plas%ques, donc j’ai toujours des projets en simultané pour le cinéma
et pour les arts plas%ques.
Tu peux nous en dire plus ?
(Suite page 9)
Salsa Picante n° 2
(Suite de la page 8)
J’ai un projet d’art électronique, je travaille avec
la robo%que.
Qu’est-ce que tu fais avec ça ?
J’ai travaillé pendant 10 ans dans un très grand
projet de robo%que. C’est très simple mais aussi
très difficile à faire. Ce sont des robots qui font
des bulles de savon géantes, avec à l’intérieur
des projec%ons d’êtres qui sont des muta%ons
géné%ques entre humains et animaux. C’est un
laboratoire géné%que.
Tu as déjà exposé ?
Je l’ai exposé à beaucoup d’endroits, dont les JO
de Pékin, et aussi en Espagne, en Argen%ne, au
Chili. J’ai gagné le Prix “Vida ar%ficial” de la
Fonda%on Telefónica en Espagne. Ils m’ont
offert une tournée pour présenter mes travaux
pendant deux ans à travers l’Amérique la%ne.
Maintenant je travaille sur un projet d’expo, qui
n’est pas de la robo%que et que je vais présenter dans un bâ%ment où a été tourné le film.
Piedra papel o tijera
De hernán jabes
Le Hasard et l’absurditE
Tu as essayé de présenter ton exposi+on à la Piedra papel o #jera, le deuxième long méBiennale de Lyon ?
trage de Hernán Jabes, s’ancre dans la réalité
vénézuélienne d’aujourd’hui, où la corrup%on,
Non, je n’ai pas essayé, parce que ce n’est pas l’impunité, la brutalité et la mort minent la
comme un fes%val de cinéma où tu proposes société.
ton film. Il faut être choisi. Ça a l’air d’être pareil, mais en fait c’est très différent.
Selon son réalisateur, Piedra, papel o #jera est
un film qui touche au thème de la violence
Tu as un distributeur en France?
sans pour autant en faire le sujet principal.
Jabes nous propose une vision pessimiste de la
Oui, c’est Pyramide (qui sor%ra le film le 2 Avril
réalité vénézuélienne, faisant de la ville tenta2014).
culaire de Caracas un personnage à part en%ère. Le hasard %re les ficelles de l’histoire
Tu vas à Paris après Biarritz ?
dans une spirale de haine et de violence. Les
Non, je vais rentrer à Madrid, et ensuite j’irai au personnages se révèlent tels qu’ils sont au fur
fes%val de Londres, qui commence la semaine et à mesure de leur impuissance face à l’infidélité, le mensonge, la désespérance, l’injus%ce
prochaine.
et la mort.
Merci.
Aucun des protagonistes n’est complètement
Entre%en réalisé au Fes%val de Biarritz exemplaire ou innocent. Hernán Jabes ne
début Octobre 2013 par Alain Liatard cherche pas à créer une empathie quelconque
pour Espaces La%nos. vis-à-vis du spectateur, cependant Il fait de
Traduc%on Boris Chassaing Valen%na, le personnage le plus sensé de l’histoire, une vic%me innocente de la sauvagerie à
Pelo malo avait obtenu, quelques jours aupara- laquelle elle est confrontée.
vant la Concha de Oro au Fes%val de San Sebas%án.
Œuvre puissante, dure et complexe, Piedra
papel o #jera nous parle de l’absurdité d’une
. violence qui semble sans issue. Le spectateur
est happé par le rythme haletant de la mise en
scène et la brutalité des images. L’insécurité et
la mort submergent la société vénézuélienne…
Piedra papel o #jera est le nom d’un jeu infan%le guidé par le hasard. Et c’est le hasard qui
dévoile une trahison qui changera inexorablement la vie de deux familles. Le scénario, coécrit avec l’écrivaine et dramaturge ukrainienne, Irina Dendiouk, résidant au Venezuela,
Salsa Picante n° 2
se développe à par%r de la découverte d’une
infidélité dont les implica%ons affec%ves vont
peu à peu engluer tous les personnages dans
une immense toile d’araignée. Tous deviendront vic%mes ou bourreaux et parfois les
deux. L’enlèvement d’un enfant déclenche
l’alarme dans une société malade, s%gma%sée
par l’indifférence et l’intolérance. Le chaos
affec%f dans lequel s’enlisent Mariana et Hector, est la porte d’entrée d’une tragédie plus
ample qui raCrape Chris%an, un jeune qui doit
rembourser ses deCes à une bande de voyous,
lequel entraîne dans sa chute sa fiancée Valen%na et sa grand’mère Ángela. Elle raCrape
aussi les criminels et les policiers qui négocient
la rançon.
Avec une mise en scène efficace et sans concessions, Hernán Jabes nous fait une narra%on
envoûtante, fréné%que et sans pi%é. Un film
noir qui montre les ravages de la violence physique et affec%ve dans les rapports familiaux,
dans l’in%mité des êtres. Le film semble nous
poser la ques%on « Comment avons-nous pu
en arriver là ? Les personnages finissent fous
de douleur, d’angoisse, de peur, prisonniers de
la ville et de ses pièges. Jabes nous décrit une
société décadente où les hommes s’entretuent, broyés par les rouages de la corrup%on.
L’œuvre de Hernán Jabes est un coup de
poing, un aver%ssement, une tragédie urbaine
sur fond de violence sociale et poli%que. Un
film puissant, rehaussé par un travail de la
photo et de la bande son remarquables. Dans
sa noirceur il y a une lueur d’espoir : les enfants, leur innocence et leur avenir…
Homero Vladimir Arellano
INÉDIT
Cinéma Le Zola
Dimanche 23 mars à 12h
Lundi 31 mars à 19h
9
bresil
LES BRUITS
De recife
De kleber mendonça filho
B
ien que considérablement moins
représentée à l’écran que la très ciné
-génique Rio, la ville de Recife est le
théâtre de deux films à l’affiche de
ces 30es Reflets : Il était une fois Veronica
de Marcelo Gomes et Les bruits de Recife
de Kleber Mendonça Filho, qui ne sera l’objet que d’une unique séance. Si l’adjec%f d’
« unique » sied bien à la séance (et on peut
le regreCer), il colle encore plus parfaitement au film, tant celui-ci célèbre l’avènement d’un cinéaste qui- nous sommes prêts
à y meCre une poignée de réaux - va durablement marquer le cinéma brésilien.
Après plusieurs courts métrages (qui prenaient tous pour cadre sa ville), Kleber Mendonça Filho signe, avec Les bruits de Recife,
une première œuvre dont l’ac%on s’inscrit
dans le quar%er d’origine même du réalisateur : Setúbal. Une première œuvre peutêtre, mais pas celle d’un perdreau de l’année puisque, si s’en dégage l’audace d’un
premier film, il sent aussi la maîtrise maniaque, tant formelle que narra%ve, celle
des grands. Il est donc clair, dès les premiers
plans et l’entrée en ma%ère, que ce tardif
cinéaste de 46 ans, après pas mal d’expérimenta%ons dans le format du court métrage, ne nous arrive pas de nulle part et
sait où il veut aller.
Ainsi, un générique composé d’un montage
de vieilles photographies nous présente
déjà le personnage principal du film : le
passé et son héritage sur les personnages.
Mais nous y reviendrons plus loin… Après ce
générique, donc, finalement assez énigma%que et qui ne trouvera son réel sens qu’à
l’issue de la scène finale, Kleber Mendonça
Filho se propose de nous présenter toute
une galerie de personnages et de poser les
enjeux : Setúbal est un quar%er dominé par
une grande famille bourgeoise, déconnectée du reste de la ville et de ses habitants,
presque repliée sur elle-même, se rongeant
10
et se protégeant tout à la fois. CeCe famille
est elle-même menée par le patriarcal Francisco (sublime W.J. Solha !), dont tous respectent et craignent l’avis et les décisions et
qui, en passant, est quasiment propriétaire
de tous les immeubles et les commerces du
quar%er. Ainsi, quand une société de sécurité privée propose de prendre celui-ci sous
son aile, c’est à Francisco qu’elle doit demander l’autorisa%on de s’implanter. Cela
donne une scène impressionnante où Francisco nous apparaît pour la première fois.
Tout en découvrant un vieil homme respectable (avec de faux airs de John Huston), il
se révèle toutefois : tantôt bienveillant envers son pe%t personnel, tantôt hautain
voire menaçant (quand il s’agit d’imposer
l’immunité pour son psychopathe de pe%t
fils, Dinho) avec les agents quémandeurs. Il
est le maître du jeu, le puissant propriétaire
terrien sans scrupules qui dicte sa loi. On se
demande soudain si Howard Hawks n’aurait
pas, un jour et sur le tard, eu un rejeton
caché du côté de la pointe Est du Brésil…
Alors que, jusqu’à ceCe scène, nous é%ons
entrés assez classiquement dans l’histoire
par le biais de João, autre pe%t-fils de Francisco, l’implanta%on de l’agence de sécurité
privée va faire du spectateur un œil… et une
oreille. Des organes avec lesquels le réalisateur va jouer crescendo jusqu’au dénouement, une excita%on des sens qui va accentuer l’inquiétant enfermement sécuritaire
du quar%er et conférer au spectateur une
place de témoin / voyeur de moins en moins
confortable à mesure que les façades vont
se craqueler, les actes parfois inquiétants
des personnages se mul%plier (comme ceCe
scène incroyable où le vieux Francisco, en
pleine nuit et sous les regards incrédules
des agents de sécurité, court se jeter à la
mer) et les rêves et les fantasmes de certains faire resurgir des peurs ancestrales
(comme l’invasion d’un immeuble par ce qui
semblent être d’innombrables esclaves).
Du quar%er-royaume, nous ne sor%rons
quasiment jamais, excepté une fois, pour
une virée de João et de sa pe%te amie dans
la planta%on familiale où nous retrouvons
Francisco en maître des lieux. CeCe excursion sur les lieux même de l’origine de la
richesse de la famille donnera lieu à plusieurs séquences déterminantes : João qui
entend des bruits de pas au plafond d’un
bâ%ment désert de la planta%on, ou encore
João qui donne l’impression de se baigner
dans une cascade de sang.
Sous couvert d’un premier film, Les bruits
de Recife est une sa%re sociale, un western
moderne et urbain transpirant la luCe des
classes et la vengeance froide et, plus que
tout, la promesse d’un cinéaste fascinant
que le prochain opus, Bacurau, devrait consacrer comme un cinéaste brésilien majeur.
Laurent Hugues
Cinéma Le Zola
Dimanche 23 mars à 14h
Salsa Picante n° 2
Les sorcieres de zugarramurdi
D’alex
De la iglesia
7
bonnes raisons pour voir (ou pas) Les
sorcières de Zugarramurdi dans ceYe
salle (ou ailleurs)
1. Ton voyage d’étude sur l’importance de la
danse du cerf au moment du carême, en
janvier, en territoire Yaqui, pendant la courte
période où cet excellent film de Alex de la
Iglesia était visible sur les écrans des cinémas
français, t’a privé de la joie de profiter d’un
des meilleurs films espagnols sans avoir à
courir les fes%vals, où le risque de te déplacer dans un de ces nombreux pays d’Europe
en train de basculer dans le %ers monde est
grand; et tu n’as pas la pa%ence d’aCendre le
14 mai 2014 pour acheter le DVD, ou voir la
VOD sur ta box.
2. Tu as adoré regarder les 26 épisodes de la
série du même Alex : "Plutón B.R.B. Nero" sur
TVE en 2008 et en 2009, ou tu as réussi à les
voir et revoir sur " h"p://www.rtve.es/
alacarta/videos/pluton-brb-nero/ " parce
qu’ils contenaient, selon le réalisateur: "des
situa ons embarrassantes, des décors absurdes, des aliens ridicules, des massacres
gratuits aux rayons-laser, des personnages et
des situa ons totalement irréalistes …" ; tu as
flashé sur l’androïde de dernière généra%on
Lorna (Carolina Bang) ou sur l’extraterrestre
Roswell (Enrique Villén déjà présent dans la
plupart des films d’Alex de la Iglesia). Tu
souhaites les revoir en sexy sorcière Eva ou
en aCardé mental, serviteur de la grande
prêtresse Graciana dans Les sorcières de
Zugarramurdi.
3. Tu es un fan absolu de San%ago Segura
(splendide en disquaire sataniste de death
metal dans Le jour de la bête) depuis que,
dans les années 1990, tu as plongé dans la
luxure en compulsant les bandes dessinées
qu’il a publiées dans « El Víbora ». Tu as vu
tous les Torrente, et tu aCends le cinquième
avec impa%ence, même si tu préfères le premier, El brazo tonto de la ley, parce qu’il y
Salsa Picante n° 2
est machiste, raciste, franquiste, grossier. Tu
penses qu’il peut tout faire, tout jouer, prendre et perdre du poids, comme De Niro dans
Raging Bull pour coller à ses rôles. Mais là, il
va encore te surprendre ! Tu vas meCre cinq
bonnes minutes à le reconnaitre tout comme
son acolyte Carlos Areces (le clown triste de
Balada triste de trompeta).
4. Chaque fois que tu as des invités, que l’alcool libère tes pulsions élémentaires, tu ne
peux pas t’empêcher de leur repasser Une
nuit en enfer de Roberto Rodríguez. Tu vas
retrouver le même découpage, la même
énergie, ça fuse, se déchaîne, explose en
permanence et comme dans la « Chanson de
Rolland », le passage de la fron%ère francoespagnole au pays basque va tourner au
drame. On ne va pas te prendre la tête avec
la cri%que d’une société espagnole en déliquescence ou le côté guerre des sexes, mais
il y en a aussi quelques gros morceaux bien
placés et bien sen%s dedans, aux détours de
dialogues hilarants.
5. Au milieu des années 80, Erwan Kerdreux
un de tes potes, breton et cinéphage, t’a
trainé dans une rétrospec%ve de l’intégrale
des films d’Almodóvar (pas plus de six à
l’époque, Femmes au bord de la crise de
nerfs n’était pas encore sor%) et Carmen
Maura dans le premier long métrage de Pedro, Pepi, Luci, Bom et autres filles du quar#er, t’a paru divine et déjantée, tu as hâte de
la retrouver en sorcière en chef dans le dernier d’Alex de la Iglesia, elle avait déjà joué
sous sa direc%on dans 800 balles et Mes
chers voisins au début des années 2000.
6. Tu as bien moins de 18 ans, ta mère t’a
interdit de regarder Casper, le pe#t fantôme
parce qu’il y a des loups-garous, des vampires et bien d’autres choses qui empêchent
de dormir la nuit. Tu as bien lu l’aver%ssement : « des scènes, des propos ou des
images peuvent heurter la sensibilité des
spectateurs » et tu as décidé de passer outre,
la dame au guichet sera trop occupée, tu as
enfin une chance sous le prétexte de trouver
un sujet de conversa%on avec la charmante
lectrice hispanique de ton collège et de parfaire ta connaissance de la langue de Goya
peintre du « Sabbat des sorcières », de revoir
un de ces authen%ques films d’horreur espagnols dans la lignée du grand Jesús Franco
(Vampyros Lesbos ou Killer Barbys vus en
ca%mini chez ton pote le grand Kévin), malencontreusement disparu l’an dernier, pas
Kévin, Jesús, dont ce fes%val devrait nous
régaler d’une rétrospec%ve intégrale, plutôt
que des films argen%ns en noir et blanc
d’une tristesse infinie.
7. Tu adores le pays basque, tu as vu ici
même au Zola tous les films, documentaires
ou fic%ons, à propos de l’ETA, tu te dis que
Jorge Guerricaechevarría, le coscénariste,
avec un nom pareil, il va enfin te faire découvrir des aspects plus posi%fs de ce territoire.
Là tu vas être déçu, beaucoup de scènes
filmées de nuit, ou dans des groCes, voire
même au fond des chioCes. Un peu de piCoresque tout de même avec quelques receCes
de cuisine dont le rô% de marmot aux
pommes. Alors, de ce cinéma espagnol
d’horreur pareil à nul autre, tu en reprendras
bien un doigt !
Thierry Bonnet
Cinéma Le Zola
Dimanche 23 à 16h30
Samedi 29 à 14h
11
Yvy maraey
tierra sin mal
De juan carlos valdivia
L
e dernier film de Juan Carlos Valdivia,
cinéaste bolivien, est une quête, un
long voyage depuis La Paz jusqu'au
Chaco, un voyage sinueux, difficile et
accidenté dans le temps et dans l'espace,
dans l'histoire et ses représenta%ons, enfin
un voyage en soi même pour le protagoniste.
Plus le cinéaste blanc, interprété à merveille
par Juan Carlos Valdivia, réalisateur également du film (une performance qu'il n'a pas
eu à forcer d'après lui, tant il y a une part
autobiographique dans ce film), plus le karai, « le Blanc » en langue guarani, va parcourir l'espace physique, plus il va
« descendre » de La Paz pour se rendre dans
le Chaco, plus il va être confronté à des états
supposés être de plus en plus proches de ce
qu'il recherche : un état originel de
« pureté » indigène, comme ce qu'il en a vu
dans les films d'Erland Nordenskiöld tournés
cent ans auparavant. Ainsi, plus il descend
les Andes, son lieu d'origine, plus il remonte
dans le temps, vers les origines...
Sur la route, il rencontre des caminantes ces personnes qui cheminent le long des
voies et se font transporter par les véhicules qu'ils croisent – qu'il conduit jusqu'à
une ferme, puis à une réduc%on (en tous
cas, ce qui semble être une ancienne réduc%on) ; là, il découvre la vie des gens et la
fête, avec un chanteur qui interprète de la
musique baroque héritée du passage des
Jésuites. Mais la fête va bien vite révéler les
rancoeurs diverses mais tenaces qui sourdent dans le cœur des hommes et quand
l'alcool coule à flot, le danger n'est pas loin
pour le Blanc, l'étranger...
Andrès, après la fête, canalisatrice de la
violence sociale, va se retrouver dans une
autre réunion, une fête rituelle, plus proche
de l'état « authen%que » voire « naturel »
qu'il recherche... Il sera aussi confronté à
12
l'histoire et à sa ré-appropria%on par la jeunesse guarani lors d'une projec%on hallucinante de la bataille de Kuruyuki, le film qu'il
souhaitait réaliser en par%e...
Yvy Maraey dit aussi la magie de ceCe
langue, le guarani, qui - comme toutes les
langues - parle des hommes et raconte,
dans sa construc%on et dans ses mots, leur
vision du monde, leur rapport au monde, à
leur environnement, leur rapport aux autres
hommes... L'exemple du nous, inclusif ou
exclusif qui permet d'inclure au groupe ou
non, son interlocuteur - pronom personnel
que l'on retrouve dans toutes les langues
amérindiennes - est ici éloquent et illustre le
type de rela%ons possibles - ou encore
l'indis%nc%on de terminologie pour le bleu
et le vert - la différence ne s'est faite qu'avec
l'arrivée du cas%llan -. Ajoutons à cela que le
guarani, même s'il bénéficie d'une transcrip%on écrite, est avant tout une langue de
l'oralité.... et ainsi les histoires, les interroga%ons de tout un peuple, ces ques%ons, préceptes ou explica%ons du monde, rythment
le film comme une longue litanie et en sont
le fil. Enfin, la place de l'homme dans l'univers (« nous mourons pour briller ») et les
étoiles, les constella%ons qui illustrent les
mythes fondateurs des sociétés premières.
sa moi%é, son autre moi : l'Autre, le guide,
le Guarani : Yari !
Au bout de la route : le lien entre l'humain
et le sacré, le rite ini%a%que où l'homme
peut re-naître et donc devenir un homme,
quand il pense apercevoir – mais n'est-il pas
en état de confusion mentale, de transe ou
d'hallucina%on ? - ce qu'il est venu chercher
et qu'il traverse le miroir de la mort en tombant dans l'eau comme un Narcisse foudroyé, fasciné par sa propre image ?
Yvy Maraey est donc un chemin qui mène
du préjugé à la connaissance, de la naissance à l'Autre vers la re-naissance à soimême.
Il doit bien exister un temps pour les récits
des rêves en langue guarani...
Pascale Amey
Du conflit et donc de la révéla%on spontanée des sen%ments profonds naîtra l'accepta%on de ce qu'est l'autre mais aussi l'accepta%on de la force de l'esprit et de l'inexplicable, reliant à jamais deux personnes.
Plus le Blanc s'éloigne de son centre, de son
lieu d'origine, plus il perd ses aCributs de
blanc et ses repères culturels ; plus il se
confronte à la culture de l'autre, plus il remet en cause sa propre culture ou du moins
l'interroge, la ques%onne... Qu'ai-je à leur
apprendre sur eux mêmes alors que c'est
leur regard qui me construit ? Pour l'accompagner dans son cheminement, sur la voie :
INÉDIT
Cinéma Le Zola
Lundi 24 mars à 19h
Salsa Picante n° 2
Quelques mots
sur Haiti...
Assistance
mortelle
P
our comprendre le film Assistance
Mortelle de Raoul Peck, il est important de révéler le contexte dans lequel s’inscrit la réalité d’Haï% au moment du séisme du 12 janvier 2010. Le mot
Haï% est un des noms donnés par les habitants autochtones de l’île, les Taïnos, au moment de sa découverte par Christophe Colomb en 1492. Il signifie « terre de montagnes ». CeCe île a été le premier établissement de Christophe Colomb dans les Amériques. Il l’avait trouvée « merveilleuse » et
l’a rebap%sée « Hispañola ».
Mais ceCe île merveilleuse a subi au cours
des siècles des déboires successifs qui l’ont
accablée et conduite à la situa%on de pauvreté extrême que nous connaissons aujourd’hui. Le séisme de 2010 n’est que le dernier
épisode d’une triste série de catastrophes
causées aussi bien par la main de l’Homme
que par la Nature.
Voici quelques événements importants à
retenir :
1492 : Christophe Colomb découvre Haï% et
s’y installe. C’est le début de la colonie Espagnole. Les autochtones, appelés à tort
« indiens », sont mis aux travaux forcés et
sont rapidement exterminés. Un véritable
génocide ! Les Espagnols font venir des esclaves noirs d’Afrique pour les remplacer.
Pendant ce temps, des aventuriers Français,
flibus%ers et boucaniers, s’installent progressivement sur la par%e Ouest de l’île.
1697 : C’est le Traité de Ryswick par lequel
l’Espagne cède à la France le %ers occidental
de l’île qui prend le nom de « Colonie Française de Saint Domingue ». Pour favoriser la
culture intensive de la canne à sucre, la traite
des esclaves noirs devient massive et leur
nombre finit par aCeindre 10 fois celui des
colons et des affranchis à la fin des années
1790.
1791 : La révolte des Noirs éclate, consacrée
par la cérémonie vaudou du Bois Caïman.
1804 : Après une révolte sanglante, les esclaves noirs sont vainqueurs face à une armée de 30 000 hommes envoyée par Napoléon Bonaparte pour rétablir l’esclavage. Ils
proclament l’indépendance d’Haï% qui reprend ainsi son nom ini%al. Les Haï%ens construisent des forts pour se prémunir contre un
éventuel retour des Français, et réalisent
l’unité de l’île en envahissant la par%e Est de
l’île pendant 22 ans.
1825 : Charles X impose à Haï% une deCe de
150 millions de francs-or pour indemniser les
colons Français dépossédés de leurs terres
sous la menace d’une floCe de 14 navires de
guerre. Acculée, Haï% emprunte pour payer
et, pour financer ceCe deCe, lève des impôts
Salsa Picante n° 2
De raoul peck
qui vont anéan%r l’agriculture paysanne. En
même temps, les droits de douane sur les
produits Français sont quasiment annulés !
1957 - 1971 : Le Dr François Duvalier devient
Président de la République. Il installe un
régime très autoritaire et fait régner la terreur en s’appuyant sur une milice personnelle, les fameux « Tontons Macoute » (croque-mitaines).
1971 – 1986 : Jean-Claude Duvalier succède à
son père, François Duvalier, et devient à son
tour Président à vie. Il perpétue la dictature
ini%ée par son père et sera renversé par une
révolte populaire en 1986 et déporté en
France où il séjournera pendant 25 ans avant
de retourner en Haï% où il se trouve actuellement.
2004 : Après deux mandats comme Président
d’Haï%, l’ex-prêtre, Jean-Bertrand Aris%de est
renversé à le 29 février 2004 sous la pression
de la rue ainsi que de celle des pays dits
« amis d’Haï% » (France, USA, Canada). Aris%de est déporté en Afrique du Sud.
2006 : René Préval est élu une deuxième fois
Président d’Haï%.
2008 : Quatre cyclones ravagent l’île et ce ne
sont pas les premiers ! Haï% est balayée tous
les ans par plusieurs cyclones !
12 janvier 2010 : un tremblement de terre
majeur, de magnitude 7.0 sur l’échelle de
Richter, dévaste la région de Port-au-Prince.
Bilan : 300 000 morts, autant de disparus et
1,5 millions de sans-abris. L’aide interna%onale se mobilise et c’est précisément de
ceCe aide et de son échec dont il est ques%on dans le film Assistance Mortelle de Raoul
Peck.
Le 20 octobre 2010, une épidémie de choléra
éclate. Plus de 685 000 cas de contagion
parmi lesquels 7 550 décès ont été répertoriés à ce jour. Il a été prouvé par des experts
de différents pays (France, USA, …) qu’un
con%ngent Népalais de la Mission des Na%ons-Unies pour la Stabilisa%on en Haï%
(MINUSTAH) en est le vecteur. Mais l’ONU
refuse d’en reconnaître la responsabilité.
2011 : Entre les deux tours des élec%ons
présiden%elles, on assiste aux retours successifs en Haï% des anciens présidents en exil,
Jean-Claude Duvalier (en janvier) puis JeanBertrand Aris%de (en mars). Un chanteur,
Michel Martelly est élu Président avec 67%
des voix au 2e tour, après un premier tour
marqué d’innombrables irrégularités : assassinats, pressions exercées sur les électeurs,
urnes bourrées, d’autres urnes renversées
sur la chaussée. Mais la communauté interna%onale qui a payé une bonne par%e des
coûts impose l’accepta%on du premier tour
et l’organisa%on du 2e tour.
Octobre 2012 : Le cyclone Sandy ravage Haï%
et provoque de nombreux dégâts matériels.
Chronologie établie par Daniel Boisson - Administrateur de Lyon-Haï Partenariats
Haiti aujourd’hui c’est...
Président : Michel MARTELLY, ancien chanteur, soutenu par les USA.
Popula%on : 10,7 millions d’habitants dans le
pays et une diaspora d’environ 4 millions aux
USA, au Canada, dans les pays de la Caraïbe
et en Europe
Superficie : 27 700 km2
Monnaie et taux de change : La gourde soit 1
€ ~= 60 Gourdes
Salaire minimum journalier : 200 gourdes soit
environ 3,3 €
Taux d’analphabé%sme pour les personnes
de plus de 15 ans : 60 %
Taux de Chômage : officiellement 27,4 %
mais en réalité plus de 65 % étant donné
l’importance du secteur informel.
Suite à une instabilité poli%que, une force de
l’ONU, la Mission des Na%ons Unies pour la
Stabilisa%on d’Haï%, « MINUSTAH » occupe le
pays, avec environ 5.000 militaires et 2000
policiers.
Le film, Assistance Mortelle...
S’il était important de situer ce film dans son
contexte, nous préférons vous laisser découvrir par vous-mêmes ce film qui révèle une
réalité crue et souvent violente. Disons simplement qu’il s’aCache à démontrer l’immense gâchis de la manière dont ceCe aide,
qui a pourtant mobilisé les bonnes volontés
(Suite page 14)
13
(Suite de la page 13)
et la compassion de la planète en%ère, a été
détournée de ses objec%fs premiers et a souvent créé plus de problèmes qu’elle n’en a
résolus. Le film date de 2011, un an après le
séisme, mais les problèmes qu’il met en lumière sont encore bien présents aujourd’hui,
en 2014 !
L’association
Lyon- Haiti Partenariats
L’associa%on Lyon-Haï% Partenariats (LHP) a
été créée en 2011, partant précisément du
constat d’échec de l’aide interna%onale en
par%culier dans le cas du séisme du 12 janvier
2010 en Haï%. CeCe aide, indispensable dans
l’instant même du séisme, n’apporte cependant pas de solu%on durable à la reconstruc%on et au développement de la popula%on
locale. Notre réponse, à Lyon-Haï% Partenariats, est de faciliter les ini%a%ves locales qui
sont nombreuses et vivaces, par la mise en
place de partenariats entre les associa%ons de
bases en Haï% et les organisa%ons de la région
Lyonnaise désireuses de leur venir en aide.
Notre ac%on est également tournée vers l’accueil et l’aide aux étudiants haï%ens sur Lyon
et la région Lyonnaise.
Enfin, LHP fait par%e d’un réseau, le Collec%f
Haï% de France (CHF) qui mutualise les efforts
de 80 associa%ons et plus de 150 membres
individuels en France.
Pour plus de détails,
consulter le site de
l’associa%on Lyon-Haï% Partenariats :
hCp://lyonhai%partenariats.org/
Daniel Boisson
Cinéma Le Zola
Samedi 22 mars à 12h
Dimanche 23 mars à 19h
+ rencontre avec Daniel Boisson
CRISTO
REY
De leticia tonos
Une ile, deux mondes
C
risto Rey, le film de Le%cia Tonos, réalisatrice dominicaine, traite de la difficulté à
vivre ensemble pour les deux peuples
d'Hispanolia - devenue aujourd'hui respec%vement et séparément la République
d'Haï% et la République Dominicaine. Par le biais
d'une fable dans un quar%er populaire, les
amours impossibles entre un Haï%en et une
Dominicaine, véritables Roméo et JulieCe d'Hispaniola, Le%cia Tonos montre la difficile coexistence, le racisme quo%dien dont souffrent les
Haï%ens en République Dominicaine et l'inéluctable divergence des avenirs des deux peuples.
Elle écrit : « Sans aucun doute, les rela ons dominicano-haï ennes sont extrêmement complexes : deux peuples habitant le même territoire géographique, une île qui plus est. Cependant, nous ne pouvons faire l'erreur d'arriver à
en rer des conclusions simples et tranchées, en
nous basant uniquement sur des aspects purement économiques ou raciaux pour jus fier ce"e
complexité. Il y a quelque chose de beaucoup
plus profond que cela, bien enraciné dans la
nature de tous ceux qui partagent ce"e île. Un
élément important et souvent mal connu est que
la guerre d'indépendance de la République Dominicaine a été menée contre Haï . A l'inverse
des colonies d'Amérique, qui acquirent leur indépendance contre des pays aussi puissants que
l'Espagne ou l'Angleterre : la République Dominicaine, elle, a mené sa guerre d'indépendance
contre son voisin Haï , ce qui a eu de graves
conséquences, plutôt d'ordre social que polique. En 1822, neuf mois après la prise d'indépendance pacifique des agriculteurs et des commerçants dominicains à l'égard de l'Espagne, les
troupes haï ennes du Général Boyer – un mé s
né libre et éduqué en France – envahirent la
par e orientale de l'île. La première ordonnance
du Général Boyer fut l'aboli on de l'esclavage et
la restric on de l'u lisa on de la langue espagnole. Après 22 ans de mesures fiscales strictes
de la part des Haï ens et de nombreuses protesta ons de la part des Dominicains, le 27 février
1844, la République Dominicaine déclare la
guerre d'indépendance contre Haï . A par r de
ce moment-là et selon les périodes, les rela ons
entre les deux pays furent difficiles, voire extrêmement tendues. »
Ainsi le film Cristo Rey, va illustrer les difficultés
de cohabita%on et d'entente des deux « frères
ennemis » à travers l'histoire de Janvier, jeune
haï%en vivant dans le quar%er de Cristo Rey, un
quar%er très populaire de la capitale, Saint Do-
14
mingue ; celui-ci, qui s'est développé après la
mort de Trujillo, était la propriété personnelle du
dictateur. Il est connu pour sa croissance rapide
et parce qu'il est réputé pour abriter surtout des
révolu%onnaires, des trafiquants , des criminels
ainsi qu'une grande par%e de la communauté
d'immigrants haï%ens.
Ainsi, Cristo Rey raconte l'histoire de différents
personnages du quar%er – qui devient lui-même
un personnage - dont les vies vont se croiser et
s'entre-mêler : Janvier, l'Haï%en, noir, beau garçon, honnête, travailleur, bon comme le pain, de
mère haï%enne et de père dominicain, Rudy, son
demi-frère, dominicain blanc, jaloux et ex-pe%t
ami de Jocelyn, la sœur d'El Baca, le caïd du
quar%er, trafiquant cruel, physiquement repoussant et qui se cache quelque part dans la ville ;
ses sbires sont chargés de surveiller la belle,
charmante mais primesau%ère Jocelyn ; les policiers eux sont bêtes, méchants et corrompus !
Quant aux lieutenants d'El Baca, ils veulent toujours être califes à la place d'El Baca.... S'en suit
une guerre de gang où se mêlent les liens entre
la police et leur indicateur qui se trouve être
Rudy, le faux frère... qui lui-même est toujours
amoureux de Jocelyn, qui elle est tombée amoureuse de Janvier tandis qu'il était chargé de la
surveiller.... imbroglio des rues dans Cristo Rey,
imbroglio sen%mental, imbroglio policier... qui
ne peut qu'être fatal !
Si les personnages sont très typés, les rôles sont
clairs : le méchant, la belle, le traître, l'envieux,
le bon, l'infâme etc... et les acteurs surjouent un
peu, donnant au film une dimension théâtrale
dont Cristo Rey est la scène. Le début du film
d'ailleurs est éloquent à ce propos : les passants
et les habitants improvisent un chant et une
danse... qui laisse augurer sous des dehors
joyeux l'inquiétude et la tension sous-tendant le
film. Il faut donc prendre Cristo Rey pour ce qu'il
est : une parabole, celle d'une île et de deux
peuples... qui, s'ils semblent si proches, paraissent pourtant irréconciliables.
Pascale Amey
Cinéma Le Zola
Dimanche 23 à 21h
+ rencontre avec
Daniel Boisson
Salsa Picante n° 2
Un paraiso
PARA LOS MALDITOS
DE ALEJANDRO MONTIEL
D
ans Un paraiso para los malditos (Argen%ne, 2013) rien n'est
ce qui paraît.
Marcial (Joaquín Furriel), travaille
comme veilleur de nuit d’un dépôt
d’usine dans une banlieue grise de la
périphérie de Buenos Aires. De la fenêtre (référence hitchcockienne ?) il observe la rue, les allées et venues des
voisins, les emportements d’un groupe
de marginaux. C’est un taiseux, un bourru (il nous rappelle Un oso rojo de
Adrián Israel Caetano). Il ne laisse rien
transparaitre mais on devine une violence contenue… Il aCend, nous aCendons avec lui, quelque chose se prépare…
Il y a aussi une femme, présence fugi%ve, Miriam (Maricel Álvarez), chargée
du neCoyage de cet immeuble lépreux.
Elle espère quelque chose qui changera
sa vie.
Et dans la maison voisine il y a un vieux,
Román (Alejandro Urdapilleta) abandonné et malade, prisonnier de sa propre
folie.
Quand l’ac%on s’accélère, on comprend
qui est Marcial. Il porte bien son nom,
qui signifie guerrier. Héros tragique qui
accepte son des%n sans rien regreCer
(comme le dit la chanson finale de Piaf,
magnifique adapta%on et interpréta%on
de Florencia Arce), on le voit en même
temps se projeter dans une réalité qu’il
ne soupçonnait pas et qui va changer sa
Salsa Picante n° 2
vision du monde et sa percep%on des
choses, dans une sorte de rédemp%on à
laquelle fait référence le %tre du film :
un paradis pour les maudits…
Affectant une sobriété de bon aloi, le
film, tradi%onnel, est remarquable par le
jeu des acteurs et la photographie. Il
commence comme un thriller mais il
acquiert une tout autre dimension à
travers l’approche pudique et toute en
nuances de grandes ques%ons existen%elles : la solitude, la vieillesse, la décadence physique, la folie, la mort,
l'amour, la compassion. Ce n’est pas
pour rien que Fourriel, grand interprète
de Samuel BeckeC, a été choisi pour ce
rôle.
On sent que Alejandro Mon%el, le réalisateur, dont c’est le cinquième longmétrage, a mûri et a pris des risques.
Nous sommes loin de Extraños en la
noche, policier roman%que avec des
touches d’humour et de comédie musicale, film avec lequel il s’est fait connaitre dans le circuit commercial. Il mise
ici sur un tout autre registre, plus cru,
plus hermé%que et il ob%ent un résultat
dans lequel cohabitent le thriller psychologique et le drame philosophique.
Joaquin Furriel est un acteur de théâtre
et de télévision argen%n reconnu et plusieurs fois récompensé. Un paraiso para
los malditos est son premier film
comme protagoniste.
Maricel Alvarez est une interprète, cho-
régraphe et enseignante argen%ne. Son
premier grand rôle au cinéma arrive
avec Marambra, dans le film Biu#ful, du
mexicain Alejandro González Iñárritu
(Cannes 2010).
Alejandro Urdapilleta était un acteur
plusieurs fois primé, scénariste et auteur
né à Montevideo (Uruguay) de parents
argen%ns exilés. Il avait débuté sa carrière ar%s%que dans le centre Parakultural, qui était, dans les années 80, le paradigme de la culture underground de
Buenos Aires. Le public français a pu le
voir dans les films La niña santa de
Lucrecia Martel et Telepolis (%tre original La Antena) de Esteban Sapir. Il est
décédé à Buenos Aires en décembre
2013. Un paraiso para los malditos aura
été son dernier film.
Margarita Margini
INÉDIT
Cinéma Le Zola
Lundi 24 mars à 16h30
Dimanche 30 mars à 19h
15
El mudo
De daniel & diego vega vidal
La voix de la justice
emprunte des chemins tortueux...
A
n%pathique, sec, rigide,
Constan%no Zegarra est marié ; il est également le père
d'une fille adolescente qu'il
prétend protéger de son pe%t ami. Sa
vie est réglée comme du papier à musique et sa seule folie semble être la
douche qu'il prend avec son épouse,
une espèce de rituel qui %ent plus de
l'habitude que du piment sexuel...
Une vie calibrée, régulière, rythmée
par ses journées au tribunal, car
Constan%no Zegarra (interprété par
l'impeccable Fernando Bacilio) est
juge et se targue d'être incorrup%ble.
Mais bientôt une succession de grains
de sable vont venir gripper la machine si bien huilée de son existence.
Il y a d'abord la vitre fracassée de sa
voiture ; il pense immédiatement à
une vengeance de la part de la
femme dont il a refusé les tenta%ves
de corrup%on ; vient ensuite sa
«muta%on-reléga%on » dans le district de Mala, bien loin de Lima... et,
pour comble, un coup de feu l'aCeint
au cou et altère ses cordes vocales : le
voici devenu muet... ! A n'en plus
douter, il s'agit bien d'un complot,
quelqu'un lui en veut... Obsédé par
l'idée que quelqu'un souhaite le faire
disparaître, Constan%no Zegarra se
lance dans une (en)quête qui permet
16
aux frères Vega (Daniel et Diego) de
dresser un portrait sans concession
de la jus%ce, du système judiciaire
péruvien et de la poli%que. Psychorigide et monomaniaque, le pe%t juge
n'aura de cesse de découvrir le coupable et de démontrer les liens qui
existent entre « l'aCentat » et la tenta%ve de corrup%on dont il a été vic%me.
cun ne trouve grâce aux yeux des
spectateurs, ce qui permet finalement d'observer les agissements des
uns et des autres, comme l'on regarderait, détaché(e) mais fasciné(e), de
merveilleux poissons exo%ques dans
un aquarium.... Comment cela finira-t
-il ? Finalement qui veut la peau de
Constan%no Zegarra ?
Pascale Amey
Pour l'accompagner dans sa recherche de la vérité – il faut dire que
le fait qu'il soit devenu muet génère
des difficultés et des situa%ons incongrues - il doit s'acoquiner avec un
policier, qui semble être tout son contraire : hâbleur, menteur, ne crachant
pas sur les bakchichs, et visiblement
peu enclin à chercher la vérité car … il
faut bien le dire « les 800 personnes
condamnées par le juge lui en veulent ! »... oui mais... qui a souhaité sa
muta%on forcée à Mala ?
Le juge Constan%no Zegarra est donc,
loin d'être un héros malgré son incorrup%bilité, un homme désagréable,
peu aimé de ses collègues, de la famille « juridiciaire », de sa propre
famille ; les frères Vega réussissent ce
tour de passe passe incroyable : montrer des personnages tous tellement
désagréables ou malhonnêtes, qu'au-
AVANT-PREMIÈRE
Cinéma Le Zola
Lundi 24 mars à 21h
Salsa Picante n° 2
Les regards
22 films, 6 lieux / séances en entrée libre
Les Regards, sec%on « documentaire et courts métrages » des Reflets du Cinéma Ibérique et La%no-américain, vous proposent, ceCe année encore, une série de films inédits, étonnants et passionnants. Aux bibliothèques des 4e et 7e arrondissements, à la
Faculté Catholique, à l’Ins%tuto Cervantes à Lyon, et au Toï Toï Le Zinc à Villeurbanne.
Une programma%on complémentaire à celle de la sec%on Panorama, qui se propose de
poser un regard différent sur l’Amérique La%ne.
Vendredi 4 avril – 19h
au Toï Toï le Zinc - Villeurbanne
Clips musicaux de chanteurs chiliens d'aujourd'hui
Victor Jara presente, ahora y siempre ! (avant-première)
Samedi 22 mars – 14h30
à la bibliothèque du 4ème – Croix Rousse - Lyon
Sur les Braises (14h30)
Je suis José Mujica – le pouvoir est dans le cœur (16h30)
en présence des réalisatrices
Jordane Burnot et Maureen Burnot
en compagnie de Lucía Wainberg Sasson
Lundi 24 mars - 12h
à l’Amphithéâtre D2.01 - Faculté Catholique - Lyon
Daniel Vidart, un paysan éclairé (12h)
Graines de lumière – Semillas de luz (12h30)
Lundi 7 avril – 12h
à l’Amphithéâtre D2.01 - Faculté Catholique - Lyon
Momentos Prozac
Sur les braises
en compagnie de la réalisatrice Lucía Wainberg Sasson
Samedi 29 mars – 15h
à la bibliothèque du 7ème – Jean Macé - Lyon
De que vuelan vuelan
Mercredi 9 avril – 18h30
à l’Ins%tuto Cervantes – Lyon
Retour en terre mapuche
Rencontre (AFAL) et débat
en compagnie de la co-réalisatrice Myriam Bou-Saha
Lundi 31 mars - 12h
à l’Amphithéâtre D2.01 - Faculté Catholique - Lyon
Juste de l’eau (12h)
Aire Che ! (12h)
Lundi 14 avril – 12h
à l’Amphithéâtre D2.01 - Faculté Catholique - Lyon
Para los Pobres piedra
en présence de la réalisatrice Lucile Couvreur
MenosMasDiez (13h)
Mercredi 2 avril - 19h
à l’Ecole de Ges%on et de Commerce de l’Ain Bourg-en-Bresse
Les couleurs invisibles de BeneYon (19h)
Jeudi 17 avril – 18h30
à l’Ins%tuto Cervantes – Lyon
C’était un mardi 11…
en présence du réalisateur Rafael Gu#érrez
en présence du réalisateur Rémy Watrigant
Il n’y aura pas de Révolu#on sans chanson (20h)
en présence de la réalisatrice Mélanie Brun
Salsa Picante n° 2
17
Je suis jose mujica, le pouvoir est dans le coeur
regards
Lucia wainberg sasson
Q
uelques ques#ons à Lucia Wainberg
Sasson qui présente...
Je suis JosE Mujica
le pouvoir est
dans le cOEur
En avant-première pour les Regards 2014
En aCendant de rencontrer le public des Reflets et des Regards, Lucia a répondu à
quelques ques%ons :
Pourquoi vouloir faire un portrait de José
Mujica ?
J'ai rencontré José Mujica par hasard en 2005,
dans une ambassade, il est venu vers moi, je
ne savais pas qui c'était, j'ai eu la vision de la
nécessité de le filmer et, j'ai voulu suivre
l'évolu%on de vie sur un temps donné de cet
homme. Entre temps il est devenu président.
Ce n'était pas un vouloir, sinon une nécessité.
Je me suis rendue compte que j'avais enregistré tout le nécessaire pour faire un film sur
lui.
Quand on le rencontre personnellement, il est
très impressionnant, on a le sen%ment d'être
devant un moment d'Histoire et il est d'une
simplicité déroutante.
Un voyage poé%que au cœur du pouvoir ou
comment filmer la poli%que autrement ; un
regard sensible sur le devenir de la démocra%e. Ce film fait le portrait de José « Pépe »
Mujica, leader historique uruguayen, révolu%onnaire vivant, filmé caméra au poing, sur
un ton in%me et inaCendu ; une interview
personnelle qui se transforme en un message
universel pour l'avenir.
Inspirée par le texte de Hanna Arendt, "La
poli%que a-t-elle encore un sens ?", une jeune
femme interroge le devenir de la démocra%e
avec son regard. Le président iconoclaste
plante sa vision pour affronter le nouveau
millénaire avec créa%vité. Un document précieux, réalisé au cours des 8 dernières années.
18
Que t'inspire l'expression « le président le
plus normal du monde ? »
La spontanéité que Mujica exerce comme
awtude au sein du pouvoir, est juste sa manière d'être. En même temps, malgré les apparences de simplicité, je pense qu'il maîtrise
ceCe complexité.
En quoi penses-tu qu'il puisse inspirer les
jeunes généra+ons ?
Il donne confiance, il sème des valeurs : trouver le sens dans sa vie et de conquérir sa
liberté, il diffuse au fond un message de paix
pour ceux qui veulent bien entendre et garder uniquement sa par%e sage et posi%ve. Je
n'ai pas fait un portrait poli%que, c'est juste le
dessin de sa personnalité et le cœur de son
message dont j'ai fait la synthèse pour le
transmeCre.
Daniel vidart, le paysan eclaire
Graines de lumiere
Combien de temps pour écrire ce film, le
tourner, le monter ?
Ce film a été tourné, et s'est écrit au montage. Entre 2005 ou je l'ai filmé 1 fois et 2
autres fois où je l'ai croisé personnellement,
ils nous a fallu 2 mois avec Laura Lefevre, qui
habite à Lille, pour le monter. »
Au final, la poli+que a-t-elle encore un sens ?
C'est la ques%on de fond que pose le film.
Mujica n'est pas une solu%on, il n'est qu'un
exemple. Dans ce moment ou pour moi le
monde vit un vide de sens au niveau de l'offre
poli%que. Le sens dans la poli%que serait de
réintégrer l'humain au cœur du disposi%f et
non de laisser la soif de pouvoir régner, ce
serait réhabiliter l’éthique dans le pouvoir le
sens de la poli%que, comme le disait les anciens en Grèce. Je pense que Mujica nous fait
réfléchir sur ce territoire.
Il faut aussi prendre du recul, car c'est le discours de Mujica, la réalité de sa gouvernance,
c'est autre chose. D'autres films existeront làdessus.
Samedi 24 mars à 16h30
à la Bibliothèque du 4ème arrondissement
Croix Rousse - Lyon
En présence de Lucia Wainberg Sasson.
Daniel Vidart,
un paysan eclaire
Daniel Vidart est né à Paysandu, en Uruguay,
le 7 octobre 1920. Il est écrivain, citoyen du
monde, essayiste et poète. C'est un des pionniers de l’anthropologie uruguayenne.
Il a occupé plusieurs postes académiques
(Suite page 19)
Salsa Picante n° 1
(Suite de la page 18)
importants en Amérique La%ne et a reçu de
nombreuses dis%nc%ons lors des dernières
années. En 2007, à Montevideo, il est déclaré
citoyen illustre. A par%r de 2009, il est
membre de l'académie na%onale de leCres
d'Uruguay. Ses préoccupa%ons fondamentales portent sur les phénomènes contemporains. Ce film prolonge la rencontre avec un
immortel et nous donne la clé de sa jeunesse.
Graines de lumiEre
Semillas de luz
Graines de lumière est un voyage ini%a%que
dans un pays qui tente d'écrire sa propre
histoire. Comment raconter l'Histoire et
quelle histoire ? Qui peut l'écrire ? Que transmeCre ? À travers des témoignages sur la
tragédie humaine que sont les dispari%ons
causées par la dictature uruguayenne dans
les années 70, ce film transforme la réalité en
un long poème de lumière. Pensées poé%ques contre idées poli%ques ?
En aCendant de rencontrer le public dans
l'amphithéâtre D2.01, Lucia répond à
quelques ques%ons...
Pourquoi ce +tre ?
Comment as-tu connu Daniel Vidart ?
C'était mon voisin pendant les 3 ans où j'ai
habité en Uruguay. Un jour, un ami me l'a
présenté et, de fil en aiguille, est né l’idée
d'un film hommage en vie à sa personne.
Pourquoi faire le portrait de cet anthropologue uruguayen ? Quel intérêt cela peut-il
avoir pour le public français ?
Daniel Vidart a 93 ans ; il représente pour
moi un homme qui est inspirant pour tout le
monde au- delà des fron%ères par sa vitalité.
Il est aussi un érudit et a écrit sur de très
nombreux sujets qui concernent tout le
monde, en ce moment il est en train de théoriser sur la marijuana. Il est donc très contemporain, mais c'est aussi "un trésor na%onal vivant", peu connu à l'étranger. Je pense
que l'avenir de l'éduca%on a besoin de passeurs de connaissances qui inspirent, qui
mo%vent à apprendre, il représente cela.
A-t-il vu le portrait que tu as tourné de lui ?
Qu'en a-t-il pensé ?
Oui il l'a vu, il m'a dit qu'il avait apprécié.
Quelles difficultés as-tu rencontrées pour
faire ce film (écriture/temps de tournage/
montage) ?
J'ai tourné 30 heures, sur 3 ans, 1 h 1 fois par
semaine. Le protocole était de venir poser la
caméra dans la bibliothèque et de l'interroger sur un sujet.
Très souvent, nous parlions aussi du sujet sur
lequel il était en train d'écrire à ce momentlà.
Lundi 24 mars à 12h
à l’Université Catholique
Amphithéâtre D2.01 - Lyon
En présence de la réalisatrice
Salsa Picante n° 2
Il y a deux raisons d'être à ce %tre. D'abord
au départ le film devait s’appeler "Prison
Liberté", mais comme j'avais déjà u%lisé,
(c'était l'embryon de Graines de Lumière) il
fallait être précise ; je voulais qu'on change la
façon de percevoir un sujet par la façon de le
nommer ; Graines de Lumière est venu, qui
propose de voir le posi%f dans ce qui néga%f
afin de permeCre la possible transforma%on,
d'un individu, d'une société. Enfin, j'aime
imaginer l’idée qu'il existe à l'intérieur de
chaque cœur humain des signes à décrypter,
des graines de lumière, en les nommant, je
me suis dit que c'était le premier pas pour les
iden%fier et pour les voir se déployer. »
Graines de lumière semble être la suite logique de ton premier film (présenté aux
Regards il y a 7 ans), Carcel Libertad... peuxtu nous en dire plus ?
Je n'avais pas lu ceCe ques%on avant de répondre à la précédente ! C'est superbe, tout
s’enchaîne avec cohérence. Oui, j'ai con%nué
à poser mon regard sur la société uruguayenne, pour faire société, cela est l'engagement de ce film.
Le premier film était très personnel et partait
de mes interroga%ons pour aller vers le collec%f.
Dans Graines de lumière j'ai recons%tué une
constella%on familiale au niveau d'un pays,
j'ai créé une connexion entre toutes les généra%ons, et un débat entre deux être poli%ques qui ne débaCent pas dans la réalité.
Prison Liberté était un hommage pour les
familles qui n'ont pu dire au revoir à leurs
êtres chers.
poli%que par la poésie.
Graines de lumière propose la possibilité de
la résilience à un niveau individuel et collec%f. Mon souhait serait que d'autres pays
prennent ce film pour faire ce travail avec
leur culture. En ce sens c'est un format de
créa%on, un disposi%f, mais dont on peut
extraire un protocole pour trouver la façon
de révéler les moments d'histoires déniés.. »
Comment as-tu écrit le film, sur combien de
temps ?
Ce fut un très long processus qui commença
en 2005 et qui s'est révélé au montage par la
poésie comme trame. Le par% pris du film est
la voix poé%que pour suspendre le temps,
suspendre la voix. Ici on oppose la réalité
média%que, la parole humaine à la poésie
pour entendre la résonance de ces discours
et avoir un espace de réflexion.
Combien de temps a-t-il fallu pour le monter ?
Plusieurs mois, à peu près 4 mois, mais ceci
est une réponse rela%ve ; pour moi ce film
est vivant, en devenir, il s'éditera peut-être
un jour en noir et blanc et prendra encore un
sens plus profond.
Graines de lumière est un travail sur la suspension du temps et nous donne le passeport de citoyens du monde pour avoir le droit
d'interroger notre histoire en minuscule et en
majuscule au même temps.
Lundi 24 mars à 12h30
à l’Université Catholique
Amphithéâtre D2.01 - Lyon
En présence de la réalisatrice
Les trois séances des films de Lucia Wainberg Sasson sont en entrée libre.
Propos recueillis par Pascale Amey
Graines de Lumière prolonge ce geste, c'est
un manifeste, un film qui se propose comme
un droit de vote par le regard poé%que et qui
se veut être une autorisa%on offerte à
d'autres afin de produire leurs iden%té subjec%ve pour répondre aux failles du système
19
s
e
d
s
o
h
c
E
ds
r
a
reg
Est-ce la première fois que tu par+cipes
au Fes+val des Reflets ?
Oui, première fois.
Avant de te rendre à cet évènement
avais-tu des aKentes par+culières ?
J’avais lu le synopsis avant d’y aller,
mais je n’avais pas des aCentes par%culières.
Qu’est-ce qui re+ent ton aKen+on
dans ce fes+val ?
R
etour sur trois présenta%ons
la%no-américaines
inédites
organisées dans le cadre des
« Regards », quelques jours
avant le lancement officiel de la tren%ème édi%on ! Comment ça … ce n’est
pas vrai… vous n’é%ez pas là ? Alors en
exclusivité et parce que c’est vous je
vous récapitule les moments marquants !
C’est à la bibliothèque de la Croix
Rousse, située en plein cœur de la ville
des Gônes, que j’ai décidé de poser
l’ancre ce samedi 15 mars.
14h 1 minute et 3 secondes, tout le
monde re%ent son souffle… Ça y est ça
commence !
La réalisatrice Elvira Díaz nous fait
l’honneur de partager deux de ses
œuvres réalisées au cours de ceCe année.
de retour au pays natal avec sa fille, à la
recherche des traces du passé.
Suite à ces projec%ons émouvantes qui
meCent en évidence la réalité chilienne
actuelle, tout le monde est emporté par
la même émo%on. Un flot de ques%ons
envahissent et inondent les pensées
des spectateurs. Heureusement, le moment convivial d’échanges prévu par
Pascale Amey permet à Elvria Díaz de
répondre au mieux à toutes ces interroga%ons.
A l’issue du débat, je me faufile parmi
les spectateurs ayant assisté à l’évènement afin de recueillir en instantané
leurs réac%ons et vivre en direct, avec
eux, l’apport des Regards sur leur
propre vision de cet évènement historique. C’est donc à ceCe occasion que
j’ai eu le privilège de rencontrer :
20
Comment as-tu connu ce fes+val ?
L’année dernière j’ai vu des affiches
dans la ville.
Est-ce que tu vas profiter encore des
Reflets ?
Je vais assister à plusieurs séances de
films du fes%val et j’essaierai aussi d’aller voir les projec%ons de la sec%on
Regards.
Tout d’abord un moyen-métrage in%tulé VICTOR JARA N°2547 proposant le
touchant témoignage d’Hector Herrera,
un fonc%onnaire de retour au pays,
quarante ans après son exil en France,
pour avoir donné une dignité au corps
de l’un des célèbres opposants à la dictature chilienne, Victor Jara.
Deux heures plus tard, la réalisatrice
poursuit la présenta%on de son travail
par une œuvre encore plus in%me in%tulée Y VOLVERE. Le %tre annonce explicitement la probléma%que actuelle à
laquelle est confrontée la généra%on
s’étant exilée et la nouvelle : faut-il oublier ou revenir au pays ? Elvira Díaz
nous propose ceCe réflexion au regard
de sa propre famille, en évoquant la
situa%on de son oncle Porfirio Díaz,
exilé poli%que en France depuis 1974
Je suis Argen%ne et le film Y volveré m’a
par%culièrement émue, surtout pour la
proximité entre l’histoire de nos deux
pays voisins. En étant en France j’apprends beaucoup de l’histoire de l’Amérique du Sud, en rencontrant des gens
de plusieurs pays et en nous approchant grâce à notre langue commune.
C’est une richesse pouvoir partager
avec le monde notre histoire et réfléchir ensemble d’une réalité qu’aujourd’hui (au moins pour ma généra%on)
parait lointaine.
De ton côté est-ce que tu prends des
ini+a+ves pour promouvoir la culture
la+no-américaine ?
Je suis formatrice d’espagnol dans le
milieu professionnel, donc je pense que
j’ai la chance avec mon travail de promouvoir constamment la culture la%noaméricaine. Le cinéma est pour moi une
passion qui me permet aussi de partager des réflexions et goûts avec des
gens qui ne connaissent pas forcement
notre culture.
NOM : De Mar%no
Prénom : Julieta
Age : 31 ans
Na%onalité : Argen%ne
Profession : Enseignante
Mais l’après-midi réservait une autre
surprise. Je vous le raconte ici et maintenant parce que c’est vous et que vous
(Suite page 21)
Salsa Picante n° 2
(Suite de la page 20)
le valez bien ! A 17h30, j’ai pris l’air
argen%n grâce à l’exposi%on BuenosAires-Ushuaia. Une histoire argen ne,
en présence du photographe Vladimir
Slonka-Malvaud.
A travers une série de clichés récents,
réalisés entre juin 2011 et 2012, j’ai été
au contact de ces deux villes aux influences complétement différentes. La
première par%e de l’exposi%on présente un regard à la fois bienveillant et
cri%que sur Buenos Aires, s’éloignant
considérablement des préjugés. Le photographe n’a de cesse recherché des
instants insolites entre héritage et singularité, à Buenos Aires, ville en constante ébulli%on où le temps ne s’arrête
jamais…
L’exposi%on propose une deuxième
atmosphère opposée à celle de la capitale. Au contact d’Ushuaia, le photographe poursuit sa tâche, celle de proposer un regard loin des stéréotypes,
en nous proposant une vue intérieure,
plus in%me des habitants de la Terre de
feu, hors fronton de mer, en montrant
les pra%ques quo%diennes insolites de
ces derniers…
Suite à la présenta%on complète et détaillée du photographe, je me suis rapprochée des spectateurs pour obtenir
leurs réac%ons et… je ne peux pas vous
faire ça… je vous livre un témoignage
en par%culier.
ment ?
Etant assez cinéphile et très curieuse à
la base, je recherche dans ce fes%val à
être surprise. C’est l’occasion aussi de
me faire plaisir, et de prolonger la découverte sur les films la%noaméricaines qui sont présentés en inédit.
De plus, je considère que ce fes%val est
indispensable dans la société actuelle,
car il permet de sor%r des préjugés que
l’on peut avoir en par%culier sur la culture la%no-américaine. Cela permet
aussi de les meCre en valeur car elles
restent encore dans l’ombre, or il y a
des histoires et des manières d’interpréter le monde qui méritent une inten%on par%culière.
De ton côté est-ce que tu prends des
ini+a+ves pour promouvoir la culture
la+no-américaine ?
Peut-être je pourrais être plus ac%ve
sur ce point-là mais en tant qu’Espagnole je trouve que j’ai une responsabilité avec les diverses cultures qu’on
appelle culture la%no-américaine après
le dommage causé par la colonisa%on
et l’extermina%on des peuples indigènes.
Comment as-tu connu ce fes+val ?
La semaine dernière une étudiante m’a
donné un tract du Fes%val à l’entrée de
l’Université. Puis, j’ai trouvé le programme à la bibliothèque de la CroixRousse et là j’ai obtenu toute l’informa%on sur ceCe édi%on.
Est-ce que tu vas assister à d’autres
ac+vités proposées par le fes+val ?
NOM : Zuazua Mármol
Prénom : Oihane
Age : 22 ans
Na%onalité : Espagnole
Ac%vité : Etudiante Erasmus d’Anthropologie Sociale et Culturelle à l’Université Lyon 2, Licence 3 – Master 1.
Pour ta première par+cipa+on au fes+val quelle idée avais-tu de cet évène-
Salsa Picante n° 2
Oui, je vais assister à d’autres projec%ons des films que me semblent intéressants et découvrir les autres exposi%ons proposées. Je suis aussi en train
de me mo%ver pour aller à la « Fiesta
Grande ».
Maëlle Parras
PROCHAINS
RENDEZ- VOUS
DES REGARDS…
Samedi 22 mars à 14h30
à la Bibliothèque du 4e
Croix Rousse - Lyon
Sobre las brasas (14h30)
Je suis José Mujica… (16h30)
en présence de la réalisatrice
Lucia Wainberg Sasson
Lundi 24 mars à 12h
à l’Université Catholique
Amphithéâtre D2.01 - Lyon
Daniel Vidart, un paysan éclairé (12h)
Graines de lumière (12h30)
En présence de la réalisatrice
Lucia Wainberg Sasson
Les lieux des regards
Bibliothèque du 4ème arrondissement
Croix Rousse
2 bis rue de Cuire - 69004 Lyon
Anne Réty – tél. 04 72 10 65 41
Ouverture les mardi, jeudi et vendredi de 13h à
19h, le mercredi de 10h à 12h et de 13h à 19h et le
samedi de 10h à 18h.
www.bm-lyon.fr/
Bibliothèque du 7ème Arrondissement
Jean Macé
2 rue Domer - 69007 Lyon
Valérie Franco - tél. 04 78 96 48 30
Ouverture les mardi, jeudi et vendredi de 13h à
19h, mercredi de 10h à 13h et de 14h à 19h et
samedi de 10h à 18h
www.bm-lyon.fr/
Ecole de Ges#on et de Commerce de l’Ain
80 rue Henri de Boissieu - 01000 Bourg-en-Bresse
Ins#tuto Cervantes
58 montée de Choulans - 69005 Lyon
Nadia Mansouri – tél. 04 78 38 72 41
hCp://lyon.cervantes.es/fr/
Toï Toï le Zinc
17-19 rue Marcel Dutartre - 69100 Villeurbanne
David Michel – tél. 04 37 48 90 15
www.toitoilezinc.fr
Université Catholique de Lyon
Amphithéâtre D2.01 - 23, place Carnot - 69002 Lyon
Rémi Douzal – tél. 04 72 32 50 48
21
Favelas !
Exposition de peinture
de Florent Espana
Du mardi 18 mars au jeudi 3 avril
«
Florent Espana a souhaité répondre à
quelques ques%ons :
Quelle est votre forma+on ?
J'ai intégré l'école Emile Cohl (Lyon) et j'en
suis sor% diplômé en 2006. Je suis donc désormais peintre et illustrateur . Ar%ste peintre
professionnel depuis 2006, j'ai reçu au travers
de mon appren%ssage ar%s%que une éduca%on "classique" et des bases solides.
Les favelas, par leur densité,
sont des illustra ons du
monde dans lequel nous évoluons. Ma peinture reflète
une densité qui a a"eint son paroxysme,
un monde dans lequel chaque jour Pourquoi les favelas vous ont-elles intéressé ? Comment avez-vous procédé ?
l’homme est confronté à l’accumula on.
La superposi on de couches de peinture
sur la toile exprime ce"e densité. Elle est
pour moi synonyme de noirceur du fait du
sen ment d’oppression qui s’en dégage.
On dit souvent qu’en peinture le noir ne
devrait pas être u lisé car il n’est pas une
couleur, mais dans la réalité le noir finit
par être LA couleur, LA trace du temps.
Telle la suie, le noir érode nos villes. Les
hommes s’a"achent à ne"oyer ces traces
en exprimant leur génie. Les favelas reflètent le besoin de couleur : l’inten on colorée naît des graffi s, des logos, des acteurs du street art. Je m’a"ache alors à
res tuer la beauté de la favela et tel un
acteur de ce milieu j’y insère des symboles
issus de ma culture ar s que. »
Florent Espana
hCp://espanafavelas.blogspot.fr/
Je me suis d'abord concentré sur les mo%fs
urbains au travers de représenta%ons réalistes voire hyper-réalistes. Issu de la généra%on "graffi%" et aimant la peinture impressionniste, j'ai rapidement dérivé vers le mo%f
des favelas qui regroupent selon moi toutes
les probléma%ques que je souhaite aborder
dans ma créa%on : ques%onnement sur le
futur, l'évolu%on de l'Homme, la société…
La découverte des favelas fut un vrai tournant
dans ma créa%on. J'y incorpore aujourd'hui
tout un tas de différents graphismes et un
variété de techniques qui me permeCent de
m'exprimer librement et de créer mes
propres Favela. Bien au delà du bidonville, ce
"terrain" m'interpelle toujours et du fait de
son évolu%on permanente me permet
d'incorporer à celles ci de nouvelles données,
sources de références et symboles. »
Vous semblez très « préoccupé » par les
thèmes contemporains et urbains... violence,
street art, misère graphique des favelas...
pouvez-vous en dire plus ?
Les
probléma%ques
contemporaines
(violences, guerres, .etc.) sont pour moi un
terrain d'expériences et le témoin de mes
22
propres préoccupa%ons. Je ne suis jamais à
cours... notre monde offrant malheureusement de nouveaux exemples tous les jours.
Quelles sont les différentes techniques que
vous u+lisez pour vous exprimer graphiquement ?
Ma technique est libre et mixte, même si 80%
de mes créa%ons picturales sont à base de
peinture à l'huile, il m'arrive d'y incorporer
des médiums autres (Glycéro, acrylique,
encres...) à des fins graphiques. Je travaille
aussi parallèlement le dessin, crayons et stylos bille notamment. Une exposi%on de dessin au "bic" est en cours en ce moment à la
galerie du Eighty one Store dans le premier
arrondissement de Lyon. »
Vos projets ?
A par%r du 15 Avril vous pourrez découvrir
une exposi%on rétrospec%ve de mon travail
dans ma galerie personnelle qui se trouve à
Villefranche sur Mer au 17 rue de l'église !
Retrouvez toutes les infos sur mon site :
www.florentespana.com
A très bientôt ! »
Propos recueillis par Pascale Amey
Bibliothèque du 7ème – Jean Macé
2 rue Domer - 69007 Lyon
Téléphone : 04 78 96 48 30
Responsable anima%on : Valérie Franco
Horaires d'ouverture : mardi, jeudi, vendredi : 13h-19h / mercredi : 10h-13h et
14h-19h / samedi : 10h-18h
ENTRÉE LIBRE
Salsa Picante n° 2
Pendant
les REFLETS…
Kesk’
C
omme chaque année, Hispas se
glisse dans les coulisses du fes%val.
Pour ce deuxième numéro de Salsa
Picante, nous avons voulu vous
présenter un des acteurs ayant contribué à
la mise en place de cet évènement…
3,2,1… ACTION !!!
seulement, pour que des événements
comme celui-ci aient lieu.
Me sentant également concernée, aujourd'hui comme en 2011 (lors de ma première
expérience en tant que bénévole), il est
important pour moi de m'impliquer afin
que les manifesta%ons culturelles comme
celle-ci puissent con%nuer d'avoir lieu et
parvenir à toucher un public à chaque fois
un peu plus important.
Qu’est-ce qui t’as marqué dans l’organisa+on du fes+val ?
NOM : González Figueroa
Prénom : Alondra
Age : 21
Na%onalité : Française
Ac%vité : Étudiante
Est-ce la première fois que tu par+cipes à
un fes+val ?
Son côté associa%f, dans le sens posi%f du
terme, qui se fait ressen%r par sa volonté
de travailler en prenant réellement en
compte les demandes de son public et en
travaillant conjointement avec celui-ci.
Pour autant c'est un fes%val qui fonc%onne
très bien et je pense que c'est bien là la
preuve qu'il existe une alterna%ve au cinéma sensa%onnaliste qui nous est aujourd'hui proposé par les grosses produc%ons.
En 2011 j'ai par%cipé au Fes%val des Reflets
en tant que bénévole. J'étais à l'époque
étudiante en 1ère année LLCE espagnol et
c'est grâce à l'Université Lumière Lyon II
que j'ai pris connaissance du Fes%val des
Reflets pour la première fois. J'ai par la
suite été spectatrice, mon emploi du temps
ne me permeCant pas de m'inves%r d'avantage. CeCe année, pour mes études, il m'a
été demandé d'effectuer un stage et c'est
naturellement que je me suis tournée vers
le Fes%val des Reflets qui a été pour moi un
bon moyen de concilier études et intérêt
personnel.
Pourquoi ceKe implica+on te semble importante ?
Le cinéma ibérique, mais surtout la%noaméricain est un cinéma qui reste, aujourd'hui encore, trop peu exploité en France,
et qui pourtant gagnerait vraiment à être
connu. A mon sens le Fes%val des Reflets
est un des événements majeurs à Lyon
par%cipant à la promo%on de la culture
hispanique via son cinéma et je crois qu'il
existe une vrai demande de la part de la
communauté la%no-américaine, mais plus
Salsa Picante n° 2
Samedi 22 mars à par%r de 19h
Peña à l’AFAL … pour discuter entre deux
films des Reflets….
AFAL
11 bis rue Léon Chomel – Villeurbanne
www.afal.fr
AMANDO RISUEÑO
Samedi 22 mars à 20h30
Amando Risueño, guitariste
Si le coeur de son répertoire se concentre
sur la tradi%on du tango canción, sa recherche ar%s%que comprend également
l'étude et l'interpréta%on d'autres musiques d'Amérique du Sud, comme la zamba, la chacarera, le carnavalito ou encore le
candombe.
Puerto Argen#no
20 rue de la Rize - 69003 Lyon
Tél. : 04 27 44 66 42
Comment as-tu connu ce fes+val ?
DEIXA ROLAR
Comme men%onné ci-dessus j'ai connu le
fes%val grâce à un appel à bénévole diffusé
par l'Université Lumière Lyon II, lors de
l'édi%on de 2011.
lundi 24 mars à 21h30
Deixa Rolar joue aux Valseuses
Les valseuses
1, rue Chappet 69001 Lyon
www.valseuses.com
Non
As-tu déjà par+cipé au Fes+val des Reflets ?
PEÑA A L'AFAL
De ton côté est-ce que tu prends des ini+a+ves pour promouvoir la culture la+noaméricaine ?
Mes parents étant chiliens la culture la%noaméricaine fait par%e intégrante de mon
quo%dien et c'est quelque chose qu'il est
important pour moi de promouvoir et de
partager avec mon entourage. Au terme
de mes études j'aimerai me tourner vers la
traduc%on liCéraire, de l'espagnol au français. Les ar%stes la%no-américains, qu'ils
soient cinéastes, écrivains, peintres ou
musiciens, ont encore beaucoup de choses
à nous apprendre, et j'espère vraiment
pouvoir un jour par%ciper à la diffusion de
ceCe culture.
Maëlle Parras
RENCONTRE A L'AFAL
Jeudi 27 et vendredi 28 mars à par%r de 19h
Rencontre autour d’un verre de vin chilien
et d’empanadas dans le local de l’AFAL…
pour discuter entre deux films des Reflets.
AFAL
11 bis rue Léon Chomel
69100 Villeurbanne
www.afal.fr
DEIXA ROLAR
Vendredi 4 avril à 20h30
Concert Deixa Rolar
MPB : musique populaire brésilienne... pour
réviser ses classiques avec quatre joyeux
drilles !
Toï Toï le Zinc
17-19 rue Marcel Dutartre
69100 Villeurbanne
www.toitoilezinc.fr
23
26
Salsa Picante n° 2
Latino connexion
Los minut
os Une aventure de Loulou et charles
picantes
Depuis deux ans, vous sont proposés,
avant les séances de 21h au cinéma Le Zola, des
rencontres insolites, entre des pe%tes (par la taille)
forma%ons musicales et un public de cinéma. Ou
comment accueillir des spectateurs par des notes,
des paroles, des rythmes, avant que les lumières
ne s’arrêtent et qu’une nouvelle histoire ne commence à l’écran. Une manière originale et belle de
se présenter les uns les autres, et de commencer
ensemble la soirée…
Samedi 22 mars
VIEJA VIOLA
(duo de guitares tango)
avant la projec%on du
film PELO MALO
Vieja Viola naît de la
rencontre de deux
guitaristes, Oriol Marznez Codinachs et Noémie Beauvais, aux trajectoires bien différentes : l'un issu d'une forma%on jazz, l'autre
du classique. Au cours de leurs recherches et
curiosités musicales, ils se retrouvent sur le
répertoire des musiques tradi%onnelles argen%nes. Pe%t à pe%t leur répertoire
s’oriente vers le tango de l'époque de la
"Guardia Vieja", celle où la guitare avait le
rôle principal. On y entend des échos des
grandes forma%ons de l'époque comme celle
de Roberto Grela ou les forma%ons des chanteurs de la taille de Carlos Gardel et Roberto
Goyeneche, ou encore de plus actuelles
comme celles du Palermo Trio et Ciro Pérez.
Derniere minute
Afin d’assurer un temps de rencontre suffisamment important avec la réalisatrice
Marcela Said, le lundi 31 mars à 21h, le
court métrage TOUT CE QUE CE TU NE
PEUX PAS LAISSER DERRIERE TOI a été déplacé et sera diffusé en avant-programme
de l’avant-première du film MATAR A UN
HOMBRE le jeudi 27 mars à 21h au Zola.
Merci pour votre compréhension.
Salsa Picante n° 2
Le fâcheux Loulou, tout juste libéré par
les Talibans, a remis ça. Et le voilà, maintenant affublé d’un sombre comparse, qui
va tenter de démanteler une La+no Connexion aux Reflets. Vous connaissez la
canción, « toute ressemblance avec des
personnes existant ou ayant existé »...
2. argentine
A
u Paraguay, notre couverture
n'était pas bonne et les flics
nous ont immédiatement
repérés. Les flics et les militaires ne sont pourtant pas pour nous
les plus dangereux. Ils sont tellement
corrompus qu'il nous est facile de les
acheter. Et puis avec l'associa%on des
amis du Zola nous sommes habitués à
tout. Venez faire une réunion avec
nous et vous n'aurez plus peur des
flics, des gangs ou des narcotrafiquants. Je défie le plus redoutable des
parrains d'assister à l'assemblée générale sans craquer. De toute façon, pour
notre périple, nous ne manquons pas
d'argent grâce aux valises pleines que
nous envoie régulièrement Laurent (il
traficote avec Jérémie le caissier). Malgré tout notre argent et nos jérémiades, les autorités paraguayennes
n'ont pas tardé à nous remeCre dans
l'avion.
des liasses d'emprunts franco-russes
et de chèques-cadeaux au fond de
bouges mal famés. Entre deux par%es
de poker enfumées, nous apprenons
que de grands champs de coca se cachent au nord du pays, à la fron%ère
de la Bolivie. Aussitôt, nous entreprenons de par%r à leurs recherches.
Charles ne doute de rien, et il décide
de nous faire traverser le pays à pied :
- Nous serons plus discrets, ils vont
nous prendre pour des pèlerins !
Depuis qu'il a fait le chemin de Compostelle, il nous saoule avec ses randonnées, c'est de la folie.
Malgré mes réserves, il s’entête et
nous partons à la recherche de gros
emmerdements.
Après avoir erré en vain pendant des
jours, nous nous résignons à aller demander de l'aide à nos contacts, qui
nous reçoivent comme des amis :
Alors nous décidons de tenter notre
chance en Argen%ne où nous avons
une poignée d'adresses. C'est incroyable le nombre de membres de
l'équipe ayant des contacts véreux en
Amérique La%ne. Tous ces gens que
vous croisez à la caisse, dans le hall ou
aux entrées et à qui vous donneriez le
Bon Dieu sans confessions, ne sont en
fait que de dangereux trafiquants.
CeCe fois, pas ques%on de nous faire
piéger et nous allons chercher ce que
nous voulons par nos propres moyens.
Nous n'irons voir les amis que si le
besoin s'en fait sen%r.
Charles est un compagnon de voyage
très agréable si ce n'était sa passion
du jeu. Chaque nuit, nous claquons
A suivre !!!
Photos rées du film argen n
UN PARAISO PARA LOS MALDITOS
d’Alejandro Mon el
Lundi 24 mars à 16h30 &
dimanche 30 mars à 19h
Ont participé à Salsa Picante 2 : Pascale Amey, Homero Vladimir Arellano, Daniel Boisson, Thierry
Bonnet, Bernard Corneloup, Annie Damidot, Michel Dulac, Loulou Esparza, Laurent Hugues, CharlesFrédéric Lemaître, Margarita Margini, Maëlle Parras, Irene Sánchez Miret
25
HIPOTESIS
(1h46 / vostf)
UNA NOCHE
(1h30 / vostf)
DIM 30
MER
2/04
Avril
MAR.
1/04
LUN 31
A MEMORIA QUE ME CONTAM
(1h35 / vosta)
INEDIT
LE CHEMIN
(1h30 / vostf)
SAM 29
VEN 28
JEU 27
MER 26
MAR. 25
LUN 24
AYER NO TERMINA NUNCA
(1h38 / vostf)
AVANT-PREMIERE
CANNIBAL
(1h56 / vostf)
LES SORCIERES DE ZUGARRAMURDI
(1h51 / vostf)
LA DISTANCIA MAS LARGA
(1h53 / vostf)
INEDIT
LES BRUITS DE RECIFE
(2h11 / vostf)
PIEDRA PAPEL O TIJERA
(1h45 / vostf)
INEDIT
HIPOTESIS
(1h46 / vostf)
DIM 23
18h30
Un lugar mejor (cm / 4')
Buenos Aires (cm / 12')
IL ÉTAIT UNE FOIS VERONICA
(1h32 / vostf)
WORKERS
(2h / vostf)
A MEMORIA QUE ME CONTAM
(1h35 / vosta)
INEDIT
CARNE DE PERRO
(1h21 / vostf)
PIEDRA PAPEL O TIJERA
(1h45 / vostf)
INEDIT
UN PARAISO PARA LOS MALDITOS
(1h23 / vostf)
INEDIT
MEJOR NO HABLAR
(DE CIERTAS COSAS)
(1h40 / vost anglais)
INEDIT
CANNIBAL
(1h56 / vostf)
RIO 2096 : UMA HISTORIA
DE AMOR E FURIA
(1h15 / vostf) AVANT-PREMIERE
Meu amigo Nietzsche (cm / 15')
EL TIO
(1h30 / vostf)
INEDIT
+ rencontre avec le comédien
L'ÉTÉ DES POISSONS-VOLANTS
(1h27 / vostf) AVANT-PREMIERE
+ rencontre avec la réalisatrice
LES DROLES DE POISSONS-CHATS
(1h27 / vostf)
AVANT-PREMIERE
HELI
(1h45 / vostf)
AVANT-PREMIERE
Coléra (cm / 8')
CON LA PATA QUEBRADA
(1h23 / vostf)
AVANT-PREMIERE
+ rencontre avec le réalisateur
MATAR UN HOMBRE
(1h40 / vostf)
AVANT-PREMIERE
Tout ce que tu ne peux pas laisser… (cm / 38')
Un lugar mejor (cm / 4')
AYER NO TERMINA NUNCA
(1h38 / vostf)
AVANT-PREMIERE
MELAZA
(1h20 / vostf)
AVANT-PREMIERE
+ rencontre
LES SŒURS QUISPE
(1h30 / vostf)
NO HABRA PAZ PARA LOS MALVADOS
(1h44 / vostf)
INEDIT
Democracia (cm / 11')
UNA PISTOLA EN CADA MANO
(1h35 / vostf)
AVANT-PREMIERE
UNA NOCHE
(1h30 / vostf)
+ rencontre
EDIFICIO ROYAL
(1h29 / vostf)
INEDIT
EL MUDO
(1h26 / vostf)
AVANT-PREMIERE
EDIFICIO ROYAL
(1h29 / vostf)
INEDIT
Solecito (cm / 20')
UNA PISTOLA EN CADA MANO
(1h35 / vostf)
AVANT-PREMIERE
Democracia (cm / 11')
LE MEDECIN DE FAMILLE
(1h33 / vostf)
7 CAJAS
(1h45 / vostf)
AVANT-PREMIERE
EL TIO
(1h30 / vostf)
INEDIT
UN PARAISO PARA LOS MALDITOS
(1h23 / vostf)
INEDIT
Buenos Aires (cm / 12')
LES SORCIERES DE ZUGARRAMURDI
(1h51 / vostf)
YVY MARAEY (TIERRA SIN MAL)
(1h45 / vostf)
INEDIT
NO HABRA PAZ PARA LOS MALVADOS
(1h44 / vostf)
INEDIT
LA DANZA DE LA REALIDAD
(2h10 / vostf)
ASSISTANCE MORTELLE
(1h36 / vostf)
IL ÉTAIT UNE FOIS VERONICA
(1h32 / vostf)
SAM 22
CRISTO REY
(1h36 / vostf)
+ rencontre
PELO MALO
(1h35 / vostf)
AVANT-PREMIERE
YVY MARAEY (TIERRA SIN MAL)
(1h45 / vostf)
INEDIT
CARNE DE PERRO
(1h21 / vostf)
VEN 21
ASSISTANCE MORTELLE
(1h36 / vostf)
+ rencontre
TANTA AGUA
(1h36 / vostf)
AVANT-PREMIERE
REVES D'OR
(1h42 / vostf)
WORKERS
(2h / vostf)
JEU 20
LE CHEMIN
(1h30 / vostf)
LES HEURES CREUSES
(1h40 / vostf)
AVANT-PREMIERE
7 CAJAS
(1h45 / vostf)
AVANT-PREMIERE
LE MEDECIN DE FAMILLE
(1h33 / vostf)
LES SŒURS QUISPE
(1h30 / vostf)
MER 19
21h
Soirée d'ouverture
LA DISTANCIA MAS LARGA
(1h53 / vostf) INEDIT
+ rencontre avec la réalisatrice
19h
18h30
16h30
12h
Cinéma Le Zola
14h
10h
grille des programmes
Attention, des scènes peuvent heurter la sensibilité
des spectateurs
séances non ouvertes aux
invitations
FIESTA DES 30 ANS DES REFLETS
LE TRANSBORDEUR / 20h30
Meyzieu / Ciné Meyzieu
20h30 : HIPOTESIS (1h46 / vostf)
Meximieux / Cinéma L'Horloge
20h30 : RÊVES D'OR (1h42 / vostf)
Vénissieux / Cinéma Gérard Philipe
18h30 : HIPOTESIS (1h46 / vostf)
20h30 : tapas + animation musicale
21h : GLORIA (1h50 / vostf)
Bron / Cinéma Les Alizés
20h30 : 7 CAJAS (1h45 / vostf)
AVANT-PREMIERE
Séances
délocalisées

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