salsa picante 2.pub - Festival Les Reflets du cinéma Ibérique et
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salsa picante 2.pub - Festival Les Reflets du cinéma Ibérique et
salsa PICANTE © Pascale Montandon-Jodorowsky Sommaire Le journal des reflets > numéro 2 > samedi 27 mars 2014 La danza de la realidad / p. 2 Le chemin / p. 3 No habra paz para los malvados/ malvados/ p. 4 La scène préférée d’Enrique Urbizu / p. 5 Hipótesis / p.6 Pelo malo : une histoire carqueña / p. 7 Pelo malo : entre#en avec Mariana Rondón / p. 8 Piedra papel o #jera : le hasard et l’absurdité / p. 9 Les bruits de Recife / p. 10 Les sorcières de Zugarramurdi / p. 11 Yvy Maraey / Tierra sin mal / p. 12 Assistance mortelle : quelques mots sur Haï# / p. 13 Cristo Rey : une île, deux mondes / p. 14 Un paraiso para los malditos / p. 15 El mudo / p. 16 Les Regards à venir / p. 17 Les Regards : Lucia Wainberg Sasson / p. 18 Echos des Regards / p. 20 Les expos : Favelas ! de Florent Espana / p. 22 Kesk’Hispas # 2 / Pendant les Reflets / p. 23 Les minutos picantes / La#no Connexion # 2/ 2/ p. 25 La grille des programmes/ programmes/ p. 26 La danza de la realidad CHILI D’alejandro jodorowsky Une sarabande douce- amere L orsqu’au Fes%val de Cannes 2013 le film La Danza de la Realidad est présenté dans le cadre de la Quinzaine il provoque grande émo%on dans le landernau de la cri%que cinématographique… Jodorowsky, vous savez cet extravagant qui a réalisé El Topo, La Montagne Sacrée, Santa Sangre, qui n’avait rien fait au cinéma depuis 23 ans !!! (certains ont dû ajouter « grâce au ciel »…) Et on parle, à propos du film « d’autobiographie imaginaire » , d’une « réalité qui danse au gré de ses souvenirs, réels ou imaginaires » ( Télérama) C’est en effet de l’enfance de Jodorowsky dont il s’agit, une enfance bien réelle évidemment, dans la pe%te ville de Tocopilla, au Chili, où il est né en 1929 et où le film a été tourné, pe%te ville bien réelle elle aussi, de même que les mendiants aCroupés dans ses rues, sans qu’il soit besoin d’en appeler à des références magistrales telles que les mendiants de Buñuel, comme on n’a pas manqué de le faire. A ceci prés toutefois que les mendiants des bidonvilles de Mexico, dans les années 40, avaient de fortes chances de ressembler à ceux d’une pe%te ville chilienne en décadence économique comme Tocopilla, bien davantage qu’à des gavroches parisiens. De part et d’autre on est en Amérique La%ne, des réalités similaires n’ont rien de surprenant. Oublions aussi Fellini (Amarcord), même si c’est aussi d’enfance dont il s’agit, et Demy et d’autres encore qui ont été ou que l’on pourrait citer en référence. Regardons ce jeune homme de 84 ans nous raconter, entre réalisme magique – dont Gabriel García Márquez disait qu’il était le pain quo%dien de sa Colombie- et surréalisme, son enfance entre un père, commu- 2 niste convaincu au point de vouer à Staline un culte sans limite, et une mère, cantatrice frustrée, qui ne s’exprime qu’en chantant. L’une voulant faire de leur rejeton une adorable, douce et délicate créature, alors que l’autre veut en faire un mec, un vrai de vrai, un qui – disons le – ait des couilles au cul ! Distorsion peu facile à assumer, encore moins à cet âge tendre, et d’autant plus que l’ensemble du pe%t monde de Tocopilla est à l’avenant. Comme ce curé qui fait l’aumône en posant dans la main tendue quelque mygale ou assimilée ou bien la naine qui s’autoconsole de sa disgrâce en consolant le père du pe%t Alexandre de la sienne. Entre tout cela Jodorowsky a bel et bien fait son chemin puisqu’il nous livre avec La Danza de la realidad, une œuvre abou%e, dans laquelle fantas%que et poésie élèvent la réalité au rang d’œuvre d’art. Il faut dire qu’entre l’enfant des années 40 et le cinéaste de 2010/13 le chemin parcouru est gigantesque et les compagnons de route fabuleux. Les surréalistes qu’il vient rencontrer en 1953 à Paris et avec lesquels, dit-il, il a « pu apprendre à desserrer l’étreinte du ra onnel pour rentrer en contact avec mon inconscient, à ne plus le considérer comme un danger ou une « poubelle », mais comme un allié » ( Psychologie Magazine). Il y a eu aussi ses rencontres avec des maîtres – ou plutôt maîtresses - du tarot de Marseille qu’il considère non comme un ou%l pour Madame Irma mais comme un « ou l de développement personnel…miroir de notre structure psychique » (idem). Il fut un temps d’ailleurs où il indiquait volon%ers le nom du café parisien où tel jour de telle heure à telle heure on pouvait le rencontrer pour %rer le tarot. bien que La Danza de la realidad ne lui est pas advenue par hasard, à 80 ans passés. Ce film n’est-il pas d’ailleurs une sorte de retour aux sources de ses premiers spectacles alors qu’il avait à peine 20 ans « J’ai fait mes premières représenta ons publiques avec des marionne"es qui représentaient mon père, ma mère, ma sœur et d’autres membres de ma famille. Mes saynètes ressemblaient déjà à un psychodrame familial »(Psychologie Magazine) En quelque sorte il ne faut faire appel qu’à Jodorowsky pour pénétrer la réalité de Jodorowsky et la si personnelle chorégraphie selon laquelle il nous la livre. Cela nous vaut un moment de grâce. N.B Jodorowsky est aussi l’auteur d’une centaine de BD publiées aux Humanoïdes Associés, dont certaines en collabora on avec Moebius. Annie Damidot Cinéma Le Zola Samedi 22 mars à 14h Il y a eu enfin ses ac%vités avec divers psychologues reconnus et son intérêt par%culier pour la psychogénéalogie, qui prouve Salsa Picante n° 2 Le chemin DE LUCIANO MOURA BRESIL A busca, %tre portugais du film Le chemin, signifie la recherche, ou peut-être plus exactement la quête, car c'est sans doute ainsi qu'il faut comprendre le sens du film de Luciano Moura, comme un parcours ini%a%que vers une connaissance supérieure. Comme l'a écrit Fernando Pessoa : É a busca de quem somos, na distância de nós C'est la quête de ce que nous sommes, dans la distance de nous-mêmes (Fernando Pessoa, Noite) En termes plus modernes, ce film est aussi un « road movie » qui va permeCre à un père de redécouvrir le sens fondamental des choses, d'ouvrir les yeux sur des réalités inconnues, et surtout d'apprendre à connaître son propre fils de 15 ans dont il s'aperçoit qu'en réalité il ne sait rien. En effet, si « le chemin » est celui de la recherche, il est aussi celui de la découverte, de soi et des autres, car à chaque fois le parcours est à double face : la difficulté et la solu%on, la présence et l'absence, la vérité et le mensonge, l'essen%el et la fu%lité, le familier et l'inconnu. Chaque obstacle est un défi surmonté grâce à l'énergie de l'amour pour un être cher. Chaque indice du passage de son fils dans un espace où il est absent Salsa Picante n° 2 est pour le père le signe de sa présence. Chaque mensonge compris révèle une vérité nouvelle. Tout nouvel élément implique en miroir son complément. La vanité dérisoire du quo%dien s'efface peu à peu pour laisser place à l'essen%el, la connaissance de l'autre. Pour le spectateur il s'agit aussi de découverte : loin des scénarios policiers, de la violence urbaine et de la culture télévisuelle (décor de départ du film) nous plongeons dans le Brésil de l'intérieur, loin des standards urbains, où chacun a organisé son mode de subsistance, précaire ou durable, où chaque rencontre est un pays différent. Partant de São Paulo, pra%quement en droite ligne à travers champs, le parcours nous mènera jusqu'au liCoral de l’État d'Espirito Santo, au nord de Rio, en traversant des planta%ons de canne à sucre, une rivière en bac et les contreforts de l’État du Minas Gerais. A chaque fois ce sont des types sociaux inaCendus, des portraits inédits, la découverte d'un Brésil qui ne cesse de nous surprendre : habitants d'une favela dans l'urgence de leur vie ordinaire, travailleurs ruraux, jeunes d'une communauté alterna%ve, retraités retranchés dans leurs souvenirs, chacun dans l'arrangement de son quo%dien ou la construc%on de son utopie. Construit autour de l'incompréhension inter-généra%onnelle, le film est riche en situa%ons complémentaires, mais ne se perd jamais en digressions inu%les. Grâce à la sensibilité du jeu à fleur de peau de l'acteur Wagner Moura, pilier du film, le fil conducteur n'est jamais rompu. A busca est le premier long métrage de Luciano Moura, secondé dans l'écriture du scénario par Elena Soarez (Xingu, Casa de areia). Présenté dans plusieurs fes%vals, le film connaît à chaque fois un succès grandissant, récompensé par le Prix du Public au Fes%val de Rio. Bernard Corneloup Cinéma Le Zola Samedi 22 mars à 16h30 Samedi 22 mars à 10h 3 No habra paz PARA LOS MALVADOS De ENRIQUE URBIZU S antos Trinidad (José Coronado), inspecteur à la Brigade des personnes disparues, avec un manifeste penchant pour l’alcool et qui use et abuse de sa plaque contre celui qui ne se plie pas à ses désirs, a commis une erreur. Dans un éclat de violence et de brutalité, il tue trois personnes dans un bar, mais un témoin réussit à s’échapper. Il commence alors une enquête qui lui permeCra d’effacer ses traces et qui le plongera sans le vouloir dans une affaire aux dimensions inespérées. Le malheureusement peu prolifique Enrique Urbizu, l’un des plus passionnés et irréduc%bles créateurs du cinéma espagnol, revient au grand écran de la main de Michel Gaztambide y José Coronado, ses deux complices de La Caja 507 (2002) et La vida mancha (2003 présenté aux Reflets 2004) avec No habrá paz para los malvados (%tre emprunté à un verset du prophète Isaïe), le meilleur film de sa carrière. C’est une démonstra%on du meilleur thriller, avec tous ses composants : intrigue, atmosphère, tension, violence... Pas de longs dialogues ni d’explica%ons redondantes, peu importent les raisons des protagonistes ou les détails de l’intrigue. A par%r de ce principe d’incer%tude, Urbizu crée un climat d’inquiétude dans un pays où règnent la corrup%on, l’inefficacité et l’irresponsabilité. Cri%que d’un contexte social en franche désintégra%on interne, dans laquelle se place la violente descente aux enfers de Trinidad, cet an%héros qui a raté toutes ses chances, qui ne cherche 4 d’autre jus%ce que la sienne, guidé par un ins%nct de survie qui trouve à peine une raison pour con%nuer un jour de plus. Urbizu nous propose une histoire vibrante, dans laquelle son protagoniste se trouve mêlé à une confronta%on avec un nombreux et dangereux groupe de délinquants, dans lequel se confondent colombiens et musulmans – trafic de drogues et terrorisme jihadiste en in%me connexion-, tout au long d’une persécu%on criminelle. Un récit avare d’informa%on pour dévoiler ses clés, qui se déplie avec brio et puissance, soumis à un rythme narra%f électrique qui, sans hâte ni précipita%on, laisse peu de souffle au spectateur. Et une ambiance magistrale, aussi bien en intérieur qu’en extérieur, qui s’adapte aux besoins de l’histoire, qui marie la sordidité des basfonds - le territoire de Trinidad- avec l’asepsie et la limpidité des espaces judiciaires et policiers – ceux de la juge Chacón et le commissaire Leiva-, ce qui donne au film une consistance visuelle notable. No habrá paz para los malvados est surtout le superbe travail de composi%on que José Coronado fait de son personnage : Santos Trinidad, un inspecteur qui autrefois fut une figure importante de la brigade, mais qui est devenu un homme vaincu, perdu et vide à cause d’un sordide événement –dont on a peu de détails- et qui un bon jour a décidé de meCre un terme à son enfer et faire jus%ce lui-même. Il déteste le drama%sme, toute lumière qui pourrait encore le suivre - il rejeCe sans ménagement l’admira%on que lui mani- feste dans un bar un jeune policier -. Coronado imprègne son personnage, dans un tour de force à la seule portée des grands acteurs comme lui, non seulement de ses traits les plus évidents : la violence, la décep%on, le dégoût, la lassitude et la rage. Son travail va plus loin et il est capable d’introduire, de façon sub%le, tout ce qui se cache dans l’ombre, que l’histoire ne révèle pas mais qui cons%tue le moteur de ses ac%ons : une douleur profonde et un certain sens de l’honorabilité - policière presque - qui échappe à ceux qui n’ont pas vécu son expérience personnelle. Irene Sánchez Miret INÉDIT Cinéma Le Zola Samedi 22 mars à 19h Lundi 31 mars à 16h30 Salsa Picante n° 2 LA SCENE PREFEREE DU FILM... PAR SON REALISATEUR ENRIQUE URBIZU « J’ai eu beaucoup de mal à la choisir, mais finalement je choisirai la scène dans laquelle Santos Trinidad et la juge Chacón se retrouvent enfin, l’audi on vers la fin du film. C’est la première fois qu’ils se voient et ils ont une confronta on d’environ 6 ou 7 minutes qui me semble être le point vers lequel confluent toutes les trames du film. D’un côté tout au long du film la juge Chacón reste immobile en posant des ques ons, de l’autre Santos Trinidad n’arrête pas d’aller et venir et dans ce"e scène ils s’affrontent face à face tous les deux. Dans ce"e scène on donne beaucoup d’informa ons sur le passé de Santos Salsa Picante n° 2 Trinidad, qui semble être quelque chose que réclame l’histoire de façon permanente et on relie entre eux des points qui étaient laissés en suspens tout au long du film. Helena Miquel (la juge Chacón) devait se mesurer à José Coronado, elle qui était une débutante, et en même temps son personnage ne devait pas se laisser impressionner par le « monstre » qu’elle avait en face. Aussi, on voit dans ce"e scène comment Santos Trinidad a préparé toute une série d’alibis qui lui perme"ront de sor r libre de l’interrogatoire. Il ne dit pas tout ce qu’on lui demande. J’aime beaucoup la fin, lorsqu’on lui rend son arme après la preuve balis que qui ne prouve rien, il la ren- gaine dans sa hanche comme dans un western, je"e le sac en plas que par terre dans un geste de mépris envers l’autorité et sort en laissant la porte grande ouverte et en disparaissant du cadre. Je pense que les deux nerfs du film sont dans ce"e scène.» Propos %rés de www.elpais.com et traduits par Irene Sánchez Miret 5 hipotesis De hernán goldfrid H ernán Goldfrid confirme avec ce deuxième long métrage la construc%on d’une œuvre caractérisée par le genre du thriller et du policier. Avec Juan José Campanella, réalisateur du film ayant reçu le Goya et l’Oscar du meilleur film étranger en 2010, Dans tes yeux, tous deux construisent ceCe nouvelle tendance du cinéma argen%n. Adapta%on du premier livre de l’écrivain argen%n Diego Paszkowski in%tulé Tesis sobre un homicido, le film repose sur une trame solide. les ingrédients pour être une réussite. Le spectateur est saisi dès les premiers instants et suit pas à pas l’enquêteur qui par certains détails ressemble à un certain Sherlock Holmes. CigareCe et verre de whisky à la main sont les détails que le spectateur interprétera comme les détails significa%fs et nécessaires pour mener ceCe enquête et, paradoxalement, conduire le personnage dans une profonde réflexion pour tenter d’élucider ce crime. Maëlle Parras Roberto Bermúdez, avocat et professeur de droit pénal, est convaincu que l'un de ses meilleurs élèves, Gonzalo, est l'auteur d'un meurtre commis au sein de la faculté de droit de Buenos Aires. Prenant l’apparence d’un crime parfait, Roberto entreprend une recherche minu%euse remplie de rebondissements incessants qui vont le plonger dans une véritable obsession, à l’affût du moindre « détail » afin de découvrir la vérité. Interprété par le talentueux Ricardo Darín, acteur incontournable du cinéma argen%n révélé interna%onalement dans son rôle de « jus%cier » moderne à travers le film à succès Dans ses yeux, Hipótesis a donc tous 6 RICARDO DARIN Filmo sélective 1998 - EL FARO Eduardo Mignogna 2000 - NUEVE REINAS Fabián Bielinski 2001 - EL HIJO DE LA NOVIA Juan José Campanella 2002 - KAMCHATKA Marcelo Piñeyro 2005 - EL AURA Fabián Bielinski 2007 - XXY Lucia Puenzo 2009 - DANS SES YEUX Juan José Campanella Cinéma Gérard Philipe - Vénissieux Samedi 22 mars à 18h30 Cinéma Le Zola Dimanche 23 mars à 10h Ciné-Meyzieu - Meyzieu Vendredi 28 mars à 20h30 Cinéma Le Zola Dimanche 30 mars à 12h 2010 - CARANCHO Pablo Trapero 2011 - EL CHINO Sebas%án Borensztein 2012 - ELEFANTE BLANCO Pablo Trapero Salsa Picante n° 2 PELO MALO De MARIANA RONDóN Une histoire caraquena S amedi 22 mars nous allons vous présenter, en avant-première, le nouveau film de la vénézuelienne Mariana Rondón : Pelo malo. Ce film est le troisième de la réalisatrice, après A la media noche y media (qu’elle a réalisé avec la péruvienne Marité Ugás) en 1999 et Cartes postales de Léningrad sor% en 2007, ces deux œuvres ayant été présentées aux Reflets dont la première en présence de Mariana Rondón et Marité Ugás. Les deux réalisatrices ont elles même créé leur propre société de produc%on Sudaca Films qui a produit la plupart de leurs réalisa%ons. Pelo malo a reçu le grand prix (Concha de Oro) du dernier Fes%val de San Sebas%án. Recevant son prix la réalisatrice donne le ton : « j’ai fait ce film pour me guérir de l’angoisse de voir tant d’intolérance dans mon pays. Penser différemment des autres, désirer d’une autre manière, être différent ne sont pas un problème, au contraire c’est ce qu’il y a de plus beau dans l’être humain. ». CeCe co-produc%on (Venezuela - Pérou Allemagne) raconte l’histoire de Junior, un gamin de neuf ans qui vit avec sa mère, veuve, et son pe%t frère encore bébé, dans un quar%er populaire de Caracas. « C’est un film totalement « caraqueňo ». C’est une histoire très urbaine, filmée avec une pe te équipe. Beaucoup de prises ont été faites dans la rue » souligne Mariana Rondón. En effet les premières images vont donner l’ambiance générale du film. Nous sommes là dans une grande barre d’immeuble, qui n’est pas sans rappeler La cité radieuse de le Corbusier, et nous comprenons rapidement que la vie de ceCe famille %ent presque de la survie. Peu de moyens, plus de travail et des condi%ons précaires ; pourtant Marta la maman se bat, prête à « presque tout », pour récupérer ce travail de gardienne dont Salsa Picante n° 2 elle a été privée récemment. Quant à Junior, il a un gros problème : il ne supporte plus ses cheveux bouclés, il les voudrait lisses pour la photo de l’école « comme un chanteur avec des cheveux lisses ». Car il voudrait devenir chanteur de rock et s’habiller comme ses idoles de la télé. Sa pe%te voisine, quant à elle, voudrait s’habiller comme une vraie Miss Venezuela pour ceCe photo. La magie du film %ent en grande par%e à l’excellence du jeu d’acteur, il est vrai fort bien dirigé par Mariana Rondón. Le rôle de Junior est tenu par Samuel Lange Zambrano, rôle qu’il assume avec une incroyable facilité, tout à la fois triste, contempla%f ou sérieux. « Samuel a été le premier à passer l’audi on pour le rôle. Nous avons vu plus de cent autres enfants mais c’est vers lui que nous sommes retournés, pour son intelligence, sa capacité incroyable à « voler » les gestes des autres ». Quant à la mère, Marta, elle est interprétée par Samantha Cas%llo, jeune actrice de théâtre qui joue ici son premier grand rôle de cinéma. « J’ai aimé son énergie puissante et son éventail de possibilité d’interpréta on. Samantha a eu confiance en moi et elle est rentrée pleinement dans le rôle sans offrir de résistance et cela s’est vu à l’écran ». Marta n’est pas ceCe mère castratrice qu’on pourrait imaginer au premier abord avec ses regards de reproche, voire de haine qu’elle lance à son fils. Elle est aussi aimante et tendre, prête à partager avec lui des moments de complicité. Elle est avant tout désespérée, avec la peur au ventre de ne pas y arriver, ni de « joindre les deux bouts » ni d’élever correctement son fils. Enfin, à travers le ques%onnement de Junior, Mariana Rondón aborde le thème de la recherche d’iden%té et de culture d’un gamin mé%ssé dans une société où les « modèles » le sont beaucoup moins. D’où viennent ses cheveux bouclés ? C’est auprès de sa grand-mère qu’il cherchera des réponses, elle qui veut bien lui apprendre à chanter. Pelo malo a été tourné avec peu de moyens, les premières scènes nous emmènent dans le brouhaha de ceCe ville tentaculaire qu’est Caracas. Les deux gamins, Junior et sa pe%te copine d’école, sont sur le balcon et de là ils observent, épient les voisins d’en face. CeCe proximité qui s’installe fait brièvement penser à La ventana indiscreta (Fenêtre sur cour) de Alfred Hitchcock, « il y a un peu de ça » avoue la réalisatrice. Mais Mariana Rondón s’est semble-t -il beaucoup plus inspirée pour le scénario du film, d’un travail qu’elle avait elle-même réalisé en 2012 en temps qu’ar%ste plas%cienne : SUPERBLOQUE. CeCe « installa%on vidéo » mise en place dans une salle d’exposi%on de Caracas permeCait à chaque spectateur à travers un filtre grossissant de voir ce qui se passait dans une grande barre d’immeuble en entrant (ou pas) dans l’in%mité des habitants. Le spectateur étant alors libre de se transformer en « voyeur » ou pas. « Pelo malo est construit des pe ts gestes qui peuvent se transformer en une agression plus grande ». C’est donc ces mul%ples regards, pe%ts ou grands, qui font de Pelo malo une belle histoire sur l'appren%ssage d’un gamin de neuf ans à la vie, dans une société marquée par l’intolérance. Michel Dulac AVANT-PREMIÈRE Cinéma Le Zola Samedi 22 mars à 21h 7 Entretien avec Mariana rondon qu’après on construise leurs personnages qui entrent en conflit alors qu’eux-mêmes ont de bonnes rela%ons. Dès lors, il a été possible de travailler la violence sans que cela ne fasse de mal à l’être humain en train de jouer le personnage. Samuel a-t-il déjà vécu avec sa mère une situa+on aussi difficile que celle vécue par Junior dans le film? Non, il s’agit d’une représenta%on. Ils ont très bien travaillé en ayant à l’esprit en permanence que jouer un rôle dans un film est un jeu. Je n’ai jamais %ré profit de la vie réelle, des rela%ons… Au contraire, ils ont du travailler bien et beaucoup parce que leur vraie vie était bien différente. Tu vis au Venezuela? N ous connaissons Mariana Rondón depuis son premier film qu’elle était venue présenter avec Marité Ugás en 2000 aux Reflets du Cinéma ibérique de Lyon-Villeurbanne. « A la media noche y media, A minuit et demi (1999) », montrait une grande vague menaçant de détruire une ville et créaient une atmosphère oppressante et mystérieuse. En 2013 elle réalise Pelo Malo son quatrième film, qui ob#ent la Concha de Oro (grand prix) au Fes#val de San Sebas#án. Qu’as-tu fait depuis les “Cartes postales de Leningrad”, réalisé en 2007? J’ai produit un film in%tulé “El chico que miente” réalisé par Marité Ugás. On procède à tour de rôle : quand l’une produit, l’autre réalise… Si bien qu’elle a produit “Cartes postales de Leningrad” et ensuite j’ai produit “El chico que miente”. Ce film a été présenté à la Berlinale en 2011 et a eu un joli parcours. Là, on vient encore d’interver%r les rôles pour “Pelo Malo” et on le fera à nouveau pour le prochain film. Oui. qui en est beaucoup plus proche? C’est difficile d’y faire des films? En effet, je pense que la mère a un lien différent avec ses deux fils, elle n’a pas la même rela%on avec le grand et avec le pe%t. Je n’aime pas en parler ainsi au spectateur, qui pourrait, en nous lisant, avoir des préjugés avant même de voir le film. Il s’agit d’une rela%on conflictuelle avec une mère nécessiteuse, qui vit dans la précarité, tout en essayant de s’occuper de ses fils et de les protéger avec le peu d’armes dont elle dispose, quiCe à être parfois très maladroite. Tu as situé ce film au moment de la maladie d’Hugo Chavez ? Non, c’est juste que ça faisait la une de l’actualité au moment où on filmait. De la même façon que j’ai filmé les rues dans une op%que documentaire, j’ai voulu produire le même effet en montrant les télévisions, et c’était ce qui passait à la télé au Venezuela à ce moment -là. J’ai tenu à respecter ce moment de l’Histoire. Ça faisait longtemps que tu voulais faire ce film; “Pelo Malo”? L’interpréta+on des personnages de Junior et Martha est très belle… Non, en fait il a vu le jour très vite : j’ai commencé à l’écrire dès la fin du tournage de “El chico que miente”, et pendant qu’on faisait le tour des fes%vals avec ce film. Il a donc été vite écrit. Et comme c’est un film à pe%t budget, le tournage n’a pas pris longtemps non plus. Ça a été un travail très beau à mener. Je suis restée presque trois mois enfermée à parler avec les acteurs. Le travail s’est fait à par%r de jeux qui nous ont permis, après des heures et des heures, de construire ces personnages. Ça a demandé un gros travail pour différencier la vie de Samuel et Samantha de celle de Junior et Martha, parce qu’il y a de la violence dans la rela%on de ces derniers. Je voulais qu’en tant que personnes, Samuel et Samantha puissent se dis%nguer de leurs personnages, parce que d’un point de vue éthique, cela ne m’intéresse pas d’abuser des acteurs : je ne veux pas qu’ils représentent leurs vies, mais celles de leurs personnages. Nous avons donc passé beaucoup de temps à construire les personnages. Samuel et Samantha ont une rela%on merveilleuse entre eux : ils sont très drôles, ils jouent beaucoup et sont très bons amis. Ça a donc été très beau, qu’ils deviennent bons amis et Non. Il y a une loi du cinéma selon laquelle tous ceux qui appar%ennent au milieu de l’audiovisuel sont obligés de payer un impôt. Cet impôt sert à alimenter un fonds de concours qui finance des projets. On soumet son projet et s’il est sélec%onné, le film, à la fin du tournage, est assuré d’être distribué au moins deux semaines dans les salles, de façon à lui donner une bonne visibilité. C’est une aide précieuse. Les films sont vus par de nombreux spectateurs vénézuéliens et c’est merveilleux! Caracas est une ville avec beaucoup de voitures. Effec%vement, et pour cause, c’est un pays producteur de pétrole : l’essence y est bon marché, d’où le nombre important de voitures. Comment est le quar+er où se situe l’ac+on du film ? En fait, ce sont plusieurs quar%ers différents, grâce auxquels j’ai reconstruit un quar%er. Tu as de nouveaux projets en ce moment? Tu as reçu de l’aide de Berlin? Oui, de World Cinema Fund et de Film Inicia%ve. Tu as aussi bénéficié de “Cinéma en Construc+on”? Oui, à Toulouse. Depuis l’écriture, tu veux créer une dis+nc+on entre les deux enfants : le plus grand, qui reste un peu à distance de sa mère et le bébé, 8 On vient de terminer ce film, et on en prépare un autre, réalisé par Marité. Mais bon, il est trop tôt pour en parler, on vient à peine d’achever celui-ci. Quand allez-vous le tourner? Quand on aura obtenu un budget pour le faire. Mais on n’en est pas encore là! Et tu as des projets en solo? Celui-ci, Pelo Malo (rires). Mais je travaille aussi dans les arts plas%ques, donc j’ai toujours des projets en simultané pour le cinéma et pour les arts plas%ques. Tu peux nous en dire plus ? (Suite page 9) Salsa Picante n° 2 (Suite de la page 8) J’ai un projet d’art électronique, je travaille avec la robo%que. Qu’est-ce que tu fais avec ça ? J’ai travaillé pendant 10 ans dans un très grand projet de robo%que. C’est très simple mais aussi très difficile à faire. Ce sont des robots qui font des bulles de savon géantes, avec à l’intérieur des projec%ons d’êtres qui sont des muta%ons géné%ques entre humains et animaux. C’est un laboratoire géné%que. Tu as déjà exposé ? Je l’ai exposé à beaucoup d’endroits, dont les JO de Pékin, et aussi en Espagne, en Argen%ne, au Chili. J’ai gagné le Prix “Vida ar%ficial” de la Fonda%on Telefónica en Espagne. Ils m’ont offert une tournée pour présenter mes travaux pendant deux ans à travers l’Amérique la%ne. Maintenant je travaille sur un projet d’expo, qui n’est pas de la robo%que et que je vais présenter dans un bâ%ment où a été tourné le film. Piedra papel o tijera De hernán jabes Le Hasard et l’absurditE Tu as essayé de présenter ton exposi+on à la Piedra papel o #jera, le deuxième long méBiennale de Lyon ? trage de Hernán Jabes, s’ancre dans la réalité vénézuélienne d’aujourd’hui, où la corrup%on, Non, je n’ai pas essayé, parce que ce n’est pas l’impunité, la brutalité et la mort minent la comme un fes%val de cinéma où tu proposes société. ton film. Il faut être choisi. Ça a l’air d’être pareil, mais en fait c’est très différent. Selon son réalisateur, Piedra, papel o #jera est un film qui touche au thème de la violence Tu as un distributeur en France? sans pour autant en faire le sujet principal. Jabes nous propose une vision pessimiste de la Oui, c’est Pyramide (qui sor%ra le film le 2 Avril réalité vénézuélienne, faisant de la ville tenta2014). culaire de Caracas un personnage à part en%ère. Le hasard %re les ficelles de l’histoire Tu vas à Paris après Biarritz ? dans une spirale de haine et de violence. Les Non, je vais rentrer à Madrid, et ensuite j’irai au personnages se révèlent tels qu’ils sont au fur fes%val de Londres, qui commence la semaine et à mesure de leur impuissance face à l’infidélité, le mensonge, la désespérance, l’injus%ce prochaine. et la mort. Merci. Aucun des protagonistes n’est complètement Entre%en réalisé au Fes%val de Biarritz exemplaire ou innocent. Hernán Jabes ne début Octobre 2013 par Alain Liatard cherche pas à créer une empathie quelconque pour Espaces La%nos. vis-à-vis du spectateur, cependant Il fait de Traduc%on Boris Chassaing Valen%na, le personnage le plus sensé de l’histoire, une vic%me innocente de la sauvagerie à Pelo malo avait obtenu, quelques jours aupara- laquelle elle est confrontée. vant la Concha de Oro au Fes%val de San Sebas%án. Œuvre puissante, dure et complexe, Piedra papel o #jera nous parle de l’absurdité d’une . violence qui semble sans issue. Le spectateur est happé par le rythme haletant de la mise en scène et la brutalité des images. L’insécurité et la mort submergent la société vénézuélienne… Piedra papel o #jera est le nom d’un jeu infan%le guidé par le hasard. Et c’est le hasard qui dévoile une trahison qui changera inexorablement la vie de deux familles. Le scénario, coécrit avec l’écrivaine et dramaturge ukrainienne, Irina Dendiouk, résidant au Venezuela, Salsa Picante n° 2 se développe à par%r de la découverte d’une infidélité dont les implica%ons affec%ves vont peu à peu engluer tous les personnages dans une immense toile d’araignée. Tous deviendront vic%mes ou bourreaux et parfois les deux. L’enlèvement d’un enfant déclenche l’alarme dans une société malade, s%gma%sée par l’indifférence et l’intolérance. Le chaos affec%f dans lequel s’enlisent Mariana et Hector, est la porte d’entrée d’une tragédie plus ample qui raCrape Chris%an, un jeune qui doit rembourser ses deCes à une bande de voyous, lequel entraîne dans sa chute sa fiancée Valen%na et sa grand’mère Ángela. Elle raCrape aussi les criminels et les policiers qui négocient la rançon. Avec une mise en scène efficace et sans concessions, Hernán Jabes nous fait une narra%on envoûtante, fréné%que et sans pi%é. Un film noir qui montre les ravages de la violence physique et affec%ve dans les rapports familiaux, dans l’in%mité des êtres. Le film semble nous poser la ques%on « Comment avons-nous pu en arriver là ? Les personnages finissent fous de douleur, d’angoisse, de peur, prisonniers de la ville et de ses pièges. Jabes nous décrit une société décadente où les hommes s’entretuent, broyés par les rouages de la corrup%on. L’œuvre de Hernán Jabes est un coup de poing, un aver%ssement, une tragédie urbaine sur fond de violence sociale et poli%que. Un film puissant, rehaussé par un travail de la photo et de la bande son remarquables. Dans sa noirceur il y a une lueur d’espoir : les enfants, leur innocence et leur avenir… Homero Vladimir Arellano INÉDIT Cinéma Le Zola Dimanche 23 mars à 12h Lundi 31 mars à 19h 9 bresil LES BRUITS De recife De kleber mendonça filho B ien que considérablement moins représentée à l’écran que la très ciné -génique Rio, la ville de Recife est le théâtre de deux films à l’affiche de ces 30es Reflets : Il était une fois Veronica de Marcelo Gomes et Les bruits de Recife de Kleber Mendonça Filho, qui ne sera l’objet que d’une unique séance. Si l’adjec%f d’ « unique » sied bien à la séance (et on peut le regreCer), il colle encore plus parfaitement au film, tant celui-ci célèbre l’avènement d’un cinéaste qui- nous sommes prêts à y meCre une poignée de réaux - va durablement marquer le cinéma brésilien. Après plusieurs courts métrages (qui prenaient tous pour cadre sa ville), Kleber Mendonça Filho signe, avec Les bruits de Recife, une première œuvre dont l’ac%on s’inscrit dans le quar%er d’origine même du réalisateur : Setúbal. Une première œuvre peutêtre, mais pas celle d’un perdreau de l’année puisque, si s’en dégage l’audace d’un premier film, il sent aussi la maîtrise maniaque, tant formelle que narra%ve, celle des grands. Il est donc clair, dès les premiers plans et l’entrée en ma%ère, que ce tardif cinéaste de 46 ans, après pas mal d’expérimenta%ons dans le format du court métrage, ne nous arrive pas de nulle part et sait où il veut aller. Ainsi, un générique composé d’un montage de vieilles photographies nous présente déjà le personnage principal du film : le passé et son héritage sur les personnages. Mais nous y reviendrons plus loin… Après ce générique, donc, finalement assez énigma%que et qui ne trouvera son réel sens qu’à l’issue de la scène finale, Kleber Mendonça Filho se propose de nous présenter toute une galerie de personnages et de poser les enjeux : Setúbal est un quar%er dominé par une grande famille bourgeoise, déconnectée du reste de la ville et de ses habitants, presque repliée sur elle-même, se rongeant 10 et se protégeant tout à la fois. CeCe famille est elle-même menée par le patriarcal Francisco (sublime W.J. Solha !), dont tous respectent et craignent l’avis et les décisions et qui, en passant, est quasiment propriétaire de tous les immeubles et les commerces du quar%er. Ainsi, quand une société de sécurité privée propose de prendre celui-ci sous son aile, c’est à Francisco qu’elle doit demander l’autorisa%on de s’implanter. Cela donne une scène impressionnante où Francisco nous apparaît pour la première fois. Tout en découvrant un vieil homme respectable (avec de faux airs de John Huston), il se révèle toutefois : tantôt bienveillant envers son pe%t personnel, tantôt hautain voire menaçant (quand il s’agit d’imposer l’immunité pour son psychopathe de pe%t fils, Dinho) avec les agents quémandeurs. Il est le maître du jeu, le puissant propriétaire terrien sans scrupules qui dicte sa loi. On se demande soudain si Howard Hawks n’aurait pas, un jour et sur le tard, eu un rejeton caché du côté de la pointe Est du Brésil… Alors que, jusqu’à ceCe scène, nous é%ons entrés assez classiquement dans l’histoire par le biais de João, autre pe%t-fils de Francisco, l’implanta%on de l’agence de sécurité privée va faire du spectateur un œil… et une oreille. Des organes avec lesquels le réalisateur va jouer crescendo jusqu’au dénouement, une excita%on des sens qui va accentuer l’inquiétant enfermement sécuritaire du quar%er et conférer au spectateur une place de témoin / voyeur de moins en moins confortable à mesure que les façades vont se craqueler, les actes parfois inquiétants des personnages se mul%plier (comme ceCe scène incroyable où le vieux Francisco, en pleine nuit et sous les regards incrédules des agents de sécurité, court se jeter à la mer) et les rêves et les fantasmes de certains faire resurgir des peurs ancestrales (comme l’invasion d’un immeuble par ce qui semblent être d’innombrables esclaves). Du quar%er-royaume, nous ne sor%rons quasiment jamais, excepté une fois, pour une virée de João et de sa pe%te amie dans la planta%on familiale où nous retrouvons Francisco en maître des lieux. CeCe excursion sur les lieux même de l’origine de la richesse de la famille donnera lieu à plusieurs séquences déterminantes : João qui entend des bruits de pas au plafond d’un bâ%ment désert de la planta%on, ou encore João qui donne l’impression de se baigner dans une cascade de sang. Sous couvert d’un premier film, Les bruits de Recife est une sa%re sociale, un western moderne et urbain transpirant la luCe des classes et la vengeance froide et, plus que tout, la promesse d’un cinéaste fascinant que le prochain opus, Bacurau, devrait consacrer comme un cinéaste brésilien majeur. Laurent Hugues Cinéma Le Zola Dimanche 23 mars à 14h Salsa Picante n° 2 Les sorcieres de zugarramurdi D’alex De la iglesia 7 bonnes raisons pour voir (ou pas) Les sorcières de Zugarramurdi dans ceYe salle (ou ailleurs) 1. Ton voyage d’étude sur l’importance de la danse du cerf au moment du carême, en janvier, en territoire Yaqui, pendant la courte période où cet excellent film de Alex de la Iglesia était visible sur les écrans des cinémas français, t’a privé de la joie de profiter d’un des meilleurs films espagnols sans avoir à courir les fes%vals, où le risque de te déplacer dans un de ces nombreux pays d’Europe en train de basculer dans le %ers monde est grand; et tu n’as pas la pa%ence d’aCendre le 14 mai 2014 pour acheter le DVD, ou voir la VOD sur ta box. 2. Tu as adoré regarder les 26 épisodes de la série du même Alex : "Plutón B.R.B. Nero" sur TVE en 2008 et en 2009, ou tu as réussi à les voir et revoir sur " h"p://www.rtve.es/ alacarta/videos/pluton-brb-nero/ " parce qu’ils contenaient, selon le réalisateur: "des situa ons embarrassantes, des décors absurdes, des aliens ridicules, des massacres gratuits aux rayons-laser, des personnages et des situa ons totalement irréalistes …" ; tu as flashé sur l’androïde de dernière généra%on Lorna (Carolina Bang) ou sur l’extraterrestre Roswell (Enrique Villén déjà présent dans la plupart des films d’Alex de la Iglesia). Tu souhaites les revoir en sexy sorcière Eva ou en aCardé mental, serviteur de la grande prêtresse Graciana dans Les sorcières de Zugarramurdi. 3. Tu es un fan absolu de San%ago Segura (splendide en disquaire sataniste de death metal dans Le jour de la bête) depuis que, dans les années 1990, tu as plongé dans la luxure en compulsant les bandes dessinées qu’il a publiées dans « El Víbora ». Tu as vu tous les Torrente, et tu aCends le cinquième avec impa%ence, même si tu préfères le premier, El brazo tonto de la ley, parce qu’il y Salsa Picante n° 2 est machiste, raciste, franquiste, grossier. Tu penses qu’il peut tout faire, tout jouer, prendre et perdre du poids, comme De Niro dans Raging Bull pour coller à ses rôles. Mais là, il va encore te surprendre ! Tu vas meCre cinq bonnes minutes à le reconnaitre tout comme son acolyte Carlos Areces (le clown triste de Balada triste de trompeta). 4. Chaque fois que tu as des invités, que l’alcool libère tes pulsions élémentaires, tu ne peux pas t’empêcher de leur repasser Une nuit en enfer de Roberto Rodríguez. Tu vas retrouver le même découpage, la même énergie, ça fuse, se déchaîne, explose en permanence et comme dans la « Chanson de Rolland », le passage de la fron%ère francoespagnole au pays basque va tourner au drame. On ne va pas te prendre la tête avec la cri%que d’une société espagnole en déliquescence ou le côté guerre des sexes, mais il y en a aussi quelques gros morceaux bien placés et bien sen%s dedans, aux détours de dialogues hilarants. 5. Au milieu des années 80, Erwan Kerdreux un de tes potes, breton et cinéphage, t’a trainé dans une rétrospec%ve de l’intégrale des films d’Almodóvar (pas plus de six à l’époque, Femmes au bord de la crise de nerfs n’était pas encore sor%) et Carmen Maura dans le premier long métrage de Pedro, Pepi, Luci, Bom et autres filles du quar#er, t’a paru divine et déjantée, tu as hâte de la retrouver en sorcière en chef dans le dernier d’Alex de la Iglesia, elle avait déjà joué sous sa direc%on dans 800 balles et Mes chers voisins au début des années 2000. 6. Tu as bien moins de 18 ans, ta mère t’a interdit de regarder Casper, le pe#t fantôme parce qu’il y a des loups-garous, des vampires et bien d’autres choses qui empêchent de dormir la nuit. Tu as bien lu l’aver%ssement : « des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs » et tu as décidé de passer outre, la dame au guichet sera trop occupée, tu as enfin une chance sous le prétexte de trouver un sujet de conversa%on avec la charmante lectrice hispanique de ton collège et de parfaire ta connaissance de la langue de Goya peintre du « Sabbat des sorcières », de revoir un de ces authen%ques films d’horreur espagnols dans la lignée du grand Jesús Franco (Vampyros Lesbos ou Killer Barbys vus en ca%mini chez ton pote le grand Kévin), malencontreusement disparu l’an dernier, pas Kévin, Jesús, dont ce fes%val devrait nous régaler d’une rétrospec%ve intégrale, plutôt que des films argen%ns en noir et blanc d’une tristesse infinie. 7. Tu adores le pays basque, tu as vu ici même au Zola tous les films, documentaires ou fic%ons, à propos de l’ETA, tu te dis que Jorge Guerricaechevarría, le coscénariste, avec un nom pareil, il va enfin te faire découvrir des aspects plus posi%fs de ce territoire. Là tu vas être déçu, beaucoup de scènes filmées de nuit, ou dans des groCes, voire même au fond des chioCes. Un peu de piCoresque tout de même avec quelques receCes de cuisine dont le rô% de marmot aux pommes. Alors, de ce cinéma espagnol d’horreur pareil à nul autre, tu en reprendras bien un doigt ! Thierry Bonnet Cinéma Le Zola Dimanche 23 à 16h30 Samedi 29 à 14h 11 Yvy maraey tierra sin mal De juan carlos valdivia L e dernier film de Juan Carlos Valdivia, cinéaste bolivien, est une quête, un long voyage depuis La Paz jusqu'au Chaco, un voyage sinueux, difficile et accidenté dans le temps et dans l'espace, dans l'histoire et ses représenta%ons, enfin un voyage en soi même pour le protagoniste. Plus le cinéaste blanc, interprété à merveille par Juan Carlos Valdivia, réalisateur également du film (une performance qu'il n'a pas eu à forcer d'après lui, tant il y a une part autobiographique dans ce film), plus le karai, « le Blanc » en langue guarani, va parcourir l'espace physique, plus il va « descendre » de La Paz pour se rendre dans le Chaco, plus il va être confronté à des états supposés être de plus en plus proches de ce qu'il recherche : un état originel de « pureté » indigène, comme ce qu'il en a vu dans les films d'Erland Nordenskiöld tournés cent ans auparavant. Ainsi, plus il descend les Andes, son lieu d'origine, plus il remonte dans le temps, vers les origines... Sur la route, il rencontre des caminantes ces personnes qui cheminent le long des voies et se font transporter par les véhicules qu'ils croisent – qu'il conduit jusqu'à une ferme, puis à une réduc%on (en tous cas, ce qui semble être une ancienne réduc%on) ; là, il découvre la vie des gens et la fête, avec un chanteur qui interprète de la musique baroque héritée du passage des Jésuites. Mais la fête va bien vite révéler les rancoeurs diverses mais tenaces qui sourdent dans le cœur des hommes et quand l'alcool coule à flot, le danger n'est pas loin pour le Blanc, l'étranger... Andrès, après la fête, canalisatrice de la violence sociale, va se retrouver dans une autre réunion, une fête rituelle, plus proche de l'état « authen%que » voire « naturel » qu'il recherche... Il sera aussi confronté à 12 l'histoire et à sa ré-appropria%on par la jeunesse guarani lors d'une projec%on hallucinante de la bataille de Kuruyuki, le film qu'il souhaitait réaliser en par%e... Yvy Maraey dit aussi la magie de ceCe langue, le guarani, qui - comme toutes les langues - parle des hommes et raconte, dans sa construc%on et dans ses mots, leur vision du monde, leur rapport au monde, à leur environnement, leur rapport aux autres hommes... L'exemple du nous, inclusif ou exclusif qui permet d'inclure au groupe ou non, son interlocuteur - pronom personnel que l'on retrouve dans toutes les langues amérindiennes - est ici éloquent et illustre le type de rela%ons possibles - ou encore l'indis%nc%on de terminologie pour le bleu et le vert - la différence ne s'est faite qu'avec l'arrivée du cas%llan -. Ajoutons à cela que le guarani, même s'il bénéficie d'une transcrip%on écrite, est avant tout une langue de l'oralité.... et ainsi les histoires, les interroga%ons de tout un peuple, ces ques%ons, préceptes ou explica%ons du monde, rythment le film comme une longue litanie et en sont le fil. Enfin, la place de l'homme dans l'univers (« nous mourons pour briller ») et les étoiles, les constella%ons qui illustrent les mythes fondateurs des sociétés premières. sa moi%é, son autre moi : l'Autre, le guide, le Guarani : Yari ! Au bout de la route : le lien entre l'humain et le sacré, le rite ini%a%que où l'homme peut re-naître et donc devenir un homme, quand il pense apercevoir – mais n'est-il pas en état de confusion mentale, de transe ou d'hallucina%on ? - ce qu'il est venu chercher et qu'il traverse le miroir de la mort en tombant dans l'eau comme un Narcisse foudroyé, fasciné par sa propre image ? Yvy Maraey est donc un chemin qui mène du préjugé à la connaissance, de la naissance à l'Autre vers la re-naissance à soimême. Il doit bien exister un temps pour les récits des rêves en langue guarani... Pascale Amey Du conflit et donc de la révéla%on spontanée des sen%ments profonds naîtra l'accepta%on de ce qu'est l'autre mais aussi l'accepta%on de la force de l'esprit et de l'inexplicable, reliant à jamais deux personnes. Plus le Blanc s'éloigne de son centre, de son lieu d'origine, plus il perd ses aCributs de blanc et ses repères culturels ; plus il se confronte à la culture de l'autre, plus il remet en cause sa propre culture ou du moins l'interroge, la ques%onne... Qu'ai-je à leur apprendre sur eux mêmes alors que c'est leur regard qui me construit ? Pour l'accompagner dans son cheminement, sur la voie : INÉDIT Cinéma Le Zola Lundi 24 mars à 19h Salsa Picante n° 2 Quelques mots sur Haiti... Assistance mortelle P our comprendre le film Assistance Mortelle de Raoul Peck, il est important de révéler le contexte dans lequel s’inscrit la réalité d’Haï% au moment du séisme du 12 janvier 2010. Le mot Haï% est un des noms donnés par les habitants autochtones de l’île, les Taïnos, au moment de sa découverte par Christophe Colomb en 1492. Il signifie « terre de montagnes ». CeCe île a été le premier établissement de Christophe Colomb dans les Amériques. Il l’avait trouvée « merveilleuse » et l’a rebap%sée « Hispañola ». Mais ceCe île merveilleuse a subi au cours des siècles des déboires successifs qui l’ont accablée et conduite à la situa%on de pauvreté extrême que nous connaissons aujourd’hui. Le séisme de 2010 n’est que le dernier épisode d’une triste série de catastrophes causées aussi bien par la main de l’Homme que par la Nature. Voici quelques événements importants à retenir : 1492 : Christophe Colomb découvre Haï% et s’y installe. C’est le début de la colonie Espagnole. Les autochtones, appelés à tort « indiens », sont mis aux travaux forcés et sont rapidement exterminés. Un véritable génocide ! Les Espagnols font venir des esclaves noirs d’Afrique pour les remplacer. Pendant ce temps, des aventuriers Français, flibus%ers et boucaniers, s’installent progressivement sur la par%e Ouest de l’île. 1697 : C’est le Traité de Ryswick par lequel l’Espagne cède à la France le %ers occidental de l’île qui prend le nom de « Colonie Française de Saint Domingue ». Pour favoriser la culture intensive de la canne à sucre, la traite des esclaves noirs devient massive et leur nombre finit par aCeindre 10 fois celui des colons et des affranchis à la fin des années 1790. 1791 : La révolte des Noirs éclate, consacrée par la cérémonie vaudou du Bois Caïman. 1804 : Après une révolte sanglante, les esclaves noirs sont vainqueurs face à une armée de 30 000 hommes envoyée par Napoléon Bonaparte pour rétablir l’esclavage. Ils proclament l’indépendance d’Haï% qui reprend ainsi son nom ini%al. Les Haï%ens construisent des forts pour se prémunir contre un éventuel retour des Français, et réalisent l’unité de l’île en envahissant la par%e Est de l’île pendant 22 ans. 1825 : Charles X impose à Haï% une deCe de 150 millions de francs-or pour indemniser les colons Français dépossédés de leurs terres sous la menace d’une floCe de 14 navires de guerre. Acculée, Haï% emprunte pour payer et, pour financer ceCe deCe, lève des impôts Salsa Picante n° 2 De raoul peck qui vont anéan%r l’agriculture paysanne. En même temps, les droits de douane sur les produits Français sont quasiment annulés ! 1957 - 1971 : Le Dr François Duvalier devient Président de la République. Il installe un régime très autoritaire et fait régner la terreur en s’appuyant sur une milice personnelle, les fameux « Tontons Macoute » (croque-mitaines). 1971 – 1986 : Jean-Claude Duvalier succède à son père, François Duvalier, et devient à son tour Président à vie. Il perpétue la dictature ini%ée par son père et sera renversé par une révolte populaire en 1986 et déporté en France où il séjournera pendant 25 ans avant de retourner en Haï% où il se trouve actuellement. 2004 : Après deux mandats comme Président d’Haï%, l’ex-prêtre, Jean-Bertrand Aris%de est renversé à le 29 février 2004 sous la pression de la rue ainsi que de celle des pays dits « amis d’Haï% » (France, USA, Canada). Aris%de est déporté en Afrique du Sud. 2006 : René Préval est élu une deuxième fois Président d’Haï%. 2008 : Quatre cyclones ravagent l’île et ce ne sont pas les premiers ! Haï% est balayée tous les ans par plusieurs cyclones ! 12 janvier 2010 : un tremblement de terre majeur, de magnitude 7.0 sur l’échelle de Richter, dévaste la région de Port-au-Prince. Bilan : 300 000 morts, autant de disparus et 1,5 millions de sans-abris. L’aide interna%onale se mobilise et c’est précisément de ceCe aide et de son échec dont il est ques%on dans le film Assistance Mortelle de Raoul Peck. Le 20 octobre 2010, une épidémie de choléra éclate. Plus de 685 000 cas de contagion parmi lesquels 7 550 décès ont été répertoriés à ce jour. Il a été prouvé par des experts de différents pays (France, USA, …) qu’un con%ngent Népalais de la Mission des Na%ons-Unies pour la Stabilisa%on en Haï% (MINUSTAH) en est le vecteur. Mais l’ONU refuse d’en reconnaître la responsabilité. 2011 : Entre les deux tours des élec%ons présiden%elles, on assiste aux retours successifs en Haï% des anciens présidents en exil, Jean-Claude Duvalier (en janvier) puis JeanBertrand Aris%de (en mars). Un chanteur, Michel Martelly est élu Président avec 67% des voix au 2e tour, après un premier tour marqué d’innombrables irrégularités : assassinats, pressions exercées sur les électeurs, urnes bourrées, d’autres urnes renversées sur la chaussée. Mais la communauté interna%onale qui a payé une bonne par%e des coûts impose l’accepta%on du premier tour et l’organisa%on du 2e tour. Octobre 2012 : Le cyclone Sandy ravage Haï% et provoque de nombreux dégâts matériels. Chronologie établie par Daniel Boisson - Administrateur de Lyon-Haï Partenariats Haiti aujourd’hui c’est... Président : Michel MARTELLY, ancien chanteur, soutenu par les USA. Popula%on : 10,7 millions d’habitants dans le pays et une diaspora d’environ 4 millions aux USA, au Canada, dans les pays de la Caraïbe et en Europe Superficie : 27 700 km2 Monnaie et taux de change : La gourde soit 1 € ~= 60 Gourdes Salaire minimum journalier : 200 gourdes soit environ 3,3 € Taux d’analphabé%sme pour les personnes de plus de 15 ans : 60 % Taux de Chômage : officiellement 27,4 % mais en réalité plus de 65 % étant donné l’importance du secteur informel. Suite à une instabilité poli%que, une force de l’ONU, la Mission des Na%ons Unies pour la Stabilisa%on d’Haï%, « MINUSTAH » occupe le pays, avec environ 5.000 militaires et 2000 policiers. Le film, Assistance Mortelle... S’il était important de situer ce film dans son contexte, nous préférons vous laisser découvrir par vous-mêmes ce film qui révèle une réalité crue et souvent violente. Disons simplement qu’il s’aCache à démontrer l’immense gâchis de la manière dont ceCe aide, qui a pourtant mobilisé les bonnes volontés (Suite page 14) 13 (Suite de la page 13) et la compassion de la planète en%ère, a été détournée de ses objec%fs premiers et a souvent créé plus de problèmes qu’elle n’en a résolus. Le film date de 2011, un an après le séisme, mais les problèmes qu’il met en lumière sont encore bien présents aujourd’hui, en 2014 ! L’association Lyon- Haiti Partenariats L’associa%on Lyon-Haï% Partenariats (LHP) a été créée en 2011, partant précisément du constat d’échec de l’aide interna%onale en par%culier dans le cas du séisme du 12 janvier 2010 en Haï%. CeCe aide, indispensable dans l’instant même du séisme, n’apporte cependant pas de solu%on durable à la reconstruc%on et au développement de la popula%on locale. Notre réponse, à Lyon-Haï% Partenariats, est de faciliter les ini%a%ves locales qui sont nombreuses et vivaces, par la mise en place de partenariats entre les associa%ons de bases en Haï% et les organisa%ons de la région Lyonnaise désireuses de leur venir en aide. Notre ac%on est également tournée vers l’accueil et l’aide aux étudiants haï%ens sur Lyon et la région Lyonnaise. Enfin, LHP fait par%e d’un réseau, le Collec%f Haï% de France (CHF) qui mutualise les efforts de 80 associa%ons et plus de 150 membres individuels en France. Pour plus de détails, consulter le site de l’associa%on Lyon-Haï% Partenariats : hCp://lyonhai%partenariats.org/ Daniel Boisson Cinéma Le Zola Samedi 22 mars à 12h Dimanche 23 mars à 19h + rencontre avec Daniel Boisson CRISTO REY De leticia tonos Une ile, deux mondes C risto Rey, le film de Le%cia Tonos, réalisatrice dominicaine, traite de la difficulté à vivre ensemble pour les deux peuples d'Hispanolia - devenue aujourd'hui respec%vement et séparément la République d'Haï% et la République Dominicaine. Par le biais d'une fable dans un quar%er populaire, les amours impossibles entre un Haï%en et une Dominicaine, véritables Roméo et JulieCe d'Hispaniola, Le%cia Tonos montre la difficile coexistence, le racisme quo%dien dont souffrent les Haï%ens en République Dominicaine et l'inéluctable divergence des avenirs des deux peuples. Elle écrit : « Sans aucun doute, les rela ons dominicano-haï ennes sont extrêmement complexes : deux peuples habitant le même territoire géographique, une île qui plus est. Cependant, nous ne pouvons faire l'erreur d'arriver à en rer des conclusions simples et tranchées, en nous basant uniquement sur des aspects purement économiques ou raciaux pour jus fier ce"e complexité. Il y a quelque chose de beaucoup plus profond que cela, bien enraciné dans la nature de tous ceux qui partagent ce"e île. Un élément important et souvent mal connu est que la guerre d'indépendance de la République Dominicaine a été menée contre Haï . A l'inverse des colonies d'Amérique, qui acquirent leur indépendance contre des pays aussi puissants que l'Espagne ou l'Angleterre : la République Dominicaine, elle, a mené sa guerre d'indépendance contre son voisin Haï , ce qui a eu de graves conséquences, plutôt d'ordre social que polique. En 1822, neuf mois après la prise d'indépendance pacifique des agriculteurs et des commerçants dominicains à l'égard de l'Espagne, les troupes haï ennes du Général Boyer – un mé s né libre et éduqué en France – envahirent la par e orientale de l'île. La première ordonnance du Général Boyer fut l'aboli on de l'esclavage et la restric on de l'u lisa on de la langue espagnole. Après 22 ans de mesures fiscales strictes de la part des Haï ens et de nombreuses protesta ons de la part des Dominicains, le 27 février 1844, la République Dominicaine déclare la guerre d'indépendance contre Haï . A par r de ce moment-là et selon les périodes, les rela ons entre les deux pays furent difficiles, voire extrêmement tendues. » Ainsi le film Cristo Rey, va illustrer les difficultés de cohabita%on et d'entente des deux « frères ennemis » à travers l'histoire de Janvier, jeune haï%en vivant dans le quar%er de Cristo Rey, un quar%er très populaire de la capitale, Saint Do- 14 mingue ; celui-ci, qui s'est développé après la mort de Trujillo, était la propriété personnelle du dictateur. Il est connu pour sa croissance rapide et parce qu'il est réputé pour abriter surtout des révolu%onnaires, des trafiquants , des criminels ainsi qu'une grande par%e de la communauté d'immigrants haï%ens. Ainsi, Cristo Rey raconte l'histoire de différents personnages du quar%er – qui devient lui-même un personnage - dont les vies vont se croiser et s'entre-mêler : Janvier, l'Haï%en, noir, beau garçon, honnête, travailleur, bon comme le pain, de mère haï%enne et de père dominicain, Rudy, son demi-frère, dominicain blanc, jaloux et ex-pe%t ami de Jocelyn, la sœur d'El Baca, le caïd du quar%er, trafiquant cruel, physiquement repoussant et qui se cache quelque part dans la ville ; ses sbires sont chargés de surveiller la belle, charmante mais primesau%ère Jocelyn ; les policiers eux sont bêtes, méchants et corrompus ! Quant aux lieutenants d'El Baca, ils veulent toujours être califes à la place d'El Baca.... S'en suit une guerre de gang où se mêlent les liens entre la police et leur indicateur qui se trouve être Rudy, le faux frère... qui lui-même est toujours amoureux de Jocelyn, qui elle est tombée amoureuse de Janvier tandis qu'il était chargé de la surveiller.... imbroglio des rues dans Cristo Rey, imbroglio sen%mental, imbroglio policier... qui ne peut qu'être fatal ! Si les personnages sont très typés, les rôles sont clairs : le méchant, la belle, le traître, l'envieux, le bon, l'infâme etc... et les acteurs surjouent un peu, donnant au film une dimension théâtrale dont Cristo Rey est la scène. Le début du film d'ailleurs est éloquent à ce propos : les passants et les habitants improvisent un chant et une danse... qui laisse augurer sous des dehors joyeux l'inquiétude et la tension sous-tendant le film. Il faut donc prendre Cristo Rey pour ce qu'il est : une parabole, celle d'une île et de deux peuples... qui, s'ils semblent si proches, paraissent pourtant irréconciliables. Pascale Amey Cinéma Le Zola Dimanche 23 à 21h + rencontre avec Daniel Boisson Salsa Picante n° 2 Un paraiso PARA LOS MALDITOS DE ALEJANDRO MONTIEL D ans Un paraiso para los malditos (Argen%ne, 2013) rien n'est ce qui paraît. Marcial (Joaquín Furriel), travaille comme veilleur de nuit d’un dépôt d’usine dans une banlieue grise de la périphérie de Buenos Aires. De la fenêtre (référence hitchcockienne ?) il observe la rue, les allées et venues des voisins, les emportements d’un groupe de marginaux. C’est un taiseux, un bourru (il nous rappelle Un oso rojo de Adrián Israel Caetano). Il ne laisse rien transparaitre mais on devine une violence contenue… Il aCend, nous aCendons avec lui, quelque chose se prépare… Il y a aussi une femme, présence fugi%ve, Miriam (Maricel Álvarez), chargée du neCoyage de cet immeuble lépreux. Elle espère quelque chose qui changera sa vie. Et dans la maison voisine il y a un vieux, Román (Alejandro Urdapilleta) abandonné et malade, prisonnier de sa propre folie. Quand l’ac%on s’accélère, on comprend qui est Marcial. Il porte bien son nom, qui signifie guerrier. Héros tragique qui accepte son des%n sans rien regreCer (comme le dit la chanson finale de Piaf, magnifique adapta%on et interpréta%on de Florencia Arce), on le voit en même temps se projeter dans une réalité qu’il ne soupçonnait pas et qui va changer sa Salsa Picante n° 2 vision du monde et sa percep%on des choses, dans une sorte de rédemp%on à laquelle fait référence le %tre du film : un paradis pour les maudits… Affectant une sobriété de bon aloi, le film, tradi%onnel, est remarquable par le jeu des acteurs et la photographie. Il commence comme un thriller mais il acquiert une tout autre dimension à travers l’approche pudique et toute en nuances de grandes ques%ons existen%elles : la solitude, la vieillesse, la décadence physique, la folie, la mort, l'amour, la compassion. Ce n’est pas pour rien que Fourriel, grand interprète de Samuel BeckeC, a été choisi pour ce rôle. On sent que Alejandro Mon%el, le réalisateur, dont c’est le cinquième longmétrage, a mûri et a pris des risques. Nous sommes loin de Extraños en la noche, policier roman%que avec des touches d’humour et de comédie musicale, film avec lequel il s’est fait connaitre dans le circuit commercial. Il mise ici sur un tout autre registre, plus cru, plus hermé%que et il ob%ent un résultat dans lequel cohabitent le thriller psychologique et le drame philosophique. Joaquin Furriel est un acteur de théâtre et de télévision argen%n reconnu et plusieurs fois récompensé. Un paraiso para los malditos est son premier film comme protagoniste. Maricel Alvarez est une interprète, cho- régraphe et enseignante argen%ne. Son premier grand rôle au cinéma arrive avec Marambra, dans le film Biu#ful, du mexicain Alejandro González Iñárritu (Cannes 2010). Alejandro Urdapilleta était un acteur plusieurs fois primé, scénariste et auteur né à Montevideo (Uruguay) de parents argen%ns exilés. Il avait débuté sa carrière ar%s%que dans le centre Parakultural, qui était, dans les années 80, le paradigme de la culture underground de Buenos Aires. Le public français a pu le voir dans les films La niña santa de Lucrecia Martel et Telepolis (%tre original La Antena) de Esteban Sapir. Il est décédé à Buenos Aires en décembre 2013. Un paraiso para los malditos aura été son dernier film. Margarita Margini INÉDIT Cinéma Le Zola Lundi 24 mars à 16h30 Dimanche 30 mars à 19h 15 El mudo De daniel & diego vega vidal La voix de la justice emprunte des chemins tortueux... A n%pathique, sec, rigide, Constan%no Zegarra est marié ; il est également le père d'une fille adolescente qu'il prétend protéger de son pe%t ami. Sa vie est réglée comme du papier à musique et sa seule folie semble être la douche qu'il prend avec son épouse, une espèce de rituel qui %ent plus de l'habitude que du piment sexuel... Une vie calibrée, régulière, rythmée par ses journées au tribunal, car Constan%no Zegarra (interprété par l'impeccable Fernando Bacilio) est juge et se targue d'être incorrup%ble. Mais bientôt une succession de grains de sable vont venir gripper la machine si bien huilée de son existence. Il y a d'abord la vitre fracassée de sa voiture ; il pense immédiatement à une vengeance de la part de la femme dont il a refusé les tenta%ves de corrup%on ; vient ensuite sa «muta%on-reléga%on » dans le district de Mala, bien loin de Lima... et, pour comble, un coup de feu l'aCeint au cou et altère ses cordes vocales : le voici devenu muet... ! A n'en plus douter, il s'agit bien d'un complot, quelqu'un lui en veut... Obsédé par l'idée que quelqu'un souhaite le faire disparaître, Constan%no Zegarra se lance dans une (en)quête qui permet 16 aux frères Vega (Daniel et Diego) de dresser un portrait sans concession de la jus%ce, du système judiciaire péruvien et de la poli%que. Psychorigide et monomaniaque, le pe%t juge n'aura de cesse de découvrir le coupable et de démontrer les liens qui existent entre « l'aCentat » et la tenta%ve de corrup%on dont il a été vic%me. cun ne trouve grâce aux yeux des spectateurs, ce qui permet finalement d'observer les agissements des uns et des autres, comme l'on regarderait, détaché(e) mais fasciné(e), de merveilleux poissons exo%ques dans un aquarium.... Comment cela finira-t -il ? Finalement qui veut la peau de Constan%no Zegarra ? Pascale Amey Pour l'accompagner dans sa recherche de la vérité – il faut dire que le fait qu'il soit devenu muet génère des difficultés et des situa%ons incongrues - il doit s'acoquiner avec un policier, qui semble être tout son contraire : hâbleur, menteur, ne crachant pas sur les bakchichs, et visiblement peu enclin à chercher la vérité car … il faut bien le dire « les 800 personnes condamnées par le juge lui en veulent ! »... oui mais... qui a souhaité sa muta%on forcée à Mala ? Le juge Constan%no Zegarra est donc, loin d'être un héros malgré son incorrup%bilité, un homme désagréable, peu aimé de ses collègues, de la famille « juridiciaire », de sa propre famille ; les frères Vega réussissent ce tour de passe passe incroyable : montrer des personnages tous tellement désagréables ou malhonnêtes, qu'au- AVANT-PREMIÈRE Cinéma Le Zola Lundi 24 mars à 21h Salsa Picante n° 2 Les regards 22 films, 6 lieux / séances en entrée libre Les Regards, sec%on « documentaire et courts métrages » des Reflets du Cinéma Ibérique et La%no-américain, vous proposent, ceCe année encore, une série de films inédits, étonnants et passionnants. Aux bibliothèques des 4e et 7e arrondissements, à la Faculté Catholique, à l’Ins%tuto Cervantes à Lyon, et au Toï Toï Le Zinc à Villeurbanne. Une programma%on complémentaire à celle de la sec%on Panorama, qui se propose de poser un regard différent sur l’Amérique La%ne. Vendredi 4 avril – 19h au Toï Toï le Zinc - Villeurbanne Clips musicaux de chanteurs chiliens d'aujourd'hui Victor Jara presente, ahora y siempre ! (avant-première) Samedi 22 mars – 14h30 à la bibliothèque du 4ème – Croix Rousse - Lyon Sur les Braises (14h30) Je suis José Mujica – le pouvoir est dans le cœur (16h30) en présence des réalisatrices Jordane Burnot et Maureen Burnot en compagnie de Lucía Wainberg Sasson Lundi 24 mars - 12h à l’Amphithéâtre D2.01 - Faculté Catholique - Lyon Daniel Vidart, un paysan éclairé (12h) Graines de lumière – Semillas de luz (12h30) Lundi 7 avril – 12h à l’Amphithéâtre D2.01 - Faculté Catholique - Lyon Momentos Prozac Sur les braises en compagnie de la réalisatrice Lucía Wainberg Sasson Samedi 29 mars – 15h à la bibliothèque du 7ème – Jean Macé - Lyon De que vuelan vuelan Mercredi 9 avril – 18h30 à l’Ins%tuto Cervantes – Lyon Retour en terre mapuche Rencontre (AFAL) et débat en compagnie de la co-réalisatrice Myriam Bou-Saha Lundi 31 mars - 12h à l’Amphithéâtre D2.01 - Faculté Catholique - Lyon Juste de l’eau (12h) Aire Che ! (12h) Lundi 14 avril – 12h à l’Amphithéâtre D2.01 - Faculté Catholique - Lyon Para los Pobres piedra en présence de la réalisatrice Lucile Couvreur MenosMasDiez (13h) Mercredi 2 avril - 19h à l’Ecole de Ges%on et de Commerce de l’Ain Bourg-en-Bresse Les couleurs invisibles de BeneYon (19h) Jeudi 17 avril – 18h30 à l’Ins%tuto Cervantes – Lyon C’était un mardi 11… en présence du réalisateur Rafael Gu#érrez en présence du réalisateur Rémy Watrigant Il n’y aura pas de Révolu#on sans chanson (20h) en présence de la réalisatrice Mélanie Brun Salsa Picante n° 2 17 Je suis jose mujica, le pouvoir est dans le coeur regards Lucia wainberg sasson Q uelques ques#ons à Lucia Wainberg Sasson qui présente... Je suis JosE Mujica le pouvoir est dans le cOEur En avant-première pour les Regards 2014 En aCendant de rencontrer le public des Reflets et des Regards, Lucia a répondu à quelques ques%ons : Pourquoi vouloir faire un portrait de José Mujica ? J'ai rencontré José Mujica par hasard en 2005, dans une ambassade, il est venu vers moi, je ne savais pas qui c'était, j'ai eu la vision de la nécessité de le filmer et, j'ai voulu suivre l'évolu%on de vie sur un temps donné de cet homme. Entre temps il est devenu président. Ce n'était pas un vouloir, sinon une nécessité. Je me suis rendue compte que j'avais enregistré tout le nécessaire pour faire un film sur lui. Quand on le rencontre personnellement, il est très impressionnant, on a le sen%ment d'être devant un moment d'Histoire et il est d'une simplicité déroutante. Un voyage poé%que au cœur du pouvoir ou comment filmer la poli%que autrement ; un regard sensible sur le devenir de la démocra%e. Ce film fait le portrait de José « Pépe » Mujica, leader historique uruguayen, révolu%onnaire vivant, filmé caméra au poing, sur un ton in%me et inaCendu ; une interview personnelle qui se transforme en un message universel pour l'avenir. Inspirée par le texte de Hanna Arendt, "La poli%que a-t-elle encore un sens ?", une jeune femme interroge le devenir de la démocra%e avec son regard. Le président iconoclaste plante sa vision pour affronter le nouveau millénaire avec créa%vité. Un document précieux, réalisé au cours des 8 dernières années. 18 Que t'inspire l'expression « le président le plus normal du monde ? » La spontanéité que Mujica exerce comme awtude au sein du pouvoir, est juste sa manière d'être. En même temps, malgré les apparences de simplicité, je pense qu'il maîtrise ceCe complexité. En quoi penses-tu qu'il puisse inspirer les jeunes généra+ons ? Il donne confiance, il sème des valeurs : trouver le sens dans sa vie et de conquérir sa liberté, il diffuse au fond un message de paix pour ceux qui veulent bien entendre et garder uniquement sa par%e sage et posi%ve. Je n'ai pas fait un portrait poli%que, c'est juste le dessin de sa personnalité et le cœur de son message dont j'ai fait la synthèse pour le transmeCre. Daniel vidart, le paysan eclaire Graines de lumiere Combien de temps pour écrire ce film, le tourner, le monter ? Ce film a été tourné, et s'est écrit au montage. Entre 2005 ou je l'ai filmé 1 fois et 2 autres fois où je l'ai croisé personnellement, ils nous a fallu 2 mois avec Laura Lefevre, qui habite à Lille, pour le monter. » Au final, la poli+que a-t-elle encore un sens ? C'est la ques%on de fond que pose le film. Mujica n'est pas une solu%on, il n'est qu'un exemple. Dans ce moment ou pour moi le monde vit un vide de sens au niveau de l'offre poli%que. Le sens dans la poli%que serait de réintégrer l'humain au cœur du disposi%f et non de laisser la soif de pouvoir régner, ce serait réhabiliter l’éthique dans le pouvoir le sens de la poli%que, comme le disait les anciens en Grèce. Je pense que Mujica nous fait réfléchir sur ce territoire. Il faut aussi prendre du recul, car c'est le discours de Mujica, la réalité de sa gouvernance, c'est autre chose. D'autres films existeront làdessus. Samedi 24 mars à 16h30 à la Bibliothèque du 4ème arrondissement Croix Rousse - Lyon En présence de Lucia Wainberg Sasson. Daniel Vidart, un paysan eclaire Daniel Vidart est né à Paysandu, en Uruguay, le 7 octobre 1920. Il est écrivain, citoyen du monde, essayiste et poète. C'est un des pionniers de l’anthropologie uruguayenne. Il a occupé plusieurs postes académiques (Suite page 19) Salsa Picante n° 1 (Suite de la page 18) importants en Amérique La%ne et a reçu de nombreuses dis%nc%ons lors des dernières années. En 2007, à Montevideo, il est déclaré citoyen illustre. A par%r de 2009, il est membre de l'académie na%onale de leCres d'Uruguay. Ses préoccupa%ons fondamentales portent sur les phénomènes contemporains. Ce film prolonge la rencontre avec un immortel et nous donne la clé de sa jeunesse. Graines de lumiEre Semillas de luz Graines de lumière est un voyage ini%a%que dans un pays qui tente d'écrire sa propre histoire. Comment raconter l'Histoire et quelle histoire ? Qui peut l'écrire ? Que transmeCre ? À travers des témoignages sur la tragédie humaine que sont les dispari%ons causées par la dictature uruguayenne dans les années 70, ce film transforme la réalité en un long poème de lumière. Pensées poé%ques contre idées poli%ques ? En aCendant de rencontrer le public dans l'amphithéâtre D2.01, Lucia répond à quelques ques%ons... Pourquoi ce +tre ? Comment as-tu connu Daniel Vidart ? C'était mon voisin pendant les 3 ans où j'ai habité en Uruguay. Un jour, un ami me l'a présenté et, de fil en aiguille, est né l’idée d'un film hommage en vie à sa personne. Pourquoi faire le portrait de cet anthropologue uruguayen ? Quel intérêt cela peut-il avoir pour le public français ? Daniel Vidart a 93 ans ; il représente pour moi un homme qui est inspirant pour tout le monde au- delà des fron%ères par sa vitalité. Il est aussi un érudit et a écrit sur de très nombreux sujets qui concernent tout le monde, en ce moment il est en train de théoriser sur la marijuana. Il est donc très contemporain, mais c'est aussi "un trésor na%onal vivant", peu connu à l'étranger. Je pense que l'avenir de l'éduca%on a besoin de passeurs de connaissances qui inspirent, qui mo%vent à apprendre, il représente cela. A-t-il vu le portrait que tu as tourné de lui ? Qu'en a-t-il pensé ? Oui il l'a vu, il m'a dit qu'il avait apprécié. Quelles difficultés as-tu rencontrées pour faire ce film (écriture/temps de tournage/ montage) ? J'ai tourné 30 heures, sur 3 ans, 1 h 1 fois par semaine. Le protocole était de venir poser la caméra dans la bibliothèque et de l'interroger sur un sujet. Très souvent, nous parlions aussi du sujet sur lequel il était en train d'écrire à ce momentlà. Lundi 24 mars à 12h à l’Université Catholique Amphithéâtre D2.01 - Lyon En présence de la réalisatrice Salsa Picante n° 2 Il y a deux raisons d'être à ce %tre. D'abord au départ le film devait s’appeler "Prison Liberté", mais comme j'avais déjà u%lisé, (c'était l'embryon de Graines de Lumière) il fallait être précise ; je voulais qu'on change la façon de percevoir un sujet par la façon de le nommer ; Graines de Lumière est venu, qui propose de voir le posi%f dans ce qui néga%f afin de permeCre la possible transforma%on, d'un individu, d'une société. Enfin, j'aime imaginer l’idée qu'il existe à l'intérieur de chaque cœur humain des signes à décrypter, des graines de lumière, en les nommant, je me suis dit que c'était le premier pas pour les iden%fier et pour les voir se déployer. » Graines de lumière semble être la suite logique de ton premier film (présenté aux Regards il y a 7 ans), Carcel Libertad... peuxtu nous en dire plus ? Je n'avais pas lu ceCe ques%on avant de répondre à la précédente ! C'est superbe, tout s’enchaîne avec cohérence. Oui, j'ai con%nué à poser mon regard sur la société uruguayenne, pour faire société, cela est l'engagement de ce film. Le premier film était très personnel et partait de mes interroga%ons pour aller vers le collec%f. Dans Graines de lumière j'ai recons%tué une constella%on familiale au niveau d'un pays, j'ai créé une connexion entre toutes les généra%ons, et un débat entre deux être poli%ques qui ne débaCent pas dans la réalité. Prison Liberté était un hommage pour les familles qui n'ont pu dire au revoir à leurs êtres chers. poli%que par la poésie. Graines de lumière propose la possibilité de la résilience à un niveau individuel et collec%f. Mon souhait serait que d'autres pays prennent ce film pour faire ce travail avec leur culture. En ce sens c'est un format de créa%on, un disposi%f, mais dont on peut extraire un protocole pour trouver la façon de révéler les moments d'histoires déniés.. » Comment as-tu écrit le film, sur combien de temps ? Ce fut un très long processus qui commença en 2005 et qui s'est révélé au montage par la poésie comme trame. Le par% pris du film est la voix poé%que pour suspendre le temps, suspendre la voix. Ici on oppose la réalité média%que, la parole humaine à la poésie pour entendre la résonance de ces discours et avoir un espace de réflexion. Combien de temps a-t-il fallu pour le monter ? Plusieurs mois, à peu près 4 mois, mais ceci est une réponse rela%ve ; pour moi ce film est vivant, en devenir, il s'éditera peut-être un jour en noir et blanc et prendra encore un sens plus profond. Graines de lumière est un travail sur la suspension du temps et nous donne le passeport de citoyens du monde pour avoir le droit d'interroger notre histoire en minuscule et en majuscule au même temps. Lundi 24 mars à 12h30 à l’Université Catholique Amphithéâtre D2.01 - Lyon En présence de la réalisatrice Les trois séances des films de Lucia Wainberg Sasson sont en entrée libre. Propos recueillis par Pascale Amey Graines de Lumière prolonge ce geste, c'est un manifeste, un film qui se propose comme un droit de vote par le regard poé%que et qui se veut être une autorisa%on offerte à d'autres afin de produire leurs iden%té subjec%ve pour répondre aux failles du système 19 s e d s o h c E ds r a reg Est-ce la première fois que tu par+cipes au Fes+val des Reflets ? Oui, première fois. Avant de te rendre à cet évènement avais-tu des aKentes par+culières ? J’avais lu le synopsis avant d’y aller, mais je n’avais pas des aCentes par%culières. Qu’est-ce qui re+ent ton aKen+on dans ce fes+val ? R etour sur trois présenta%ons la%no-américaines inédites organisées dans le cadre des « Regards », quelques jours avant le lancement officiel de la tren%ème édi%on ! Comment ça … ce n’est pas vrai… vous n’é%ez pas là ? Alors en exclusivité et parce que c’est vous je vous récapitule les moments marquants ! C’est à la bibliothèque de la Croix Rousse, située en plein cœur de la ville des Gônes, que j’ai décidé de poser l’ancre ce samedi 15 mars. 14h 1 minute et 3 secondes, tout le monde re%ent son souffle… Ça y est ça commence ! La réalisatrice Elvira Díaz nous fait l’honneur de partager deux de ses œuvres réalisées au cours de ceCe année. de retour au pays natal avec sa fille, à la recherche des traces du passé. Suite à ces projec%ons émouvantes qui meCent en évidence la réalité chilienne actuelle, tout le monde est emporté par la même émo%on. Un flot de ques%ons envahissent et inondent les pensées des spectateurs. Heureusement, le moment convivial d’échanges prévu par Pascale Amey permet à Elvria Díaz de répondre au mieux à toutes ces interroga%ons. A l’issue du débat, je me faufile parmi les spectateurs ayant assisté à l’évènement afin de recueillir en instantané leurs réac%ons et vivre en direct, avec eux, l’apport des Regards sur leur propre vision de cet évènement historique. C’est donc à ceCe occasion que j’ai eu le privilège de rencontrer : 20 Comment as-tu connu ce fes+val ? L’année dernière j’ai vu des affiches dans la ville. Est-ce que tu vas profiter encore des Reflets ? Je vais assister à plusieurs séances de films du fes%val et j’essaierai aussi d’aller voir les projec%ons de la sec%on Regards. Tout d’abord un moyen-métrage in%tulé VICTOR JARA N°2547 proposant le touchant témoignage d’Hector Herrera, un fonc%onnaire de retour au pays, quarante ans après son exil en France, pour avoir donné une dignité au corps de l’un des célèbres opposants à la dictature chilienne, Victor Jara. Deux heures plus tard, la réalisatrice poursuit la présenta%on de son travail par une œuvre encore plus in%me in%tulée Y VOLVERE. Le %tre annonce explicitement la probléma%que actuelle à laquelle est confrontée la généra%on s’étant exilée et la nouvelle : faut-il oublier ou revenir au pays ? Elvira Díaz nous propose ceCe réflexion au regard de sa propre famille, en évoquant la situa%on de son oncle Porfirio Díaz, exilé poli%que en France depuis 1974 Je suis Argen%ne et le film Y volveré m’a par%culièrement émue, surtout pour la proximité entre l’histoire de nos deux pays voisins. En étant en France j’apprends beaucoup de l’histoire de l’Amérique du Sud, en rencontrant des gens de plusieurs pays et en nous approchant grâce à notre langue commune. C’est une richesse pouvoir partager avec le monde notre histoire et réfléchir ensemble d’une réalité qu’aujourd’hui (au moins pour ma généra%on) parait lointaine. De ton côté est-ce que tu prends des ini+a+ves pour promouvoir la culture la+no-américaine ? Je suis formatrice d’espagnol dans le milieu professionnel, donc je pense que j’ai la chance avec mon travail de promouvoir constamment la culture la%noaméricaine. Le cinéma est pour moi une passion qui me permet aussi de partager des réflexions et goûts avec des gens qui ne connaissent pas forcement notre culture. NOM : De Mar%no Prénom : Julieta Age : 31 ans Na%onalité : Argen%ne Profession : Enseignante Mais l’après-midi réservait une autre surprise. Je vous le raconte ici et maintenant parce que c’est vous et que vous (Suite page 21) Salsa Picante n° 2 (Suite de la page 20) le valez bien ! A 17h30, j’ai pris l’air argen%n grâce à l’exposi%on BuenosAires-Ushuaia. Une histoire argen ne, en présence du photographe Vladimir Slonka-Malvaud. A travers une série de clichés récents, réalisés entre juin 2011 et 2012, j’ai été au contact de ces deux villes aux influences complétement différentes. La première par%e de l’exposi%on présente un regard à la fois bienveillant et cri%que sur Buenos Aires, s’éloignant considérablement des préjugés. Le photographe n’a de cesse recherché des instants insolites entre héritage et singularité, à Buenos Aires, ville en constante ébulli%on où le temps ne s’arrête jamais… L’exposi%on propose une deuxième atmosphère opposée à celle de la capitale. Au contact d’Ushuaia, le photographe poursuit sa tâche, celle de proposer un regard loin des stéréotypes, en nous proposant une vue intérieure, plus in%me des habitants de la Terre de feu, hors fronton de mer, en montrant les pra%ques quo%diennes insolites de ces derniers… Suite à la présenta%on complète et détaillée du photographe, je me suis rapprochée des spectateurs pour obtenir leurs réac%ons et… je ne peux pas vous faire ça… je vous livre un témoignage en par%culier. ment ? Etant assez cinéphile et très curieuse à la base, je recherche dans ce fes%val à être surprise. C’est l’occasion aussi de me faire plaisir, et de prolonger la découverte sur les films la%noaméricaines qui sont présentés en inédit. De plus, je considère que ce fes%val est indispensable dans la société actuelle, car il permet de sor%r des préjugés que l’on peut avoir en par%culier sur la culture la%no-américaine. Cela permet aussi de les meCre en valeur car elles restent encore dans l’ombre, or il y a des histoires et des manières d’interpréter le monde qui méritent une inten%on par%culière. De ton côté est-ce que tu prends des ini+a+ves pour promouvoir la culture la+no-américaine ? Peut-être je pourrais être plus ac%ve sur ce point-là mais en tant qu’Espagnole je trouve que j’ai une responsabilité avec les diverses cultures qu’on appelle culture la%no-américaine après le dommage causé par la colonisa%on et l’extermina%on des peuples indigènes. Comment as-tu connu ce fes+val ? La semaine dernière une étudiante m’a donné un tract du Fes%val à l’entrée de l’Université. Puis, j’ai trouvé le programme à la bibliothèque de la CroixRousse et là j’ai obtenu toute l’informa%on sur ceCe édi%on. Est-ce que tu vas assister à d’autres ac+vités proposées par le fes+val ? NOM : Zuazua Mármol Prénom : Oihane Age : 22 ans Na%onalité : Espagnole Ac%vité : Etudiante Erasmus d’Anthropologie Sociale et Culturelle à l’Université Lyon 2, Licence 3 – Master 1. Pour ta première par+cipa+on au fes+val quelle idée avais-tu de cet évène- Salsa Picante n° 2 Oui, je vais assister à d’autres projec%ons des films que me semblent intéressants et découvrir les autres exposi%ons proposées. Je suis aussi en train de me mo%ver pour aller à la « Fiesta Grande ». Maëlle Parras PROCHAINS RENDEZ- VOUS DES REGARDS… Samedi 22 mars à 14h30 à la Bibliothèque du 4e Croix Rousse - Lyon Sobre las brasas (14h30) Je suis José Mujica… (16h30) en présence de la réalisatrice Lucia Wainberg Sasson Lundi 24 mars à 12h à l’Université Catholique Amphithéâtre D2.01 - Lyon Daniel Vidart, un paysan éclairé (12h) Graines de lumière (12h30) En présence de la réalisatrice Lucia Wainberg Sasson Les lieux des regards Bibliothèque du 4ème arrondissement Croix Rousse 2 bis rue de Cuire - 69004 Lyon Anne Réty – tél. 04 72 10 65 41 Ouverture les mardi, jeudi et vendredi de 13h à 19h, le mercredi de 10h à 12h et de 13h à 19h et le samedi de 10h à 18h. www.bm-lyon.fr/ Bibliothèque du 7ème Arrondissement Jean Macé 2 rue Domer - 69007 Lyon Valérie Franco - tél. 04 78 96 48 30 Ouverture les mardi, jeudi et vendredi de 13h à 19h, mercredi de 10h à 13h et de 14h à 19h et samedi de 10h à 18h www.bm-lyon.fr/ Ecole de Ges#on et de Commerce de l’Ain 80 rue Henri de Boissieu - 01000 Bourg-en-Bresse Ins#tuto Cervantes 58 montée de Choulans - 69005 Lyon Nadia Mansouri – tél. 04 78 38 72 41 hCp://lyon.cervantes.es/fr/ Toï Toï le Zinc 17-19 rue Marcel Dutartre - 69100 Villeurbanne David Michel – tél. 04 37 48 90 15 www.toitoilezinc.fr Université Catholique de Lyon Amphithéâtre D2.01 - 23, place Carnot - 69002 Lyon Rémi Douzal – tél. 04 72 32 50 48 21 Favelas ! Exposition de peinture de Florent Espana Du mardi 18 mars au jeudi 3 avril « Florent Espana a souhaité répondre à quelques ques%ons : Quelle est votre forma+on ? J'ai intégré l'école Emile Cohl (Lyon) et j'en suis sor% diplômé en 2006. Je suis donc désormais peintre et illustrateur . Ar%ste peintre professionnel depuis 2006, j'ai reçu au travers de mon appren%ssage ar%s%que une éduca%on "classique" et des bases solides. Les favelas, par leur densité, sont des illustra ons du monde dans lequel nous évoluons. Ma peinture reflète une densité qui a a"eint son paroxysme, un monde dans lequel chaque jour Pourquoi les favelas vous ont-elles intéressé ? Comment avez-vous procédé ? l’homme est confronté à l’accumula on. La superposi on de couches de peinture sur la toile exprime ce"e densité. Elle est pour moi synonyme de noirceur du fait du sen ment d’oppression qui s’en dégage. On dit souvent qu’en peinture le noir ne devrait pas être u lisé car il n’est pas une couleur, mais dans la réalité le noir finit par être LA couleur, LA trace du temps. Telle la suie, le noir érode nos villes. Les hommes s’a"achent à ne"oyer ces traces en exprimant leur génie. Les favelas reflètent le besoin de couleur : l’inten on colorée naît des graffi s, des logos, des acteurs du street art. Je m’a"ache alors à res tuer la beauté de la favela et tel un acteur de ce milieu j’y insère des symboles issus de ma culture ar s que. » Florent Espana hCp://espanafavelas.blogspot.fr/ Je me suis d'abord concentré sur les mo%fs urbains au travers de représenta%ons réalistes voire hyper-réalistes. Issu de la généra%on "graffi%" et aimant la peinture impressionniste, j'ai rapidement dérivé vers le mo%f des favelas qui regroupent selon moi toutes les probléma%ques que je souhaite aborder dans ma créa%on : ques%onnement sur le futur, l'évolu%on de l'Homme, la société… La découverte des favelas fut un vrai tournant dans ma créa%on. J'y incorpore aujourd'hui tout un tas de différents graphismes et un variété de techniques qui me permeCent de m'exprimer librement et de créer mes propres Favela. Bien au delà du bidonville, ce "terrain" m'interpelle toujours et du fait de son évolu%on permanente me permet d'incorporer à celles ci de nouvelles données, sources de références et symboles. » Vous semblez très « préoccupé » par les thèmes contemporains et urbains... violence, street art, misère graphique des favelas... pouvez-vous en dire plus ? Les probléma%ques contemporaines (violences, guerres, .etc.) sont pour moi un terrain d'expériences et le témoin de mes 22 propres préoccupa%ons. Je ne suis jamais à cours... notre monde offrant malheureusement de nouveaux exemples tous les jours. Quelles sont les différentes techniques que vous u+lisez pour vous exprimer graphiquement ? Ma technique est libre et mixte, même si 80% de mes créa%ons picturales sont à base de peinture à l'huile, il m'arrive d'y incorporer des médiums autres (Glycéro, acrylique, encres...) à des fins graphiques. Je travaille aussi parallèlement le dessin, crayons et stylos bille notamment. Une exposi%on de dessin au "bic" est en cours en ce moment à la galerie du Eighty one Store dans le premier arrondissement de Lyon. » Vos projets ? A par%r du 15 Avril vous pourrez découvrir une exposi%on rétrospec%ve de mon travail dans ma galerie personnelle qui se trouve à Villefranche sur Mer au 17 rue de l'église ! Retrouvez toutes les infos sur mon site : www.florentespana.com A très bientôt ! » Propos recueillis par Pascale Amey Bibliothèque du 7ème – Jean Macé 2 rue Domer - 69007 Lyon Téléphone : 04 78 96 48 30 Responsable anima%on : Valérie Franco Horaires d'ouverture : mardi, jeudi, vendredi : 13h-19h / mercredi : 10h-13h et 14h-19h / samedi : 10h-18h ENTRÉE LIBRE Salsa Picante n° 2 Pendant les REFLETS… Kesk’ C omme chaque année, Hispas se glisse dans les coulisses du fes%val. Pour ce deuxième numéro de Salsa Picante, nous avons voulu vous présenter un des acteurs ayant contribué à la mise en place de cet évènement… 3,2,1… ACTION !!! seulement, pour que des événements comme celui-ci aient lieu. Me sentant également concernée, aujourd'hui comme en 2011 (lors de ma première expérience en tant que bénévole), il est important pour moi de m'impliquer afin que les manifesta%ons culturelles comme celle-ci puissent con%nuer d'avoir lieu et parvenir à toucher un public à chaque fois un peu plus important. Qu’est-ce qui t’as marqué dans l’organisa+on du fes+val ? NOM : González Figueroa Prénom : Alondra Age : 21 Na%onalité : Française Ac%vité : Étudiante Est-ce la première fois que tu par+cipes à un fes+val ? Son côté associa%f, dans le sens posi%f du terme, qui se fait ressen%r par sa volonté de travailler en prenant réellement en compte les demandes de son public et en travaillant conjointement avec celui-ci. Pour autant c'est un fes%val qui fonc%onne très bien et je pense que c'est bien là la preuve qu'il existe une alterna%ve au cinéma sensa%onnaliste qui nous est aujourd'hui proposé par les grosses produc%ons. En 2011 j'ai par%cipé au Fes%val des Reflets en tant que bénévole. J'étais à l'époque étudiante en 1ère année LLCE espagnol et c'est grâce à l'Université Lumière Lyon II que j'ai pris connaissance du Fes%val des Reflets pour la première fois. J'ai par la suite été spectatrice, mon emploi du temps ne me permeCant pas de m'inves%r d'avantage. CeCe année, pour mes études, il m'a été demandé d'effectuer un stage et c'est naturellement que je me suis tournée vers le Fes%val des Reflets qui a été pour moi un bon moyen de concilier études et intérêt personnel. Pourquoi ceKe implica+on te semble importante ? Le cinéma ibérique, mais surtout la%noaméricain est un cinéma qui reste, aujourd'hui encore, trop peu exploité en France, et qui pourtant gagnerait vraiment à être connu. A mon sens le Fes%val des Reflets est un des événements majeurs à Lyon par%cipant à la promo%on de la culture hispanique via son cinéma et je crois qu'il existe une vrai demande de la part de la communauté la%no-américaine, mais plus Salsa Picante n° 2 Samedi 22 mars à par%r de 19h Peña à l’AFAL … pour discuter entre deux films des Reflets…. AFAL 11 bis rue Léon Chomel – Villeurbanne www.afal.fr AMANDO RISUEÑO Samedi 22 mars à 20h30 Amando Risueño, guitariste Si le coeur de son répertoire se concentre sur la tradi%on du tango canción, sa recherche ar%s%que comprend également l'étude et l'interpréta%on d'autres musiques d'Amérique du Sud, comme la zamba, la chacarera, le carnavalito ou encore le candombe. Puerto Argen#no 20 rue de la Rize - 69003 Lyon Tél. : 04 27 44 66 42 Comment as-tu connu ce fes+val ? DEIXA ROLAR Comme men%onné ci-dessus j'ai connu le fes%val grâce à un appel à bénévole diffusé par l'Université Lumière Lyon II, lors de l'édi%on de 2011. lundi 24 mars à 21h30 Deixa Rolar joue aux Valseuses Les valseuses 1, rue Chappet 69001 Lyon www.valseuses.com Non As-tu déjà par+cipé au Fes+val des Reflets ? PEÑA A L'AFAL De ton côté est-ce que tu prends des ini+a+ves pour promouvoir la culture la+noaméricaine ? Mes parents étant chiliens la culture la%noaméricaine fait par%e intégrante de mon quo%dien et c'est quelque chose qu'il est important pour moi de promouvoir et de partager avec mon entourage. Au terme de mes études j'aimerai me tourner vers la traduc%on liCéraire, de l'espagnol au français. Les ar%stes la%no-américains, qu'ils soient cinéastes, écrivains, peintres ou musiciens, ont encore beaucoup de choses à nous apprendre, et j'espère vraiment pouvoir un jour par%ciper à la diffusion de ceCe culture. Maëlle Parras RENCONTRE A L'AFAL Jeudi 27 et vendredi 28 mars à par%r de 19h Rencontre autour d’un verre de vin chilien et d’empanadas dans le local de l’AFAL… pour discuter entre deux films des Reflets. AFAL 11 bis rue Léon Chomel 69100 Villeurbanne www.afal.fr DEIXA ROLAR Vendredi 4 avril à 20h30 Concert Deixa Rolar MPB : musique populaire brésilienne... pour réviser ses classiques avec quatre joyeux drilles ! Toï Toï le Zinc 17-19 rue Marcel Dutartre 69100 Villeurbanne www.toitoilezinc.fr 23 26 Salsa Picante n° 2 Latino connexion Los minut os Une aventure de Loulou et charles picantes Depuis deux ans, vous sont proposés, avant les séances de 21h au cinéma Le Zola, des rencontres insolites, entre des pe%tes (par la taille) forma%ons musicales et un public de cinéma. Ou comment accueillir des spectateurs par des notes, des paroles, des rythmes, avant que les lumières ne s’arrêtent et qu’une nouvelle histoire ne commence à l’écran. Une manière originale et belle de se présenter les uns les autres, et de commencer ensemble la soirée… Samedi 22 mars VIEJA VIOLA (duo de guitares tango) avant la projec%on du film PELO MALO Vieja Viola naît de la rencontre de deux guitaristes, Oriol Marznez Codinachs et Noémie Beauvais, aux trajectoires bien différentes : l'un issu d'une forma%on jazz, l'autre du classique. Au cours de leurs recherches et curiosités musicales, ils se retrouvent sur le répertoire des musiques tradi%onnelles argen%nes. Pe%t à pe%t leur répertoire s’oriente vers le tango de l'époque de la "Guardia Vieja", celle où la guitare avait le rôle principal. On y entend des échos des grandes forma%ons de l'époque comme celle de Roberto Grela ou les forma%ons des chanteurs de la taille de Carlos Gardel et Roberto Goyeneche, ou encore de plus actuelles comme celles du Palermo Trio et Ciro Pérez. Derniere minute Afin d’assurer un temps de rencontre suffisamment important avec la réalisatrice Marcela Said, le lundi 31 mars à 21h, le court métrage TOUT CE QUE CE TU NE PEUX PAS LAISSER DERRIERE TOI a été déplacé et sera diffusé en avant-programme de l’avant-première du film MATAR A UN HOMBRE le jeudi 27 mars à 21h au Zola. Merci pour votre compréhension. Salsa Picante n° 2 Le fâcheux Loulou, tout juste libéré par les Talibans, a remis ça. Et le voilà, maintenant affublé d’un sombre comparse, qui va tenter de démanteler une La+no Connexion aux Reflets. Vous connaissez la canción, « toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé »... 2. argentine A u Paraguay, notre couverture n'était pas bonne et les flics nous ont immédiatement repérés. Les flics et les militaires ne sont pourtant pas pour nous les plus dangereux. Ils sont tellement corrompus qu'il nous est facile de les acheter. Et puis avec l'associa%on des amis du Zola nous sommes habitués à tout. Venez faire une réunion avec nous et vous n'aurez plus peur des flics, des gangs ou des narcotrafiquants. Je défie le plus redoutable des parrains d'assister à l'assemblée générale sans craquer. De toute façon, pour notre périple, nous ne manquons pas d'argent grâce aux valises pleines que nous envoie régulièrement Laurent (il traficote avec Jérémie le caissier). Malgré tout notre argent et nos jérémiades, les autorités paraguayennes n'ont pas tardé à nous remeCre dans l'avion. des liasses d'emprunts franco-russes et de chèques-cadeaux au fond de bouges mal famés. Entre deux par%es de poker enfumées, nous apprenons que de grands champs de coca se cachent au nord du pays, à la fron%ère de la Bolivie. Aussitôt, nous entreprenons de par%r à leurs recherches. Charles ne doute de rien, et il décide de nous faire traverser le pays à pied : - Nous serons plus discrets, ils vont nous prendre pour des pèlerins ! Depuis qu'il a fait le chemin de Compostelle, il nous saoule avec ses randonnées, c'est de la folie. Malgré mes réserves, il s’entête et nous partons à la recherche de gros emmerdements. Après avoir erré en vain pendant des jours, nous nous résignons à aller demander de l'aide à nos contacts, qui nous reçoivent comme des amis : Alors nous décidons de tenter notre chance en Argen%ne où nous avons une poignée d'adresses. C'est incroyable le nombre de membres de l'équipe ayant des contacts véreux en Amérique La%ne. Tous ces gens que vous croisez à la caisse, dans le hall ou aux entrées et à qui vous donneriez le Bon Dieu sans confessions, ne sont en fait que de dangereux trafiquants. CeCe fois, pas ques%on de nous faire piéger et nous allons chercher ce que nous voulons par nos propres moyens. Nous n'irons voir les amis que si le besoin s'en fait sen%r. Charles est un compagnon de voyage très agréable si ce n'était sa passion du jeu. Chaque nuit, nous claquons A suivre !!! Photos rées du film argen n UN PARAISO PARA LOS MALDITOS d’Alejandro Mon el Lundi 24 mars à 16h30 & dimanche 30 mars à 19h Ont participé à Salsa Picante 2 : Pascale Amey, Homero Vladimir Arellano, Daniel Boisson, Thierry Bonnet, Bernard Corneloup, Annie Damidot, Michel Dulac, Loulou Esparza, Laurent Hugues, CharlesFrédéric Lemaître, Margarita Margini, Maëlle Parras, Irene Sánchez Miret 25 HIPOTESIS (1h46 / vostf) UNA NOCHE (1h30 / vostf) DIM 30 MER 2/04 Avril MAR. 1/04 LUN 31 A MEMORIA QUE ME CONTAM (1h35 / vosta) INEDIT LE CHEMIN (1h30 / vostf) SAM 29 VEN 28 JEU 27 MER 26 MAR. 25 LUN 24 AYER NO TERMINA NUNCA (1h38 / vostf) AVANT-PREMIERE CANNIBAL (1h56 / vostf) LES SORCIERES DE ZUGARRAMURDI (1h51 / vostf) LA DISTANCIA MAS LARGA (1h53 / vostf) INEDIT LES BRUITS DE RECIFE (2h11 / vostf) PIEDRA PAPEL O TIJERA (1h45 / vostf) INEDIT HIPOTESIS (1h46 / vostf) DIM 23 18h30 Un lugar mejor (cm / 4') Buenos Aires (cm / 12') IL ÉTAIT UNE FOIS VERONICA (1h32 / vostf) WORKERS (2h / vostf) A MEMORIA QUE ME CONTAM (1h35 / vosta) INEDIT CARNE DE PERRO (1h21 / vostf) PIEDRA PAPEL O TIJERA (1h45 / vostf) INEDIT UN PARAISO PARA LOS MALDITOS (1h23 / vostf) INEDIT MEJOR NO HABLAR (DE CIERTAS COSAS) (1h40 / vost anglais) INEDIT CANNIBAL (1h56 / vostf) RIO 2096 : UMA HISTORIA DE AMOR E FURIA (1h15 / vostf) AVANT-PREMIERE Meu amigo Nietzsche (cm / 15') EL TIO (1h30 / vostf) INEDIT + rencontre avec le comédien L'ÉTÉ DES POISSONS-VOLANTS (1h27 / vostf) AVANT-PREMIERE + rencontre avec la réalisatrice LES DROLES DE POISSONS-CHATS (1h27 / vostf) AVANT-PREMIERE HELI (1h45 / vostf) AVANT-PREMIERE Coléra (cm / 8') CON LA PATA QUEBRADA (1h23 / vostf) AVANT-PREMIERE + rencontre avec le réalisateur MATAR UN HOMBRE (1h40 / vostf) AVANT-PREMIERE Tout ce que tu ne peux pas laisser… (cm / 38') Un lugar mejor (cm / 4') AYER NO TERMINA NUNCA (1h38 / vostf) AVANT-PREMIERE MELAZA (1h20 / vostf) AVANT-PREMIERE + rencontre LES SŒURS QUISPE (1h30 / vostf) NO HABRA PAZ PARA LOS MALVADOS (1h44 / vostf) INEDIT Democracia (cm / 11') UNA PISTOLA EN CADA MANO (1h35 / vostf) AVANT-PREMIERE UNA NOCHE (1h30 / vostf) + rencontre EDIFICIO ROYAL (1h29 / vostf) INEDIT EL MUDO (1h26 / vostf) AVANT-PREMIERE EDIFICIO ROYAL (1h29 / vostf) INEDIT Solecito (cm / 20') UNA PISTOLA EN CADA MANO (1h35 / vostf) AVANT-PREMIERE Democracia (cm / 11') LE MEDECIN DE FAMILLE (1h33 / vostf) 7 CAJAS (1h45 / vostf) AVANT-PREMIERE EL TIO (1h30 / vostf) INEDIT UN PARAISO PARA LOS MALDITOS (1h23 / vostf) INEDIT Buenos Aires (cm / 12') LES SORCIERES DE ZUGARRAMURDI (1h51 / vostf) YVY MARAEY (TIERRA SIN MAL) (1h45 / vostf) INEDIT NO HABRA PAZ PARA LOS MALVADOS (1h44 / vostf) INEDIT LA DANZA DE LA REALIDAD (2h10 / vostf) ASSISTANCE MORTELLE (1h36 / vostf) IL ÉTAIT UNE FOIS VERONICA (1h32 / vostf) SAM 22 CRISTO REY (1h36 / vostf) + rencontre PELO MALO (1h35 / vostf) AVANT-PREMIERE YVY MARAEY (TIERRA SIN MAL) (1h45 / vostf) INEDIT CARNE DE PERRO (1h21 / vostf) VEN 21 ASSISTANCE MORTELLE (1h36 / vostf) + rencontre TANTA AGUA (1h36 / vostf) AVANT-PREMIERE REVES D'OR (1h42 / vostf) WORKERS (2h / vostf) JEU 20 LE CHEMIN (1h30 / vostf) LES HEURES CREUSES (1h40 / vostf) AVANT-PREMIERE 7 CAJAS (1h45 / vostf) AVANT-PREMIERE LE MEDECIN DE FAMILLE (1h33 / vostf) LES SŒURS QUISPE (1h30 / vostf) MER 19 21h Soirée d'ouverture LA DISTANCIA MAS LARGA (1h53 / vostf) INEDIT + rencontre avec la réalisatrice 19h 18h30 16h30 12h Cinéma Le Zola 14h 10h grille des programmes Attention, des scènes peuvent heurter la sensibilité des spectateurs séances non ouvertes aux invitations FIESTA DES 30 ANS DES REFLETS LE TRANSBORDEUR / 20h30 Meyzieu / Ciné Meyzieu 20h30 : HIPOTESIS (1h46 / vostf) Meximieux / Cinéma L'Horloge 20h30 : RÊVES D'OR (1h42 / vostf) Vénissieux / Cinéma Gérard Philipe 18h30 : HIPOTESIS (1h46 / vostf) 20h30 : tapas + animation musicale 21h : GLORIA (1h50 / vostf) Bron / Cinéma Les Alizés 20h30 : 7 CAJAS (1h45 / vostf) AVANT-PREMIERE Séances délocalisées